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Full text of "Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques"

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DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES 



PUBLIES 


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PAR L’ACADEMIE DKS INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES 


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TOME QUABANTE-TUOISIÈME 



IMPRIMERIE NATIONALE LIBRAIRIE C. KLINCKSIECK 

27 # RUE DE LA CONVENTION, PARIS (XV € ) 11, RUE DE LILLE, PARIS (VU*) 

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NOTICES ET EXTRAITS 

DES 

MANUSCRITS 

DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

ET A U T H E S BIBLIOTHEQUES 








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EN VENTE 


CHEZ 


C. kLINCkSIECk, LIBRAIRE 

11, RUE DE LILLE, PARIS (vil®) 


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DES 



MANUSCRITS 

DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES 


PUBLIES 


PAR L’ACADEMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES 


V3 


TOME QUARANTE-TROISIÈME 



PARIS 


IMPRIMERIE NATIONALE 

27, RUE DE LA CONVENTION, PARIS (XV*) 


LIBRAIRIE C. KLINCKSIECk 

11, HOE DE LILLE, PARIS (VII* 


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TABLE DU TOME XLI11 


La liturcie attribuée à saint jean maron. Texte syriaque extrait des 


manuscrits de la Bibliothèque Vaticane, édité et traduit par J.-B. Chabot. . . 1 

Notice sur deux manuscrits contenant les œuvres du moine Isaac de 
Raban Isho et du métropolitain Ahoudemmeh, par J.-B. Chabot. 43 

Version syriaque de traités médicaux dont l’original arabe n’a pas été 
retrouvé, éditée par J.-B. Chabot. 77 


Notice du manuscrit 574 de la bibliothèque municipale de cambrai, suivie 
d’une édition des sermons français de Pierre d’Ailly, par M lle Édith 
Br a y er . 145 


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NOTICES ET EXTRAITS 

DES 

MANUSCRITS 

DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 

ET AUTRES BIBLIOTHÈQUES. 


LA LITURGIE 

ATTRIBUÉE 

À SAINT JEAN MARON. 


TEXTE SYRIAQUE 

EXTRAIT DES MANUSCRITS DE LA BIBLIOTHEQUE VATICANE, 

ÉDITÉ ET TRADUIT 

PAR 

J.-B. CHABOT, 

MEMBRE DE L'ACADEMIE. 


Cette notice doit être considérée comme un supplément au second volume 
des Liturgies orientales de Renaudot ( l ). Le texte qu elle reproduit ne fut pas 
connu du savant orientaliste. Il savait par les assertions de certains écrivains 
maronites que ceux-ci se vantaient d'avoir une Liturgie composée par leur 
prétendu patriarche Jean Maron, mais il était sceptique à ce sujet M. Il se 
demandait pourquoi cette Liturgie ne figurait pas dans le Missel maronite 

w Litargiarum Orientaliam Collectif ).. tomus secundus, Parisiis, 1716; ia- 4 *. — m Cf. t. H, 

p. IV, Cl p. XV-XVI. 

MOT. ET EXTR. — T. XL1II. 1 


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J.-B. CHABOT. 




imprimé à Rome en 1 5 ga, où elle aurait dû trouver place de préférence à 
une douzaine d’autres. La raison de cette omission, en apparence inexplicable, 
est fort simple; le manuscrit qui la renfermait était alors en la possession 
d’Abraham Echeliensis <‘), et ses manuscrits n’entrèrent à la Bibliothèque 
Vaticane que sous le pontificat de Clément XI (1700-1721). Le texte fut 
imprimé pour la première fois dans la seconde édition du Missel maronite 
donnée par les soins du prêtre chypriote André Scandar M en 1716, l’année 
même où paraissait le second volume de Renaudot. 

11 nous a paru utile de publier ce document dans une édition correcte sur 
laquelle les liturgistes puissent sans crainte porter un jugement; car celle du 
Missel ne représente qu’un texte fort mutilé. 

A l’instar de Renaudot, nous nous bornons à donner, en guise de préface, 
quelques renseignements sur les manuscrits et sur l'édition princeps de cette 
Liturgie. 

Les manuscrits que nous avons utilisés pour notre édition sont au 
nombre de cinq; tous appartiennent à la Bibliothèque Vaticane (*). 


i° Le Syr. XXIX M, copieusement analysé par les Assemani < 5 ). C’est un 
Missel maronite copié pour son propre usage par le prêtre Yamin fils de 
Sâlim pyl»» ^>| .), originaire de Hakhel Va- au Liban; il le copia 

dans le village de Ganbilin ) dans l’ile de Chypre (°), au mois de 

février 1 536 . Il renferme le plus ancien texte connu de la Liturgie, qui 
occupe les folios 94-1 o 3 . 


(1) Docte maronite né à Ekhel, et mort à 
Rome, en 1664. H vint à Paris en i 63 o, pour 
travailler à la célèbre Polyglotte de Le Jay, et 
il enseign i es langues orientales au Collège de 
France. 

(,) odoIvI*, dans la clausule 

du Missel. — Scandar est une forme sémitique 
du nom Alexandie, que l’auteur a lui-même 
gardée. 

(,) Notre confrère S Ém le cardinal Tisse- 
rant a eu ’obligeance de nous en procurer les 
photographies. 


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(4) Par suite d’un double lapsus typogra¬ 
phique , Baumstark ( Gesch. der syrUchen Lite- 
ratar, p. 34 a* n. 4) désigne ainsi ce ms. : 

1 VtS 291 ( l 539 ) 

(t) Bibliothecae apostolicae vaticauae codicam 
mss. catalogua, t. II, p. 2 35 - 23 1. 

W Le village de Gambili, à l’extrémité du 
district de Lapithos, est un des rares points de 
l’ile où se sont maintenues jusqu'à ce jour 
(1860) quelques familles maronites (L. de Mas 
Latrie, H Ut. de Chypre , t. I, p. 110). 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 

2° Le Syr. CCXCV, écrit vers i 55 oW. La Liturgie se trouve aux folios 
23-27. texte est substantiellement le même que dans les autres manu, 
scrits, mais il se présente sous une forme particulière; les parties que le 
prêtre récite à haute voix sont en carshuni (arabe écrit en lettres syriaques) 
et celles qu’il prononce à voix basse sont en pur syriaque. 

3 ° Le Syr . CCXCVII, écrit en entier de la main de Jos. Sim. Assemani, 
d’après les autres manuscrits de la Y r aticane. Le texte uniquement syriaque 
occupe les folios 79-84. 

4 ° Le Syr. CCCXCVHI, soigneusement écrit par le chypriote Michel 
Metoscita, en 1687. La Liturgie, disposée sur deux colonnes, va du folio 39 
au folio 44* 

5 ° Le Syr. CDXIV, écrit vers le milieu du xvm e siècle. La Liturgie occupe 
les folios 120-127. L’écriture est très soignée. Les pages sont divisées en deux 
colonnes, mais la colonne de gauche, destinée à recevoir la traduction en 
carshuni, n’a pas été remplie. Le texte syriaque seul existe. 

La Liturgie de Jean Maron se trouve aussi dans le manuscrit 56 de la 
collection Borgia, aujourd’hui à la Bibliothèque Vaticane. 

Si l’on s’en rapporte à la Notice publiée par Ad. Scher^, ce manuscrit, 
daté de 1677, aurait été «copié sur un manuscrit écrit en Chypre en 1527». 
C’est inexact. Le manuscrit a été copié à Rome sur le Vat. syr . 29 . La date 
de 1527 ne se trouve pas dans la clausule. Il y est dit simplement que la 
copie a été faite sur un exemplaire vieux de cent cinquante ans (o*»JL*o «00 ^ 
ouxd 00). Le copiste s’exprime en chiffres ronds que Scher a eu tort 
d’interpréter dans un sens strict. 

D’après Et. Ev. Assemani, la Liturgie se trouverait aussi dans le manu¬ 
scrit XLIII (maintenant Or. 344 ) de la Bibliothèque Palatine, à Flo- 

(1) Pour ce ms. et les trois suivants, cl. Ang. torum velerum nova Collectio, t. V, part. 11). 
Mai, Catalogus Codicum Syriacorum ( Scrip- Journ. asiat.. 1909, I, p. a 63 . 

1. 



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J.-B. CHABOT. 


rence O. Mais c’est là une des nombreuses erreurs du Catalogue. Elle ne s’y 
trouve pas. 

11 est probable qu’elle existe dans d’autres manuscrits, en différents endroits 
du Liban. Le patriarche Douaîhi l’a insérée dans le Recueil qu’il composa, 
et qui doit être déposé à la Bibliothèque patriarcale W. Ces nouvelles copies 
sont sans intérêt pour nous. 

Comme nous l’avons dit, le texte a été imprimé pour la première fois 
dans la seconde édition W du Missel maronite. Le volume porte comme titre : 
Missale Syriacum juxta Ritum Ecclesiæ Antiochenæ nationis Maronitarum 
♦ JLio^ao? liwDa^oi Lr>iax>i JLz>£o Romæ, Tipis Sac. Congre- 

gationis de Prop. Fidei. An. 1716. 

11 débute par une dédicace au pape Clément XI, signée : Andræas Scandar 
Nicosiensis Presbyter Maroni ta. Après une Préface au lecteur, un Comput, 
un Calendrier ecclésiastique et diverses prières, vient le texte de quatorze 
anaphores. Celle dite de S. Jean Maron, la seule dont nous ayons à trai¬ 
ter ici, occupe les pages 3 g 6 - 4 i 8 . 

L'examen de ce Missel fournirait de nombreux exemples de l’inconscience 
ou, pour mieux dire, du parti-pris avec lequel les Maronites traitent les 
textes. J’en citerai deux seulement. 

Le Calendrier liturgique est un ouvrage sans valeur documentaire, com¬ 
posé arbitrairement par l’éditeur, qui s’est appliqué à faire disparaître des 
anciens calendriers toute trace de monophysisme. Jacques d’Edesse a été 
maintenu par ignorance; mais Jacques de Saroug, qui était honoré chez les 
Maronites, comme l’affirme AssemaniW, a été rayé. Par contre, un grand 
nombre de saints inconnus dans l’hagiographie orientale ont été empruntés 


(,) Bibl. Mediceœ palatinœ Codicum orienta- 
lium Catalogus, p. 89. 

w Cf. P. Dib, Étude sur la liturgie Maronite 
(Paris, 1919)* p- 4 ^. 

(,) La première édition du Missel maronite 
a été imprimée à Home en 1699. J'ai résumé 
ailleurs (Journal des Savants, 1940) la curieuse 
histoire de ce volume. Renuudot en a fait, dans 
sa Collectio, une assez vive critique. IJ souligne 
rincompétence des censeurs romains, et affirme 


que toutes les liturgies qu'il contient sont 
d’origine jacobite (monophysite). 11 convenait 
de faire une réserve au sujet de la dernière 
attribuée à S. Pierre, qu'il n'a pas traduite et 
qui, si le texte est édité correctement, pourrait 
être la seule d'origine maronite. Voir la Note 
additionnelle, ci-après, p. 4o. 

{4) Bibl . or. # t. I, p. a 83 , 299. Sa fête était 
célébrée le 5 avril. 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 

à la liturgie romaine. Quelques astucieuses corrections complètent la réforme. 
Ainsi, au 16 avril, au lieu de sainte Agapé w^l), il a inscrit «S. Agapit 

pape de Rome*, qui fut l'adversaire des Monothélites. Au 
i 5 septembre, il a remplacé la mention de «Six martyrs» (!?<*» !&<*-), par 
celle de «Six Synodes» (©«oxj’ôxo J^t), voulant ainsi répondre à ceux qui 
rappellent qu’avant leur réunion à l’Eglise romaine les Maronites n’ont 
reconnu que les quatre premiers conciles œcuméniques. 

J’emprunte l’autre exemple aux titres des Liturgies. Dans le Missel de 1 5 () 2 , 
on trouve (p. 106) une Anaphora sancti Mar Dionysii. 11 s’agit de la liturgie 
composée par Denys bar Salibi, évêque jacobite d’Amid, mort en 1171. Dans 
le Missel de 1 716, le même texte est reproduit avec le titre ainsi modifié 
(p. a 64 ) : Anaphora sancli Mar Dionysii, iudicis, discipuli Pauli apostoli. — Et 
voici qui est encore plus audacieux. Le Missel de i 5 g 2 donne (p. i 46 ) une 
Anaphora Matthœi Postons. Ce Matthieu fut un évêque jacobite de Hassasa 
(LoloU.) dans la région de Tagrit; il vivait au xui* siècle O. Dans le Missel de 
1716, le titre du même document est devenu : Anaphora sancti Mar Matthœi 
Pastoris, qui est Hermas anus ex 72 discipalis Domini nostri W. On sait que Hermas, 
auteur du livre intitulé Le Pasteur, vivait au milieu du second siècle et ne fut 
point contemporain du Christ. 

Ces stupides interprétations ont sans doute été suggérées par la sotte opi¬ 
nion, courante chez les Maronites et répétée par Faustus Nairon^l, que la 
Liturgie de Jean Maron est la plus récente de toutes; et c'est apparemment pour 
ce même motif que l'éditeur a donné à cette liturgie la dernière place dans son 
Missel. Il semble avoir eu l’illusion de classer chronologiquement ses documents 
en les disposant dans l’ordre suivant : i° Liturgie de s. Pierre apôtre ; 2° des 


(,) Nous ne savons rien de plus sur ce person¬ 
nage mentionné dans le titre de sa Liturgie. 
Le qualificatif de Pasteur peut être pris 
comme synonyme d’évéque. 11 n'en est pas 
moins singulier. Je me suis demandé, sans 
pouvoir appuyer ma conjecture sur aucun do¬ 
cument, s'il ne devrait pas être considéré 
comme une désignation ethnique : «originaire 
d'une localité appelée ou d'un nom ap¬ 
prochant de ce thème. 


Le rédacteur du Calendrier n'est pas 
l'auteur de cette trouvaille. L'identification fal 
lacieuse existe dans des Missels manuscrits 
(jacobites et maronites) antérieurs. 

Ecrivain maronite né à Ban (Liban), 
mort à Rome en 1 707. Voici ses paroles : ( Ana- 
phoræ) «quibus omnibus recentior est ilia 
loannis Maronis patriarche Antiocheni, qui 
intra sextum et septimum vigebat sæculum », 
(Euoplia Fidei, p. 11 3 ). 



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J.-B. CHABOT. 




Douzo Apôtres; 3 ° de s. Jacques; 4 ° de s. Jean apôtre; 5 ° de s. Marc évan¬ 
géliste; 6° de s. Matthieu (Hermas); 7 0 de s. Denys ( Aréopagite ); 8° de 
s. Xyste, pape; 9 0 de l’Eglise Romaine W; 1 o° de s. Eusthate patr. d'Antioche ; 
ii° des. Jean Chrysostome; 1 3 0 des. Cyrille d’Alexandrie M; i 3 ° de s. Jean 
Maron; i 4 ® Liturgie des Présanctifiés. 

Le texte que nous éditons est celui du ms. 39. Nous y ajoutons les variantes 
utiles des codices 398 (—A), et 414 (R), et incidemment les lectures d’Asse- 
mani, cod. 397 (C) et celles du cod. 395 (D). 

Le copiste parait avoir transcrit servilement son prototype. C’était un homme 
simple, mais soigneux, et il y a beaucoup d'exagération dans l’appréciation 
d’Assemani W. 11 a pu sauter, çà et là, un mot ou une courte phrase, mais il 
semble incapable d’avoir spontanément modifié le texte qu’il avait sous les yeux. 
11 s’écarte parfois, il est vrai, des usages reçus. Les mots sont coupés arbi¬ 
trairement; le point final qui devrait être placé à la fin d’une ligne est souvent 
rejeté au début de la ligne suivante; il n’a point de règle fixe dans l'emploi des 
points diacritiques et des signes de ponctuation. Ces désagréables négligences 
grammaticales ne nuisent pas à l’intelligence du texte. 

Comme dans tous les livres liturgiques, un certain nombre de prières bien 
connues ne sont indiquées que par les premiers mots, et les doxologies finales 
sont souvent plus ou moins abrégées. Nous n’avons pas relevé ces variantes 
sans intérêt. 

La partie de l’office qui est récitée par le diacre n’est pareillement notée que 
par les mots du début. Le texte complet se trouve dans un livret spécial, connu 
sous le nom de Liber minutri M. 

Les différences entre l'édition romaine et le ms. sont de deux sortes : omis¬ 
sions et changements. Les omissions sont considérables. Nous les indiquons en 


(l> Adaptation de la Messe latine, imaginée 
par les Maronites. 

w En réalité Cyrille de Jérusalem. Le Missel 
de i 5 ga dit simplement Cyrille, sans dési¬ 
gnation du siège. 

(,) Rudem eum fuisse et imperitum tam in 
lingua Syriaca, quam in Arabica, colligitur ex 
infmitis propemodum mendis quæ ubique 
occurrunt (Cat. Bibl. Vat 11 , p. a 3 a). 


(l) 11 y en a de nombreux mss. et plusieurs 
éditions : Liber rninistri missœ jaxia ritam eccle- 
siœ nationis Maronitarum; Rome, i 5 g 6 ; réédité 
en 1715. Diaconale Syriacum, Rome, 1736. Les 
éditions postérieures sont notablement rema¬ 
niées. On trouvera la traduction du texte com¬ 
plet de ces parties abrégées dans celle de la 
Liturgie de s. Jacques de Renaudot. 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 

plaçant entre crochets dans notre édition les passages omis. Les changements 
sont signalés dans les noies. 

11 nous a semblé qu’une traduction latine convenait mieux à des textes litur¬ 
giques. Nous l'avons faite très littérale, et nous avons conservé, autant que 
possible, celle de Renaudot dans les passages empruntés aux liturgies traduites 
par lui. 

Dans nos notes on trouvera quelques rapprochements entre les principaux 
passages de notre texte et les traductions de Renaudot. Notre intention était 
de rechercher minutieusement toutes les sources auxquelles le rédacteur avait 
puisé pour la compilation de sa Liturgie. Mais, pendant l’impression de la 
présente Notice, l’Institut Pontifical Oriental a fait paraître à Rome le premier 
fascicule d’un ouvrage qui doit donner le texte et la traduction de toutes les 
Liturgies syriaques connues Cette publication permettra d’établir, beaucoup 
mieux que nous pourrions le (aire actuellement, les sources de notre texte et 
la vraie nature de sa rédaction. 

Le lecteur qui aura pris connaissance de ces notes sera peut-être tenté de 
nous demander quel est l’auteur de la liturgie que nous éditons; car il ne peut 
douter que le titre soit apocryphe. A cette question nous ne pouvons répondre 
que par des conjectures. Les écrivains maronites n’ayant aucun argument à 
alléguer pour prouver l'existence de leur prétendu patriarche Jean Maron ont 
imaginé de mettre sous son nom quelques ouvrages dont il n’est pas l’auteur (*). 
La Liturgie a dû être composée de ce point de vue. Comment oserait-on nier 
l’existence de ce patriarche quand on aurait sous les yeux une Anaphora ré digée 
par lui ? L’origine libaniote parait exclue du fait que le pape n’est pas nommé 
avec et avant le patriarche^, qu’on ne trouve aucune allusion à la soi-disant 
perpétuelle orthodoxie des Maronites, et que la formule de l’épiclèse n’a pas 
été modifiée. Les plus anciens manuscrits connus ayant été copiés dans l'ile de 
Chypre, il est probable que la Liturgie a été composée en ce pays, au début 
du xvi e siècle. Son auteur ne peut guère être que le trop fameux Gabriel 

(,) Anaphorac Syriacae, quotquot in codici- 
bus adhuc repertae sunt. Vol. I, fasc. I, Romae, 

1939. In- 4 # ; pp- XLix-96. Le fascicule con¬ 
tient l’Introduction, la Liturgie de Timothée 
d'Alexandrie et celle de Sévère d’Antioche. 


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(*) Voyei notre dissertation sur [ Origine de 
la légende de s. Jean Maron ( Mém. de CAcad , 
t. XLIII). 

(,) Sa mention est ajoutée dans le texte édité. 


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J.-B. CHABOT. 


Bardai, évêque de Nicosie (*), à qui on attribuera facilement le premier rang 
parmi les faussaires maronites si on se rappelle qu’outre les nombreux récits 
imaginaires disséminés dans ses ouvrages, il fabriqua une vie fabuleuse de Jean 
Maron, et forma un recueil de cinq cents lettres adressées aux patriarches maro¬ 
nites par les papes depuis Innocent III jusqu’à Léon XW. Souhaitons que 
quelque nouvelle découverte, justifiant ou infirmant notre hypothèse, vienne 
résoudre la question. 

0 ) ^ Mort en i 5 i 6 . Voir des bibliothèques maronites, n'a jamais été 

U liste de ses ouvrages dressée par son naïf publié. Il est probablement formé de documents 
admirateur Etienne Douaïhi (Stephanus Ede- pontificaux tirés des Builairesou des Registres, 
nensis). Elle est reproduite par Et. Ev. Asse- traduits et interpolés par le collecteur, qui n'a 
ma ni, Col. bibliot. palatinae Mcdiceae t p. 387. eu qu'à changer le nom du destinataire. 

(t) Ce recueil ( en arabe ), qui existerait dans 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 


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(1) Nota in margine : to^U-^ )*m 

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(,) Jnscriptio in editione sic se habet : Ha&LuI 



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(,) Ed. l *?w » p r o} ILo^j 0 

(%) In edit. ponitur secundo loco 
tio; cf. n. 8 . 


♦ ioa*^u|j 

haec ora- 


(l) Ed. Uaov ( mendum typogr.). 

* J Edit, hic add. : pa*J; si quid addendum 
ait, aptius videretur. 

;7; Scriptio compendiaria, cf. infra, n. 11, 
et p. 10, l. 1-2. 

(,) Oratio quae primo loco traditur in edit. ; 
cf. n. 4 . 

« Ed. r ^4 
M Ms. 

ll) Scriptio compendiaria, complenda : 

• ^ . IrfVk jplÀ.0 • ** •— 

<•*> Ms. r w*» 


ROT. ET K 1 TR. - T. IUU. 


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^00 )oo> umr>soi )>)♦ .(L —’ ILo-t—^ t—»t ^00 000 

• — 

-o»o6.|t y>s>ja r» y^9T^N 6x|o . .«xx| <f~6«)t vT* "* " °?° • y 00 ^ 3 l»t 

-t_so ^ I - ->q.» . Lç^aa Ut A-t.| 6x| r—î *Mo) r -°’o . I ws - y^> 

tu *^ 16x| *A*r^| (w) wa-llt JL»aa «y*. |A.toL . ^L.<çgx. Liot-il.lt " Ifc^r* <i? 

*1* 95 r*a. v ^ot^a 0^0 .6x1 «n . 1 as ^-30^% di. . li.aa-v» ^aoJLa ‘“)a*atUt 1 ‘ ibôt^ 

«6x| où 


|iota_» ^ | . v uvt>o Ut h»*>. 3Q JLfcso «7*. 6-1 : 9) \6ov^a oAjs rdlVxa 1 

JLa^t .JLslLaot ILdS.1-o JlSO^JL joa. UCL-t JLôtxoo t-ü> laosa Ut 


W Assemani (cod. C ) omitit très voce» anté¬ 
cédentes. 

(,) Ed. et B : y ©^>o 

(,) Supplendum U.» et cet.; cf. p. 11, n. g. 

< % > Ed. <-©) 

(l) Ed. add. ♦ lo-a. 1 Ui*. ♦ Ijoj i Loo. 

(#) Ed. ; et sic ubique substantivura 

pro verbo usurpât. 


« Ed. II,. 

w Ed. et B : r U.**JL. 

Sic mss.; D carsbunice : r UoÀ go Ms. 
•yr. Paris. 71 2 «IhwIï ^ go 
» Ed. owa.ll. 

« Ed. goo 
(,,) Bis in cod. 

(ll) Ed. ; et sic ubique. Cf. n. 6. 


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•f* 05 r* 4 . JJ 






LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 11 

111.0 .|Aa*>) lia^t J—n» fiJLaî» JJ, jioa»®] t ~ Ut J - ; 

iooia? . |À**ao£v^t lï-woo liâl^ . IL JL J*. JL.o»t 

b?a^f y'—a-> U ; i a » A.L-«I* JLu'Âjkt )A-?.V^ ^mw. JJ 

•y* W !^ luo)} ^ yOOt^dQ If» 

«*? A*-*~ <i? V^ 0 !* Isa» ILcL *» 1 . r Laa^ r »aa«w Jb»o_»t v < 

a, t IWajkia 1104 Liv bot ^.j_ô .JLj4.it ^ n — v» . |L^» ^9 

&L yooùaa. uoiif IoKaj -Loa-Jf | Liwo ULLao . 1 - >â|o 






* <** 


^®*- aD ? JJ-ô J-^?a-Ot L-oio |tao JL») . ju«x .*M~rO r&tn*. 5 




LdlJiot IA»«j».x>o 

JLLo " ^mO W 04 

oai| " !•*-•»-- 

*? J^t Jt 

*f* 95 v*a. ^»L| ,oa. 


.La-J^^L'^. 



I r LoA.U 


I 


r loJLu ^ > i^oiDf Uiao 

( 4 ) ^io»o’ tjX U***. . ,-»~aj^O JL 
*- JLiL^ 004 &l| . JkJaoA .1 JLxid , 7 ) U^»t 

10 .)A^« 9 > . Ji*v> lioiaj ^_J 1 ^ o£«aa Sfiso -*J?t 

•t y»| Lauia 1 004 .^.Ladit (Laaoj Ji*^» ~oioA»| oD* . jLfc*«JD UdU^o 
1^1 ^ I 0 . 01 • taxait y.Vgjf JLn>^â ^ 

* 1 ^! I^û-^) il a m ^ ^omo • )Lo «.^^9 llgi a ^jO-co) 

►iî . |Lo,_aa.t i*»®i trt - ) <î? **sj .Lai»-. JLxat . l«i^Jt 

•>A.lLsL yOa| l»| y-io 4 o»a4 JLÛ.» &ÙQ.>C04 L-oi OOUO . U-LvS 4 |Jts^wM«a 
* l^»?°L .yl ot .^a ^>. iO f Lia tjo La) L*h>« ;<n\n Wr> 

V - ’■* »’ ^y^oj U» JOf Jo Jb^y- JJt I qLv 1 . 000 » y.oj». U «o . |L^> -—-» ■ :. « 

f 95r ‘b. cn-a. l r _L| ^ooû^jo ^.f4\ «- ~»v JtLû.b&> . (,) JL»oio JLoo ^Of buil jÀ.&'ta»* I-^, <s 

<‘> Sic «DOM cod.; vide noUm ad veraio- « Edit: ,-uota® -»l^ U-a- r u>.; etsta- 

De ™ , 1 ', ’ n a L , tim sequitur formula consécrations, quae ad 

in 1 " j* **?*î namero. litteram transcripla esteMissali romano,indea 

In ed. et .n B. s.gnum + apponitur post verbis Ç(u pridie paterttur . Sequentia 

unumquodque nomen. usque ad V#W ( l4> ,. l8) praeler - 

‘ M - t * a,0,, mittit editio. 

(•) ej" a*»? (,) ^ ocus perturbatu», quem emendavit C 

bac brevi scntcntia : « Lo^ »;l 


«*> Ed. K*l» 




• i-OtO J!» jù } JU.JL yl^oj Kijo 


a. 


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12 


J.-B. CHABOT. 




Ml* >90-^3» JLiOjJ wJLa* ^oi JLJ>JJ d| V OOCV oyiv 

oo* • iLuoi ■ * l’S-ao 1L^ » tfv — |L| .oc»» : v*-j 

^o* - r 2 ^ " J *»A'"0>lt ooou> ^-Ofc^-1 JLaoj o»v>aia~> r i-a 
Ioa. U «_a y >V).. ** JLla taa. m\ &.«-ol.|j i* v ..o |i»^a JL»| .») . ^ojs cajjo oo*j 

•°**^* yOoi ^-T.'a. o ^aa. 10*^—7 Ua. -v ao l—a-, J—j>j lio*a . |i-ol| r ovt Jb) 

. JL*, o* 

* 1* 96 r*a. «fcj^o'^üw. U<^jLjo |jao|j JLaoj JJo . JO) ^ajjâao* y^o^o |*aflfly> JVoL <£>.: ^.axX^vm 6 

0^0 *M| lo^ liaijo JLsfijj a^o . L»| u»Jt y soc? 

y®-*! / >3—o )»« fl • 14-^9 00* y^ JJ) . Ai| |£s*ajlj Jm«£p< |^s^.j 

&jIo . ÛjJ o*-flfcJ»o ^-^-1 y^, &j| Jl^-Co U y—ot jaa* yJoJDo . b) ^>«oao 

l <■ caa-~^. y*. "> J « r > 9>r aj &*) ca;_o£*oj „jao ya. «9l* . Co I ViXit^o ^>»*| ^ yV. 
caiALlj yXOîJ ylL», * yOo) ja^. yWO*| OO* |oa.J Ai| ^/IVJ ^SoL y*. J JL . f,) jLâi^J 

♦ ^mUj y-A.| yOOoO 

.»l o â \* -*-l i>0* liotofi ^aoo I JL^> y . V> .. JLpo^Jei tO| : m\n r^Aixo 

* 1*90 r'(.. . ^s*ajj 9i\ .. LA«ao . Jm\\ ^. JL*aj* ootj |lf .»f < ■*; « «" JLajj'^gâo «’a. 

yào^J Jo*-^-* “-$*■ U «fl • r ia-soj Qfc-»jo*aa.-a y.»:ia , M s .-> L^-»l jLoao ^ |.s 
♦ r* ! ** ^ ylouao JLa.»llo ^.LooCis —jILo ^A**axaj )lo>fliT> Ja\»o 

louAaao yla^-^a JLx^ Jÿaaa paa— j Jua-^3 JLu-Oo JLa.*a Jboa. yi, Joomo 

W <• U < ;Q O JLL y*»OtJO . 1 *M-**«" y.Q_aJJ Jb-^>j 
U a l ^ v> .|*^»j U-ojlaco lalLj Ji^JLixo J—<<j3 (> J L> o«. p o V : ^cn^Vvron 7 

^ ~ >S> ‘ V) • U « »« v> j l > \ i . i » . l.i ono Jj JL—| . JL^Llo* jLo^a. . JLâ^j U..->av> . J;*a|j 

a^. 1 1 ^ v j Jl a ^ iv J J. .% v» l un . rv . M JLâ-aoj ji^ars . Jùû*ia*j |ioaj . |a.J»j 

• yO-iJ i^Suolf c*æL~> l^o ^ g. ^ L001 JLa^fl yooa^o 

*P$ 6 * 9 a. ) v yOOwO)) )la-0^-3f ^04 )ÔC^^ )I q^K Lod 

• • 

(l) Ms., A et B : ^.fi, correxit C. <’> B »dd. ♦ v a—a-*«a l^av 

n A, B : Jsaü^t (M A 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 


13 


^>11? . |*i*-t &i| JLsh.» o |uoj ^oo • oo« ^OoJLgbO v OOwU>CP^ 
v <X»A^>o yOOpJ^t v aJO ' (l) bo^t IKauA A.l| .^aoouof oCVvi ^.3 

|»oj 1-eoao &j| |Lto*i^.-S . l^a-a i.’nV |oo*jj y.^® .ooot c ^ | fl 

li—û- y~^°r^ i«»-3 ^ >2 v oo.La_a_co JLso._sj I ^ 


. 


ja-x.v> )jos 


,oo» 


U 


-^? LâJL»? i-oajo 


. a-3o*iL|o ~o»oïwCD r oo|jL— • . 1 9i*X>M j,co »£> £si| o , 

lu^i^Uo • O 1*00^0^* d ^.90 oiLd^JL • w^lo .oi^dllo «•< 

-*> k* 2k—£ 00 . jL oo Jjc» ,***) ^ 

~eio?a^^f U*-^o • . c*v>û^oj J^j ^î;° 

LjL^f • ai~» «•otojLobolo «*< 


r* 96 t. 






,?l 


Looi? II 


II*, 


«si . A... -s^ - [ 


A.00» .^Lyj^. l’p'ÿràx &*•*£> ~* 

.cit\a^ P^- * .ôwoÿ^ ta.*. A*-»*»o *P 97 ,,a - 

* »U*t a<^» |J&O^U^xoo 

1*141® ^lajÿa^OO jlaâ*^ uSl^O - m\n t^\V\0 

O IA.01 L*^jLIIo l^obte ,K*i ?>|o f ^ - - Uw~L|o 


■■ ■> >« » >»tto . A—xiLlo Hoiu^j . As^lsUo 
lia |f|» v ooCw Ioch-j lit ^ v>t U-^o r M>o| v oov*.^ll ~t-'^ fs - ?y . v c 

Ht r-*-> I r^ o- 'v 11 o . |^=>^ JJo JJ yoo^a^» v3*x>l)t r*>1° 

*?* ^a tiV o ILd^JLao» JL^^.o . lo *^—1 Um« « JLsa—t l.fpp.^v JJ| .©^ ^oa * Pg?» 1 * 4 - 

U-*»j louu» r La-^^ JL -w\ ^ JLIa^ JLJL»t Usa-vJLa^o la) lo^^» -v>. 

♦ I a> J&O | L - JLs^V? 

8 ~t*ol ** I fc 00 | V ^ * ;■! V yO\o« U-SCA} 91^ i—^ûü| : ^»<»\^YZ730 

k*j£o L^û .^3 • yoJt^jfci-Dbào? 

Ûj? IK^I—Of I KVqo Uo ^o .)lw- |oowl* |HÜL*d w^oL 



<*> A, B : 




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14 




J.-B. CHABOT. 


|oo*_»t • l—» 


(U 


M--• y 

*f9 7 Y*a. loi ix-i.[o 


U «ar>..v» vj..ao» ^botno . |L 

|Li- |oo»-io . L.I jootLo 


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(«) 


r 

Lfiy oo Itwt b box o .ov^> «'•» - I&.JL00 


*7oVu\ 

lofc^ 


.1 

«I 


v Uoî 

. 0»l î ^o'^<xaj0ftj )j JO JLfcJj 
IIdcljo 1i w.iV JL-k^io . IliaVv iaoajo 

IL^o’o !&■ - Vv ||Mot -o*o^| lv» v 


Ut oîvo Uj on 

lx.~a.jo .1 


*f*97Y*4, ^.i a->o*t v ooCa. uo|o* |n.»P 


.1 


“> (♦**>)) : «i=n^. ♦ 
loo— {O i^lbo l a a a â| 

>t JLaa_â liait »oo*V. uao| 

^ • 

1 » . ÀwoO ]Lv>. 7 * 1 -*- N-->« . LsoLojlx 



t° , T®° + 

l^ofcoo 
|tol chi m aXasj 


+ - 4.30 + 


t - 


-C*0‘< 


40 <â|o 


I 


-t°lo + 
fo4^>* liLaaot IL, 


wû-.^wtt «OC* 


♦ ^.-VOwv 



» 


Itol 


V 


0^1 






N^v -O Lv.-k^o . ll^aa 


*f*g 8 r*a. yoJtsJ^jo • 

♦ 1»! !l‘lt 


*-No| s ^o 


k o^*oe» 


«• : 



yOÛü| 

yoKfO^iO ~La^0 • l>04 Uo yOÊul il04 w L^uA’ 


^ 0^ g m # 


♦ <*> v îjo r Lwao' : 


o«t Jun-—Oo JL-. JL—=»t rxsor^a 


yar^oo rioxa | 


I^A .;x > o JJ^lat llâ^jt L-^-r®° Iwio^Jbo^ oV ^.->ua »t ntaW. 


(,) Sic, etiam A et B; C : Loo-.. Fortasse 
iegendum Ua~» (?) 

« B ^ilKio 

(J) Pro sequentibus, cod. B adhibet formulas 
romanas e Missali impressodepromptas, et tex- 
tum nostrura in margine addit. 

(>) Spatium vocis vacuum in cod. 


« Ed. et B : 

(4) Ekl. et B : r l*a£fc». Initium responsi; tex 
tus integer : r T&±.t\ v w*> r l< 

»?• • . Mann r &»ibo^.o • 

^ ♦ 

kfO . lOo^w? U ATMUkO . 

(e cod. Paris, syr. 87, f. i4). 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 15 

JLma; |^ . JbJ âjlâ MSÎado u~>\ ^oojdo A—3 >*S. . j s ^ oti-a. «y-| -ctojo*^ 

M^U JL»bJLxdo JLdo*? —.JLx^ JAootoao «y-J -&.JL. ^sLL» . Jv*J?o 

. JLaS.j JLai J ^ b) aoo a li| li^Ul . «ai^vo ; | AxAj Jld| .«yiao 

•• •# 

J-aV. JL-ao-ao* • M £xaao li»-»Wo l-tao »y** )?« "|A^o-l 2> lù^ -ch^— 
Jb —*1 JL—.->f A.) «y^. JJ .)K-a^)A-*âaf J-üo? 40 JLa—5oo . Uâ\ {O Jbso^L Aœo 
ifcoL JJo .Jb—£—? -ot -Lcév. -jloAL JJ • jbl v » Jot-£— >-2k. JJo 

a^o fo^ .Jo.-o ipot ^ i»jk.o -s. Ai J -oc* Jl).. o a~ y> JJ) . Joft- L JJ» -o» r Laü»» 
y-1» *o«C JLo a<^'^Kixi.|» .V) o;jd» JUkOto P~£o My-ao-Of Jbo* J-a.S. 

JÜl^xo -iaSS.» < 4 >JJ*j JALoS. «çU) ja-»J .00 Jva JL.-—? -otol)*? 

y. IV) Jj| JL va JLa.«o yLaa-^ ^o» ^a.1 w i.a^ o —ajk.o~—» * JLû-S» —3 

♦ JLxOt JLa—-fiO «y VI «\ ^DOoio . |ol£— JJ J lyÔOji S ^0-00 J JL—LJ «y-âo-O» 

.JL-O LJ o oweL) yOOt^g^O yOÇ» . 91 % -» JK-laoo JL— Lot jLaiajaa eo v oo? 5 j 
yOo )A—-L»ao )Lo~£s^JL? Jhû—? yO—J*J o*Ao*o? -La—o —I ris —— v» -ota-w|'^>V& 

|LjuOOJL tyV. yûj^c 

y_ov^ 3 s.o (>) L---J w>i JLoo «3 JLiot Ju-oiaaS. Va« JLjao yi_»CHV. -O : ,.»<»\^utj 
.JL-CO^A JL»-S. . J Lot— 30 L )lo l» US&at^V. y? L > S - fD O &. S XP ySiv^O» y^S-J 
. JA—x-.—ao Jteo -xtvo . JL—y».» JL»f> -vris.. JL—JLo* JL a-cs. .JL— ». svv> ) -v » v ^ s 
JA—uil ‘‘'y.A.LL-'ûS.o . JLaJ» otJLaaif JLuacu. 1 ^ao» yaL asJs o . JA-x. su > ^A fltnvfv o 

y — «O T.SV <y-J ^l'SûS. . JLJLûV. Aj| —tek OO? —Ot 

» 

J ->ft» uolv^o Ai) «—J? -Aao) : àrorLo .-u^ sa. cn\n 

JLtL-Oo y - ; ^ a JJo_vo y— T — JLc—JM - A-aoJ . AjJ yl? J ALaoo ).—V o . Ai J J LJ 
JbnQ»ÔtM>Q JL^LtO . y. toi JLk-«jO? -teo| .y S L » U—»0 y—jfifcio 

JA.A—L^lq-x’s. (>, Jha^o . v >l\ teo JLooCl. JLmJvjlo JLJLi? -teoj .y»Loo |»oajo 



B 

(,) Sic mss. ; legendum y*x>r°) 
Sic mss. ; legendum %u*> 

(4) Ms. et A : ||{ 


« A JL-too 

(r,J Ed. |\L1^lO • Wf <H JU VU 

^.Ed. et B : %.uaa^LO 

(,) Sic mss.; C meritoemendayit ko^’j -sço 


•P 9 8r*k. 


* f 1 98 y* a. 


* f* 9 8 v* 


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16 


J.-B. CHABOT. 


ÎNio «bàol . y. 1. 1 t^O ' LlI’O .^ îvlv 1)01^. iiUfOJOO I 'OvCDO . y- K--- ‘ 

*^°l *ç*^l^o l i I •> —o U&?o y... >Lfrùo JL. Uo I« v . « -«k.v« JL^axo|o 

7 • ^* NkS i-wao J»- . | t -~û- JLaxr JJf Jiai~> Jbj-lo |7^oll 

^0^—1 A*—-» ^ U <t uo y*a) ySoii JJ JLu^'^a^.L JJo| . (yA ss.’v 
•AOfcftl yl orCV o llj UjLao i oo* jü. U . JLlsoI j&JLcs -*- JJ 

IUucd JL* U^jw. JJ uaâll JL *3 Jba^ |— ^«xjt o« ^ JJo 

. Jlu-fefc. (, yl n . ^ * ^ yO— . |A.ot^s jlt—3 y*. — T -3) JJ| ja*x>l 

r* f>. . )^i.,.. *> ^LoAva Vi3 ^ ym aalo . Uj—o» ^-.o . *>i ^ 

• J ‘ v 'V fl lo| UûOOAi ^V > \ * ja wi **> J. | A- - «.« A- JJ fl «y -\. mw « 

U^a^oo r l± ^ J fol y-c*^3 y^o. [.|W»| llolt-^ ^ ~*J>] 

J*—* ir^FX^. . Iwao) f* • ^.03 JJ o yn^o ^.JLso 

♦“‘ | y »«.. ’t o v> | ^ : rcLz rx' ^. ♦ (, *>yi*. d| :rdicn^ 

♦ “*>-« U—t ‘“’JLo 1 : *Li» -nx.-n ♦ ‘“’À.ji-A. ;*!»<»* 
r l <l 1 VI .. ; VIN y l .£ n . v o y^t*0 yâ* v •> Jo*^s JLjo© y-J : ^oi\^v= 7 D rJxax* 

- U^Æ t l» ï*x-> lô*x»r JLooÂ^a , fl * JLsotDr J*î ^|^3 ( “'JLaJlaor | A^- 7 »v> 

•J^.LaJii) J.o . ) Ji J)JU JL.là» 


- XL 


(l) Ms. el A : jjl; B correxit 
*** A 
« B r 
« Ed. 

« Ed. 

^ Ed. et A : I^Kt^ *i>) 
m Ed. IfL. -.ftyn .1 _L ro^j» 

« Ed. 

(,) Sententia integra : .. -I l_»l 
M«- i -^a (cod. 87 , f. i 4 r*). 

■ 1,) Textus integer : l-^ÿ — o lL'««v> .u» 
f- ^^4 vftï) 

t- 0 ^^ 00 (cod. Paris. 73 , f. 37 r*). 
(U) 


JUo | 

(cod. 87 , f. 14 r*). 



(,,) IK-aua-»o« f&o. ; nN . K^oyOo ^y AJw&* 
jf^uo oluo l^ado^ ^JVIA ^Q^»« 

r*-*-»!** (cod. 73 , f. 37 r*). 

(“> B U 

(U) Loi LfJW oooil bo-do If01 «• |L_| i» 


* «VV Lool*> ^ l*.}**} 1—0» 
•Loi U^aa.u 9 o)^k. |u 

\o\o« 


Uoo KmJO Mal 


r 

• y n m *\\ . »a~0 :^Of ÎSÎkl Uobo - -ftv f * 

f. 37 V*). 

(U) Ms. om. y 

(1,) Ed., male : JU^o r bô^JK^ 


r 

(cod. 73 , 


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17 


LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 

yam«\. tOJO y im .\ .ma | * 111 :r^oa 1 “ 

yOi^lO ie Yl A? JLà*?l 11 .O'JLua w> UIV .JLuo . Luo ^ 

• lt« ^bo IJN.V Jpoo;po ^o Uk.<a^>i ^.ot Iuljo |Lbo . Jtoiaj* JbîL 

| o ll ’in'v bpo*.t ‘ b ..*k. |o . U--o «jpofo r *^3 yooou? \«->l «k.»JûJO logo^vo 
. |b m . - , 9?V ;po| K.Hwkl |LaJ.va.ot« (LsottJLfc â| Llx>|o .|^ob£v (L^oxa -b|o 
oot Wfc .. C l t^UsoNoj oott^io . - o r ^b JLààkt ot\^. IL b L».*a_Ot JL-o»t 

^ ’ ^b ^.^»oo ty N y f O : ‘> y~oi lo&s JL;po t^ioo 0003 y.| . Iwoôti lo^tf ot.55.fc 

l> ^ i » ^.o bot l^ o ^\ ~» «^jLbo* |^a jo .bot botoaS. 0.^10 .bot 1- •»• ^ *f 99 *•(>. 

• • • * 

^ 9 1 • I b^V o ILH^p t ^ abt .JL»* |uo—o .li^fc I va «\ loot-jj • bot 

* : ’ 0 »on iva« i \ lot^»f bo *v» a o bcLt ( * 1 «nxa ..' oto |oomo |.|1,Lp 

|. i iS. *tnr»y> op y<i a n ..bo | jL« ^ — op yaXtfUt 000 : <rv\n *d\Vvo 

.ILla) o^>' <“>ya—pb_» .U»a^po> y©—.0 .bb_a| <*p v o_iLbio .|/L^ 

«*-» y®-*»j-*bo • 1 » v > 00 yowat^jo . Ir^> «p y<x-.ot&jo ,)at.>a op v çûeb M .bo 
\° r - * *° «i- v .l Ok® yo ^^m 10 . Lx.Joso op yOjOjjo .(jovco op yft "îVct <0 . 1 

r La 2 iî®o| <»»xo> fc jDi.U [. r UiL-^ok»owD*Uo] r Look^s t“)_.JLiILvo o*j> 

♦ Uj* : r£\ * . -r\x . -n j* JLxa.o*| ‘“'JL-oto Jjk»o JL»| r la-b^vl |-,^b-ttLo* *f s ioor'«. 

4 L—a? bot b-Pto-o^K Utao i^po.x yi«->i O >0 .^*>|o y^vol :y,tnXVvro 

b • i a* ^.L«P. t9 i \ .. . ya . x lo y*» o yLo*ot oui_3o* -otobit b..xo 
•^La_aüsaX j . -> aa *0 0 .yJjatctfcS. o taV JLobt . IvrtVs. oi-blt 


fl) Exlit. : « L^?an«»o»y )\^x> ux>lo boo 
• op^o II ^ 

;,) Kd. et B add. : »ya. «n .t. o : i^sqlv. 

idjOSA 

(3) Ed. et B add. JL^ao 
4 Ed. et B : L^*jo JL»» 4* Vo 4* vv 
(iJ B om. senteotiam .pol 

(*) A 

(,) B sequentia sic coDtrahit : «— 

• .•v^td^o 4* k» 4* Uba^i 4* M» 

« Ed. Ua~ 

ROT. ET El TR. T. XLili. 


(f) Ed. add. : Mi Vo i W-d ♦ v - H , t ^ v 

*r*>l <U < -OtO^ O^lN. 1^., 

(■*> Ed. et B : yoLo&Jo .1 note 
Ed., A, B : — 

(, ’> Ed. et B : —ttnll. 

(11) Ed. add. ♦ ^nel • Lak. « l—.ao* 

|l4> Pergit diaconus : a .. . 

. •. A~V - 1 ...t> o U—to Loi Lot k^kt ynJ^.o 


3 


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18 


J.-B. CHABOT. 


U) 


'W&LI y 1 o»».l -K >j y 

• (3) i*joaâo'oLï| JL^cipm^l yooî^o J^ *>o ya^Lo^^ajf . ^ ^ 

JL*.^. &JwA» «JLsoadf r la Av; jj ;imv yooouii <A*lf ^| )xa.Jo . v oj| 


II? 


I 


r»oor* 6 . , 1 

T • 


.(’) JLaojû^ûû^l ^3 (i) JLdw -^3 (4 «UIO 

AA _ 

lia a .» JDO [la o oa~ -si 


Il CH-i S. L- 



.ad Ut 




• V 

*L|o >|c*^N ^ â » o o (Lajo^fjL3 yOoOt |^ yOoi^s^W^H 

— 

UfO-t JLiâ-^JL v ooCaa^>o . ill ^ ~v ~> io i-Otetf 
JL»ao idjll * yOCHU^Vad yaaaui yC 

" C>?0 yO©fc-fcïj- 2 t -.i_£Jl I^oJÊhOO 





* r lOOï'u. 


pV ^oi ya-i yQCH>>a:y 11 .' ^rr> y.v> ^*> JL»*> bdiLI : Olin rd\Vva 
* r lw^t l*.9>^ùo ooo»i yOJot .|Lool wa*?o ^H-i JLool 

joft |i»*a liotaJ^. Ilad^i Ida**. o.lflj ‘"’yOoUftVa.V 

<"> LiSs. ^.* lALdf yoexlaXj «*df . “>JLuaa* L^iL 1 Hom-oit lit*. ‘"’aa.fcollo 

|a^|o .Q»^ÛX\ Uoo^hO l^ij* l4) j^Q-O ^ JL-aÔ-^lo I^^jd . r L^A?o 




kU) <fr [ La. o |&*ioLo 


•i- 




•v 


■> l'Wo’Vo JL. JJ b axe : i^AXjgjcn ,5 

so iOa»îo Jli. ^ca.îd ^s..i 1 "NxW JL«-*o <"> tdîL| : ^»m\^vm kLictoo. 

^uDt>t 1 


■ 


P> Ed.,A,B,C :«*<*il* 

(*> A : Lx>lo 

W EU. et B : ^Ul 

C> EU. et B : . -.niv o -*>o=«i> laie ,^a 

O EU. et B add. 

<*> EU. et B : .»o<> 

« EU. et B add. ,*.> 

; n Ed. Lu— 
w FU. et B : |) e ^, 

CD Ms. y^oicHO.» 


«"> A, B : »-.toll 
<“» Ed.lUil 
Ms.ltix 

<“> EU. 

(1,) F.d. et B add : ♦ r uol . L»s. 

(l,) Septem sunt commemorationes; rarum 
ordinem mulavit editio, et etiani cod. B, hac 
ratione : 3 , 4 .5. 6 , 1 , 2 , 7 . 

«'•’ Ed. Uf. Jf 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 


10 


A—L f » Q AU 9 o • ^ | - ~>S. n |1 ^ iv\ t0t • ^qj I *l*i 00**6. 

•>!*>>. ^.o» ; o JLap© ^-o,î 

>6 1 m »\ y .. *> iâ aoo yoouop IK-£~.» |l*L«~> ^üo JLuo ^s*L|o 

yoot—îja-a v o .û yOo^.3a~ yam.. &j la.,a y*oto ^yOotlilLa y-*i 

6yOA)oK<U i ~1 . Lj yOOktoKvOA ’ yOtiVatnp • yOOMWUO yoxoltsjo 

'" . IA—^—.» Lo* aûajJïjXisj |A.*aaav*o «oj> ^.^1 v oo*pîp JLwso wa«l| 

LsoL. L-Caao )*ojo . |£>—ao iw-.* Lo_3o*i o vnii yaojo « v oo*v ,4 > yoao*-»? 1 

^oo . LuD»o&« IK. v> « j r> yi^AâJ y .V> »;3o . | »S^V Içi.aam* (Uava^o* *l v ioir*a. 

♦ yO-acxaûJ y«a..yp )a.v <•>y i .vt. 

18 1 j •’i q . ch y. I^o 1Æ^^vio .l.ja-pÿ>o L^a_—lo . J.irn^lo J < «nLLv*>w 1 _^jo tlj 

❖ yOP —kl ILw- U£*P3f . y .fcp yOO^-t.pDO y.»aP> yOOfc^O^t 

>9 yOo*&.JJL yOOwV. JLl&o .| â . ,ft y.«. -> , *fv ^Aoi txr»*a-o o_^»|* v >s..JJ Lwao tatU 
yO ».;«ife >o yOj) |o*.|o .J . Vi oa; «^PoT y oc*P>o* |K»IV »I ^x.o .|lp9ia 

$ LaûA-t |Ln i\n a |Lp yOcovJ* JUaa.0i.a0 

10 |Ka .» a IL-Pt «h « » ^ yOoCP^Po v oo*_ A.I a-JO . 1^0 3) y^P-l yocoop JLuo ua?L| 

mm 

v ya_^x—Êu JLa.»lo LJLa (l * jop 1 . JLa»o»o |taPl La—»* *1* 101 r*6. 

** o*6^a. 40 JLa-«.ft y »o 10; r A- p ;j o t JLLp ô{aa\ JLwo ia»L| 

•:• ” i^jlL y -P^ y*» l a . VY .aa y*>»» JLalL^Po . Ju~a>«L^:>o yx»io 

11 U? y»Jo i V » • y*«- 3 »U* yO—ioLp ^.l a i-a'Ll yP oN a V o :m\jo *^A^\o 

IA«—•si.^aao .yo o w ^ p p—*o . v och^p usa-o r Uiva-i.y* IJL^co y»| .çjtajLI 
^ *> « 1 « VY j> ^o'^fo l i.\m y V «f L-a-ao^ | •v < jf>fcao yP yoat^oo; |tôt 

V . | « « m |o U-Ï,a ^.0 . LSÜ fl a a o o JLLj— ^.v .xoa—o .y.--wf )kja*üL 


(1) Ed. yoaloiLo 
» A ^x.6» 

« Ed. et B v ~A-£- 
' k Ed. 

« Ms. vooop 


« Ed. y^i*o. 

I’» Ed. et B : *p«p 

<*> Ed. y*>, 

« Ed. -^U. 


3 . 




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20 


J.-B. CHABOT. 


* f* loi V* fl Lio^^Û - Lfl ü ^ V> Q # fl) ^ÛA-S^V» ^S. rt - l A A «A %rtA Ul>^o .Jy-^o JLa-î* 

JL-1» ] ‘"y-.owao r <^aJL»o y* . r A-A.Woî JdLxo .|&bot|o 

| •:• Jua.ot . JLa-j-o 

. ILooUo jo&. : T^vxjijcn l3 

A»l y. r ,_ - 3» W o i-.u *> «_9fL| rvrnt^o ^»oj\Vo3o | 

.^X»3p U,o «il) (J Oo II) .Us, ^m*?o JLl^jcaâoo JL^-*o 

•>^io-Aj| w^, ^ Û.^A O JLfiO-* • JLl^^ JLaJ«^> | £0*xœ|o 

w * 

H-^ g> m -> IJL^» .0)00^0 »oo3o- JO O ■•u o . ^«-co? JL^J. ^..^o Uwo u>?l| 

yo o^a\ o .ya-w v» |ot)^ L^- ^^Sa*) ^oloo |/w. JL^o *â?l| 

•f* loi Y* b. ^^ *1 v oc h"v>V o JuL-joio^o JLô> Ifoyad^o . JLoC^* 1 -S.- r. (») l-y L'-^ 

lioiu-? )^-UiO ul^ o l&io-A> y *\V i JL.^O fisj)f (#) a-So|f 

%- ^ 

❖ U* ~ 1 JL io o ^ »A*£C> v och^^ to .yOoi^f JLûûlÔj 

• Ujü . I^û- o (,) aj «JLao^o JLljj yO <^a\ ÎJL^o wû^i) ;cnVn rC^AVvo 

yOo*La-àJk^o ) .» .D* yOo»ia^ > «joo . ) 1 y ^ g* ^ (t) yoo^D -vxcdo 1 |^»u> UAû-*ov*o 

. Ua^£sa-3o Jil^A >n yia^ JLlJfco .^ia-Liû— uof JLl^> ^ ia— . )J^-*-^-0 

yOOOû^O «AXD yOOM^^Ï ^A«*io • ^ uiy yOCH^V. mr> 0 • yOO*-/fa^30 

*r ioîr°i.. (W)|)ioo| JL^) # ^AJO ta^mjo Ijoj* JLl^J ja*x>) |yOo*J 6 ^u^©| 

❖ ).1l^ : i<ljjc^73jtrn *4 

« • 

^î?° 1^-0»? )wo L») <30 tu» |iJL» j, ^ : ^.m rdjoa^ 

)jLu^o*>~ |A.»oi ^ |.K»M (laSLaA. Ht |la*Ao |^â)t (u) tHV ^ 

<u) A- f>?> - pn o 1 {».*> o ^ •> y\A . ^tl K-^»t JLttU_ î:s '^ avSJ^It ..o,aaa~<^>t 

(l) Sic ms. ; ed., À, B, C : lë*o 
« Ed. et B: W ~~ 

(>) Ed. et B hic add. ♦ *-*>1 • Uo*> 

(>) Ed. et B : *-? A-lv-A. l+~}o v oo,v^ 

(l) Ms. i**«*o; Ed. et B om. 

« Ms. o-Tlt 


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<’> Ed. uu 

(•) Ed. iâ^o 

(,) Ed. -a» v ooü- 3 o ; D rcctius : v .o» vt -s^a>. 
<,,) Ed. et B add. * ^^>1 : Uok. 

<"> Sic et A; B, C : 

<") Ed. Kûül., 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE À SAINT JEAN MARON. 


21 


IAs« »;■ *> i v» ^ •'t a i i |^£» -so; . r ^L5^o 1 J^oK=>? 1^»-^ ous^> 

o a. ft . tr) U o . a ^ a o v o a- U L*~ix> JLGj» Lioi^ot |.'JLsfLf yOftrs'^^. 

Ko 2 >K*.|» (K^otajo «*do . JA.«j..»Jv> jLiaao^. v oo*^sov 

|o»^ ]—^D U-O. <s|o . yO CH »■» 2)0^0 ^joJL—J t lloü^ov LoaI .jooj 

^a-*-« yUt) yOOwA.1» J^OootOo Ÿ-OQ ~ï ~> *^ 1 - ft » Itv\..; w. * f* «o» r* b. 

U >V)«V)S. o JLa l a. o'k . .lie» Ji ^iK oU^t UvC.ooo ^I>| v ooNJv '* ' 1-« ^ 

U vi . »» .ocH~NaVo .|iOvoiv^vo UnK.«»s. JLàais. La ?wv (»> U. ; 

^ * • 

li« loiax yo o » ft yOJo^o .|iutt I l a IV) .o>~> b» Jvfrtfv oaAj{ 

❖ y lo~>fcV 

T- 

«y*-? If^-t JJt^ftjo ||J6woii.j y H -t JLu> ^ojÔ :cyxVn rdAVvo 

\ » 

yO CH ^A V -f ^A o^ , IUj^CHO ^loAt Q^Ia l-30 Jkm+ ko l nKW 

•4 

kooL» • l»o*a-»t U- *i a Vu a yOj) -~_i|o . K^>^joL| |&J^o |io» J v oo»&t$too 

J-*->* j.loa*^o yOoC^-o ^t o' .| A..I.V)*, ft^*.toJLd [.Jlo*i J£s*^ô^o| (,) . (Loi—i 1 io***«. 

*s)o Jl? J ~~jo .^S<uo JJj Jao^oa»o| JJj JLmL^o Ut 

ô)’ y. " »o » I• i II *) )&i»to joC^S 6»»! .ou* ^>ita ( ‘>'^o.»"^a^.o ^ooC^o 

v ‘ jlûû^o | V v OOiV.O 

x 

11 bo^v. Lgso_jo JLf-| JLftil JJo .U^e i^OO«ï ^o JJ :»^013 

1 U*~o r^V*» y >k"-> a -> ^OKO y^wôojL» Jtut ^4 JJl.li^y-l Ut lla-^ 

1 « ^A»^ v «■ v» ©ùoa»o .^ooù-io (••) )lg^r>oV) i JJo' |c»^~. yootkov >mo*o 

• lo-o| kftât U. ta .;_Bo Uvq.choo JvaVaaVo . JLilo, JJo JLilz> ( , . JQo^> 

• -*-âô.o y-tû-jJ Jj^ko-^vo v - JLloo JJ? <aiaa« JLooox^o 'l*«o»v** 


(,) Ms. 2 
« B, C : JldtI 
(,) Ed., B : wdfilt 
< 4 > Ed., B : 

W Ed. lU,-* 

« Ed. V^U. 


(7) C omit. 

(8) Textus integer : lo»^ «po.,^o Ua~o —»J 

\l • Vr \lo y) - \oo^-*o |LoC^a> 

. ÿj x lo (cod. 73, f. 4 i v*). 

- Ed. et B om. • praef. 

< 1# > Ms. lla^oüQj P 





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22 


J.-B. CHABOT. 






1 - — |L 


r ^»)t iiüOjAo |Lq ^ 

♦[H 

P). P) U*U w . 






%ts^y^ -puL\a K^xb rdioxa| 
• ^olo w 3 ol : 


1 «OV y O»*M fl ft i V L-ûot S >I . | m > > yO cn ^JL -v ^j as o A : ^»oaVir\m rdiooa 36 

v O-3^Jûftsif 1-2» 0^0 . iLajJLDf %) U—ûl 3 pm M U ?o L^-A3t -et Ü-*J 1^0 

|*> OtloA 

yla ^ ^ A\j o Ia}<iXQ ^ «a«jdo jLiao r < 


yjsjt&j J&s*3j : cn.\ja r^AVvo 


•) 


,t 




^PWAM*«IV y*. J , fcA-J tfûV J O >^ 1 »Â |^|o . yl 


|J r l^ Loèk loot-f |*»*a Il 



|«fo - 

jO ,^lâ\ lUJ ^ilAO 


* P io 3 r* a. (fi 


LU 


,A*ioLo . 


(T) 


J^ 100 " 

fi»âLi IA^ap-o r LaA^o* | «^jLsofiu H**t 


Un^ Q- V IacV^Q U 1 — ~>O a ^UjL^O |L*— I^LD 

•> ^ûa| 'Hyobj : $ JL aa a .~> t yO-^l t^olio U^o . Lm^^o JL 3 ) .Ldi 

^UUo y-. *■■>* *t «fit a. *i a it v 4s-a^|t 1 âà^A : y»<7î\^n rcioxa ’7 

ta** ^o Llu*o JL\a**t ,-aLao . (Lo^at y*\bo< ^Ao» Il»v »*> U^t< 


p 1 * 


in*v«I .yOo»J5^-*oVo yOo»^sA^ 1 <a~Ôo . 1 j^i*\Qâ> |&ota.-a^ yO~i| r ^o À.L 

| V La O» «^a*PO r Lo^^ Uto IaVC! ^ Ut Iæ~>*JD yOôioi^AJt 

-otoAJt JLa*«jo jL«^>»v> IdA ^ir»wx>l|t Li^o ll«Lv> vS| :ctxVd rdAVvo 


* I" io3 r* 6. % ^ Âm ^\ y >} *1 •11^ ^ ^*0 .1a*«JD ^ ^Loa . JLo&v IiDocia t jjuvv>* 


(I) In ed. f B etC, pro W, stat Ua^ 

<f) «tf^o îKiki .0*0\|o «opo^lf U-aJ 

*-*>1 • ^vvriv^ ba\^ (cod. 87, f. 18 

»*)• 

(S) Edit, et B hic add. : • Iak ♦ l *fw » • bo*3 

• bot-D 4 »Ayoya • junuw ♦ * yooo *j • Uoo 4 p.v® 

♦ idOA^f v®*!» 1»*^ ♦ r LUQ *® 
’' » n*. Lcoufco Lai loÀ) .i win ? \oomj 


• _l yo^aa fia. l nw ; Cf. Renaud., Il, 

p. 3 3 et p. 38. 

(>> C, D : -°^ 

(*> D : ILa^a 

*'* Ed. et B : y.t.a y» 

<’> Ed., A et B : -»u>U 
« Ed., A et B : --ia^lL 
» Ed , A, B : UIaa 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 23 


«•) 


rt yiim 7 nïü jOO JJ | • IiOaûX^ ^ JJ O 

I K ~ o ^a Io JU^o JLa-a^bo **OI •oûAwd'^jjo .CH^ JL^O^O 

❖ t^ v> J ) : ^73^. r *î 


#>, v 


>i j o-i~oi) 4) 

Jbi vt « < h.>q JL ^ q^k J 9\ +*l ^«moo JLiot 


XXwOJLD) •> Jû^o :< 
9 «^ « 



Il I « r lQ ,~t^^< Jülu. fdv^JLo JLwso Jaa~ï y « |©o»L JJ o .1^00^ v oo*-ïo, oxsyjy 

| •:♦ r -sL| 

__ ^ 

tr oooa'^a <ûo .A.|o*~x>L yOÏll ' c 5bO ^oo .A. JL» ..A 3 ,-aa^sJ L ^ ^oo : min rCiAVvo 

M 

( 7 ] «JÛJBoL (#) "^XDf A.Lu^o| , ^ÛA J ^ >30 . AwL~-.pl ^OO , 

^ )ta-J^v^ |K~a^i ‘^.03*- 
$ JoeiL jrCÜicn^ 

)CH^ ^L» 9 (UO (u| M^VlJ^aW 1 ÂzJoi^ (u) A.|u*!«-Jk. .-W*o J 

00 

^ &•&.*.(? -ov-3 •^LoUàa^t ».^ivo r Jba—? 


y> *'^09 A.L^| 

« ❖ çoo) : «^-* « [U«] 1^0 JLs| I 


J JJ lo^. L>UO i^> ^ 1 i flf l iftv yO^OO ■ J(m«1ao âLo^AJO . J» . «AD 

«ot Ja a 9i-> ^k. ^>s r o ILLchjso JL -k Ja^» (u >^ 1^3’ JJ) . JJ*~»t oo. Jaoa^a ^ 


«^œj : 


. •> (u) | IA. toi©] 


M 


O . 


•> ^—Ok <“>ja^' î 

(toi IfeotoA»^. ^bo (Lb lo^t JL»» U—| (, * , :rd»0XA 


<’> Ed., B : Vil ; C : 

(*» Ed., B 
“> Ed. ♦ 

(,) Voces ( ) inclus*» A etiam omittit; 

praebent Ed. et B. Brevius C : ♦ *-**>1 Uo-m 

O^DÜ . U^OO 

W U«l—lo^S yOJUArtî (XX^tl 

. ^Oowft? ooû(o 0»i^s )a^o U« mw*> n~*>,r» 

• Lu» |£wx4o*. |£oia_> (Ms. 87, f. a 1 r # .) 

« Ed., A, B :V^o;C:V^ 

« Ed., A, Bî^l 

Ed. et B add. ♦ 1 bav ♦ J ^ 1 bo^> 

(f) Bom. 


< I# > Ed. add. f-l Udi— o , Wd 

r • # • 

- ' ♦Uv^ 3 ? 

(ll) Sic ms. 

(l,) Ed. 

(,,ï Ed.,etB:^ 

(U) Ed* add. r w> i --—*0 
(,S) Ed., et B : pxo 
16) 0ratio alia est in editione, nempe: 

• Uo^tod oûa ^JL Vw ^l ^ U-g-^ly javio 

*• 

. ylo V .fr 1 ) lUiofri. -» yj^t I wAt , . La» ^_a 

•- . IW*. |»|Lo Lai f"- 1 *- fr- 


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24 


J.-B. CHABOT. 


(1) yOCH-ÎKs ^3^. yOOOb-l lo^t .eU âlo^Al; _^ . ^vv ~ 

«^oo| :k^ 73^. |»y.yi\w Iÿîv. 

,1) ♦ L WV r ^>l :rùxj?uo) 









• |*a£LLj| (,) V ^\a 

• 0 QV » U i{ X> yOUO «Uo L-ûAw*Of 


Anaphora Mar Iohannis, patriarchae Maronitarum, 

QUI COGNOMINATÜR Mar MaRO SANCTÜS, ET EcCLESIAE DOCTORIS W. 

1. Oratio ante pacem : Coram te, Rex regum et Domine dominorum, ado- 
ramus et petimus a te Domine Deus, requiescat dextera tuae miserationis 
super servos tuos qui coram tremendo robore maiestatis tuae stant. Benedic, 
custodi, purifica et sanctifica oves gregis tui redempti sanguine mundo Uni- 
gemti tui, et quibus (împositum est^ 4 )) signaculum vitae, e quo novit inimicus 
eas redemptas esse; et referemus [gloriam et laudem Unigenito tuo. . .](*). 

Diaconus proclamai Mediam W. 


2. Sacerdos : Pax tua ( Domine, et salus tua, et dilectio tua, et gratia tua 
et misencordiae divinitatis tuae sint nobtscuro et inter nos omnibus diebus 


t— oio li_x> |l ^ po^w 

(1) ln ed. * Iy) I^wao . 

(,) Conclusio in edit. )o^|lo . Mu 

♦fkfctO*. |l? 

(,) Note marginale : Quicumque sacerdos hac 
iiturgia usus luerit in die commemorationis 
huius sancti, quae nona Februarii peragitur, 
sors eius et pars esto cuin duodecim Domini 
nostri Discipulis : item quisque eamdem Litur- 
giam audiverit ; dixit enim eis : Sedebitls super 
sedes duodecim. (Assemani.) 

{4) Dans l'édition : «et signa eos signaculo 
vitae ». 


(>) Ici et par la suite, les mots placés entre 
crochets traduisent les parties omises dans 
1 édition romaine de la Liturgie. 

( * Sorte de Préface dans laquelle le diacre 
rappelle aux assistants la dignité du Sacrement 
et les exhorte à assister dévotement à 1 office. 
Celle de la Liturgie de s. Jacques est traduite 
intégralement par Renaudot, II, p. 39. Il tra¬ 
duit également les autres formules qu'il est 
d usage de désigner par leurs premiers mots. 

Prière tirée à peu près textuellement de 
la Liturgie des Douze Apôtres. Comp. Renau¬ 
dot, II, p. 170, et le texte du missel imprimé, 
i w édit., p. 98. 


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25 


LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

vitae nostrae; et referemus tibi gloriam [et laudem,] et Unigenito Filio tuo et 
Spiritui tuo sancto, nunc [et sempcr, etc.]. — Populus : Amen. 

3. Sacerdos : Deus bone(*) et misericors et sancte, qui per Filium tuum 
unigenitum, Domiimm et redemptorem nostrum Iesum Christum, mensam 
sacram et spiritalem nobis disposuisti, placido vultu accipiens oblationes has 
immaculatas, da nobis donum Spiritus tui sancti, et nos dignos fac ut mundo 
corde et pura conscientia ad tua sancta sanctorum accedamus, condonans 
nobis pacem quam dédit discipulis suis sanctis Unigenitus Filius tuus, ut 
etiam nos dantes unus alteri pacem in osculo sancto referemus gloriam tibi 
et benignitati tuae omnipotenti, et Unigenito Filio tuo, et Spiritui tuo sancto. 
— Populus : Amen. 

Diaconus : Date pacem. 

Sacerdos : Caritas autem Dei. — Populus : Cum spiritu [tuo]. 

Sacerdos : Sursum sint... — Populus : Sunt. . . 


U. Sacerdos inclinatus : Ad te Pater omnipotens W, timende et laudande et 
faciens mirabilia, Patermisericordiae et Dominus omnium saeculorum, [ abscon- 
dite et incruslabilis, excelse et incomprehensibilis, laudabilis et infinité,] 
Deus investigationi impervie, Pater et missor Domini nostri Iesus Christi 
Filii tui dilecti, Filii tui tibi aequalis, Unigeniti tibi similis, qui est hypostasis 
essentiae tuae, [natus praeclarus maiestatis tuae,] oriens lucis tuae, et splendor 

'1|Lü ■ «1 __ . 

ignis tui, radius gloriae tuae et imago substantiae tuae, omnipotens virtute 
verbi tui, a te genitus aeternaliter sine initio, et est tecum mirabiliter sine 
fine, in quo et per quem creasti mundos per gratiam tuam, et tecum et sicut 
tu glorificalur diligenter a Superis; nos etiam, Domine, te laudamus et te 
adoramus, dum in eo te videmus et ab eo Spiritum tuum accipimus; per 
ipsum enim nobis manifestata est Trinitas adorabilis, et revelalum est myste- 
rium quod absconditum fuerat a saeculis et generationibus omnibus; et ipse 
edocuit nos generatione sua quod tu sis pater eius vere, et tu docuisli nos 


(>) La première moitié de cette prière vient Extrait textuel de la Liturgie de Jacques 

de la même Liturgie, avec quelques légères de Saroug; cf. Hcnaudot, II, p. 357. 
modifications. 


MOT. ET EXTR. - T. XU1I. 


à 






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J.-B. CHABOT. 


voce tua quod sit Filius tuus dilectus, et Spiritus tuus nos docuit revelatione 
sua quod sis ens unum absque divisione. 

Gloria ^ tibî. Domine, e conscientiaW quae illuminata est adoratione tua; 
laus tibi ab omni ore quod honoratum est verbo tuo; sanctificeris ab immundis 
qui purgati sunt hyssopo tuo propitiatorio. Glorificatione nostra non indiges, 
neque confessione nostra augeris; 

Et elevat vocem suam et dicit W : Sunt enim tibi, Domine, glorificatores innu- 
meri, [mundi ^ lucis infiniti, I Cherubim subiugati et Seraphim pavidi cum 
ordinibus et exercitibus angelorum; millia et cœtus innumeri, [atque myriades 
innumerabiles; Seraphim W expansi ignis devorantis, et Virtutes mirabiles 
spiritus vehementis, Legiones instructae flammarum, sustinentes currum 
Cherubim cuius conversiones infinitae sunt, exercitus caelestium qui diligenter 
sanctilicant gloriam tuam; turmae igneorum qui se invicem excitant ut elevent 
voces suas in glorificationem tuam;] mille milium spiritalium stant coram te, 
et myrias myriadum igneorum ministrant maiestati tuae, et alta voce recedente 
a contentionibus, disquisitionibus secretiore, investigationibus sublimiore, a 
disputationibus aversa, unus ad alterum canticum victoriae clamant et dicunt. 
Et etiam nos. Domine, debiles et peccatores, dono gratiae tuae mereamur 
dicere cum iliis, tribus vicibus : Sanctus. — Populos : Sanctus, Sanctus. 

5. Sacerdos inclinatus : Sanctus, Sanctus, Sanctus es, Pater et Fili et 
Spiritus sancte. Voces Seraphimtuam Trinitatem, Domine, sanctilicant, 
et coetus Cherubim tuam absconsionemM benedicunt, et exercitus Angelorum 
essentiam tuam mirabilem glorificant. Gloria tibi qui genus nostrum gratia 
tua magnificas, et misces voces terrenas vocibus caelestium; tu per misera- 


(1) Dans ia Lit. de Jacques de Saroug la 
prière k haute voix commence ici. 

(#) Au lieu de Ren. a lu et 

traduit «per Ecdesiam tuam quam illumi- 
nasti • ; c'est la leçon du ms. Paris 71 et de 
plusieurs autres. Bille parait préférable à celle 
de l'édition. 

(>} Ce qui suit parait être une combinaison 
des Liturgies de Jacques de Saroug et de s. Jean 
Chrysostome. Cl. Renaudot, II, p. 358 et a44. 


4 Pro Ren. a lu «juvenes». 

;i) Pro Js**» Ren. a lu «sériés» longis- 
sima ignis devorantis (p. 358); «ordines» 
expansi ignis devorantis ( p. a44 ). Sa leçon est 
préférable. 

(i) Au pluriel dans les mss. 

(7) Nouvel emprunt à la Lit de Jacques de 
Saroug. Renaudot, II, p. 358; cf. p. a44. 

(,) Renaudot, plus explicitement : «abscon- 
ditam naturam tuam ». 




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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

tiones tuas magnas misisti nobis redemptorem l’ilium tuum dilectum qui ex 
te ortus est per Virginem, sicut radius e luce in oculo mundo, et sumpsit 
formam servi e sinu sancto, cum vere sit forma maiestatis tuae; homo factus 
est sicut ipse voluit; natus est ex utero carnali ut regeneraret nos ex utero 
spiritali; factus est nobis frater ut nos faceret tibi filios ; extulit nos ex humili 
servitutis conditione et dédit nobis ut haeredum dignilatem acquiramus; abstu- 
lit a nobis mercenariorum servitium et constituit nos in gradu fdiorum dilec- 
torum; depulit a nobis spiritum servitutis ut iam non detineamus timoré 
captivorum, et dédit nobis spiritum adoptionis quo te, Pater, fiducialiter 
Patrem nostrum vocaremus. 

Et elevans vocem suant : Gloria tibi, Pater vere, a filiis quos acquisivisti 
gratia tua; laus tibi largitor bonorum tuorum super haeredes qui indigni erant 
[ Hevae insipienti et Adamo in ... ; genuit enim nos generatione nostra prima... 
regeneratione ex aqua et Spiritu.] O Transierunt antiqua et omnia renovata 
sunt. Transiit etiam praxis sacrificiorum Levitarum quae in effusione sanguinis 
quotidiana mysterium occisionis Unigenili tui figurabant. Venit enim nobis 
corpus pro umbra, et realitas pro similitudine. Ipse enim Filius tuus in per- 
sona sua fecit mundationem peccatorum nostrorum per sanguinem eius pretio- 
sum qui efïusus est pro nobis. Illud [sacrificium] reconciliavit le nobiscum 
cpiod ille coram te obtulit : ego etiam, vilis et debilis, qui vocatus sum in 
adoptionem fdiorum tuae miserationis, cum non essem dignus vocari servus 
tuus [offero] ; per hoc sacrificium pretiosum, remissionem peccatorum Ecclesiae 
tuae concédé et omnibus filiis eius, nunc [et semper. . .]. 

6. Inclinatus : Non boves saginatos W coram le oifero; neque sanguine agno- 
rum aut vitulorum cornua al taris tui aspergo, neque ; sanguinem hircorum et 
caprarum pro peccatis populi tui sacrifico, neque cineris vitulae aspersione 
mundam congregationem tuam facio; sed te ipsum Filium honoratuin coram 
Pâtre tuo offero et coram te, cum Spiritu tuo vivo et sancto, tu tibi per manus 


l> Les mots entre crochets sont les restes 
crâne ou deux phrases mutilées, que je ne 
saurais restituer. Après Adamo, il y avait un 
qualificatif péjoratif répondant à insipienti. 
Assemani (ms. C) a supprimé la difficulté en 


modifiant le texte : « Adam enim genuit nos 
generatione nostra prima, et tu genuisti nos 
generatione nostra secunda ex aqua et Spiritu. » 
Cf. Lit. de s. Jean Chrysostome. Renau- 
dot, II, p. 2^4. 

4. 


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J.-B. CHABOT. 


nostras oflers et te tibi e manibus nostris accipis. Placuit tibi, Domine, ut 
sacriliceris, quia salis erat sacrificium tuum ad propitiationem populorum; 
decet te rursum ut accipias, quia aequaiis est honor tuus cum Pâtre tuo. 
Voluntas tua inclinavit te ut oflerreris, et amor tuus adduxit te ut occipereris. 

Et elevans vocem suam : Velis itaque. Domine, misericordiis luis plurimis 
accipere oblationem hanc e manibus meae debilitatis; non quia purus est 
illam ofrerens, sed quia tu ipse, hostia mundis pretiosior, mori pro nobis 
voiuisti, libéra nos a morte altéra, per misericordias tuas in commemoratione 
mortis tuae pretiosae; dele peccata popuii lui; condona delicta Ecclesiae tuae; 
placetur divinitas tua moribus nostris et delectctur maiestas tua operibus 
nostris; et simus tibi populus benedictus et Ecclesia redempta quæ aemulatur 
opéra bona, per gratiam tuam et benevolentiam Patris tui benedicti Spiritusque 
lui vivi et sancti. 

7. Et inclinatus : Adoramus miseratorem adorabilem O; advocatus paeni- 
tentium, iustificator peccalorum, congregator perditorum, inventor errantium, 
socius timentium, frater peregrinorum, roborator debilium, consolator per- 
secutorum, lumen gentium, spes mortalium es tu; arces rebelles, in quibus 
holocausla Gentium turba offerebat rebelli qui eam < 2 ) subegit, passione 
crucis tuae expugnavisti, et liberasti captivitatem vinctam a diuturno tempore; 
evertisti aras deorum istorum qui aberratione sacrificiorum eorum animas 
adoratorum suorum polluebant; factus es agnus, cum sis pastor verus, ut 
tolleres peccatum mundi morte tua; venisti ad immolationem ut aboleres 
sacrificia Gentium quae filios suos et filias suas daemonibus sacrificabant. 
Fregisti corpus tuum ut sit cibus; cum scintilla sis, accendisti ignem ut 
sanctificares ora corporalia quorum labia sanguine inquinata erant; miscuisti 
cabcem sanguine tuo pretioso ut aboleres aspersiones et libationes paganorum 
quas in arcibus suis daemonibus rebellibus effundebant; intravisti castra 
inimici, equitans in ligno crucis : viderunt te ordines eius et tremuerunt, 
legiones eius et dispersae sunt, castra eius et commota sunt, exercitus eius 
et timuenmt, turmae eius et turbatae sunt; praevaluisti in infîrmitate tua 

(l) Passage analogue dans la Lit. du patri- grammatical; le texte est probablement altéré; 

arche Jean le Scribe. Renaudot, II, p. 479 . notre traduction est conjecturale. 

(,) Passage peu correct au point de vue 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 


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adversus potentem principem huius mundi tenebrosi, et evertisti eius altaria 
florentia, vastasti domum habitationis eius, cessare fecisti festivitatem congre- 
gationis eius; dispersisti turmas adoratoruni eius; abolevisti ministres eius 
et impugnationes eius sedatae sunt; iratus es in eius amatores, eum ignomi- 
niosum fecisti coram amicis eius, ab eo aufugerunt sacrificuli eius, et instituit 
pastor servos suos in sanctuario; immolatione tua vocasti Gentes in adora- 
tionem tuam ; fuisti mediator sapiens inter duas partes discordantes et reconci- 
liasti creaturam cum creatore suo; pacem constituisti inter figmentum et eius 
plasmatorem; reduxisti exules ad septum et protexisti captivitatem intra ovile 
tuum. 

Et elevans vocem suant : Et propter has gratias tuas et bénéficia tua, 
laudat te Ecclesia quae oppressa fuit et fiberata est, captiva fuit et reversa 
est; exagitata, etquievit; misera, et glorificata est; dispersa, et congregata est; 
irritata, et pacificata est; et glorificat misericordiam tuam, et deprecatur 
maieslatem tuam pro omnibus natis et filiis eius qui sunt gens tua et oves 
gregis tui; ne sit eis hoc mysterium sanctum corporis et sanguinis tui, quod 
offertur pro eis, in iudicium, in ultionem et in condemnationem, quod non 
sint eo digni, sed in absolutionem culj)anun et condonationem peccatorum, 
deletionem delictorum, et in stationem ad dexteram tuam, cum fiducia et 
fibertate quae decet filios dilectos, per gratiam tuam et beneplacitum Patris 
tui benedicti et Spirilus tui vivi et sancti. 


8. Et inclinatus : Tu enim docuisti nos : Ita facite in memoriam meam 
quotiescumque congregabimini. Miscuisti enim virtutem tuam absconditam 
in pane et fregisti corpus tuum Apostolis tuis in mysterio; coniunxisti etiam 
sanguinem tuum in vino, ut sit testamentum novum; et nobis dedisti cibum 
spiritalem ut commisceatur corpus tuum vivificum corporibus nostris morta- 
iibus, et misceatur sanguis tuus propitiatorius sanguini nostro carnali, ut 
simus filii Patris tui caelestis, et sis nobis frater, et fiamus haeredes regni tui ; 
posuisti teipsum signum ut spéculum in quod adspiciamus, et portum pacis 
ad quem requiescere curramus ; et quemadmodum docuisti nos ecce facimus, 
et in semita quam stravisti nobis gradimur. 

Et elevans vocem suam, signât corpus, et ait : Adoramus et confitemur 
dispensationem tuam, et facimus coram te, Deus, memoriam Domini nostri 




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J.-B. CHABOT. 






Iesu Christi Filii tui dilecti, qui iila nocte qua voluit tradi et ei piacuit tor- 
menta et cia vos pati, et Ecclesiam suam sanguine suo liberare, et synagogas 
cruce sua solvere, et aedilicare sanctuarium et evertere altaria; et eligere 
sacerdotes et reprobare sacrificulos, sumpsit panem in manus suas puras et 
sanctas, dotem sponsae et repudium dimissacl 1 ), + et benedixit, + et 
sanctificavit, + et fregit deditque discipulis suis sanctis, et dixit eis : Hoc 
est corpus meum, quod pro vita mundi frangitur et traditur, ut illud man- 
ducantes non moriantur et illud sumentes non corrumpantur; suniite, man- 
ducate ex eo viaticum in vitam aetemam. — Populos : (Amen). 


9. Sacerdos supra calicem ait : Etiam post caenam calicem miscuit vino 
et aqua, Hh benedixit, + glorificavit + et gratias egit deditque discipulis suis 
sanctis, et dixit eis : Hic calix sanguis meus est testamenti novi, quod prodest 
adoratonbus eius et contristât crucilixores, quod scriptum est sanguine et 
signatum est morte et sigillatum est cruce; sumite, bibite ex eo omnes via¬ 
ticum in vitam aeternam. — Populos : Amen.] 


10. Sacerdos : Haec iacite in meam commemorationem; quotiescumque 
congregabimini in nomine meo et manducabitis panem hune, et bibetis 
calicem hune, mortem meam et resurrectionem meam commemorabitis donec 
veniam. — Populus : Mortem tuam. Domine W. . . 


11. [Sacerdos ponit incensum et dicit : Benedictum sacrificium vivum et 
sanctum quo ipse seipsum obtulit genitori suo, ut ei oflerat nos populum 
perfectum et sanctum qui preces puras et sanctas sacrificet coram eo secun- 
dum beneplacitum eius. Tibi enim et coram te cor meum et genua mea 
inclino, creator caeli et terrae, ut concédas petitiones meas secundum munus 
beneplaciti tui; non enim aurum aut argentum peto a te, neque animas 


M Cette phrase incidente et peu élégante ne 
se trouve pas dans les autres liturgies. Le sens 
est allégorique. Dans le langage des Pères, 
l’Église est l’épouse du Christ; l'Eucharistie est 
sa dot et en même temps signe de l’abandon 
de la Synagogue. 


Telle complet : Mortem tuam, Domine, 
commemoramus, et resurrectionem tuam confi- 
temur, et adventum tuum exspectamus, mise- 
ricordiam et gratiam a te postulamus, et remis- 
sionem peccatorum petimus. Miscricordiae tuae 
et gratia tua sint super nos omnes. 


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31 


LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

inimicorum meorum (*), sed, ingemiscens et ioquens ex dolore cordis, propter 
peccata mea midta, hostiam hanc porrigo tibi, Domine misericors, quae 
oritur ex corde et interpretatur lingua et scribitur lacrimis palpebrarum 
interiorum. Non tibi est victima alia quam des mihi, nec mihi peccata quae 
gravant voluntatem; non remaneat apud me quod peccavi, neque permaneat 
apudte quod non absolveris, sed propitius esto mihi, et milte mihi Spiritum 
tuum sanctum, et perfîce et sanctifica sacrificium hoc coram te <* ! positum, quod 
nuncoflero; ut intrarem in sancta sanctorum, ubi mysteria Unigeniti Filii lui 
ministrantur. Aufer a nobis W vestes sordidas quibus induit nos Satanas per 
segnitiem cogitationum mearum, et indue me illis quae per gratiam tuam 
paralae sunt. Et nunc peto a te ut coram te et ante faciem tuam appaream 
sine peccato, et exaltabo nomen tuum adorabile et sanctum, nunc . . . 

Memorentur in hac oblatione vivi et mortui pro quibus et propter quos 
olïertur et sanctificatur, et in manus personae meae debilis et peccatricis quae 
illam ofl'ert oriantur misericordiae Trinitatis gloriosae; Domine noster et 
Deus noster tibi gloria. . . ] 

12. Inclinatus : Commemoramus igiturW, Domine, hanc redemptionem 
salutarem et vivilicatricem, et omnia quae propter nos passus es et sustinuisti : 
incarnationem nempe mirabilem, passionem salutiferam, crucem vivificantem, 
mortem vivilicatricem, sepulturam sublimem et resurrectionem laelificantem, 
et adscensionem tuam caelestem et sessionem tuam a dextera maiestatis Patris, 
et adventum tuum secundum quo venturus es ad retribuendum unicuique 
secundum opéra eius. 

[Et elevans vocem se signât et dicit : Quando in gloria apparebis et super 
nubes caeli venies vivos et mortuos iudicaturus, quando probi gaudebunt et 
iniqui tristabuntur, iusti laetabuntur et impii plorabunt; quando sancti 
exultabunt et peccatores afiligentur, et lideles exultabunt, apostatae autem 
confusione replebuntur; quando prophetae et apostoli in altum adscendent, 

(,) Cf. I Paraît. , i, 11 . —Toute la rédaction 
de* Liturgies contient un grand nombre d’ex¬ 
pressions tirées ou imitées des livres bibliques, 
qu’il serait sans utilité de relever dans le détail. 

(,) Mss. «coram nobis». 


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Sic mss.; lire au singulier : «Aufer a 
me • , etc. 

(4) Ce paragraphe est tiré, avec quelques 
modifications, de la Lit. de Jacques de Saroug. 
Cf. Renaudot, II, p. 35g-36o. 


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32 J.-B. CHABOT. 

et idololatrae (l] in imum infernum descendent; et martyres ac confessores in 
thalamum intrabunt, et iudices iudicabuntur; quando ieiuni accèdent et 
luxuriosi discedent; quando adlicti et defatigati requiescent, pigri autem et 
ignavi opprimentur; quando tritica in horrea congregabuntur et zizania in 
igni inextinguibili comburentur W J, parce nobis. Domine, et expande miseri- 
cordias tuas super nos omnes; jet ne intres in iudicium nobiscum; ne avertas 
faciem luam a nobis; ne cum impiis computes nos; ne cum quinque stultis 
numeres nos^; ne cum illo qui sordidis indulus erat^ e regno tuo repellas 
nos, neque cum illo qui accepit talentum unum 5 in tenebras exteriores eicias 
nos; ne cum bircis ad sinistram statuas nos, sed nos laetilica adspectu tuo 
divino; miserere nostri in tua gratia abundanti et introduc nos in thalamum 
tuum sublimem; misce nos gregi tuo spiritali et fac nos accumbere convivio 
tuo laetitia pleno, et perdue nos ad gaudium indeficiens;] laetilica nos 
omnes in tabemaculis Ecclesiae tuae Hierosolomitae [et aptos fac nos haere- 
ditati paternae; ! et propter haec omnia, gratias agit tibi Ecclesia tua et te 
deprecatur grex tuus, et per te et tecum etiam Patrem tuum, dicens : 

Popalus : Miserere nostriW. . . — Sacerdos : Nos etiam( 7 >. . . 

— Populos : Te laudamusl 8 ).. . 

— Sacerdos : Praecipue^. . . — Diaconus : Quam lerribilisW. . . 

13. Sacerdos inclinât as : Etiam Domine Deus, rogamus te et supplicamus 
misericordiam tuam per exercitus Angelorum, per turmas Cherubim, per 

Ainsi d'après la restitution d'Assemani. 
f1) Allusion à Matth., xiii. 

(5) Allusion à Matth., xxv, i-i3. 

(4) Allusion à Matth., xxii. 

<4) Allusion à Matth., xxv, a4-3o. 

(i) Formule complète : Miserere nostri, Deus 
Pater omnipotens, miserere nostri. 

(7) Texte complet : Nos etiam infirmi et pec- 
catores servi tui. Domine, gratias agimus tibi et 
laudamus te, pro omnibus et propter omnia. 

(,) Formule intégrale : Te laudamus, te bene- 
dicimus, te adoramus, te conlitemur; propitius 
esto. Domine Deus, et miserere nobis et exaudi 
nos. 


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Formule complète : Praecipue et primum 
sanctam, benedictam, semper virginem, bea- 
tam dominam Mariam deigenitricem comme- 
moramus. 

(l0) Proclamation intégrale : Quam terribilis 
est haec hora, quam timendum tempus istud, 
dilecti mei, in quo Spiritus sanctus ex excelsis 
sublimibus caeli movetur, descendit, illabitur 
et requiescit super Eucharistiam hanc in sanc- 
tuario positam et eam sanctiücat. In silentio et 
tremore estote, stantes et orantes. Orate : Pax 
nobis, et tranquillitas nobiscum omnibus; cla- 
memus et ter dicamus ; Kyrie eleison. 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

ordines Seraphim, per coetus Sanclorum, per spiritus lustorum qui perfecti 
sunt in loco habitationis tuae, in tabernaculo principali maiestatis tuae. 

Et invocat Spiritam et dicit sub silentio : [Kyrie eleison, Kyrie eleison, Kyrie 
eleison.] Exaudi me, Domine. Exaudi me. Domine. Exaudi me. Domine. Et 
aperiantur portae caeli et revelentur portae lucis; et veniat et descendat Spiri¬ 
tus tuus sanctus ex excelsis, et requiescat super hanc hostiam [et super calicem, 
et sanctificet ea ut liant corpus tuum et sanguis tuus sanctus. Et quemadmodum 
dedisti virtutem angelo qui attulit nuntium Virgini, impertire etiam mihi 
libertatem verae fidei, et dicam hostiae : Spiritus sanctus veniet et virtus AJtis- 
simi requiescet super te : quia quod miscetur sanctum corpus Dei vocabitur. 
Sane, deprecor te. Domine Deus, Spiritus tuus, et virtus tua, etverbumtuum 
requiescant super altare hoc et sanctificent hanc oblationem, descendat et 
requiescat in hune panem et super hoc vinum, ut Bat panis corpus, et vinum 
sanguis, ut in plurima dividanturet plurimis dividamus praedam,] et fiat in eo 
absoiutio culparum et condonatio peccatorum sumentibus illud. 

Et elevans vocem suam 0) ; Da ut eo iustificentur peccatores, [et eo absolvantur 
delinquentes, et eo placentur irati, et eo quiescant iracundi; et eo laetentur 
moesti, eo consolentur lugentes, eo sanenlur infirmi, eteo respirant oppressi, 
et eo commemorentur Prophetae, et eo triumphant Apostoli, et eo régnent 
Martyres, et eo exultent Confessores, et eo adorant Poenitentes, et eo gaudent 
Angeli; glorificetur divinitas tua, et [exaltetur absconsio tua], et celebretur 
[sublimitas tua, et adoretur] Trinitas tua, Pater et Kilius et Spiritus nunc. . . 
— Diaconus : Oremus W... 

14. Sacerdos inclinatus : Amen atque amen. Oflerimus coram te. Domine, 
hanc oblationem puram et sanctam, quae est memoriale tuae mortis, tuae 
passionis, tuae crucis, pro Ecclesia tua quarn acquisivisti ab initio, quae est in 
universo mundo, sedet in spem tuam, petiit salutem tuam etexpectat regnum 
tuum ut ingrediatur in thalamum tuum, et pro omnibus natis et filiis eius qui 
sunt, qui passione tua liberati sunt, morte tua vivificali sunt, ut participes sint 
tuae resurrectionis ; et pro omnibus episcopis orlhodoxis : sapientes et pru- 

Comp. le passage parallèle dans la Lit. de cemur Dominum et Deum nostrum, hoc mo- 
Jacques de Saroug; Renaudot, II, p- 361. mento magno timendo et sancto, pro.. • 

Le diacre continue : Oremus et depre- 

FIOT. ET ESTE. — T. 1LU1. 5 



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34 


J.-B. CHABOT. 


dente» fac eo», et dignes fac ut decet esse praecones regm toi quod in cadis 
est; praesertinn caput nostrum Mar Petrumf 1 ) palriarcham, et Mar N... epis- 
copum ; et pacifica Ecclesiam tuam sanclam ; concédé ei ut in innocent» et sanc- 
titate die» su os ngant, dum gregem ipsis commissum in iustitia et timoré 
Dei pascant. 

Memento, Domine, sacerdotum et diaconorum, qui hic sunt et in omni 
loco, et omnium Ordinum Ecdesiae sanctae, qui solliciti sunt in suis gradibus 
et imrigilant gregibu» suis, ut accipiant suas retributiones. 

Memento, Domine, totius foederis casti et sancti virginum et yirginarum, 
qui custodiunt corpora sua et mentes suas mundant, ut vincant in certaminibus 


suis. 

Et elevaru vocem taam : Memento, Domine, in misericordiis tuis plurimis, 
omnium eorum qui a saeculo tibi placuerunt : Patrum nostrorum et patriar- 
charum, qui fuerunt doctores Ecdesiae tuae sanctae, et radiis gloriosis doc- 
trinae suae conyerterunt Gentes e tenebris errons ad lucem yeram Evangelii 
sancti, et decertarunt pro yeritate fidei orlhodoxae; per preces eorum puras 
pacem concédé eedesiis tuis et coenobiis tuis; cessare fac pugnas et pertul a- 
tiones a fine ad fines terrae, et nos fac dignos ut, cum eis et inter eos, oflera- 
mus tibi glorificationem et laudatiooem, nunc [et semper.. .]. 


15. Diaconas : Canon : Fratres et reges... 

Et saccrdos inclinatas : Memento, Domine, Regum nostrorum christianorum 
et christophilorum, et eorum quibus concessisti ut régnant; robora eorum 
dexteram et brachia eorum fit ma; pacifica regnum eorum; perfice eos in fide 
vera et operibus bonis. Subice et submitte sub pedes eorum populos paganos 
qui cupiunt bdla et sitiunt sanguinem. 

16. Et memento, Domine, eorum qui constringuntur laqueis peccati 
voluntale sua et subiciuntur sponte sua variis passionibus, ut corpore tuo et 
sanguine tuo sancto expientur delicta eorum, condonentur culpae eorum, et 


Tout les patriarches maronites prennent patriarche, l'éditeur a inséré celle du «Pape 
le nom de Pierre « lors de leur élection. Dans de Rome», 
le missel imprimé, avant la mention du 




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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 35 

sanentur labes eorum, et curentur vulnera eorum, ut in portu poenitentium 

retombant. 

17. Memento, Domine, omnium fratrum nostrorum spiritalium qui in cul- 
pis exierunt ex hoc mundo peccati, ut liant eis corpus tuum et sanguis tuus 
quae sumpserunt pignus resurrectionis et ignis comburens reatus et pruna con- 
sumens surculos peccati ; per misericordias tuas inveniant thesaurum saiutis, 
et ad dexteram tuam cum sanctis tuis stent. 

18. Memento, Domine, pauperum et peregrinorum, infirmorum et a(Bic- 
torum, vexatorum et oppressorum, (idelium quorum noti sunt parvi et pro- 
pinqui contempti sunt, ut in mundo novo clarescant. 

19. Memento, Domine, eorum qui has oblationes ad altare tuum sanctum 
adduxerunt; concédé eis petitiones eorum pulcras, et pro his terrenis da eis 
caelestia; fac eos et eorum defunctos fideles dignos esse haeredes regni caelo- 
rum. 

20. Memento, Domine, omnium qui in periculo sunt, et omnium filiorum 
Ecclesiae sanctae, remotorum et proximorum, parvorum et magnorum : cum 
rectis et iustis misceantur. 

21. Memento, Domine, omnium ovium gregis tui qui est ubique, qui pas- 
sione tui ipsius redemptus e proventu corporis tui et sanguinis tui vescitur, et 
rivulo sanguinis tui, ex cruce tua, fultus, servetur. 

22. Et elevans vocem : Et omnium memento. Domine, in benignitate tua, 
quos commémoravimus et quos non commémoravimus, secundum multitu- 
dinem misericordiarum tuarum parce eis et miserere eorum. Et accipe sacrifi- 
cium hoc quod pro eis tibi oflertur super altare tuum rationale et supracaeleste. 
Accipe supplicationes servorum tuorum; miserator esto et misericors pro pecca- 
toribus et delinquentibus, pro captivis et vinclis, pro persecutis et exulibus, 
pro miseris et pauperibus, pro moestis et alDictis, pro orphanis et viduis, pro 
cuncto populo tuo et ovibus gregis tui, qui confitentur te et Patrem tuum et 
Spiritum tuum vivum et sanctum, nunc 'et semper. ..] 

5. 


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36 




J.-B. CHABOT. 


23. Diaconus : Deigenitricem et Patres. . . 

Et Sacerdos commémorât quem volt, et inclinatas dicit : Memento, Domine, 
mei servi tui debilis peccatoris, miseri et praevaricatoris, qui, sive sciens sive 
nesciens, voluntarie et involunlarie, peccavi et deliqui coram te, sicut homo 
instabilis; propitius esto et condona mihi in philanthropia tua. 

Memento, Domine, servi tui peccatoris qui se foedavitW, et absolve eius 
culpas, et multa peccata eius, in abundantia misericordiarum tuarum. 

Memento, Domine, praecipue sanctae et semper virginis Deigenitricis Mariae, 
et omnium Prophetarum sanctorum et Apostolorum divinorum, et Martyrum 
victorum, et Confessorum illustrium, et omnium qui confessi sunt Trinitatem 
orthodoxam, ut tu. Domine, nos facias socios et cohaeredes sortis omnium 
eorum; et sub umbra eorum protégé nos in die tremenda ultimi iudicii. 

Et elevans vocem suam : Memento, Domine, omnium triumphantium et 
sanctorum, castorum et ieiunantium, rectorum et iustorum, fidelium vero- 
rum et operantium omnes virtutes, et per eorum orationes puras deprecatio- 
nesque sanctas, respice nos oculo miserationis tuae, converte ad nos faciem 
tuam mansuetam et benignam, misce nos turmis eorum et adnumera nos 
eorum ordinibus, et sub pedes eorum congrega nos, et cum eis et inter eos 
constitue nos, ut confiteamur, et adoremus et glorificemus Trinitatem Patrem 
et Filium. .. 

24. Diaconus : Defunctos. 

Sacerdos inclinatus : Gloria tibi, fructus vitae, qui missus est a Pâtre 
domino spirituum et omnis carnis, [et descendit inhumandus in agro agricolae 
mortalis sine participatione seminis ](*). Laus tibi, fdio abscondito eius qui, 
misericordiis suis plurimis super genus humanum eflusis, misit te in amore 
suo, et valuit venter debilis virginis te portare, ut per corpus quod ex ea sum- 
psisti, prunam sanctam, omnia labia mundares W. Exaltatio tibi : nam sancli 
prophetae laborarunt et se defaligaruntinmysteriisluis, nec potuerunt labores 


Traduction conjecturale. Le verbe 
signifie proprement « tracer une ligne » et de U 
«lacérer, entailler». Il est employé par les 
scribes pour dire qu'ils ont « sali » le papier, et 
Assemani le traduit par « conspurcare ». Le 


contexte indique qu’il s'agit ici d'une épithète 
péjorative. 

(,) Construction grammaticale peu correcte. 
(S) Allusion à Isaïe, vi, 6 - 7 . 


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37 


LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

eorum assequi prunam vivificatricem sancti tui corporis; sed per donumquod 
efïudisti super genus humanum, dignos eflîcisti mortales ut te videant in suis 
palmis. Et etiam nos nunc, Domine Deus misericors, supplicamus te per mise- 
ricordias tuas perpétuas, seu per Filium tuum dilectum, dominum nostrum 
Iesum Christum, ut memor sis omnium fràtrum nostrorum fideliumqui deces- 
serunt ab hoc saeculo, presbyterorum, diaconorum, subdiaconorum, lectorum, 
monachorum, ascetarum, virginum et virginarum; et omnium fidelium qui 
exierunt ex hoc mundo in vera fide; et eorum qui pro eis obtulerunt hanc obla- 
tionem maiestati tuae. 

Et elevans vocem suam : Accipe Domine, in benignitate misericordiae tuae, 
spiritus et animas servorum tuorum qui ex hoc mundo tenebroso migraverunt 
ad te in fide vera; praesertim eorum pro quibus et propter quos hoc sacrificium 
rationale oblatum est; requiescere fac eos in tabernaculis lucis et in mansio- 
nibus gaudii in locis exsultationis, in lerusalem caelesti, et concédé nobis et 
eis, in benignitate tua, vitam quae non veterascit, bona quae non deficiunt, 
delicias quae non evanescunt et voluplates quae non praetereunt; et etiam no¬ 
bis et eis et omnibus qui in spe tua recubuerunt tu, Deus philanthrope, pro¬ 
pter dilectionem tuam, etiam nobis et eis : — Populus : Da requiem et (2 ). . . 

25. Sacerdos : Ne prives nos misericordiis tuis. Domine, neque deseras 
nos, ne laberemur et deveniamus in errorem ignorantiae; sed( 3! concédé nobis 
ut gradiamur in viis tuis et ambulemus in semitis tuis, et perficiamus volun- 
tatem tuam. Absolve et dimitte omnia peccala et delicta nostri et eorum et 
totius gregis tui, abscondita et manifesta, voluntariaetinvolunlaria;etconsum- 
matione fideli et christiana quae tibi placet nos fac dignos; et stare ad dexte- 
ram tuam sine confusione nobis concédé; et ad commixtionem cum lustis tuis 
et voluntatem tuam lacientibus, perdue nos gratia tua, et placito Patris tui bene- 
dicti, et operatione Spiritus tui vivi et sancti, nunc. . . 

Diaconas : Sicut erat M. : 


W Ce paragraphe parait emprunté à la Li¬ 
turgie de s. Ignace. Cf. Renaudot, II, p. a a a. 

Réponse complète : Da requiem, propitius 
esto et dimitte, Deus, insipientias nostras et 
illorum, sive voluntarias sive involuntarias, 
sive notas sive ignotas. 


Cf. Renaudot, II, p. aa3. 

(4) Le diacre poursuit : Sicut erat et per- 
manet in generationes generationum et in 
generationes saeculorum futurorum in aeter* 
num. Amen. 


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38 


J.-B. CHABOT. 


[Sacerdos frangit et signât secondant ordinem I 1 ). 

Diaconus : Iterum atque iterum... 

26. Sacerdos inclinatus : Offerentes ea (mysteria) absolve, etiam sumen- 
tibus ea munditiem procura, et docuisti nos verbum vitae quod est simplex 
et sine invidia in natura iustiliae, et curans ut peccatores accédant ad eum W.] 

Et elevans vocem : Orna animas nostras veritate tua. Domine, et sanc- 
tifica nos sanctificationibus tuis, modestam fac manifestationem nostram, et 
glorifica absconsionem nostram, et tranquillitatem tuam sedere fac inter nos, 
et pax tua habitet in cordibus nostris et fides tua in mente nostra; et veritatem 
tuam proclamet lingua nostra ; et crux tua sit custos noster et pignus verum sit 
pro Ecclesia tua, et tuum fermentum vitae misceatur in figmento tuo; et oratio 
tua sancta praedicetur linguis nostris, et confessio tua gloriosa pronuncietur 
labiis nostris cum, facienles citharas novas et modulantes canlicos intemeratos, 
audeamus cum fiducia invocare te, Pater sancte, et orare dicereque : Pater 
noster, qui es in caelis. — Populos : Sanctificetur nomen tuum. . . 

27. Sacerdos inclinatus : Gloria tibi, qui nos fecisti dignos minislrare mys- 
terium Unigeniti tui et ofTerre coram te has oblationes pacificas munditie ple- 
nas et postulantes misericordiam et miserationem e thesauro tuo copioso. 
Respice eos a mante r et benedic eis benedictionibus caelestibus; sanctifica 
eorum animas et spiritus, ut participes fiant mysteriorum tuorum sanctorum 
sine macula et sine peccato, per gratiam tuam et misericordiam tuam nunc... 

Et elevans vocem suam : Etiam nos debiles servos tuos. Domine, qui 
accessimus ad altare sanclum, quod est fons charismatum divinorum, fac nos 
participes mysteriorum tuorum sanctorum, nosque commisce in coetu glori- 
ficantium te, et ne nos inducas in tentationem, sed libéra nos a Malo et ab omni 
potestate eius et a quocumque qui facit eius voluntatem, eum imitaluret eum 
sequitur ; quia tuum est regnum, et virtus, et glorilicatio insaecula saeculorum. 
— Populus : (Amen. 

(,) Ici se place un dialogue dans lequel le vobis, fratres, in saecula. — Cf. page aa, n. 3. 

prêtre dit : Sint misericordiae Dei raagni et P) Assemani corrige : « Doce nos etc. » 

Salvatoris nostri Iesu Chrlsti, cum omnibus P) Sententia parum limpida et dubii sensus. 


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39 


LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. 

28. Sacerdos : Pax. — Popalus : Et cum spiritu luo. — Diaconas :) Incli- 
nate capita vestra W. 

Sacerdos, inclinatus : Benedic (*), Domine, brachio tuo alto et virtute tua 
potenti, populo tuo fideli (eorum) qui inclinaverunl colla sua coram te. Ne sis 
immisericors Domine et ne prives nos beneficentia gratiae tuae; sed respice nos 
in misericordiis tuis. 

Et elevans vocem saam : Et ex omnibus ordinibus communiter, et ex 
omnibus locis mirabililer, et ex omnibus oribus laudabiliter, et ex omnibus 
vocibus gloriose, et ex omni halitu constanter, omni tempore adscendat glori- 
ficatio Trinitati gloriosae, Patri et Filio, nunc. .. — Popalas : Amen. 


29. Sacerdos : Sit gratia. . . — Diaconas : Unusquisque. .. 

Sacerdos : Sane, Domine, firmiter.. . 

Dicil orationem gratiaram actionis : Laudamus te ( s \ Deus \alde misericors 
et gratias agimus tibi, et glorificamus maiestatem tuam, eo quod dignos nos 
fecisti mensae tuae sanctae, et communicandi mysteriis tuis vivilicantibus. Et 
ideo obsecramus te, Domine Deus, ne condemnes nos in ilia die tremenda, 
sed libéra nos a damnatione et confusione, etadiunge nos consortio sanctorum 
tuorum, ut cum eis et inter eos referamus tibi gloriam et laudem. . . — Popa¬ 
las : Amen. 

Sacerdos : Pax vobis omnibus. — Popalus : Cum spiritu tuo. 

30. Sacerdos W ; Virtus magna Dei veniat et requiescat super munus M hoc 
et benedictum illudfiat, et super datores eius et super sumentes illud, et super 


Suite de la prière : Inclinate capita vestra 
coram Deo misericordi et coram altari propitia- 
torio, et coram corpore sanguineque Salvatoris 
nostri. Accipiamus benedictionem caelestem a 
Domino. 

(,) Cl. Renaudot, II, p. a84- 
M Prière tirée textuellement de la Liturgie 
de Philoxène de Maboug; cf. Renaudot, II, 
p. 3o6. 

Dans l'édition cette prière est remplacée 
par celle-ci : Christe, Rex gloriae, tibi commit- 


timus totam dispensationem vitae nostrae; 
unicuique nostrum quod ei prodest concédé, 
senes sustine virtute tua magna; adolescentes 
cohonesta custodia sollicitudinis tuae, pueros 
crescere fac et erudi doctrina tua divina, et 
unumquemque signa cruce tua invincibili; 
Pater et Fili et Spiritus sancte tibi gloria in 
aeternum. (Tirée de la Lit. de Marouta; cf. 
Renaudot, II, p. 269 ). 

(4) Répond ici au grec etf Aoy/a. 


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40 


J.-B. CHABOT. 


quemcumque qui participait ei. Misericordiae Dei sint super nos omnes in 
utroque mundo, in aeternum. — Populus : Amen. 

Diaconus : Benedicam Domino <’). 

Explicit Anaphora Mar Iohannis patriarcbae Maronitarum, qui cognominatur 
Mar Maro sanctus. Oratio eius nobiscum sit. Amen. 


NOTE ADDITIONNELLE. 


Les réserves que nous avons formulées ci-dessus (p. 4, n. 3) au sujet de 
l’authenticité du texte imprimé de la liturgie dite de s. Pierre III e ) se 
trouvent confirmées par l’examen du ms. syriaque n° 71 de la Bibliothèque 
Nationale, qui contient le plus ancien texte connu de ladite liturgie. Nous don¬ 
nons ici un fragment des diptyques, d’après le texte imprimé dans le Missel 
de 1592 (p. 2 23 ), et nous plaçons entre crochets les mots ajoutés par les édi¬ 
teurs au texte du ms. 71 (f° 18 v°). 



.0 Lû_?lo bJLd JLfc. ÿ u o |L 001 ’ yooS^a? Li_oo? 

>| 1^- - LSS^SOIO [j | |Lo^?»o boo?o bufaaoo 

| ,* | A -- J «xooiojo-co ! JLlsIo I i v> .mw I |^: JLsIo I tta .C HVi 

## •• 

^ yO«x> mUo^o: LptL 31 |?o |lalV><r>»V wào*»Lt I £ Ov » -> | lo I 

Lo-^uoaB | sooo»» |J&^jûJ^.oLJLo Lçv. o*X )«-.|i 00 » | 

. (>) ,nv> r ^ 2 » -;joio |^>»?| ^ 2 > -wo^o j «oooii laid 

<£*.,0 yO-SLoL*.^» ^jov 3 ?L| o^io|i j v och^>»o . çOo) loî^U 

JkA.» L*-r° fi®* !.««*>: v>^>. yOoCV ^JL*i^teo Lsoa^ ÿjo 


Commémoratio (fit), Domine, omnium Patrumsanctorum, et Patriarcharum 
rectorum et iustorum, Prophetarum et Apostolorum, et Martyrum, et Confes- 


(l) Benedicam Dominum omni tempore, etc. (5) Ms. inverso ordine : )*<**. 

( Ps . xxxiii ). (4) Ms. 

MS. «iDO^&UOA 


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LA LITURGIE ATTRIBUÉE A SAINT JEAN MARON. U\ 

sorum, et Sacerdotum et Pastorum [verorum], et Doctorum orthodoxorum, 
[et Constantini regis fidelis et victoris,] et omnium regum fidelium et victo- 
rum; et Quatuor Synodorum [venerandarum,] sanctarum et universalium, 
quae nobis defmiverunt fidem orthodoxam; et beat! MarMaronis, [quemtenet 
Ecclesia sancta catholica Romae], et Mar Simeonis stylitae, [et Mar X. . . pa- 
pae Romae], et Mar X. .. patriarchae [nostri], et MarX. . metropolitae, 
qui subsistunt per Deum amen. Et omnium qui dixerunt nobis : Memen- 
tote nostri in precibus vestris, et orale pro nobis propter Dominum nostrum, 
hodie memoriam facimus ad hoc altare sanctum Saivatoris nostri, nunc. . . 

Ce texte est d’une réelle valeur pour l'histoire maronite. Dégagé des addi¬ 
tions ajoutées par les éditeurs, il permet plusieurs remarques importantes. 

Il montre d’abord qu’à l’époque où le manuscrit lut écrit (i 454), la légende 
du patriarcat de Jean Maron n’était pas encore introduite en Syrie; et ceci 
confirme, comme nous l'avons dit ailleurs, que cette légende ne fut accréditée 
qu'après la publication de la vie fabuleuse rédigée par l’évéque Bardai. 

Les deux grands personnages de l’Eglise maronite sont Maron l’ascète (qui 
ne porte pas le prénom de Jean) et Siméon le stylite (Théodoret, Histor. reli- 
giosa, chap. xvi et xxvi). Le prénom de Jean fut accolé au nom de Maron par 
Bardai pour permettre l’identification avec un patriarche d’Antioche. Par une 
phrase embarrassée et peu correcte, les éditeurs ont cru devoir faire allusion à 
l’union des Maronites avec l'Eglise romaine, sans oser parler (comme le Missel 
de 1716 ) de la «perpétuelle orthodoxie*. Mais le pape n’est pas nommé dans 
ce diptyque, et la première place appartient toujours au patriarche. 

On voit ensuite clairement, qu’en dépit des protestations de leurs apolo¬ 
gistes, les Maronites n’admettaient réellement que les quatre premiers conciles 
œcuméniques. 

Dans le reste de l’édition le texte s’écarte peu de celui du ms. 71. J’ai noté 
qu'au lieu de Roi |;_i o,iv; « qui decesserunt ex hoc monasterio» (p. 224 , 
1. i4),le manuscrit porte R« «ex hocpago» (f° 19 , 1. ult.). Dans les 

proclamations qui suivent l’invocation au Saint-Esprit, le manuscrit parle 
(f° 3o, 1. 10 ) de la commémoraison des Pères, . . .des Confesseurs et 
"^.10 ^1 Xs.»-; lAt-uoo «oooR f&A'o fax «omnium patriar- 

charum nostrorum, et papae urbis Romae, et metropolitae, etc.». Or, l’édition 

HOT. ET EXT1I. — T. XL1II. 6 

laruauu ««Tiottit 


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42 




J.-B. CHABOT. 


(p. a34, 1. ult.) supprime ici ia mention du pape, qui ne venait qu'en second 
lieu, et qui avait été arbitrairement reportée plus haut. 

On comprend que de tels procédés aient excité l’indignation de l’honnête 
Rcnaudot qui résume ses opinions en cette courte sentence : « Maronitae in 
rebus suis exiguae sunt fidei. > 

, ou» «)»<{>»} ia 1 tq eidna inc slnr; lo ,snlca'i wdbsiq ni itttofl Woi 


. 





ïvtî>‘ bi ti*\ Hô ohtîbmlit* wnac t tic h’m nornUi rt&gl Itovrtîti.j ob 
OGjih\TVjft-fil) il A» f euj?H£& ub eiiotiri WOfi mororo^^iwi -il.-* 

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4^1 ‘ ’ ) otthrfeü no tiaièi firent oh roon *T4 ; n; m *JmhI Sftf 

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NOTICE SUR DEUX MANUSCRITS 


CONTENANT 

< ' ■ i (■: _iî . r «. 


LES OEUVRES DU MOINE ISAAC DE RABBAN ISHO 


ET DU 

MÉTROPOLITAIN 4HOUDEMMEH, 

PAR 

M. J.-B. CHABOT. 






1 # > • > | HI" 

% I 

Le nom d’Isaac a été très répandu chez les chrétiens de Syrie, non pas, 
comme on pourrait le supposer, par réminiscence biblique, en souvenir du 
fils d’Abraliam, mais par suite de la grande réputation obtenue chez eux par 
l’écrivain qu’ils appellent Isaac le Grand, ou Isaac d’Antioche du nom de la 
ville où il acquit sa notoriété M. 11 n’est donc pas surprenant que plusieurs 
Isaac figurent parmi les écrivains syriaques dont les œuvres sont parvenues 
jusqu’à nous. L’application d’un même nom à des personnes différentes devait 
presque fatalement aboutir à des confusions. Dès la fin du vu* siècle, l’historien 

f 

Jacques d’Edesse dans une lettre à Josué le stylite, moine du couvent de 
Litarba ( 3 >, signale à son correspondant qu’on doit distinguer trois Isaac W : 
i° un disciple de saint Ephrem, Isaac d’Amid, qui visita Rome au temps de 
l’empereur Arcadius (39Ô-4o8, ; 2 ° un Isaac prêtre monophysite de l’église 

ll) 11 parait avoir été originaire d’Ldesse. 

w Mort en 708 . 

3 Auj. El-Atrib, près d'Alep. 

'* Le passage a été signalé pour la première 
lois par P. Martin (Gramrnatica tyriaca, p. 69 ) 
avec une faute de copie, reproduite par Lamy 
(S. Ephremi Hymni, IV f p. 363) et parBeDJAX 


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(Homiliae S. Itaaci, p. iv). Rahinani (Studia 
tyriaca, 1 , cap. v), qui donne à nouveau le 
texte comme inédit, a la bonne leçon: 

et non pas kIxuaso, mais il tra¬ 
duit fautivement ex Medianitis (de Médine) le 
mot qui signifie ex civibut (un des citoyens de 
la ville). 

0 . 


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'l'i 


J.-B. CHABOT. 


d’Édesse, qui vivait du temps de l’empereur Zénon 474 - 4 91) ; il se fixa à 
Antioche et y composa la plupart de ses poésies; son poème sur la prise de 
Beth-Hur -ù, qui aurait eu lieu trente-sept ans auparavant, permet de conclure 
qu’il vivait encore en .^91 ; 3 ° un autre Isaac, aussi originaire d’Edesse, d’abord 
monophvsite, devenu chalcédonien sous l’évéque Asclépius 622 . 

Au moment où Jacques d'Edesse formulait ces distinctions, le nestorien 
Isaac de Ninive écrivait des traités ascétiques qui devaient obtenir 
une grande notoriété et dont la vogue allait éclipser celle des ses homonymes W. 
Ceux-ci sont nombreux ; je ne les énumérerai pas. Je me bornerai à noter que 
les ouvrages, primitivement composés en grec, qui sont passés en syriaque 
dans des traductions et sont attribués à Isaac de Scété ou à Isaac des Cellules, 
me paraissent l’œuvre d’un même moine du désert de Nitrie ( S) . 

La publication, en ces dernières décades, des catalogues de bibliothèques 
jusqu’alors inexplorées nous invite à ajouter à la liste des Isaac le nom d’Isaac 
de Kabban Isho. 

Ni Ébcdjesus, ni W. Wright W, ni R. Duval 5 n’ont parlé de cet écrivain. 
Parmi les auteurs récents d’IIistoires de la littérature syriaque, A. Baumstark 
seul fait mention de luB®. Il a relevé son nom dans le Catalogue de la Bibliothèque 
du couvent de Notre-Dame des Semences publié par Addaî Scher Par suite 
de l’identité du nom et de l’analogie des matières, il est porté à accepter 
l'identification avec Isaac de Ninive. Il signale qu’on retrouve quelques-uns 
des mêmes documents dans une compilation théologique anonyme à l’arche¬ 
vêché de Diarbekir W, et il ajoute en note qu’un autre ms. se trouve entre les 
mains du procurateur des Chaldéens le P. Samuel Giamil. Or, ce dernier 


Ville de Mésopotamie pillée par Varan, 
fils de lez.degerde I" (Cf. Bibl. or.,I, ua5); 
le poème a été édité par Bickell (Isaaci Ant. 
Opéra , I, p. ao6) et par Bedjan ( op. cit ., 
p. 587). 

W Cf. J -B. Chabot, De S. Isaaci Niniv. vita 
et scriptis ( lx>vanii, 189a ). 

(l) Cf. Sozom., Hist. eccl., VI, xxxi : «Nam 
(Nitriae) rircitcr quinquaginta erant monnstc- 
ria multo vicina... Hinc ad interiorem eremum 
pergentibus aller locus est distans circiter 


septuaginta stadiis, qui Cellia vocatur • ( Ôvofi a 
KeAA/a). 

(4) Syriac Literatur ( Londres, 1894). 

(l) La Littératare syriaque ( 3 * éd., 1907). 

(,) Dans son admirable Geschichte dcr syris - 

w 

chen Literatur (Bonn, 1922), p. » n. 4 « 

(7) i. As., 1906. Un autre catalogue, un 
peu plus développé, a été donné depuis par 
J . Vostb dans la revue A ngelicum (Borne, 1918). 

Cod. a 3 , connu par la Notice d’AüDAi 
Scher [J. As., sept. 1907). 


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ŒUVRES D'ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 45 

codex est aujourd’hui en ma possession; un moyen efficace de restituer son 
individualité à un écrivain jusqu’ici confondu avec l’un ou l’autre de ses homo¬ 
nymes, m’a paru être d’en détailler le contenu et d’en publier un extrait. Tel 
est le but de cette brève Notice. 

Le manuscrit, en fort papier de fabrication orientale, mesure om. 34 sur 
om. 2 3.11 est formé de six cahiers, portant comme signature les lettres o.v^, 
les quatre premiers de i o folios chacun, les deux derniers de 8 folios. La 
pagination, notée au verso de chaque feuillet, s’arrête au chiffre io4, les der¬ 
nières pages étant restées en blanc. Chaque page comporte a 5 lignes d’une 
bonne écriture chaldéenne, en partie vocalisée. Les titres sont écrits en rouge. 
D’après la clausule finale le manuscrit a été écrit à Alqos, « la ville du pro¬ 
phète Nahum», par le diacre Isa fils de Cyriaque, du village d’Aqrourd 
( ^»no\jo*^ oooja.anon ), qui mourut pendant son labeur ; et il a 

été achevé le i 6 février de l’an des Grecs 2 1 oy, 1 898 de N.-S., par le prêtre 
Abraham de Beth Qasâ W. 

Au folio 1 v° se trouve un résumé de l’Introduction et la table des dix 
chapitres du Liber Capitam , table que nous reproduisons à la suite de notre 
description du manuscrit. 

L’ouvrage commence au fol. 2 v° par le titre général suivi d’une Introduction 
qualifiée «Exhortation de l’auteur•. Il se termine au fol. 22 r°. Il 

est suivi d’un autre écrit intitulé : 


a 



a 


■\arnx pwo 



no i^nnomn 



f 


YvcAa ré c7aAi^\ ctxvjoS 


C’est-à-dire : • Discours métrique, rédigé par le même Mar Isaac: sur ce qu’il est utile de 
méditer dans le temps des épreuves, qu’il convient de considérer la sagesse de la providence 
divine, d’accepter les humiliations et de banuir tous nos péchés, et, dans un mouvement de 
vraie science, de nous familiariser surtout avec ceux qui peuvent développer dans notre 


N WvW (Manu¬ 

scrit de Budge, Hist. of Virgin Mary , texte, 
p. i 5 a). 


(,) Village des environs d'Alqo&, aussi appelé 
Beth Sekouna 


( Abbeloos, Acta S. Maris, p. 6). 


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46 


J.-B. CHABOT. 


esprit la vraie consolation et la confiance qui soutient intérieurement; et sur le motif de la 
longanimité de Dieu à l’égard des pécheurs. • 




Ce petit poème, rédigé en vers de sept syllabes, comprend l\i strophes de 


4 vers chacune. A titre de spécimen nous donnons ici les deux premières : 

** •s 4 ** - 

••7» 













A la suite du poème nous avons trois morceaux anonymes, qui paraissent 
extraits d’ouvrages plus étendus; en voici les titres et les débuts : 


^ rdmYra à\A 




r£'k\\s*r£ 



Explicit (fol. 27V 0 ) : ^Jfcxcuajc-xA rcAdn^ 


Sur les voies de la science. — « H n’y point de muselière qui gène la 
connaissance de la vérité dans la bouche des sages...» 

*• . 1 e .1 ; (ri . ,< .• * ? -*x V- 1 ’i* » * . . 

y rn -70^. 7 xii<! iftcA* . 

i^ViujlaA rCTiA^. twn y rn ,^_aoA y rn rAcoc.^ xAn 

etc. : K?^v»a rëjA.=7X=3 îtdfAucvx. ^oouSVvtd rwbaXr^A KfaoAv* 

Explicit 'fol. 29 r°) : ocp % 

cA** ctxxxtd^ 


i4a/re extrait, adressé « A un de ses amis, insigne directeur ». 

1 

doctes connaisseurs des Ecritures il convient encore. . . » 


Aux 


A a.-* vA<v\=ï •. «joAt^ yo\^n\zna . <njaxa.aA y =3 u.—ix.m 

etc. .vAxftiAA.roQ 

Explicit (fol. 34 v # ) : k / t\\v , \ rAjacn rC^ocm r^cv^A . . . 

.:.^oAt«w rc^vra ctA^ 

• • 

• • 1 . 

Autre extrait. — « Le Dieu sage, créateur et gouverneur de lTnivers doit 
être loué et exalté dans sa conduite. . . » 


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OEUVRES D'ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 47 

L’n traité un peu plus développé occupe les fol. 34 v °-49 r®. — Il porte 
comme titre : 

•. œA\oA-ûoui’X^roo r^*oiAi^ r^ixn A^.** ^V\jc. A\cA-* 

^Vxcv.x \^»\A\A\_m ^x> rdjooa^ cnVi aavJiAA axA nxA ^joiida 

.;. jcnoxW^ A\c\A % ^Aos^x 

C'est-à-dire : « Sujets de méditation dont le souvenir est utile pour la recollection de l’es- 
prit et pour l'ascension vers la vérité quant à la nature divine et sa providence, et la con¬ 
naissance mystérieuse des choses faites par Dieu en vue d elever l'esprit de leur mobilité 
vers la nature divine par la contemplation de ses mystères. • 

L'ouvrage est divisé en huit chapitres et parait complet, bien que les lettres 
marquant le début des chapitres ni, iv et vii aient été omises. 

Un dernier extrait tiré y£\mr&a ^=o D'an autre traité (fol. 49 r®), 

réfute ceux qui pensent que Dieu dirige seulement les éléments et ne s'occupe 
pas de nos mouvements ni de nos pensées : 

^ 4 ’ • * * - 3 - • » * « 

àvA ^=3 ,\aa 3 Q acxjxAtd ^oo^a^yûor^ ^*Aox\ rdoxAr^x xat£ 

^■x.wxir3*\ ^irxcv-i r£\ci . rdxA^ r^Acx r^Ao t^AxcuVix^td ox\ 

•i.y^cxcn K^-vsco -• r^joAvzrï ^axcuvao 

Explicit fol. 52 r 3 ) : v^ooaa % rxvxxn rdxAxm *700^120 i^A i^-Wae.. . . 

*:» ctvv\\\ A\y^ 

Viennent enfin (fol. 5 a r°) une Conclusion ( ], sorte d'énigme dont 

on trouvera le texte plus loin (p. 7), et la clausule finale de l’ouvrage ainsi 
conçue : 

: rd^^oAo^Vv Av.a . r&cn rd.raAv,^ ^ojA^o -toAjc. 

^vxxix^a "eue. t^bxAr^Ao : Pljx-o*\- irxA 

C'est-à-dire : • Est achevé, avec l'aide de Notre-Seigneur et notre Dieu ce Liber Capi - 
tum, qui concerne la théologie, qui a été fait par Mar Isaac, philosophe spirituel; et à 
Dieu gloire, honneur et adoration à perpétuité. Amen.» 


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hS 


J.-B. CHABOT. 


L’intérêt de ces textes est surtout lexicographique. On y emploie certains 
mots dans un sens nouveau et des dérivés de formation singulière. On ne 
trouve rien concernant la personnalité de l’auteur qui était certainement nes- 
torien. Son cognomen même peut prêter à discussion. J’ai vainement cherché 
une seconde mention du couvent de Rabban Isho. Je suis enclin à l’identifier 
avec le couvent de Beth Rabban aux environs de Nisibe. Rabban Isho signifie 
« Notre Seigneur Jésus ». Il semble naturel qu’on ait pu dire simplement : le 
couvent de Notre-Seigneur, comme on a dit Notre-Dame pour Notre Dame 
Marie. Mais ce n’est qu’une conjecture. 

Nous faisons suivre le fragment édité d’une traduction latine qui permet, 
mieux qu’une langue moderne, de serrer de près le texte original. Cela nous parais¬ 
sait surtout indispensable pour le traité d’Al?oudemineh que nous donnons 
dans la seconde partie de celte Notice, et, pour obtenir une plus grande fidé¬ 
lité, nous n'avons pas craint d’employer quelques mots de la basse latinité. 






(») 


. cnV\jA»Aa r ^*<7 —tha 

/ ' « x_../S. k/S. 

2 





j(73 .\ ,S ••• 

r\y\ • "vixo “ViL 

v v ft *^qC\jQ • O v\^TV j i —J ^ \ a ^ V r / i 

ooaÂ^m KA=b\ W^Aa JW .ctxtd ^»ôcn r^A^s Kf rixx.ayi 

.• cnAr^ oen y v iXr 73 ••• ^3 

••• aa 

r^oo-ArC acn ^.A_i ••• 

rdA r^\r5or^ . rdxirslAo 

• • ^ ... , , 

r d \ oref rAn i<I3jc.cvu3 ^ 

• • — 

* <? \ v^yiurvA riaxAr^ lAjp i^irvcLx-m ••• ni 

KîV\Q^\cixro AvaA *_ aifAix*. 


iOCTI 


A Y^\'i\ 


nw\ 


Tilre en rouge dan» le ms. 


11 il 


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OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET DAHOUDEMMEH. 


40 


• •• 




t^SAxcu oen Ay»k? o 

rtfenAr^ A\clA v£-X- k.. a o en .:. \ 

QCTXjAVvACVJCID 

__••• U 

O - - 

jcxAaAy-Ttd rA>jL3^ uy^ 0 


r^cn.Ar^ t^aAvttd 


cocn 

••• 


^WAQ 


ax* 


.*A\ 


13 a 




tr 


avA O^Y_U _ vdû . 



rtfenAr^A enA Av»r^ Av*r^\mo . 

rdro-K tAom AncvSA^o . Aa r Aen wmi ivuy^< 

V ^ -1 mVv tv . Vr\ -TTkT\ n-n . -73 . >rx A-A >JTx!^ 

TJ** ,crr\ . kAiJ 3^A enA rAo rAAAm^ 

ax* Axx 




oen 


AA^rxr\ •. yjôr^ y\rio^A\ >cn <j\^r^ . Avjr^LvS^m aAo Ay»t<AA\ A.r^, 

yAen rAcn . iftixxvt Aro^o y.-TJO i^âen ^.ik»vA . i^aen ,cn 

.:.rA\jc^o iim^A .rxyAAx^ ^Aeno 
A -\VAvx^ ^A pVvo . x^AxcvjLSO i^bxAr^ ^jyrvb>, ^Av-iry «x vv ,cn 




u 


• •• 





-pAjt 


• •• 


••• 



. r^A\AA\ An 3CO ^ySAvA . ^âAx 

. ^SAvac.ro rdAo -^xA kIAa • 

i^Axoj’vox* . t^uaAA \ jLaréci . *^A\<\j^uxxjo ^A\a»*^x* % <!cn^n\ ^ 3 m>o 
v<lAo Kf AxaAjxxrrja . Aacvj^vajo Axcvjaw \i^Av»AA\A a txiy>o . Y^A\cv*-\xia 

. rdrrxAx. axxKjc* . r^Drxx. tx-Tdjc.^ ^-sbA ,0x0^30^ .:• i^Axcut»\Sl 
t^ux AaT 3 rdxxo rCiroAx. : A^jco Aj 3 jc.^\ ^ttdA ,encv=DcvA^ ^ 

•• Axjy^uâx. Avjvvao : ^*ôen 2 qA\q ooena Av*^\ \ >rx*rxvx 


kTXXïXXO 




><n ^**=\ *^pA ,en^\ . ^jviVxn ^A tdnaA^ 
Aja^o . i^aAuAxjc-Itj rdA >cn^ 
i^LAaA rAo\i 7 =lA 


7^.A v \o 


ROT. ET E\TH. — T XLIII. 


ivriniiui unouu 


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50 


J.-B. CHABOT. 




rd_*v_^ r^Ao : »^v> 

r^Ao rdA-*\ r^ro ornA 


Capita ilia quorum ex scrulatione cognoscitur a rationalibus natura divina et ejus pro~ 
prietas, et simul scopus diversae rationis agendi erga creaturas, quae variât inter tristia et 
hilaria. Sunt autem capita haec : 

I. — Num putare decet praeparatione perpétua et consilio aeterno Deum facere omnia 
qüae facit’ in creatione, sive in universo siveerga unumquemque nostrum, aut successive 
cogitât et vult, et de die in diera ac de hora in horam habeat consilia nova quoad haec quae 
juita tempora disponit. 

D. •— Num immutabilis est Deus in mente sua sicut etiam in natura sua, aut sit muta- 
bilis. 

III. — Num sciebat Deus antequam cfrearet rationales qualiter evaderent, daemones, 
inquam, et homines impii, aut dod. 

IV. — Nurtî consilio aeterno creavit Deus mundum, aut non. 


V. —Num creavit Deus homines natura mortales, aut non mortales, et ratione peccati 
transtulit eos ad mortalitatem. 

VL — Num sit utilitas ex mortalitate. 


VIL — Num sit unicum consilium 
diversitate, aut non. 


apud Deum stabiliendo omues leges suas in earum 


VIII. — Num cogatur Deus rationibus creatorum facere aliud pro alio, id est quasi 
invite contrariam facere mentem suam pulchram circa creaturas. 


IX. — Num sit in Deo duae voluntates contrariae, una propria et altéra ex causis 
pers|)cctis; et si unam habeat Deus voluntatem (num) propria sit haec una et sit voluntas 
ipsius quoad ca quae dirigit in universo; et (num) secundum ipsius intuitum altissimum 
vêtit quidquid vult, aut ex praescientia sua quoad rationes agendi rationalium habeat 
voluntatem hujus quod velit, et quomodoet quantum dirigit mundum, et quid constituât 
apud unumquemque rationalium, ita ut sit voluntas occasionalis et non propria, ut nonnulli 
dicunt : quod quia sciebat qualis foret aliquis nostrum et quid faceret, ideo hoc et illud 
cogitât facere, etc. 


X. — Quod in sapientia fecit nos Deus mortales, et quod deceat nos confidere in eo quoad 
factum resurrectionis et obtinere remissionem peccatorum per paenitenliam nostram 
indesinentem. 

Finis Iniicis, et Deo laus perpétua. Amen. "Â ’ 


^ Littéral. • more domini • ; xvptoroiôs. 


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ŒUVRES D'ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 

^ M f ‘ • * w • 


51 






! i»p 


II 






i.. > 


Mon second manuscrit, écrit sur papier de fabrication orientale, mesure 
o m. 3 a sur o m. a 3 . Il se compose de onze cahiers signés le cahier u n’a 

que huit feuillets; chacun des autres en a dix; les deux premiers et les deux 
derniers étant blancs, le texte n’occupe que io4 pages, de chacune a a lignes 
d'une bonne écriture chaldéenne. Il n’est pas vocalisé; la ponctuation parait 
arbitraire et elle est parfois manifestement fautive. 

D’après la clausule finale il a été écrit à la demande de Jacques Manna, 
par le prêtre Elias Homo ( &=nam KjAtc) , et achevé le 1 4 juillet î go 4 de 
notre ère. 

Le contenu, comme on le verra par la description suivante, est une compi¬ 
lation tirée d’ouvrages médicaux faite, comme d’autres compilations ana¬ 
logues, au gré du possesseur. Elle est probablement empruntée à plusieurs 
sources indépendantes, contenant des textes en partie inconnus. 


Au fol. 1 v° se lit un titre ainsi conçu : 








• 





C’est-à-dire : « Avec 1 aide de Dieu nous écrivons le livre des reroedes terrestres. Seigneur, 
aide-moi dans tes miséricordes. Amen. Amen. » 

# JI* 

Toute cette partie, qui se termine au fol. 28, a été publiée par E. W. Budge 
dans son ouvrage intitulé The Jiook of Medicines (Oxford, 1913) « from a rare 
manuscript, with an english translation ». Notre texte correspond aux pages 
553-594 du volume; sauf quelques petites lacunes, il est identique à celui de 
l'édition avec çà et là quelques légères variantes. 


Au fol. 29 r° débute un nouveau morceau intitulé: 

r£\=nviïzn soà\ 

C’est-à-dire : ■ Avec le secours de la sublime Puissance, nous écrivons le Discours sur la 
composition de l’homme, qui a été fait par Mar Ahoudemmeh Autipatros. » 


7 - 


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52 


J.-B. CHABOT. 


Nous donnons plus loin le texte intégral et la traduction de ce curieux 
document inconnu par ailleurs. L’annotation qui l’accompagne fera comprendre 
son intérêt. 

Fol. 39 r°, autre traité annoucé par ce titre: 

KjÏoîq rdAr^cvx. . r^cor^ -Yv.~=\ 

C’est-à-dire: «Discours sur la médecine de Rabban Honeiu, médecin, par demandes et 
réponses. » 


Et ensuite, fol. 48 r°: 





C’est-à-dire : « Additions qu'ajouta Hobeisch le Gaucher » 


Au sujet de ces deux auteurs R. Duval dit W que Honein, mort en 873, après 
avoir étudié à Bagdad alla apprendre le grec à Alexandrie. A son retour à 
Bagdad il se fit connaître par des traductions syriaques et arabes des œuvres 
de Dioscoride, d’Hippocrate, de Galien et de Paul d’Egine. Barhébraeus lui 
attribue, en dehors de ses traductions, la composition de vingt-cinq volumes 
ou traités. Il ajoute : « Honein laissa deux fils dont l’un, Isaac , fit de nombreuses 
traductions. 11 avait aussi un neveu, du nom de Hobeisch, qui fut également 
un interprète distingué des livres sur la médecine W. L’œuvre d’Honein la plus 
célèbre et la plus répandue, écrit Steinschneider W, est une Introduction à la 
science médicale, qui suit l’Ars parva de Galien, mais le livre est rédigé par 
demandes et réponses. Honein le laissa en projet ou incomplet, et son neveu 
Hobeisch le mit par écrit ou le compléta. » 

On voit pourquoi nous n’avons pas séparé les deux sections de notre 
manuscrit. Il ne semble pas que la traduction syriaque de cet ouvrage soit 
connue par une autre source que celle d’où provient notre manuscrit. Si la 
version est dénuée d’intérêt au point de vue scientifique, elle n’en manque 




(l) Plutôt que le «manchot» semble-t-il, le Pour plus de détails, voir Baumstark, 

syriaque désigne une infirmité de la main sans Gcsch. d. syr. Lit., p. 228-230. 
préciser. (4) Die hebràischen Uebersetzangen des Miltel• 

Littérature syriaque, p. 273. allers (Berlin, 1893), p. 709. 


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OEUVRES D'ISA AC DE RABBAN ISHO ET D'AHOUDEMMEH. 53 

pas au point de vue lexicographique. Aussi nous proposons-nous d'en donner 
prochainement une édition. 

Fol. 73 v° commence un autre recueil avec ce simple titre : 

••• 


C est-à-dire : «Du même médecin Hobeisch le Gaucher.» 


C’est une série de courts chapitres sur diverses questions médicales, par 
exemple : sur la durée des maladies, sur la couleur de la peau, sur le 
sommeil, sur la nourriture, sur les fièvres, etc. — Gomme les deux précé¬ 
dentes cette partie est d’un réel intérêt philologique. 

Voici maintenant le texte et la traduction du traité d’Ahoudemmeh 


V. > 1^,0 . 





va \_»^v jtdoVv *f. 99*. 

(i).:. y \zn\ 

A».^, \r<ï 

-•- — V ^ 

ÛO . y V 

t^vracncoo i^xcnA ^jA^rcf 

i^Vcu\mmc 3 ^001120 .i^jSVxoi ^\A^oq t^^\< 7 ic 7 îVo 

AnncA oVvx*>o . cAj^Avr^a Q-y.rx v-\Vvr^ 

AuArryx KfAuàvAxna t^AvS.rDA^o -x-X2w r^Av^cxx-r^a , 

Aurd\raj^o . rùxxlxr^^ AvA£xnt73 t^Vuccvxa^ Arajrxv \ o*n 



. oy\VA\K^ r^Arvrrs** 


r^AxcuAxjso _ aaxA i^ocnAx r^A** . r^rbrd^A cvxxvx*^ 

rClA^cL nr>A vrsyr^a 

i^A\a»cuc. oA.r3.^.o w otn^VTx^waQ 


ô r^A^ y 



o a en 
^aoou 

r^ry^cn Avvxra AxowaAx c^rx^-a . 

^amAxcv kA —icv.rv.ra A.^, yy^Lx^N ^.^cuA a rv ra. 

. i^JcuA w cuv^ r^vsrxTyxmra H 1 «s*"»™ «:'»«=« • rdûoükcAfr 


icnVxrTxxrxrD ^AjpAuctn *f. 19 1 . 


ÛQO) 




"Y 


rC? 1_oaxA 


;,) Titre eo rouge dans le ms. 



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* f. 3 o\ 


• f. 3 o* 


54 J.-B. CHABOT. 

KjtÂQtVîV « - -v> . r c' i Tf. r cf —l ~n 7 <rVcV_m \ A ^jcrw 1^W n» .W 

. ^\»i^ cooi» . ^u 2 n\^Kitïo^pii 

cwtdoxj^ t<? VvcltdjA^ Aa—A\T3 . i^3V=\ ^clioi oocna 

cocmo CLO^^vjc.rcfo t rd£«^^ y^vofto cAiOîW'JX t^kco 

rü-uA i^\rscm ^3Î3je.o\j ^omVooaiÀaA cl3\ox.o 1 ^ 100 ^ w ooîivjrAi 

^ Vÿ ^i\ 1 t y 1^3ScmJ3 ^_0(7 Xj^\CuAz3 CL^XjQ « t^Vv n 



• •• 


n^Qi m VurduaVv 


cûA^ a ^xü- v yC/a a 
. qocvvj^ rçjrrn^n^o 




cvj-^o axx^ r ** : NcvmLj , K*^o 
(um^\ w cü<ti .:. rdâcLaj^V 



t\ . ^rx\\A 


%js^r£ . i^soStd ,Vv. r^LJcu-* ^ro 

Aj^cn ^xj\rs • rC^noxfio^ Ax r^ijrdrs kIiactjo . Vj^\ 


arn 


. ^VvâAra 

CUJ 5 




SrCfa ■SjJ^^âWdso 


^UiO . 


t^XA^o • 



,^ ."3 ^-»-=V < VAVv ,t^V 
•vco^VujrnVva . rdAmxtt^ rC^O^mr» y^r^zna . KAxrrx*^ ftxrs ^vvio 







îui ^vn^s Vv*^ r^irAVvo . 


^^VÛKr ^JUfT)^ 
. • ’Vpa^.Vuao^v 



.r drA A 


K^V2k ^u^=d . KTH^rrxxu 

i^tdlA^ >cna^iv^r7x=3 Vui^ ^-*n rdjtm.vio . i<LwK'* 

,^i\i€tsû . ,mcco^cn ^omA^ 

>_acmm v rv,3C 

^acmm TCAmx.a 
moVv Vv.»^ . i^irvt^v* cn-»..f3. .vww*^* 
«y V rdA-j^n ^qctdjttd jc£à\Wi . S. xn.^-SV 

r\\o ^Axro^ . ^v»^n 
XAVv T ^Avm y&ruc ^Vviiroa Vurcf . KfXïAa^A 




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ŒUVRES D’ISAAC DE RÀBBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 55 

PlYxÛ^ \ViO . Avûan mV^\ v> ft 

I^AoiÛO dLa^ 0(71 ^JUaA ^Vv-iu3 V.\ v 

^V-*^ ^-WO ,1^XjAcL2k^ 7^^\(L3^3 u)cA .‘"V, i\jO^ ^ v 

^fnoiu^Q « TX i\PA T V-kiO ,1^X310^0^ ^ ^ K^ W n A iv-> 

i^SW ^ o<7x2 .:. rdjiccoA Kf^Sûja 

oôxno .;. m^oSaxû) r^cvyxro \*Av» 



Hl^cTino . ^kjaûooDD T^Avvm r^Sj^vm ^ztiAv . rd-rxAo «Laooo^cot^ AxcvAa 


A\ . ^AvjAcvo.a i^SAxt^ »j^\ ocTxza .:. 




cnk^x^D r Cjy x\V . S .r^jacLrry* r^VvÀo^rD ctx v^Aojco rC^Sra^D * (nAuca r^m** T. li*. 
r^^n’vjoo (nAv.x.rp ^^\jtV7Xno ^VxSjo - w *n <m^\cLXO 

(TU^\û*Q n ôàvo r^i\31XQT^ ^i\VD , f ru\^\ ftirA 

i^AxSaj-* t^SA\r£ oôxA ^.-xx-io i^A*\Av_i i^LwSm ,\vjx>x<r .:. A\^ia^Ax-n 
craA i^oeno . A\v\<vy. AAn SXu .^vjoso^ 

naA rcfocn . omA rd^pn \xo . r^nj^Sû 

po\^ cniumi ^Asoivx^ (nLn rdxrswn .^jutxjo 

\ Auxmo SjoAyjq otoa r^x»r^ y<\'k\rd ^=n^\ ooi 
0<wx r ^AM V^O . 0)0^3 S^J^UO (nA\oA*!SJCX=7xA CTXTOOL^ ^3\Jl uAvAl ,Ao 
y^ .x.D 'XJjea ><ncLûûOcv^o^a ^ixos . oiS^Ko i ^vn t^x-Sx 

*AAA^\o rdsosoiT^x AvAAvx or^ ^Av\Av* ar£ K^Wt3\d î^^ujLa ••• 

^jc. A\AA\ ^Acn^\ x^Aucot à^cdoAvAu ; 

Sa 1^I7101U <7)\\(01 CTxA 1^0010 . (tA«A 

^-^ûû om . kIso^a oen ^aAaxcüc. •• AvAAnao ^»A\SA\^a 

f<7 xv . ryv S o \ ^. on r^a (i)oJiCL^a ajfbi^a^ aAaAooo ^î^i^A\r7i ^ AvAAx ^jActxtoa 

^.Vj SjtO « ^i V fc Jl iO ^AD l X > * »Q1 O. X a-T 3 l Va .^CUT^ ^JlAoA-jO ^ * «V ^ *£ 3i*. 

^»âcna . ^ . N ^cofl r ^abxx. ^mciux. ^jàoia • KioA ^Vaoo )<nax.^^ 

^■Ama ^..x ~^ S cTxrrxjccv^o . ^Am (n*\\^?v v£\j>\jl «^cktiAa 

xaxjlis^ ^ir^o. Aa • ctxA ^xA<na . <nS\^a 

AxoS-^tdo ,rf\^TN rdkjSax.û .kIAaxxtd^ t^Ax^juxq 
A xa ürA Ajxo .rdxÂ^ ^3rdx Aoû ,r^A\*v.^j «ardx Aaû 

^i*\ ••• ^ p oxA 

ûl^ ^ X.SQJAA OK^ ^.inS^A Av w sa V ~~>'Â~n—> i —wt vva \ 







l,) Sic in cod.; arctatio vocam »mai\o >marbt^, <juae piuries infra recurrit. 




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56 J.-B. CHABOT. 

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^cnoi^i^x eis^-ïi^a . i^.x rv-ra-A ^cna-Sw^x ^Aen .:. nuAi xA 

jenaJicO^a ^ en a_ca-^cvA^ .sor^o ,ena_=brA^Q ,cna-^\Ci-i73 

A r^rvc\J>Ln 5 iA . r^âen en^rw vyx<f K^V- m ., ^ A^*a A\^ r 73 < 


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ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AIIOUDEMMEH. 57 


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Vi^uj^v rd-icn \rdr£ ^-raza * Aa r^Aücvx. ^Aen ^=7 d 



r£\x. oxra K^ioeno . rd.rrxx.oJ^\ a en i^cnAi^ i^x.*v\ ^x^^r^Aaam . r^n'^cn’* 

oen achA • ^jeur^ r^rr^cn ^penAa . ^_xd^\ aen^ y)s\mr^ A^a . \>AZ73a 

^»*s\ rdraA . rA^HVv rCArxx. ^rr> rcAav\^r^rdi \x^^ 

r^A-x.u ^£û,i a.socna . K? ^vrbAevmr^ oen ^j^iccno *<Lx_5Li-a a en r^Vvxra 
oenA . r^vrfisx, ctxtd *eno . T^_yia.soA Sajc^tdo i^Wvm ^oo . 

^Vvaxn enAa** r^Axa ^oriv\Vn pn\ 

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^vviVm toVûa^o . 

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i^^cv-Taxpo^o . K^cvjA^\q h 

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Avjr^A\_»^vvi ^ift ûjoo ^xA^en 


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^_»7\jcno .t^uarjD’A ^Avj-vtd rdja^ajA 
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. rs^Vv. x rao i^no^ ,en i^xVv^ ^\ .:* p^kûasoo 

ers^rÉf rC^v.iu^-v.^.a . ^Vv^txavK >en Ôxtdo . i^.x.Ai r^aAoiro ox=d^\ ,cn KSVvr^a 
k^^ASao .:. AoaA\t\ rAAvm *^ao . paS^Vv* r^xyx^nAvrra ^\a . t^AaA^en^ r^n\ 
^x-iena . rdlraA AA^Av_x_m ^enAj-^ t^Axvn Aawo • ^LtdA^ ^xirC? rdcor^Vvx. 

. ^ac-V^’A Axv\ achA ,A»H^=73** ^xird ^xAena « y^AûûK^ ^xit^ 

. i^iaqcuo aeh r^.Vxxr-y\o . rw.^raa^ iY>r^A AaJcxa^ ^\Vu ^VxTd 

MOT. ET KXTR. - T. XLLII. 8 

mniunu iinonii. 






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58 - J.-B. CHABOT. 

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OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 

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J.-B. CHABOT. 


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KÜfAo» AVv\ rLVT\ ^Irsjxsoû ^i\axo\^o oo) Aazxzoo 

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61 


OEUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 

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Y^AXVA «Y^VveuÂAO Y^frirV^, T^^rVlO ÎY^AlA Y^wCUO . 

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62 

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J.-B. CHABOT. 

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ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 
^0 r^.xrax À^m n^Lracwt r^Vva-»\je. 


63 



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«ii^NTOix vrs^-»r^ ctx A K^Vvjc^o . i^rvxsa^ m&u 

^ ^ 030 • 


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Rursum, auxiliante virtute altissima, scribimus tractatum De compositione hominis, factum 
a Mar Ahoudemmeh Antipatros (l K — Scrutatoribus secretorum ab Antipatros salutem. 

De inquisitione hominis et de investigatione medicinae volui scribere et notum facere, 
ut vos sciatis sinccritatem sermonis mei. 

PIura sunt quae de medicioa dicta sunt a prioribus philosophis, qui magna sapientia obti- 
nuerunt hoc donum magnum, mirabile et utilitatis plénum. Singuli eorum operatione 
et virtute divina quam acceperunt roborati et confortati sunt, et instruxerunt pugnam 
adversus omnes passiones nocivas, et areu solido, robusto, fortissimo et perfccte munito^ 2J , 
jacularunt in coetum corruptorum corporis humani, et viriliter ac potenter expulcrunt 
morbos, ne sit eis ingressus in corpora debilia. Et quasi per repagula firma quattor capita 
fellis 3 praecluserunt, et sapientia sua expanderuut et fecerunt concordiam inter duas et 
duos qui non possidebant concordiam, et posuerunt separationes inter quattuor sedes^ 
fellis, ne sint in erectione sua insurgentes una in alteram. Et fecerunt reconciliationem 
inter membra quae in invicem irascebantur ; et re>ecarunt filum circumdatum super oppo- 
sitioncm elementorum (5 ). Et mucrone lanceae acutae per pharmaca constrinxerunt pas¬ 
siones et non siverunt eas ut, pro earum more, valeant malefacere. Et per sapientiara 
debilitatum est venenum cuncti nocivi, et solertia disputationis disciplinisque perfectis 
dederunt manum vitae ut ingrediatur in corpora mortalia t 7 ) homiuum, et fuerunt ipsi 
causa vitae; et expansum est in orbem beneficium quod dederunt auxiliatores corporibus 
deficientibus, quae debilitantur pondéré morborum. Et laboraverunt, et se defatiga- 
verunt, et seipsos miseriis tradiderunt ; et iiberaverunt inürmitatein corporum ab injuria 
passionum et angorum. Et sederunt solitarii in deserto ut mitterent pacem animabus 
habitantibus in turba. Se enim extollebant in invicem elementa^ : ingressi sunthi, et 
steterunt (elementa) in medio firmiter reversa. 

Titre en rouge; de même pour les sous- second désignant aussi la «vésicule biliaire». 


titres imprimés en caractères italiques. 

W Littéral « plein de moyens », nrôpoç. 

W 11 apparaît, par la suite, que fau¬ 
teur fait une distinction entre les sens des 
mots et i^V\Vvzn; le premier mot 

signifiant exclusivement la c bile », et le 


^ Littér. «turres, arces». 

^ (jloiyeïx. 

«passio», mot employé constam¬ 
ment pour « maladie ». 

Littéralement «mortua»; peut-être doit- 
on lire ? 


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64 


J.-B. CHABOT. 


Minus enim est tempus quam narrem de sapientia Platonis, et Aristotelis, et Ascle- 
piadis^, et Chironis, et Democritis W, et Ilippocratis^, et sapientis Galeni, et ceterorum 
philosophorum sapientium : qui fuerunt pars viventium per saecula, qui per vim 
continuam eorum doctrinae eripuerunt ornnia corpora e subjectione passionum noxiarum. 

Narrabinius itaque et dicemus de homine qualis sit; et pariter, occasione data, de usu 

1 v A 

pharmacorum. 

Homo i^itur deus est terrestrium, creatura mirabilis, dominus sociorum ejus 
vinculum utriusque creaturae ; imago sui creatoris, vas admirabile ( 5) , et res quae admira- 
tionem suscitât totum corpus duodecim membrorum ejus, et compositio trecentorum 
sexaginta et sex nuinerorum ejus, et stabilimentum quinque pedum ejus. 

Ducenta enim et quadraginta octo^ 8 ^ ossa agglutinata sunt in homine. Triginta eorum 
in pedibus colliguntur. Quinque et quinque in vola ipsius pedis, tria in genibus, duo in 
cruribus, unum in pectore, quinque in lumbis, novem in capite, octo in collo, quinque 
in palma manus, et quinque quinque in singulo digito, tria in dorso, cent uni et unum in 
latere dextero et centum in latere sinistro^; et octodecim costae-vertebrae in dorso ( ,0) , et 
octodecim costae connexae hisce vertebris. Sex ossa sunt in unaquaque scapula, et tria in 
unoquoque brachio; quinque autem sunt in clavibus cordis n) , quae claudunt et aperiunt 
omnia membra hominis. 

Deinde sunt in jecore UgaminaW octodecim. Ex eis septem dant virtutem omnibus 
arteriis et se extendunt et perveniunt ad cor; ex eis septem dant virtutem venis( 13 ), et quat- 
tuor ex eis ascendere faciunt vim aestus ad partes pulmonis. 

Sunt iterum in stomacho (14 ) canales duodecim. Très eorum introducunt vim in jecore, 


W L'orthographe du nom a été altérée par 
les copistes. Restituer 
Restituer 

La forme est la plus 

usuelle. Cf. Thés. syr. t col. i 65 , 166. 

C’est-à-dire • des êtres créés avec lui ». 

W axevoç &iv(A2<t16v (Eccli., xun, a; par¬ 
lant du soleil). 

(#) Traduction littérale du manuscrit; si 
le texte est exact on peut conjecturer que 
l'auteur a considéré comme une for- 

mation diminutive dérivée de pars, 

dans le sens de «parcelles». Peut-être y a-t-il 
une faute de copiste pour « choses 

créées » ? 

(7; 11 manque un nom régissant pedum 
peut-être digiti ?). 

(8) L’énumération détaillée à la suite ne 


concorde pas avec ce total. Elle s'élève au chiffre 
de 356 : le texte primitif ne faisait sans doute 
pas de distinction des côtés, et si on retranche 
les cent os attribués au côté gauche, on obtient 
le nombre de a 56 : ce qui laisse supposer une 
légère erreur ou une omission. 

(9) Interpolation basée sur le récit génésiaque 
de la création de la femme. 

Le mot costae est peut-être une redupli¬ 
cation fautive. 

(l,) «Græci sane xXeiùes, at Celsius jugula 
vocat ; juniores analnmici claviculas » (R. Steph., 
Thés. ling. Lat., s. v # clavis). 

15 Pour la locution, cf. <r\jv&e< 7 (xoi ti}s 
ùoÇvos (Dan., v, 6; LXX); arabe c-JUaJl 
(Lexieogr.). 

< u > 

(U) aV)\x%yps. 


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65 


ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 

quattuor eorum tenues exundanl et premunt (1) splenem, et quattuor riirsum qui distorti 
sunt et descendunt in renes. 

Sunt in /elle W sex aditus . Ex eis très perveniunt ad cor, unus exit iu totum corpus, 
unus descendit ad ostium inferius, et unus adscendit ad ostium superiu9. 

Est in nervo fissura qua qraditur Jluxus seminis, in quattuor loca : unus qui adest in 
vicinitate renum, unus qui est in proximitate cordis et stoniachi, unus proximus est pul- 
moni et est in thorace^, ultimus est in cervice (4 ) cerebri. 

In hoc quidem loco cerebri dominatur sanguis, qui in eo potissimum manifestât suam 
actionem ; in loco autem qui est prope stomachum et cor, (lava bilis residet et discurrit 
fluxu suo in totum corpus. In regione renum et lumborum dissolvitur atra bilis et reti- 
netur ab introductione sua in omnibus membris. 

Sanguinis sedes (5j est in jecore, et ejus dominium in cervicem cerebri ; pituitaeW sedes est 
in pulmone, et ejus dominium in pectus; Jlavae bilis sedes est in felle, et ejus dominium 
in stomachum ; atrae bilis sedes est in splene, et ejus dominium in vesicam. 

Quando semen sustolletur et perveniet ad locum cervicis cerebri, ibi manebit aliquot 
diebus ut acquirat varietatem' 7 , et fit calidum et humidum ; et quando perveniet ad locum 
stomachi, fit calidum et siccum. 

Tempore autem quod postulat ejus natura ut perficiatur usus conjugii, si accidat quod 
e loco quocumque dimittatur et dilabatur voluntate Omnipotentis, aperiet utérus os suum 
ad illud recipiendum, et custodietur intra eum. Et prout semen possidet vim in suo loco, 
ita crescit in elementis suis in utero (et ; etiam postea (8 l 

Si hora prima, aut secunda, aut tertia diei vel noctis semen in utero concipiatur W, 
addentur varietates (, °) harum tri uni horarum varietatibus ejus, et erit ejus generatio calida 
et humida, quia horae primae et secundae et tertiae varietas est sanguinis et sanguis est 
abundans in his (horis) f et quicumque in his tribus horis concipitur et generatur, ejus 
morbi et colores et elementa distincta nota et 9unt: et supercilia ejus crassa et gravia, et 
arteriae ejus temporum crassae et sanguine plenae; et fiunt ejus oculi obscuri et |>ertur- 
bâti, et fiunt omnés arteriae ejus carnis sanguine plenae, et corpus ejus deprimitur; et 
cuncta ejus membra et caro ejus rubedine piena sunt. Et hi morbi accidunt ei : omnis 
morbus narium, et omnis morbus oculorum, et scrophulae incervice, et tu mores carnis, 
et delicientia cerebri, et omnis morbus gutturis, et omnis morbus capitis, et omnis morbus 
oris, et omnis febris quae ex sanguine oritur. 


Ce verbe peut signifier «comprimunt» 
ou «reprimunt». 

Comprendre «la vésicule biliaire•; pour 
la bile, l'auteur emploie 

(3) Littér. « in fomace pectoris ». 
f4) Ou « in collo » ; semble désigner le cer¬ 
velet. 

Littér. «domus ejus». * 1 ** iyt 

ROT. ET EXTR. — T. XLUI. 


(fl) pXéypa. 

<7) Littéralement «la mutation », c'est-à-dire 
la qualité spéciale qui produit la diversité dans 
les tempéraments. 

(l) Littér. «etiam in saeculo», c'est-à-dire, 
après la naissance. 

l#) C'est-à-dire «in utero recipiatur». 

Voir la note 7. 

9 

■ ■riuuui iinoiui. 




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66 


J.-B. CHABOT. 


Quando autera e loco stomachi descendet semen et concipietur in utero hora quarta vel 
quinta vel sexta, colores ejus et elemeuta ejus, et morbi ejus distincta sunt et nota : caro 
ejus paulum nigra est et rubra, etiam ejus arteriae et venae dilatantur et abundat in eis 
flava bilis, et aliquando pallidus fit color ejus; et accidunt ei morbi qui sunt hi : morbus 
ventris et coli, perturbatio cibi et potus, et amaritudo palati et laryngis, et sputa acerba, 
et omnis morbus genuum, pedum et crurium, et febris hectica, et febris viscerumd) et 
ossium ; et morbus podicis^ et termina viseerum et tenesmus, et morbus lumborum, et 
stupor P), et morbus juncturarum, et omnis fluxus sanguinis. In his enim tribus horis bilis 
abundat. 

Quando e loco prope vesicarn descendet semen et concipietur in utero hora septima, vel 
octava, vel noua, ejus morbi et colores et démenti distincta sunt et nota haec : cibo |>arvo 
satiatur, et omnis morbus inflation», et omnes species éructa t ion um, et omnes species 
turbinis, et omnis somnus difïicilis, et omnes urinae pravae et turbidae, et omnes tumores 
juxta testiculos, et atra bilis, et hydropisis, et stranguria, et scabies, et eflusiones, et 
furfures^ et pustulae, et insania, et divagatio mentis, et vertigines et agitationes; corpus 
ejus frigidum et nigrescens et pilosum. In his enim tribus horis atra bilis abundat. 

Quando autem e regione pectoris descendet semen et concipietur in utero hora décima, 
vel uudecima vel duodecima, ejus colores et morbi, et elementa distincta sunt et nota haec, 
scilicet: ejus pellis alba, ejuscrines flavi, et timidus (est) et ignavus, et arteriae ejus non 
notabiles suntet erunt ei furunculi M, et habebit morbum pectoris et omnem morbum 
linguae, et omne sputum salsum, omnem morbum pulmonis, omnem febrim e pituita , et 
omnem extensionem, et omnem morbum costarum, et omnem morbum epigastrii, eterit 
singultiens, et vigilans, et exspuens multum; et fit ei morbus brachiorum, et tussis 
madida. 

Et semen quod est in cervice cerebri calidum est et madidum, et laeve ei rubrum et 
non lubricum, et cum effunditur seipsuin retinet, et est pulvereum et rigens et non est 
natura sua viscosum. Illud quod est in regione |>ectoris est madidum et frigidum, et album, 
et salsum, et possidet lubricitatem magnam, et cum effunditur non viscosum etacidum se 
ipsum coagulât et non inflatur. Illud quod est in regione stomachi (est) calidum et siccum, 
et rubrum ac pallidum colore suo, et amarum gustu suo, et non possidet lubricitatem, non 
est viscosum et assimilât alios colores. Illud quod est in regione renum (est frigidum et 
siccum, et nigrum colore suo, et acidum gustu suo, et non viscosum et aquosum, et eflun- 
ditur et non se coagulât. 


W Littéralement • de l’intérieur ». 

W Le sens du mot est indiqué par 

le contexte, ci-après, p. a6, n. a. 

(*) C est le sens ordinaire du mot dérivé 
de la rac. moV; je le rattacherais volon¬ 
tiers à la racine (comme synonyme 


de ^mo^\ j avec le sens de [« constipation ». 

(4) Ou ulcéra; est très probable¬ 

ment une faute poun^V\Ai&u 

(4) Peut-être à corriger «non cres- 

cunt ». 

(,) Ou ver acné. 


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67 


OEUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISHO ET D’AIIOUDEMMEH. 

Haec sunt quattuor se mina hominis. Et sicut est semen ejus, ita etiam ejus tempera- 
mentum et morbi et elementa et colores et differeQtiae ; uam ornais caro est sicut semen 
ejus. Etiam animalia et bestiae per semen eorum variautur et fiunt nigra et alba, et rubra 
et pallida ; et etiam aves rursum ex variatioae ovorum e quibus proveniunt, diyersae sunt 
in singulis speciebus : cum sit in ovo albumen, modo tenue modo crassius, fiunt albae et 
quae variantur ex albis; et cum sit nimium illud nigrum quod est prope luteum fiunt 
nigrae. Et praeter bas diflerentias quas possidet omnis caro ex semine suo, etiam aer^ ille 
qui circumdat nos sumit incrementum et minutionem, sicut dicit magnus Hippocrates W. 

Rursum, nunc incipiamus dicere de operatione actionum uniuscujusque memlrorum. — 
Cerebrum enim capitis deus est corporis, et mens in eo residet et habitat; et quamdiu ipsum 
est sanum omnia membra in j>ace sunt. Ipsi enim congruit cubile quod est intra septem 
portas, sensus sensibiles. 

Cor autem est domus animae et generator est cogitationum ; ipsum accipit virtutem e 
jecore et felle, quam transmittit cerebro et in eo habitat; ipsi enim congruit locus intimus 
et termini occulti et absconditi. Natura enim cujusque animalis in omnibus organisé 
corporis residet et habitat. Ipsi enim congruunt omnes partes corporis et apprehensor est 
omnium compactionum. 

Intellectus autem inter cor et cerebrum subsistit; in sinu abscondito mentis et animae 
intra iuvolucrum omnium sensuum residet et habitat. Ipsi enim congruit ordo et regimen 
eorum omnium. 

Mundus itaqueest exemplar et symbolum hominis, et sicut iste videtur in processu et in 
incremento omnium aetatum W notarum et distinctarum; id est autem in statu W infan- 
tiae, pueritiae, adolescentiae, senectutis et discessus. 

Oculi autem lucernae sunt corporis, et quasi observa tores elïiciuntur cordi, et per eos 
omnia intuetur et sibi persuadet. 

Nares autem sunt cerebri exploratores qui quidquid sentiunt secreto remittunt et mani¬ 
festant accurate cerebro; ipsae plaçant W commotionem animae afflictione et angore pertur- 
batae, et propter pudorem istorum membrorum intumescit ipse pulmo et opprimit 
cortices exteriores cerebri, et tune dilabuntur lacrimae ab oculis. Nares etiam efluudunt 
raucum et homo indinatur W ante, et clamat et exhauritur in fletu. 

Pulmo autem locus est sputi et domus pituitae, et locus est in quo transcurrit halitus; 
et in eo est amor ; et factus est quasi uter humorum W : modo contrahitur ut exeat et modo 
dilatatur ut introeat (humor). 

On attendrait plutôt « etiam ex 

(aere)». 

Voir ci-dessus, p. 22, n. 3 . 

(3) ôpyavov. 

<4) Sens suggéré par le contexte. 

(5J 


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(é) Littér. mandant, purgant . 

W Littér. • se contrahit ante se». Il semble 
qu'il y ait ici une lacune dans le texte. 

Le mot au pluriel est la transcription lit¬ 
térale du grec ijboavXis. Je traduis hamores faute 
de pouvoir mieux préciser. 


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68 




J.-B. CHABOT. 






Renes aulcm sunt fundamenta cordis et super aediGcium eorum aptatum est cor. 
Ipsi sunt vinculura testiculorura, et ipsi excitant robur seosus coitus per nervum qui 
adhaeret stomacho et aedificio cincto vertebris dorsi ; et per eos rursura specuiatur intel- 
ligentia juxta cor. 

Testiculi autem sodales sunt renum; quia renes per nervos tenues invicem colligati sunt 
et ipsi sunt qui semen mittunt in quattuor loca, et ipsi sunt qui excitant virgam tempore 
coitus. 

Vesica autem domus est urinae; exj)ellitur quidem ex ore ejus; recipitur autem ex lumbis, 
e (loco) creationis ejus, per nervos et arterias tenues; quia acuta est in emissione sua, et 
infra omnia membra accu mbit; et omnes sordes ipsa expeliit. 

Lumbi autem sunt vinculum laterum; et in eis vinciuntur costae, et ipsi contringun- 
tur vertebris dorsi; sudor et tremor febrilis^ a b eis accidit. 

Virga autem est porta duarum viarum : id est urinae et spermatis; et per eam perficilur 
res coitus. 

Intestina autem tenuia sunt ad recipendam rationem digestionis alimentorum, et omnia 
similia sunt unum alteri. Intestinum autem caecum accipit cibum qui descendit e stoma¬ 
cho et manet in eo donec digeratur ab eo. Descendit urina in vesicam, et stercus in podi- 
cem W qui est anus. 

Pilus autem qui est prope membruin geuitale non est ad utilitatem neque ad ornatum, 
sed accidit ut, per humiditatem loci et ejus calorem, germinet et crescat. Multis autem non 
germinat, quia deGcit in eis caior et humiditas. — Pilus autem pectoris et menti in orna- 

tura est; sed accidit ut non germinet eo quod caior et humiditas fuerunt déficientes. — 

'7 cri u/fT' oî t f r • •” * ' \. ■, ** - * . • . ■?.*. : ri % j/n 4iVT'-’ 

Die axillarum non ad ornatum neque ad utilitatem est, sed propter humiditatem loci 
germinat. — Pilus autem superciliorum et oculoruin et capitis ad ornatum hominis 
constitutus est. 

Omnia enim elementa sodales sunt unum alterius et ex eis constituitur corpus : aestus 
et frigus, humiditas et siccitas, commixtio cum disjunctione, lux et tenebrae, coordinatio 
et dissolutio, plenitudo et vacuitas, salsedo et insipiditas, inquietudo W et tranquillitas. 


- - - ^ • V - ’ 

Redeamus iterum ad rem nostram et accurate dicamus qualii sit ( homo ) : Corpus hominis 
ab extra est cutis, et iutra cutem caro, et intra carnem membraua, et intra membra- 
nam venae, et intra venas caro, et intra carnem membrana, et intra membranam 
arteriae, et intra arterias caro, et intra carnem nervi, et intra nervos membrana, et intra 
membranam caro, et intra carnem ossa, et intra ossa mcdulla. 

Et nervi colligati sunt ossibus, et membranae omnes cxteruae et internae invicem colli- 
gatae sunt, et nervi omnes procedunt e vertebris spinae dorsualis. E medulla capitis proce- 


(l) Le frisson. — le contexte indique clairement le sens de ce mot qui n'existe 

pas dans les lexiques. — (3) Le vrai mot serait «nervositas» (dériv. de nervas). 


1 


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ŒUVRES D’ISA AC DE RABBAN ISIIO ET D’AHOUDEMMEH. 


69 


dunt nervi in oculos et in palpebras; singulis oculis septem nervi : très unicuique palpebrae 
superiori et inferiori, et unus pujûllae ac visioni W ipsius pupillae oculL La b iis duobus sex 
nervi e priocipio vertebrarum superiorum, quae cranio proximae sunt, proeedunt. 

Linguae rursum nervi descendunt e mcduila capitis, et e vertebris qnae sunt supra 
vertebram quae appellatur dens {2) proeedunt nervi maxillae, fistulae (gutturis- et gen- 
•givis. , 

E vertebris quae sunt infra pectus^, et in brachia descendunt nervi ex vertebris inter- 
scapuli; in epigastrium proeedunt nervi e vertebris quae sunt infra humerum. Femoribus, 
et coxis W, et genibus, et cruribus, et pedibus ex omnibus vertebris quae sunt a lum- 
bis et infra, exeunt nervi in totum corpus. Et venae emittuntur in toto corpore. Arleriae 
emittuntur in toto corpore. 

Duo sunt généra nervorum : unum eorum (est) ligamen quod exit ex ossibus et vincitur 
ossibus; alterum eorum per quos sensibilitas emittitur in toto corpore. E mcduila capitis 
profectiones duae sunt : e tergo cervicis apud oculos procumbunt^. Nervi duo exeunt e 
mcduila capitis in duos oculos, et vocantur optici. 

Musculi in toto corpore inveniuntur, et sunt ex commixtione carnis et nervorum. 

Nervi toti corpori mittuntur, et vim sumunt e medulla spinae dorsualis. 

Decem arteriae texuntur in toto corpore in longitudinem et in latitudinem, et vim 
sumunt ex octo venis quae e jecore proeedunt. Vena una magna est super vertebras dorsi, 
et est cava, et se extendit a renibus usque medullam capitis, et cor ei dat vim. Nervi qui 
exeunt in manus et in pedes et in labia et in oculos et in linguam ipsi sunt qui claudunt 
et aperiunt, contrahunt et dilatant, tendunt et relaxant. Octo sunt arteriae exeuntes e 
jecore : très in costas superiores usque sursum, duae in costas médias quae proximae sunt 
cordi, et très in costas inferiores quae sunt infra cor, usque ad costas extraneas I 7 ) et renes; 
et ipsae sparguntur in toto corpore, supra, et infra, quae habent exitum W desuper. 

Gutturi et aesophago^ paulum infra exitum (est) intestinum illud quod vocatur rectum l 10 L 

Dcntibus etiam ab illis (luit sanguis. Utérus iigatus est stomacho, fundus autem uteri 
fundo stomachi iigatus est, invicem adhaerent. Stomachus Iigatus est cerebro, et utérus 
renibus; renes ligati sunt lumbis, et tcsticuli ligati sunt lumbis. Utérus (est) inter intesti¬ 
num rectum et vesicam. Foetus in utero nutritur ex stomacho et ex medulla capitis, et 




. . |j * 1 4 4 J:j , : 

W parait signifier la ■rétine». 

^ Cf. idx. oen ( Tlie 

syr. Book of Medicines , I, 564). Arab. «a 
pointed tertebra forming the apex of the cervi¬ 
cal column (J. P. Marcoliouth, Supplément to 
the Thésaurus syriaens , p. 334) 

Il semble qu’il y ait ici une nouvelle 
lacune dans notre copie. 

Traduction conjecturale; cf. p. a 8 » n. 7 . 






Littér. «a vinculo dorsi» (os iliaque?). 
Zygomatiques? 

(7) Côtes flottantes. 

(i) Ou « podicem » (?). 

Je traduis ainsi par conjecture; la leçon 
du texte parait être une déformation ou une 
forme vulgaire pour synonyme de 

• palatum, fa u ces ; ÇipvyÇ ». 

(,f) Le «côlon». 


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J.-B. CHABOT. 


omnia membra ejus sumunt vim ex funiculo ejus ombilico et ex sanguine mcnstruorum. 

[Utérus est.... testiculi quando commoventur.] Felli W autem sunt ora duo. 

Ostiaria W est supra cor, inter pulmonem et cor. Cordi autem sunt duo ventriculi 
et duae auriculae. Pulmo habet in se plura foramina. Unusquisque ren babet ventri- 
culum. 

Testiculi commixtio sunt nervorum et carnis, arteriarum et venarum, et habent mem* 
branam. 

Renibus autem est cutis et mcmbrana obducta. 

Fistulam gutturis qui lumbos M ... eam circumdant. 

Uvula^ nutritur ex medulla capitis, et ex arteriis quae se extendunt super verterbas 
dorsi. 

Virga ligata est renibus et lumbis, et arteriis magnis W quae se extenduut super verte- 
bras dorsi. Et descendit semen inter unam arteriam quae exit per utramque coxamet 
accipit ex medulla quae est in spina dorsuali. 

Ad splenem autem venit nervus membranaœus ex diaphragmate. Duae autem arteriae 
magnae super dorsum ligantur. 

Medullam capitis circumdant involucra duo W. 

Nares ex domo vacua cervicis descendere fadunt quod transit super palatum W. 

Aures prodeunt ex duabus siliquis quae medullam capitis circumdant. 

Palpebrae autem oculorum carnales sunt. 

Cartilagines aurium interaarum radicem linguae se jungendo attingunt. 

Itaque ex corde per nervos et arterias emitlitur in toto corpore vitalitas. 

Super stomachum membraua expansa est, et super cor ostiaria^, et super cor mem- 
brana expansa est; (etiam ) intra intestinum teuuius quod accipit digestionem alimentorum. 
Membrana extensa est intra intestinum quoddam quod simile est caeco quod dejidt 
escam. 

Stomacho duo ostia sunt : unum quod accipit et alterum quod dat. — Finis. 

'*4 t • ï 

E libko medicinae. — De homine. Homo mundus parvus et repraesentans mundum 

magnum. Caput figurât coelum, et pedes figurant terram, et venter ejus mare, et dorsum 
ejus aridum; oculi ejus solem et lunam, et vultus ejus firmamentum; et membra ejus pla- 
nities, et ossa ejus montes et colles, et crines ejus germina, et venae ejus flumina, et sanguis 
qui Huit intra corpus est quasi aquae quae fluunt m terra; in connexione sensuum et 


(1) Phrase incomplète. 

Vésicule biliaire; cf. p. a 3 , n. i. 

(3) Sic; pour vena porta. 

(4) Lecture douteuse ; la phrase parait incom- 
plète. 

(5) La luette; uva chez les classiques. 

Semble désigner l'aorte. 


J'interprète, par conjecture, le mot 
(lém. plur.), ne l'ayant trouvé dans 
aucun lexique; il parait désigner la région dite 
layjiovi coxendix, entourant les os iliaques. 

Ou siliquae duae; le mot est usité surtout 
pour signifier une « cosse > de légume. 

Cf. p. 27, n. 9. 


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OEUVRES D’ISAAG DE RABHAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 71 

facultatum (figuranturi decem praecepta W rhctorum; et mens dirigit hominem, sicut 
Deus creationem. 

Hae sont opérations vitae naturales : Cor habitaculum est animae naturaiiter, et fons est 
scientiae et judicdi naturalis; et acceptis variis disdplinis omnium artium notarum, fit 
fomulus et nutritor cerebri. Si radii mentis et prudentiae et memoriae non efïunduntur e 
cerebro in cor, in caligine palpitât. 

Cerebrum enim fons est luds naturalis animae et totius sensibilitatis et mobilitatis, et 
ab eo fulget lux naturalis in cor et facultates animae; cor enim nobis est ad instar terrae 
et hujus bonorum, cerebrum ad instar firmamenti, mens ad instar solis, et prudentia ad 
instar lunae, et memoria ad instar stcllarum ac aeris qui in inedio difTusus est Et 
quemadmodum c terra adscendunt fumi crassi et vapores densi aut subtiles, etiam lumina 
adscendunt e terra cordis et agunt in aerem et in lumina cerebri quorum spissant aut 
atténuant naturalitatem W. Et quemadmodum agunt variationes terrarum et variationes 
locorum in aere et luraine in terram et semina et plantas, intellige ita Geri in cerebro, 
et per cerebrum in corde. E corde enim, tanquam e fonte, emittitur vi(alitas per arterias 
toti corpori. Est autem quaedam substantia nervosa quam involvit tunica una nervosa, et 
sunt in eo cavitates duae, plenae sanguine subtili et spiritu vitali; est itaque suspensum 
pulmoni in medio pectoris et ligatum undecim vinculis; haec vincula appellantur a 
sapientibus viva et divina. Quando cor accipit e jecore sanguinem impurum madidum et 
indigestum, tune etiam spiritus vitalis spissatur intra cor, et emittuntur e corde in cerebrum 
spiritus spissi indigesti, et cerebrum compingit caliginem, et obscuratur fons luminis 
naturalis animae, et obscurantur canales qui ducunt lumen e corde in cerebrum et 
facultates animae, et producitur angor et tristitia, caligo intellectus, obscurités mentis , 
deperditio memoriae, obcaecatio prudentiae, tremor, timor, anxietas conscientiae, 
angustia, insania. Haec aeddunt secundum quanti ta tem faecis et crassitudinem spiritus, 
donec ad stabilitatem redeat cor et cerebrum. 

Stomachus itaque ubi accipit alimenta emittit succum W suum jecori, et jecur mutât 
ilium in sanguinem et transmittit partein ejus puram cordi et ejus saniem tradit felli et 
spleni. Quando stomachus non valet maturare succum beue, et accipit jecur succum non 
maturum, inde augetur malum in felle et splene quae purificant jecur. Et quando corn- 
movetur malignitas quae est in felle et in splene, ab ipsa Huit noxa toti corpori. Et 
causa omnium malorum est abundantia immaturi; et ex sanguine qui non accepit solu- 
tionem perfeclam sordescunt, tabescunt et depravantur homines: corpus esuriens non 
morbescit. 

Scito ex quattuor eicmentis esse sabsistentiam hominis: corpus ejus e terra, vita ejus ex 
acre, motioejus ex igné, sensibiiitas ejus ex aqua. 

Omnia visibilia sunt rationalibus pontes et scalae quibus, per suas cognitiones, adscen- 
dant ad creatorem, et animadvertant cognoscantque eum ex creaturis. 

r à y pat. — tô Çvtroiàv. — %yX6t. 




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72 




J.-B. CJHABOT. 


•y »•-% 


De connexione facultatum . — Sensibilitas (est) in cerebro; discretio in corde; appe- 
tentia in stoinacho; concupiscentia in renibus; ira in jecoie. 

De facultatibus naturalibus. — Facultates natunîtes septem sunt : quattuor activae et 
très passivae; activae autem sunt: attractiva, quae est frigida; apprehensiva, quae est 
siccat solutiva, quae est calida; propulsiva, quae est humida. Et etiam seorsim possident 
hasce facultates. Passivae autem sunt: generativa, augmenta tiva, nutritiva. . k 

De operationibus animnlibus .— Operatioues animales et modératrices sunt phantasia l ), 
memoria, loquela, intelligentia, sensatio, mens, cognilio, scieritia, discretio, prudentia, 
imaginatio, cogitatio. : • ’* * , 

Rarsamt Imaginatio et phantasia (sunt) in cerebro, intelligentia et prudentia in cervice, 
cogitatio in renibus, consilium et conscientia W in membrana separativa diaphragmate), 
cognitio et scicntia in corde; in tactu est sensatio. 

Rursum, facultates animae : Mens, scientia, imaginatio, cognitio, memoria, discretio, 
cogitatio. — Et sunt qui dicunt : Scientia, cognitio, intelligentia, prudentia, conscientia, 
cogitatio, peritia. 


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Rursum, notifiealio : Desiderium operum bonorum in Celle est, et desiderium carnis 

• _ 

in pinguedine quae est supra renes; furor et ira in jecore; timor et mendacium in splene; 
aviditas et cibi desiderium in stomacho, dilectio in pulmone, intelligentia in renibus, 
cogitatio in corde, robur in brachiis, risus in diaphragmate, fortitudo in manibus. 

Quaestio: Quid discriminis sit inter insaniam quae (accidit .ex prava commixtione 
humorum ^ et insaniam ex daemonibus. Reponsio : Quando enim insaniunt hommes sive 
loquendo, sive agendo, sive manifestando interdum aliquid natura soperius, ut si, quod 
se fatigaudo obtinent homines studio doctrinae, tenui arte aut pharmaco acquirunt, et 
pénétrant sécréta scientiae, et quod non valet natura humana assequi et discere magno 
labore, idipsum facile loquuntur aut manifestant aut agunt, scito liane virtutem insolitam 
esse ex daemone qui, habitans in mente et intellectu, in his agit, loqurtur et manifestât 
virtutem insolitam; cetera autem oninia ex morbis. Et sicut vasa usus externi, quando 
obsonant in eis obsonium indigent puriiicatione, ratione rei quae in eis obsonata est, ita 
Yasa interna in quibus obsonati sunt succus M et sanguis, necessitate incrementi et consti¬ 
tution» corporis, indigent puriGcatione per purgationem. 

Et quoad morbum corporalem, scito fratribus solitariis non (ieri digestionem, non ub 
abundantiam, sed ob inordinationem ex confusione ciborum, et quod, cutn ea quae 
congruant non inveniantur apud eos, eis quae inveniuntur utantur; et e recollectione 
cogitationum et custodia cordis, et ex nulla intermissione operum : quia quamdiu intel¬ 
lect us et cogitationcs occupantur in meditatione timoris Rei, stomachus et jecur, et mem- 
bra quae opérantur digestionem constringuntur et ab operatione retinentur. 

Rursum, capitulum. — Animae oculus est mens, et auris ejus intellect us, et ad instar 
nasi cogitatio, et gustus supputatio experientiae, et quasi tactus ei (fit) memoria in libéra 

£xi’T2<7<3. — (,) Deux mots * peu près synonymes. — Xppà*- — 


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ŒUVRES D’ISAAC DE RABBAiN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 73 

voluntate fixa. Haec quidem quemadmodum in natura plantavit causa ejus efficiens 
misericordia 

Jai signalé plus haut l’étrange association des deux noms : Ahoudeinmeh 
et Antipalros, attribués à l’auteur du traité sur la Composition de l’homme. Il 
n’est pas douteux que le scribe qui les a rapprochés voyait sous le premier 
vocable le métropolitain Ahoudemmeh mort en 575. La Vie de ce prélat, en 
réalité un panégyrique, a été publiée par F. NauW, qui a reproduit dans son 
Introduction tous les passages relatifs au métropolitain qui se lisent dans Jean 
d’Asie, dans Michel le Syrien, dans Barhébreus et dans Ebebdjésus de Nisibe. 
Ce dernier est le seul qui nous intéresse présentement. Il est ainsi conçu : 


.rdfücLaAà -Vr\xxv\ ^ *7x1» cnarriauK? 



• 


rd àré ctjlA o 

• * ’ 

Achudemmes composuit librum unum adversus Philosophos, 

Et librum adversus Magos, et definitiones rerum omnium. 

Et librum de Logica ' 4) , et tractatus de Compositione personarum, 

Et, an voluntas potestatem habeat in naturam, tractatus duos. 

Et librum unum de anima, et de homine microcosmo. 

Habet praeterea documenta sermone eleganti et concinno. 

En même temps que la Vie d’Ahoudemmeh, M. Nau a édité, d'après un 
manuscrit syriaque du ix* siècle, un traité sur la Composition de f homme, qui 
diffère totalement de celui que nous publions, et qui parait bien être son 
œuvre authentique; la rédaction se conçoit très bien sous la plume d'un chré¬ 
tien ou d'un moine. Il n’en est pas de même pour le nôtre : il ne fait aucune 
allusion aux doctrines religieuses et ne dit pas un mot à la louange du Créa- 

W Sous-entendu Dei, ou, plus concrètement, 

Misericors ( Deus). 

W Histoire de saint Mar Ahoademmeh, apôtre 
et saint martyr (Patrol. OrienUÜs, t. III, lasc. 1 ; 

Paria, 1906). 

SOT. ET EXT*. — T. IUO. 


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(3} Telle est la leçon dans les éditions 
d'Abraham Echellensis et d'Assemani ; certains 
mss portent xs au singulier, ce qui assu¬ 

rément est la bonne leçon. 

(l Ou Dialectica. 


10 

imiaun uTioitu. 


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74 


J.-B. CHABOT. 


teur, c’est une œuvre purement païenne (l ). La forme du nom de l’auteur et 
les nombreux mots grecs techniques renfermés dans le traité suggèrent une 
origine hellénistique W. 

Nulle part, ni dans la Vie, ni dans les documents cités, il n'est fait mention 
d’Antipatros; la présence de ce nom dans l’intitulé de notre texte soulève donc 
une question épineuse. 

A mon avis, la solution de cette difficulté est fort simple. Le nom d’Ahou- 
demmeh n’existait pas dans les manuscrits et le traité était attribué à Antipaler 
seul. 

Avant même d avoir pris connaissance du texte authentique d’Ahoudemmeh, 
j’avais été amené à cette conclusion par le début de notre rédaction. Dans la 
première phrase Antipater seul s’adresse aux lecteurs. 

Mais comment expliquer l’introduction de ce nom dans le titre de notre 
traité? De la manière suivante, croyons-nous. Un copiste syrien, voulant faire 
preuve d’érudition, sachant par Ebebdjésus que le métropolitain était l’auteur 
d’un traité portant le même titre que celui . d’Antipater, a identifié les deux 
personnages, soit qu’il ait regardé le second comme un surnom du premier 11 ), 
soit (hypothèse moins probable i qu'il ait considéré les deux noms comme 
synonymes : ce qui serait une absurdité. Ahoudemmeh signifie littéralement 
«frère de sa mère», le mot répond très exactement au grec fxijrpdiSeX^os, 
avunculus, qui n’est pas, que je sache, usité comme nom propre W. Antipatros, 
«pro pâtre», «qui tient lieu de père», est un nom propre assez fréquent en 
grec; il est devenu en latin Antipaler et se rencontre sous cette forme bien des 
fois chez les écrivains et dans les inscriptions. 

Mais qui pourrait être cet Antipater ( ®> écrivant sur la médecine? Notre 


(l) Deux ou trois mots d'inspiration chré¬ 
tienne (signalés dans les notes) sont des inter¬ 
polations. 

(,) Pour la plupart signalés en note. 

Le même traité se trouve à Birmingham, 
dans une copie récente (1904). Voir Catalogue 
of Mss. Collection of Mingana, n* 589. Les 
circonstances ne mont pas permis de l’exa¬ 
miner. 

*•) Il est peu probable qu’il ait été influencé 


par réminiscence des doubles noms bibliques 
Simon-Pierre, Matthieu-Lévy, Thomas-Di- 
dyme, Saul-Paul, etc. 

[l Sur les termes de consanguinité com¬ 
binés pour former des noms propres, voir 
Th. Nôldbke, Beitrâge zur ternit . Sprackwissen- 
schafï (Strasbourg, 1904), p. 95. 

* Dans l’article si bien documenté de 
Sal. Reinach, Medicas (Dict. des Ant. gr. et 
rom.), Antipater n’est pas même nommé. 


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OEUVRES D’ISAAC DE RABBAN ISHO ET D’AHOUDEMMEH. 


75 


confrère M. Ch. Picard a eu l'obligeance de me remettre à ce sujet la note 
suivante : 

• Deux médecins du nom d'Anlipater (gr. kvTtitajpot) sont connus : 

«I. L’un sous Auguste, à identifier avec ÆliasGallus, médecin et gouverneur de 

f 

l’Kgypte. Dans ses lettres qui formaient au moins • trois livres », il a traité des ques¬ 
tions de médecine, et Galien de Pergame connaît de lui une suite de compositions 
(Gal., XII, 684, 936 ; XIII, 33 c), 19a; XIV, 108, 160, etc.). Peut être auteur 
d’un Ilepî (Schol. Iliad. , XI, 1 i5). 

« II. L’autre était un médecin de Rome, au temps de Galien même (h* siècle ap. 
J.-C.), et il est nommé à plusieurs reprises par lui (par ex. Gal., VIII, ag3; X, 5a; 
XIV, 684). Peut être de doctrine « méthodiste » en médecine. Il ne semble pas connu 
d’autre part. » 


Il semble bien que c’est à ce dernier qu’il faille attribuer la paternité du 
traité dont nous publions la traduction syriaque, et il ne parait pas téméraire 
de conjecturer que cette traduction soit l’œuvre de Sergius de Reschaina 
(t 536), médecin lui-méme, qui consacra la plus grande partie de son activité 
scientifique à traduire de nombreux ouvrages grecs en syriaque O. Si notre 
opinion est acceptée et si notre conjecture se vérifie, nous serons heureux 
d’avoir fait connaître une œuvre dont l'original n’a pas été jusqu’ici retrouvé. 

Le traité d'Antipater se termine au mot F'inis (p. a 8). Ce qui suit est vrai¬ 
semblablement tiré des œuvres d’Ahoudemmeh. On y trouve les mêmes idées, 
souvent les mêmes expressions que dans le traité authentique ; mais il semble 
que la rédaction ait été faite et que les fragments aient été choisis au gré du 
scribe, selon une fâcheuse habitude des copistes orientaux. 


La Conclusion est rédigée, avons-nous dit, dans un style énigmatique; et 
je ne suis pas sur d’en avoir bien saisi le sens précis. L'idée générale parait 
être : Heureux les moines qui persévèrent dans leur vocation; ils seront récom¬ 
pensés par la vision béatifique. — Je donne ici une traduction absolument 
littérale de ce singulier morceau; de plus sagaces réussiront peut-être à le 
mieux interpréter. 


(*) 


Cf. R. De val, Littérature tyriaqae, p. 3 i 6 , et spécialement p. 370 ( 3 * éd.). 


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76 


J.-B. CHABOT. 


Beatus qui dédit unum et accepit duo, et dimisit duo et obtinuit tria, et susci- 
tavit mortem quatuor per quatuor, quae quidem non transeunt, nec dissolvuntur; et 
dédit prima : unionem et solitudinem; et porrexit quidem secunda : solitudinem et 
unionem; et satiatus est tertiis : unione, et solitudine, et conjunctione et non sepa- 
ratione. 

Beatus qui dimisit famam et apprehendit pacem. Maxime autem beatus qui 
sumpsit et perfecit pacem et quietem per unam concordiam. 

Nunc crede mihi, dilecte mi, sunt quidem et fuerunt et rursum erunt, et vidi 
realiter, nonnullos inter monachos indutos Domino (l) qui dant quadraginta et acci- 
piunt quator : et duo quidem moriuntur et vivunt, et duo moriuntur et non 
vivunt W; et vivunt enim et non moriuntur usque ad unum diem. 

Si autem [eunuchus fit] W e castratione castraremur. 

Igitur, beati sumus omni tempore, quia id quidem quod decretum est non retro- 
convertitur et ab eo quod est non mutatur, nunc et in saecula saeculorum. Amen. 
Oh ! Ita ! 

Cognoscemus quidem cognitorem incognitorum, et non tanquam visa et cognita 
quae in visione cognitorum videbimus, et cognoscemus quidquid non videtur et no 
cognoscitur. 

(1 > d*co^poi. * biale, qui serait à traduire castré si le mot 

(,) Le contexte semble indiquer une lacune était latin. Je crois qu'il faut lire , 

à cette place. et je traduis cette leçon restituée. Toutes les 

(9} Vvj rdraa-vo» : ainsi dans le ms. La coq- formes de cette période sont nouvelles en 
slruction est anormale avec cette forme adver- syriaque. 


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VERSION SYRIAQUE 

DE 

TRAITÉS MÉDICAUX 

DONT L’ORIGINAL ARABE N’A PAS ÉTÉ RETROUVÉ 

ÉDITÉE PAR L’ABBÉ J.-B. CHABOT 


Dans la série des écrivains arabes qui ont traité de la médecine CI figurent 
aux premiers rangs, tant à cause de leur ancienneté qu’en raison de leur grande 
réputation, Honein fils d'Isaac et Hobeisch le Gaucher. La carrière de ces 
deux auteurs nous est sommairement connue par la notice que leur a consa¬ 
crée Barhébréus P); en voici la traduction : 


« En ce temps-la W florissait Honein fils d’Isaac W, médecin célèbre originaire de Hira W 
où son père était pharmacien. Désireux d’apprendre la médecine, il se rendit à Bagdad et 


(l) Pour cette littérature voir R. Du val, La 
Littérature syriaque, 3*éd., p. 269 et suiv.; — 
À. Baumstark, Gesch. der Syrischen Literatur, 
p. aa 8 -a 3 o, et, parmi les auteurs qu'il cite, 
plus spécialement Leclerc, Hist. de la médecine 
arabe (Paris, 1876); Wûstekfeld, Gesch . der 
arab . Ârzte (Gôttingen, i 84 o). On trouvera de 
plus amples indications bibliographiques dans 
l’Introduction de E. A. VV allie Budge, à son 
édition du Syriac Book of Medicina, t. I, 
p. cxxx et suiv. (London, 1913). 

w Chronicon Syriacum, éd. Brun, teste. 


p. 170, trad., p. 173; éd. Bedjan, p. 16a. 
Comparer le récit parallèle dans son Histoire 
des Dynasties , éd. Pococke, p. a 35 ; éd. Salha- 
ni, p. a 5 o. 

Au temps des califes abbassides de Bag» 
dad, Moutawakkel (861), Mountasir (86a), 
Moustain (866), Moutai (869), Mouhtadi 
(870). 

(4) Son nom complet est Abou Zafd Honein 
ibn Ishaq ibn Solaiman ibn Ayoub, al-’lbâdL 
(l) Arab. syr. Ville de Méso¬ 

potamie près de Cou fa. 





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78 


J.-B. CHABOT. 


se mit à l’école des Aieiandrins chez le médecin Jean bar Maswai W. Un jour qu’il rétor¬ 
quait une question à Jean, celui-ci irrité le chassa en lui disant : « Qu’y a-t-il entre toi et 
la médecine ? A tes semblables il convient de négocier des oboles le long des rues ». Le 
jeune lloncin fut attristé et sortit en pleurant. Et il s’en alla dans le pays des Romains W. 
Il y demeura jusqu’à ce qu'il eut appris solidement la langue grecque et fût capable de 
traduire les livres du grec en syriaque et du syriaque en arabe. Alors, vêtu à la grecque, 
il revint à Bagdad et se rendit chez Gabriel Boktjésu W, chef des médecins ( dp^/orpo* ), 
qui, ayant reconnu sa science, l’honora grandement et le nomma « Rabban (notre maître] 
Honein »; et il dit aux assistants : « Si ce jeune homme vit, il fera disparaître le souvenir 
de Sergius de Reschayna 4) . Sa réputation parvint à Jean qui l’avait chassé; il le fit venir 
près de lui et lui demanda pardon. Et ainsi sa renommée grandit de jour en jour; et il 
se mit à expliquer diverses sciences, jusqu’à ce qu’il mourut au mois de kanoun premier 
de l'année 1188 des Grecs (décembre 876) W qui est l'année 260 des Arabes. Il laissa 
deux fils : Isaac et David. Et Isaac interpréta aussi de nombreux livres. On attribue à 
Honein 25 ouvrages, en dehors de ceux qu'il traduisit du grec en syriaque et en arabe. 
Et il avait de sa sœur un neveu nommé Hobeisch le Gaucher, fils de Hassan, qui fut 
pareillement un admirable interprète d’ouvrages médicaux. Et, pour la bonne fortune de 
Honein, des hommes de faible érudition supposaient que beaucoup de livres interprétés 
par Hobeisch étaient de Honein, et des scribes se $ont trompés dans l’écriture du nom; 
ils ont effacé Hobeisch et ont écrit Honein ; et pour cette raison peu de livres sont demeu¬ 
rés sous le nom de Hobeisch et les autres, en plus grand nombre, sont inscrits au nom 
de Honein. 


Un essai très méritoire de répartition entre Honein et Hobeisch des 
ouvrages mis sous leurs noms a été fait par J. G. WenrichW, surtout d’après 
les notices sommaires des catalogues de manuscrits. Mais il est bien évident 
qu’une pareille distribution ne peut être tentée avec chance de succès que par 
l’examen méticuleux des textes, et ils sont en majeure partie encore inédits. 
Notre présente publication fournira un des éléments de ce futur labeur, s'il se 
trouve un érudit assez patient pour l’entreprendre. 

Nous avons donné dans une précédente \otice^ 1] la description du manu- 


W Un des plus célèbres parmi les médecins 
syro-arabcs; mort en 857 - 

W Dans le territoire soumis aux Grecs. 

W Mort en 828; petit-fils du médecin de 
même nom que le calife Al-Mansour avait ap¬ 
pelé à Bagdad. 

<•> Célèbre médecin traducteur des œuvres 


de Galien; mort à Constantinople en 536 . 

Cetle date est discutable; l'opinion com¬ 
mune est qu'il mourut en 873. 

De Auctorum Graecoram versîonibas et 
commentants (Lipsiae, i84a), p. xxxi-xxxii. 

.\otice sur deux manuscrits syriaques , ci- 
dessus , p. 5i (tirage à part, p. q). 




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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 79 

# 

sent d’où nous avons tiré notre texte, et les motifs qui nous ont incité à le 
publier. 11 n'y a pas lieu d’y revenir. Nous reproduisons fidèlement notre 
oopie, et nous n’y avons apporté aucune modification, sauf quelques légers 
changements dans la ponctuation qui n’était pas toujours d’accord avec elle- 
même. Nous avons ajouté le pointà la suite de toutes les questions qui, 
dans le manuscrit, sauf erreur de la part du copiste, sont écrites à l’encre 
rouge. 

Nous avons indiqué dans la Notice citée plus haut les motifs qui nous ont 
porté à choisir le latin comme langue de traduction. 



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J.-B. CHABOT. 


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0 ) Lacune d une ligne et demie. — ,J ôpotofiépetç , assimilative partes. — {S ' Forme corrom¬ 
pue dérivée du grec dveépv<xp«. 


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81 


VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

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(l * <nrd<7ps. — (f) fwfyfi*. — a) Celle phrase paraît mutilée. — < 4) oiïérepi. — 

{%) Ou bien «et in mancis». 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITES MEDICAUX. 83 

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86 


J.-B. CHABOT. 













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(*) En marge : i^<x=no* rdooo^ . — ( *) En marge : ^ co ‘' A ' ^-vnncuo. — (,J En marge : 

^irkS.zn ^_rrj ^J33 j^ r C v rv ^ . 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


87 




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J.-B. CHABOT. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 8» 

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.s. _ qoAja ^VxâVuto 


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«•» En marge : ,XJI [= Z fipovpyn]. — m <r*i(wml*. — ( *' i<m*p*yXh. — “ xttpoupyi* 


SOT. ET *IT». — T. IUD. 

Iirtliuu IITMIiM. 



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f. 48 r*. 




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90 


J.-B. CHABOT. 




* f. 48 »*. 




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rdiinxxA)^ ^^\culL»^ . ^>u=^S^n« kT^S^Wa 




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.:. ^oo\d ouj^ 

^TO PuU'AI^ y^tt) 






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•* .T 3 "\JOJ* 5 \ p^\ ^»' 

P) r^raikcv^ r^rC? Vvlra 




i^xVvKf •. w ^-sor^ X-ro 



m SSûjoji\ pV\ v^fio^v 




0 ( 7 X 3 ^ (») rdûûAO^O 



•. )( 7 }O^J^ r^ 73 jC 7 XM rdlOVXOik 



pV\ ^q.u no 





03lL=3\ 




^73 .:. rdùxücL^ifi^ ^\x ^no •. oiixu 

9 (7)qXj^ (m^cütJD^ ûour^x : uy^\ TîicnSa^^ 


W Dans la mar^e le sujet est indiqué ainsi : 
.j. ^au ^Amn Kfnmn 


_ <«) 


OTOt^ttOV. - (3) Tl£/< 7 . 




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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


91 


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»t\ m \ m. v\ ^ a oocv ûv3Q . ,cnQVxjr^ * ^V\Wn3 



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^73 .;. Wk 3 ^\ t^l\ iAÛÛJ^V 

rdkV*^ KlmJia -V^ rP° • ’ < -* JJt - UT ' 

av.ûqq *. rdA »> v\ JOi'A ^30 û(7XlK^\ ••• *• 

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^»*ï\ irvAQ^ .:. VAtvn •• Aauso 

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•* TdjïnCLk. 



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rÉ'cAv-co : r^àvj=k-»îs\ ’ 


jJQÀi^ÛO Ak\ 


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^VxXDxûO *• )i\XJ 3 

•:. ^jaSjocb osA ArscuoA^ 
•:.X*^A«a KfVvoxmAxkiTD rcAA^oà\jt-3o rdioAJo rd: 

T^73^C7)^\ Ol\\CC73 ^73 rXftuXj3^V 003 

oôi i^uA^no •• Q 3 ^vVfcn.V ►m rvftvi^vjon 003 


13 . 



f. 69 r*. 


f. 4 g v*. 


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♦ f. 5o Y*. 


J.-B. CHABOT. 

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TOCUüAj kIiJjuX <7X\\OJ7lA^ <7X\UCO 1*^173 ^OOUSQ 7UV ^ 

k WSk^A 13A\ K^AO» . \\jT Kt 


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r^»i^ ^bo^oi^N ^«*!\ .î.rdYDcuA^ 

.:. «J\ \ V A oi^ <nA ^ Vv oAA vx. 



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v£ :ox-A XjA or£ Kir*r\œA 

aiA»i rL^\ ^75 Ot^ % ^vn T^YvûAaAvS 

; Aft-u^n -vr^-A ^=p an» .r^A^j 

^rn or^ • (t) _ 

^73 ; 

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oc7)^o\jk-j cnYvcA** •. rCfV uAtAu ^octjA Vur^ a^\ ^=*> 

cktxâVv ^ ^^<71 ••• ^nü oo ^ v> * ^ ■ n \ : ' T^ vmrFiû) 

^ftA« v\ "i - A* v\-* ji ocnar^ :i<^VvcAjAja ^ octîA 



OCTjA ^"l\pW73t\ 


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• •• YvC\-A — k . Y _V 4 



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veptrùvïiov. — (,) Ms. rdrvA La correction esl suggérée par le conteste. 


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93 


VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


*•« v-k.» usrdm^or* ♦ f. 5 , 

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^clA ^-X-d^\ ^^cl^Vcul ^-»t\ ,o?oAv_jr^ à 

• y<^r \ m lAvro ^^\cüjCU 03 %^aAam ^jctudo A% ^jo .kSî^oï 

^-p K?=ua A^k ^rn-A t^Vvoijcuxm tcAxjoa rCADo ^•gojVvHVv ^roo 

>cn .i^\\aro XcüLca^ ^o\ t^xx^ ,cn .:.^*Ao) 

V^aA : ^jOXjVvSVv ^ 3 p^\ ^»* 5 \ >C 7 ) . 1 ^Aû< 7 )T\ I^DÀCUtt W\ ^VoàV\CÜC 

VvcvA ^rn ••• t^jvcO^VvûAo % i^VvciA.Ava VvcAq : A\j^ k^joAcucm 



à^N rdi*u r^TTxrû % mA*u 



wAjaj Sivaj rdA^ \ TxmS-* oou^ •• 





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•5. ^ O 



p^\\ cv- Vtra xrnA .y^^nùni cn^xcA'* 

un^_»y^\ rduiûtdrj v.nk ' 

t^JcuA cvj^ûordzTaA pAxb^ r£\*vi r^j\aAo /^yA ^\ 

ciai^ : Ua v.'t iA pV\ i^a5oA_jaa ’vAu ^ Vvr^xA^x 

oo 3 urDT\ * ^\jv> VvaSA * f- 5 t 

^\*U 3 J 3 CklI 3 ••• 3 \Jai \73 r rv\ «. vy " v^v ^3o^qj t ^~> A 

A vkno . rd^A^v ^Doi^po ; cjiAjlU \r 

^ QX\ l ^iliOJQ .V^Vxi^V* chAj-si 

. rdxxruaAa % kÜ^jcjAo : Kli=rk=7xc» «^oÂ-rxxa^ r£jAr^ k^ocAA ciS*A ^rn 
k^J^Aû '. P) s^o^cnS^ûoojûar)^ ^ y en K^Hj^ncAq *, ^iti^Aq «. fi) ^\. -\\v\ft 
• ^LiScvAo •• cnVv»Qoc\ \. n ,_Q-im \<> », k?z i % t\ cni\cüiA5^j 

_ ^ •• ^xTDSjoir 

t^Ax a . v \ \ u î tx. x.'T ^ ra — ( V - A.w t Avj^ % (Oy\ ^30^ ^cucnA •• o*CTT^i\^\ 





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^jA^.\cuo ^ooîWj^o . i^Do^tn 

t^Aooi'sx r^ - rv ^<\ nr> ViclA^x t^^cv^Xcüc ^20 .|. r^iui-vw^ M.’dAom 

^ ^ o<mr^ \ i^\ 3 ûcd^\ r^AaenA** ^ t^3o^ .:. 





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VxclA : t^irvcvSVvcvx.Q .ja 



■=\ cwXftuA^ r^irveoerTj . ^v»v^\Av» 

* r^Wxax^Vx ^a=d : ôx.irutC ♦ 5 f r \ 

• •• T^VÜDA "A 


[,) Litter • ostiaria » ; gai!. : veine-porte. — (,) fieaipnoi'. 





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94 


J.-B. CHABOT. 


* 5s v*. 


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T^-ox^Vxr^ ûia ^=p •• r^rxiLûû i^V\o^âVv=do rd-^Vx<\x_3oo . ^A^aonA^o 

u-V* ^ 30 -* ^75 i^-^Vu .:. t^»\o\^j ctjA \rxu r^W^Avi \ cmVx 

^rp % ^ 30 ^\C 73 ,<noi\»rf A\.\^ ^ 7 D OOU^N •;• Vyr6\ 

»«» A.v \ ^_ttd : r^kn4a^ 



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a *ro ^3 •• ^ Klii-\V\ .:. i^\idao rc^nAo 


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Ol^ ^ 73 ^C 7 ) 3 X >( 7 )oAv»^ T<LAjX*^ T^AuxS^ 

^AaWA *(7)qAviX^ I^Ausé.^ ^ *73 OOUT^TX •*• , *v VyT^ 



^=po : xiwcn^x <nA*uA * iomuSxi Aa ^pxx Xia ,cn ^po 
,mO<5V_>^ ^-^XrC. .-C73 lA J=3*VJ3wl Y^i\JkJ<7X2w t^A K^Vfta t ^ ,cn ^rpo . ,ctjcuSjcu 



X^Axo\j< 7 )\ .S. 


7)^30 XfyX^ :oA 


(») 


jfetipa. — w hiiÇp*yfià. 


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UNIVERSITYOF MICHIGAN 


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<%y^ K^v. 


VERSION SYRIAQUE DE TRAITES MEDICAUX. 95 

Aa . r^Lzn-\crr\ ctxAau rç^vàftjc-i »\jc ^rn** >cn 


\ ^ : r^vxjLC^\m rdrp^» ijinn ^vjjojV^x*x 3 o 


Vv<\A* i^\too . r^jivmo^cno ndiAH 




. rdjLxjco^o 

,cn i^i\û ; \j<n\ .;. rd3o^cn^ ^jaoAüi^x 

rdAj^m rdaoiVv ^vtxa OK? i^rr>A y^>^\ 

^oici.k Dk <j ^-»*V-*" V.n JD—jen 



^Vv-xdoilJ^. t^A ^V\ojlXj^\ rdra-KeuD ^rn** i^Vcrv»<m •••>cn i^Xxi^rxoo 

uA-^Xjo : kT-S^v^A ^uxmV v^xmA ws^K^ 


•jp\m ûi^ :q>\.rv.A 
rdA** ^ v ^ ^ v*y> rtLzrk.cn "7^- ^vy^Avi rdirxco-^ oiAvcv*v*y^A 

# r<Lzr*'\<n'* o)Ax\S AvoVuAu* •$• rdxioSAA mAu rdS^vxD 

*:. vyi^\ * 53 

oenA 

; r*^' 

i ^jtv rCLm^cn .:. rdv-rrx^Tx^o^ ^.v.y.cvxo 

% ^j\vAAj 73 TdiAA-Lrw rdjJLx.^ 

Z3\-rxjT\ pV\ >-\ O. 

>\t\ ^ V /v v rL \ rd : y."73 




^vuA^^ rCTVvcv^rrxAyym V\<\A* kAcujo rL\.-^\y^ 
ï\*r£xix£x& .i.^xird ^-A^rdo rdirvryo** ^rn ^ 


rx-ûxiAvro Vv*rcAA»^\ 



yLa\ VvclA % rd^o^cn^N 


V\CLa Vy_A_x_yi 


,cn ^-Tp 
n >cn : rd ^yA\jA Av 

oen^ * 54 
a rdAvcv_^Avcuc 



"’ itàppajfià. 



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90 


J.-B. CHABOT. 


I. 5t »* 


f. 55 r*. 


j> V,ii< . 



QOÎO 

(l) orno 


mim 
ocno • rdj^ 


• •• 




qy£ vni^k! 3 o r^^\cü^ni 



tdiiio .î.Sûo^ivso , 

*7 3 . ■y 50 < iU 73 ^\ >(7)oW\ J ^73 



: r^V(ü\rai^ 3 A pAj . r&cn ,fnokjrcf 




jTOok»^ ^73 niV^"3^ rdlUkl^ : AVuXaLSO •. 

.:. t^ 7V k v\ SVia^so rd\o % oucW A\mXxj3 . ^»a 

•:• ^^=3 .:. ^ *7^03^ r6o ocn vni^ico idü\ r£ 

^ cky^ : -730x20 ^rr \23 ^ksooxu 

7^30 ^3^03 ^io3jC73Ji ^^CUUt^A ^73 1^73 0(7*0 •• 

,<noiu^ ^Xoj^V.n \ *730 û^ .^J<7) O(73O . ^\X3^\23 ^j 2*U23 ^7Xtt % 
y£ \ fc . ^o .^cu^ Ki\o^ : x rn K^WArxi^ncD •• r^\jox=a or 
o^ *• rv . » \jo 01 ^ •- -jt\ . rdx.W vyi^ ^A( 





’i* ^3x»*vn Xj^\ijr3 \*Vv*^ or^ \ -rAn 

^OOXiSVnû .:• I^XiO^ : Ü*\D . (1) ^<n\^ 

• •• rvv A V ^»“N^ ^jA(71 v Q(73l*^\j^ ^» , * v\^ A. ^ , A 



f 

y 


»* ocn ••• M « _ 

soVi 
7 ^V\S 


07 ^ % 







■î\ 


idima 


•:• rcfiruxioSVv^ : ^»-s\ ^Aoo •• 





(,) âpa^sTOü*. — < f) lx^*- — (,) — < 4 > cv^p€iw. — <*> Sic ms.; lire au 

singulier ? 


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UNIVERSITY OF MICHIGAN 






















VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

j ^cü( 7 )o ••• 


97 



i£û •• 


^A’vvro 

W ••• P) 


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kcno . ^A ^..k giA 

OK^ 

JL\.uXjC =3 ^ 





* f. 


Ckf£ ••Vv*r^ 7 j jA 
om r£A*^ •• ycndLx UJUO 
VAiiU ••• ^CTïcàvi^ ^A<v\^n o 

rd^_tt>OT<l=3 cnA 

V^\-T 3 uX. QOû\ 

^A\_ *^A ot^ 

n ,ctj 


. tnA a\mk.too 


Kot\ojL >cn 
}( 7 )oVv>Kf • 



*f. 


(lî jévoç. — (,) Ômov . 

HOT. IT K\TR. - T. XIRI. 

lirmitlll I4TIOIALI. 




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55»*. 


56 r*. 


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98 


J.-B. CHABOT. 


* f. 56 y*. 


♦ f. 67 r\ 


jJV.nPY^x r 6 v^^ . 

A T 3 . ^^\ftV 73 oi^ ^jkicrxm 

•. ^jAoj ^A.rcfo ». r^noVo 

kIuicül t Anv. r^A •• 



Atvnao rd^\u(üc.^ A^n % r^vu . -Ws^ 3\x. A^rr» r^vow 


a (i) 


• • 


**^n ra iAvrr3 



ixXx^xma 


• • 


-V\^ m \y^A\\uy^ 

À\^r73 •. y^AvAyjAAvo •• ^om^o^iAu 

ocn •. ^ot-v^àvm W^zn \ t^Vvj 

rd_vi^Vv_r73 ivx-n rdA*s\ rdm ocn . y^\\5vA ^ôœ y^VupdSAn 
.iuo^\ ^irav 30 % ^àMlkfli y^AvxkMMM A^n % i^iuiuW 
• r^vrrxrn^cûo .:. •. ^orv^Xi T<i^mcv\ 

ûx.m r^A \.r>.\ . ^jlA\-ûx^o ^a.n rw.iVu ^73 

A\jr^_KV 3 ^àU^PT\ ^do w <u<n •• 

^J 7 DT\ ^ ^CLim , 1 ^Ju 3 n ^\\CU 3 ^C 3 X 1 ^ûi< 7 ) ^ 

r^_iv-^rC^ : ^ocnVxcLv-rrx-ZD •. ^A\msn oy^ ^xioaoo ci^A ^no S 

7D ^VnXacü ^ni\ ^Sjîo .^iaa^=\ ^Scn\^v 

^v\rxae.o (*)rd*^o •• r^fixî^^ocTXâSVx 

^73 ^73 ^\30U ^73 

\\^zn . i^vrrxx* 7x303 ^rn cv^A ^rn .:. -^cxxxm 

rdA^V AJ^J73 . TOl vx *73 ^-»*=\ XTxA ^73 : <nA I^ÛO^ios •. OxA Kir3T\Vo30 



• •• 






.:. ^.k A 


^rxùxiVos tCiAa \^ja 
r^Ao rd^cn ^«txjOsVvo 



ocnVvcL-ion^^ r^Vvo\^^_rp A^ro^ 


(i) 


X VfiO/. 


_ (*) 


X ia. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MEDICAUX. 

Aû-U. A_=> clA 


y« 






\i3cao A A*cua \zjot£s?k yy^\ Aven \\jZn Ao . 

T 3 *!\\ rcArCf . ^ H_jocv-T 73 oA cA\ cL*2zrv A 

^rn AW % ,^aenVvnj20i^ ^rn A : AA A^J3 

>a : ^*j2no*ro (i)^j\j&oAA 

ai^ Azou^nov* A^m .:.(*) 

>■* _ octA 

0 ( 7 )Û • 


•• crx_A\jrw 







•* 

r^ocTU 

oA 



oen xAAs-* Vx*A Aven ^no . .AAvx^n 


f 

• •• 


o en 


^ro \Ai .:. rcA^ücü i^ÏTacano^ * Aovaro-* (») Aevua .^cu A 





f. 67 


a Ai\. ium \vT> A^ ^73 K^txûo oen vA^^oenn 

Ao enAjjA ^cncuod”** tdïOOA % ^»-* 

,ji\ -t a .:. ^d\xAvj AAjzsojdocû Aie A a \ «j^\ AAAVv 




cacni^sQ o<m^\ *.Saui^ pV\^ ^\ .;ô 

A ~_***_i A . • * v ™ Ajazï •. enAru A t6\oi . ^xwoo 01^ 

arCf Asamp ^7i£o ,cn<A\jA enVv A** oeno^ pV\n % kAj^djc 

,enAv*A* ^Vj\=oA Aci\= 3 VvA** aenaAa . Ai\xvA: 2 Aa .• 

,ena-»-X2nAo-* p^\ rdod^ -700*20-* ,en ^20 .K 

\.x\ s aA . Aa-SoiA Amoccv^^oA •• AVvSjaA AVvojov* *en ^ro Aa 

A A •• Acrvcn^ ,cnaVv-»A * >\jo* * AA^-20 * f. 58 

% »a Ven \ >enai\jA AW\2 Dl*x*> AkOtroSau'* A^2o AAaA .A\xxm ,enairv*A 
AVvv r*,*. fA \ *ÂA itv p*\* », AlUCo^n ••• rd*en »enaVu A Axa\rA 
;i^Xajua)^J 3 \-rv- 3 o aA •7x0x20 ^21 Aqlüo* ** . 

.:. ^Aj* (*) A*x*>a A* A^yj 22 Avro te awiAtv) 

Ajcûja *0* Aven 2n SA) •71*23 AnSaA a en >a P)A\A 


(1) é»io*. — (,) Phrase mutilée ou altérée. — (,) xivwv. — {é) owria. — (l) &pz. 

i3. 



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J.-B. CHABOT. 


f. 58 »\ 


f. 69 r*. 


100 



. y A Y .vAx-xm Wm » ^ 

V\cv rv.fA-v.o .* r^\ n AiaAjA** 



^ aA . cnA )<no^Vi^ 


oen Aaudoo \ 


•. i^ScuA aAxi^yx-to Vut^AjA-v* 





t^VvcujsnLra rdr^k. ^otm \j\j^ 
•ÿpva ^_»’î\ &A .âIuVvju ^Scu 

•. Klim ^73o .:. ^rxm fd\ A^ ^Nen A^pio 

: Axa )(tj : i^Xotxoiu ^rn &iî^m cucucra % Ax^So 

orh .:. rùuira^ *mo 



r Z n xJz n ^=n .^rclAxA* aA r^\\Ara^ ^ ,cn ^73 .K^vsivitd VurdAjA^ tâtant 
kj^AxAja ft \ % rvn \^ V7 -n AjT^AjA^ 

>A.V.\^ •. 

^ • 

^73 . 0<7I»i\*^ 



AjI^AiA^ ri ( 

^ v. ^QQJto . À n >Aj i^SJ^A ci \\t\ rdV^i^ . rdjbo xxcAVuo ^A^nAu 

><73 ^J73 rvrs^A 2lu£tt 7^\OI Ax^ 
-• ^cut^ Ax.nVo :r 6 jxroo 


• •• 





73 r^J^XXi VtCtAjA^ 1^\3 l^Q 

^=v_w-si . ^xViSAx VvAA^o •• 

<T~ 



r^i^n>"73o rd^A^DOû .Ajt^AjA^ r^vxxoo ^ooiAa 


(!| 01*712. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 101 

A .S. (TU fc%\ K!A\mjL30Q 

r£\ Kti-x* :^iuj\cnAQ ôx»^vit^ 

T* 1 " 


3 CTlAA t^Z73 OCTlX A\h. X.Vv 





.AauVuo 



• •• 



• •• 


CLD^UUâ ^jlA(73 «_CV^.X 

^jcuj X»k1AjA^ ^a^.\ 

Kicn .V^nriA .:. 

_VvaX*=\ rcAun r^icn \'V\» 
i^WiVV n^V-g-373 Vxo.rv mv.o Vvoj^Xu Vvscro * Vvcvj3ax_^ ^rn rdkxAcvü ♦ f. 59 V*. 

Ocjj P^\ ^»»^\ -X ^ ... y- X fH V ^ v \ t\ 

l rv-m vo rd\ ^ n ^clduuc^ 

^-xAcn ^utSc^ ^30 ^qoxâVn 

aJO’Ud XT^° oc ** • ^ jaî 

•^»\»Sj 3^ ^x \ »r<lr3 t^uSV r^\cn .^jxklûo ,mcA^. 

ocn #k13o.<cü 3^ r^Vcurwo i^^au^nrD s _oox>X>^ K^Vxcoj^vra chcs^N 

^ ••• 0]l\\C03l3 \i\d \Av» *. Vûii’US ^30 \^JO \»k»^ 

in ûou^ :t^^\euL3uXQ ^oox.»X»^ ^^(oo\d cfxtd ûAa 

*SVv ^i ; uj^ o<n Vice* en vs^»^\ •• \i\n ^ooudî ^so^tv 

- X ~7 3 \ >\^ m XrakjMoo n ^73 

VJ3 r^oou \>X» ••• *\»iv*^ ocn •• oonas^v 

r£»+m . rdûx i<iù30 oA ,^\nan\^ ,cn 01 ^ \ ( 1 ) i^rvxmf ocn 

XAu 01 ^ \iî 



l^^orD-K^ * f. 60 r*. 


.»-!\ ^30 ocn turc . ^ov^nj^ 
ot^ \j\j 3 \»^3^ ocn :\i^a 
VvoüX .• ^cjxoj A3A r^fjo t^ooii orC? ,cno \ 

73 i^Auvxor^ ^Di * ^-»03 u»Vv\A\A .:. au 

^AnAw. ^ 20 ^ vs^^x ^uo) 

.:. rcfirvA^o Vvxux ^ irur^X*oxx ^ \^ï * <x 
ousqluÎ^ ^30^v t^kAuA^ t^iSot^o % PütAVv^ p^\ Aiom 

P) ^ -ftv-x C L^. on r^ t^.x^30^ A.^.33 ••• ctAiji^ rcfku\* VvoX r^^oxm 


oasua 


^ cv 


30 




(») 


D après le contexte on doit supposer ici l'omission d'une phrase. — 


(*) 


<rvov£tiov. 




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UNIVERSITY OF MICHIGAN 






















* f. ÔO V*. 


102 J.-B. CHABOT. 

._on n V v \<v v\ -=v t^Avcljcoc r^A : r£^xyx.cà^ ,S<n 

r^A cÿu-ro . v i^^xcvjA^n »♦■ r£ 

(i) ^ v A ^ r^fna v..^ v^cv>^ AA ^-zna .^\^7 Xk joV\i^ kTVcuûjc. 

^vnm m t^oœ :r^*S^^A «j^^vxtd^ 




a . kAjA >ct)oVj^ i^i<n 




rc^r^jJ^Sc* i^uâjoo rd^rx»rrxviA ^cuiAra oA :cnXxJ^S Vyo\»Vy* A^tjttx ^v^i irw 

\ Y ^ .:.,XjuTd r^A 01 ^ >V\jC3A r£=n cichAa r^Ar^ : ^^cOjysc-i Kjlojq 

ai^ rdlvx^A ^>A\jC 3 ^A»r^ itv*r^\ 

octiA»a r^Vva»Aji<f >cicp 

.:. ^jAoo r^Viaia.r^ : ^»oruiv»r^ 

>axA ;i^i Y vv:v o^j^no * i^^a*\_AvjCDn AA^^o 



. r^Vva <V »\.n . i^Vwx-A-zn . i^V\ajacr\_vi 

.:. K^VvcvjAai . i^V\cvx*ar* . i^VvcuajAdo .r^VxaS»^ . T^ixojCkryjLH 
y ^ -r \ , <v jo , <y V yirv v, ^rp .:. rdi-mVv ^ * \<n rcTVxjô^A^ •^j'AjVwr7D rdim ^rpa 
•:. un^^v .:. aaJ^va^n ^rpa rAr7i\.\^Vir73 rdmjLCL^^ cnA»*^ P) t*Ar*>arC^\ 

V * —i ^73 ÛOUT^N .;• ^73^iv30^ OlA»^\ rAûûO^V C71^1»CüO A VvMV X. 

ot^ ^ n ft\ v\ q^ , qqA r^ub^. ^jA» : cnA.»^ ^juûoor^ ctx»Vvj^ cn^ciimo 
or^ % ctxA.»^ r£*x*>ai^ <tx_Avj^ cnAvcLirrxr^ ^vvjA^x> .: 

.:. \ rd+aznx* oi^ •. mA rw=vr 



•:.rdiAm arCf oiA 


• 

• •• rw. 



r^Avfla-Ky aré •• r^Avcur^^A 


Or^ \ ^jOUOlII o^ % 


fiAnay. ^=p 

Q^ . ^io ocrni^ 

^DO\XJ O^ *. \»\D^\ ^ 


ot^ \ i^i<w rCLuA—ki or^ •. ^ 


• •• 


kAA 


MCUC 


73 • ^>Q<n 

* f. 6t r*. cjqlA ^12 






><73 \ 



AvWv 


r^Avcrv^Sjsa r^VcLzrx*rrxkiA ,<no : r^Vvav^o 




^30»CV0^ T^ÀV^ftX ^jCDA^^VSO 
*Vkl^\ •• ^\y t\ ^jA<71*5\ 

’v ocn ^ 

O ••• ••• <7iA ^vnjj 



(») ÔçryaLVov. — (,) 0\)<jl%. 


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UNIVER5ITY OF MICHIGAN 
































VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


103 




16 avi : y cnaïr\*rd try^o : »<T)o Â\ . v\ ox. 

jtrxvÀA-uevx. . rCfVuAvw rdirr>A : Kjctu^S rdicn vyrcSo . 

^71 O< 7)0 . Xft V\^ QT^ . W- JV t ftn.3 

.:. xal^A ^ ocn : t^Aoo-coq xfAjoiv^o <aieuo •. 

% (i) *^cl\ûjo^ . octj^ \vs^A . rvr o ^îrucwxiVx 

>ytf T l ^0(711 t^D r^x\^a % (*) T^Cn^T^DO % 

I^ScUiO •. r<f.K.V-U Vv_*_2k vv * n r> \ OCTJ^ . ^CKTXkTO 

^ . V va (si^WSi^o .^ui^ ^A-soû-ïto *.)<L3 Ajja ^i\cuknVo 




*5V 


> u> i>\ac. 





\am VvcLzrxxrxxuo % K^VvcLlso ^acu^^do 

rC?VvcLkrr> Vva 

V\cLv_m Vva v.^^m * . ^rrxjjoàvso *vVv\aa c. * f. 61 y* 

*. ^x\(T) tv v tv _ >mV.i ^^\CU^>>!75^ ►l’A ^TW QS —tX3 .*.. V^V\AVv 


~ç=nr\ 






uax. 


r^ViAVv «^cur^ ^A.rc^c 






J3-3\ 


o-% 


oou^o •! 

• • 

r£ !Av* 

i\ ^ooxiivii^ ^AjT^Q 


• •• 


n o<m^\ • •• 



•.(*) 


•.kTVûv 



\0_30 KT^An 

^NCÜj^JD 

^ oowKf 


VvSVv V \.—>r\ t^VvtLiLii 


tr 


• •• • 


• •• 




V aacv-jc. ^xV-ir^c 

i^VvcLi 73 Vva \ » \^ rv A : r£\\ <L ±-zn Vv< 

r^Vvo\-_*\_J3 -TX_^.^ ,-=73 OC7X-ir^=\ 

■\V\V\'* ocmKf ît^v\cl 30* Kjk^o^ ^73^ %ré*o» i^V\cuî^n 

i ^viA-n *<1=73^^ % rC?irvarrx*=rxu * f. 6i r\ 



**> âfjtvXor. — (>ï xa&pc/a. — (#) xy?parr<)v. — l * J ov<r/i. 


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UNIVERSITY OF MICHIGAN 






























J.-B. CHABOT. 


IO'i 


* f. 6» »*. 


• f. «3 r*. 




rcf VvoKf > tondra \ —» tcIAa ^ 


• •• 


» -AiKAjJL^^ ^75 ÛOWT^ ^OMUAûSillO )(7 )OjXV^JQ 




uy.^, aA .:. ^\x)\un 


Kn 


^ *C7J OUA *. 93C3 SdlXdi 

^7) •JP\30 % <nA ,y».73Q 

.• toVûj3û\^ 73 oour^o . ’vmi^àvm 

: p\m Kooxi r&cn ^rn * 




och vy^\ ^-j'a Kim .:. ouo^ulso : ud\U7)A 9 m 

> V -v VvKSx O en <ry1^0 •• Q0"U1^\^ I^AxA^V 1^VaOl\ WjJGOQ ^ V-i rfcQ 

i<n o<m^ : ctjAjc^^c 

»cn-s\ i^vcn \\.VnA oow^ • 

w • 

ifxScTX-l 



• •• 


• •• 



A^ 



^omA VulAA\ 7\ pV\ rdx.cn 

vyt^o V\oA rdj^\A -jd^jooA txx^VvVv 

ï^wi % ^oAx. \ ^7) 

i<n . ^A r^mcv\A^' 

rd»moV\ •• ^ûjcn 

f* 

rC/^cn AJ^oû tj»^-7iLi.^ >cnA 
>*■* kIva^ : ^o<ni\Q\>M À^n ^txi^ -^poàvm 

o(n^U7i^J^ ^A \Am**i 






v \ro 3^^ AA^m v^oiKT 7cxvY^ ^xiûoSioî r^Aj^r^ 



n> 


Cf. gr. rrrp«3i^. 


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UNIVERSITYOF MICHIGAN 

















i^\en \.\y^n 


VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

^do\v» .;.)0 )oW r^irvcvv jzn 

. yxxrrx^Q ^*\yj d : 

a (l) .:. Vvojcd^.0 rd'ksax»^ rvr^ 

r^omo . oxAvir^ 


105 


o . 










OCwAji ^<T) JL^JOO . 3t\-\ 

ooxAvjy^ cttcrvfi A>^ 




m •• ^Vv^Vv ^o} 


V 



,rClxjcn :^r\V\ ^ooXâX»^ ^oaüxiai\^M. 

: r^ruvAn . 



• •• 


|-=\ r£»xx.\\ * rducvta . rdlo 

oen : r^-ntAn 


♦ f. 63 v*. 



^ûiO) 

r^uoSA ^n «_eu en 

- 



•:• ^Jaen rdAo w ooA^ w oenjk»Kf 



(,) oirtTt*. — (,) api. 

»UT. KT K\TH. - T. XLIII. 


l4 

lanniui unoaiu. 


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f. 64 r*. 


f. 64 y*. 


106 


CHABOT. 



vis^ rxft) ^VucuaVv y^)rL=n±^ 
'Xâ'vson ya'xm .pow 

KfûOli^ 



ojuxjS ♦ yjjftS ^sSot\ oiV\o\»\doo ^rr> 

^ VcV.ljk.DO 


^ _ 003 ••• 

cnVaoo\w .:. t^boo r6<n AvVvjrao 
-\^“r> . rdn r^Vordüm 


(>) 


OTOt%€ÏOV. - <*> 0V<712. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 107 

y-icn . A \j *y>o . KlXoxAA rASifYX-ZD VvjtcIAAa VvuAvx.Y<ja jcAxy^q 

^Aœ A.^o •• xj-yJirL^n ^V-jK^.V Ano Y^\Sa jTOoAjK^ r^uS 

^ »^\ y^.vx.»S ^_rn # r^\Scv,rD ^ •• r^^rry ^rn Y^VtixvO^ 

•.Vvvtsi^Wa 1^\qqW rAS^vjcm oxtda t^Wtd Aa* . tCj^JO * 

.J. T^i\CmjSl73C3 ^>1 
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108 


J.-B. CHABOT. 


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f. 66 »*. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


109 



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7 xàfifiiç. — {#) Ôttiov. — l#) ivrûorov. 






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UNIVERSITY 0F MICHIGAN 

















J.-B. CHABOT. 


* r. f»S r 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MEDICAUX. 111 

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• KÎ’NCTJX )ï\\Jt.t^ T^^ClLu^V T^T^jL^ÛÛ T^^CWX -V rv\ \ 'prdn’: 

(,/ ixijxw. — w Cf. p. ai, I. 1 1. — w Ijnrôxpm^. — < 4 > Iwxov. — « aétJtXiç . 

* 0 *. — (7) ivurov. — (#) <rrdfi 2 )(pi. — t#) ^ufiôs. 


(4) x(tfAl- 


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112 


J.-B. CHABOT. 


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.:. (») >Jordj\jVv •. ^ot^iiiVv Vvoxrràvx.^ idso 

• i^<yjcràuL3o (s) ^cuijVx 

►a clao * . d\aa^rr>âvjcrc * KlzJOô-ir^Sr^^ ^rr> v^VvVso viXac.^o ,^u. 

: Wr^v-ûocD cnca A.Ü^ A^doû : Vv .:. ^eu^jVx 

.:.fdx Vvcvxw r6\5i^ .* r^ien r^znjc r *oxA x nv> 

jft . œVw-w a a. "3oc . éüJLwa oisoo . ôuimo r^ocn 



* . («) ^aiwV^ oocü\p} : t^oai ,moiuKf t^oo\n .:. enAAgx 
: k 1 j\ux^ t^\Aûùa ctxtd iLcooi^ \fc\^ a en : P) 

mk.AA^n^ o en ^jtJxA -^.V x^\ : ^ v jLftx.vn uxXjtr^ emjbsûQjtf^ r6k\x^ 
-wvA \A. \ ^rdiew . (») oog-uAr^X^'. emHJ^ox. rdA^o ^ enVxAvu .:. 

uxjo i^^jjox^o . rn~>^ i^jbiaxtt ««V^« : » A\W 

^ ,œa^.Sv ^ «&\ Mjcn . <rxArry\ 

^ ' 1 ^ \ oAàU^ T^\\^ ^730 •, 



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.:. t^jea^xûî^ ^Vcu^uxxsoa Ax gxjL^Vvi^ kAx»^ 

^3 ^ v.17 X^7X00^ ^^\cuHrxx"7>o y^Vtu Ax r^xxg^ «^ooxA réaen 

••• *^ooi 3 aqS Aa.o ^ AvjrdvjSVv î^enoj \uA Av»*^\ rdA>^ Vy 


k ‘ tfrçpiix^. — l * Mi#piàar>/>. — Orjplov. — (4) iraparwp/«. — (l) i^ihvi., — W Mi)vos 
QtXôaoQoç. — (T) Àvàpofiixoç. — (9) FaÀrçvOs. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

^ •• w OtTX.\.mO 



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^ >n)cvj 73 ^a 5 *^p(nA^ ^.rp ^cuAn rsia»^ 

^VT 73 ** r ^MCüLSO Wo^AjtY ^ 

^ \ w ~r =\ ^Arüa^A rdxdasoLfiû^ ^ooxoï^o : 

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114 


J.-B. CHABOT. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


115 


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116 


J.-B. CHABOT. 


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.:..:..:. rein Xaitfvjivj a<n 


A la suite de cette demière question vient dans notre manuscrit un nou¬ 
veau titre ainsi conçu : 

... ^ nlt^aord xjCui^ oA>a : rCjcn-\<vs.A 

C est-à-dire : Des phases des maladies : du même Hobeisch le Gaucher . 

(.est le début d’une vingtaine de questions physiologiques, pour la plupart 

•iym-z courtes. En voici le sujet, d après le sommaire noté en marge en face de 
chacune : 

As- (pulsations artérielles) [fol. -]& r°], - r£'b=nâ .jo A^. 
(âges [f. 76 v°J, — rdâjcxrx k^cüs^As- (couleurs de la peaui [f. 77 r°J, 

— Kf-vs-ao* Kjoï^As- (couleurs de la chevelure) [f. 77 v°], — kjo\ Ax 

(couleur des yeux), — i^Vioajl As- (aspect extérieur) [f. 78 r°], 

— As- (les saisons) [f. 78 v°], — «TVoiLûocn As- (les 
ablutions) [f. 7,, v°J, — kTVvAJs*^ As- (les aliments) [f. 80 r»J, — 
k^ü*. As- (les breuvages) [f. 80 v°], — «TW As- (le sommeil), — 

A^. (la veille), — t^l^oo» A-^. (le mariage) [f. 81 r°1, — 
^*A f i\ i^jb» As- ( les allections de lâmej, — ^^\»<»> \v 

(diversité des membres), — kAïu As- (les facultés), — <Wn As- (le 
cerveau) [ 1 . 8a r°J, — rcTVucr^ As- (la lièvre) [f. 8a v°i, — i^Wvax^v 
(l’urine) [f. 9a v°], incomplète à la fin. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. Il 7 

Je n’ai pas eu le loisir d'étudiei ces questions, ni surtout celui de recher¬ 
cher si l’une ou l'autre n’a pas été publiée, comme je le crois, dans quelque 
compilation médicinale arbitraire. Et c’est pourquoi je ne les joins pas aux 
traités précédents. Si un nouvel examen me permet de constater qu'elles sont 
inédites et présentent quelque intérêt philologique, j’en ferai l'objet d’une 
nouvelle publication. 






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I 


THACTATUS DE MED1CINA RABBAN HONEINI, MED1CI : 

QUAESTIONES ET RESPONSIONES 

Quot sunt variationes organirae quoad magnitudinem ? — Duae. — Quaenam ? — Vel 
cum crescit membrum plus quani decet, velut cum crescit lingua aut caput; vel cum 
minuitur, veluti cura minus fit caput, aut jecur, aut venter. 

Quot sunt variationes morborum organicorum (|uae fiunt in numéro ? — Duae. — 
Quaenam? — Vel enim in excessu, vel in defectu. — In excessu quidem quot modis? 
— Duobus modis. — Aliae quidem (sunt ) e genere naturalium, veluti digitus sextus, vel 
e genere praeternaturali, veluti calla aut verrucae. — In defectu autem quot modis? — 
Duobus modis. — Quinam? — Aut enim totalitater 'déficit), veluti ablatio tolius digiti; 
aut partialiter, veluti ablatio articuli e digito. 

Quot sunt variationes morborum organicorum quoad positionem .. membrorum 
inter se, veluti labiorum et digitorum cura unirentur et non separentur et non 
adhaererent W. 

Quomodo fit solutio unitatis morbi generalis; nam sive in membris assimilitivarum 
parlium tantum constituitur, sive in membris organicis. — In membris quidem assimi- 
litavarum partium tantum, quomodo? — Etiam enim in osse subsistit, et in carue, 
et in nervis, et in venis, et in arteriis, et in musculis. — Quod quidem in osse subsistit 
appcllalur tebara^\ quod autem in carne subsistit si quidem est recens hebarta appel- 
latur, si autem antiquus : thouhna^\ si autem in nervo subsistit bazi'a (6 ' ap|>ellatur; si 
• p. 5 autem in arteria subsistit aneurisma appellatur; ‘si vero in vena talha W; si autem in 
musculis, si est quidem in initio eorum anrdxjyui vocatur, id est autem scissio vel sectio, 
si vero in medio eorum prçypa appellatur, id est rima. 

In membris organicis, quomodo? — Velut amputatio manus vel pedis 

Quot sunt dispositiones corporis? — Très. — Quaenam? — Sanitas. Aegrotatio. 
Dispositif) neutra. 

Quid sit sanitas? — Sanitas est status corporis in quo perficiuntur operationes 
naturales. — Quid sit aegrotatio? — Aegrotatio est status extra naturam, ex quo 
primum la«duntur operationes. — Quid sit dispositio neutra? — Est status corporis in 
quo nec sanus nec aegrotus, simpliciter dicitur. 

Quot modis dicitur dispositio neutra ? — Tribus modis. — Quinam ? — Vel cum sit 

t 1 * Lacune d'une ligne et demie — Phrase qui semble altérée. — C’est-à-dire confractio. — 
<4) C’est-à-dire vabas. — l4) C’est-à-dire aie as. — (ft) C’est-à-dire fissara. — ^ C’est-à-dire 
extenu ans. 



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119 


VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

corpus possidens sanitatem et aegrotationem simul in membris divcrsis, quemadmodum 
in caecis et daudis; val cum non sil possidens non unam quidem illarum princip.il iter, 
quemadmodum in senibus; aut cum aliquando quidem sit sanus, aliquando autem sit 
aegrotus. — Quomodo? — Ille enim cujus temperamentum est calidum, in aestate quidem 
plurumque fit aegrotus, in hieme autem sanus; ille cujus frigidum est temperamentum in 
hieme quidem aegrotus est plerumque, in aestate autem sanus; et ille quidem cujus tempe¬ 
ramentum est humidum in pueritia quidem aegrotus fit plerumque, in adolescentia autem 
et senectute sanus; ille autem cujus aridum est temperamentum, in pueritia quidem sanus 
fit plerumque, in adolescentia autem et senectute aegrotus. 

Sanitas, et aegrotatio, et status neuler pharmaco quodam agnoscitur unusquisque. 

— Tribus. — Quibusnam ? — Aut in corpore quod ilium (statum) possidet; aut in causa 
quae eflicit vei conservât ilium; aut in indicatione quae ilium notificat. 

Quot sunt généra causarum ? — Duo. — Quaenam ? — Ex eis enim aliae naturales 
sunt, ex eis autem extra naturam. Et naturales quidem aut conservatores sunt sanitatis aut 
ejus effectores : conservatores in sanis, elTectores in aegrotis. Quae sunt extra naturam, 
aliae quidem sunt morbidae, aliae autem neutrae : morbidae quidem illae quae faciunt 
aegrotationem et illae quae servant illam; neutrae quae laciunt dispositionem neutram et 
quae banc conservant. 

* Quot sunt variationes causarum generalium aegrotationis et sanitatis ? — Sex. — Quae- * p- 6 
nam? — Aer qui circumdat nos; quae comeduntur et bibuntur; excitatio et quies; 
sumnus et vigilia; evacuatio et retrntio; passiones animales. Ilaec enim cum congruenter 
ordinantur in quantitate et qualitate, in tempore et in ordine, sanitatem custodiunt et 
efTiciunt; cum autem contra ri us sit usus eorum, aut in quantitate aut in qualitate, aut 
in tempore aut in ordine, aegrotationem faciunt et custodiunt. 

Quot sunt variationes causarum morbidarum ? — Très. — Quaenam ? — Ex eis 
enim dissolventes sunt : et sunt illae ad extra, quemadmodum frigus; ex eis autem sunt 
anteriores : et sunt hae ad intra, quemadmodum plenitudo; ex eis autem posteriores, et 
sunt quae cum propinquant proxima est aegrotatio, et cum recedunt recedit, quemadrao- 
dum putredo quae facit febrim. 

Quot sunt variations causarum generalium aegrotationis et sanitatis ? — Duae. — 
Quaenam ?— Aut enim accidentales sunt aut necessariae. — Accidentales quidem, quo¬ 
modo?— Quemadmodum percussio lapide, amputatio gladio, combustio igné, et 
morsus ac punctiones animalium. — Necessariae autem, quomodo? — Quemadmodum 
illae sex quae supra dictae sunt esse generales.— Quae?9) — Prima quidem adhaesio 
humectantis in operatione, sicut lateres; secunda autem proximitas humectantiuin sicut 
dnuheW, tertia autem multiplicitas ciborum et potationum; quarta vero tegumcntum. 

Quot sunt causae aegrotationum, quae cum materia ingrediente in membra ? — 

(,) Phrase évidemment altérée; question incomplète. — LXslne, mot inconnu, peut-être 
corrompu. 




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120 


J.-B. CHABOT. 


Quinque. — Quaenam ? — Robur ejus qui emittit et débilitas ejus qui recepit; 
et al>undantia materiae; et débilitas virtutis nutritivae; et amplitudo seroitamm. 

Quibusnam temporibus ^ laeditur species naturalis membrorum ? —Quinque. — 
Quaenam? — Vel in utero cum formatur fœtus, vel tempore nativitatis, vel tempore 
lactationis, vel tempore nutritionis, aut propter morbum qui accidit ei in aliquoex bis 
temporibus aut post illud. 

In utero quidein dum formatur aut propter abundantiam materiae vitiatur s[>ecies 
membrorum quando erit nimiuiu semen; aut propter deficicntiam ejus, quando erit 
minus semen; aut propter qualitatem non congruam quam possidet illud semen cum sit 
spissum vel aquosum. — In tempore nativitatis, cum male exit foetus vel super dorsum, 
• p. 7 vel super* genua ejus. — Tempore autem lactationis, cum male tenetur in fasciis. — 
Tempore autem nutritionis, cum sustinctur quando accipit lac in ore et quando sugit. — 
Propter morbum qui accidit ei vel propter rupturam nervi, vel propter rigiditatem, vel 
propter relaxationem, vel propter vulnus, vel propter tumorem. 

Quoi eau sis laeditur species naturalis membrorum ? — Septem. — Quaenam ? — Aut 
ex nutrice, aut e medico, aut ex infirmo, aut ex fractura, aut ex quassatione, aut ex nimietate 
materiae, aut ex ejusdefectu. 

K nutrice cum non congruenter apprehendit puerum, aut cum ante tempus congruum 
sinit eum deambulare; ex medi(X) quidem cum non bene restituit et colligavit membra 
confracta; ex infirmo autem, quando antequam consolidetur os confractum eo utitur; ex 
fractura ut quando corriguntur prominentia, et solutio costae et distortio femoris; 
propter quassationem autem ut quando quassitur nasus et inde fit simi condition ; ex 
nimietate materiae velut in elephantiacis; ex defectu autem velut in phthisicis. 

Kx quot causis fit angustia foraminum ? — Ex tribus. — Quaenam ? — Vel propter 
collectionem, vel propter congruentiam, vel propter obstructionem. 

Collectio quidem fit aut propter robustam vim tenentem; aut propter debilitatem ejus 
qui manifestât; aut propter frigiditatem; aut propter acritatem; aut propter siccitatem; 
aut propter constrictionem, velut pressionem vinculi; aut propter laesionem speciei 
membri; aut propter tumorem. 

Congruentia autem fit cum praccesserit ulcus. 

Obstructio fit aut propter ea quae decidunt in foramina, velut chymus, aut lapis, aut 
cruor fluens aut pituita, vel propter ea quae germinant in ea, velut caro et verrucae. 

Ex quot causis fit laxamentum foraminum? — E quatuor causis.— Quae? — Aut 
propter turpam deformationem vis tenentis; aut propter debilitatem vis tenentis; aut 
propter calorem et humiditatem; aut propter pharmaca purgaliva. 

Ex quot causis fit moilities ? — Ex duabus. — Quaenam ? — Vel ex aliquo interno, vel 
p. 8 ex aliquo 'externo; ex aliquo interno velut ex chymo viscoso, ex aliquo autem extemo velut 
ex ceratorio. 

(*> Ainsi daprès correction. — w Gall. : «nez camus». 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 121 

Ex quoi causis fit asj>eritas? — Ex duabus causis. — Quaenam? — Ex quodam interno, 
vel ex quodam externo. 

Ex quodam interno, vel ut ex superduitate acuta; e\ quodam externo, velut ex fumo et 
pulvere. 

Ex quot causis fit superduitas membrorum quoad numerum ? — Ex duabus. — Quae- 
nam? — Si quidem est naturalit, ex abundantia materiae aptae fit, et ex vigore vis. 

Ex quot causis fit defectus membrorum quoad numerum? — Ex duabus. — Quae- 
nam? — Aut ex causa interna, aut ex causa externa. Ex causa quidem interna, ex 
defectu materiae. Ex causa autem externa : vel ex uslione, vel e frigore, vel ex putnxline, 
vel ex amputationc; putredo autem fit e phannacis mortiferis, vel e non dissolutione. 

Ex quot causis fit augmentum membrorum? — E tribus. — Quaenam? —Aut ex abun¬ 
dantia materiae, aut ex vigore vis, aut ex bis duobus. 

Ex quot causis fit paucitas membrorum?— Ex tribus. — Quaenam? — Autexdebilitate 
vis, aut e paucitate materiae utilis, aut ex malo externo velut ex amputatione, vel ex ustione, 
vel ex putredine, vel ex frigore. 

Ex quot causis fit mutatio positionis in forma? — E duabus causis. — Quaenam? — 
Vel propter coinmotionem immoderatam, vel propter humorem immensum qui relaxat et 
déformât. 

Ex quot causis fit mutatio positionis in participatione? — E duabus causis. — Quae¬ 
nam? — Vel e collectione quae non obedit separationi; vel e separatione quae non (obedit) 
collée tioni. 

E quibus causis fit unaquaque istarum? — Ilia quae in collectione, ex nativitate vel ex 
vulnere; ilia quae est in separatione, ex tumore, vel ex ulcéré, vel ex contractione. 

Quot causis fit solutio unionis? — E duabus causis. — Quaenam? — Aut ab aliquo 
externo, aut ab aliquo ‘ interno; aut ab aliquo quidem externo, quod diruit, velut commotio 
vehemens, aut secat, velut gladius; aut distendit velut funis; aut contundit, velut lapis; ex 
autem aliquo interno : vel ex chymo acero qui minutim secat, vel e vento vehementi qui 
dilatât, aut e chymo spisso qui diruit. 

Quot sunt généra indiciorum? — Tria. — Quaenam? — Alia quidem sunt sanorum; 
alia autem aegrotantiuin ; alia autem eorum qui nec sani sunt nec aegrotantur. 

Quot sunt généra indiciorum cujusque ex his tribus : sanorum inquam, et aegrolau- 
tium, et neutrorum? — Duo. — Quaenam? — Ex eis quidem indicant circa membra 
homœomeria, alia autem circa membra organica. 

Quot sunt variationes indiciorum quae indicant circa membra homœomeria? — Duae. — 
Quaenam? — Aliae enim sunt essentiales, aliae autem accidentales. Essentiales quidem sunt 
calor, frigus, siccitas, humiditas. — Accidentales autem quot et quae? — Ex eis enim 
aliae sunt palpahiles, velut durities et mollities; aliae sunt visibiles, velut albedo et nigri- 
tudo; aliae (sunt) completivae, velut actio perüciens. 

Quot sunt variationes indiciorum quae indicant circa membra organica? — Duae? — 
Quaenam? — Aliae enim sunt essentiales, aliae autem accidentales. — Essentiales quot et quae 


SOT. KT K\TS. - T. XUll. 


16 

KMIUlll I1TIOUU. 


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Go ogle 


p. 9 






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122 


J.-B. CHABOT. 




IO 


(sunt)? — Formatio, magnitudo, mensura , positio. — Accidentales autem quoi et quae? — 
Pulchritudo et deforinitas, et operatio |>erficiens aut laeden*. 

Quot sunt généra indiciorum illorum quae bene généra cnnstituunt? — Tria. — Quae- 
nam? — Ex eis enim alia indicant de eis quae transierunt et vocantur memorialia : sicut 
quando videmus corpus humidum cognoscimus quod praecessit sudor; alia indicant de eis 
quae sunt praesentia et vocantur indicativa : quemadmodum quando videmus quemdam 
percussorem rapidum et fortem cognoscitur quod aestus superavit ; alia indicant de futuriset 
vocantur praescientia, veluti quando videmus labiam tremulam praecognoscimus de pœni- 
tentia : quae cum in sermone manifestatur, vocatur praedictio. 

# In quo differunt indicia ab accidentibus? — In relatione ad rem in qua occurrunt. Nam 
in se ipsis eadem quidem sunt; sed aegrotanti quidem accidentia sunt, medico autem indicia. 

Quot sunt généra accidentium ? — Tria. — Quaenam ? — Alia enim consistunt in noxia 
opération», sicut retentio urinae; alia in dispositione corporis, sicut icterus B; alia in sp 




eorum quae eiiciuntur, sicut urina nigra. 

Quot sunt variationes accidentium quae in noxia operation» occurrunt? — Très. — 
Quaenam ? — Alia enim in deperditione compléta operation» et cessatione operation» consis¬ 
té velut caecitas et paralysis; alia autem in ejus deminutione, velut ohnubilatio visus et 
obscuratio; alia autem in ejus cessatione, velut cum quis videt culices aut testudines, aut 
quod in digestione mutantur alimenta in aciditatem aut in fuliginem. 

Quot sunt variationes accidentium in modalitate corporis? — Quatuor. — Quaenam? — 
Et impétigo, et nigredo linguae, et ruhedo, et albedo; et similia. Ex illis autem sunt odora- 
biles, sicut odor halitus et odor sudor», et odor nariurn vel axillarum; sunt autem gustu 
nota, sicut salsedo, et amaritudo, et aciditas; sunt tangibiles, sicut mollities et durities. 

Quot sunt variationes accidentium in specie eorum quae emittuntur? — Duae. — 
Quaenam? — Ex eis enim sunt audibiles, ex eis emissiones simpliciter. — Audibiles quidem 
quot et quae? — Sonitus et voces. Sonitus quidem sicut éructationes W, et murmura et 
crepitus W. Voces autem, sicut vox rauca, et vox tremula. 

Emissiones simpliciter, quot et quae? — Aliae enim in omni généré sunt extra natu- 
ram, quemadmodum eruptio sanguinis {hœmorrhaghia ) ; alia autem in quantitate sua sunt 
extra naturam, quemadmodum sicut diarrhœa; alia autem in modalitate, sicut urina 
nigra. Per haec indicia cognoscuntur membra quae infirmantur. Si quidem in parte exte- 
riori sunt, inter ea quae manifesta sunt scnsibus, quomodo? E mutatione coloris pellis, et 
teneritate et duritie, ex calore et frigiditate; ex magnitudine et ex numéro; si autem in 
p. ii profundo 'latent, per sex régulas se manifestant. Prima ex natura operation»; secunda, ex 
illis quae ejiciuntur; tertia, ex dolore speciali; quarta ex positione; quinta ex indole passio- 
nis; sexta, ex examine et quaestione. 

Quae sunt causae accidentium aegrotationum? — Fiunt enim accidentia, vel ex malo 
temperamento, aut e morbo organico, vel ex solutione unionis. 


tl) Gall. «jaunisse».— (,) En marge : singultus acidi. — En marge : flatus ventris. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 123 

In quoi partes dividitur operatio? — In duas partes. — Quaenam? — Custodia san«>- 
rum, quae per ilia quae sunt similia fit, et sanatio infirmorura, quae per ilia quae contra¬ 
ria fit. . * 

In quoi partes dividitur custodia sanorum? — In très partes. — Quaenam? — In 
custodiam eorum qui sine culpa W sani sont; et in praecustodiam : custodiain eorum quorum 
declinare coeperit sanitas; et in operationem eorum qui debiles sunt. 

Quibusnam fit custodia eorum qui siue culpa sani sunt (ÎJ ? — Per moderationem cau- 
sarum generalium : quae sunt istae : aer qui circumdat nos; quae manducantur et bibun- 
tur, sumnus et vigilia, mobilitas et quies; |>assiones animales. 

Per quae fit praecustodia eorum quorum sanitas declinare coepit? — Per res duas. — 
Quaenam? — Per évacuationem chymi qui superat in corpore, et per aptum usum ex his 
sex causis praedictis. 

Quae sunt corpora debilia quae actione conservativa sanitatis indigent? — Corjiora pue- 
rorum et ilia senum, et ilia quae eflugerunt e morbis; corpora autem puerorum et senum 
propter debüitatem eorum et propter multiplicitatem superabundantiae eorum, et prop- 
ter vigilantiam eorum; corpora autem e>rum qui eflugerunt e morbo : quia diminutus 
est in eis sanguis ut augeatur indigent. 

Quot sunt variationes sanationis? — Duae. — Quaenam? — Una quidem est gene- 
ralis : est ilia quae fit per usum aptum sex dictarum causarum; altéra autem est 
particularis. 

Quot sunt variationes sanitatis particularis? — Très. — Quaenam? — Aut in morbis 
homœomeris fit (variatio); aut in morbis organicis, aut in solutione unionis. 

Morbus qui in homœomeris per quae sanatur? — Per colligationem et ligamentum. 

* Morbus qui in cavitate quibus sanatur? — Si quidem magna est ilia cavitas, per 
quietem et ligamentum; si autem parva est, per operationem et sumptionem habitus. 

Morbus qui in amplitudine foraminum quibus sanatur? — Per ea quibus sanatur mor¬ 
bus in cavitate magna, et per adjutoria contraria illi causae. 

Morbus qui in augustia foraminum quibus sanatur? — Si quidem ex vigore vis tenen- 
tis est angustia foraminis, |>er dissolutionem eifusionum et per unguenta sanatur. Si 
autem e debilitate subjecti, |>er adjutoria quae aperiunt et roborant. Si vero propter frigi- 
ditatem, per calefactionem. Si autem propter acritatein, per dissolutionem; et si propter 
ariditatem, per humecta tionem; et si propter constrictionem, per solutionem; et si propter 
laesionem speciei, per emendationem speciei; et si propter tumorem fuit ilia angustia, in 
sanatione ipsius tumoris sanatur. Et si propter sanationem, per scissionem. Et si propter 
aliquid quod incidit in foramine, per abscissionem sanatur. 

Per quid sanatur aciditas? — Per asperitatis producentem. 

Per quid sanatur raucitas?— Per unctionem. 


(l) En marge : sonitus qui exeunt e podice. — (,) Le sens parait être : «ceux dont la santé ne 
donne aucune inquiétudes. 

16. 


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124 


J..B. CHABOT. 


Excessus numeri quihus corrigitur? — Aut per sublationem, quemadmodum scro- 
fulae; aut per remotionem, sicut aquae in oculo. 

Defectus numeri quibus sanatur et quihus non? — Si quidem ex sanguine illud mem- 
bruni habet existenliam, potest in omnibus aetatibus nasci; si autem ex semine, in aefate 
juvenili tantum potest survenire. 

Magnitudo membrorum quibus sanatur? — Per quietem et per ligamentum. 

Paucitas membrorum quihus sanatur? — Per mobilitatem et frictionem. 

Mutatio positionis quoad iocum quibus sanatur? — Si quidem in collectione fit, per 
separationem sanatur; si autem propter vulnus, per sectionem sanatur. Si autem propter 
tumorem, in dissolutione ipsius tumoris; si vero propter contractionem, per purgationem. 
i3 Solutio unionis quidnam postulat ad cjus sanationem?— Quatuor res. —‘Quaenam?— 
Collectio eorum quae séparantur; custodia ipsius collectionis; impediens ea quae in ea 
irruunt, et custodia ejus naturae. 

Quot rebus perficitur sanatio? — Tribus. — Quaenam? — Vel per sex illas materias 
necessarias quae dictae sunt; vel per adhibitionem pharmacorum; vel per chirurgiam, id 
est usum manus. 

Quot sunt modus utendi adjutoriis? — Duo. — Quaenam? — Vel enim interne ulimur 
eis, vel externe. Interne quidem, aut cum per os ingrediuntur, aut per aures, aut per 
podicem, aut per virgam; externe autem, velut emplastra et balnea, et eflusioues, et 
liturae, et unctiones, et inspersiones, et ligaturae, et ligamenta. 

Quot modis adhibetur pharmacum internum? — Tribus. — Quinam? — Vel ut eva- 
cuet, velut scamonia; velut cnhibeat, velut asparagines; velut temperamentum mutet, 
velut aqua frigida iu febre. 

Quot modis adhibetur pharmacum externum? — Quatuor modis. — Quinam? — Vel 
ut imminuat, sicut pharmacum destrucns carnem; vel ut augeat, sicut pharmacum pro- 
ducens carnem; vel ut prohilieat, sicut pharmacum retinenssanguinem; velut mutet, sicut 
aqua frigida in corpus. 

Quot sunt modi utendi chirurgia? — Duo. — Quinam? — Vel in carne utimur ea; 
vel in ossibus. — In carne autem quomodo? — Vel in scissura, vel in amputatione, 
vel in adustione.— In ossibus autem quomodo?— Vel in correctione dissolutionis, vel in 
colligatione fracturae. 

Quot regulis perficitur sanatio generalis? — Quinque. — Quaenam? — ln mensura 
qualitatis adjutorirum; in mensura quantitatis eorum; in modo congruenti utendi eis; in 
tempore opportuno adhibendi ea; in optimo eorum delectu. 


Expliciunt quaestiones Rahlian iloneini, venientibus tironibus. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


125 


II 

* ADD1TAMENTA QUAE ADDIDIT HOBEISHUS MANCUS (,) > •« 


Undenam dcsumitur mensura qualilalis adjutoriorum ex généré morbi? — Si quidem 
est calidus morbus, decet ut sint refrigescentia adjutoria; si autem frigidus, calorcrn 
producentia. Pari ter etiam in speciehus simplicibus et composais, qualitatem contrariam 
morbo debent possidere adjutoria quibus san.it ur. 

Undenam sumitur mensura quantitatis adjutoriorum? — Ex temperamento corporis; et 
ex quantitate raorbi, et ex démentis ceteris. — Ex temperamento quidem corporis, 
quomodo? — Si quidem corpus calidum morbo calido detinetur, paulisper decet ut 
refrigeretur, paulisper enirn recedit a natura primitiva. Si autem frigidum est ejus tempe- 
ramentum et in morbo calido detinetur, multum recedit a temperamento primitive et 
propterea multum decet ut refrigescatur donec redeat ad statum priorem. 

Ex quantitate autem morbi, quomodo? — Si quidem valde calidus est inorbus, adju- 
toria quae valde frigida decet adhil)ere; si autem paulisper calidus, adjutoria quae 
paulisper frigida. 

Quae sunt elementa cetera, et quomodo ex eis dcsumitur mensura quantitatis adjuto¬ 
riorum? — Elementa cetera dieuntur : locus in quo residet morbus, et tempus anni in 
quo inGrmatur, et conditio aeris eo momento;haec si caiida sunt, cum morbus calidus 
est, ostendunt quod multum debet refrigesci; si autem frigida, cum morbus calidus est, 
ostendunt quod paulisper debet refrigesci. 

E quibusnam cognoscitur tempus opportunurn adhibendi adjutoria ex tempore morbi 
et ex vigore infirmi, et ex ceteris elcmenlis? 

Ex tempore quidem morbi, quomodo? — Si quidem in suo principio est morbus*, si * p. i5 
quidem acutus, suhtiliter decet tractare; si autem crasse : si vero in robore suo est, 
subtiliter omnino est tractandus; si autem in dedinatione est, curiose. 

Ex vigore infirmi, quomodo? — Si est quidem validior, et debemus facere in febre eva- 
cuationem, facirnus ilia sine timoré ab initio morbi; si autem debitis, non evacuationem 
farimus, sed adjuloriis quidem refrigerantibus prius utimur, deinde p<»stquam invaluit 
vigor, evacuationem procuramus. 

Ex ceteris elementis, quomodo? — In hieme quidem adhibemus adjutoria evacuantia, 
non mane sed meridie; in aestate autem adhibemus alimentum non meridie, se<l mane 
prindpaliter. 

(> ' Littér. «infirmus manu», ce qui peut signifier manchot ou yancher. 




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126 


J.-B. CHABOT. 


E quibusnam desumitur modus utendi adjutoriis? — Ex vigore infirmi sane, et ex loco 
qui patitur, et ex ceteris elementis. — Ex vigore infirmi, quomodo? — Si quidem ille est 
polens vigore et debeinus facere additionem vel deminutiouem, subito tractamus ilium una 
vice quantum debemus; si autem debilisest, vicibus pluribus paulatim. 

E loco qui patitur, quomodo? — Si est in visceribus subtilibus dolor, per potum minis- 
tramus adjutoria; si autem in visceribus crassioribus, per infusionem. 

Ex ceteris elementis, quomodo? — Si est quidem aestas, adhibemus adjutoria refriges- 
ceutia, cum sint frigida; si autem est hiems, adhibemus ilia, cum tepida sint. Si autem 
evacuatione indigemus : si est aestas, sursum provocamus vomitum; si autem est hiems, 
per infernum, per solutionem ventri. 

E quibusnam desumitur delectus excellentior materiae horum adjutoriorum ? — 
E vigore infirmi et e tem|>eramento corporis. 

Ex vigore infirmi, quomodo? — Si quidem sani vigoris est, indigemus ut nutriatur ali- 

mentis exiguae materiae; alimenta abundantia adhibemus, sicut carnem porcorum ; si autem 

• • 

est debilis, alimenta multae substantiae, nutritionem exiguam possidentia, sicut 
olera viridia. 

Ex tem|>eramento corporis, quomodo? — Si conservatur temperamentum naturaliter, 
alimenta quae possident temperamentum simile adhibemus, si autem mutatus est, 
alimenta pharmaceutica quae possident temperamentum ei coutrarium adhibemus. 

Quot regulis perficitur sanatio proprie? — Quatuor. — Quaenam? — Prima quidem 
desumitur e temperamento membri quod patitur; secunda autem quae sumitur ex ejus 
16 formatione; tertia quae sumitur ex ejus positione; ' quarta quae desumitur ex ejus vigore. 

Ex temperamento quidem membri quod patitur, quomodo?—Sunt membra quorum calor 
opprimit frigiditatem, sicut caro; sunt autem quorum frigiditas opprimit calorem, sicut 
nervi; alia mixtim sunt ex partibus assimilativis elementorum, sicut pellis; sanatio unius- 
cujusque eorum postulat ut mutetur temperamentum ejus ut convertetur ad tempera- 
mentum naturale. Et propterea decet ut secundum declinationem temperamenti membri 
ad hoc quod est extra ejus naturam, sit propensum etiam temperamentum adjutorii 
convertere illud ad id quod est naturale in partem contrariam. 

E formatione membri, quomodo? — Examinamus substantiam ejus et cavitatem quam 
habet vel non habet. 

Ex inspectione substantiae membri, quomodo? — Inter membra enim sunt quae 
substantiam subtilem possident, sicut pulmo; alia autem substantiam compactam, sicut 
renes; alia essentiam mediam inter haec, sicut jecur et lien. Ilia prima non sustinent 
adhibitionem pharmacorum fortium; ilia autem secunda, sine damno sustinent haec; 
ilia vero tertia, raedianter. 

Ex inspectione quidem cavitatis quam habet mcmbrum vel non habet, quomodo? — 
Quia ex membris cavitatem possident vel internam tantum, velut venter et venae ac 
arteria in manibus et pedibus; aut externam tantum velut nervi qui intra peritonium; aut 
externam et internam simul, velut pulmo qui externe amplitudine pectoris circumdatur. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 127 

interne autem arteriae asperae et laeves disperguntur ; alia autem non possident omnino 
cavitatem, velut nervi qui in manu et in pede; ideo cum necesse habemus arefacere et 
dissipare excessum congregatum in eis diverse sumimus indicationem ex singulis eorum. 

— Membra autem quae non externe nec interne habent cavitatem ad quam projicitur 
excessus eorum, pharmacis vaide potentibus indigent; ilia autem quae ex utroque latere 
habent cavitatem, si quidem compeguntur in ordine medio, indigent ut sint validiora 
pharmaca quae eis adhibentur. Si autem tenuia sunt, pbarmaca debilia sulficiunt eis. Illud 
autem quod externe tantum habet cavitatem pharmacis indiget vaide potentiae, minus 
tamen quam eis indigent qui privati sunt cavitate. 

E positione quidem* membri, quoinodo? — Cum duas res indicat positio, unam * p. 17 
quidem locum in quo est membrum, aliam participationem quam habet cum membris, 
ex singulis istarum demonstratio propria sumitur, et ex duabus simul. 

Ad quid utile demonstratio ex unaquaque earum? — Quae ex loco utilis est ad 
sanationem mali temperamenti ; quae ex participatione ad suflicienliam materiae; quae ex 
utroque ad sufficientiam sane et ad attractionem et ad privationem. 

E loco autem ad sanationem mali temperamenti, quomodo? — Si quidem proximum est 
membrum ita ut tangat illud pharmacum dum servatur vis ejus, phannacum quod habet 
vim sulTicientem ad sanationem doloris ejus adhibemus; si autem remotum, ita ut non 
persistât vis pharmaci usque dum ad illud perveniat, addere opportet ad vim pharmaci, 
quantum scimus minuendam esse in via inde percurrenda; itaque quando oesophagum 
et ventrem sanamus, pharmacum quod possidet vim sulTicientem ad sanandos dolores 
eorum adhibemus, quia sine intermedis attingit illos; quando autem pulmonen\ sanamus 
magis energicos decet facere pharmaca ejus, secundum quantitatem membrorum quibus 
transeunt antequam ad eum perveniant. 

Et quibus membris transit vis pharmaci quod ad pulmonem adhibetur? — In musculis 
pectoris necesse est ut transeat vis ejus; et in ossibus costarum, et in adipe circum- 
cingens, et in adipe ipsius pulmonis, et postea tangat ilium et insidat in substantiaejus. 

Interne autem necesse est ut transeant pharmaca buccam et guttur et ventrem, et 
ostiariam et jéjunum, et venas quae in mesenterio, et illas quae in tenuitate jecoris, 
et illas quae in gibboso, et arteriam profundam, et cor, et postea perveniat ad 
pulmonem. 

Omnimodo igitur accidit eis quae ex externo adhibentur, ut infirmetur vis eorum in 
transitu per membra praedicta; eis autemquae internius, ut infirmentur in transformationc 
quam accipiunt in unoquoque membrorum per viam, et ut bibantur in commixtione 
cum aliis materiis. 

Ex participatione quidem relate ad sudicientiam materiae, quomodo? — Cum autem 
materiam quae in jecore volumus ut sufliciat, si est quidem in latere ejus tenui, per 
pharmacum purgans idoneum facimus, quia visceribus praesertim participât tenuitas 

(,) Gall. «veine-porte». 


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J..B. CHABOT. 


jecoris; si autem in ejus latere gihhoso, |>er urinam illud idoneuin facimus, renihus 
enim praescrtim participât gibl>ositas jecoris. 

18 Ex loco et participatione simul relate ad* sufficientiam et attractionem et privationem, 
quomodo?— Ut catarrhus fluat in aliquod inembrum, si quidem adhuc Huit, decel ut 
ilium attrahamus e loco sanc remoto et opposito ac comminicet situs in rectitudine; si 
autem jam interruptus est ejus fluxus, attractionem et privationem facimus. 

Attractio autem e loco remoto et opposito, quomodo? — Si quidem sursurn est mem- 
brum inferne facimus evacuationem; si autem deorsum , superne. 

Attractio autem e loco communicante quomodo? — Si quidem in sinum définit mate- 
ries, versus ubera attrahimus eam ; si autem in aliquo membrorum jugulo superiorum per 
venam exteriorem quæ in manu facimus evacuationem; si autem in aliquo membrorum 
jugulo inferiorum, |>er venam interiorem. 

Attractio autem e loco qui est in recta positione, quomodo ? — Si quidem in latere dex- 
tcro est dolor e manu vel e pede dextero facimus evacuationem; si autem e latere sinistro, 
e manu vel e pede sinistro. 

Attractio autem et privatio catarrhi cujus jam cessa vit fluxus ejus, quomodo ? — Si qui¬ 
dem fluxus qui obtigit meinbro noudum per longum ternpus transit in illud e loco pro- 
ximo et communicante cum illo membro, facimus ei attractionem, sicut materiei quæ io 
utero, ex carpis et femoribus; si autem longum ternpus transiit ex quo inembrum patitur, 
facimus aperturam et perruptionem, quemadmodum in angustiis venas quæ sub lingua 
amputa mus. 

E vigorc membri quot modis desumimus demonstrationem quoad ejus sanatiouem? — 
Tribus modis. — Quinam ? — Primus-quidem, inde quod est principium vigoris ccteris 
menibris, sicut cerebrum, et cor, et jecur. Secundus, inde quod oiTicium generale quod toti 
corpori utile est operatur, sicut venter et diaphragma. Tertius, ex hoc quod sensibilitatem 
magnam et acutam possidet, sicut oculi. 

Ex hoc quidem quod principium vigoris est ceteris membris, aut oflicium generale utile 
facit, quomodo ? Si quidem principium vigoris est ceteris membris aut oDicium generale eis 
omnibus utile facit, quando necesse est ut ei applicemus aux ilium, propter illud et propter 
inembrum aliud, cavere oportat in applicatione oorum, et ab hoc sane quod subito solvamus 
vigorem membri, et ab hoc quod fortiter excavernus, et ab hoc quod qualitatem non con- 
gruam applicemus; si autem non est principium vigoris ceteris membris, neque oflicium 
generale facit quod utile est omnibus, auxilia applicamus ei, prout quodque indiget. 

19 Cautio quidem ne * subito solvamus vigorem membri, quomodo ? — Quando jecori aut 
ventri necesse habemus adhibere medicamentum dissolitivum miscemus in pharmacis disso- 
lutivis pharmaca alia astringentia et aromatica : et hoc quasi ad custodiam vigoris horum 
membrorum. 

Cautio autem ne fortiter excavernus, quomodo ? — Quando venter aut jecur in aliquo 
erit debilis uaturaliter, abstiuere debemus quin aquam valde frigidam ei bibere faciamus in 
febri : ni mis ardens est. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

Cautio vero ab applicatione qualitatis non congru®, quomodo ? — Quando necesse habe- 
mus roborare ? Corpus prohibemur dare scamoniam aut euphorbiam ei cujus venter aut 
jecur debile est, aut aliquid quod corrigat qualitatem pharmaci iniscemus cum pharmaco 
purgativo, ita ut non dissolvatur vigor ventris aut jecoris. 

Ex accu rata autcm sensibilitale membri, quomodo ? Membre enini non sensibilia et ea 
quorum parva est sensibilitaseorum, una vice applicamus eis quantitaiein pbarmaci qua 
indigent, etiam si sit pharmaeum valde forte et pungens : non enim dissolvetur vigor eorum 
puuctionibus et vehementia pharmacorum. Membre enim magn«æ sensibilitatis quando 
pharmacis violentis et pongentibus vexantur, dissolvetur vigor eorum, ideo non multum 
neque subito una vice oportet applicemus eis auxilia quæ vehementer vexant, sed spatio 
temporis prudenter. 

Demonstrationes quæ, e quatuor rcgulis spectantibus ad sanationem uniuscujusque mem- 
brorum specialiter, desumuntur e loco qui |>atitur, quot et quæ sunt ? — Potius dicenduin 
est illas esse quinque, sicut jam dictum est. Una quidem, ilia quae e temperamento mem¬ 
bri aptat et déterminât mensuram auxilii ejus sanativi. Secunda, ilia quæ e generali oflicio 
membri définit quantitatem auxilii, velut in doloribus diapbragmalis aut ex hoc quod vigor 
generalis dilTunditur in totum corpus, velut in doloribus cordis. Tertia, ilia quæ e 
formalione membri conducit ad modum evacuandi illud quod in eo includitur. Quarta 
autem, ilia quæ e positione membri et e communicatione quam habet cum ceteris mem- 
bris : manifestât de fortitudine et debilitate ipsius auxilii, et circa modum utendi illo. 

Quinta autem, ilia quæe mensura sensibilitatis membri deGnit mensuram vigoris pbarmaci 
quoties applicandum sit. 

* Quot sunl signa sanantium ? — Decem. — Quæ sunt ? Illud quod desumitur e specie * p- *o 
ipsius morbi; et illud quod e causa ejus elTiciente, et aliud e vigore ægroti, et aliud quod 
e temperamento acquiri potest et quod est extra naturam ejus corporis; et aliud quod ex 
ejus temperamento naturali; et aliud ex ejus stature; et aliud ex ejus consuetudinc; et aliud 
e terapore anni; et aliud ex loco; et aliud e conditione æris. 

Quot modis dicitur aliquid esse calidum ? — Duobus modis. — Aut enim in actu dicitur 
aut in potentia. In actu quidem, velut ignis; in potentia autem, velut pyrethrum et 
pipera. 

Quid est esse in potentia, et quot modis dicitur ? — In potentia dicitur id quod quidem 
existât, sed autem non est adhuc ut dicitur, potest tamen esse. Dupliciter autem hoc est. 

Exit enim in actu, aut in mutatione; aut in essentia; in mutatione quidem cum servatur 
species ejus, sicut album quod rubescit; in essentia autem cum transformatur, sicut panis 
qui sanguis quidem est in potentia, cum foetus est sanguis transformata est species ejus et 
non manet panis. 

Quot modis dicitur id quod nos calefacit ? — Duobus modis. — Aut enim quando quali¬ 
tatem caldarn quæ in nostris corporibus auget calefacit nos, aut quando substantiam nos- 
tram auget. Et illud quod quidem qualitatem caldarn quæ est in corporibus nostris augenrio 
calefacit nos, pharmaeum calefactorium appellatur. Et illud aut potentia est caldum, aut 

«OT. KT K\TH. — T. XLIU. • »7 

kirionu. 


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J.-B. CHABOT. 


in actu; in actu quidem ut ignis, in potentia autem non secundum materiam sed secundum 
speciem. Species autem est aut valde propinqua, aut plus minus propinqua, aut plus vel 
minus propinqua : valde propinqua velut venenum viperarum, minus propinqua velut 
cantharidis : et ambo perdendo perdunt nos : letifera enim sunt hæc duo généra; plus minus 
propinqua, velut pyrethrum et euphorbia. 

Illud autem quod substantiam nostram augendo calefacit nos, rursum aut in potentia 
est, aut in actu : in potentia quidem, velut juvenculus formosus carnibus quæ circumda- 
bunt ventrem; in actu autem, sicut nutrimentum. 

Quot modis operatur quidquid ingreditur corpus ? — Tribus modis. — Quia ex eis quæ 
corpus ingrediuntur, alia quidem totaliter vincuntur corpore, alia autem totaliter vincunt 

* p. ai illud; alia vero in initio quidem vincunt, # in fine autem vincuntur. Et ea quidem qui tota¬ 

liter vincuntur nutrimenta appellantur, ca autem qui totaliter vincunt, ph;<rmaca; ea vero 
qui in initio quidem vincunt, in fine autem vincuntur cibi pharmaceutici appellantur. 

Quot et quae sunt généra pharmacorum? — Quatuor. — Quaedam enim cum non 
mutantur a nobis, mutant nos. Et ilia sunt occisores. Occidunt enim per aestum, velut 
venenum viperarum; aut refrigeratioue, velut opium. Alia quae a nobis transformantur, 
vicissim transformant nos et pervertunlcorpora nostra. — Mutantur autem cum attenuantur, 
velut cicuta, vel cum putrefaciunt, velut cantharides; et haec etiam pervertunt corpus. Alia 
transformanlur a nobis et vicissim transformant nos, nam nimium calefaciunt nos, velut 
pyrethrum, et castoreum (1 ); ilia quidem initio transformant nos, postea cum transformarentur 
a nobis substantialiter augent calorem qui in nobis; et si sunt maxime calida, velut caepae 
et allium, et si sint maxime frigida, velut lactuca et decoctio hordei. 

Quare sunt quatuor généra pharmacorum? — Quia illud quod adhibctur corpori vel 
aequale est virtute corpori, et operalur in eo corpus, et vicissim patitur ab eo et vocatur 
simpliciter pharmacum; vel fortius est quam corpus, et non potest corpus agere in eo et 
mutare illud, sed ipsum mutât corpus. Et istud omniniodo corruptor et occisor, aut poten- 
tius eo corpus et mutât illud et simile est ei in substantia sua et vocatur alimentum. Et etiam 
ipsum mutationem omnimodo facit in membro. Haec autem mutatio vel manifesta est 
sensibus, vel non manifesta ab initio sed post spatium temporis manifestatur, et alimentum 
hoc quod facit mutationem manifestam alimentum pharmaceuticum vocatur, velut lactucae 
et allium. Haec enim antequam digestionem accipiant lactucae quidem refrigescunt, ideo 
etiam somnum faciunt; allium calefacit, ideo sitim excitât; postquam vero digestionem 
acceperint, augmentum tantum faciunt in quantitate essentiae, non autem etiam mutationem 
in ejus qualitate. 

Quare ex pharmacis quae vi calefaciunt aut refrigescunt alia quidem cum adhibentur cor¬ 
pori externe laedunt, interne autem non laedunt, velut caepae et allium, alia autem interne 

• p. n quidem laedunt externe* verum non laedunt, velut <erussa, alia autem externe et interne 

proficiunt aut laedunt, quia prima, caepas inquam et allium et similia, cum adhibentur in 

(,) Littér. «testiculi fibri». 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

extcrioritatecorporis tumorem faciunt, cum autem intra corpus sumuntur non faciunt; et hoc 
ob sex causas : una quidem quia mutati mera accipiunt in ventre et in jecore; secunda, quia 
miscentur chymisqui ineoet diminutus est vigor eorum ; tertia, quia cum aliis cibis sumun¬ 
tur; quarta, quia non rémanent in uno loco, sed migrant de loco in iocum; quinta, quia 
cum dividuntur id quod in eis utile est nutrimentum fit cor|>ori, id autem quod non utile 
est expellitur et evacuatur; sex ta, quia in mensura sumuntur et in tempore congruenti ; si 
autem non ita sumuntur, laedunt. Cerussa enim et cetera pharmaca cum interne sumuntur 
laedunt, externe vero non laedunt, propter eorum crassitudinem. Inter pharmaca enim, 
quae tenuia alacriter fundum occupant, quae intumescunt cum spatio temporis ; quae interne 
et externe proficiunt aut laedunt, minuta sunt in partibus suis, sicut venenum viperarum, 
et pituita e morsu canin rabidi, quae laedunt ex utraque parte; et glutinum et spica quae 
ex utraque |>arte proficiunt. 

Quare vinum quando quidem interne adhibetur calefacit, externe autem non calefacit? 

— Interne quidem calefacit vinum quia cum transformatur a corpore et ei assimilatur, 
alit iliud, externe autem non calefacit quia non transformatur a corpore; non enim occurrit 
in ao calor naturalis qui iliud transformet et assimilet ; neque enim quotiescumque sumitur 
intra corpus calefacit, sed tantum quando in mensura sit, queinadmodum alimenta; haec 
enim si sint mensurata in quantitate augent calorem naturalem et addunt essentiae ejus; 
si autem supra mensuram fuerint, angustiant et dejiciunt illam : velut ligna multa quando 
congeruntur supra ignem deficientem. Sic itaque etiam vinum; si mensurate sumitur 
calefacit eo quod nutrit, si autem nimia mensura, refrigescit. 

Quare nonnullis vicibus pharmaca mortifera sumuntur et non occidunt ? — Quia propter 
paucitatem eorum quantitatis, et mirabile hoc nullo modo est. Ecce* enim partes ignis * p. *3 
valde minimae, non tantum non urunt, sed non quidem calefaciunt; ita autem etiam partes 
minimae nivis. Et propterea non decet ut dicamus ignem non esse calefactorem eo quod 
partes ejus minimae non urunt sed decet ut profiteamur pharmaca mortifera non ex quan¬ 
titate eorum sed ex oppositione corporum nostrorum. 

Quare opium calefacimus, ita ut in operatione calidum sit, refrigescit corpus?! 11 — Eo 
quod calidum, aut accidentaliter est aut naturaliter, et panier frigidum; in omnibus qui 
dem eorum actionibus vicit vis naturalis illam accidentalem et vis naturalis permanet; 
ilia autem accidentalis prompte mutatur, et inde debemus distinguere quod accidentaliter 
calidum aut frigidum est ab eo quod naturaliter. 

Quot et quae sunt regulae examinis pharmacorum simplicium ? 

Quodcumque pharmacum examinandum est, quam vim possideat, per octo régulas. 

Una quidem ut sit destitum iliud pharmacum omni qualitate acquisita aut accidentali; 
serunda, ut dolore simplici aestimemus vim pharmaci, et non in composito. Tertia autem 
ut morbis oppositis adhibeatur. Quarta ut sit aequale vi sua pharmacum morbo cui adhi¬ 
betur, ita ut manifesto videatur ejus operatio. Quinta ut videamus, uum statim cum applica- 

l) Le passage parait altéré ou incomplet. 

* 7 * 



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J.-B. CHABOT. 


tione ejus calefaciat aut réfrigéré; si enim post tempus calefarit duni initio refrigerabat, 
per accidens caiefacit; vicissim si post tempus réfrigérât dum initio ralcfaciebat, per 
accidens réfrigérât. Sexta autrui decct ut examinemiis num totum corpus et constau- 
ter refrigescit aut caiefacit. Si enim ita est, naturaliser agit; si autem non, per accidens. 
Scptima, oportel ut in co ad quem est pbarmacum calefaciens vel refrigescens, et non in 
alio, aestimemus illud ; si enim, erga hominem, inquam, est pbarmacum calidum eo quod 

t 

caiefacit corpus humanum, den t ut dicamus illud calidum et non e comparatione animalis 
alius, aut cor|>oris alius. Neque enim quia refrigerator cnrporis humani est cicuta, etiam 
sturnoruin est refrigerator; neque quia helleliorus est alimentum coturnicis, ita est 
hominis. 

Octava est ut distinguainus alimentum a pharmaco; cum scimus pharmacum esse cale¬ 
faciens aut refrigescens in affinitate, alimentum autem in augxnentum substantiae nostrae. 
P* *4 Numquid est alia via, praeter illam per régulas* quac dictae sunt, qua possibile sit ut 
inveniamus vires illorum pharmacorum ? — Est sane, non una, sed quasi ex abundantia 
plurimae. Alia quidem e facilitate transformationis et diflicultate transformationis; et alia 
ex facilitate conjunctionis et diflicultate conjunctionis; et alia e gustu, et alia ex odore, et 
alia ex colore. 

Quomodo e facilitate transfomiationis et dillieultate transformationis cognoscitur vis 
pharmaci?— Pharmacum quod facile transformatur per ignem, calidum est vi sua, non 
tamen etiam corpus humanum necessario calefacitquod taie sit, sed tantum quandoerit tenue 
in ejus essentia; et unitum ei et abundans; si enim sit spissum partibus suis aut dissolutum 
corpus ejus, possibile est ut ab igné facile transformetur, non autem ideo etiam a calore 
qui est in nobis, et propterea etiam non caiefacit nos. 

Undenam cognoscitur quod hoc tantum quod est tenue et compactum, aequaliter pati- 
tur ex ambobus caloribus, ille sane ignis, et ille corporis humani. 

Quod est spissum et dissolutum calore quidem ignis facile vincitur, ab ilio qui est in 
corjxire non facile. 

Oleum sane quod valde facile inflammatur non facile neque manifeste caiefacit hominem; 
stipulae siccae et rines quæ quidem prompts? sunt combustioni cum ignem tangunt, tamen 
cum nobis applicantur non calefaciunt nos. 

Quare oleum quod facile est inflammari natura sua non statim caiefacit corpus huma¬ 
num cum adhibetur ei?— Quia |>er viscositatem et crassitudinem essentiae ejus modo 
arduo solutionem obtinct in partibus quas primum attingit, et propterea usque tempus 
protractum manet ic omnibus corporibus eo unctis. Quia ab acre non potest facile comminui 
et dissolvi sicut aqua, neque intra corpus deducitur. Et notitiam hujus rei accipe : inde si 
in aliquo vase projicias aquam et oleum et misceas ea, aqua primum eonsummatur. 

Quare stipulae siccae et crines quae lacilitatem combustionis quidem possident corpus 
autem humanum non calefaciunt? — Propter duas causas. — Una est essentia ipsius 
caioris; alia natura materiae. Ignis enim eo quod prae omnibus corporibus subtilis et cali- 
P- *5 dus est, in profundum rerum quas inflammat pervenit facile, et dividit, et extenuat* ac 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


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mutai eas in naturani suam; calor autem corporis humain, praeterquam quod crassus est 
et vaporosus, debilior est ut facile posait mu tare id quod ei accedit. Omnia erg») quae corpus 
calefaciunt, indigent ut primum ex calore qui in eis est ntutentur, ut vicissim calefaciant 
illud. Et haec est quidem causa ex essentia calefactionis ; causa autem ex natura rei 
est quod imposai bile est ut separentur quae solide componuntur, debent autem quae futura 
sunt ut calefaciant corpus in partes valde minutas dividi ut facile operentur, cum agit in 
eis calor corporis 

Propterea facultas quae est ,in pharmaco, quantum respondet comminutioni et cribra- 
tioni, magis quant ilia quae apud nos, calefacit corpus. 

Oistindio autem inter facilitaient transmutationis et dillicultatem iransntutationis per 
ignem iam manifesta est : ergo decet ut manifestetur quod ex facilitate coniunctionis et 
diilicultate coniunctionis. Antbae bac distinctiones necessariae sunt in huiusmodi examine, 
sed ilia prior in eis quae vi calidae sunt usum hal>et, ilia autem posterior in eis quae frigidae. 
Ex eis itaque quae simili modo sunt tenuitatc et crassitudme substantiae, id quod nimis 
arcte collegit e frigiditate magis frigidunt est in lem|>eranteitto suo. Quae pari modo non 
sunt tenuitateet crassitudine, si unum eorum est frigidunt etallerum crassum ambo siittul 
coliiguntur, magis autem aestimatur ligatum propter duritiem substantiae illud quod 
magis crassum; si autem magis frigidunt est quant alterum crassum, vel id contrarum, 
non possibile est ut aequali tetnpure ligant, sed quod magis irigiduitt aut ntagis crassum iit 
tempore magis brevi, quod minus frigidunt aut minus crassum in tentpore magis protraclo. 
Itaque autem proût maxime aut minime sit durum unumquodque iuxta comparationem 
magnitudinis praecellentiac ejus necessario tractandum est. 

Duas quidem vias quae quasi ex abundantia ingrediuntur, in examine vis pharmacorum 
simplicium clan* exposuit sermo. 

Iam autem decet ut explicetur via tertia quae per gustum pharmaci ducit ad cognitionem 
vis ejus. Quia ex quatuor elcmentis componuntur omnia corpora cum non sunt aequalia in 
comrnixtione eorum, * proprietates multae sunt corporibus ex inaequalitate commixtionum 1 
elementorum, et eliant proprietas gustuum ex ilia inaequalitate constituta est; et quia 
plures gustus ad organum distinctum eorum qui fautiliares vel extranei sunt corpori, lit 
nécessitas ilia quae est lingua et quemadmodum magis sensibilis lit ilia, nervi mulli coa|>- 
tuntur in ea;sexenim nervos habet naturaliter, ita ut pntpter excessivam sensibilitatem 
ejus non soluin calorem et frigus, humiditatem et siccitatem percipiat, sed eliant id 
quod est fantiliare vel non familiare. Quia autem alia sunt ntagis fantiliaria vel extranea 
naturae, et alia minus, necessario plures sunt modalilates gustandorum. 

Et quoi et quae sunt modalilates gustandorum? — Compositarum quident nulla : quia 
in excessu vel imminutione commixtionis habent subsistentiam ; simplicium autem octo : 
et sunt acerbitas, antariludo, acuitas, aciditas, conflatio, salsedo, pinguedo, dulcedo. 

Undenant nascuntur illi gustus octo? Ex diversa substantia essentiae corporis gustandi 
et ex ejus temperamento. — Quomodo? — E ntuUtione essentiae ipsius gustandi. Si enim 
densa est in parti bus suis essentia ejus, dulce facit illud, vel acerbum. vel amarum ; si autem • 


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tenuis in parlihus suis est essentia ejus, vei acutum facit illud, vel acidum, \el pinguem. 
Si autem media est inter tenuitatem et densitatem, vel conslringens facit ilium vel salsum. 

Quomodo e mutatione temperamenti ipsius corporis gustati? — Si est calidum vel ama- 
rum fit, vel acutum, vel salsum. Si est frigidum, vel acerbum fit, vel acidum, vel conda- 
tum. Si autem ejus temperamenlum medium est inter calidum et frigidum, vel dulce fit 
vel pingue. 

Cum comhinuntur mutationes substantiae essentialis cum mutationibus temperamenti 
corporis, quot et quae combinationes constituuntur? — Novcm combinationes fiunt ex 
compositione eorum invicem. 

üna ex illis sine gustu facit corpus : ilia, inquam, in qua congregantur ambae 
medietates simul, baec densarum partium et tenuium partium, et ilia calefactionis et 
frigiditatis : octo quidem gustus acquirunt ei. 

*7 Et corporis quod non possidet gustum quae sunt ‘mutationes ejus, et quale est, et 
quomodo vocatur? 

Vocatur quidem corpus, et sicut illud insipidum, velut aqua pura. Mutationes ejus sunt 
duae: vel enim siccum est in substantia sua vel viscosum ; illud quod est siccum viscatum 
vocatur vel obstaculum, illud quod est viscosum, insipidum appellatur. Exemplum accipe : 
hujus quod est siccum, amylum, thuthiam, cerussam, scoriam, calcem, cum diligenter 
sit purgatum unumquodque eorum : hujus quod est viscosum, oleum quidem dulce, et 
albumen ovorum, et coagulationem lactis, et adipem porcorum, et ceratum mixtum 
lotura. 

El composita octo quae possident gustum, quomodo constituuntur? — Quatuor res 
inveniuntur in illis composais, densitas partium et tenuitas partium. et calliditas tempe- 
ramenti, et ejus frigiditas. Ex compositione quidem partium densium cum calliditate aut 
frigiditate temperamenti très mutationes constituuntur; ex compositione autem partium 
tenuium cum tribus aliis (l ). E compositione quidem medietatis inter eas, cum istis, 
duae (mutationes). 

Et quae sunt très mutationes quae ex compositione densium partium quae cum cale- 
factione, et frigiditate, et medietate inter istas constituitur? — Si enim cum frigiditate 
temperamenti comhinctur densitas partium essentiae, gustum asperum générât; si autem 
cum calefactione combinetur, gustum amarum; si vero cum medietate inter calefactionem 
et frigiditatem combinetur. gustum dulcem facit. 

Quaenam sunt très mutationes aliae quae fiunt ex combinatione tenuium partium cum 
tribus dictis tempera mentis? — Si enim cum calefactione temperamenti combinetur 
tenuitas partium essentiae, gustum acutum générât; si autem combinetur cum frigiditate, 
gustum acidum general; si vero cum medietate inter has duas modaütates, gustum 
pinguem. 

Quae sunt duae mutationes reliquae quae constituuntur e combinatione medietatis inter 

(,) Question évidemment incomplète. 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

densitatem partiumet tenuitatem parti uni cum calefactionc et frigiditate ? — Si quidem cum 
frigiditate combinetur haec raedietas, gustum conflatum générât; si autem combinetur cum 
caliditate, gustum salsum ojieratur. 'Quornodo inviccm distinguuntur dictae quaiitates gus- ♦ p. *8 
tativae ? — Quando quidem corpus ad linguara accedit nibil omnino facit in ca, ita ut 
non molestiam neque voluptatem eo percipit, cum ab ea tangitur : insipidurn dicitur et 
insulsura; quando autem accidit ad eam exsiccat illara et colligit illam et indurescit illara, 
si haec vehementer operatur in ea acerbum dicitur, si autem non vehementer, constringens 
et astringens nominatur. Cum nullum ex eis in ea operatur, sed omnino contrarium, 
purgans et mundans, etiam si aliquid ex constringentibus adhaeret ei, salsum dicitur; et 
si vehemens est purgatio ejus etiam nitrosum vocatur; cum autem magis quara iliud sit 
purgans, ita ut etiam induret moleste, amarum nominatur. 

Quando autem mordet et manducat, cum calefactionc vehementi, acutum dicitur; quando 
vero sine ilia calefactione mordet, praeter quam quod ebullire facit, acidum nominatur. 
Quando autem sicut id quod obduxit et placavit et implevit et satisfecit partes linguae 
quae indurata est, et sicut iliud quo impeditus est tactus ejus; si quidem cum voluptate 
manifesta tangit illam; dulce dicitur; si vero sine hac, pingue. 

Species singulorum gustuum, et quornodo cognoscitur. sermo jam clare exposuit. Nunc 
autem decet ut addetur eis etiam species odoris, et jam ut explîcetur priraum quornodo sit 
odor respectu gustus, et quornodo in plurimis invicem concentrant odor et gustus. 

Multae enim exhalationes ad instar gustuum afliciuot nos. Ecce enim acetum, et omniae 
quae aciditalem faciunt; sicut etiam quae acuta sont, album inquam, et caepae, 
non minus quam gustu molestant etiam exhalatione. Et sic quoque in ceterorum singulis 
similis est in pluribus sensatio odoris illi gustus. Et propterea sunt certa corpora quae 
nunquara gustamus ob eorum fastidium sicut fimus et edulia foetida quorum odor mo¬ 
lestât nos, sed notus est nobis gustus eorum ex eorum odore; ideoque minime consentimus 
ea gustare quia valde fidem habemus odoratui. In multis autem, praesertim in eis quorum 
valde suavis est odor eorum, velut rosa, difTerunt et valde distincti sunt odor et gustus ; 
vere ergo non sunt invicem convenientes olfactio et degustatio. 

Quare in rosa non respondetgustatio olfactioni ? — Quia facultas gustativa quae inest, quae 
est composita ex amaro et acerbo et aquoso, 'non similis est partie»’ 1 ». Acerbum enim, ♦ p. 
sicut dictum est, crassum est et frigidum, amarum autem subtile et calidum, aquosum 
vero insipidurn, et propterea etiam frigidum et mediam inter subtilitatem et crassitudinem. 
Esseutia autem olfaciendorum vaporea est et fit in ventriculis cerebri. Vapores autem qui 
fluunt e corporibus cum miscentur in aere et per halitum narium attrahuntur in cerebrum 
capitis, excitant sensibilitatem olfactivam, ut odores corporum percipiat. Et proptera omnia 
corpora quae pocsident odorem etiam caldi sunt necessario. Multitudo enim vaporura omni- 
modo ex calore fit. Ergo merito non concentrant invicem in rosa hae duae sensationes, 
quae in plerisque corporibus consentire inveniuntur. 

Quot et quae sunt généra olfaciendorum, et quare variant? — Généra eorum sunt 
quidem duo! Suavia odore et foetida odore; suavia odore quidem in similitudine dulcis pro 









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J.-B. CHABOT. 


lingua, foetida autein odore in similitudinem non dulcis pro lingua. — Ah invicem autem 
diiTerunt hae duo gênera per allinitatem et non anTinitatem spiritui aniniali qui in cerebro 
capitis. Sicut enim e gustibus qui percipiuntur par linguam, quod quidem adine est dulce 
est, quae autem non aflinia varietates militas possèdent; ita etiam vapores. Qui enim affines 
sunt spiritui qui in cerebro amati sont et jucundi, illi autem qui non sunt ei affines, cum 
varietates militas possident, odiosi sunt omnes et injucundi. 

Et corpora quae non possident odorem, quare privata sunt odore? Et qualia sunt? — 
Corpora quae non hahent odorem, vel quia valde minime duunt ab eis vapores, non 
dant odorem, vel quia vapores ab eis duentes non unguunt sua substantia fora mina 
ollactionis ; ideo acida et acria, quia subtilia sunt in sua substantia, odorem congruentem 
gustui eonim dant. Salsa autem et acerba non dant odorem, quia utraque quidem spissa 
sunt, et unum ex illis etiam frigidum, et propterea, etiam quod duit ex illis minimum est 
et crassura, et terrestre in sua substantia, et ideo per halitum non ingreditur in cerebrum. 

Ergo tuto est vel non quod ex odore pharmacorum quae possident odorem decernere 
possumus aliquid quoad temperamentum eorum sicut e gustu decernimus? 

* Ut quidem decernamus ab odore quoad temperamentum, possibile est non tamen tuto; 
quia ab illo cognoscere tantum possumus haec quae supra dicta sunt; dico nempe calidum 
esse id quod dat odorem tenuem, quantum autem calidum vel tenue, non adhuc possumus 
scire inde, ex gustu autem constanter fulget decretum temperamenti rei gustandae. 

Quare delinitio ex odore non «tut* est, ilia quae e gustu tuta? —Quia in odore 
quidem non ex omnibus partihus rei olfaciendae emittuntur exhalationes quae dant odorem, 
neque pari modo si emittuntur excitant sensum odoraticum. In gustu autem omnes partes 
rorporum gustandorum pari modo tangunt linguam et excitant sensum gustativum, 
unaqtiaeque juxta suam naturnm. ldcirco tutior est definitio ex gustu quoad tempera* 
mentum pharmaci, quam ilia ex odore. 

Quaenam causa facit quod nihil manifesto demonstratur ex odore, quoad temperamen¬ 
tum ? Quia multa corpora non similibus partihus sunt in sua com|>ositione ; primum ex 
démentis non paritatem habentihus essentiae eorum, est causa quae valde auget in 
omnibus corporibus quae possident odorem cur nihil manifestum demonstret odor eorum 
quoad eorum temperamentum; ilia autem quae non possident odorem crassitudo essentiae 
eorum prohibet ne ex eis emittant exhalationes; quomodo sint in cal idi ta te et frigiditate, 
non cognoscitur inde; ilia autem quae habent odorem, manifestât odor eorum quod tenuia 
sunt et calida : quanta autem sit tenuitas et caliditas eorum, non demonstratur inde. 
Ideoque neque tuta est coudusio ex odore eorum quoad plénum temperamentum eorum. 

Quomodo causa inaequalitatis et dissimilitudinis parti uni essentiae nihil manifestum 
ostenditur quoad temperamentum ex odore sicut e gustu? — Hac de rc exemptum accipe 
ex rosa. In hac enim aliquid est acerbum, aliquid amarum, aliquid aquosum. Quod est ex 
acerbo terrestri necesse est ut sit densum et frigidum, quod est amarum ut sit tenue et 
calidum, id quod est aquosum frigidum et medium inter tenue et crassum et hac de 
causa liquidum. Acerbitas et amaritudo rosae non dominantur, odor autem ejus jucun- 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 137 

ditatem possidet, quia eum ex calore se|wuas hanc liquiriitatem * tennis fit et se calefacit * p. 3i 
facile dissolutus in vapores; propterea gratus est odor rosae et prompte dissecatur, et 
quoad haec omnia e gustu possihile est ut slatuamus quod inveniuntur iorosa. Ex odore 
autem non possihile est : non enim oinnis |>ars quac in ea emittitur in evhalationes, ut 
dictuin est, ncqùe eo modo operantur omnes in olfactione. 

Undenam cognoscitur non similibus [>artibus esse rosam ? — Prlrnum, eoquod sit in ea 
aliquid includens et aliquid inclusum; includens quidem id quod est durum et terrestre; 
inclusum autem in hoc chylus quidam humidus, qui est succus rosae, qui omnino très 
virtutes necessario habet, sicut ceteri succi. Secundo auteiu cognoscitur non similibus 
partibus esse rosam ex hoc quod très illae virtutes quae inveniuntur in succu ejus, naturas 
diversas pnssident : una enim ex illis terrena est, quae comparatur faeci quae perturbât 
vinum; altéra aeria est, quae comparatur floribus qui adscendunt et natant super 
vinum; tertia autem liquida est, quae occurit in omnibus succis, causa est non solum 
ebullitionis eorum, sed et corruptionis eorum qui corrumpuntur. 

Et quando fit haec aquositas causa ebullitionis chylorum, et quando destructionis 
eorum; et quorum ope prohibetur quin corrumpat; et quare non corrumpunt etiam duae 
aliae su perd ui ta tes ? — Ebullitionis chylorum causa Gt calor naturalis qui est in chylo vel 
in succo; impediet quin superet superfluitatem quae in eoetfaciat ei solutioncm; destruc* 
tionis autem eorum quando nec calore vindtur, neque pei/ecte in tempore ebullitionis. — 
Prohibetur autem ille excessus quin noceat succis aut per coctionem dum coquitur ille 
succus igné, ita ut aquositas consumatur, vel per arefactionem ipsius sicci in sole valde 
ardenti. Duae autem superfluitates aliae : aeriae et impurae, non consumunt succos prop- 
ter duas causas : una quidem quod brevi separantur ex essentia propria ejus succi sicut 
videre possumus per sensationem : altéra autem, difticultas putrefactionis quae est in 
natura essentiarum eorum. Et hoc propter quod in temperamentis suis sicci sunt. 

E gustu magis tuta est conclusio de vi phamacorum simplicium, ex odore autem 
minus tuto maoifestatur ; ut autem e colore concludamus circa illud\ quomodo se * p. 3i 
habet? 

Quam maxime incertum est ut e colore pharmacorum animadvertamus de vi eorum. Et 
hoc quia in singulis coloribus inveniuntur pharmaca calida, et pharmaca frigida, et phar- 
maca humida, et pharmaca sicca. In unoquoque tamen généré serainis vel radicis vel succi 
possihile est ut etiam e colore quaedam manifestatio desumatur de ejus temperamento. — 
Quomodo? — Vinum et scilla et caepae, quotiescumque albescunt parum calida sunt, 
quotiescumque flavescunt et déclinant ad claritatem magis calida sunt; ita etiam triticum, 
milium, phaseolus, ciceres, et radix iridis, et ilia asphodeli et multa alia similia pari 
modo significant in quocumque horum geoerum plerumque. 

Ilia quae flavescunt aut rubcscunt magis calida sunt quam ea quae albescunt. Et sic 
sumenda est demonstratio e colore quoad viin pharmaci. Valde congruum et magis tutum 
quod ex experientia definitur, quae juxta régulas ab initio dictas facta est, quisque inve- 
niet vim pharmacorum. Antequam per experientiam nestimemus et probemus ea, g us tus 


SOT. RT E1TB. T. XUII. 


18 

IMI't'. IIIBBIB ktTIOUU. 


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138 


J.-B. CHABOT. 


plerumque demonstmt vim comm dum parum confirmât gustum etiam odor. Color autem 
minus quam duo alia ducit ad inventionem eorum vis. 

Et haec sunt viae quibus decet gradi ad inventionem virium pharmacorum sim- 
plidum. 

Quot sunt regulae quantitatis sumendae pharmacorum, et quare inter pharmaca alia 
quantitatc majori alia, minori sumenda sunt? — Begulae quidem sunt duae. Earum 
una est simplex et altéra composita. — Simplex autem qualis? — Pharmaci quidem 
simplick validi vi sua quantitatem parvam decet injicere in pharmaco composito. E 
pharmaro simplire debili vi sua quantitatem plurimam decet projicere, ita ut compleatur 
sua quantitate id quod deest qualitati. Bursum e pharmaco cujus plures sunt ejus 
usus, quantitatem plurimam decet iujicere, ut possit compleri quantitate id quod ei 
desideratur. 

Composita autem qualis?— E pharmaco quidem valenti vi sua et multiplices usus 

• p. 33 ejus, quantitatem moderatam decet injicere : non enim congruit ut multiplicetur, * in 

quantum potens, neque ut minuatur in quantum plurcs usus ejus. — E pharmaco autem 
valeoti vi sua et pauci sunt usus ejus, quantitatem valde minimam decet injicere, quia 
valet potentia sua complere usum qui desideratur. — Bursum a pharmaco debili vi 
et multiplici usu quantitatem valde magnam decet injicere, ita ut quantitate suppléât 
id quod complendum erat in potentia vis ejus. E pharmaco autem debili vi et paucis 
usibus, quantitatem moderatam injicere decet, nec plus nec minus. Non enim decet 
ut augeatur propter parvum ejus usum, neque ut minuatur propter debilitatem vis ejus. 

Quot sunt regulae projectionis pharmacorum simplicium in compositis? — Duae. — 
Quaenam? — Vel enim propter scopum cui componitur pharmacum projicitur, velut caro 
viperarum in theriacis; vel propter unumquodque pharmacorum quibus componitur 
pharmacum. — Quomodo? — Propter unumquodque pharmacorum quibus componitur 
pharmacum : vel ut mutet qualitatem damnosam quam possident pharmaca, vel ut 
augeat et confortât vim eorum, vel ut imminuat et deficiat, vel ut transmittat eorum 
virtus in corpore, vel ut conservetur vis eorum. — Quomodo? — Ut mutet qualila- 
tem damnosam quam possident, sicut cum scamonia projicimus pipera et anisum, 
ut augeatur autem vis eorum pharmacorum, sicut projectio iridis et acori et agarid in 
theriaca; ut minuatur autem vis pharmacorum, ut projectio gummi in tberiaca; ut facile 
autem deducatur vis pharmacorum. velut projectio vini in theriaca; ut conservetur vis 
eorum, velut projectio opii in autidotis calidis. 

Quae est régula com|>ositionis pharmacorum quoad mensuram capturae eorum? — 
Quando volumus quoddam pharmacum componere decet suraere ex singulis pharmacis 
simplicibus potionem perfectam ; ex omni quidem composito sumamus potionem quaeperfi- 
citur ex partibus simplicium; si duo sint, ex singulis sumamus dimidium potionis; si 
autem tria tertiam partem, si autem quatuor, quartam, et sic congruenter faciamus 
sccundum uumerum pharmacorum a quibus componitur haec commixtio. 

* p. 34 * Quomodo? — Si quidem fit ut phannacum e scamonia et colorynthide et aloe, et 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 

agarico coni|>omtur, et notum sit quod potio e sramonia major est quam dimidiutn zuza, 
polio e colocynthide quattuor den<ja W, potio auteni ex aloe et ex agarico duo zuza ex 
unoquoque, zuza et duo denqê dehet esse potio ex hoc composito, ita ut e sramonia qui- 
dem et ex colocynthide sit in potione ex singulis eorum |>ondus denqa, ex aloe autem et 
ex agarico, dimidium zuza e singulis. 

Quot sunt nécessitâtes quarum causa coguotur medici ut parent pharmaca composita ?• 

— Sex. — Quaenam? — Prima, pmpter mutationem inensurarum qualitatum extra 
naturalium. Secunda, propter modos diversos usus in pharmacis. Tertia, propter emenda- 
tionem qualitatis exosae quae invenitur in multis ex pharmaris. Quarta, propter refrige- 
rationem pharmaci quod nocet per vehementiam vis suae. Quinta, propter oppositionem 
doloribus qui viribus oppositis indigent. Sexta autem, ut inveniatur unum pharmacum 
quod plurimis casibus inservire possit. 

Nécessitas prima qualis? — Quod si quidem per pharmaca quædam simpiieia, possi¬ 
ble esset sanare has omnes modalitates extranaturales omnino indigrremus in una vice 
pharmaco composito. Modo autem non ita se habet res. Saepius enim cum usque quan- 
dam mensuram indigemus ut calefaciamus corpus, non invenimus quoddam ex pharmacis 
simpiieibus quod inhac mensura calefacit. Secundum enim mensuram morbiqui sanatur, 
debet esse etiam pharmacum sanans ilium. Ideoque quando miscemus duo pharmaca quo¬ 
rum unum quidem magis calidum quam temperamentum magna mensura, alium autem 
minus, facimus medietatem inter ilia ut magis sit calidum quam temperamentum mode- 
rata mensura. 

Nécessitas autem secunda qualis? — Quia multa pharmaca simpiieia sunt quibus 
non uti possumus quin aliquid misceamus in eis, velut quando indigemus ut adhil>eamus 
alicui membro pharmacum emendatum ut emplastrum et nullum ex pharmacis simplici- 
bus congruit tali usui, merito igitur sépara n tu r eorum composito res 'primitivi emplastri * p. 33 
qui per commixtionem olei metalla (?) quidem coxit, solubilia autem dissolvit, conjicimus 
in eis herbas siccas comminutas et cribratas. 

Nécessitas autem tertia, qualis? — In multis morbis nécessitas unius pharmaci tantum 
est, quod est simplex et elTectum natura, miscemus in eo pharmaca alia; aliquando ut lenia- 
mus vigorem vis ejus, aliquando autem ut redarguamus fastidium ejus : quae sunt duae 
nécessitâtes. — Prima e duabusistis quae est tertia ex sex, quomodo?— Quia cum phar¬ 
macis quae vocantur placatores dolorum, quae per radicem mandragoris et lac pa|>avens 
constituuntur, et pharmaca alia calefacientia et parvis partibus miscemus velut castoreum. 

Secunda autem illarum, quae quarta est ex sex, qualis? — Quando repugnans est phar- 
macuin quo opus est, unum e pharmacis quae eius répugnantiam valent expellere mis- 
ceraus cum eo, sicut miscuit Hippocrates cum helleboro nigro, et rubiam et seseli, et cu- 
minum et anisum, vel quidquam aliud ex eis quorum odor gratus est; cum portulaca 
autem campestri lac silphi W. 

(,) denqa , sexla pars dirhemi. 

(t; Dans le ms. la leçon est douteuse entre et moins probable). 

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J.-B. CHABOT. 


Quare pharmacum purgativum de quo hic agitur necessitatem hahet commixtionis 
alicuius rei quae illud iucundum faciat? — Propter duas causas. — Quaenam sunt? 

Uoaquidem ut bibatur, altéra autein ut maueat iu veotre. Multa euim ex pharmacis 
quae bibuutur tain répugnant ea sumentibus ut cum attingunt stoinachum statim reiciun- 
’tur. Bes autein quaedam possunt saltem paulis|>er inanere in ventre; tamen reiciuntur 
*postea, dum eructatioues malas excitant. 

Nécessitas autem quinta, qualis? — In morbis qui indigent viribus oppositis, quales 
sunt qui indigent pharmacis cohibentibus et dissolutivis simul, vel purgativis et lenientibus, 
vel chyinos crassiores aut tenuiores facientibus simul; uccessitas valde maior est omnibus 
necessitatibus pharmacorum compositis, quia pharmacum in quo sunt vires oppositae 
adhibere debemus. Huius autem magis quam ceterorum sunt usus praecipui et numerosi. 

Nécessitas autem sexta, qualis? — Quando volumus ut nobis sit pharmacum unum 
* p. 36 quod valeat adversus veuena plura bestiarum venenosarum vel ‘adversus pharmaca mortifère, 
pharmacum ad hoc aptum praeparamus, et haec nécessitas postulat ut praeparetur the- 
riaca : et primus id fecit' Mithridates et multa alia. 

Quare theriaca nominata est theriaca? — Quia omnis bestia rapax graece therion appel- 
latur, et quia theriaca utilis est ad morsus bestiae rapacis et projicientis venenum, ex deri- 
vatione ap|>ellata est, id est theriaca ex therion. Adhuc autem et quia in ea injicitur caro 
viperae; vivras autem includit nomen hoc, bestia rapax inquam. 

Quis fuit inventor theriacae, et quis eam perfecit, et quis eam renovavit, et revelavit 
ejus dotes? — Primus quidem fuit Magnus philosophus; perl’ector autem Andromachus : 
is enim addidit in ea carnem viperae, quae magis quam cetera pharmacaexperientia inven¬ 
ta est convenire morbo propter quem composita est ; renovavit autem et revelavit dotes 
ejus (jalenus. Is enim produxit causas projectionis uniuscujusque pharmaci quod in ea, 
et potionum diversaruin ejus et circomstantiuin diversarum quibuscum (latur. — Ex 
discipulis huius, et ex divite thesauro vis ejus et ex plenitudine copiosa opulentiae ejus 
etiam llonainus idipsum egit in libro suo duobus tractatibus de theriaca. 

Quae fuit excellentia et proprietas usus theriacae, ob quam magis quam pharmaca compo¬ 
sita prodest cum bibitur?— Inter pharmaca composita alia enim praeservant ab infirmi- 
tate, quia vitia parva quae sunt in corpore corrigunt; alia infirmos sanant, eo quod morbis 
qui jam fuerunt sanant. Utrumque simul solet theriaca facere, nam non tantum eos qui 
jam sunt læsi morsu bestiarum emittentium fel et venenum aut a pharmacis mortalibus, 
apta est salvare, sed cum praebibitur custodit corpus ue ab eis larda tu r, et non solum 
noxia externa prohibet, sed etiam eaquae sunt aut debent esse in corpore impediunt quin 
laedant. 

Quomodo nonnulli dubitarunt de vi et actione pharmacorum ? — Dupliciter fuit eis 
dubitatio circa vires et actiones pharmacorum : primum circa vim quae est in siugulis 
eorum, et secundo circa eorum compositum. 

p. 37 # Dubitatio autem circa actionem et vim eorum, qualis? — Si vero quidquid absorbetur 

et incidit in ventre, primum quidem ad jecur deducitur, postea inde in totum corpus ad- 




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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 141 

ducitur, quomodo est dicendum quod ex pharmacis alia jecori prosunt, alia autem spleni, 
alia renibus, alia vesicae. 

Cujus ope solvitur haec dubitatio? — Manifeste videtur per experientiain quod lepus 
quidem marinus pulmonem tantum ex omnibus membris corporis laedit et facit in eo 
ulcus; cantharides autem vesicam ulcérant. 

Ergo similiter possibile est ut inter pharmaca alia lapillos vesicae comminuant, alia spu- 
tationes e pectore et pulmone faciles et promptas faciant, et alia quid aliud et aliud in 
unoquoque raembrorum proprie faciant. 

Dubitatio autem de eorum compositione, qualis? — Pharmaca ilia quae vires oppositas 
possident impossibile est ut conservatur vis eorum quando cum aliis componuntur, sed 
destruuutur omnino vires quae in eis occurrunt. Et hac de re testimonium invenitur in 
corporibus humidis quae miscentur. Si enim aquae valde ferventi misceas aquas vaide fri- 
gidas, nulla ex ambabus speciebus quae commixtae sunt manet sicut erat antea, sed quid 
aliud tertium fit seorsum ab his duabus. 

Etiam ergo pharmacis virium oppositarum id ipsum accidil quando componuntur, 
unde cognoscitur vim eorum destrui. 

Cujus ope solvetur haec dubitatio? — Inde : pharmaca, et cetera quae corpori adhi- 
bentur, alia quidem viribus naturalibus operantur, alia autem viribus accidentaiibus. 
Harum, quae viribus acridentalibus operantur, velut aquae frigidae et aquae fcrvidar, 
non rémanent vires earum dum componuntur. Illarum autem, quae viribus natura- 
libus operantur, rémanent vires earum, etiam si vires alias accidentales possident. Et idco 
quae earum calida sunt vi sua, velut sinapis, etiam si réfrigérés ea frigiditate acciden- 
tali, tamen omnino calefaciunt corpus, si tempus protractum rémanent adhaerentia ei. 

Quae autem sunt vi frigida, sicut cicuta, et lac, et papaver réfrigérant omnino corpus cum 
tempus protractum rémanent, etiam si calefacta* accidentaliter 'eis) adhibeantur. Sicut * p. 38 
ex eis quae calefaciunt putas incendi corpus, ex eis quae refrigescunt insensibile fieri 
corpus. 

Quot opiniones fuerunt circa pharmaca composita ? — Duae. — Quaenam ? — Una 
quidem expertorum, altéra iogicorum. Opinio quidem expertorum quae est?— Quod 
quidem omnia pharmaca composita definiunt : sanum et propitius et contrarium. Singula 
eorum, per epilogismum, seu cogitationem communem omnium hominum, dicunt se 
invenisse quomodo quando unum cum altero mixta pharmaca hanc eamdem actioncm 
monstraruut per experientiam; aliud et aliud eorum, in corpore alio et alio, magis aut 
minus convenienter, ostendit opéra tionem ejus congru a m esse, ut pharmaca plura 
componat sicut ilia, ut etiam unum eorum inveniatur quod conveniat naturae illius 
corporis quod sanatur. 

Opinio autem Iogicorum, quae est? — Quod singulis morbis, phanuacum quoddam 
est aptum ad ejus sanationem. Et quando inter se componuntur mutuo fiunt auxiliatores 
ad ejus sanationem. 

Pharmaca autem alia sunt quae, etsi unum eorum per se uuu aptum est ad morbum, 


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142 J.-B. CHABOT. 

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tamen cum invicem com|)oniintiir vim a!iam obtinent e composito eorum, quac congruit 
ad sanationem morbi. 

Quomodo? — Ulcus quod indiget pharmacis constructoribus carnis, iride et aristolochia, 
et radice ferulae, et farina ervorum et pulvere thuris indiget ad suam sanationem. Révéra 
ceratum quorum miscetur rubigo sanatur : carnem quidem producit in eo pharmacum 
illud ob suam compositionem; unumquodque duorum pharmacorum quibus componitur 
valde contra ri uni est production! carnis, et quia rubigo comedit carnem in qua est ulcus, 
quam pharmacum est calidum et acutum. Ceratum quidem est pharmacum mite et non 
mordens, loco carnis autem foetorem praesertim générât in uicerihus : id quod compo¬ 
nitur ex eis, ceratum inquam ductum rubigine, carnem producit in ulceribus quae indi¬ 
gent producentibus carnem, namque unumquodque eorum, cum miscentur, malitiam 
alterius abolet. 

Ex duabus opinionibus circa pharmaca composita quae est vera,* et undenam cognos- 
citur ejus veritas? — Ilia quidem expertorum non est vera. Non enim sine consilio 
componuntur pharmaca, sed cum consilio. Ilia autem logicorum est vera : praeterquam 
quod consilio supputantur quae congruit ut com|)onantur eis pharmaca, secundum vires 
sane pharmacorum simplicium quibus componuntur, et secundum variationes qualitatum 
extranaturalium eis competentium, et secundum naturam membri quod patitur, et secundum 
perfectionem staturae et temperiem temporis anni, et variationem acris et loti, et mores et 
consuetudinem; etiam causam sciunt quapropter placet vel nocet unumquodque pharma¬ 
corum compositorum. Ecce enim qua ratione aerugo cum miscetur cum cerato simplici, 
pharmacum quod producit carnem eflicit, quanquam nullum ex pharmacis compo- 
nentibus illud producit carnem. Expertus quidem non potest dicere, logicus autem et 
dicere sane potest, et inde redarguere vaniloquium experti. 

Quid est logicae proprium et quid experientiae proprium in pharmaco quod compo¬ 
nitur? — Compositionem ejus quidem ratiocinium invenit secundum scopos qui didi 
sunt; experientia autem probat excellentiam pharmaci quod inventum est |>er ratioci¬ 
nium. Cum enim ab experto attestatur quod excellenter agit in morbo pro quo compo- 
situm est, cognoscitur excellente ejus compositi. 

Estnc aliquod compositum pharmaci excellentius prae omnibus ejus compositis? Nullo 
modo; sed compositum aliud et aliud, morbo alii magis utile est; simpliciter autem et 
sine distinctione ne unum quidem e compositis dici potest excellentius esse prae ceteris 
omnibus. 

Quonam modo dicitur excellentius pharmacum compositum, et quid loco ejus adhiberi 
|>otest? — Compositum excellentius dicitur, non simpliciter prae omnibus pharmacis, 
sed prae illis quae profitentur rem talem operari. Licet autem ut loco ejus Similibus 
utatur qui noscit vim uniuscujusque pharmacorum simplicium quibus componitur. — 
Qui debet uti pharmacis compositis, quid magis ei convenit : ut pharmacis quae probata 
sunt per experientiam utatur, vel pharmaca non experta cemponat? Magis congruit ut 
eis quae probata sunt per experientiam utatur cum discit regu Iam usus eorum. Si autem 


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VERSION SYRIAQUE DE TRAITÉS MÉDICAUX. 


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aliqua nécessitas cogit eum, ut accidit saepius in multis morbis, phannaca componat <)uin 
experimentet ea atque eis utatur. 

Quomodo alicui sciendum est quo consilio compositurn est pharmacum "quod inventum 
est, et qua régula componat aliud quod non inventum est?— Ambo haec potest discere 
ex aliis quae antea edocta sunt. Cura enim quis praecognosdt naturam cujusque morbi 
quo operatur, et viam qua potest discere signum sanationis uniuscujusque eorum, et 
vim uniuscujusque pharmacorum’ simplicium, non eflugiet eum cognitio consilii quo 
compositurn est pharmacum compositurn quod invenitur et (cognitio) regulae composi¬ 
tion i s rei cujus indiget. 

Quando phannaca multa com|>osita invenit quis, quae promittunt eamdem actionem, 
quodnam eorum debet eligere?— E talibus debet eligere illud quod componitur ex phar- 
mads minoribus numéro eorum et facilibus inventu, et illud cujus magis frequentes usus 
sunt, et illud quod scopo proposito magis congruit. 


p. 4o 




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NOTICE DU MANUSCRIT 574 

DE LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE CAMBRAI 

SUIVIE D’UNE ÉDITION 

DES SERMONS FRANÇAIS DE PIERRE D’AILLY 

a 

PAR M“ fi IUT II RRAVRR 


INTRODUCTION 


Le manuscrit qui va être analysé n’a fait l’objet, jusqu'à présent, que 
d’une mention très sommaire dans le Catalogue général des manuscrits des 
bibliothèques publiques de France t 1 '. En effet, si les nombreux manuscrits 
littéraires et théologiques anciens de la Bibliothèque municipale de Cambrai 
ont accaparé, à juste titre, l’attention des érudits, les volumes tardifs et surtout 
les livres de vulgarisation et de piété ont été quelque peu négligés. Le 
manuscrit 574 appartient à cette classe plus humble du fonds médiéval. 
Mais sous le titre « Recueil de sermons », il renferme, en réalité, une collection 
fournie et complexe de textes variés. 


(l) T. XVII, Paris, 1891, rédigé par Auguste 
Molinier. La bibliothèque possède 1.398 manus¬ 
crits, dont 74 sont antérieurs au xu* siècle. Le 
fonds principal est celui de la Cathédrale; puis 
viennent les fonds des abbayes du Saint- 

Edith Braver. 


Sépulcre (bénédictins), et de Saint-Aubert 
(augusdns). La nodee du manuscrit 574 a été 
établie au cours d’une mission accordée par le 
Centre Nadonal de la Recherche Scientifique 
en 1956. 

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ÉDITH BRAYER 


Description. — Le livre, de dimensions moyennes, est homogène dans 
la présentation et dans l’écriture. II est constitué par des cahiers de papier de 
belle qualité, de format in-folio, au filigrane de la lettre P gothique ri). Le 
volume comprend d’abord sept feuillets de table, numérotés à l’époque 
moderne A-G (F et G sont blancs), puis 400 feuillets numérotés en chiffres 
romains à l’époque même de la copie; la foliotation est presque parfaite 
puisqu’une seule erreur, l’omission du chiffre CCC, est à relever. Par suite 
de ce décalage, le dernier folio est CCCCI. Les cahiers sont des senions 
réguliers, sauf le premier et le dernier qui comptent respectivement 6ix et 
cinq feuillets ri). Le texte est réparti en deux colonnes de 34 lignes dont la 
réglure est tracée à la mine de plomb. Un même scribe a copié tout le manuscrit 
d’une écriture bâtarde assez grosse et bien lisible. Les marges sont grandes (3 ) 
et l’ensemble dénote un soin d’exécution confirmé par l’emploi d’encres de 
couleur. 

La décoration reste sobre. Deux lettrines en bleu et rouge, avec filigrane 
des deux couleurs, introduisent l’une, la table (fol. A), l’autre, le premier 
texte (fol. 1). Au début des autres œuvres, les initiales sont simples, mono¬ 
chromes (bleues ou rouges), et sans filigrane. Les titres ne sont pas rubriqués, 
mais écrits à l’encre noire et soulignés en rouge. Dans le corps du texte, les 
noms des auteurs cités sont aussi soulignés, et les initiales des phrases sont 
rehaussées d’une touche de vermillon. Ce qui est plus remarquable, c’est le 
souci de présenter clairement l’exposé : des signes de paragraphes, bleus ou 
rouges, indiquent les subdivisions; des manchettes, en marge, annoncent les 
différents points du développement; les passages importants sont signalés 
par un « Nota » ou par un dessin en forme de croix. Les thèmes de sermons, 
quand ils sont traduits par un distique, sont disposés en vers; les alinéas d’un 
plan sont respectés. Pour ceux-ci et pour ceux-là, des accolades bleues et 
rouges, en marge, attirent sur eux l’attention du lecteur (4 ). 


(1) Dimensions de la page : 295 X 210 mm, 
soit une feuille de 30 X 42 cm environ. Pontu¬ 
seaux recousus distants de 40 mm, 7 vergeures 
au cm. Le filigrane P à haste fourchue, sur¬ 
monté d’un fleuron, est le n° 8590 J. de Briquet, 
Les filigranes, t. III, Leipzig, 1923. On trouve 
ce filigrane aussi dans un document de Saint- 
Omer, 1450. 


(,) Cahiers à réclames, en partie rognées. 
Collation des cahiers : 1 (6), f. A-F; 2 (12), 
f. G, 1-11 ; 3 (12) — 26 (12), f. 12-299; 27 (12) — 
34 (12), f. 301-396; 35 (5), f. 397-401. 

1,1 Dimensions de la justification : 195/ 
200 X 140 mm. Espace entre les deux colonnes: 
12/13 mm. 

Ul Voir les fac-similés, ci-dessous, p. 201. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


147 


La reliure, du xvm e siècle (1) , porte sur le plat l’inscription frappée en 
or : « S. Aubert », et un ex-libris manuscrit, ajouté au folio A confirme cette 
indication (2) : le manuscrit provient de l’abbaye de Saint-Aubert de Cambrai, 
communauté de chanoines réguliers, une des plus importantes de la ville 
avec l’abbaye du Saint-Sépulcre 

Il est probable que le manuscrit a été confectionné à Cambrai, et peut- 
être à l’abbaye même de Saint Aubert. L’écriture présente les caractères 
habituels aux manuscrits du nord de la France. Le dialecte du compilateur 
révèle une origine picarde. Parmi les enseignements, on lit une mention 
relative au diocèse : « Vegile a juner a l’usage de Cambray » (fol. 322). Enfin 
le ms. 574 est apparenté, matériellement ou par le contenu, à plusieurs autres 
manuscrits cambrésiens. Le ms. 403 (fonds du Saint-Sépulcre) est composé 
du même papier, au filigrane P gothique, et la première partie de ce volume 
est copiée dans une écriture très proche de celle du ms. 574. Ce dernier 
contient, en commun avec le ms. 811, quelques sermons; et en commun avec 
le ms. 241, une « lamentation contre temptation carnele » ^ 4 >. C’est surtout 
le ms. 210, provenant aussi de Saint-Aubert, qui est proche du ms. 574; il 
est intitulé le « Miroir des curés » et renferme une partie des sermons et plu¬ 
sieurs enseignements qui seront indiqués au cours de la présente analyse. 

Contenu. — Le recueil est entièrement en français. Bien que le manuscrit 
n’introduise pas de divisions entre les quelque deux cent trente textes copiés 
les uns à la suite des autres, on reconnaît cependant trois grandes séries : 
1° des sermons (fol. 1-310 v°); 2° des enseignements pieux en prose ou en 
vers (fol. 311-354); 3° un recueil d’exemples (fol. 354-401). Cette division 
n’est pas rigoureuse; des interférences se sont produites entre les trois séries 
et quelques enseignements ont pris place parmi les sermons ou parmi les 
exemples. 


(lï Reliure en veau brun marbré; gardes de 
couleur en papier à la cuve à tourbillons. Titre 
au dos : « Sermonaire ». 

(2) Fol. A : « C’est a l’abbaye de Sainct 
Aubert en Cambray » f écriture du xvii* s. On 
lit en dessous une mention plus ancienne : 
i Durardus (sic) prior ». Au fol. 175 v°, la note 
» Phs. Aaoust » semble un essai de plume. 


(3) Il ne reste presque rien des églises médié¬ 
vales de Cambrai. L’abbaye de Saint-Aubert a 
été entièrement détruite après la Révolution. 
L’église du Saint-Sépulcre, rebâtie au xviii* siè- 
cle, est actuellement la cathédrale. 

<4) Les manuscrits 811 et 241 proviennent 
du Saint-Sépulcre. Ils contiennent des vies de 
saints et des enseignements pieux. 

19. 


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148 


ÉDITH BRAYER 


PREMIÈRE PARTIE : ENSEMBLE DU CONTENU. 


LES SERMONS 


La partie la plus importante est le recueil de sermons qui comprend plus 
d’une centaine de pièces réparties dans un ordre précis, l’ordre de l’année 
liturgique. Ce sont essentiellement des commentaires sur les évangiles des 
dimanches et des grandes fêtes, de l’Avent au dernier dimanche après la 
Pentecôte. Il n’y a aucune fête de la Vierge, sauf tout à la fin, un sermon sur 
la Conception; il n’y a aucune fête de saint, sauf la Toussaint et la Commémo¬ 
ration des défunts. A première lecture, ces sermons paraissent disparates : les 
uns sont très courts et se bornent à expliquer sommairement le texte évangé¬ 
lique; d’autres sont très longs et pourvus de subdivisions bien ordonnées; 
d’autres encore sont truffés de nombreux exempla. Quelques-uns portent des 
noms d’auteurs, mais la plupart ne laissent percer aucune identité. La collec¬ 
tion de Cambrai apparaît donc comme une compilation. Comment en discerner 
les éléments? 

Les manuscrits de sermons en français sont relativement peu nombreux 
si on les compare à la masse énorme des Sermonnaires latins. La confrontation 
des textes français entre eux peut être tentée sans trop de peine. Quatre 
manuscrits, conservés respectivement à Valenciennes l 1 ), à Troyes (2) , à 
Copenhague et à Tournai ainsi que le Miroir des curés du ms. Cambrai 


(1) Valenciennes, BibL mun. 126., XV* s., 
papier, 312 fT. Copié par deux scribes, dont 
l’un se nomme Martin us van Loesvelt. Le ms. a 
appartenu à la collection des princes de Croy. 
Reliure ancienne; titre au dos : « Épîtres, 
Évangiles ». 

(,) Troyes, Bibl. mun. 1041. — Daté de 
1462, papier, 115 ff. Copié par « L. de Molinis », 
frère profès de l'abbaye de Clairvaux. Titre 
d'après le colophon : « Expositiones evangelio- 
rum dominicalium cum festis solempnibus ». 
Le rapprochement entre les mss de Valen¬ 
ciennes et de Troyes a été fait par J. Mangeart, 
Catalogue raisonné des manuscrits de la 
Bibl. de Valenciennes, Paris-Valenciennes, 
1860, p. 101-103, n° 119. 


(,) Copenhague, Bibl. royale, Ny kgi. 
S. 1838, 2°. — xv # s., papier, 154 ff. Copié dans 
la région de Valenciennes, d’après le dialecte. 
Titre moderne : » Sermonaire du siècle de 1300 
ou il y a des homélies des peres et notament de 
S. Grégoire ». Le recueil contient aussi un 
extrait du Miroir des curés, et la Bataille des 
vices et des vertus, qui se trouve dans le ms. 
Cambrai 574 aux fol. 349-354. 

141 Tournai, Bibl. du Séminaire 43. — 
xv* s., papier, 18 ff. préliminaires et 221 ff. 
Le volume a été exécuté pour ■ Jehan Ansiel », 
ancien abbé de Lobbes. Il contient, outre le 
sermonnaire, quelques extraits de la Somme le 
Roi, et la Bataille des vices et des vertus citée 
à la note précédente. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


149 



210, ont permis de retrouver les principales étapes de la composition du 
ms. 574 de Cambrai. 

Voici comment a été formé le recueil : 

1° Le Sermonnaire liturgique « Scientes quia hora est », du type ms. 
Valenciennes 126 O). 

Comme base de son travail, le compilateur de Cambrai a utilisé une 
collection liturgique complète, comprenant, semble-t-il, 74 ou 78 sermons; 
il y en a 74 si l’on compte seulement le Temporal, de l’Avent au dernier 
dimanche après la Pentecôte; mais il y en a 78, si déjà, dans le modèle utilisé 
figuraient les textes relatifs aux fêtes de la Toussaint et des Morts. C’est donc 
une collection abondante puisqu’elle concerne tous les dimanches et les 
grandes fêtes (2) , et qu’elle possède plus d’un sermon par solennité. En effet, 
les très grandes fêtes, comme Noël et Pâques, ont trois sermons (31 ; d’autres, 
la Passion, les Rameaux, la Pentecôte, la fête du Saint-Sacrement, en ont deux; 
on lit également deux textes — mais l’un commente l’évangile et l’autre 
explique les cérémonies liturgiques — pour la Circoncision, l’Épiphanie, 
le Vendredi Saint, les Rogations, l’Ascension et peut-être la Toussaint. 

Cette compilation primitive est elle-même composite : de la masse, se 
distinguent six sermons dont les auteurs sont indiqués expressément dans 
les rubriques. Ce sont deux sermons de saint Bernard pour l’Avent et quatre 
sermons de saint Grégoire pour la Septuagésime, la Sexagésime, la Quinqua- 
gésime et la Passion. 

a. Sermons de saint Bernard . — Les sermons de saint Bernard ne sont 
pas traduits littéralement; ce sont des adaptations assez libres de passages 


Incipit : « Pour le premier dimence des 
Avens. — Scientes quia hora est jam nos de 
sompno sur gère. Ad Romanos, XI 0 . — Aujour- 
d’huy commenchent les Advens de nostTe 
Signeur Jhesucrist... »; viennent ensuite le 
second dimanche (Erunt signa. ..), une collation 
pour 1* A vent (Dicite filie Syon...), etc. 

(t) 52 dimanches, plus Noël, Circoncision, 
Épiphanie, Cendres, Mi-Carême, Vendredi 
Saint, Rogations, Ascension, S. Sacrement, 
Toussaint, Morts. 


(,) Trois sermons pour Noël et Pâques, 
(offices des ténèbres, de l'aurore et du jour). 

(4) Le choix presque exclusif de citations 
évangéliques comme thèmes des sermons 
justifie les titres adoptés par le ms. de Troyes : 
« Expositiones evangeliorum » et par le ms. de 
Valenciennes : « Épi très. Évangiles ». Le seul 
texte étranger est une Histoire de la Création 
placée par Valenciennes entre la Septuagésime 
et la Sexagésime, et par Troyes avant le m* dim. 
après l'Épiphanie. 


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150 


ÉDITH BRAYER 


choisis. Le lecteur pourra comparer les deux sermons publiés in extenso dans 
la notice, avec le texte original latin placé en note t 1 *. Le premier sermon 
utilise les n 08 I et III des Sermones in Adventu; le second reproduit plus 
fidèlement le n° VI de la même série W. 

Il n’y a aucun rapport entre ces deux sermons de Cambrai et l’ancienne 
traduction lorraine du XII e siècle, qui est un des plus anciens monuments de 
notre littérature (S >. 

b. Sermons de saint Grégoire. — Au contraire, les Homiliae in Evan- 
gelia de saint Grégoire ont été mises à profit avec plus de science. Une 
traduction complète des Sermons sur l’Évangile avait été exécutée par Pierre 
de Hangest, peu avant 1368 l4 >. Le Sermonnaire « Scientes » a-t-il puisé dans 
cette traduction? La réponse est négative. La traduction de Pierre de Hangest, 
qui contient la totalité du texte, s’efforce de bien faire comprendre le sens 
et s’étend en périphrases lourdes et malhabiles. La présente traduction 
pratique des coupures dans l’original 151 et elle est à la fois plus près du latin 
et plus élégante, comme on en jugera par le texte du sermon de Sexagésime 
publié dans la notice <*). 

Les traductions, tant de saint Bernard que de saint Grégoire, indépen¬ 
dantes de ce qu’on connaît par ailleurs, sont peut-être des traductions par¬ 
tielles tirées directement du latin par le compilateur, afin de combler deux 

lacunes de la collection de sermons à la fin de l’Avent et à l’approche du 
Carême. 


(1) Voir ci-dessous, p. 25-30. 

•*» Pair, lat., t. CLXXXIII, col. 37-40, 
43-47, 52-54. 

Trois mss : Paris, Bibl. uat., fr. 24768 
(xii* s.), éd. W. Foerster, Li Sermon saint 
Bernart.., Erlangen, 1885 (extr. de Rom. 
Forsch., t. II). — Berlin, Bibl. nat., PhiUipps, 
1925, éd. A. Schulze, Predigten des heiligen 
Bernhard in altfraru. Uebertragung, Tübin- 
gen, 1894 (Bibliothek des literarischen Vereins 
Stuttgart, CCC11). — Nantes, Musée Dobrée, 
5, cf.L. Delisle, Un troisième ms. des sermons 
de saint Bernard en français dans Journ. des 
Sav.. 1900, p. 148-164. 

Un sermon isolé a connu une particulière 
faveur au xv 6 s., celui de la vigile de Noël : 


• La voix de liesse... ». Il n'a pas été connu du 
compilateur de Cambrai. Il se trouve notam¬ 
ment dans les mss Paris, Bibl. nat., fr. 1920, 
fol. 74 et fr. 19390, fol. 310. 

(4) Mss Paris, Bibl. nat., fr. 912, 913,13204; 
Ars. 2046, 2247 (daté 1368); Tours, Bibl. 
mun. 312. — Sur Pierre de Hangest, voir 
G. Grôber, Grundriss der romanischen Philo¬ 
logie , Strassburg, 1902, p. 1173-1174; rééd. 
par St. Hofer, Berlin-Leipzig, t. I, 1933, p. 148 
et t. II, 1937, p. 133. 

11 Elle conserve cependant les deux parties 
du modèle : l’évangile entier, l’homélie sur 
ledit évangile. 

{i) Voir ci-dessous, p. 35-43, avec le texte 
de Pierre de Hangest. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


151 


c. Sermons anonymes. — Le reste du sermonnaire «Scientes» ne semble 
pas avoir été composé avant le xiv® siècle, car, à trois reprises, l’autorité de 
saint Thomas est invoquée (1 '; le pape Urbain IV (1261*1264) est cité, ainsi 
que le roi saint Louis ( *>. Peut-être y aura-t-il lieu plus tard, à la lumière de 
comparaisons avec d’autres manuscrits, de fragmenter davantage cette partie 
anonyme. Les sermons qu’elle contient sont de moyenne étendue, de deux 
ou trois folios (3) ; ils s’attachent plus à la lettre qu’à l’esprit du thème évangé¬ 
lique, qu’ils commentent à l’aide de divisions et de nomenclatures scolas¬ 
tiques (4) ; enfin, ils sont caractéristiques en ce qu’ils fourmillent d 'exempta, 
historiettes morales ou récits merveilleux, dont les uns remontent à une 
ancienne tradition (Vie des Pères, Dialogues de saint Grégoire) et les autres 
invoquent des faits plus récents, comme un miracle arrivé à un prêtre du 
temps de saint Louis. 

Ce Sermonnaire liturgique, tel qu’il vient d’être décrit, a été utilisé 
différemment par nos recueils de sermons. Les copies sont d’ailleurs indé¬ 
pendantes l’une de l’autre; aucune n’a servi directement de modèle aux 
autres. L’ancêtre commun est inconnu. 

Le manuscrit de Valenciennes 126 est le plus proche de la compilation 
primitive, mais il est déparé par quelques lacunes (le sermon de l’octave de 
l’Ascension, le second sermon de la Pentecôte et celui de la Trinité manquent) 
et par des interversions (la Mi-Carême est après le IV e dimanche; le V e dimanche 
après Pâques est rejeté après les Rogations). Parmi les additions, notons la 
fête de la Purification, avec deux sermons, et un récit de la Création. Le 
manuscrit ne contient pas la Toussaint ni la Mémoire des défunts. 

Le manuscrit de Troyes a ajouté davantage. S’il n’a retenu qu’un des 


<1) i Saint Thomas d’Acquin », au fol. 166 v° 
(Pentecôte, Effundam) ; Thomas in compendio, 
aux foL 10 v° (Avent, Ecce sponsus venit) et 
129 v° (Descente de J.-C. aux enfers). La même 
référence existe dans le ms. Cambrai 210, le 
• Miroir des curés » de l’abbaye de Saint-Aubert, 
à la première rubrique : « Ychy commenche le 
prologue du livre intitulé le Miroir des curés. 
Ex compendio sacre théologie sancti Thome de 
Aquino, ordinis sancti Dorainici ». Un autre 
exemplaire du Miroir des curés est conservé à 
Bruxelles, Bibl. royale 10202-10203 (Van den 


Gheyn, t. III, n° 1607), ms. daté de 1385. 

(a * Le pape Urbain IV est cité au fol. 209 v° 
(Indulgences). S. Louis, fol. 208-209 v° et 382. 

Trois exceptions notables : le sermon de 
l’Avent, Ecce sponsus (fol. 9-14 v°), le récit de 
la Passion, Xpistus passus est (fol. 109 v°-123) 
et le sermon des Morts, Sancta et salubris 
(fol. 291-297). Ce dernier n’est pas le sermon 
de Jean Gerson. 

<4) Voir, à titre de spécimen, le sermon pour 
le II* dim. apr. la Trinité, dans la notice, aux 
fol. 213-214 v°, ci-dessous, p. 57-59. 


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152 


ÉDITH B RAYER 


deux sermons de la Passion, il a annexé un second sermon pour le II e dimanche 
après l’Épiphanie, et surtout il a ajouté toutes les fêtes de la Sainte Vierge : 
Conception, Purification, Annonciation, Assomption, Nativité, avec deux 
textes pour chaque solennité. Il a emprunté au sanctoral l’Exaltation de la 
Sainte-Croix et la Fête de saint Michel. Viennent à la fin la Toussaint, les 
Morts, et quatre sermons sur la Dédicace. Plusieurs enseignements sont 
intercalés parmi les sermons, notamment, après le II e dimanche de l’Avent, 
un traité sur l’Antéchrist et sur le Jugement dernier, et, au moment de 
Pâques, le récit de la Création qui figure aussi dans le recueil de Valenciennes, 
puis une « Histoire peu autorisée de Pilate ». La copie du manuscrit de Troyes 
a été faite à la hâte, en cursive; quelque confusion paraît dans la rédaction des 
rubriques, qui ne sont pas toujours correctes, ainsi que dans l’ordre des 
dimanches qui précèdent les Rogations. 

Le manuscrit de Copenhague est moins cohérent; plusieurs textes ont 
été copiés à deux reprises; par suite d’une lacune matérielle, l’année litur¬ 
gique est incomplète et s’arrête à la fête du Saint-Sacrement. On ne peut 
donc pas savoir s’il y avait un sanctoral à la fin du livre. Les récits sur l’Anté¬ 
christ et la fin du monde, le paragraphe sur la Création, les enseignements 
des curés, et la vie de Pilate ont été ajoutés parmi les sermons. 

Le manuscrit de Tournai est dans la même tradition que celui de Troyes. 
Il est divisé en deux parties : de l’Avent à la Trinité, puis les dimanches après 
la Trinité. Les additions qui lui sont propres sont un deuxième sermon 
Scientes quia..., différent du texte habituel; la fête de la Purification placée 
à la date liturgique convenable, parmi les dimanches après l’Épiphanie; puis 
à la fin de l’année, la Toussaint, les sermons des Morts et de la Dédicace. 
Vient ensuite une série de sermons pour les fêtes des saints et toutes les fêtes 
de la Vierge, autres que la Purification. Les récits dévots insérés parmi les 
sermons sont l’histoire de la fin du monde, placée entre les second et troi¬ 
sième dimanches de l’Avent, et celle de la Création, rejetée dans le sanctoral. 

Le Miroir des curés (ms. Cambrai 210, etc.) est une combinaison de 
sermonnaire et de légendier, en deux parties : de l’Avent à la Pentecôte 
(temporal, sanctoral), puis de la Trinité à l’Avent (temporal, sanctoral). 
L’introduction (fol. 1-38 v°) est une instruction générale pour les curés; 
elle comprend des extraits de la Somme le Roi de frère Laurent, plusieurs 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


153 


enseignements déjà mentionnés à propos du manuscrit de Troyes (Antéchrist, 
Jugement dernier), et des textes didactiques qui figurent aussi dans le ms. 574. 
Les sermons du Propre du temps suivent l’ordre du Sermonnaire « Scientes »; 
certaines fêtes sont renvoyées dans le Propre des saints (Noël, Circoncision, 
Épiphanie, Toussaint, Jour des morts), où l’on trouve aussi les fêtes de la 
Vierge (Conception, Purification, Annonciation, Assomption, Nativité) et la 
Dédicace de l’église. 

Dans le manuscrit 574 de Cambrai, le Sermonnaire « Scientes » a subi 
quelques altérations. Le compilateur a pratiqué des coupures qui reflètent 
le souci d’un plan rationnel; s’il supprime, c’est parce que le texte en question 
faisait double emploi, ou parce qu’un sermon plus important, pour le même 
jour, méritait d’être préféré. Ainsi ont disparu les textes sur la Circoncision, 
sur les Rogations et sur l’Ascension, remplacés par de grandes homélies. 
Ont disparu sans être remplacés le sermon de Mi-Carême, dont le thème 
Est puer unus est commenté derechef au xxv® dimanche après la Trinité, et 
celui des sermons de la Passion qui n’est pas de saint Grégoire (le copiste de 
Troyes avait pratiqué la sélection inverse). Le manuscrit de Cambrai n'est 
pas exempt de désordre : le sermon de Pâques, Expurgate vêtus fermentum, 
est perdu au milieu de l’information pour les curés, au début du Carême; et 
les dimanches après Pâques sont intervertis. La principale caractéristique du 
ms. 574 est qu’il reste fidèle au Temporal et rejette toutes les fêtes de la 
Vierge et des saints, sauf les sermons de la Toussaint et des Morts ri). 

Tel est le premier élément de la compilation de Cambrai **). Les additions 
vont en doubler l’étendue; elles comprennent des textes anonymes et des 
sermons d’auteurs connus. 

2° Sermons anonymes et instructions 

Deux groupes importants sont à signaler : 

a .Au début du Carême. — Le Sermonnaire « Scientes » contenait sans 
doute une instruction que les curés devaient transmettre à leurs paroissiens 
pour les inciter à préparer la confession pascale. Elle est incluse dans les 


(1) C’est le seul point où le ma. 574 peut 
rencontrer les légendiera, par ex. lea mss 
Cambrai 811 et Lille 453. 

( 1 ' Dana la notice, le Sermonnaire « Scientes » 

Êdith B RAYEE. 


apparaît dans les fol. 1-310 v° avec tous lea 
articles dépourvus d’astérisque. 

(,î Dana la notice, cea textes anonymes sont 
précédés d’un astérisque. 

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ÉDITH B RAYER 


manuscrits de Troyes et de Copenhague Mais le scribe de Cambrai l’a 
considérablement développée (18 feuillets) en un traité de la confession, de 
la pénitence et de la communion, qui est moins destiné aux pénitents qu’aux 
confesseurs. Ce manuel écrit à l’intention des prêtres se retrouve dans le 
Miroir des curés, du manuscrit de Cambrai 210 En tête figure un chapi¬ 
tre sur l’art de la prédication dont on trouve l’équivalent ailleurs, dans des 
manuels latins ( 3 >. 

Les chapitres suivants concernent l’examen des péchés, le choix des 
pénitences, le souci d’approprier les avis à l’âge et à l’état du pécheur. Le 
traité se clôt par un exposé des Articles de la foi. 

b. Pour la semaine sainte. — Une seconde addition importante a pris 
place entre les Rameaux et le Vendredi Saint. Elle comprend plusieurs sermons 
pour le jour même des Rameaux, ce qui porte à cinq le nombre des textes de 
cette fête. Une explication de la semaine sainte, la « semaine peneuse », et 
deux sermons pour le Jeudi Saint terminent cette adjonction. 

c. Additions éparses. — Pour compléter le relevé des additions ano¬ 
nymes, il faut citer, outre les deux groupes précédents, des textes dispersés : 
un exemple (tiré des Chroniques de Clairvaux) pour la solennité de Noël ( 4 *, 
une Lamentation contre la tentation de luxure ,;5) , et une nomenclature des 
douze apparitions de Jésus-Christ entre la Résurrection et l’Ascension l6) . 
Le récit de la Création, propre aux manuscrits de Valenciennes et de Troyes, 
n’a pas été repris ici. 

3° Sermons d’attribution certaine ou probable (7) . 

Ces oeuvres sont de deux sortes. Les unes sont très courtes, simples, de 


111 Troyes, 1041, fol. 35-35 v° : « Admonicion 
que les curez doivent faire a leurs parrochiens 
a l'entree de Caresme ou plus souvent ». — 
Copenhague, Ny 1838, fol. 67 v°-68. 

121 Aux fol. 19-23 et 36 v°-38 (correspond i 
Cambrai 574, fol. 76 v®-83 et 83-84 v°). Voir 
ci-dessus, p. 3, 4 et 8. 

**» Voir la notice, fol. 83-84 v«. Cf. Th. M. 
Charland, Arles praedicandi, Paris, 1936 
(Publ. Inst, études médiév. d’Ottawa, Vil), 
p. 219-226 et 328-341 (texte de Th. Waleys). 


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<4) Voir la notice, foL 31 v°-32 v°, ci-dessous, 
p. 31. 

{5) Voir la notice, fol. 69-71 v°, ci-dessous 
p. 44. 

Ce texte est conservé aussi dans le ms. 
Cambrai 241, fol. 146 v°-149 v°. 

16 * Voir la notice, foL 133 v°, ci-dessous, 
p. 51. 

(7> Dans la notice, ces sermons sont signalés 
par deux astérisques. Ils sont au nombre de 
vingt-trois. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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style archaïque. Bien que les titres ne révèlent aucun nom d’auteur, celui-ci 
peut être identifié aisément : c’est Maurice de Sully. Les autres sermons sont 
longs; plusieurs d’entre eux sont attribués à Jean Gerson ou à Pierre d’Ailly. 

a. Sermons de Maurice de Sully . — Les sermons français de ce personna¬ 
ge, qui fut évêque de Paris de 1160 à 11%, ont été publiés naguère par M. C. A. 
Robson. L’éditeur a connu le ms. 574, qu’il désigne par le sigle Ex 5, comme 
source de trois sermons Dans la masse des autres œuvres, les compositions 
de Maurice de Sully sont noyées; ce ne sont pas seulement trois, mais sept 
sermons complets, plus un fragment, que recèle le manuscrit de Cambrai. 
Le renom de Maurice de Sully fut assez grand pendant tout le moyen âge; 
les manuscrits complets sont au nombre d’une trentaine, pour la plupart du 
xm e siècle; mais des copies plus tardives subsistent : une date du XIV e s. 
et cinq du XV e s. Des extraits ont été englobés dans des légendiers ou 
dans des recueils d 'exempla Les emprunts du compilateur cambrésien 

ne coïncident avec aucun des florilèges précités. Ils concernent l’Avent et 
les derniers dimanches après la Pentecôte, et voici pourquoi. Dans l’Avent, 
il y a quatre dimanches; le Sermonnaire « Scientes » ne possédait que les 
numéros I et II, plus les sermons de saint Bernard et Ecce sponsus , dépourvus 
de numérotation, et surtout sans concordance avec les textes des évangiles 
de ces dimanches. II fallait combler les vides : de là l’emprunt des III e et 
IV e sermons (éd. Robson, n 08 49 et 50). Il se trouve que le thème du II e sermon 
était commun ( Erunt signa); mais le I er de l’Avent ( Ecce Dominus veniet; 
Robson, n° 47) qui constitue l’incipit dans la plupart des copies, formait une 
variante intéressante, et le compilateur l’a annexé à côté de son propre chef 
de file, le sermon Scientes quia hora est . Dans le corps du manuscrit, ont été 
empruntés à Maurice de Sully un fragment du sermon de Noël (Robson, n° 51) 
et l’explication de la procession des Rameaux (Robson, n° 14). A la fin de 


(1 * C. A. Robson, Maurice of Sully and the 
médiéval vernacular homily, with the text of 
Maurice 9 s French homilies from a Sens cathé¬ 
dral chapter ms.. Oxford, 1952; in-8°, xn-219 p. 
Voir p. 73 : « Cambrai 574, a fifteenth-century 
sermon collection, contains sermons 47, 49 
and 59 [corriger 50] ». Les sermons sont aux 
foL 2 v°-3,4 v°-6,6*6 v°, 35 v°-36 v°, 104 v°-105, 
269-269 v°, 271 v°-273 v«, 273 v*-274 v*. 


(,) Mas. du xiv e s. : Paris, Bibl. nat., fr. 187; 
mss. du XV e s., outre le ms. de Cambrai, les 
mss Paris, Bibl. de l’Arsenal 3684; Bibl. nat., 
fr. 17065, fr. 24745, nouv. acq. fr. 4085. Le ms. 
fr. 17065 présente un texte remanié et allongé. 

(,) Robson, ouvr. cité, p. 73; sigles Ex. 2 et 
Ex. 4. — Dans les exempla ne figure que le 
sermon n° 18, le seul qui soit pourvu d’un 
exemple, celui du moine et de l’oiseau. 

20 . 


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l’année, un autre vide était à combler : le Sermonnaire « Scientes » fournissait 
25 dimanches après la Trinité; pour les années où le nombre des dimanches 
était plus élevé, le manuscrit de Cambrai prévoyait un choix, avec les ser¬ 
mons 46, 62 et 12 de Maurice de Sully M. 

b. Sermons longs de Jean Gerson et de Pierre d’Ailly. — Les derniers 
sermons ajoutés, au nombre de seize, sont très étendus et très savamment 
composés. Dix d’entre eux sont « signés », c’est-à-dire qu’ils portent, en guise 
d’explicit, un nom propre, en français ou en latin W. Ces auteurs sont, une 
fois Jean Gerson (« J. de Gerson ») et neuf fois Pierre d’Ailly, écrit « Petrus 
de Ailliaco », « P. de Ailliaco, de Allyaco » ou « P. d’Ailly » < 8) . Des six autres 
sermons dépourvus de nom d’auteur, quatre sont reconnaissables comme 
étant de Jean Gerson; les deux autres sont apparentés par le style aux sermons 
de Pierre d’Ailly. 

Cette partie du manuscrit de Cambrai est celle qui apporte le plus de 
nouveauté. Les cinq sermons de Gerson étaient connus et publiés; ils font 
partie des Six sermons français édités, avec un abondant commentaire, par 
M. Louis Mourin l 4) . Ce sont les homélies de Noël ( Gloria in altissimis ), 
de la Pentecôte ( Mansionem ), de la Trinité ( Videmus nunc), des Morts (Beati 
qui lugent) et de la Conception de la Vierge (Tota paiera es). C’est ce dernier 


(1) Les numéros empruntés à Maurice de 
Sully semblent disparates : le n° 46 est effecti¬ 
vement le xxiv 0 dim. après la Trinité; il figure 
en fin de liste dans les mss qui commencent à 
i’Avent et non à la Circoncision. — Le n° 62 
(parabole du bon grain et de l’ivraie) est chez 
Maurice de Sully au Commun de plusieurs 
martyrs et se trouve également vers la fin de 
la collection. — Le n° 12 (multiplication des 
pains) prend place habituellement au IV 0 dim. 
de Carême; mais c’est un doublet de l’évangile 
du xxv 0 dim. après la Trinité : Est puer unus . 
— Le compilateur de Cambrai avait des raisons 
plausibles de réunir ces trois sermons pour 
dore la série des dimanches après la Pentecôte. 

(t) Il ne s’agit pas de signatures autographes. 
Ces noms sont écrits de la main du copiste y 
fol 18 v° t 31 v 0 , 42, 69, 126, 155 v 0 , 165 v 0 , 
175, 181, 310 v 0 . 


(,) Quinze sermons sont signalés dans la 
table du ms. par un signe marginal en forme 
de croix; ce sont huit sermons de Pierre d’Ailly 
(seul est dépourvu de signe le sermon de Pente¬ 
côte Mansionem ); trois sermons de Jean 
Gerson : Mansionem, Beati, Tota ; le sermon 
anonyme Gloriosa ; et trois sermons du Ser¬ 
monnaire « Scientes » : Ecce sponsus, Xpistus 
humiliavit. Surrexit. Les sermons de Jean 
Gerson non « signés » sont aux fol. 18 v°-25 v°, 
181-187 v 0 , 193 v<>-203, 284 v<>-291; les deux 
sermons anonymes (?) sont aux fol. 187 v 0 - 
193 v 0 et 274 v<>-278. 

(4) L. Mourin, Six sermons français inédits 
de Jean Gerson, étude doctrinale et littéraire, 
suivie de Tédition critique et de remarques 
linguistiques, Paris, 1946; in-8°, xn 1-611 p. 
(Études de théologie et d'histoire de la spiri¬ 
tualité, VIII.) 


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texte, qui est aussi le dernier du sermonnaire ' il) , qui porte la « signature » 
J. de Gerson. Le manuscrit de Cambrai est un exemplaire de plus à ajouter 
à la liste des manuscrits connus du Chancelier ( 2 >. 

Pour Pierre d’Ailly, la nouveauté est complète, car jusqu’à présent, 
tous les sermons français (sauf un discours politique) étaient considérés 
comme perdus. Un chapitre spécial sera consacré à la discussion d’attribution 
des neuf sermons de Cambrai 13 >. Ces textes célèbrent de grandes fêtes, des 
solennités où un prédicateur de haut rang pouvait prendre la parole : Noël 
(Veritas de terra orta est et Verbum caro factum est), la Circoncision ( Appa - 
ruit gratia ), les Cendres (Ecce nunc dies salutis ), Pâques (Maria Magdalene), 
les Rogations (Dédit dona hominibus ); l’Ascension (Assumptus est), la 
Pentecôte (Ille vos docebit et Mansionem). 

Restent encore deux sermons sans nom d’auteur, qui sont inédits. L’un 
est un « sermon pour le paix, fait a Paris » (Hec est Victoria) ; il est placé entre 
la Pentecôte et la Trinité, à tort, car le préambule le situe entre Pâques et 
la Pentecôte. L’autre sermon concerne la fête de la Toussaint (Gloriosa) (4) . 

La collection de sermons du manuscrit 574 est désormais complète; elle 
offre une richesse incomparable : huit textes pour la Nativité, cinq pour les 
Rameaux et pour la Pentecôte, au moins deux pour chacune des autres grandes 
fêtes. Cependant le scribe ne devait pas encore poser la plume. La fin du 
volume contient des enseignements et un recueil d’exemples. 


LES ENSEIGNEMENTS 

Nous avons vu que les manuscrits du Sermonnaire « Scientes » intro¬ 
duisaient, parmi les sermons, des instructions ou pièces édifiantes étrangères 


aux cérémonies liturgiques, comme 1 

111 La fête de la Conception de la Vierge 
(8 décembre) prend place, dans l’année litur¬ 
gique, parmi les dimanches de l’Avent. Ici le 
sermon a été rejeté tout à la fin, soit comme 
étranger au temporal, soit comme addition 
survenue au cours de la compilation. U faut 
noter que les anecdotes sur l’établissement de 
la fête de la Conception, annoncées au fol. 310 
v°, sont reportées foL 400-401 v°, et ne figurent 
pas dans la table k cette dernière place. 


’histoire de la Création, le traité de la 

(2) L. Mourin, U œuvre oratoire française de 
Jean Gerson et les manuscrits qui la con¬ 
tiennent , dans Archives d'histoire doctrinale et 
littéraire du moyen âge , U XV, 1946, p. 225- 
291. 

(3) Voir ci-dessous, p. 17. 

(4) Les neuf sermons de Pierre d’Aiily et 
les deux sermons anonymes sont publiés 
intégralement, ci-dessous, respectivement p. 
104-181 et p. 182-197. 


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fin du monde, ou le manuel des confesseurs. Le scribe cambrésien ajoute, 
après le sermonnaire, un recueil de textes du même genre. Certains des 
quatorze opuscules qui suivent les sermons, dans le ms. 574, du fol. 311 au 
fol. 354, auraient pu être insérés dans la partie « Prédication » du livre : la 
prescription des jeûnes, la sanctification des samedis et des dimanches, 
l’admonition aux repentis, rappellent les instructions du début de Carême; 
le Symbole de saint Athanase aurait pu être rapproché des Articles de la foi; 
la Transfiguration et la Dédicace de l’Église constituent de véritables 
sermons. 

Plusieurs de ces petites pièces figurent également dans le Miroir des 
curés du ms. 210, notamment l’Admonition aux repentis, la Dédicace de 
l’église, l’Altercation des vices et des vertus, et une rédaction en prose de 
Barlaamet Josaphat, extraite de la Légende dorée (1) . Les morceaux intitulés 
Quatre esprits, les Sept fermoirs du livre de conscience, les Neuf enseigne¬ 
ments pour chacune créature, ainsi que des citations d’« autorités » sur la 
vertu, sont dans la manière des nombreux recueils d’édification copiés au 
XV e siècle. 

La curiosité est attirée plutôt par deux poèmes longs, respectivement, de 
176 et 172 vers. 

Le premier poème, en 22 huitains d’octosyllabes, est intitulé le Dit des 
trois frères religieux qui pensaient à la Passion de Jésus-Christ. La scène se 
passe à l’abbaye de Marmoutier, où sont novices les trois fils d’un seigneur 
cruel. Lors d’une visite du père, un miracle se produit; au cours du repas, 
le seigneur voit ses enfants prendre pour nourriture les instruments de la 

Passion et le sang du Christ, parce que les pensées des jeunes gens étaient 
tournées vers les souffrances du Sauveur. Le père, édifié par la piété de ses 
fils, fait pénitence et amende sa vie. 

L’autre poème, le Dit des sept taches du mesel, en quatrains d’alexandrins 
monorimes, est une allégorie dans laquelle sept souffrances du lépreux 
symbolisent les sept péchés mortels : enflure (orgueil), pourriture (envie). 


111 Le texte de Barlaam et Josaphat a été choisi, probablement, à cause de l’abondance 
des exemples qu’il renferme. 


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brûlure (ire), soif (avarice), pesanteur (paresse), démangeaison (gloutonnerie), 
puanteur (luxure). 

Jusqu’à nouvel ordre, ces deux poèmes sont des unica (*). 


LES EXEMPLES 

Les cinquante derniers feuillets du manuscrit sont remplis par un recueil 
de 106 courtes pièces, dont la plupart sont intitulées « Exemple ». Ces exem¬ 
ples forment plusieurs groupes : une première série est extraite des Verba 
seniorum de Rufin tels qu’ils se présentent dans la compilation des Vies 
des Pères ^ 2! , plus deux paragraphes qui proviennent de YHistoria mona- 
chorum du même auteur (3) . Suivent les Vies de sainte Marine et de sainte 
Euphrosyne qui appartiennent aussi à la compilation précitée. Un autre 
groupe réunit des exemples de « rois » et de « chevaliers » (6) . Viennent 
ensuite, entremêlés avec d’autres récits de la Vie des Pères, quelques textes 
apparemment tirés des Dialogues de saint Grégoire, ou attribués à saint Ber¬ 
nard. Dans cette partie figure un exemple du roi saint Louis Deux 
« fables morales » mettent en scène des animaux (7) ; et les trois pièces qui 
suivent sont extraites de bestiaires moraiisés Un autre groupe distingue 
quelques miracles de la Vierge A la fin, se trouvent la légende des dan¬ 
seurs maudits ( 10) , puis le miracle de la femme de Laon t 11 *. Le recueil se 
termine par trois textes relatifs à l’établissement de la fête de la Concep¬ 
tion, d’après saint Anselme de Cantorbéry 


(1) Les deux poèmes sont publiés intégrale¬ 
ment dans la notice, fol. 324-327 v°, ci-dessous, 
p. 72-79. Le premier texte figurait dans un 
ms. aujourd’hui perdu qui appartenait aux 
Célestins de Metz. Voir Bulletin d*information 
de VI.R.H.T., n° 9, 1960, p. 39-51. 

(,) Notice, foi. 354-356; ci-dessous, p. 82-33. 

Le texte n’est pas une copie de Wauchier de 
Denain, ni de la traduction champenoise. Cf. P. 
Meyer, Versions en vers et en prose des Vies des 
Pires, dans Hist. litt. de la France, t. XXXIII, 
1906, p. 254-328. L’original latin est imprimé, 
d’après l’édition de Rosweyde parue en 1628, 
dans Patr. lat., t. LXXIII, col. 739-814. 

Notice, fol. 356 v°-358; ci-dessous, 


p. 84. Patr. lat., t. LXXIII, col. 435-438. 

(4) Notice, foi. 358 v°-363; ci-dessous, p. 85. 
Pau. lat., t LXXIII, col. 691-694 et 643-652. 

(5) Notice, fol. 363 v°-371 v°; ci-dessous, 
p. 85-88. 

(6) Notice, fol. 382 (texte publié); ci-dessous, 
p. 95. 

(7) Notice, fol. 383 v°; ci-dessous, p. 96. 

<8) Notice, fol. 383 v°-384 v°; ci-dessous, 
p. 96-97. 

(9) Notice, fol. 384 v°-386; ci-dessous, p. 97. 

( 10 Notice, fol. 398 v°-399 ; ci-dessous, p. 102. 
(ll > Notice, fol. 399-399 v°;ci-dessous, p. 102. 
(12) Notice, fol. 399 v°-401 ; ci-dessous, p. 103. 
PaU. lat., t. CLIX, col. 319. 


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Quelques enseignements sont intercalés parmi les exemples : des pré¬ 
ceptes de bonne conduite (fol. 375-376); une instruction sur la confession 
(fol. 363); une explication de la litanie (fol. 382 v°). C’est aux fol. 390-395 
que se retrouve le traité de la fin du monde et du Jugement dernier, du 
Miroir des curés. Le premier paragraphe, sur l’Antéchrist, manque au 
ms. 574. 

Avec les nombreux exemples qui sont cités dans les sermons, avec 
ceux de Barlaam et Josaphat, le manuscrit de Cambrai est une source impor¬ 
tante, pour qui veut étudier les traductions d 'exempta en français (1) . 

Conclusion. — Le compilateur du ms. 574 de Cambrai a composé à la 
fois une anthologie littéraire qui fournit un choix d’œuvres rédigées par 
de grands prélats et un manuel pratique à l’usage des prédicateurs. Ceux-ci 
pouvaient retrouver dans le sermonnaire, à telle date de l’année, ce qui 
avait été composé sur le sujet du jour, et puiser, dans les deux dernières 
parties (contes pieux et exemples), de nouvelle moralisations. 

Le recueil fournit ainsi à l’historien des documents sur la culture des 
prêtres et sur l’enseignement aux laïcs. La contribution à l’histoire littéraire 
n’est pas moindre ; le ms. 574 contient des traductions nouvelles de passages 
de saint Bernard et de saint Grégoire, il constitue une source supplémen¬ 
taire pour Gerson, et surtout il révèle Pierre d’Ailly comme écrivain français. 


(1) Les recueils d 'exempta latins sont beaucoup plus nombreux. Voir J. Th. Welter, 
L’exemplum dans la littérature religieuse et didactique du moyen âge, Paris, 1927; in-8°, 
564 p. 


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DEUXIÈME PARTIE 

LES SERMONS FRANÇAIS DE PIERRE D’AILLY 

Les œuvres connues de Pierre d’AiHy appartiennent aux domaines de 
la théologie, de la science et de la politique son œuvre oratoire comprend 
plusieurs sermons latins ***. Le manuscrit 574 de Cambrai ajoute à ce 
bagage des sermons français. Pierre d’AiHy aurait été ainsi le précurseur et 


(1) Le biographe de Pierre d’Ailly est ie 
chanoine L. Salembier, qui fut professeur aux 
Facultés catholiques de Lille. Void les princi- 
paux ouvrages : Petrus de Âilliaco, Insulis, 
1886. 

Id., Bibliographie des œuvres du cardinal 
Pierre d'Ailly, évêque de Cambrai ( 1350-1420 ), 
dans Le Bibliographe moderne, t. XII, 1908, 
p. 160-170, et à part, Besançon, 1909, in-8°, 
11 p.; 130 numéros en ordre chronologique. 

Id., Les œuvres françaises du cardinal Pierre 
d'Ailly, évêque de Cambrai, 1350-1420, dans 
Revue de Lille , t. XXV, 1906-1907, p. 40-49, 
110-124, 201- 221, 350-360, 782-791, 866-882, 
1058-1075; les pièces poétiques sont dans les 
trois premiers articles; même ouvrage à part, 
Arras-Paris, [1907], in-8°, 109 p. 

Id., Le cardinal Pierre d'Ailly , chancelier 
de l'Université, Paris-Tourcoing, 1932, in-8°; 
Soc . d'études de la prov. de Cambrai, recueil 35; 
voir notamment chap. vu : Pierre d’Ailly 
écrivain, p. 288-364. 

La matière des ouvrages précédents est résu¬ 
mée et précisée éventuellement par le cha¬ 
noine Salembier, artide « Ailly (Pierre d’) », 
dans Dictionnaire d'histoire et de géographie 
ecclés ., t. I, 1912, col. 1154-1165, et surtout 
dans Dictionnaire de théologie catholique, t. I, 
1930, col. 642-654. 

Une très bonne mise au point a été donnée 
par E. Vansteenberghe, dans Dictionnaire de 
spiritualité ascétique et mystique, doctrine et 
histoire, t. I, 1937, col. 256-260. 

Édith Brayer. 


Voir aussi A. Coviile, dans Dictionnaire de 
biographie française, t. I, 1933, col. 946-956, 
avec bibliographie. 

Le principal traité scientifique, YYmago 
mundi, a été publié par E. Buron, Ymago 
mundi de Pierre d'Ailly, Paris, 1930; in-8°, 
3 vol. 

Les ouvrages théologiques ont été publiés, 
avec les sermons, dans les incunables dtés à la 
note suivante. Plusieurs opuscules ont paru 
aussi dans l’édition des œuvres complètes de 
Jean Gerson, par Fl Lies Du Pin, voir ci-des- 
sous, p. 18, n. 2. 

Pour les ouvrages politiques, voir ci-dessous, 
p. 21, n. 3. 

,2) Les sermons, et autres opuscules, ont 
été imprimés dès le XV e siècle, d’après le ms. 
Cambrai 531 : Tracta tus et sermones Pétri 
de Ailliaco, Bruxelles, les Frères de la vie 
commune, vers 1484; in-fol. 

L’exemplaire de la Bibl. nat., de Paris 
(Rés. D 700) est incomplet et ne contient pas 
les sermons. 

Autre édition, même titre, Argentinae, 
1490; in-fol., folioté d’après les signatures (cha* 
cune compte 6 ff.) : a-z, A-C; Bibl. nat., 
trois exemplaires : Rés. D. 1055, 1056 et 1057. 

Les sermons occupent, dans l’édition de 
1490, les fol. 5-z, A-C; dans le ms. Cambrai 
531, les fol. 122 vM85. 

Le sermon pour la Toussaint 1416, pro¬ 
noncé à Constance, est conservé dans un ms. 
de Vienne (Autriche), Bibl. nat., 3947. 

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ÉDITH BRAYER 


l’émule de Jean Ger9on W. Mais à l’inverse de Gerson, pour qui la docu¬ 
mentation manuscrite est considérable < 2 >, Pierre d’Ailly ne semble avoir 
obtenu, pour ses sermons français, qu’un succès local. La ville de Cambrai 
resta fidèle au souvenir de son évêque un recueil des œuvres latines, 
Tractatus et sermones, fut compilé en 1425 à l’abbaye bénédictine du Saint- 


Ce sera l’affaire des spécialistes d’étu¬ 
dier les rapports entre les deux amis. Résu¬ 
mons les principales étapes de leur carrière : 
Pierre d’Ailly (1350-1420), docteur en 1381, 
fut successivement recteur du Collège de Na¬ 
varre en 1384, chancelier de l’Université de 
Paris en 1389 et aumônier du roi Charles VI; 
il fut nommé évêque de Cambrai en 1397 et 
cardinal en 1411. Jean Gerson (1363-1429) fut 
l’élève de Pierre d’Ailly au Collège de Navarre; 
sa principale charge fut celle de chancelier de 
l’Université de Paris. Tous deux prirent une 
part active aux débats relatifs au schisme, et 
virent le succès de leurs efforts au Concile de 
Constance (1414-1417). 

(8) L. Mourin, L’œuvre oratoire française 
de Jean Gerson et les manuscrits qui la con¬ 
tiennent. (Ouvr. cité ci-dessus, p. 13, n. 2) : 
50 sermons d’attribution certaine, et 6 dis¬ 
cours politiques conservés dans 35 mss. 

Le même érudit a publié en édition critique 
dix sermons : Six sermons français... (Ouv. 
cité ci-dessus, p. 12, n. 4) : Mansionem, 
Videmus, Beati qui lugent, Gloria, Tota pai¬ 
era es, Nimis honorati. Id., Les sermons fran¬ 
çais inédits de Jean Gerson pour les fêtes de 
l’Annonciation et de la Purification, dans 
Scriptorium, t. II, 1948, p. 221-240, et t. III, 
1949, p. 59-68 : Ave Maria, Suscepimus, 
textes. Id., Jean Gerson, prédicateur français 
pour les fêtes de l’Annonciation et de la 
Purification, dans Revue belge de philologie 
et d’histoire, t. XXVII, 1949, p. 561-598 : 
Ave Maria, Suscepimus, commentaire. Id., 
Un sermon français inédit de Jean Gerson 
sur les anges et les tentations : Factum est 
praelium, dans Recherches de théologie anc . 
et médiév., t. XVI, 1949, p. 99-154. Id., Le 
sermon français inédit de Jean Gerson pour 
la Noël : Puer natus est nobis, dans Lettres 


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Romanes, X. II, 1948, p. 315-324, et t. III, 
1949, p. 31-43 et 105-145. 

Le sermon Ad Deum vadit a été publié 
par le R. P. G. Frénaud, La Passion Nostre 
Seigneur, sermon « Ad Deum vadit » prononcé 
par maistre Jehan Gerson en Véglise Saint- 
Bernard de Paris, le Vendredi Saint 1403 , 
Paris, 1947; in-4°, xxiv-136 p. 

Plusieurs autres sermons en français figu¬ 
rent dans l’édition Eliies Du Pin, Johannis 
Gersonii Opéra omnia, Antwerpiae, 1706; 
in-fol., 4 vol. La plupart des sermons sont 
donnés dans la traduction latine; sont publiés 
en français les sermons : Convertimini, In 
nomine Patris, Multi in nativitate, Obsecro 
vos, et les discours Vade in pace , Estote misé¬ 
ricordes et Rex in sempiternum vive. 

Quelques précisions de date ont été appor¬ 
tées par M. Liebermann, Chronologie gerson- 
nienne, dans Romania, t. LXX, 1948, p. 51- 
67; t. LXXIII, 1952, p. 480-496; t. LXXIV, 
1953, p. 289-337; t. LXXVI, 1955, p. 289- 
333; t. LXXVIII, 1957, p. 433-462. 

La tradition manuscrite des sermons de 
Jean Gerson est encore moins considérable 
que celle de certains opuscules pieux, comme 
la Mendicité spirituelle ou la Montagne de 
contemplation , conservés dans plus de cin¬ 
quante manuscrits. Les dix-huit sermons les 
plus répandus sont contenus dans un petit 
nombre de copies (de 5 à 12); 26 sermons 
ne nous sont parvenus que par 2, 3 ou 4 copies; 
12 sermons sont en manuscrit unique. 

(3) Le corps du prélat, mort en Avignon où 
il s’était installé comme légat du pape Mar¬ 
tin V, fut ramené et enterré à Cambrai en 
1420. La tombe fut profanée à la Révolution. 
La dalle, avec 1a statue du gisant, a été retrou¬ 
vée; die est actuellement conservée au Musée 
de Cambrai. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


163 


Sépulcre (c’est le ms. Cambrai 531); plusieurs livres ayant appartenu à 
Pierre d’Ailly restèrent à la Bibliothèque capitulaire (1 >. Le ms. 574, par le 
caractère de l’écriture et par le dialecte, semble bien avoir été écrit à Cambrai 
même, et l’insistance du copiste à mentionner par neuf fois le nom de 
Pierre d’Ailly, alors qu’il méconnaît presque complètement Gerson, ferait 
croire qu’il était bien informé sur les productions du prélat, et qu’il a peut-être 
utilisé des notes provenant de l’auteur lui-même. 

Le témoignage du manuscrit semble fort; il peut être appuyé par un 
autre document. Un petit extrait du sermon français (attribué par le ms. 574 
à Pierre d’Ailly), pour le mercredi des Cendres ( Ecce nunc dies salutis), 
a été conservé dans le ms. 58 de Charleville, sous le titre : « Memento homo 
quia cinis es et in cinerem reverteris ». Or ce manuscrit de Charleville joint 
les noms de Jean Gerson et de Pierre d’Ailly; c’est un florilège d’extraits 
théologiques en latin et en français, copié en 1490 par un moine de la Char¬ 
treuse du Mont-Dieu, Henri Waghers l2 '. Le üvre contient notamment 
VOpus tripartiturn de Gerson, en latin, puis en français; des extraits de la 
Mendicité spirituelle, et des extraits d’une lettre de Gerson à Pierre d’Ailly. 
Le scribe fait allusion à un autre florilège copié par lui, aujourd’hui perdu, 
qui contenait également des œuvres de Gerson et d’Ailly côte à côte; le 
Tripartit en français et le traité De quadruplici exercitio spirituali ( 8 >. Le 
petit fragment du sermon : « O home, considéré dont tu viens... » n’est pas 
attribué expressément à l’évêque de Cambrai; mais le fait que Henri Waghers 
avait à sa disposition des œuvres de Pierre d’Ailly confirme les indications 
du ms. 574. 

D’autres arguments peuvent être cherchés en dehors des rubriques des 
manuscrits, dans le texte même. 

111 Les mss 97, 926 et 954 portent le nom 
ou les armoiries de Pierre d’Ailly. D’autres 
mss sont dits lui avoir appartenu, sans preuve 
tangible. Cf. Catal. gén. des mss. t. XVII, 

1891, introduction, p. III-IV. 

1,1 E. Brayer, Un copiste de manuscrits de 
la Chartreuse du Mont-Dieu, Henri Waghers, 
dans Études ardennaises, t. 5, 1956, p. 9-15. 

1,1 Ms. Charleville 58, fol. 56 v° : (De arte 
bene moriendij. « Explicit tractatus. Nota 


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quod predictum trac latum scripsi in gallico 
in quodam parvo libeilo de papiro ubi un us 
est tractatus valde devotus reverendissimi do- 
mini Pétri Cardinalis Cameracensi de quadru- 
piici exercicio spirituali. » Ibid., fol. 86 : 
« Chy fine la seconde partie Tripertiti. Nota 
que la III 9 partie Tripertiti est en latin au 
devant folio LII; et est en franchoys en un 
aultre petit livret auquel est un traité de qua¬ 
druplici exercicio spirituali, etc. » 

21 . 


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164 


ÉDITH BRAYER 


Plusieurs sermons (Veritas..., Apparuit gratia...) font allusion à un 
jeune roi, et le mettent en garde contre les mauvais conseillers 1J . Deux 
autres textes sont adressés au roi et aux princes, et un troisième déplore, 
devant le même auditoire, la longue durée du schisme Or ces circon¬ 
stances s'appliquent parfaitement au début du règne de Charles VI. Le jeune 
roi monta sur le trône à l’âge de douze ans, en 1380; les bons conseillers 
de Charles V furent renvoyés; la tutelle des oncles, les ducs d’Anjou, de 
Berry, de Bourgogne et de Bourbon, se signala par le plus grand désordre. 

D’autre part Pierre d’Ailly commença sa carrière de professeur à la 
même époque Il était bien en cour : dès 1381, il prononça, devant le duc 
d’Anjou, un discours sur le problème du schisme Il n’y a donc pas de 
difficulté à admettre que Pierre d’Ailly ait pu s’adresser au roi, et parler 
du schisme, sa préoccupation dominante. Qu’il se soit exprimé directement 
en français devant son royal auditoire est normal II est hors de doute 
que Pierre d’Ailly a prêché et harangué en français, au cours de sa triple 


' l) Voir sermon Veritas, foL 17 v° et 18, 
ci-dessous, p. 110-1 : « Les boins et v&illans 
hommes sont reculés et desprisiés... » « Com¬ 
ment porra ce faire un roy ou un prinche, 
qui est de jone eage et qui n’a pas expérience 
de si grant malice... » 

Sermon Apparuit, foL 41 v°, ci-dessous, 
p. 124 : « Cascun roy ou prince de terre, et 
par especial qui de nouvel vient a gouverne¬ 
ment de royalme ou de seignourie... » 

l2> Sermons Mansionem, passim, ci-des¬ 
sous, p. 180 : « O très noble roy... O très noble 
roy et tous prinches aussi... »; Verbum, fol. 
31 v°, ci-dessous, p. 118 : « O tu quiconques 
es roy ou prinche de terre; o tu quiconques 
as royamme ou seignourie... » : Assumptus, 
foL 161, ci-dessous, p. 158 : • S'il avoient 
ferme foy, lairoient il tant durer ce misérable 
scisme et scismatique division, qui ja par long 
temps a persévéré en nostre mere saincte 
Eglise... Finablement, appaisiés le scisme et pro¬ 
curés concorde et union a saincte Eglise... » 
Pierre d’Ailly obtint le titre de docteur 
en 1381; il fut professeur de théologie et de 
philosophie au Collège de Navarre. 


(4) Salembier, Bibliographie..., n° 17 : 

1381. Oratio coram Duce Andegavensi de 
d»ftsid»* inter Urbanuin et Clementem compo- 
nendis. 

(*) Les sermons adressés aux clercs étaient 
prononcés en latin (sermons de synode, ser¬ 
mons devant l’Université de Paris, devant le 
Concile de Constance). Voir Salembier, Biblio¬ 
graphie.,., n°* 8-10, 13, 20, 22, 26-27, 30, 
58-60, 71-73; 81, 85-86, 92-93; 142, 158, 161- 
163, 166. Mais devant des princes laïques, les 
prédicateurs s’exprimaient en français. Il arrive 
que le texte ait été traduit après coup en latin; 
mais la forme originale est spécifiée dans les 
mss. Voir par exemple un recueil de serinons 
de Jean Du Fayt, abbé de S. Bavon de Gand, 
conservé dans le ms. 509 de Douai. Deux 
sermons prononcés devant le comte de Flandre 
en français ont été transcrits en latin, avec 
cette indication, foL 200 : « Sermo factus 
coram domino comité, tertia do rai nica Qua- 
dragcsime factus in gallico. » — Foi. 248 : 
■ Sermo factus in festo Sanctorum O mni um 
in gallico coram domino comité Flan- 
drie. » 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


165 


carrière de professeur, d’homme d’Égiise et de diplomate. Froissart dit de 
lui qu’il était « sur tous bien enlangagié en latin et en franchois » £ n 
1403, au moment où le roi et l’Université décidèrent de rendre au pape 
Benoît XIII l’obédience de la France qui lui avait été soustraite en 1398, 
Pierre d’Ailly fut chargé de promulguer l’ordonnance, ce qu’il fit au cours 
d’une cérémonie à Notre-Dame, après avoir prononcé un sermon en fran¬ 
çais, sur le thème : Benedictus Deus qui dédit hanc voluntatem in corde 
regis clarificare domum suum. IL Esdras , viii. capitulo (2j . 

Le sermon est perdu; mais un autre discours est conservé. Pierre d’Ailly 
fut l’un des orateurs de l’Assemblée du clergé de 1406. Le texte de toutes 
les interventions, pour ou contre Benoît XIII, a été heureusement transcrit 
par un greffier, et c’est un document précieux pour l’histoire de l’éloquence 
en langue vulgaire (3) . 

Cette éloquence a des lois, un style. Est-il possible de comparer les 
sermons du manuscrit de Cambrai avec les autres œuvres oratoires attri¬ 
buées avec certitude à Pierre d’Ailly? 

Il est difficile d’établir une comparaison entre le discours politique de 
1403 et les sermons religieux; la différence de genre est trop sensible. On 
ne retrouve naturellement rien du fond des idées. C’est plutôt par la clarté 
de l’exposition, par l’emploi de formules favorites *'> que la manière de 
l’auteur se révèle i6) . 


Ui Ed. Kervyn de Lettenhove, Bruxelles, 
1872, t. XVI, p. 121. 

(i) Chronique du Religieux de Saint-Denis, 
éd. Bellaguet (Coll, de documents inédits), 
t. 111, Paris, 1841, p. 97. 

Discours à Benoît XIII, cité par Salembier, 
Les œuvres françaises..., p. 54 du tirage à 
part, note. 

(a) Bourgeois du Chastenet, Nouvelle his¬ 
toire du Concile de Constance, où Von fait 
voir combien la France a contribué à Vextinc¬ 
tion du Schisme avec plusieurs pièces qui n'ont 
point encore paru, tirées des Manuscrits des 
meilleures Bibliothèques, Paris, 1718; in-4°, 
Ümin., 290 p. de texte et 556 p. de preuves. 
Voir preuves, p. 94-234. Le discours de Pierre 
d’Ailly est aux p. 149-163. 


Ce discours a été publié également par 
Salembier, Les œuvres françaises du cardinal 
Pierre d'Ailly..., p. 70-89 du tirage à part. 

14: Comme dans les sermons scolastiques, 
on note l’annonce du plan, les divisions asso- 
nancées (aussi chez Gerson), les arguments 
numérotés avec précision ; les transitions du 
type : « Je me expedie du second article et 
viens au tiers article •, l’emploi fréquent du 
verbe « reciter • sont plus caractéristiques. 

(A> Des lettres missives récemment décou¬ 
vertes et publiées par M. Pietresson de Saint- 
Aubin, Documents inédits sur l'installation 
de Pierre d'Ailly à l'évêché de Cambrai en 
1397, dans Bibl. de l'École des chartes, t. CXIII, 
1955, p. 111-139, ne fournissent pas d’élé¬ 
ments de comparaison avec les sermons. 


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166 


ÉDITH BRAYER 


Une autre confrontation se montre plus fructueuse, celle d’un sermon 
français avec un sermon latin, tous deux célébrant la fête de Noël sur le 
thème : Veritas de terra orta est. L’un n’est pas la traduction intégrale de 
l’autre. Ce sont deux rédactions avec variantes. Le sermon latin ne comporte 
que deux parties; destiné à des clercs, il contient beaucoup de citations 
de l’Écriture et d’auteurs de l’Antiquité. Le sermon français a réduit les 
longs développements savants, et ajoute une troisième partie, l’avertisse¬ 
ment au jeune roi contre les mauvais conseillers. La démonstration est 
illustrée d’une fable qui devait être goûtée d’un auditoire laïque. La struc¬ 
ture du plan, les passages communs, librement adaptés d’une version à 
l’autre, indiquent un seul et même auteur. Dans les détails certains procédés 
sont révélateurs 

Les neuf sermons de Cambrai enrichissent de beaucoup l’œuvre fran¬ 
çaise de Pierre d’Ailly. On lui avait attribué divers petits poèmes, qui sont 
plutôt des jeux de versification ( 2) . Peut-être ce goût des rimes a-t-il porté 


(1) Voir ci-dessous, p. 104. Un procédé cher 
à Pierre d’Ailly consiste à employer côte à 
côte deux groupes « nom-adjectif », choisis de 
telle sorte que le nom d’un groupe et l’adjectif 
de l’autre groupe soient de la même famille 
étymologique; par exemple : « misérable 

scisme et scismatique division; ardant amour 
et amoureux ardour; douls confort, confor¬ 
tant seureté et seur resjoissement ». Dans le 
sermon latin figurent des formules analogues : 
« Summo vero ac vero bono. » 

l2) Salembier a tiré d’un ms. d’Avignon 
(Musée Calvet 344) et d’un imprimé ancien, 
qui se trouve, comme YYmago mundi, à La 
Bibliothèque Colombine de Séville, l’essentiel 
de sa documentation sur Pierre d’Ailly poète. 
U a ignoré beaucoup d’autres manuscrits, 
ainsi que l’article suivant : Arthur Piaget, 
Quelques vers du cardinal Pierre d’Ailli , dans 
Romania, t. XXIX, 1900, p. 112-115. Sont à 
retenir, jusqu’à nouvel ordre : 

1° Le Rossignolet (inc. : Rossignol messa- 
gier d’amoureuse nouvelle), 350 vers; ms. Avi¬ 
gnon 344, foL 152 v°-158 v°; éd. Salembier, 
Les œuvres françaises..., p. 28-40 du tirage à 
part; l’éditeur a ignoré le ms. Paris, BibL 


nat., fr. 24863, foL 159; sur la source du 
poème, voir J. Monfrin, A propos du Tombei 
de Chartrose, dans Romania , t. LXX, 1948- 
49, p. 248, n. 1. 

2° Les Contredits de Franc-Go nthier (inc. : 
Ung chasteau sçay sur roche espouvantable...), 
32 vers; éditions anciennes, et Salembier, 
ouvr. cité, p. 44-48. Ce poème, qui évoque 
le portrait d’un tyran, est une réplique d’un 
poème de Philippe de Vitry, les dits de Franc- 
Gonthier, consacrés à la vie du paysan (inc. ; 
Soubz feuille verd, sur herbe delict&ble...). 
Villon (Testament, v. 1457 et suiv.) fait allu¬ 
sion à ces deux pièces, et compose d’autres 
Contredits de Franc-Gonthier plus paillards 
(inc. : Sur mol duvet assis, un gras chanoine...), 
ainsi dédiés : 

Item a maistre Andry Courault 
Les Contrediz Franc Gontier mande; 
Quant du tirant séant en hault 
A cestuy la riens ne demande... 

Cf. Romania, t. XXVII, 1898, p. 61-65. 

3° Les Enfermetez du corps (inc. : Plus est 
le corps aise et pis vault...), 14 vers commen¬ 
çant tous par « Plus... », qui démontrent que 
la mollesse et la facilité engendrent le vice; 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


167 


le prélat à proposer, dans ses sermons, deux ou trois traductions différentes 
des versets évangéliques qu’il commentait, et à exprimer en vers quelques 
images de son texte **'? 

Le lecteur moderne apprécie davantage l’éloquence du prédicateur, 
l’harmonie de la phrase et l’élévation des sentiments. Comment résister à 
la fougue de l’orateur, quand il blâme la tiédeur de la foi en une longue 
tirade d’interrogations (2) ? Comment ne pas participer à ce mystère de la 
Résurrection, mis en scène par le beau sermon « Maria Magdalene », quand 
les divers acteurs jouent leur rôle avec une criante vérité < a >? 

L’édition des textes permettra d’apprécier tous les aspects du talent de 
l’écrivain. La technique de composition, la doctrine des sermons mériteront 
d’être analysées comme celles des sermons de Jean Gerson l4) , et des compa¬ 
raisons entre les deux auteurs pourront être entreprises. 


mss Paris, Bibi. nat., fr. 25434, fol. 58-58 v°; 
Londres, Brit. Muséum, Add. 174*16, fol. 11; 
Londres, Brit. Muséum, Lansdowne 380, fol. 
142 v°. Vienne, Bibl. nat. 2579, fol. 19-19 v° 
et 40 v°-41 ; 

Éd. A. Piaget, ouvr . cité, p. 114. 

4° Les Bienfaits de la souffrance (inc. : 
Souffrir nous fault, car c’est raison...), 24 vers 
commençant tous (sauf le dernier) par « Souf¬ 
frir... ». C’est le « Contredit » du poème pré¬ 
cédent. Mss Paris, Bibl. nat., fr. 25434, fol. 
58 v°-59 (seul connu de Piaget); Paris, BibL 
nat., nouv. acq. fr. 10032, fol. 141-141 v°; 
Lille, Bibl. mun., 139 (2 # partie), fol. 13-13 v°; 
Vienne, Bibl. Nat. 2579, fol. 18-18 v°. 

Éd. S. Glixelli, Les cinq poèmes des Trois 
morts et des trois vifs, Paris, 1914, p. 128- 
129, et Piaget, ouvr. cité, p. 114-115; étude 
annoncée par M.G. Brunelli. 

Les autres œuvres retenues par Salembier 
sont : le Jardin amoureux de Tâme dévote. 


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en prose, terminé par un poème sur l’amour 
divin, en 98 vers, qui est conservé par un 
grand nombre de manuscrits, et est parfois 
attribué à Gerson; la Piteuse complainte de 
Vhumaine créature qui de Testât de pechié, 
nouvellement a Dieu veut retourner, en prose, 
qui est ordinairement attribuée à Jean Gerson. 
Il y aurait beu d'examiner plus attentivement 
les manuscrits avant de se prononcer sur l’attri¬ 
bution. 

U) Voir les thèmes des sermons Verbum et 
Assumptus ci-dessous, p. 113 et 157; le débat 
de l’âme et du corps, dans le sermon Ecce 
nu ne, ci-dessous, p. 137. 

(a) Sermon Assumptus, ci-dessous, p. 158. 

(,) Sermon Maria Magdalene, ci-dessous, 
p. 139. Ce sermon se déroule comme un drame 
liturgique. 

(4) Voir les ouvrages de L. Mourin, qui 
ont été cités ci-dessus, p. 18, n. 2, notamment 
Six sermons français ... 


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168 




ÉDITH B RAYER 










ANALYSE DU MANUSCRIT 

LES SERMONS 








» - i I JJiU 13 9UMIU 

Fol. A-E v°. C’est le table des euvangiles, sermons et exemples contenus 
en ce présent livre t 1 2 3 *. 


Fol. 1-2 v°. Pour le premier dimenche deTAdvent nostre Seigneur — 
Scientes quia hora est jam nos de sompno surgere. Ad Romanos xi° c°. — 
Au jour d’uy commenchent les Advens de nostre Seigneur Jhesucrist. Si 
devés premièrement sçavoir que nous lisons en saincte Eglise de quatre 
advens... W. 

[Les quatre venues de J.-C. sont la Nativité, la visite spirituelle dans le cœur des 
pécheurs repentants, la présence au moment de la mort corporelle, le retour au Jugement 
dernier. L’Église célèbre la première et la quatrième. 

Exhortation à sortir de nos péchés. Exemple : un chevalier reçoit en pénitence un 
anneau, en mémoire de la mort.] 

**Fol. 2 v°-3. [Maurice de Sully.] Item pour le dit jour. — Ecce Domi¬ 
nas veniet et omnes sancti ejus cum eo . — Chieres gens, les boins jours 
del advenement nostre Seigneur entrent huy et nous amonnestent les escrip- 
tures... [Éd. Robson, n° 47.] 

(1) La table contient les textes du foi. 1 
(« Pour le premier dimenche de i’Advent ») 
au foi. 399 (Exemple d’une femme qui tua 
un enfant). Les trois textes sur la Conception 
de la Vierge (foi. 399 v°-401) ne figurent pas 
à la table, mais sont annoncés au fol. 310 v°. 

(2) Les textes dépourvus d’astérisque sont 
ceux du Sermonnaire « Scientes »; ceux qui 
sont marqués d’un astérisque sont les sermons 
(ou leçons) anonymes ajoutés; ceux qui sont 
marqués de deux astérisques sont les sermons 
d’auteurs déterminés. 

(3) Thème : Ép. s. Paul, Rom. xiii, 11; 


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I er dim. Avent. Pour chaque sermon du Ser¬ 
monnaire « Scientes ■, sont données les réfé¬ 
rences des mss de Valenciennes, de Troyes, 
de Copenhague et de Tournai; puis celles du 
Miroir des Curés, ms. Cambrai 210, l re ou 
II* partie (cf. ci-dessus, p. 8-9). 

Mss Valenciennes 126, foi. 1-4; Troyes 
1041, fol. 1-2; Copenhague Ny 1838, fol. 23- 
24 v°; Tournai, Sém. 43 (précédé par un autre 
sermon sur le même thème), fol. 2-3; Cam¬ 
brai 210, I, fol 38 v°-39 v°. 

Thème : Zach. xiv, 5; antienne des 
Vêpres, i fr dim. Avent. 


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D 


MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


169 


Fol. 3-4 v°. Le second dimence de FAdvent. — Erunt signa in sole 
et luna et stellis. Mathei xxiiii ° c°. — Saincte Eglise fait mencion en Feuvan- 
gile d’uy du jour du Jugement... 

[La venue de J.-C. sera : 1° « de grant affaire », tous le verront; 2° vertueuse. Exemple, 
tiré de Barlaam et Josaphat : un roi salue les pauvres. Il faut renoncer aux désirs charnels.] 

**Fol. 4 v°-6. [Maurice de Sully.] Le m e dimence de FAdvent. — 
Johannes autem cum audisset in vinculis opéra Xpisti 9 etc. — Le saint 
euvangile d’uy nous raconte que messires s. Jehan Baptiste, comme Herodes 
le tenist en prison... [Éd. Robson, n° 49.] 

**FoI. 6-6 v°. [Maurice de Sully.] Le im e dimence de FAdvent. — 
Miserunt Judei ab Jherosolimis 9 etc. — En l’euvangile de dimenche desrain 
passé nous moustra nostre Seigneur le grant haultesse de monseigneur saint 
Jehan Baptiste... [Éd. Robson, n° 50.] 

Fol. 6 v°-8. [Saint Bernard.] Colation de FAdvent nostre Seigneur. — 
Dicite jilie Syon : Ecce rex tuas venit. Mathei xxii 0 c° 4) . 

[Texte entier:] Sainte Eglise fait, en ce tamps présent mention de le première venue de 
nostre Seigneur Jhesucrist et dist Feuvangeliste : « Dittes a le fille de Syon, c’est a chascune 
ame feable : Vechi ton roy vient. » 

Esquels parlera nous devons considérer qui est ce roy qui est venus, et pour quoy il 
est venus. Ad ce rcspont saint Bernard et dist : Le fils de Dieu nous est venus, car Dieu le 
Pere a envoiet le sapience de son cuer ou ventre de le benoite vierge Marie 1 * 3 * * (6) pour prendre 
en lui char humaine par le vertu du Saint Esperit et par l’oeuvre. Par ainsi nous est il venus 
et nasqui de le vierge Marie vrais dieux et vrais homs en une personne. 


(1) Thème : non pas Matth. xxiv, 49, mais 
Luc xxi, 25; i #r dim. Avent. 

Mss Valenciennes 126, foi. 4-7; Troyes 
1041, fol. 2-3 v°; Copenhague Ny 1838, foi. 
24 v°-25 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 3 v°-5; à la 
suite, dans les trois derniers mss, histoire de 
l’Antéchrist et de la fin du monde. Cambrai 
210, I, fol. 39 vMO vo. 

2) Thème : Matth. xi, 2; n* dim. Avent. 

(3) Thème : Jean i, 19; m* dim. Avent. 

' 4) Thème : Matth. xxi, 5; évangile de la 

Bénédiction des Rameaux (entrée à Jérusa- 

Édith Brayer. 


lem), d’après Isaïe Ixii, 11, et Zach. ix, 9. 

Mss Valenciennes 126, foL 7-10; Troyes 
1041, fol. 9-10; Copenhague Ny 1838, foi. 37- 
38; Tournai, Sém. 43, fol. 10-11 v°; Cambrai 
210, I, foL 47 v°-48 v«. 

(5> Sermones de Adventu Domini, n° I 
(Pair. lat. f t. CLXXXIII, coi. 37-40). § 6, 
coi. 38 : Ecce fratres, audistis quis sit qui 
veniat; considerate jam unde veniat et quo. 
Venit utique de corde Dei Patris in uterum 
Virginia Matris ; venit a suramo caelo in infe- 
riores partis terrae. 

22 


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170 


ÉDITH BRAYER 


Mais je vorroie sçavoir ' 1} pour quoy il est venus a nous et que nous ne venimes 
ainchois a lui. Car coustume est que les povres vont as riches et non mie les riches as povres. 
Certes nous deuissions ainchois aler a lui, mais nous aviemes double empeschement de 
venir a lui; car nous estiemes es tenebres de ce monde si aveulé par le convoitise de nos 
malvais désirs ; et aussi estiemes si malades et si foibles par le pechiet originel que nous ne 
poyemes si hault monter que jusques a luy. Et pour tant nos débonnaires mires et sires 
descendi par se miséricorde de se haultescc et devint cha jus nos variés. 

Car il se laissa mettre a mort pour nous raccater de le prison de l’anemi d’infer, que 
nos prumiers peres Adam avoit par se inobedience fourfait et avoit perdu nostre héritage, 
le royalme du ciel; si en fu four- [fol. 7]-jugiés, ne a cellui ne pooit nuis homs revenir sans 
paier l’amende de le mort. Pour ce eut le benoit Fils de Dieu pité que nostre humaine lignie 
deuist ensy demourer dampnee. Et pour le très grant amour qu’il avoit a nous, il vint cha 
jus paier l’amende de le mort et nous remist en le franchise de revenir a nostre hiretage, le 
royalme du ciel, se nous voliemes faire se volenté en wardant ses commandemens et ensieuir 
se voie qu’il nous a moustree et donne exemple par se doctrine. 

[En marge :] Le doctrine de Jhesucrist. 

Se doctrine e9t telle que nous amons Dieu de vray cuer, deseure toutes créatures et 
que nous amons nos proismes, c’est tous xpistiens si comme nous meismes. Après que nous 
despitons le monde, c’est a dire que nous ne laissons mie dominer en nous les malvaises 
convoitises du monde ne de nos corps, contre lesquelles il nous couvient combatre tant 
que nous vivons, si comme contre celles qui mettent l’ame a mort, ensi que nostre Sires 
dist en l’euvangile : Qui ayme a faire les désirs corporeuls, il perdera s’ame. 

Et ensy que nostre Sires est une fois visiblement (l) 2 3 venus au monde, ainsi vient il 
tous les jours espirituelement pour sauver nos âmes (,) quant il envoie en nostre cuer une 
boine pensce. Et pour tant, o tu créature humaine (4) , il ne te couvient mie passer le mer 
ne les montaignes ne les nuees pour venir a lui. Le voie n’est plus longue que a toy meismes 
et dedens toy meismes. Va a l’encontre de lui par repentance de cuer et par vraie confession 
de bouche, car il ne afiiert mie que Dieu, tes sires, viengne ou cuer rempli d’ordure de 
pechiet. 


(1) Ibid., § 8, col. 39 : Attamen veiim nosse 
quid sibi voluerit, quod ad nos venit ille, aut 
quare non magis ivimus nos ad ilium. Nostra 
enim erat nécessitas; sed nec est consuetudo 
divitum ut ad pauperes veniant, nec si praes- 
tare voluerint. Ita est, fratres, nos magis ad 
eum venire dignum fuit; sed duplex erat impe- 
dimentum. Nam et caligabant oculi nostri : 
ille vero lucem habitat inaccessibilem (1 Tim. vi, 
16); et jacentea paralytici in grabato divinam 
illam non poteramus attingere celsitudinem. 
Propterea bénignissimus Salvator et medicus 
animarum descendit ab altitudine sua... 

(2) Invisiblement ms. 

(3) Ibid., § 10, col. 39 : Verumtamen sicut 


ad operandam salutem in medio terrae venit 
semel in carne visibilis, ita quotidie ad salvan- 
das animas singulorum in spiritu venit et 
invisibilis... 

(4) Ibid. : Non te oportet, o homo, maria 
transfretare, non penetrare nubes, non trans- 
alpinare necesse est. Non grandis, inquam, 
tibi ostenditur via, usque ad temetsipsum 
occurre Deo tuo. Prope est enim verbum in 
ore tuo, et in corde tuo (Rom. x, 8). Usque 
ad cordis compunctionem et oris confessio- 
nem occurre, ut saltem exeas de sterquilinio 
miserae conscientise ; quoniam indignum est 
illuc auctorem puritatis intrare. Et haec qui- 
dem de eo adventu dicta sunt... 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


171 


0 ! quelle reverence et amour lui devons nous porter qui nous a créés et de la mort 
d’infer raccatés. Et si nous rappelle toudis a luy après ce que nous l’avons courchiet par 
nos pechiés et nous promet encore son royalme du ciel lassus. Certes, se uns homs nous 
fesist le centisme partie d’amis té que Dieu nous a fait, moult nous hontieriemes de faire 
chose qui lui deuist desplaire. Comment dont sommes nous si pervers que nous faisons les 
grans pechiés par lesquels nous mettons nostre [fol. 7 v°] ame a mort et qui moult desplaisent 
a Dieu qui tant de biens nous a fait? Soyons certain que si comme l’apostle dist : t Tant 
que Dieu plus longuement et paciamment seuffre le mauvaisté des pécheurs en ce monde, 
tant plus crueusement les pugnira après courte vie. » Nuis ne se peut excuser de ses pechiés. 
Il ne cesse de crier a nous tant par boines paroles et boincs pensees, comme par ses prcs- 
cheurs, que nous laissons a faire le mal et que nous faisons le bien. Il dist en l’Appocalipse : 
« Je hurte a l’uys de ton cuer et busqué pour ens entrer » W. 

Et que quiert il en nous? — Nostre cuer. 

Pour quoy faire? — Pour estre amés. 

En quel maniéré ? — En gardant par amours ses coinmandemens. Mal serviroit son 
seigneur qui ne volroit faire chose que ses sires lui commandast. 

Nostre Sires dist en l’euvangile : Si quis diligit me, etc. «Qui me ayme, il garde mes 
conunandemens, et mon Pere l’amera et nous venrons a lui et ferons nostre mansion en 


lui • Eureuse est l’ame qui tel hoste rechoit Et quel appareillement faut il faire en 
le chambre de le conscience pour rechevoir dignement tel hoste? Le prophète David dist 
a Dieu et respond : « Justice et jugement est le préparation et appareillement de ton siégé »; 
Justicia et judicium preparatio sedis tue Aultre aornement ne demande a avoir de nous 
nos boins roys. Se tu le veuls bien rechevoir, te conscience soit premièrement garnie de 
justice en faisant reverence de cuer et obedience de fait, a Dieu premièrement et après a 
tes souverains Et se tes souverains est de perverse vie ou de malvaise renommee et 
famé, non pourquant fais a lui ce que tu dois Et meismement pour l’amour de Dieu 
ton Seigneur, de par qui il a le souveraineté sur toy, fais aussi justice a tes proismes, c’est 
a tous xpistiens. 

Quelle justice? — Tu renderas a chascun ce que tu lui dois. 

Quelle chose est ce que je doy a chascun? — Tu dois as povres faire ammosnes de tes 
biens discrètement, selonc ce que tu as des biens temporeulx. Et se tu es povres, ayes bonne 
volenté de bien faire a aultruy, se tu en [fol. 8] avoies poissance. Tu dois pardonner de cuer 
ce que on t’a mesfait, et le justice de ce méfiait commettre a Dieu ou a ton juge soit temporel 
ou espirituel. Tu dois avoir compassion des pécheurs et de tes anemis et prier pour eulx. 
Tu dois a aultrui faire, selon Dieu, ce que tu vorroies que on te fesist. 


(lï Apoc. iii, 20. 
l2) Jean xiv, 23. 

131 Sermones de Adventu Domini, n° III 
(éd. citée, col. 43-47). § 4, col. 45 : Beatus 
apud quem mansionem faciès. Domine Jesu... 

(4) Ibid. : Quis in vobia est, fratres, qui 
desiderat in anima sua sedem parare Christo? 
Ecce quaenam illi serica, quae tapetia, quod 
pulvinar oporteat praeparari. Justifia... 


(6) Ibid. : ... et digne célébras adventum 
Christi parans ei in justifia sedem suam. Redde, 
inquam, reverentiam praelato, et obedien- 
tiam... 

Ibid. : Quod etsi tam manifeste inno- 
tuerit indigna praelati alicujus vita, ut nihil 
omnino dissimulationis, nihil excusationis 
admittat; propter eum tamen a quo est omnis 
potes tas. 

22 . 



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172 


ÉDITH BRAYER 


Apres tu dois faire justice a toy ineismes et commettre t’ame après ton corps en garde, 
et se ton corps peche, t’arae le comparra quant ton corps dormira en le terre après te mort. 
Que doit elle dont faire a son corps? — Elle le doit telement garder que ses membres ne 
soient mie amministrés de faire pechiet et malvaisté. Elle doit castier son corps et constrain- 
dre de faire le fruit de penance, et le doit tenir au service de Dieu sans laissier faire ses 
désirs carneulx. Comment peut le ame ce faire? — Enteng ce que saint Augustin dist : 
« Quoy que le corps face, se ce ne lui vient de le volenté, ce n’est mie pechiet. Et pour tant 
doit l’aine le corps constraindre par se volentè qu’il ne fâche nul pechiet, car l’ame gouverne 
le corps par se volenté». 

Encore te fault il faire jugement sur toy meismes pour faire en toy le siégé de ton 
seigneur. Et quel jugement? — Tu te jugeras en te confession devant le prestre que tu es 
pecheur et diras humblement tes pechiés par vraie repentance de cuer. Car Dieu ayme 
l’ame qui prent songneusement garde a lui meismes et juge par se confession lui estre 
indigue de Dieu servir W. Par ainsi celle appareille dignement lieu a nostre Seigneur en se 
conscience et desire a faire se volenté pour le tenir en amour et dignement rechevoir se 
venue ad présent en grâce et après ceste vie en le glore permanable, a lequelle nous 
admaint le Pere et le Filz et le Saint Esperit. Amen. 

Fol. 8-9. [Saint Bernard.] S’ensieut une aramonition du corps et de 
l’ame 

[Texte entier :] Saint Bernard fait en ses sermons des advens une telle ammonilion 
du corps et de l'ame ou il dist en le dessus ditte collation que l’ame doit le corps constraindre 
par oeuvres de penance si qu’il ne face mie les désirs carneulx. 

0 tu corpz W [fol. 8 v°], ne empesche mie a faire le salut de Pâme, tu en vaulroies pis. 
Seuffre ung pau de tamps le labeur temporele aveuc ton ame. Car tant plus que tu empes- 
cheras se boine volenté, tant fais tu a toy meismes plus grant dommage, car sans li ne peus 


(1) Ibid., § 5, coL 47 : Nihil quod in se 
est a nobis exigit ampli us; tantum di camus 
iniquitates nostras, et justificabit nos gratis, 
ut gratia commendetur. Diligit enim anim&rn 
quae in conspectu ejus et sine intermissione 
considérât et sine simulatione dijudicat seme- 
tipsam... 

12 Ibid. : Haec plane quoad ad hominem 
est digna sedis praeparatio Domino majes- 
tatis ut et justitiae mandata studeat observare 
et semper indignum sese et inutilem arbitretur 
(fin du sermon). 

(3i Mas Valenciennes 126, fol. 10-11; Troyes 
1041, foL 10-10 v°; Copenhague Ny 1838, 
fol. 38-38 v°; Tournai, Sém. 43, foL 11 v°-12; 
Cambrai 210, I, foi. 48 v°-49. 


I4) Sermones de Adventu Domini, n° VI 
(éd. citée, col. 52-54). § 3, col. 53 : Propterea 
noli, o corpus, noli praeripere tempora; potes 
enim iinpedire animae tuae salutem, tuam 
ipsius operari non potes. Omnia tempus 
habent (Eccle. iii, 1). Patere ut nunc anima 
pro se laboret, magis autem etiam collabora ei, 
quoniam si compateris, et conregnabis. Quan¬ 
tum ejus impedis reparationem, tantum impe- 
dis tuam; quod nimirum ante reparari non 
poteris, donec suam in ea Deus imaginem 
videat reformatam. Nobilem hospitem habes, 
o caro, nobilem valde, et tota salus tua pen- 
det de ejus salute. Da hono.em hospiti tanto. 
Tu quidem habitas in regione tua; anima vero 
peregrina et exsul apud te est hospitata. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


173 


tu riens de bien après ceste vie. Elle est dedens toy herbergie si comme uns bostes. Tu es 
en ton pays et elle est pelerine. Fay honneur a ton hoste par quoy tu viengnes a grant 
honneur. Elle est bile a roy et ne quiert a avoir nulle ordure de pechiet. Ne lui fais nulle 
injure ne blasme. 

Certes se uns nobles et très poissans homs venist en le maison d'un povre homme, 
sans doubte li povres homs soufferoit volentiers mesaise pour coucliier aise et honnerable- 
ment ce noble homme. Et o tu corps, fais ensement; seuffre une courte mesaise pour 
herbregier honnerablement et honnestement ton ame; ne le despite point pour ce qu'elle 
est pelerine, mais regarde quel honneur elle te fait et que tu as de par ly tant que en toy 
demourra. 

[En marge :] Nota les biens que l'aine donne au corps. 

Elle donne (t) a tes yeuls corporeulx le veue, a tes oreilles le oiie; a te langue le parole 
et a tous tes membres donne elle vie et le beauté que tu as. Et tout ce perderas quant de toy 
elle se départira. Tu seras une flairans carongne et toute ta beaulté tournera en laidure. 
Pourquoy dont destourbes tu ung tel hoste pour ung petit solas du monde et pour une 
courte délectation carnele? Se elle fait a toy tant de biens si comme pelerine, quel bien dont 
te fera elle quant d’encoste son Seigneur sera en son propre royalme? Et pour tant n’em- 
pesche point, je t’en prie, le noble fille du roy souverain a faire ses vertueuses oeuvres et 
a servir son Seigneur. Ains seuffre en ceste courte vie volentiers aveuc ly les labeurs et les 
mesaise s temporeles, car grande glore t’en porra venir. 

[En marge :] Nota que le corps peut dire a lame. 


11} Quaeso te, quia rusticus, ai forte nobi- 
lis et praepotcna quiapiam apud eum voluerit 
hospitari, non libenter in angulo dormis auae, 
aut sub gradibus suis, vel in ipsia cineribus 
accubabit, cedena hospiti auo locum (aicut 
dignuin est) potiorem? Et tu ergo fac simi¬ 
li ter. Injurias vel molestias tuas ne reputa- 
veris, tantum ut hospes tuus honorifice posait 
apud te demorari. Honor tibi est, ut pro eo 
intérim te exhibeas inhonorum. 

§ 4 : Ac ne forte despicias aut parvipendas 
hoapitem tuum, pro eo quod peregrinus tibi 
videtur et advena, diligenter attende quid 
hoapitia hujus tibi praesentia largiatur. 

(2) Ipse enim est qui tribuit oculis viaurn, 
audit uni auribus praestat; ipse est qui linguae 
vocem, palato gustum, motum membris omni¬ 
bus subministrat. Si quid vitae, si quid aen- 
sua, ai quid in te decoria est, hujua hoapitia 


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beneficium recognosce. Denique diacessus 
ejus pro bat qui praesentia conferebat. Proti- 
nus enim anima discedente, lingua silebit, 
oculi nihil videbunt, obaurdescent aures, cor¬ 
pus omne rigebit, faciès expallescet. In brevi 
quoque totuin cadaver putridum aimul et puti- 
dum fiet, et décor omnia in saniem conver- 
tetur. Utquid ergo pro temporali quahbet 
delectatione contristas et lædis hoapitem 
iatum, quam nec aen tire quidem ullo modo 
poteras niai per ipsum? Ad haec si tantum 
tibi confert exsul, et inimicitiarum causa a 
facie Do mini sui ejectus, quantum tibi praes La- 
bit réconciliât us? 

Noli, o corpus, noli impedire réconciliatio- 
nem illam, quoniam grandis tibi exinde gloria 
praeparatur. Patienter, imo et libenter teme- 
tipaum expone ad omnia : nihil dissimules quod 
huic videatur reconciliationi posae prodeaae. 


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174 


ÉDITH BRAYER 


Dy a ton hoste : « Quant le roy du ciel ton Pere te mandera en sus de moy, et tu 
vcnras en son royalme, adont ayes souvenance de moy. • Certes, il lui souvenra de toy et 
dira a son Pere comment tu as souffert pour lui mes&ises, labeur en orer, en fain, en soif 
porter, en juner, en froit et en veillier, et que tu as laissiet pour lui a faire tes délia carneuls. 
Et le roy de glore redescendera cha jus pour toy [foi. 9] relever et te faire glorieux et immortel 
et si comme le soleil est clers et reluisans et te rendera lame aveuc lequelle tu aras vie 
parmanable. 

O ! coin grande sera celle glore et celle joie quant nos sauveur le roy souverain venra 
pour toy faire glorieux. 0 tu povre char W, com longuement seras tu aveule et maleureuse 
qui quiers les cours solas du monde qui te feront venir a le dampnation d’infer. Seuflre ung 
pau de mesaise, fay le conseil de ton ame, sers le roy en faisant se volenté par lequelle faire 
et acomplir porras venir as biens de le glore de paradis, lequelle nous veule ottroier le 
Pere, le Filz et le Saint Esperit. 

Fol. 9-14 v°. Item aultre colation des trois venues nostre Seigneur. — 
Ecce sponsus venit , exite obviam ei. Mat. xxxfi capitulo. — Nous poons 
prendre les parlers devant dis en latin pour le matere de le venue nostre 
Seigneur Jhesucrist... 

[Première partie : la grâce de Dieu (citation : Thomas in Compendio). Deuxième 
partie : les trois venues de J.-C. A la fin de chaque partie, récapitulation de l’exposé; renvoi 
au sermon du second dimanche de l’Avent (Erunt signa). Attitude de Time dévote envers 
Dieu (amour), envers elle-même (justice) et envers le prochain (miséricorde). Symbole de 
l'Épouse. Comment elle obtient la paix et le repos.] 

**Fol. 14 v°-18 v°. [Pierre d’Ailly.] — Sermon de le Nativité nostre 
Seigneur Jhesucrist. — Veritas de terra orta est. — Scriptum est in psalmo 


(1) Die hospiti tuo : Quia record&bitur 
Do minus tui et restituet te in gridum pristi- 
num, et tu memento mei (Gen. xl, 13). 

§ 5 : Omnino enim memor erit in bonum, 
si bene servieris illi, et cum pervenerit ad 
Dominum suum, suggeret ei de te, et loque- 
tur bonum pro bono hospite, dicens : Cum 
in uldonem culpae suae exsularet servus tu us, 
pauper quidam apud quem hospitatus sum, 
fecit raecum misericordiam ; et udnam rétri¬ 
buât pro me Dominus meus. Primo siquidem 
omnia sua, dehinc etiam semetipsum exposuit 
utilitatibus meis, non parcens sibi propter 
me, in jejuniis multis in laboribus fréquenter, 
in vigiliis supra modum, in famé et siti, etiam 
in frigore et nuditate. Quid igitur ? Profecto 


non mentietur Scriptura, qua dicitur : Volun* 
tatem timentium se fadet.- 

(2) § 6 : Quousque igitur caro misera, insi- 
piens, caeca, demens et prorsus insana caro, 
transitorias et caducas quaerit consola tiones, 
imo desolationes, si forte contingat repelli et 
indignam judicari hac gloria, magis autem 
nihilominus ineffabili in aetemum excruciari 
poena?... 

(3 > Thème : Matth. xxv, 6; évangile des 
vierges sages et des vierges folles. 

Mss Valenciennes 126, foL 11 v°-21 v°; 
Troyes 1041, fol. 10 v°-13 v°; à la suite. 
Conception de la Vierge; Copenhague Ny 1838, 
fol. 38 v°-42 v°; Tournai, Sém. 43, foL 12-17; 
Cambrai 210, I, foL 49-53. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 175 

et hodie in matutinali officio recitatum. — C’est bien raisons et droiture 
que vérité soit ditte et oye cestui jour ou vérité fu nee... (1) 2 . 

••Fol. 18 v°-25 v°. [Jean Gerson.] Aultre sermon pour le jour de Noël. 
— Gloria in altissimis Deo et in terra pax hominibus bone voluntatis. — 
Qui est la bouche qui porroit dire ou crier et comprendre le divine liesse 
que vous eustes au jour d’uy, Mere de Dieu glorieuse?... [Ed. Mourin, Six 
sermons, n° 4.] 

Fol. 25 v°-28. Colation pour le jour de Noël. — Pastores loquebantur 
ad invicem. Lace, ii° c°. — En celle meisme heure et journée que le benoîte 
vierge Marie avoit enfanté son benoit Fil, l’angle l’anoncha as pastou- 
riaux... W. 

(Trois exemples : 1° S. Bernard voit les larmes d’un pécheur rompre les chaînes dont 
les diables avaient lié cet homme; 2° Huit vertus à suivre : la patience de Job, la chasteté de 
Joseph, la « débonnaireté » de Moïse, la miséricorde de David, l’abstinence de Daniel, 
l’humilité de s. Paul, la dévotion de s. Pierre, la charité de s. Jean; 3° Un prud’homme châtie 
son corps, en avertissement des peines de l’enfer.] 

O • 

**Fol. 28-31 v°. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon dévot de le 
Nativité nostre Seigneur Jhesucrist. — Verbum caro factum est. Johannis 
i° c° et in ewangelio hodierno . — Pour impetrer le grâce du benoit Fil de 
Dieu qui au jour d’uy fu nés en terre... W. 

*Fol. 31 v°-32 v°. Cy s’ensieut ung moult bel exemple pour solemp- 
nisier le Nativité nostre Seigneur Jhesucrist. 

On list es croniques de l’abbeye de Clervaux que saint Hues, abbés de 
celle abbeye, disoit a ses moisnes en ung jour de Noël... 

[Vision d’un religieux : le diable ne pouvait tenter aucun moine, car tous célébraient 
la naissance de J.-C. — Exemple du moine qui rit tout seul.] 


(1) Voir le texte entier ci-dessous, p. 104. 

(2) Thème : Luc ii, 15; évangile de la messe 
de l’aurore. 

Mss Valenciennes 126, fol. 32-36; Troyes 
1041, fol. 17 v°-18 v°; Copenhague Ny 1838, 
fol. 45 v°-47 (figurait déjà foi. 12 v°-13); Tour¬ 


nai, Sém. 43, fol. 17 v°-18 (abrégé); Cambrai 
210, I, foL 111-112 v° (avec le propre des 
saints). Dans ces mss, les sermons de Noël 
sont dans l’ordre : Christus natus est, Natus 
est vobis salvator et Pastores loquebantur. 

(3) Voir le texte entier ci-dessous, p. 113. 


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ÉDITH B RAYER 


Fol. 32 v°-35 v°. Item sermon de le Nativité nostre Seigneur. — Natus 
est nobis hodie salvator qui est Xpistus dominas. Luce, ii° c°. — Saint Luc 
l’euvangeliste qui descript clerement le naissance de nostre Seigneur dist 
ensy : « Il nous est au jour d’uy nés le sauveur Jhesucrist li sires... » (1 >. 

[Prodiges arrivés le jour de la Nativité.] 

*Fol. 35 v°-36 v°. [Partiellement Maurice de Sully.] Item sermon du 
jour de Noël. — Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone 
voluntatis. — Chieres gens, nous lisons ou service d’uy que nostre Sires 
Jhesucrist nasqui du ventre de le benoite vierge Marie, au jour d’uy en 
Bethleem... [Ed. Robson, n° 51.] 

[Exemple de l’unicorne.] 

Fol. 36 v°-38. Item pour le jour de Noël. — Xpistus natus est nobis. 
Isaye, isfi c°. — Saincte Eglise a le journée d’uy fait feste et très grande 
solempnité de le venue nostre Seigneur... 

[J.-C. est né : 1° comme • mires » pour nous guérir du péché; 2° dans un pauvre lieu; 
3° pour les humbles.] 

**Fol. 38-42. [Pierre d’Ailly.] Sermon de le Circoncision nostre Sei¬ 
gneur Jhesucrist. — Apparuit gratia salvatoris nostri Dei. Ad Titum, 
ii° c° et in epistola hodierna. — Ceste parole est ditte de monseigneur 
s. Pol Papostle et escripte en Pepistle qui au jour d’uy a esté recitee... 


Fol. 42-44 v°. Aultre collation de le Circuncision. — Postquam consum - 
mati sunt dies octo ut circumcideretur puer , vocatum est nomen ejus Jhesus. 


(1) Thème : Luc ii, 11 (Natus est vobis); 
évangile de la messe de minuit. 

Mss Valenciennes 126, fol. 24-32; Troyes 
1041, fol. 16-17 v°; Copenhague Ny 1838, foL 
43 v°-45 v° (figurait déjà fol. 10 v°-12 v°); 
réd. différente dans Tournai; Cambrai 210, 
I, fol. 109-111 (avec variante). 


(2) Thème : Isaïe ix, 9; introït de la messe 
du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 21 v°-24 ; Troyes 
1041, fol. 15 v°-16; Copenhague Ny 1838, fol. 
42 v°-43 v° (figurait déjà foi. 10-10 v°); manque 
dans Tournai; Cambrai 210, I, foi. 108-109. 

(3) Voir le texte entier ci-dessous, p. 119. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


177 


Luce, ii° c°. — Après ce que .vin. jours depuis le naissance de Jhesucrist 
furent acomply... (U. 

[Huit raisons de la Circoncision.] 

Fol. 44 v°-47. Pour le jour des trois roys. — Reges videbunt et consur - 
gent principes et adorabunt Dominum Deum tuum. Isaye , xliofi c°. — Ceste 
feste qui est au jour d’uy est appellee l’Epyphane, c’est a dire le manifes¬ 
tation de nostre Seigneur... 

[Description de l’étoile. Nous devons faire comme les trois rois : sortir de nos habi¬ 
tudes, regarder autour de nous. Au même jour sont fêtés le baptême de J.-C., le miracle 
des noces de Cana.] 

Fol. 47-49. Item des trois roys. — Au xiii e jour de le nativité nostre 
Seigneur Jhesucrist, vinrent Jaspar, Balthazar et Melcior, trois roys des 
parties d’orient, a grant compaignie sur dromedaires, en Jherusalem... 

[L’ânesse de Balaam. Offrandes des trois rois. Translation de leurs corps à Cologne.] 

Fol. 49-50 v°. Le premier dimence après les roys. — Fili 9 quid fecisti 
nobis? Sic ecce pater tuus et ego dolentes querebamns te . Luce 9 ii° c°. — 
Coustume estoit entre les Juys que tous ceuls et celles qui demouroient as 
villes hors de Jherusalem estoient par loy constrains de venir en trois festes 
de l’an en Jherusalem... 

[Trois conclusions à tirer : comment on perd J.-C.; comment on doit le chercher; 
comment on le trouve.] 

» 


(1) Thème : Luc, ii, 21; évangile de la 
Circoncision. 

Mss Valenciennes 126, fol. 37 v°-41; Troyes 
1041, fol. 19-20; Copenhague Ny 1838, foL 
47-48 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 18 v°-19 v°; 
Cambrai 210, I, fol. 119-120. 

{2) Thème : Isaïe xlix, 7 (Nativité de s. Jean- 
Baptiste); la lecture de T Épiphanie est d’ordi¬ 
naire le texte d’Isaïe lx, 1-6 : Et ambulabunt 
gentes in lumine tuo ... 

Mss Valenciennes 126, foL 41-44 v°; Troyes 

Édith B RAYER. 


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1041, foi. 20 v°-21 v°; Copenhague Ny 1838, 
fol. 48 v°-50; Tournai, Sém. 43, fol. 19 v°- 
21 v°; Cambrai 210, I, fol. 120-122. 

(S) Mss Valenciennes 126, foL 44 v°-47; 
Troyes 1041, foL 20-20 v°. 

(4) Thème : Luc ii, 48; évangile du i tr dim. 
apr. l’Épiphanie. 

Mss Valenciennes 126, fol. 47-49; Troyes 
1041, fol. 22-22 v°; Copenhague Ny 1838, 
fol. 50-51; Tournai, Sém. 43, fol. 21 v°-22 v«; 
Cambrai 210, I, foi. 53-53 v°. 

23 


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178 


ÉDITH BRAYER 


Fol. 50 v°-52. Le il® dimenche après les roix. — Vocatus est Jhesus 
ad nupcias et discipuli ejus. Johannis, ii° c°. — Ainsi que s. Pol dist : 
Tout quanques escript est, c’est pour nous aprendre... 

[Les lois du mariage : foi et loyauté, fondation d’une famille, lien indissoluble. Les 
noces de Cana sont le symbole des noces spirituelles de Dieu et de l’âme. Les six « buires » 
d’eau changée en vin sont six tristesses de l’âme repentante, qui doivent devenir six joies 
spirituelles.] 

Fol. 52-55. Le m e dimenche après les roys. — Nescitis quod hii qui 
in stadio currunt , omnes quidem currunt, sed unus accipit bravium ? Sic 
currite ut comprehendatis. 7 a ad Chor. 9 ix? c°. — Les Gregois avoient une 
telle coustume qu’il donnoient au mieulx courant un joyel... (2) . 

[Cinq obstacles rencontrés sur la voie de Dieu : i’ordure de luxure, la poussière de 
vaine gloire, l’avarice, la paresse, les pierres d’obstination. Trois choses hâtent la course : 
la peur du diable, l’espérance de paradis, l’amour de J.-C. Trois manières d’amour. A la fin, 
exemple de Seçvulus le paralytique, extrait des sermons de s. Grégoire.] 

Fol. 55-58. [Saint Grégoire.] Le dimenche de Septuagesime. — Simile 
est regnum celorum homini patri familias qui exiit primo mane conducere 
operarios in vineam suam. — Nous lisons en Feuvangile de le journée d’uy 
que le royalme du ciel est samblans a un homme qui a maisnie et qui ist 
hors au matin pour louer ouvriers a ouvrer en se vigne... 

Sur ce dist saint Gregore en son omelie, lequelle il prescha au peuple 
en l’eglise de Saint Leurens a Romme, que le royalme du ciel est samblans 


(1 > Thème : Jean ii, 2; évangile du il 6 dim. 
apr. T Épiphanie. 

Mss Valenciennes 126, fol. 49-51 v°; Troyes 
1041, fol. 22 v°-23 (le sermon est suivi d’un 
autre sur le même thème, fol. 23 v°-24) ; Copen¬ 
hague Ny 1838, fol. 51-52; Tournai, Sém. 43, 
fol. 22 v°-24 v°; Cambrai 210, I, foL 53 v°-55. 
A la suite de ce sermon, dans Valenciennes et 
dans Tournai : Purification; dans Troyes : 
Purification, Annonciation, instruction pour 
les Quatre-Temps, Trois manières d’amour. 
Histoire de la création; dans Copenhague : 
III* et iv* dim. apr. l’Épiphanie sur les thèmes 


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des évangiles Cum descendisset Jésus de monte 
et Ascendente Jesu in naviculam. 

12} Thème : 1 Corinth. ix, 24; épître de la 
Septuagésime. L’exemple de Servulus est tiré 
du sermon de s. Grégoire pour la Sexagésime. 
C’est par erreur qu’il a été introduit ici. Les 
autres mss ont, à la place, l’exemple du philo¬ 
sophe qui cherche le souverain bien (cf. ci-des- 
sous. Exemples, fol. 396 v°-397). 

Mss Valenciennes 126, fol. 58-63; Troyes 
1041, foL 30-31; Copenhague Ny 1838, fol. 
55 v°-57; Tournai, Sém. 43, foL 26-28; Cam¬ 
brai 210, I, foL 55-56 v°. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


179 


au seigneur qui a maisnie.... [Patr. lat., t. LXXVI, col. 1153-1159, 
n° xix.] 


CAMBRAI 574 

Fol. 58-60. [Saint Grégoire.] 
— Le dimence de Sexagesime. — 
Exiit qui seminat seminare semen 
suum, Luce viii 0 c° (2) . [Patr. lat., 
t. LXXVI, col. 1131-1134, n° xv.] 

[Texte entier:] Nous lisons en l’euvan- 
gile de le journée d’uy que nostre Sires 
Jhesucrist dist au peuple ceste samblance : 
« Cieuls qui scmme ist hors semer sa 
semence. Et quant il semme, si chiet l’une 
semenche delés le voie et on passe sus et 
li oisel du ciel le menguent. L’aultre chiet 
sur le pierre, et quant elle fu nee, si secqua, 
car elle n’avoit mie humeur. L’aultre chef 
entre les espines [fol. 58 v°] et les espines 
aveuc le semence le dcstruisent. Et l’aultre 
chel en boine terre et fist centisme fruit. » 

Après ce disoit Jhesucrist : « Qui a 
oreilles pour oïr, si oye. » Et ses disciples 
lui demandèrent quelle estoit ceste para¬ 
bole. Et il leur dist : « À vous est donné 
a congnoistre misteres du régné de Dieu, 

(1) Thème : Matth. xx, 1; évangile du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 63-67 v° (à la 
suite, histoire de la création); Troyes 1041, 
foL 31-32 v°; Tournai, Sém. 43, foL 28-30 
(l’histoire de la création est plus loin, fol. 165- 
168 v°); Cambrai 210, I, foL 56 v°-58 v° (à la 
suite, instruction sur les Quatre-Temps et his¬ 
toire de la création). Ces textes figurent aussi 
dans Copenhague Ny 1838, fol. 59-63 (Quatre- 
Temps, trois manières d’amour, histoire de la 
création); mais le sermon des ouvriers dans la 


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Fr. 913 

Fol. 33-36 v°. Ci après s’ensuit 
l’euvangile selon saint Luc in LX a . 
— Cum turba plurima etc . 

Comme grant quantité de peuple et 
grant tourbe estoient venu et se hastoient 
de pluseurs citez de venir a Jhesucrist, il 
leur dist par similitude et par maniéré 
d’exemple : t II est yssus qui seme sa 
semence. Et en semant, aucune partie de 
sa semence chai près du chemin et de la 
voie, et elle fu foulée et vindrent les 
oiseaux du ciel et la mengierent. Et l’autre 
clial sur la pierre, et quant elle commença 
a venir et a croistre, elle sécha, car elle 
n’avoit point d’uracur. L’autre chay entre 
les espines, et les espines qui crurent avec 
la semence l’estaindrent. L’autre chel en 
bonne terre et elle crut et fist bon fruit 
et grant a cent doubles. » 

Et disant ces paroles, clamoit et disoit : 
« Qui a oreilles pour oïr si oye. » Ses disci¬ 
ples li demandèrent que ceste parabole 
signifioit, et il leur dist : < A vous est 
donné et octroié que vous sachiez le mis- 

vigne manque; il est remplacé par un doublon 
du sermon de la Sexagésimc. 

(2) Thème : Luc viii, 5; évangile du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 74-79 v°, avec 
addition de la tentation d’Ève; Troyes 1041, 
fol. 32 v°-33; Copenhague Ny 1838, fol. 63- 
64 v°; Tournai, Sém. 43, foi. 30-31 v°; Cam¬ 
brai 210, I, foL 62 v°-64. Le texte imprimé 
en regard de celui du ms. Cambrai 574 est 
la traduction de Pierre de Hangest, d’après le 
ms. Paris, BibL nat., fr. 913. Voir ci-dessus, p. 6. 

23. 


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180 


ÉDITH BRAYER 


mais as aultres en paraboles affin que cil 
qui voient ne voient mie, et cil qui oent 
ne l’entendent mie. Le parabole est telle : 
le semence, c’est le parole de Dieu. Celle 
qui chiet delés le voie, ce sont ceuls qui 
le parole de Dieu oyent; et après vient le 
diable et toit le parole de leur cuer, qu’il 
ne le croient et soient sauvés. Celle qui 
sur le pierre cheï ce sont cil qui en joie 
rechoivent le parole, mais ilz n’ont nulle 
rachine pour retenir; car ilz croient ou 
tamps de prospérité et ou tampz de temp- 
tations et de adversités defallent. Et celle 
qui cheï entre les espines, ce sont cil qui 
le parole de Dieu oyent (1) , mais quant 
ilz s’en vont as soingnes du monde, as 
richesses et as delis, ilz en sont si espris 
qu’ilz ne reportent nul fruit. Et celle qui 
cheï en boine terre, ce sont cil qui par 
boin cuer oent le parole de Dieu et par 
très boin cuer le retiennent et en appor¬ 
tent le fruit en pacience.» 

S’ensieut l’omelie s. Gregore de celle 
lechon meismes qui fu faitte au peuple en 
l’eglise de s. Pierre a Romme. 

Saint Grigore dist sur le dit euvangile 
qu’il n’a mestier de exposition mais a mcs- 
tier de ammonition. Car celle que nostre 
Sires exposa de lui meismes, humaine 
fragilité ne le doit mie présumer a declai- 
rier. Mais une cose est que nous songneu- 
sement devons penser en l’exposition de 
nostre Seigneur, car se nous vous disons 
que la semence segnefie le parole de Dieu, 
et le camp segnefie le monde, et li oysel 
segnefient les diables, et les espines segne- 
fient les richesses, par aventure vos cuera 
doubteroit a nous croire. Et pour ce 
[fol. 59] daigna nostre Sires exposer ce 


tere du régné de Dieu; mais aus autres 
par paraboles, si que cil qui verront ne 
voient pas, et cil qui orront ne l’entendent 
mie. Ceste parabole est tele : la semence 
est et signifie la parole de Dieu. Ce qui 
chai encoste la voie sont cil qui oent la 
parole Dieu; mais li dyables vient et leur 
oste la parole de leur cuer, par quoi il 
ne croient et ne soient sauvé. Et ce qui 
chaï sur la pierre sont cil qui, quant il 
ont oy la parole, a grant joye la reçoivent, 
mais il n’ont nulle racine car il croient a 
temps, et en temps de temptation s’en 
départent. Ce qui cheï entre les espines, 
ce sont cil qui ont oy la parole et par 
[fol. 33 v°] les curiositez du siècle et les 
richesses et deliz de leur vie est estainte 
et n’en reportent point de fruit. Mais la 
semence qui cheï en bonne terre, ce sont 
cil qui de bon cuer et très parfait oyent la 
parole et la retiennent et aportent fruit en 
pacience. » 

Ci après s’ensuit l’omelie saint Gré¬ 
goire sur la dite euvangile ( rubr .). 

La leçon de la sainte euvangile, mi frere. 


que vous avez oye n’a mie besoing d’expo¬ 
sition mais d’admonition seulement. Car 
ce que Dieu, qui est veritez, expose par li 
meismes, nulle humaine fragilité ne le doit 
mie présumer a exposer. Mais vous veez 
en ceste euvangile, en l’exposition que 
nostre Sires fait, aucunes choses que moult 
devez penser. Car se nous vous eussiens 
dit et exposé que la semence signifie la 
parole de Dieu, le champ signifie le monde, 
les oiseaux les dyables et les richesces, 
espines signifiassent, vous, par aventure, 
ne le creussiés mie bien, mais en feissiez 
doubte. Et pour ce, nostre Sires Jhesu- 


(1) Ici, interpolation, dans le ms. de Valenciennes, de la tentation d’Adam (foL 74 v°- 
76 v°). 




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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


181 


qu'il meismes disoit, par quoy vous sachiés 
querre le segnefiance des choses en celles 
qu’il ne voloit mie par lui exposer. 


Qui me creroit se je, par les espines, 
voloie segnefier les richesses, meismement 
quant cestes poindent et celles deütent? 
Et nonpourquant les richesses sont bien 
espines, car elles desquirent les pensees 
par les pointures de leurs cogitations ; 
et quant elles trayent l’omme jusques au 
pechiet, dont le font elles sanner si comme 
feroit une playe. Lesquelles nostre Seigneur 
appelle bien dechevables richesses, comme 
tesmoingne le euvangeliste Matth. xiii 0 c° 
et Marti iiii° c°. Dechevables sont, car 
elles ne peucnt mie longuement demourer 
aveuc nous. Dechevables sont car elles 
n’ostent mie le pourreture (4) de nostre 
pensee. Celles sont vrayes richesses seule¬ 
ment qui nous font riches de vertus. 


Et pour tant se vous désirés a estre 
vray riche, si amés les vraies richesses. 
Se vous amés le haultesce de vraie honneur, 
tendés au royalme du ciel. Se vous amés 
le glore des dignités, hastés vous que vous 


(1) Corriger : n’a déclaré. Texte original 
latin : noluit ex planar e. 

(21 Lat. : Et tamen spinae sunt, quia cogita- 
tionum suarurn punctionihus mentem lacérant. 


crist a exposé par li meismes ce que il 
disoit, si que vous sachiez quérir et trou¬ 
ver aucunes significations en ce qu’il a 
déclaré et moustré a) . En exposant ce que 
il dist, il nous moustre que il parloit par 
figure comment que après il se declairast 
et nous en feist certains. 

Qui fust cilz qui me creust, se je vousisse 
exposer et dire que par espines fussent 
entendues richesses? Certes nuis a paines 
ne le creust. Car les espines poignent et 
les richesses plaisent et délitent. Certes si 
sont richesses espines, car parmi les grans 
pensees que on a pour elles et par elles, 
elles poignent moult fort et navrent les 
pensees et le cuer de ceuls qui les ont 
et veulent avoir Et s’il avient que elles 
mainent aucunes personnes jusques a 
pechié, elles seront aussi comme plus 
mortel et navrent perilleusement. Et pour 
ce en une autre euvangile, nostre Sires 
ne les appelle mie simplement richesses, 
mais richesses decevables qui les gens 
de- [fol. 34] -çoivent. Certes, elles sont bien 
decevables et fausses, car elles ne peuent 
longuement demourer avec nous. Bien sont 
decevables, car elles ne peuent ostcr la 
povreté W ne l’indigence ne la soufirete 
de nostre pensee ne de noz courages. Mais 
celles sont richesses proprement et seule¬ 
ment qui nous font riches de bonnes vertus. 

Donques, mes chiers freres, se vous cou- 
voitiez et desirez estre fait vraiement riches, 
amez les vraies richesses. Et se vous cou- 
voitiez et desirez la gloire des dignitez, 
basiez vous et mettez peine et diligence 


(2) Coït. : plaie. Lat. : quasi inflicto vul 
nere. 

(4) La bonne leçon est dans fr. 913. Lat. . 
mentis nostrae inopiam. 


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182 ÉDITH 

soiés comptés en celle souveraine court 
des angles. 

Et les paroles que vous oés par l’oreille, 
retenés les par le pensee, car le parole de 
Dieu, c’est le viande de Lame, [et si est 
comme viande getee hors... quand en la 
mémoire n’est retenue ll) .] Et pour tant 
que de celle vie n’a on mie esperanche, 
qui les viandes ne peut retenir en son 
corps, pour ce doublés les périls de le 
mort parmanable se vous prenés le men- 
gier de saint enortement, ce sont les paroles 
de vie, et le viande de justice [et ne les 
retenés WJ. 


Tout ce que vous faittes trespasse et, 
veulliés ou non, san9 delay vous approchiés 
au desrain Jugement. Pour quoy ayme on 
dont ce que laissier couvient? Et pour quoy 
n’a on cure de ce ou on parvenra ? Re¬ 
membrés vous de ce que nostre Sires dist au 
peuple : « Se aulcuns a oreilles pour oïr, 
si oye. » Tout cil qui la estoient pre- 
sens W avoient oreilles du corps, mais il 
demanda les oreilles du cuer. [Fol. 59 v°J 
Pen9é9 dont que le semence de le parole 
de Dieu ne chiee delés le voie, que le 


fl) Passage corrompu. Lat. : Et quasi accep- 
tus cibus stomacho languente rejicitur, qu&ndo 
auditus serino in ventre mémorisé non tenetur. 

(2) Lat. : Sed qui s qui s alimenta non rctinet, 
hujus profeeto vita desperatur. Aeternae igitur 
mortis periculum formidate, ai cibum quidem 


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BRAYER 

de estre escript en la court souveraine des 
angles. 

Retenez en voz cuers et en voz pensees 
les paroles de Dieu que vous oez de voz 
oreilles, car la parole de Dieu est la viande 
du cuer et de la pensee. Et tout aussi 
comme li mauvais estomacs qui est malades 
ne puet retenir ne digerer la viande qu’il 
reçoit, mais la vomist hors, tout aussi la 
parole qui est oye et n’est mise en euvre, 
mais est mise en nonchaloir et n’en chaut 
ne en rien a mémoire par bonne euvre. 
Et cilz qui ne retient la viande qu’il men- 
jue, on se desespere de sa vie; tout aussi 
aiez desesperance que vous n’aiez la vie 
pardurable, mais que vous estez ordenez 
a mort perpetuele, se vous la viande de 
la sainte parole et de sainte exhortation 
ne voulez retenir, et se vous ne voulez 
retenir en vostre cuer et en vostre mémoire 
les paroles de vérité et de justice qui sont 
la viande et nourrissement de l’ame W. 

Considérez que tout ce que vous faites 
passe et s’en va et vous en alez a grant 
haste, veuilliez ou non, au jour du derre- 
nier Jugement. Pour quoi donques aime 
on ce que on delesse chascun jour? Pour 
quoi a on en négligence ce a quoi on va 
toute jour (I) ? Souviegne vous de ce que 
nostre Sires dist : Qui a oreilles pour oïr, 
si oye. Tous ceuls qui estoient devant nostre 
Seigneur qui disoit ces paroles 14) avoient 
oirelles [sic] corporelles pour oïr; maiz pour 
certain [fol. 34 v°] nostre Sires entendoit 


sanctae exhortation^ accipitis, sed verba 
vitae, id est alimenta justitiae, in memoria non 
tenetis. 

13 J Lat. : Cur ergo amatur quod reiinqui- 
tur? Cur illud negligitur quo pervenitur? 

Lat. : Omnes enim qui illic aderant. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


183 


diable ne viengne qui oste le parole de 
vostre me more. 


Car a pluiseurs plaist bien ce qu’ilz ocnt 
et proposent en leur pensee les coinmen- 
chemens de boine oeuvre. Mais si tost 
comme ilz sont traveilliés de adversité, ilz 
laissent aler leur boine pensee ' 2) . Tel 
cuer n'a nient de humeur a bien faire, 
car le boine pensee qui estoit nee en lui 
ne parvient mie au fruit de perseverance. 
Les pluiseurs quant ilz oent le parole de 
Dieu qui est encontre avarice, tantost 
blasment avarice et ioent le renonchier au 
monde. Mais tantost que le courage voit 
ce qu’il convoite, il oublie ce qu'il avoit 
desiret. Et les pluiseurs, quant ilz oent le 
parole de Dieu contre luxure, tantost y 
refusent et ont honte de ce qu’il en ont 
fait. Mais tantost après que le beaulté de 
le char appert a leurs yeuls 3 , si est leur 
pensee telement ravie au desirier comme 
s’il n’eussent riens proposet contre le 
luxure. Et ainsi fait il la chose qui est a 
dampner et laquelle il avoit devant blas- 
met et dampnet. 


(1) Ms. : diversité. 

<2) Lat. : Multis enim libet quod audiunt, 
boni operis initia proponunt ; sed mox ut fatigari 


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des oreilles du cuer. Mettez donques peine 
que la parole que vous oyés, vous retenez 
es oreilles de vostre cuer et que illec 
demeure. Mettez peine que la semence qui 
est en vous semee, c’est la bonne parole 
de Dieu, ne chiee encoste la voie et que 
li mauvais esperis, c’est li dyables, ne 
viegne et vous toille de vostre mémoire 
la parole que vous avez oye. Gardez que 
la terre pierreuse ne reçoive la bonne 
semence et que le fruit de bonnes euvres 
ne soit sans racine de perseverence. 

Car il sont moult de genz qui volentiers 
oyent la bonne parole et leur plait et pro¬ 
posent a coramencier faire bonnes euvres; 
mais si tost que bien poi de adversité (1) 
leur seurvient, il sont travaillié et récréant, 
et laissent tout ce que il avoient en leur 
propos ll) . La terre pierreuse plaine de 
pierres, si est le courage de celi qui avoit 
receu la bonne parole et commencié aussi 
comme a germer, maiz il n’a point venu 
ne persévéré jusques a bon fruit. Il sont 
moult de gens quant il oent aucune bonne 
parole contre le pechié d’avarice, il blas¬ 
ment avarice et trop loent a despire les 
choses mondaines; mais si tost comme il 
voient aucune chose couveitablc, il oublient 
tantost ce que il avoient loé par avant. Il 
sont pluseurs que quant il oent parole 
contre le pechié de luxure, il blasment 
toute pollution de char et leur desplaist 
fourment ce que il ont loé par avant. Mais 
si tost que aucune espece plaisant d’aucune 
personne leur est presentee, et leur appert 
devant leurs yeux (3) , tantost leur pensee 
et leur cuer est si ravis aussi comme se 
il n’eussent unques pensé au contraire de 


adversitatibus coeperint, inchoata derelinquunt. 

13 Lat. : sed mox ut carais species eorum 
oculis apparet... 


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184 


ÉDITH BRAYER 


euls abstenir de tel pechié et commettent 
et font ce qui est défendu, et ce que il 
leur souvient que il ont dampné et jugié 
qui n’est mie a faire. 

Souvent nous avient que nous avons 
grans cumpuctions de cuer et nous desplaist 
[fol. 35] de ce que nous avons fait. Et toute- 
vois retournons nous legierement, et fai¬ 
sons, aus pechiez de quoi nous avons eu 
compunction et desplaisance. Ainsi fu d’un 
prophète anciennement qui aloit pour 
maudire le peuple d’Israël ^ ; et quant 
il les vit en leurs tentes, il ploura et sou- 
haida que il fust semblables a euls en sa 
mort, et dist : « Muire la moie ame de la 
mort de ces justes ici, et soit ma fin tele 
et semblable a la leur. » Mais si tost après 
que l’eure de la compunction qu’il en out 
eue fu passée, il fu souspris du pechié 
d’avarice. Car parmi les dons que on li 
fist, il donna conseil contre (,) la mort de 
cellui peuple et conseilla comment il 
seroient mort. Et si avoit il désiré mourir 
de tele mort comme eulz, et oublia ce de 
quoi il avoit plouré; et mist peine com¬ 
ment il peussent mourir par avarice, de 
quoi il fu souspris. 

Moult fait a noter ce que nostre Sires 
en exposant ces paroles dist que les cures 
et les curiositez et les delices et les richesses 
estaignent la parole Dieu. Certes elles l’estai- 
gnent voirement, car pour ce que par les 
pensees grandes et curieuses, la pensee est 
aussi comme estrangliee, car elles ne lessent 
entrer la bonne parole de Dieu, aussi 
comme se il empeeschassent l’air et le 
respirer de quoi le cuer doit vivre. Nous 
devons aussi noter que nostre Sires en 
parlant des richesses y adjouste deux 
choses car il dist que il a curiosité, et 


111 Le prophète est Balaam; voir Livre des 
nombres, xxin, 10. 


(i) Corriger : pour U mort. Lat. : in ejus 
populi mortem consilium dédit. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


185 


Mais le boine terre rend fruit en pa¬ 
cience, car les biens que nous faisons ne 
sont mic biens, se nous ne souffrons egal- 
ment les maulx de nos proismes. Car de 
tant que chascuns a plus haultement pour- 
fitet en boines euvres, de tant treuve il 
mieulx ce que plus griefment porte en ce 
monde. Car de tant que le délectation de 
no cuer est plus eslongie du monde, tant 
plus s’eslievent encontre nous les adver¬ 
sités du monde ***. De ce est que nous 
veons les aulcuns bien faire, et nonpour- 
quant ilz sont desoubz griefs tribulations 
appressés. Ilz fuyent ja les désirs du monde, 
et nonpourquant ilz sont de pluiseurs durs 
travaulx traveilliés. Mais, selonc le voix de 
nostre Seigneur, ilz portent fruit en pa¬ 
tience, car quant ilz rechoivent humble¬ 
ment les flayaus des tribulations, ilz sont, 
après de Dieu moult haultement rechut en 
paix. Ainsi est li roisins foulés et puis 
est coulés en [fol. 60] saveur de vin (,) . Et 
le olive est pressée et puis retourne en 
liqueur d’oile. Et ensy sont parmy les 
flayaux li grain départi des pailles et 
parviennent ou grenier du seigneur. Et 
pour tant, quiconques veult plainement 

(1) Corriger : voluptez. Lat. : duo sunt 
qua© divitiis jungit, sollicitudines vidclicet ©t 
voluptates. Ms. fr. 912 : il y a curiosité et 
volupté ©s délices. 

(2) Lat. : quia cum a praesentis saeculo 

Édith Brayer. 


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volentez (1) 2 et delices. Et est veritez, car 
en avoir richesses habundans, a grant cure 
qui grieve le cuer de cellui qui les a; et si 
font trop delicatis ceulz qui les ont, et 
quérir leurs volentez. Et ce font richesses 
par divers temps, car elles poignent et 
font avoir grans cures en elles garder, et 
font avoir et quérir delices pour l’abun- 
dance qui est en elles et font amolier les 
personnes en delices et en leurs volentez 
quérir et avoir. 

La bonne terre fait bon fruit par pa- 
cience. Car noz biens que nous faisons ne 
sont nuis se nous ne souffrons et portons 
les maulz de noz proismes. Car de tant 
comme chascun profite plus haut envers 
Dieu, de tant trueve il plus en cest monde 
de choses plus dures pour porter et pour 
souffrir. Car quant nostre pensee et la 
délectation de nostre courage se départ 
plus de cest siecle présent, de tant croit 
plus l’adversité du siecle (J> . Et pour ce 
[fol. 35 v°] veons nous moult de gens de 
cest monde qui font moult de biens et si 
sueffrent moult de grans tribulations et 
d'angoisses. Il fuient et cschivent les délec¬ 
tations mondaines et si sont travaillié et 
batu de moult dures adversitez. Mais 
certes selonc la parole nostre Seigneur en 
ceste euvangile, pacience rent le bon fruit 
a cent doubles. Et par pacience est rendu 
le bon fruit. Car en tant comme il reçoi¬ 
vent les tribulations en humilité, après les 
tribulations, il sont hautement receu et 
eslevé en très grant repos. Ainsi veons 
nous que la grape des roisins est foulée 
aus piez, par quoi le bon vin en soit fait 
et en viegne Ainsi est estraintc l’olive 

mentis nostrae dilectio déficit, ejusdem saeculi 
adversitas crescit. 

3 Lat. : Sic uva calcibu9 tunditur et in 
vini saporem liquatur. 

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ÉDITH 

vaincre les vices, il soit songneux de por¬ 
ter humblement les flayaux de se purgation. 
Dont il s’ensieut que nous devons ensieuir 
le voie des sains par soufrir paincs et tri¬ 
bulations. Et par ainsi nous porrons acqué¬ 
rir le royalme de paradis, auquel nous 
admaint le Pere et le Fil et le saint 
Esperit. Amen. 




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BRAYER 

et laisse son amertume et est convertie en 
bonne liqueur de oile. Et aussi veons nous 
que par batre en Faire les garbes est la 
paille separee du grain, et le grain purgiez 
et mis ou grenier en sauveté. 


Quincunques donques a desirrier de pur- 
gier ses vices et ses pechiez, si s’estudie 
et mette peine a soustenir pacianment les 
flayaus et les tribulations par quoi il est 
purgiés, si que de tant il viegne plus net et 
plus pur, après ce, devant son Juge, comme 
en cest monde le feu de tribulation ara 
plus purgié le ruil et l’ordure de ses 
pechiez... 

(Exemple de Servulus). 

...[fol. 36] Donques selonc la parole 
nostre Seigneur qu’il dist en ceste euvan- 
gile, la bonne terre porte et fait le bon 
fruit par pacience. Car elle est aree et cul¬ 
tivée par Farele [fol. 36 v°] et le trenchant 
fer de persécution et de tribulation et parmi 
ce fait et vient aporter le bon blé et le bon 
fourment comme terre bien cultivée, c'est 
a perfection de vertu et au guerredon par- 
durable. 

Mais pour Dieu, mi chier frere, pensons 
et nous avertissons que nous dirons au jour 
de l’estroit jugement, quele excusation 
pourrons nous avoir, nous qui sommes 
frois et remis et tardif de toutes bonnes 
oevres, qui avons et les biens temporeuls et 
les mains et les membres fors et sains, 
quant nous veons cesti povre indigent et 
sans mains qui empli et parfist les corn- 
mandemens nostre Seigneur. Gardons que 
nostre Sires ne araaine les apostres encontre 
nous qui ont amené et amenront avec euls 
en paradis les grans compaignies du peuple 
que il ont converti et trait avec euls par 
leurs prédications. Gardons que il ne 


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187 


MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 

• 

amaine contre nous les martirs qui sont 
venuz en paradis par espandre leur sanc. 
Que dirons nous adonques quant nous 
verrons cestui povre homme de quoi nous 
avons parlé, de qui le longue maladie 
tenoit et appetiçoit ses bras, mais pour ce 
ne fut il yl) mie peresceus de faire bonnes 
oevres. Pensez, mi frere, a ces choses cy et 
voue esmouvez si en bonnes euvres que 
vous puissiez estre en la compaignie des 
bons que vous voulez et entendez mainte* 
nant ensuir et ressembler par bonnes 
euvres. 

Fol. 60-61 v°. [Saint Grégoire.] Le dimenche de Quinquagesime. — 
Cecus sedebat secus viam et clamabat : Jhesu Jili David , miserere mei. 
Luce , xviii 0 c°. — L’euvangile de le journée d’uy fait mention d’un aveule 
que nostre Sires Jhesus enlumina... 

S’ensieut le omelie saint Gregore. — Cieuls aveules segnefie chascun 
pecheur qui gist en tenebres de pechiet.... I 1 ) [Patr. lat. 9 t. LXXVI, col. 
1081-1086, n° ii.] 

[A la lin, annonce du Carême. Exemple du riche homme qui redoute le jour du 
Jugement et qui mène une sainte vie.) 

**Fol. 61 v°-69. [Pierre d’Ailly.] Sermon pour le jour des Cendres. 
— Ecce nunc dies salutis . Scriptum est // a Chor . vi° c° et in epistola domi - 
nice sequentis . — Nous veons par expérience que quant aulcune créature 
est languereuse ou enferme de langueur, doleur ou maladie, elle redoubte 
moult le nuit... ( 8 ). 

*Fol. 69. Boine exhortation pour le jour des Cendres. — Très chieres 
gens, en ce saint tamps de quaresme ouquel nous sommes entrés a ce jour 
d’uy, toute boine et devote créature se doit combatre et campier contre le 
diable d’infer... 

[Il faut combattre notamment contre l'orgueil, la convoitise et la luxure.] 


(t) Le ms. porte : furent. 

(2) Thème : Luc xviii, 35; évangile du jour. 
Mss Valenciennes 126, foL 79 v°-82; Troyes 
1041, fol. 33 v°-34; Copenhague Ny 1838, 


fol. 64 v°-65 v°; Tournai, Sém. 43, foL 31 v° 
33; Cambrai 210, I, foL 64-65. 

{8) Voir le texte tout entier, ci-dessous, aux 
pages 126-138. 

24 . 


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ÉDITH BRAYER 


*Fol. 69-71 v°. Cy après s’ensieut une devote lamentation contre temp- 
tation carnele. 

[Le texte comprend une prière, la lettre de salut de l’humain lignage et une prière 
de conclusion.] 

[Début :] A toy, o très douls J ht*sus, a toy mon très douls saulveur et benigne rédemp¬ 
teur, a toy seul et non a aultre veul je faire dolereuse lamentation et lamentable complainte 
de mon faulx et desloyal cuer et de sa foie et dissolue amour... [Lettre :] Et pour en donner 
certaine seureté et parfaitte esperance, tu le m’as conferraé par tes lettres patentes contenans 
ceste fourme : La lettre de nostre rédemption. Jhesus de Nazareth, pardurablement fil de 
Dieu le Pere... [Fin :] ... et de moy tout aultre amour a toy contraire parfaittement séparer. 
Amen. 

*Fol. 71 v°-72 v°. Comment les curés doivent preschier leur peuple 
au commencement de quaresme 

Au commenchement de quaresme doivent les curés amonnester leur peuple qu’ilz 
viengnent tempre a confession affin que les junes leur pourfitent au sauvement de l’ame... 
— ... Dieu leur doinst grâce de si bien curer et gouverner leur peuple que ce soit au pourfit 
de leurs corps et au salut de leurs âmes. Amen. 

*Fol. 72 v°-75 v°. De confession et figure sur ce. — Cieuls qui le grâce 
de Dieu veult avoir si se fâche bien confés, car saint Augustin dist : La 
confession du mal homme est commenchement de bonne euvre... 

[Examen de conscience selon douze péchés; les paragraphes commencent par la for¬ 
mule :] Ostcr devons de nostre vaissel... — ... Cesaries dist : Contre tous les vices nous 
couvient combatre; mais contre luxure n’a mestier de combatre, mais le fuir est le remede. 

Fol. 74. S’ensieut un exemple que c’est moult noble chose et belle que de le 
vertu de confession. Confession est moult noble devant Dieu... [Le diable se confesse 
pour devenir beau et clair.] 

Fol. 75. Item ung aultre exemple de sacrement de confession. — Il fu jadis uns 
homs qui se vivoit moult honnestement... [Cet homme hésite à confesser un péché; il 
s'y résout enfin, et un crapaud sort de sa bouche.] 

Fol 75. Item ung aultre exemple a ce propos d’un convers qui cela un pechiet 
mortel sans en voloir confesser. Il fu jadis uns convers qui demoura en pechiet mor¬ 
tel... [R fu étranglé par le diable.] 

Fol 75 v°. Item ung aultre exemple ad ce propos d’une femme qui n’osa confesser 
ung pechiet non acomply de fait. R y a bien de tels et de telles qui de leur pechiés 
ne sont mie vray repentant... 

(1) Mas Troyes 1041, fol. 35-35 v°; Copenhague Ny 1838, fol. 67 v°-68; Cambrai 210, I, 
foL 67, tous trois après le l tr dim. de Carême. 


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*Fol. 76-81. Par quel maniéré les curés doivent oir le confession de 
leurs subgés et eulx conseillier ll) . 

Comment et en quel lieu et en quel taraps en en quel maniéré et de quelles personnes 
et de quelles non, hors mis les cas de neccessité, doivent les curés oir les confessions de 
leurs subgés, tout ce apprent li estatus synodauls capitulo confessionis... 

Fol. 76 v°. De conseillier les malades... Fol. 77. De conseillier les haitiés... Fol. 77 v°. De 
conseillier les pécheurs [riches]... Fol. 78. De conseillier les enfans... Fol. 78 v°. De conseil¬ 
lier les vielles gens... De conseillier les personnez de saincte Eglise... Fol. 79. De conseil¬ 
lier les femmes... Fol. 79 v°. De conseillier les chevaliers... Fol. 80. De conseillier les 
marchans... Fol. 80 v°. De conseillier les laboureurs... [Fin :] ... tu viveras du labeur de 
tes mains; ensy es tu bien eureux et bien t’en advenra. 

*FoI. 81-83. S’ensieut comment les curés se peuent infourmer as drois 
canons de querquier penance raisonnable pour chascun pechiet mortel l2) . 

Entre les docteurs sont diverses opinions des penanches que on doit querquier pour 
les pechiés confessés... —... et puis que Dieu est débonnaires et qu’il regarde plus le longue 
repentance que le longue penance, ses prestres ne doit mie estre austères ne crueulx. 

*Fol. 83-84 v°. S’ensieut une information comment les curés doivent 
preschier et amonnester leur peuple, et quelle vie aussi ilz doivent mener 

Or veul je en general moustrer comment les curés doivent preschier et amonnester 
leur peuple. — Quant tu fais sermon au peuple, tu ne dois mie tes mains estendre si comme 
pour jetter tes paroles en le face du peuple, ne ne dois mie tes yeuls clorre ne tenir en terre, 
ne ta teste mouvoir ne ta bouche contordre decha ne delà... 

[Exemple : un prêtre qui, en dehors de la prédication, passait sa vie en prières et en 
bonnes œuvres, reçoit la visite des anges.] 

Fol. 83 v°. Comment le curé doit amonnester les juges... Fol. 84. Comment le 
curé doit enseignier les chevaliers... Comment le curé doit enseignier les riches... Com¬ 
ment le curé doit enseignier les povres... Fol. 84 v°. Comment le curé doit amonnester 
les marchans... Comment le curé doit amonnester les laboureurs... [Fin :] ...Les dimen- 
ches et les festes gardés, et si rendés tousjours a Dieu grâces de ses biens. Par ainsi 

poirés venir a le glore de paradis. 

* 

*Fol. 84 v°-86. Quel chose est de penitance. — Penitance est que on 
se garde de pechier et se on peche, que on s’amende hastivement (4> . 


(1) L’opuscule figure dans l'introduction du 
Miroir des Curés, et non parmi les sermons; 
ms. Cambrai 210, I, fol. 19-21 v°. 

2 Même remarque. Ms. Cambrai 210, 1, 
fol. 21 v°-23. 


' 3> Ms. Cambrai 210, I, foL 36 v°-38; 
Copenhague Ny 1838, foi. 130 v°-132. 

(4) L’exemple, rédigé différemment, figure 
dans un sermon des Rameaux du ms. Cam¬ 
brai 210, I, fol. 77-77 v°. 


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ÉDITH BRAYER 


Ung bel exemple d'une vierge qui avoit ung pere qui menoit saincte vie, et se mere 
menoit foie et malvaise. — Ung conte d'une vierge qui moult estoit preux et parfaitte en 
l'amour de Dieu... — ... Car qui cy art du feu de luxure ou de convoitise, son corpz et 
son ame arderont ou feu d'infer s’il ne vient a vraye repentance en ceste mortele vie. 

Fol. 86-87. Après s’ensieut une information que les curés doivent dire 
au peuple ainchois qu’il le acommunient au jour de Pasques par especial. 
— Expurgate vêtus fermentum ut sitis nova conspersio sicut estis azimi , etc. 
Ad Chor., xfi capitulo. — Très douches gens, nostre Sires ne cesse de nous 
amonnester de faire le salut de nos amez. 11 a au jour d’uy appareillié en le 
court de saincte Eglise une très grande feste... — ... Ad ce doit chascuns 
exemple prendre et lui tellement appareillier qu’il puist le saint sacrement 
rechevoir a le table nostre Seigneur dignement M. 

[Exemples : 1° Une femme communie malgré la défense du curé; elle tombe dans son 
feu. 2° Un pécheur communie : sa gorge s'ouvre en deux.] 


*Fol. 87-88. Et pour tant que saincte Eglise a ordonné que par cous- 
tume on doit meismement le jour de Pasques dire et exposer au peuple 
les .xii. articles de le foy, vous dirés après my. [En marge :] Nota les .xii. 
articlez de le foy W. 


Je croy en Dieu le Pere tout poissant qui a créé le ciel et le terre. Et se croy en nostre 
Seigneur, le Fil de Dieu le Pere... — ... c’est le glore de paradis que Dieu donra a tous ceuls 
qui le desserviront par foy et par boines euvres. 

Après dira le curé le commune confession et si donra absolution et commandera que 
chascun non confessés, ou qui est excommuniés, ou d'estrange parroche, ne viengne mie a 
le table de nostre Seigneur. Et si publiera au peuple ce que le pape et saincte Eglise ont 
commandé es drois, en disant que chacuns, soit homs, soit femme, est redevables de lui 
confesser a son propre curé au mains une fois l'an et de prendre au jour de Pasques le corpz 
nostre Seigneur. Et quiconques se laisse a a communier a Pasques pour se coulpe, il fait 
contre le constitution de sainte Eglise. Et doit estre dessevrés, en sc vie, de l’entree de 
saincte Eglise; et en se mort, son corpz doit estre enterrés hors du cymentiere. 


Fol. 88-91. Le premier dimenche de Quaresme. — Cum jejunasset 
Jhesus quadraginta diebus et quadraginta noctibus , postea esuriit. Mt. 
iiii 0 c°. — Vechi le saint tampz de quaresme ouquel chascun xpistiens qui 


(1) Dans le sermonnaire Scientes et dans 
le Miroir des Curés , après le sermon de Pâques. 
Thème : 1 Corinth. v, 7; épltre de la messe 
de Pâques. 

Mas Valenciennes 126, foL 125 v°-129 v°; 


Troyes 1041, foL 49 v°-50; Copenhague 
Ny 1838, fol. 98 v°-99; Cambrai 210, I, foL 
81 v°-82. Le second exemple est omis dans les 
quatre mss. 

Ms. Cambrai 210, 1* foL 82-82 v°. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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est en eage de juner doit juner... Et est le quaresme ung tampz si comme 
s. Gregore en se omelie dist sur le dit euvangile, ouquel nous devons paier 
disme a Dieu de l’an passet... * x) . [Patr. lat., t. LXXVI, col. 1137-1138, 
n° xvi, fin du paragraphe 5.] 

[Trou sortes de jeûnes : abstinence de péché, abstinence de boire et de manger, jeûne 
des sens. Quatre accompagnements : faire des aumônes, être joyeux, manger & l’heure de 
none, garder la mesure. Exemple d’Ulysse et des sirènes.] 

Fol. 91-94 v°. Le second dimence de Qua(re)resme. — Dolor meus in 
conspectu meo semper quoniam iniquitatem meam annunciabo et cogitabo 
pro peccato meo. Ps° xxxvii 0 . — On dist communément que chascune vielle 
sen doeil plaint, et que mal est batus qui plourer n’ose... (*>. 

[Exemples : 1° Un ange se bouche le nez devant un luxurieux et non devant un 
cadavre, 2° Un ermite lit une lettre qui annonce le jugement dernier. 3° Un jeune homme 
réprimandé parce qu’il riait. 4° Un chevalier, au mont d’Olivet, abandonne tous ses biens 
pour l’amour de Dieu. A sa mort, son cœur s’ouvre en deux.] 

Fol. 94 v°-96 v°. Le m e dimenche de Quaresme. — Erat Jhesus eiciens 
demonium et illud erat mutum; et cum ejecisset demonium, locutus est 
mutas . Luce , xi° c°. — Nous lisons en l’euvangile de le journée d’uy que 
nostre Seigneur Jhesucrist cachoit et gettoit le diable d’un homme qui estoit 
muyel et aveules... W. 

[Exemples : 1° Un moine de Cluny est, par sa confession, délivré du diable qui 
avait pris la forme d’un cheval. 2° Le diable, envoyé en mission par l’empereur Julien, 
est arrêté par l’oraison d’un ermite. 3° Thaïs sauvée par la prédication de s. Paphnuce.] 


(1) Thème : Matth. iv, 2; évangile du jour. 
Mss Valenciennes 126, fol. 82-88; Tournai 

Séra. 43, fol. 33-35 v°; Troyes 1041, fol. 34-35; 
Copenhague Ny 1838, foL 65 v°-67 v°; Cam¬ 
brai 210, 1, fol. 65-67. A la suite, dans les 
trois derniers mss, prédication au peuple. 

(2) Thème : Ps. 37, 18-19; 2 e nocturne du 
Vendredi saint. L'évangile du jour est celui 
de la Transfiguration. Sur le proverbe, voir 
J. Morawski, Proverbes français..., Paris, 1925, 
n° 345. 


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Mss Valenciennes 126, foi. 88-92 v°; Troyes 
1041, fol. 35 v°-36 v°; Copenhague Ny 1838, 
fol. 68-69 v°; Tournai, Sém. 43, foL 35 v°-37; 
Cambrai 210, I, foL 67-69. 

(3) Thème : Luc xi, 14 ; évangile du 
jour. 

Mss Valenciennes 126, foL 92 v°-96; Troyes 
1041, foL 36 v°-37 v°; Copenhague Ny 1838, 
foi. 69 v°-71; Tournai, Sém. 43, fol. 37 v°-39; 
Cambrai 210, I, foL 69-70. 


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ÉDITH BRAYER 


Fol. 96 v°-98. Le im e dimenche de Quaresme. — Letare Jherusalem 
et conventum facite, etc. — Au commenchement de le messe, au jour d’uy, 
sainte Eglise nous amonneste par quatre fois de estre liés et joieux... M. 

[Les joies de paradis. Exemple : le moine et l’oiseau.] 

Fol. 98-99 v°. [Saint Grégoire.] Le dimence en le Passion. — Quis 
ex vobis arguet me de peccato. Johannis, viii° capitulo. — L’euvangile de 
le journée d’uy fait mention que nostre Sires Jhesucrist, en ce tampz, au 
peuple des Juys et as prinches des prestres dist... 

Le omelie saint Grégoire. — Pensés, mes très chiers freres, les débon¬ 
nairetés de Dieu... (2) . [ Pair . lat., t. LXXVI, col. 1149-1153, n° xviii.] 

Fol. 99 v°-101 v°. Le dimenche de Pasques flouries. — Respice in faciem 
Xpisti tui. Ps° Ixxxiii 0 . — On dist communément : La ou le amour est, 
la est le oeil, car naturelement prent on moult grant délit ens ou regard de 
le chose amee... 

[Participation à la Passion : 1° Éviter les faussetés et les périls du monde. Exemple : le 
maître et le disciple; le disciple se voit empereur et refuse un don à son maître. 2° Aider et 
réconforter les pauvres. 3° Méditer sur la vie de J.-C. et des saints.] 

Fol. 101 v°-104 v°. Item pour le dimence de Pasques flouries. — Xpis- 
tus humiliavit semetipsum, foetus obediens usque ad mortem crucis. Ad 


11 Thème d’après Isaïe lxvi, 10; introït de 
la messe du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 96-98 v°; Troyes 
1041, foL 38 v°-39; Copenhague Ny 1838, 
fol. 71-72; Tournai, Sém. 43, fol. 39-40; Cam¬ 
brai 210, I, fol. 70-71. Avant le présent texte, 
dans Troyes, et à la suite, dans les autres 
mss : sermon de Mi-Carême sur le thème 
Est puer un us... Jean vi, 9, évangile du iv* dim. 
de Carême, avec l'exemple d’un chanoine 
marié. Voir ci-dessous, p. 66, n. 1. 

2) Thème : Jean viii, 46; évangile du jour, 
Mss Valenciennes 126, fol. 103-105 v°; 
Copenhague Ny 1838, fol. 74-75; Tournai, 
Sém. 43, fol. 42-43; Cambrai 210, I, foL 72 v°- 
73 v°; manque dans Troyes. A la suite, dans 


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les quatre mss et dans Troyes, autre sermon 
de la Passion, sur le thème Qui ex Deo est... 
Jean viii, 47, suite du même évangile. Ce ser¬ 
mon contient l’exemple de Pélagie; cf. ci-des- 
sous. Exemples, fol. 395 v°-396 v°. 

(3) Thème : Ps. 83, 10; peut-être confu¬ 
sion avec le ps. 21, 2, Respice in me, introït 
de la messe des Rameaux. Le proverbe est le 
n° 1020 de Morawski. 

Mss Valenciennes 126, fol. 110 v°-115 v°; 
Troyes 1041, foL 39 v°-40 v°; Copenhague 
Ny 1838, fol. 77-79; Tournai, Sém. 43, fol. 45; 
Cambrai 210, I, foL 75 v°-76 v°; à la suite, 
dans ce dernier ms., deux exemples qui corres¬ 
pondent, dans Cambrai 574, à ceux des foL 
209 v°-213 et foi. 84 v°-86. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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Phil., ii° capitulo. — Jhesucrist s’est humiliés jusques a le mort de le croix. 
Le passion de nostre Seigneur Jhesucrist fu amere et angoisseuse... 

[La passion fut amère et angoisseuse par la grande douleur qu'il souffrit; elle fu 
laide et honteuse par les outrages qu’on lui fit; elle fut très bonne et fructueuse, car il en 
vint un grand profit.] 

**Fol. 104 v°-106. [Maurice de Sully.] S’ensieut le segnefiance 
de le pourcession que on fait au jour de Pasques flouries. — Le saincte 
procession que nous faisons huy et que nous trespassons d’un lieu en l’aultre... 
[Ed. Robson, n° 14, ligne 81 et suiv.] 

*Fol. 106-106 v°. Item sermon pour le jour de Pasques flouries. — 
Sex ante Pasche ferias, etc. — Boines gens, vous estes venu a saincte eglise 
a ce jour d’uy que on dist Pasques flouries... l *>. 

[Explication de l’évangile.] 

*Fol. 106 v°-107. Item pour le jour de Pasques flouriez et fait mention 
de trois processions que nostre Sires fist sur terre. — Très chieres gens, 
nous trouvons Usant en saincte Escripture que nostre Sires Jhesucrist eubt 
trois processions en terre... 

[Les trois processions sont l’entrée à Jérusalem, la montée au Calvaire, l’Ascension.) 

*Fol. 107-107 v°. Item un sermon pour le dit jour de Pasques flou¬ 
riez. — In processione hodierna defertur crux, buxus et palma. — Très 
chieres gens, a le saincte procession d’uy, porte on le croix, palme et buys... (3 ’. 

[Symbole des différents objets.] 

*Fol. 107 v°-108. S’ensieut un sermon que le prestre peut remoustrer 
a son peuple pour le sepmaine peneuse. — En ceste sepmaine peneuse, 
lira on les passions de Jhesucrist qu’il souffry pour délivrer le monde de le 
prison au diable... 


(1) Thème : ép. 8. Paul, Philip, ii, 8; épître 
du jour. 

Mas Valenciennes 126, fol. 115 v°-120; 
Troyes 1041, fol. 41-41 v°; Copenhague 
Ny 1838, fol. 79 v°-81 v°; Tournai, Sém. 43, 
fol. 47-49 v°; Cambrai 210, I, fol. 77 v°-79. 

Édith Brayer. 


A la suite, dans Troyes et Copenhague, récit 
de la Passion, histoire de Pilate, descente de 
J.-C. aux enfers. 

f,) Thème : Ante sex dies Paschae..., 
3 e antienne de la procession des Rameaux. 

<3) Thème extrait du Rituel (?). 

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ÉDITH B RAYER 


*Fol. 108-109. S’ensieut ung sermon qui fait mention que Dieux sua 
par deux fois pour l’omme. — Dejectus Adam de paradiso terrestri, cepit 
languescere et sudare usque ad passionem Xpisti. — Chieres gens, des 
ceilui jour que Adam fu gettés du terrestre paradis pour son pechiet... O), 

[Les deux « sueurs » de J.-C. eurent lieu au mont d’Olivet et au Calvaire.] 

*Fol. 109-109 v°. Sermon pour le jour du blanc Joeudi et parole des 
ordenes de saincte Eglise. — Dominus Jhesus postquam cenavit cum disci- 
pulis suis, etc. — Chieres gens, vous estes venus en saincte eglise au jour 
d’uy nommet Joeudi absolut, auquel vous devés estre mondés et nettiés de 
vos pechiés... 

[Circonstances où J.-C. fut le symbole de chacun des sept ordres.] 

*Fol. 109 v°-123. Cy s’ensieut le Passion nostre Seigneur Jhesucrist 
pour le jour du boin Venredi. — Xpistus passus est pro nobis. 7 a Pétri, 
ii° c°. — Il est coustume quant uns très grans sires fait a ung povre cour¬ 
toisie, que li preudoms seult souvent telle courtoisie raconter a se mais- 
nie... W. 

[Prologue sur s. Pierre. Rappel sommaire des souffrances du Christ. Haine des prêtres 
juifs et de Judas. Le récit de la Passion s’étend du repas chez Simon de Béthanie jusqu’à 
l’installation de gardes autour du sépulcre. Plainte de la Vierge.] 

**Fol. 123-126. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon pour le jour 
de le Resurrexion nostre Seigneur. — Maria Magdalene et Maria Jacobi 
et Maria Salome emerunt aromata ut venientes ungerent Jhesum, et reliqua 
que leguntur in ewangelio hodierno et scribuntur Marci, xvi° c°. — J’ay 
yci proposée toute l’euvangile de le saincte solennité du jour d’uy et le 
voeil entièrement reciter et aucunement exposer pour ce qu’elle contient 
matere plaine de liesce et de joye... 1 2 3 (4) . 

Fol. 126-129 v°. Sermon dévot pour le dit jour de Pasques. — Sur- 
rexit, non est hic. Marci, ultimo capitulo. — Le glorieuse résurrection nostre 


(1) Thème non identifié. 

(2) Thème : d’après Jean xiii, 2-15; chant 
de communion du Jeudi saint. 

(3) Thème : I ép. s. Pierre, ii, 21; épître 

du II e dim. après Pâques. Le récit de la Passion 


est rédigé librement d’après les quatre évan¬ 
giles. Ms. Troyes 1041, foL 42-46 v°; à la suite, 
histoire de Pilate. 

(4) Voir le texte tout entier, ci-dessous, 
pages 139-143. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


195 


Seigneur Jhesucrist fu faitte le tierc jour après se benoite passion, en lequelle 
résurrection nous poons .vi. choses considérer... 

[Comment J.-C. resta trois jours et trois nuits dans le sépulcre; pourquoi il attendit 
trois jours avant de ressusciter; comment il se releva de mort puissamment, glorieusement, 
profitablement, merveilleusement, véritablement en son propre corps. Apparitions. 
Descente aux enfers.] 

♦Fol. 129 v°-131. Comment nostre Saulveur Jhesucrist descendi as 
infers. — Le ame de Jhesucrist, si tost que en le croix trespassés fu, descendi 
aveuc se divinité es infers — Thomas , in Compendio — pour brisier l’infer 
et pour tollir au diable son pooir... 

Fol. 131-133 v°. Sermon pour l’endemain du jour de Pasques. — Mane 
nobiscum 9 Domine , quoniam advesperascit. Lace, viii°. — Ensy que dist 
saint Gregore, il a telle différence entre les biens carneuls et les esperitueuls 
que les biens espiritueuls anoyent quant on ne les a mie... 

[L’habitation de Dieu est dans le cœur des prud’hommes. Profits de la présence de 
Dieu : elle est honnorable, durable, joyeuse, délectable. Exemple sur les joies de paradis, 
analogue à celui du moine et de l’oiseau : un chevalier sert à la fête d’un compagnon mort; 
quand il revient, deux cents ans se sont écoulés.] 

*Fol. 133 v°. S’ensieuent .xii. apparicions que Jhesucrist fist entre se 
résurrection et son ascension. — Nostre Sires Jhesucrist s’apparut .xii. fois 
entre se résurrection et ascension. Le première fois s’apparut Dieux a Joseph 
de Arimathie... 

Fol. 133 v°-136 v°. Le premier dimenche après Pasques. — Xpistus 
reformavit corpus humilitatis nostre configuratum corpori claritatis sue . 


(lî Thème : Marc xvi, 6; évangile du jour. 
Mss Tournai, Sém. 43, foL 49 v°-52; Valen¬ 
ciennes 126, fol. 120-125 v°; Troyes 1041, 
foL 48-49 v°; Copenhague Ny 1838, fol. 95 v°- 
98; Cambrai 210,1, foL 79 v°-81 v°. A la suite, 
dans les quatre derniers mss, instruction des 
curés pour la communion pascale; cf. ci-dessus, 
foL 86-87. 

Aussi dans Troyes 1041, foi. 47 v°-48; 
Copenhague Ny 1838, foL 94-95 v°; Tournai, 


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Sém. 43, foL 217 v°-218 v° (fin du volume). 
Le ms. Cambrai 574 ajoute que J.-C., après sa 
résurrection, habitait au paradis terrestre. 

131 Thème : Luc xxiv, 29; évangile du lundi 
de PAques. C'est aussi le verset des vêpres, 
au l* r dim. apr. PAques. 

Mss Valenciennes 126, foi. 133 v°-137 v°; 
Troyes 1041, fol. 51-51 v°; Copenhague 
Ny 1838, fol. 99-101; Tournai, Sém. 43, foL 52- 
53 v°; Cambrai 210, I, foL 82 v°-84. 

25. 


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198 ÉDITH BRAYER 

qui de par ie roy est envoyés reviengne quant deuement a faitte la besongne 
qui commise lui estoit... 

[Commentaire des trois mots : Dominus, Jhesus, assumptus. 1° Dominus, c’est la 
puissance. Exemple contre les seigneurs terriens : un seigneur veut commander à la mer. 
2° Jésus, c’est l’amour et la bonté’ 3° L’ascension nous est profitable pour neuf raisons.] 

**Fol. 159-165 v°. [Pierre d’Ailly.] S’ensieut un sermon pour le jour 
de l’Ascention nostre Seigneur. — Assumptus est in celum et sedet ad dex- 
teram Dei. Scriptum est Marti, ultimo capitulo et in ewangelio hodierno. 
— Se nous volons sieuir le chemin et le trache de nostre sauveur Jhesu- 
crist et après lui monter de terre ou ciel... 

Fol. 165 v°-168. Pour le jour de la Penthecoste, sermon. — Effundam 
Spiritum meum super omnem carnem. Johelis, iii° c°. — Si comme les 
prinches et les grans seigneurs doivent par raison estre larges et qu’il doivent 
especialment moustrer leur grande larguesce as grandes festes... W. 

[Commentaire du texte des Actes des apôtres, chap. ii. Divers noms du Saint-Esprit. 
Onction du baptême.] 

Fol. 168-171. — Item pour le jour de le Penthecouste. — Si quis dili- 
git me, sermonem meum servabit et Pater meus diliget eum et ad eum 
veniemus, et mansionem apud eum faciemus. Jo., xiiii° c°. — En l’euvan- 
gile de le journée d’uy, nostre Sires nous apprent comment nous le devons 
amer et comment nous devons appareillier l’ostel de nostre cuer pour reche- 
voir dignement le saincte Trinité... 

[Cinq causes d’amour envers J.-C.; sept signes de vrai amour.] 

**Fol. 171-175. [Pierre d’Ailly.] Sermon pour le jour de Penthe¬ 
couste. — Ille vos docebit omnia. Scribitur Johannis, iofi c° et in ewan - 

(1) Thème : Marc xvi, 19; évangile du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 161-163 v°; 

Troyes 1041, foL 56-56 v°; Copenhague 
Ny 1838, foL 111 v°-114 v°; Tournai, Sém. 43, 
fol. 63-66; Cambrai 210, I, fol. 93-95, ces deux 
derniers avec un exemple supplémentaire qui 
répète le 4 e exemple du il® dim. de Carême, 
ms. Cambrai 574, fol. 91-94 v°. A la suite, 
dans Valenciennes et Troyes, commentaire sur 
rAscension. 

(2) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 156. 

(3) Thème : Joël ii, 28. 

Mss Troyes 1041, fol. 57 v°-58 v°; Copen- 


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hague Ny 1838, foL 114 v°-116 v°; Tournai, 
Sém. 43, fol. 66-67 v°; Cambrai 210, I, foL 
95 v°-97. Ce sermon et le suivant sont inter¬ 
vertis dans Troyes, et Tétaient probablement 
dans Valenciennes; mais ce dernier ms. est 
incomplet. 

14 ] Thème 2 Jean xiv, 23; évangile du jour. 

Mss Valenciennes 126, fol. 168-172 v° (à la 
suite, lacune de deux sermons); Troyes 1041, 
fol. 57-57 v°; Copenhague Ny 1838, foL 116 v°- 
118 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 67 v°-69 v°; 
Cambrai 210, I, fol. 97-98 v° (coïncide avec 
la fin du propre du temps de la première partie). 


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Xotices et extraits des manuscrits , t. XL1II, p. 199 





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Notices et extraits des manuscrits, t. XLIII, p. 199 


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Fol. 181. Pierre d'Aillv, fin du sermon Mansionem: Ji 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


199 


gelio hodierno. — Pour impetrer le grâce du 9aint Esperit, de qui nous fai¬ 
sons au jour d’uy feste et solempnité et très especial solempnité... 

**Fol. 175-181. [Pierre d’Ailly.] Item sermon pour le dit jour de 
Penthecouste. — Mansionem apud eum faciemus. Scriptum est Jo., xiiii 0 , 
et in etvangelio hodierno. — Ceste parole est escripte et recitee en l’euvan- 
gile du jour d’uy, et est le parole du sauveur nostre Seigneur Jhesucrist 
ditte en le personne non pas seulement de iuy, mais ensamble ou nom des 
trois divines personnes... (î) . 

**Fol. 181-187 v°. [Jean Gerson.] Aultre sermon pour le jour de Pen¬ 
thecouste. — Mansionem apud eum faciemus. Originaliter Jo., xiiii 0 , et 
recitative in etvangelio presentis celebritatis. — Esjoyssiés vous, peuple 
xpistien, je vous apporte bonnes nouvelles... [Ed. Mourin, Six sermons, 
n° 1.] 

**Fol. 187 v°-193 v°. Cy s’ensieut un sermon pour le paix fait a Paris. 
— Hec est Victoria que vincit mundum, fides nostra. Scriptum est Jo. r° c°, 
et recitatur in epistola dominice precedentis. — Bonnes gens, affin que 
maintenant entre le solempnité de Pasques darrainement passée et ceste 
solennité de Penthecoste prochainement... W. 

**Fol. 193 v°-203. [Jean Gerson.] S’ensieut un sermon du jour de le 
saincte Trinité. — Videmus nunc per spéculum in enigmate. I* ad Chor., 
xiii 0 . — Entre toutes les matières de quoy on peut parler, on ne doit onques 
tant sobrement, tant paoureusement et reveramment soy maintenir... comme 
quant on doit parler de la divinité... [Ed. Mourin, Six sermons , n° 2.] 

Fol. 203-204 v°. Item pour le jour de la sainte Trinité. — Verbo Domini 
celi firmati sunt , et spiritu oris ejus omnis virtus eorum. — David le souve¬ 
rain prophète, qui en pluiseurs lieux du Psaltier parole moult clerement 
de le saincte Trinité, dist en le xxxii e psalme... W. 

[Citations de l’Écriture et des docteurs de l’Église sur la Trinité. L’union des trois 
personnes de la Trinité est montrée par une série de phrases du type : t Dieu le Pere a, 
par son Fils, fait... ».] 


(1) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 166. 

(2) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 173. 

(3) Voir le texte entier, ci-dessous, p. 182. 

(4) Thème : Ps. 32,6. Mss Troyes 1041, foi. 58 


v°-59; Copenhague Ny 1838, foL 118 v°-120 et 
150-150 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 69 v°-70 v° 
(fin de la première partie); Cambrai 210, II, 
fol. 1-2; lacune dans Valenciennes. 


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200 


ÉDITH BRAYER 


Fol. 204 v°-208. Pour le jour du saint Sacrement de l’autel. — Acci - 
pite et comedite : hoc est corpus meum quod pro vobis tradetur; hoc facite 
in meam commemorationem. / 1 2 * * * & ad Chor. 9 xi °c°. — Li amy loyal ont telle 
coustume que quant li uns va mourir ou qu’il va en un long voyage, il laisse 
en son testament a son amy le plus précieux joyel... 0) # 

[Le saint Sacrement est présenté sous les espèces du pain et du vin pour trois raisons : 
la foi du chrétien, qui les accepte a plus de mérite; le pain et le vin sont plus communs et 
plus abordables que la chair et le sang; il fallait éviter la dérision des Juifs. Onze merveilles 
du saint Sacrement. Exemples : 1° Une femme ne croit pas que le pain qu’elle apporte à 
s. Grégoire pour la messe soit le corps de Jésus-Christ; s. Grégoire prie, et l’hostie devient 
chair. 2° Hugues de Saint-Victor, à sa mort, refuse l’hostie non consacrée; sa maladie 
l’empêche de communier, mais le s. Sacrement s’évanouit au moment où le mourant 
rend l’âme.] 

Fol. 208-209 v°. Item du saint Sacrement, sermon. — Caro mea vere 
est cibus. Johannis 9 xiii 0 c°. — Nostre Sires Jhesucrist qui en moult de 
maniérés nous met devant comment nous devons vivre en ce monde... (2). 

[Exemples : 1° Un juif converti doute que l’hostie soit le corps de Jésus-Christ; 
l’hostie devient un morceau de chair; 2° Un prêtre du temps de saint Louis a les mêmes 
doutes; l’hostie devient un enfant. Indulgences accordées par Urbain IV.] 

Fol. 209 v°-213. Dimenche premier après le Trinité. — Homo quidam 
erat dives. Luce 9 xvi° c°. — Saint Luc escript que uns riches homs estoit 
qui de pourpre et de bougeran se vestoit et chascun jour noblement men- 
goit... 

[Exemple : un prud’homme héberge les pauvres.] 


(1) Thème : I Corinth. xi, 24; épître du jour. 
Mss Valenciennes 126, foi. 172 v°-179; 

Troyes 1041, foi. 59-60 v°; Copenhague 
Ny 1838, fol. 120-122 v° c t 151-153; Cambrai 
210, II, foi. 2-4. Manque dans Tournai; mais 
les Onze merveilles s’y trouvent, à part, fol. 
204-206. 

(2) Thème : Jean vi, 56; évangile du jour. 

Mss Valenciennes 126, foi. 179-181 v°; 

Troyes 1041, fol. 60 v°-61 ; Copenhague 

Ny 1838, fol. 122 v° (fragment, fin du sermon- 

naire) et foL 153-154 (deuxième copie, fin du 
volume); rejeté à la fin dans Tournai, Sém. 43, 
foL 206-207; Cambrai 210, II, foL 4-5. 


(3Î Thème : Luc xvi, 19 (évangile du jeudi 
de la 2* sem. de Carême). Peut-être ajouté ici 
pour mettre en parallèle le banquet du mau¬ 
vais riche et le banquet du sermon suivant. 
Selon l’usage médiéval, les dimanches sont 
comptés après la Trinité, et non après la Pente¬ 
côte. Par suite de Taddition de deux textes : 
Lazare et le mauvais riche, et le sermon sur 
la montagne, le décalage de deux numéros se 
poursuit pour toute la série des dim. apr. 
la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foL 181-187 v°; 
Troyes 1041, fol. 61-62; Tournai, Sém. 43, 
foi. 71-73; Cambrai 210, II, foL 5-7. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


201 


Fol. 213-214 v°. Le II e dimence après le Trinité. — Homo quidam 
fecit cenam magnam et vocavit multos . Luce xvi° 

[Texte entier.] Nous lisons en i’euvangüe d’uy que nostre Sires dist a ses disciples 
que uns homs fist ung grant souper et appella moult de gens. 

Exposition (,) . — Cieuls homs est nostre saulveur Jhesucrist qui a appareilliet ou 
royaulme du ciel ung grant souper et une très grande feste et appellé moult de gens, tant 
par se propre prédication de ses euvangiles, comme par ses apostles et les prescheurs de 
saincte Eglise. Mais les pluiseurs qui a ceste feste, c’est a le joie de paradis, sont appellés n’y 
daignent venir, ains se excusent. 

Nota de ceulx qui se excusent de venir a le feste de Jhesucrist. — Contre les orguilleux. 

Car le premier dist : t J’ay accaté une ville qu’il me couvient aler veoir; je te prie que 
tu me excuses ». Cieulx qui se excuse pour le besongne de se ville segnefie ceulx qui ont mis 
leurs désirs en le domination temporele et convoitent a avoir les aultres en leur subjection. 
Cil sont de le compaignie Lucifer le dyable, qui pour le convoitise d’estre deseure les aultres 
fu boutés hors du ciel jusques en infer. 

Nota du second qui s’excuse. — Contre les convoiteux. 

L’aultre de ceulx qui a le ditte feste sont appellés dist : t J’ay accaté .v. paires de 
beufs ». Par cestuy sont segnefiés tous les avaricieux qui mettent tous leurs .v. sens ou 
servage de avarice et n’ont nul désir de venir a le joie du ciel. Et ces deux maniérés de gens, 
c’est assavoir les orguilleux qui convoitent le domination temporele, et les avaricieux qui 
convoitent les richesses, ilz prient qu’ilz soient excusés. Certes, quant nous disons a aulcun 
pecheur qu’il amende se vie et laisse a faire le mal et fâche le bien, nous le appelions a le 
joie de paradis, [fol. 213 v°] Mais quant il respont : « Priés pour my, car ce ne puis je encore 
faire », que fait il aultre chose que lui excuser de nient venir a celle feste? 

Nota du tiers qui se excuse. — Contre les luxurieux. 

Li tiers de ceulx qui sont appellés dist : « J’ay pris une femme, et pour ce n’y puis je 
venir ». Par cestuy sont segnefiés tous les luxurieux qui pour le delitement de leur corps 
refusent a le joie du ciel. 

Quant Dieux voit que toutes ces maniérés de gens devant dis, si comme les orguilleux, 
les avaricieux et les luxurieux, n’ont cure de se feste, il envoyé querre les povres, ce sont 
gens humbles qui sont povres d’esperit, et les foibles qui ne se fient mie en leurs vertus; et 
les aveules qui par leur simplesce n’ont mie cler entendement, et les clops qui ne vont mie 
droitement en le voie de leur salut. Certes telles gens a Dieu eslut pour venir a se feste qui 
du monde sont despites. Car com mains ont de glore au monde en quoy ilz puissent prendre 
leur delitement, tant plus tost oyent ilz le voys de Dieu. Mais pour ce que la feste n’est mie 
toute remplie de ceulx qui au monde sont povres, li souverains Roys dist a son sergant : 
t Va entour les voies et les constrains a ens entrer affin que me maison soit remplie ». Par 
ceuls qui sont constrains a entrer ou royalme du ciel sont segnefiés tous ceuls et toutes 


fl) Thème : Luc xiv, 16; évangile du 
II e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foL 187 v°-191; 

Édith Braver. 


Troyes 1041, foi. 62-63; Tournai, Sém. 43, 
fol. 73-74 v°; Cambrai 210, II, fol. 7-8 v°. 

(2) Tous les titres sont écrits en marge. 

26 


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202 


ÉDITH BRAYER 


celles que Dieu bat et fiert par adversité temporele ou par maladie. Car quant ilz voient 
que ilz ont perdu leurs biens temporeuls ou qu’ilz sont batus de maladies et qu’ilz lan¬ 
guissent et que le monde les a refusés, adont se convertissent les aulcuns et se repentent de 
leurs pechiés, et prient a Dieu merchi. Et ainsi vont a le voie de paradis si comme constrains 
par adversités ou par maladie, selonc ce que saint Pol dist as Hebrieux, xii° capitule >, que 
Dieu castie et flagelle tous ses filz qu’il rechoit en son royalme. Mais moult est a doubter ce 
que Dieu dist en le fin de cest euvangile en telle maniéré : « Je vous [fol. 214] dy pour vray 
que nuis de ces hommes premiers appelés ne gousteront de mon souper ». 

Glose. — Regardés, il nous appelle par soy meismes, par les prophètes, par les apostles, 
par les prescheurs, par miracles, par ses bienffais, par adversités et par maladies. Et pour 
ce devons mettre nos désirs pour venir a se feste par boines oeuvres par quoy nous n’en 
soyons mie fourclos aveuc ceuls qui pour avoir leurs déduis et leurs désirs au monde 
refusent a venir a le joie du ciel, en lequelle nostre Seigneur Jhesucrist servira de .v. mes 
especiaulx. 

Nota de .v. mes dont Dieu sert les siens en paradis. 

Le premier mes sera santé sans maladie, si comme David dist ou Psaltier a s’ame (1) : 
« Qui sane toutes tes enfermetés ». Car en ce siecle ne peut on avoir parfaitte santé pour ce 
que le mort s’ensieut. Mais nostre Seigneur destruira toute maladie et toute mortalité si 
que, ou royalme du ciel, n’ara le mort nulle domination. Si comme dist Ysaies le prophète 
ou xxxv e capide : « Dieu ostera des sauvés toute le mortalité que Adam no premier pere 
amena sur humaine lignie et destruira le mort pardurablement » 

Le second mes. — Le secont mes sera libertés sans servage, de quoy s. Pol parole as 
Rommains, viii 0 c° : « Le créature sauvee sera délivrée du servage de corruption et mise en 
le franchise des enfans de Dieu », sans jamais sentir nulle temptation de l’anemi s) . 

Du III e mes. — Le tiers mes sera concorde et paix sans estre destourbés, si comme il 
dist par Ysaie le prophète ou xxxii® capitle : « Mon peuple sauvé sera en le beaulté de paix 
et en plain repos » (4) * . 

Le 1111 e mes. — Le quart mes sera joie et solas en Dieu loant, si comme dist David a 
Dieu en le lxxxii® psalme du Psaltier : « Bieneureux sont cil qui habitent en te maison du 
ciel, car il te loeront parmanablement » (6) . 

Le V e mes. — Le quint mes sera parfaitte congnissance de le Deité et de toute le 
Trinité, si comme saint Pol dist, prima ad Chor. 9 xiii 0 c° ; « Nous veons ore si comme par 
un miroir le Divinité; et quant nous serons ou royalme du ciel, nous le verrons face a face » ( * 
De quoy s. Bernard dist : [fol. 214 v°] « Adont quant nous serons ou royalme du ciel, nous 
congnisterons le poissance de Dieu le Pere, le sapience de Dieu le Fil et le très grant débon¬ 
naireté de Dieu le Saint Esperit. Et ainsi arons nous congnissance de toute le saincte Tri¬ 
nité ». 

Or avés oy aulcuns biens que Dieu a appareilliet et desquels il servira ou ciel ceulx et 
celles qui aront en ce monde obey a ses commandemens. Et certes les solas et les joies 
qu’ilz aront ou royalme du ciel deseure les dis biens sont sans nombre, si comme saint Pol 


(1J Ps. 102, 3. 

(2) Isaïe (?). 

(3) Rom. viii, 21. 


(4) Isaïe xxxii, 18. 

<*> Ps. 83, 5. 

(6) I Corinth. xiii, 12. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 203 

dist : • Oeil oncques ne vit ne oreille ne oy ne cuer (Tomme ne peut comprendre les biens 
et les joies que Dieu a appareilliet a ceuls et a celles qui de vraie amour Tayment » ll) . 

Exemple des joyes de paradis. 

Nous lisons de deux moisnes qui bien religieux estoient et qui moult desiroient a 
sçavoir se les joies du royalme du ciel estoient si grandes que le saincte Escripture les disoit 
estre. Et firent entre eulx deux une telle promesse que le premier qui d’eulx deux morroit, 
le certain des joies de paradis a son compaignon anoncheroit. Advint que le premier qui 
morut revint a son compaignon et lui dist : t Biaux compains, si comme nous avons oy en 
le saincte Escripture habondamment parler des joies de paradis, ainsi les ay je veues en le 
cité du tout puissant Seigneur, en le cité de nostre Dieu ». Et puis dont que les joies que 
nostre Seigneur a promises ou ciel sont si très grandes, soyons sur toute riens songneux a 
faire en ce monde telles oeuvres qui plaisent a Dieu. Par quoy nous puissons, après ceste 
vie, venir ou royalme du ciel et avoir les dittes joies. Ce nous ottroit le Pere et le Fil et le 
Saint Esperit. 


Fol. 214 v°-216. Le m e dimence après le Trinité. — Erant appropin- 
qaantes ad Jhesum publicani et peccatores ut audirent eum. Luce, xxfi c°. 
— L’euvangile de le journée d’uy fait mencion que pluiseurs pécheurs 
vinrent a le prédication de nostre Seigneur... W. 

[Sept causes du retour du pécheur à J.-C.] 


Fol. 216-218. Le im e dimenche après le Trinité. — Estote miséricordes 
sicut et Pater vester misericors est. Luce, vi° c°. — Nostre Sires nous apprent 
comment nous devons avoir miséricorde et vraie carité a nos proismes... W. 

[1° Miséricorde de Dieu envers nous : quatre manifestations. 2° Miséricorde du 
chrétien envers lui-même et envers son prochain.] 


Fol. 218-221. Le V e dimenche après le Trinité. — Relictis omnibus 
secuti sunt Jhesum. Luce, tP c°. — L’euvangile d’uy nous raconte comment 


{l) I Corinth. ii, 9. 

(1) Thème : Luc xv, 1; évangile du m® dim. 
apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, foL 191-193 v°; 
Troyes 1041, fol. 63-63 v°; Tournai, Sém. 43, 
fol. 74 v°-75 v°; Cambrai 210, II, foL 8 v°-9 v°. 


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13} Thème : Luc vi, 36; évangile du i #r dim. 
apr. la Peut, (à cause de la fête de la Trinité, 
cette messe est reportée dans la semaine). 

Mss Valenciennes 126, foL 193 v°-196 v°; 
Troyes 1041, foL 63 v°-64; Tournai, Sém. 43, 
foL 75 v°-76 v°; Cambrai 210, II, foL 9 vMO v°. 

26. 


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204 ÉDITH BRAYER 

saint Pierre, s. Jaque et saint Jehan, freres, laissèrent tous leurs biens et 
ensieuirent Jhesucrist... 

[1° Nous devons renoncer à quatre choses : aux péchés, aux mauvaises coutumes et 
aux occasions de pécher, aux mauvaises compagnies, à la mauvaise volonté. 2° Nous devons 
suivre J.-C. par quatre voies : humilité, paix et amour, pure et nette vie, pénitence.] 

Fol. 221-222 v°. Le VI e dimenche après le Trinité. — Audistis quia 
dictum est antiquis : Non occides . Mathei, ifi c°. — L’euvangile de le jour¬ 
née d’uy nous demoustre que nostre Seigneur Jhesucrist vint aemplir Fan- 
chienne loy... 

[Sont défendus : Fhomicide, la haine de cœur, l’injure de bouche. Long développe¬ 
ment sur les homicides de soi-même.] 

Fol. 222 v°-224 v°. Le vn e dimenche après le Trinité. — Misereor 
super turbam. Mt ., viii 0 c°. — L’euvangile d’uy dist que en ce tamps que 
nostre Seigneur Jhesucrist preschoit, grant peuple estoit aveuc lui qui ne 
avoient que mengier... (8) . 

[Commentaire des éléments du récit évangélique : une grande foule, trois jours 
passés avec J.-C., les sept pains. A la fin, les joies de paradis.] 

Fol. 224 v°-226 v°. Le vm e dimenche après le Trinité. — Omnis arbor 
que non facit fructum bonum excidetur et in ignem mittetur. Mt., vii° c°. 
— Toute le doctrine que nostre Seigneur Jhesucrist a escripte en ses sains 
euvangiles est pour nous aprendre a estre sauvés... 

[1° Fruit de la bonne volonté : repentance, oraison, souvenir de la passion. 2° Fruit 
des bonnes mœurs : pénitence, qui est, comme la noix de galle, à la fois amère et douce; 
justice; miséricorde.] 


(1) Thème : Luc v, 11; évangile du rv* dim. 
apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, foL 196 v°-201; 
Troyes 1041, foL 64-65; Tournai, Sém. 43, 
foL 76 v°-78 v°; Cambrai 210, II, foL 10 v°- 
12 . 

(,) Thème : Matth. v, 21; évangile du 
V e dim. apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, fol. 201-203 v°; 
Troyes 1041, fol. 65-65 v°; Tournai, Sém. 43, 
foL 78 v-°80; Cambrai 210, II, fol. 12-13. 


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31 Thème : Marc viii, 2 ; évangile du VI e dim. 
apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 203 v°-207 ; 
Troyes 1041, fol. 65 v°-66; Cambrai 210, 
Troyes 1041, fol. 65 v°-66; Tournai, Sém. 43, 
fol. 80-81 v°; Cambrai 210, II, fol. 13-14 v°. 

141 Thème : Matth. vii, 19; évangile du 
vu 6 dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foL 207-210 v°; 
Troyes 1041, fol. 66-67; Tournai, Sém. 43, foi. 
81 v°-82 v°; Cambrai 210, II, fol. 14 v°- 15 v°. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


205 


Fol. 226 v°-229 v°. Le IX e dimenche après le Trinité. — Homo qui¬ 
dam erat dives et habebat villicum et hic diffamatus est apud ilium. Luce, 
xvi° c°. — En l’euvangile de le journée d’uy, nostre Seigneur recommande 
et loe moult a faire ammosne... ll >. 

[Il faut rendre compte : 1° des biens prêtés par Dieu : biens de nature, de grâce, de 
fortune. Exemple : s. Macaire converse avec la tête d'un Sarrazin mort; celui-ci lui explique 
qu'en enfer sont les Sarrazins, puis plus profondément les Juifs, et au plus profond les 
faux chrétiens. Il faut encore rendre compte : 2° du temps; 3° des pensées; 4° des paroles 
oiseuses; 5° des œuvres.] 

Fol. 229 v°-233. Le X e dimenche après le Trinité. — Cum appropin- 
quaret Jhesus Jherusalem, videns civitatem jlevit super eam. Luce, xi° c°. 
— L’euvangile de le journée d’uy dist que une fois nostre Seigneur Jhesu- 
crist approcha le cité de Jherusalem et, quant il le vit, il commencha a 
plourer pour le destruction de le cité... 

[Histoire de Vespasien. Jésus avait pleuré trois fois : pour la mort de Lazare, pour 
la ruine prochaine de Jérusalem, sur la croix. A son exemple, l’âme pécheresse doit 
pleurer trois fois : d’avoir courroucé son créateur, d’avoir mérité la mort éternelle, d’avoir 
perdu le royaume du ciel. Exemple, sur les desseins insondables de Dieu : un ermite 
voyage avec un ange; l’ange vole un hanap, le donne à un homme cruel; il tue un valet 
et étrangle un enfant, tout cela pour accomplir les desseins de Dieu.] 

Fol. 233-235 v°. Le xi® dimenche après le Trinité. — Duo homines 
ascenderunt in templum ut orarent, unus phariseus et alter publicanus. 
Luce xviii 0 . — Le lettre de l’euvangile de le journée d’uy est telle : En ce 
tampz que nostre Sires Jhesucrist preschoit as Juys, il dist ceste parabole 
as aulcuns qui se fioient en leurs mérités... ( 8 L 

[Le pharisien est blâmé : 1° pour son orgueil. Diverses sortes d'orgueil. Exemple : un 
moine qui jeûnait trois fois par semaine au couvent, parce qu'on le voyait, ne peut plus 


(1) Thème : Luc xvi, 1; évangile du 
vin 6 dim. apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, fol. 210 v°-215 v°; 
Troyes 1041, foL 67-68; Tournai, Sém. 43, 
foi. 82 v°-84 v°; Cambrai 210, II, fol. 15 v°- 
17 V e . 

{2! Thème : Luc xix, 41; évangile du 
IX e dim. apr. la Pentecôte. 


Mas Valenciennes 126, foL 215 v°-222; 
Troyes 1041, fol. 68-69 v°; Tournai, Sém. 43, 
foL 84 v°-87; Cambrai 210, II, foL 17 v°-20. 

131 Thème : Luc xviii, 10; évangile du 
X e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foL 222 v°-226; 
Troyes 1041, fol. 69 v°-70; Tournai, Sém. 43, 
fol 87 v°-89; ambrai 210, II, fol. 20-21. 



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ÉDITH BRAYER 


jeûner qu’un jour en ermitage. Le pharisien est blâmé : 2° pour le faux jugement qu’il a 
de son prochain; 3° pour son mépris du publicain; 4° pour sa vantardise. Le publicain est 
loué : 1° de son humilité; 2° de la honte qu’il a de ses péchés; 3° de son repentir; 4° de son 
oraison.] 


Fol. 235 v°-238. Le XII e dimence après le Trinité. — Adducunt ei mutum 
et surdum et deprecabantur eum ut imponeret illi manum. Mt ., vii° c°. — 
L’euvangile de le journée d’uy fait mencion que on amena devant nostre 
Seigneur un muyel qui estoit sours... 

[Empêchements de la confession.] 


Fol. 238-241. Le xm e dimence après le Trinité. — Beati oculi qui 
vident que vos videtis . Luce , x° c°. — Nostre Sires dist a ses apostles en 
Feuvangile de le journée d’uy : Bieneureux sont li oeil qui voient ce que 
vous veés... 

[Quatre choses à voir : les richesses du monde, les péchés au-dedans de nous, les 
pauvres chrétiens à côté de nous, les biens au-dessus de nous. Douze joies des élus.] 


Fol. 241-244. Le xim e dimence après le Trinité. — Jhesu preceptor 
miserere nostri. Luce 9 xvii 0 c°. — L’euvangile de le journée d’uy fait mencion 
de .x. mesiaulx qui avoient oy le renommee de Jhesucrist, comment tous 
malades sanoit... 

[Les dix lépreux représentent les pécheurs qui enfreignent les dix commandements. 
Se montrer aux prêtres signifie se confesser. Le lépreux qui revient sur ses pas symbolise 
le bon chrétien qui demeure au service de Dieu. Divers caractères de la confession. Exemple : 
un chevalier du roi d’Allemagne Conrad refuse de se confesser; au moment de sa mort. 


il voit tous ses péchés et meurt desespéré.] 


(1) Thème : Marc vii, 32; évangile du 
XI e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foi. 226-230; Troyes 
1041, fol. 70 v°-71 ; Tournai, Sém. 43, foL 89- 
90 v°; Cambrai 210, II, fol. 21-22 v°. 

(,) Thème : Luc x, 23; évangile du xii® dim. 
apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, foL 230-235; Troyes 


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1041, foL 71-72; Tournai, Sém. 43, foL 90 v°- 
92 v°; Cambrai 210, II, fol. 22 v°-24 v°. 

(3) Thème : Luc xvii, 13; évangile du 
xiii® dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 235-240; Troyes 
1041, foi. 72 v°-73; Tournai, Sém. 43, foL 92 v°« 
94 v°; Cambrai 210, II, fol. 24 v°-26. L’exemple 
du chevalier est emprunté aux Vies des pères. 


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207 


Fol. 244-246 v°. Le xv e dimence après le Trinité. — Primum querite 
regnum Dei. Mt. vi° c°. — Au commenchement de l’euvangile de le journée 
d’uy, nostre Sires nous apprent et dist que nulz ne peut ensamble servir a 
deux seigneurs contraires... (1 L 

[Opposition de Dieu et du diable, ou du monde. Il faut : 1° acquérir les richesses 
spirituelles; 2° avant toute autre chose; 3° en gardant les commandements. Développement 
sur la justice.] 


Fol. 246 v°-249. Le xvi e dimence après le Trinité. — Cum appropin - 
quasset Jhesus porte civitatis que vocatur Naym , ecce defunctus efferebatur. 
Luce, vii° c°. — Le euvangile de le journée d’uy fait mention d’un miracle 
que nostre Sires fist d’un jone homme mort, lequel il ressuscita de mort a 
vie... (2). 

[Selon s. Augustin, certains s’émerveillaient des miracles de J.-C. Les évangiles rappor¬ 
tent trois cas de morts ressuscités visiblement par le Sauveur. Le jeune homme de Naîm 
symbolise le pécheur; quatre apparences de la mort sont quatre aspects d’endurcissement 
dans le péché : l’aveuglement, la paralysie, la perte du sentiment, la perte de la parole, 
qui empêchent la confession. Il y a trois espèces de morts : la mort corporelle, la mort 
de l’âme, la mort d’enfer. Les quatre porteurs sont les quatre soutiens du pécheur : la délec¬ 
tation du péché, la confiance de vivre longtemps, la présomption de la miséricorde divine, 
l’oubli des bienfaits de Dieu.] 


Fol. 249-251 v°. Le xvn e dimence après le Trinité. — Cum vocatus 
fueris ad nupcias , vade , recumbe in novissimo loco 9 etc. Luce 9 xiiii 0 c° — 
Il est coustume as courtilleurs qu’ilz sont songneux de hors sacquier les 
maises herbes et de planter les boines... (3) 

[Noces spirituelles de J.-C. : quand il vint sur terre, ou quand il reviendra au Jugement 
dernier. Les pécheurs en sont exclus. Le lieu où doit s’asseoir l’invité, c’est l’attitude du 
vrai chrétien : humilité, pensée de la mort, crainte du Jugement et des peines d’enfer.] 


(I * Thème : Matth. vi, 33; évangile du 
xiv* dim. apr. la Pentecôte. 

Maa Valenciennes 126, foi. 240-244 v°; 
Troyes 1041, foi. 73 v°-74; Tournai, Sém. 43, 
foL 94 v°-96; Cambrai 210, II, fol. 26-28. 

If Thème : Luc vii, 12; évangile du 
xv« dim. apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, fol. 244 v°-249 v°; 


Troyea 1041, foL 74-75; Tournai, Séminaire 
43, foL 96 v°-98; Cambrai 210, II, fol. 28- 
29 v°. 

(S) Thème : Luc xiv, 10; évangile du 
xvi* dim. apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, fol. 249 v°-254 v°; 
Troyes 1041, fol. 75-76; Tournai, Sém. 43, 
fol. 98-99 v°; Cambrai 210, II, fol. 29 v°-31. 


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208 


ÉDITH BRAYER 


Fol. 251 v°-254 v°. Le xviii® dimence après le Trinité. — Magister, 
quod est mandatum in lege, etc. Mt. xxii°c°. — Les maistres des Juys avoient 
grant hayne sur nostre Seigneur Jhesucrist pour ce que leur avarice et leur 
vaine glore blasmoit et manifestoit... M. 

[Amour de Dieu et du prochain. Huit signes d’amour.] 

Fol. 254 v°-257. Le xix e dimenche après le Trinité. — Dixit Dominus 
paralitico : Surge, toile lectum tuurn et vade in domum tuam. Mt. xiiii 0 c°. — 
En moult de maniérés demoustra Jhesucrist en se vie sur terre qu’il est vrais 
Dieux et vrais homs... 

[Le paralytique, c’est le pécheur. Il y a trois sortes de péchés : originel, mortel, véniel; 
et trois degrés dans le péché mortel, symbolisés par les trois défunts ressuscités par J.-C.; 
ceux-ci furent rappelés à la vie : 1° dans la maison : la fille de Jalre; 2° hors de la porte de 
la ville : le fils de la veuve de Naim; 3° après quatre jours en terre : Lazare. Ces quatre jours 
signifient, chez le pécheur : commettre le péché, s’en excuser, s’en glorifier, s’y accoutumer 
par désespoir. Conséquences du péché.] 

Fol. 257-259 v°. Le XX e dimenche après le Trinité. — Amice , quomodo 
hue intrasti non habens vestem nupcialem. Mt. xxii 0 c°. — Nostre Sires, en 
moult de maniérés, nous a appellés de venir a le glore de paradis... * 3J . 

[Commentaire de la parabole sur les noces d’un fils de roi. Le roi, c’est Dieu le Père; 
les premiers valets qui appellent les invités sont les prophètes et les apôtres; les derniers 
invités sont la foule des hommes, bons et mauvais. Liste des personnages de la Bible et de 
leurs fils bons ou mauvais. Le vêtement nuptial, c’est la charité.] 

Fol. 259 v°-262 v°. Le xxi e dimence après le Trinité. — Erat quidam 
regulus cujus filius infirmabatur. Joh. 9 iiii° c°. — En Feuvangile de le journée 
d’uy, nostre Seigneur nous donne exemple d’umilité en ce qu’il daigna aler 


(1) Thème : Matth. xxii, 36; évangile du 
XVIII e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 254 v°-260; 
Troyes 1041, fol. 76-77; Tournai, Sém. 43, 
foi. 99 v°-102; Cambrai 210, II, fol. 31-33. 

(,) Thème : Matth. ix, 6; évangile du 
vm e dim. apr. la Pentecôte. 

Mas Valenciennes 126, foi. 260-265; Troyes 


1041, fol. 77-78; Tournai, Sém. 43, foL 102- 
103 v°; Cambrai 210, II, foL 33-34 v°. 

f3) Thème : Matth. xxii, 12; évangile du 
xix e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 265-269 v°; 
Troyes 1041, foi. 78-79; Tournai, Séminaire 
43, fol. 103 v°-105; Cambrai 210, II, fol. 34 
v°-36. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


209 


en se propre personne pour saner le fil d’un homme qui tenoit le lieu du 
roy... (1) . 

[Le mot « regulus • est la base du sermon; c’est le symbole du bon chrétien : 1° Il est 
roi de lui-même. Exemple, tiré des Dialogues de s. Grégoire : une jeune fille renonce aux 
danses pour servir la Vierge, et la Vierge l’appelle à elle. 2° Le chrétien doit faire bonne 
justice. 3° Il doit être large et miséricordieux. 4° Il doit pratiquer l’honnêteté.] 

Fol. 262 v°-264 v°. Le xxn e dimenche après le Trinité. — Simile est 
regnum celorum homini régi qui voluit rationem ponere cum sentis suis . 
Mt., xviii° c°. — En l’euvangile de le journée d’uy nous apprent nostre 
Sires que nous devons pardonner de cuer les injures et les vilonnies qu’on 
nous fait... (2) 3 . 

[Dettes envers Dieu. Pardons à l’égard du prochain.] 

Fol. 264 v°-267. Le xxm e dimence après le Trinité. — Reddite que sunt 
Cesaris Cesari, et que sunt Dei Deo. Mt., xxii 0 c°. — Nous lisons en l’euvan¬ 
gile de le journée d’uy que les princes des prestres et les maistres des Juys 
envoyèrent aulcuns des pharisiens et aulcuns chevaliers de Herode a Jhesu- 
crist... (S L 

[Comparaison entre la pièce de monnaie et l’àme : celle-ci est fausse quand elle est 
souillée par le péché. « Reddite » implique la justice. Les deux autres points de renseigne¬ 
ment sont le respect du pouvoir temporel et la révérence et l’honneur qu’on doit porter 
à Dieu.] 

Fol. 267-269. Le xxim e dimenche après le Trinité. — Filia mea modo 
defuncta est, sed veni, impone manum tuam super eam et vivet. Mt., ix° c°. — 
L’euvangile de le journée d’uy fait mention de deux miracles... 

[La fille de Jalre morte représente chaque âme morte. Les circonstances du miracle 
comportent une signification : la sortie des assistants, c’est le renoncement aux péchés et 

(1) Thème : Jean iv, 46; évangile du XX e dim. 
apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 269 v°-275 v°; 

Troyes 1041, foi. 79-80; Tournai, Sém. 43, 
fol. 105 v°-107 v°; Cambrai 210, II, fol. 36-38. 

2 Thème : Matth. xviii, 23; évangile du 
xxi® dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 275 v°-279; 

Troyes 1041, fol. 80-80 v°; Tournai, Sém. 43, 
fol. 107 v°-109; Cambrai 210, II, foi. 38-39 v°. 

(3) Thème : Matth. xxii, 21; évangile du 
xxii e dim. apr. la Pentecôte. 

Édith R RATER. 


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Mss Valenciennes 126, fol. 279-284; Troyes 
1041, foi. 81-81 v°; Tournai, Sém. 43, fol. 109- 
111; Cambrai 210, II, fol. 39 v°-41. 

Édition J. Mangeart, ouvrage cité , p. 4, 
note 2, pièce justificative n° VII, p. 639- 
641. 

{A) Thème : Matth. ix, 18; évangile du 
XXIII e dim. apr. la Pentecôte. 

Mss Valenciennes 126, fol. 284-287; Troyes 
1041, fol. 81 v°-82; Tournai, Sém. 43, fol. 111- 
112 (fin du propre du temps); Cambrai 210, 
II, foL 41-42. 

27 


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210 ÉDITH BRAYER 

aux convoitises; la nourriture que J.-C. commanda de donner à la jeune fille, c’est la nourri¬ 
ture spirituelle. Il y a trois sortes de pains : l’Écriture sainte, le Saint-Sacrement, la gloire 
du ciel.] 

**Fol. 269-269 v° [Maurice de Sully.] Sermon pour le dit dimence. — 
Loquente Jhesu ad turbas, ecce princeps unus, etc. — Le euvangile d’uy nous 
raconte que nostre Sires, quant il parloit une fois as gens, si vint uns prinches 
a lui, se l’aoura et dist : Sire, me fille est morte maintenant... [Ed. Robson, 
n° 46.] 


Fol. 269 v°-271 v°. Le xxv* dimence après le Trinité. — Est puer unus 
qui habet quinque panes ordeaceos et duos pisces. Johannis, vi° c°. — Quant 
nostre Seigneur Jhesucrist aloit par terre, très grande foison du peuple 
l’ensieuoit... * l >. 

[Les enfants doivent être des modèles pour les chrétiens : chastes, humbles, aimant 
leurs compagnons, généreux, obéissants, ayant confiance en leur père, épris de vérité. 
Les cinq pains sont cinq points du repentir : connaissance, crainte du châtiment, contrition, 
confession, satisfaction.] 

**Fol. 271 v°-273 v°. [Maurice de Sully.] Sermon pour le dit dimenche. 
— Simile est regnurn celorum homini qui seminavit bonum semen in agro 
suo, etc. — Quant nostre Sires aloit corporelement par terre en celle char 
qu’il prist en le vierge Marie... [Ed. Robson, n° 62.] 


Fol. 273 v°. Le xxvi. dimence est pareil au xvm e ; querés devant. 

**Fol. 273 v°-274 v°. [Maurice de Sully.] Le xxvn e dimence après le 
Trinité. — Cum sublevasset oculos Jhesus et vidisset quia multitudo magna 
venit ad eum, etc. — L’euvangile d’uy nous raconte un miracle moult bel 


que nous vous dirons... [Ed. Robson, 

(1 * Thème : Jean vi, 9; évangile du iv* dim. 
de Carême, doublet du sermon de Mi-Carême 
qui figure dans plusieurs manuscrits, avant 
ou après le sermon du iv* dim. Voir ci-dessus, 
p. 48, note 1. 

Mss Valenciennes 126, fol. 287-291, fin du 
recueil de sermons; Troyes 1041, fol. 82-82 v°. 


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n° 12.] 

avec variantes; Cambrai 210, II, fol. 42-43 v°, 
avec l’exemple du chanoine de Paris, repris 
du sermon de Mi-Carême. Dans ce dernier 
ms., fin du propre du temps, dans la II e partie. 
A la suite, dans Troyes : Assomption, Nativité 
de la Vierge, exaltation de la sainte Croix, fête 
de s. Michel. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


211 


**Fol. 274 v°-278. Sermon pour le jour de Tous Sains. — Gloriosa dicta 
sunt de te, civitas Dei. Ps° Ixxxvi 0 . — Le parole proposée est ditte en parlant 
a le glorieuse cité de Dieu, c’est a le glorieuse compaignie de paradis... 

Fol. 278-279. Cy s’ensieut comment le feste de Tous les Sains fu ordon¬ 
née. — Le feste de Tous Sains fu anchiennement establie pour certaines et 
souveraines causes qui s’ensieuent... 

Fol. 279-280. Cy après s’ensieut une vision d’un trésorier qui fu ravis 
ou ciel a un jour de Tous Sains. — En ceste feste de Tous Sains, quant le 
trésorier de l’eglise de Saint Pierre de Romme eubt fait ses prières... W. 

Fol. 280-284 v°. Cy après s’ensieut un sermon dévot fait sur le solempnité 
du jour de Tous Sains. — Beati pauperes spiritu, etc. — En ceste très haulte 
solempnité de Tous les Sains, on List l’euvangile des .VIII. bieneuretés... * 4 L 

[Commentaire littéral des huit béatitudes.] 

**Fol. 284 v°-291. [Jean Gerson.] Cy s’ensieut un sermon pour le jour 
des Ames. — Beati qui lugent. Mt., xfi. — Ce theume cy dist que : 

Ceulx yci sont bien eureux 
Qui les cuers ont doleurcux. 

0 benoite Dame de paradis, comme est ore ceste parole estraingne et 
dure as personnes carneles de ce monde... [Ed. Mourin, Six sermons, n° 3.] 

Fol. 291-297. Aultre sermon pour le jour des Ames. — Sam ta et salubris 
est cogitatio pro deffunctis exorare ut a peccatis solvantur. II 0 libro Mach., 


111 Voir le texte entier, ci-dessous, p. 192. 
( *’ Mss Troyes 1041, foL 88-88 v°; Tournai, 
Sém. 43, fol. 113-113 v°; Cambrai 210, II, 
fol. 91-91 v°. 

(ïl Mss Troyes 1041, fol. 88 v°-89; Tournai, 
Sém. 43, foL 113 v°-l 14 (lié au texte précédent) ; 
Cambrai 210, II, fol. 91 v°-92. 

141 Thème : Mattb. v, 3; évangile du jour. 
Mss Troyes 1041, fol. 89-90; Cambrai 210, 


II, fol. 92-95; A la suite, dans ces deux mss, 
sermons sur les thèmes : Beati qui habitant 
in domo tua Domine, Ps. 83, 5, et Memento 
quomodo salvi sunt patres nostri, I Maccha¬ 
bées iv, 9. Ces deux sermons se lisent aussi 
dans le légendier Lille 453. Dans le ms. Tournai, 
Sém. 43, le présent sermon Beati pauperes 
manque; il est remplacé par le sermon Me¬ 
mento quomodo. 

27. 



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212 


ÉDITH BRAYER 


c° xii°. Item Ecclesiastes , iii° c° : Tempus flendi et tempus ridendi , tempos 
plangendi et tempus saltandi. — Il est aulcune foiz tampz de joie et de leesse, 
et aulcune foiz tampz de doeil et de tristresse... 

[Développement sur le Purgatoire. Quelles âmes sont purgées? Celles des fidèles qui 
sont morts sans avoir fait leur pénitence, ou qui ont accompli une pénitence insuffisante 
pour le péché, ou qui ne se sont pas détachées d’affections chamelles. Par qui les âmes 
sont-elles châtiées? Par les diables, mais les bons anges les réconfortent. En quel lieu? 
Assez près de l’enfer; quelquefois, dans un lieu spécial. Exemples : 1° un esprit fait péni¬ 
tence sur un glaçon; 2° Un écolier de Paris revient après son trépas; 3° Un esprit fait 
pénitence en eau chaude. — Comment les âmes sont-elles aidées? Par les oraisons. Exem¬ 
ples : 4° Un prud’homme est attaqué dans un cimetière; il est défendu par les morts pour 
qui il priait; 5° Un prêtre dit chaque jour la messe des morts; 6° Un chevalier a une vision 
de l’enfer (Dial. s. Grégoire, Patr. lat t. LXXVII, col. 384-385); 7° Une femme veuve 
meurt avant de se confesser; son fils accomplit la pénitence et sauve l’âme de la morte. — 
Indulgences de l’Église. Exemple : le légat du pape accorde à un chevalier d’Amiens des 
rémissions pour son père.] 

**Fol. 297-310 v°. [Jean Gerson.] Cy s’ensieut un sermon de le Concep¬ 
tion nostre Dame. — Totapulcra es, arnica mea. Canticorum iiii° capitulo. — 
Se nos volons dignement et fructueusement parler de celle qui par les paroles 
proposées est de Dieu appellee son amie toute belle, cachier nous fault hors 
de nostre cuer le hideux, le lait, le hayneux pechiet mortel... [Fin différente 
de celle de l’édition, à partir de la ligne 909 :] ... Donques elle fu belle corpo- 
relement et esperituelement. Et pour ce est digne d’estre de Dieu son amie 
clamee : Tota pulcra, etc. De laquelle amour nous face participant, yci par 
grâce, et en paradis par glore, le benoit Fil de Dieu qui est bénis in secula 
seculorum. Amen. J. de Gerson. [Ed. Mourin, Six sermons, n° 5.] 

Fol. 310 v°. Les miracles comment ceste feste de le Conception nostre 
Dame vint a congnissance, querés en le fin a .CCCC. 


(1) Thème : II Macchabées xii, 46; Eccie. iii, 
4. 

Mss Troyes 1041, foL 91-93 v°; Tournai, 
Sém. 43, fol. 115 v°-118 v° (suivi d’un para¬ 
graphe sur s. Hubert); Cambrai 210, II, foL 97- 


101, avec addition d'un exemple : le cardinal 
Pascaise; Lille 453, foL 150-158 v°. A la suite, 
dans Troyes et dans Tournai, textes sur la 
Dédicace de l’église; voir ci-dessous, p. 80, 
note 1. 


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\otices et extraits des manuscrits , t. XLIII, p. 212 


X 


C/Vi » o*u4 ott'S m/Hh* ï&ifhîLjS 

^W^Mrnr^v'Vr ijtvck* ^fnçonp 
/tvn'fcauve ^motwtM 
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Quiète Vt HiCItV^Cit lu*m 
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cite */îi MW Air: povcUuitttt 
W çfif xt'vvtvmÆ y&v* c\” 
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piVîtin^tuw y o pA* rj\^nr 
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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


213 


LES ENSEIGNEMENTS 

Fol. 311*313. S’ensieut le matere de quatre esperis. 

Pour ce qu’ilz sont pluiseurs natures et conditions ou maniérés d’esperis, 
est il boin et neccessaire de sçavoir et de congnoistre les conditions et le 
nature d’iceulx... — ... Et qu’il nous die lyement au jour du derrain Juge* 
ment : Venite, benedicti Patris mei, etc. Venés, li benoit de mon Pere; 
rechevés le royalme qui vous est appareilliet, c’est le glore de paradis, a le 
quelle nous admaint Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen. 

[Les quatre esprits sont l’esprit de la chair, l’esprit du monde, l’esprit du diable et 
l’esprit de Dieu.] 

Fol. 313 v°-317. S’ensieut les empeschemens qui retrayent créature a lire 
ou livre de conscience. 

Nous poons assigner .VII. choses qui destourbent a lire ou livre de no 
conscience, par quoy nous ne le poons congnoistre; et peuent estre appelles 
.VII. signacles ou .VII. fremail du livre qui est seellés... — ... et ainsi porrés 
vous lire ou livre de vo conscience par amender se aulcune chose y fault. 
Dieu nous y doinst lire en telle maniéré que finablement nous puissons user 
de se benoite vision, quia visio tota merces. 

[Les < sept fermoirs du livre de conscience > sont : 1° se défendre d'avoir péché; 
2° s’excuser; 3° alléguer les péchés des autres; 4° cacher son péché; 5° éteindre le bon 
propos; 6° la multitude des péchés; 7° les soucis mondains.] 

Fol. 317-317 v°. Cy s’ensieuent .IX. enseignemens pour chascune 
créature. 

Le premier enseignement si est que quant créature donne en se vie un 
denier pour l’amour de Dieu, elle fait plus d’onneur a Dieu et de pourfit a 
son ame... — ... Le .IX e . est que quant créature ne fait nul empeschement ne 
conspiration a l’encontre de Dieu, elle fait plus de honneur a Dieu et de 
pourfit a s’ame que se elle donnoit tout le monde pour Dieu. 

[Les neuf enseignements sont : 1° donner; 2° souffrir; 3° s’humilier; 4° s’offrir à 
Dieu; 5° pleurer; 6° délaisser le monde; 7° ne pas juger; 8° avoir pitié; 9° ne faire nul 
empêchement à l’encontre de Dieu.] 


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214 




ÉDITH BRAYER 


Fol. 317 v°-318. S’ensieuent quatre choses ou raisons pour quoy on fait 
en l’eglise de nostre Dame le samedi plus que en aultre jour. 

Le première cause est que elle demoura seule au samedi aveuc Jhesu- 
crist, comme il fust pendus en le croix, et les aultres apostles le laissèrent... 
[5 raisons.] 

Fol. 318-319 v°. S’ensieut l’epistle de nostre Seigneur Jhesucrist, 
comment nous devons garder le dimenche. 

Pour ce que vous ne sçavés le dimenche garder, ensy que on vous a 
commandé, pour ce vient le ire de Dieu sur vous... [Conclusion de s. Pierre.] 

Fol. 319 v°-320 v°. S’ensieut comment on doit garder le saint dimence a 
l’encontre des Juys qui gardent le samedi. 

Il advint une fois que ung très grant clerc nommé Pierre Moyse disputoit 
as Juys del observation du samedi... 


Fol. 320 v°-321. Item une recommendation sur le jour du dimenche. 
Ceste journée du dimenche est reverendee : c’est le jour de nostre 
Seigneur. Tous les jours de le sepmaine sont pour ceste journée baillies a 
servage... 

[Tous les événements arrivés un dimanche.] 


Fol. 321-322. S’ensieut les junes des quatre tampz et pour quoy on les 

june. 

Les junes des quatre tampz furent instituées de saint Calixte le pape. 

Ces junes se font quatre fois l’an selonc les quatre tamps de ce meisme an... 
[8 raisons, basées surtout sur les humeurs et les éléments.] 

Fol. 322-322 v°. S’ensieuent les vegiles qui font a juner a l’usage de 
Cambray. [Ascension, Pentecôte, Trinité, s. Jean-Baptiste, ss. Pierre et Paul, 
s. Laurent, Assomption, s. Mathieu, ss. Simon et Jude, Toussaint, s. André, 
Noël.] 

Et doit on ramentevoir les .VI. venredi devant Noël, a commenchier a 
juner le premier venredi après le jour saint Martin d’yver. 

Item les ,v. nuis nostre Dame. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


215 


Item le jour saint Marc, fait a juner pour le mort soubdaine. 

Item les Rouvisons a dévotion. 

Item les quatre tampz font a juner par commandement. 

Fol. 322 v°. S’ensieuent des .XII. venredis que on doit juner en pain 
et en yaue. 

Jou Clemens, apostoles de Romme, fay sçavoir a tous que nous trouvons 
es livres des canons escript qu’il y a .XII. venredis en l’an que les apostles 
junerent en leur tamps en pain et en yaue. Et quiconques les junera, ja le 
diable ne sçara que son ame devenra, ne ja ne morra desconfés ne de villaine 
mort. Et si sçara se fin par l’ammonestement de l’angele. 

[Vendredis précédant : 1 er dim. Carême, 25 mars, Sainte-Croix, Ascension, Pente 
côte, Trinité, 24 juin ; après : s. Pierre ; avant 15 août, 8 sept., Toussaint, Noël.] 

Fol. 322 v°-323. Et sont ces junes ordenees pour les raisons qui s’en* 
sieuent. 

Au jour du venredi ochist Cayn Abel son frere... [15 événements arrivés 
un vendredi.] 

Fol. 323-324. Cy s’ensieut le psalme de le foy W. 

Quiconques veult estre saulvés, il est neccessaire que devant toutes 
choses, il tiengne le foy catholique, le quelle, se cascuns ne le tient entière¬ 
ment et inviolée sans doubte, il périra pardurablement... — ... A l’advenement 
du quel tous les hommes ont a ressusciter a tout leurs propres corpz et de 
leurs propres fais ont a rendre raison. Et ceulx qui aront bien fait iront en le 
vie permanable; qui aront mal fait, il iront ou feu eternel. C’est chi le foy 
catholique laquelle, se chascuns ne le croit fermement et feablement, il ne 

porra estre sauvés. 

• , 

Fol. 324-325. S’ensieut un dit sur trois freres religieux qui pensoient 
a le passion de Jhesucrist. [Texte entier.] 


(1) Quicumque vult salvus esse... Symbole de saint Athanase. 


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216 


ÉDITH BRAYER 


I 

En loant le sainte joumee. 

Qu’on dist du benoit Venredi, 

Dont la dolour est recordee 

Le jour du Dimence floury, 4 

Vous diray exemple alosee. 

Se vous souvenra de Celly 
Qui sa char y eut tourmentée. 

Dont le sang vermeil en issy. 8 

II 

Si com raconte l’Escripture, 

Il n’est nul, tant soit pecheour. 

S’en l’amour Dieu met bien sa cure 
Et lui membre de la dolour 12 

Que Dieu souffiry, le nuit obscure, 

Dont le jour vint en tenebrour, 

La grant joie qui sans fin dure 
Acquerra, s’il y met s’amour. 16 

III 

Ainsy que les trois enfans firent, 

Qui furent fil d’un chevalier. 

Qu’en une abbye se rendirent 

Qu’on appelle Meremoustier, 20 

Ou les sept hommes s’endormirent. 

Bien près de Tours, en un herbier. 

Les gens une abbeye y firent, 

Quant ne les peurent esveillier. 24 

IV 

Le chevalier eut a nom Mile, 

Dont j’ay commenchiet ma raison. 

Sire de Saint-Marc de la Pile 
Et du pays tout environ. 28 

Pas a la rente de sa ville 
Ne s’attendi, ains fu larron; 

De marcheans roba bien mille. 

Ce dist on, en une saison. 32 

l) Ms. : leur se char tendre. 


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V 

Le chevalier vault ses filz rendre 
A l’abbeye as sept dormans. 

A l’amour Dieu vont si entendre 

Et si penser, ces trois enfans, 36 

A l’estacque leur char si tendre (1) 

Fu batue des fauls tirans; 

Les deux plus grans, avec le mendre. 

Lors en devinrent peneans. 40 

VI 

Si grant penitance enquerquerent. 

Plus devinrent foibles que fors; 

Leur fresche couleur délaissèrent. 

Pour le sang qui en fuy hors; 44 

Mainte nuit, tout adés veillèrent; 

Grant penance firent des corps. 

Dont moult de gens s’esmerveillerent 
Quant ilz ne furent plus tost mors. 48 

VII 

Le chevalier en l’abbeye 
Vint a un joeudi absolu; 

Ses trois enfans ne congnut mie, 

[fol. 324 v°] 

Quant les eut devant lui veü. 52 

A l’abbë dist : « Cha ! me maisnie. 

Qu’en ceste abbeye ay rendu; 

Si me raconteront leur vie. 

Comment les avés maintenu. • 56 

VIII 

« Si m’ayeut Dieu, dist l’abbé, sire 
Ves les chi tous trois sans retour. » 

Le père en eut au cuer grant ire. 

Quant les vit en si povre atour. 60 

A l’abbé dist : • A grief martire 
Les ferés morir, ains leur jour ! 

De vos biens leur donnés du pire : 

Il y pert bien a leur coulour. » 64 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


217 


IX 

• En vérité, dist l’aisné frere, 

Boins et loyaulx nous est l’abbé; 

Mais il fault que nostre amour pere. 

Que nous avons a Dieu donné; 68 

Et pensons a le mort amere 
Comment nos corpz soient usé, 

Se nos volons la joie clere 

Avoir, quant serons trespassé. 72 

X 

Laissier fault le joie du monde. 

Qui veult penser a l’amour Dieu, 

Et convient que sa char en fonde 

Et n’ait en lui solas ne jieu; 76 

Il faulra que l’ame responde, 

Qui avéra terre ne fieu. 

Riens ne vaulra belle faconde 
A l’assise du derrain lieu. » 80 

XI 

■ Convient il, dist le pere, rendre 
Ce que on a eu de l’autrui? 

— Oyl, dist il, ou rendre, ou pendre; 

L’Escripture le dist ainsi. 84 

— Bien vous en pensés a deffendre, 

Dist le pere, par saint Remy ! 

Pour nient eust on fait vo corpz fendre ; 

S’en est et char et sang fuy. » 88 

XII 

Or entendés bel exemplaire 
Que Dieu fist, pour lui amender. 

Le table fu drechie en l’aire; 

Près de l’abbé sist per a per; 92 

Ses trois enfans fist au bout traire. 

Et puis a prins a regarder 

Quel samblant l’abbé leur fist faire, 

Et quelz biens vaulroient user. 96 

Édith B RA Y ER. 


XIII 

Son aisné fil voit, qui mengiie 
Soupes en sang vermeil tout cru; 

Et plouroit, que l’yaue est courue 

Aval se poitrine, a grant rieu. 100 

L’autre, trois claux a pointe agüe 

Mengoit. Li tiers fu repeü 

Du fer d’une lanche esmolue 

Que tout Ta mengiet et vaincu. 104 

XIV 

L’abbé si fist oster la table 
Et puis a dit au chevalier : 

« Loés soit Dieu l’esperitable ! 

Servis avons esté moult chier. 108 

— Abbés, chose dcsconvenable 
Faictes a mes enfans mengier; 

Avec vous ont malvaise cstable; 

Je ne les y veul plus laissier. » 112 

XV 

« Sy m’ayeut Dieu, dist l’abbé, sire 
Servis ont esté comme nous. [fol. 325] 

— Je ne le veul pas ainsi dire, 

Dist le chevalier, souffrés vous. 116 

Mon aisné fil ne doit pas rire : 

Souppe a mengiet de coulours 
En sang vermeil dont j’ay grant ire. 

Et li aultre a mengiet trois doux. 120 

XVI 

Le fer d’une lanche acheree 
A le tierc mengiet et usé. 

Plus rouge que flame embrasee. 

— Sy m’ayt Dieux, ce dist l’abbé, 124 
Dieu vous a l’exemple moustree. 

Qui veult que vous soyés sauvé. 

Ja vous diront sans demouree 

La ou il ont au disner pensé. » 128 

28 


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218 


ÉDITH BRAYER 


XVII 

A l’aisné dist : * Ne me mens mie, 

Ou pensoies tu au disner? 

— A le char Dieu qui fu trahie 

Et au sang qui en courut cler; 132 

Advis m’estoit, par estudie. 

Que je veoie Dieu tuer. 

J’en fus en tel merancolie 

Que mon pain vy en sang temprer. » 136 

XVIII 

Au second dist : « Se Dieu t’avoye, 

Ou fu ton penser plus estain? 

— As trois claux qui firent la voye 

Par les piés Dieu et par la main ; 140 

Si très parfaittcment pensoie 
A le mort du roy souverain, 

Advis m’estoit que les mengoie. 

Tant en estoit mon cuer certain. » 144 

XIX 

Au tierc a dit : « Par ta creanche. 

Du disner dy moy vérité. 

— Je pensoie au fer de le lanche 

Dont Dieu fu férus ou costé. 148 

C'y euch si très ferme creanche, 

Advis m’est que je l’ay usé. 

Onques de meilleur soustenance 

Ne fu mon corps assaisié. » 152 


XX 

L’abbé dist : « Or oyés, beau sire. 

Le viande a vos trois enfans. » 

Il respont : « Foy que doy saint Piere, 
Jamais tant que soie vivans 156 

N’aray aise, fors que martire; 

Ainchois devenray peneans. 

Pour l’amour Dieu, volray despire 
Mon corpz et ma char et mon sangs. ■ 160 

XXI 

Il fist puis si grant penitance. 

Des las s'osta as anemis. 

Chi doivent cil prendre esperance 

Qui amer veulent Jhesucrists. 164 

Du sang, des claux et de le lanche 

Vous souviengne, comme as trois fils 

Qui en orent tel ramembrance 

Qu’ilz en acquirent paradis. 168 

XXII 

Qui penseroit a le destrece 

Que Dieu souffry pour nostre amour. 

Et mesist son cuer en tristresce. 

Et gettast en larme et en plour, 172 

Son amc iroit en le haltesce 
De paradis, blance que flour. 

Le Dieu qui fu mis en la cresce 

Nous ottroit, par grâce, s’amour. 176 


Fol. 325-327 v°. S’ensieut un dit sur les .vii. taches du mesel comparées 
as .vii. pechiés mortelz. [Texte entier, fol. 325 v°.] 

I Pour aulcun pecheour de folie retraire, 

Veul commenchier un dit dont nulz n’ara contraire. 

Tout cil qui m’entenderont et qui se vorront taire 

Deveront laissier pechiet et n’en aront que faire. 4 

II Douche gent, en pechiet a moult pesant fardel; 

Vous sçavés que s’uns homs donnoit un cop mortel 
A mon pere ou au vostre, d’espee ou de coutel. 

Nous le menrions envis gésir en nostre hostel. 8 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


219 






VII 


VIII 









Je le dy pour ytant qu’Adam no premier pere 
Fu déchus par pechiet; et puis a grant misere 
Si grant cop en rechupt que chascuns le compere; 
Et aussi prist Jhesus pour pechiet mort amere. 


Et quant le créateur de toute créature 
Rechupt mort pour pechiet, dont est il bien droiture 
Que d’entour nous l’ostons, et mettons nostre cure 
A pechiet despiter par confession pure. 


Qui s’embat en pechiet, il fait grant mesprison; 
Qui mal fait, si s’amende; toudis est en saison. 
Tout cil qui vorront mettre a euvre me raison 
Acquerront es sains cieulx glorieuse maison. 

Douche gent, en ce dit, n’a menchongne ne guile; 
Tout ainsi q’uns mesiaux est mis hors d’une ville. 
Seront li pecheour, si com dist l’euvangile. 

Mis hors de paradis et foulés de grief pile. 


Chiercs gens, or soyés de my oïr songneux; 

Sur le mesel prendray les .vii. pechiés morteulx. 

Le roy de paradis, qui est tant glorieux, 

Me doinst dire tel chose de quoy nous vaillons mieulx. 

Sachiés, le droit mesel .vii. tacques a en soy : 

Enflés est, et pourris; il art; toudis a soy; 

Le quinte griefté est qu’il a toudis le doy 
A grater; pesant est; il put trop a desroy. 


[D’orgueil.] 

Par l’enfle du mesel qui des sains est banis, 

Entendons homme et femme qui d’orgueil est fumis; [fol. 326] 
C’est un des .vii. pechiés. Moult est de Dieu hays 
Qui plus s’orguillera et plus sera quetis. 


Qui bien aroit en Dieu s’entencion parfaitte, 

Point ne s’orguilleroit, car tout venons de glette; 

Et quant ce vient en fin, ce n’est pas chose nette, 

Si tost que l’ame est hors, le corps pue comme septe. 


S’uns homs estoit si sages qu’onques fu Salemons 
Et se fust aussi beaulx qu’onques fu Absalons, 

Et se fust aussi fors que fu onques Sansons, 

S’il estoit orguilleux, se querroit ses boins noms. 

28 . 











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ÉDITH BRAYER 


220 

XII 


XIII 


XIV 


XV 


XVI 


XVII 


Pour quoy s’orguillist on si tost que mal nous touche? 
Ne nous poons aidier nient plus q’une vies souche; 

Et si n’est si beaulx yeuix ne si vermeille bouche 
Qui ne faille pourrir, c’est a no grant reproche. 

Orgueil est au jour d’uy montés en grant revel; 

Quant aulcune personne a aulcun bel joyel, 

Li aultre qui le veoient veulent avoir autel. 

Nul ne pense de Taine, le corps a tout le bel. 

Qui bien regarderait le grant humilité 
Que Jhesucrist moustra quant prist humanité. 

Et puis vault mort souffrir pour nostre sauveté. 

Le grant orgueil du monde tenroit a grant vieulté. 

De envie. 

Le seconde griefté que le mesel endure. 

Il a le corps pourry; et par le pourreture. 

Nous entendons envie : nuis n’y mette sa cure; 

Li cuer as envieux sont tout pourry d’ordure. 

Envie régné fort, partout prent son hostel; 

Car se un voisin voit l’autre maintenir bien et bel, 

S’il en a nulle envie, il fait pechiet mortel; 

Mais moult de gens y sont plus ployant que rasel. 

Nulz ne doit avoir joie s’il (a)voit aultrui dommage; 
Mais s’on voit que aulcun fol veuille faire un oultrage, 
On doit avoir grant joye d’appaisier son courage. 

Qui ainsi le ferait, il ferait moult que sage. 


XVIII Par le pechiet d’envie sont pluiseurs mal venu : [fol. 326 v°] 
Adam en mort le fruit qui lui fu deffendus. 

S’en fist tuer Herades les Innocens menus. 

Et s’en fu Jhesucrist en le croix estendus. 


De ire. 

XIX Du grief pechiet d’envie nous gart le souverain Sire. 
Le tierce povreté du mesel vous veul dire : 

Le corpz lui frit et art, moult seuffre de martire; 

Par l’ardeur, entendons le cruel pechiet de ire. 

XX Boin se fait garder d’yre, c’est cose diffamée; 

Car si comme vous veés le broquette ensouffiree 
Ardoir si tost qu’elle est près du feu habitée. 

Est le personne ireuse de mal faire aprestee. 


48 


52 


56 


60 


64 


68 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


221 


XXI 

XXII 

XXIII 

XXIV 

XXV 

XXVI 

XXVII 

XXVIII 

XXIX 


Par le grief pechiet d’yre pert on l’ame et le corps. 
Pacience vault mieulx, c’est un escu plus fors. 

Sachiés que qui volra amender tous ses tors, 

Ja n’ara paradis, ains se tenra dehors. 

On voit morir par ire mainte belle personne. 

Mais l'Escripture dist que cieuls qui ne pardonne 
Trestoute cruaulté, de Dieu, qui tous biens donne, 

N’ara ja en le fin en paradis couronne. 

Vray Dieu, en quel pays mainnent ii débonnaire ! 

Il n’est si pacient, s’uns homs lui fait contraire. 

Qu’il ne lui vaulsist bien le cuer du ventre traire; 
Chascuns se veult vengier pour tant qu’il ne peut faire. 

Se li douls Jhesucrist, a trestous nos méfiais, 

Prenoit de nous venganche, trop ariens crueulx fais. 

Ire régné partout, pacience n’est mais. 

Pour Dieu, gardons nous ent, c’est un pechiet trop lais. 

D’avarice. 

Le quarte povreté du mesel vous diron. 

Toudis vorroit avoir le hanap au menton; 

Plus boit et plus a soif. Par ce nous entendons 
Les avaricieux qui ja n'aront foison. 

Avarices hault monte, car il est moult de gent. 

Plus ont et plus convoitent. Vray Dieu ! s’or et argent 
Les pooit warandir au jour du Jugement, 

Boin y feroit entendre, [fol. 327] mais ce n’y vault noyent. 

Car li bien de ce monde ont trop peu de duree ; 

Le corps n’a q’un suaire quant l’ame en est sevree; 

Si tost que du moustier est le gent retournée. 

Au départir l’avoir font les amis meslee. 

Fol est qui trop se fie es avoirs terriens. 

Car moult de gens en perdent les biens celestiens. 

Li très douls Jhesucrists gard tous boins xpistiens 
Du pechiet d’avarice et de tous ses lyens. 

[De pereace.] 

Du mesel vous diray le .v e . doleur : 

Il a le corps pesant; et par le pesanteur 
Nous entendons peresce qui met a deshonneur 
Ceus qui désobéissent a Dieu le créateur. 






100 


104 


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112 


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222 


ÉDITH BRAYER 


XXX 


XXXI 


XXXII 


XXXIII 


XXXIV 


XXXV 


XXXVI 


XXXVII 


XXXVIII 


Nuis ne deveroit estre de bien faire precheux. 

Li jone cuer ne pensent qu’as solas et as jeux; 

En leur forche se fient, et puis quant ilz sont vieulx, 
Hz ne peuent bien faire, point n’ont esté songneux. 

Mainte gent ne sont mie perecheux de mal faire, 
Ains y mettent leur cure et sont du bien contraire. 

V rais Dieux, en le parfin en aront grief sallairc : 

Au Jugement aront loiier de leur affaire. 


De gloutrenie. 

La doleur .vi e . est que personne meselle 
A les membres rongneux et le pis et fourcelle; 
Toudis vorroit grater; et par celle gratelle. 
Entendons gloutrenie qui n’est bonne ne belle. 






On fait par gloutrenie mainte desmesuranche. 

Sacliiés que li glouton n’ont point si grant fianche 
En Dieu ne en se mere comme en emplir leur pancc. 
L’anemy fait danser les gloutons a se danse. 







Le fausse gloutrenie est ung pechiet trop vains, 

Car l’ame en est dampnee et s’en vit le corps mains. 
Quant li glout ont des vins trestous leurs boyaux plains, 
Il leur monte en le teste, puis font les fais villains. 


120 


124 


128 


132 


136 


On pecquc en gloutrenie, je vous diray comment : 

En engloutir les biens desordeneement 

Et en parler de bouche desmesureement; [fol. 327 v°| 

On fait par gloutrenie tant maint vilain serment. 140 

Maint homme s’entretuent par fausse gloutrenie, 

Et s’en est mainte femme sans raison efforchie; 

Tant de maulx en sont fais; ne le maintenons mie. 

Mais soions abstinent et menons sobre vie. 144 


De luxure. 

Au .vii e . pechiet veuil huymais mettre cure : 
Vous sçavés que mesel sont puant par nature; 

Et par celle pueur, nous entendons luxure. 

Elle put devant Dieu, trop vient de grant ordure. 

De gloutrenie vient luxure le despite. 

Des .vii. pechiés soloit estre le plus petite; 

Or est ce le plus grant, car chascuns s'i délité. 
Elle a fait mainte gent morir de mort soubite. 


148 


152 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


223 


XXXIX Luxure fait au corps et a l’ame dommage; 

On le laist trop espandre, cascuns lui fait hommage : 
Clergiet, religieux s’en mettent en servage. 

Et laye gent en brisent souvent leur mariage. 

XL Nous veons maintenant quant uns homs a fait tant 

Du pechiet de luxure, qu’il n’en puet plus avant; 
Quant il n’en peut plus faire, si fort s’en va vantant 
Que par se genglerie s’y mettent li enfant. 

XLI Pour Dieu, se nous veons que nous soyons attains 
De nul des .viL pechiés qui sont ors et villains. 

Si nous en confessons et tantost serons sains, 

Car li douls Jhesucrist a tendues ses mains. 

XLII Pour tous ceuls recepvoir qui en grant repentance 
Se volront fl) confesser et faire penitence. 

Jhesucrist nous moustra d’amour grant habondauce, 
Quant il laissa perchier son costé de le lanche. 

XLIII Se prions a le Dame, en qui le vray soleil 

Vault prendre char (,) , et rendre sang vermeil 
En l’arbre de la croix, que créons tel conseil 
Qu’en le fin nous ottroit le solas non pareil. Amen. 


156 


160 


164 


168 


172 


Fol. 327 v°-329 v°. S’ensieut le Transfiguration de nostre Seigneur. 

Nostres Sires ouvry sa glore devant les tesmoingz ad ce esleüs et le fist 
commune et le clarefia de si grant resplendeur, que sa face estoit samblable 
a le clarté du soleil et estoit sa vesture aussi blanche que nege... — ... ilz 
levèrent leurs yeuls et ne virent nullui se non Jhesucrist seul; et eulx descen- 
dans de la montaigne, Jhesus leur commanda en disant : « Vous ne dirés a 
nullui ceste vision jusques adont que le Fil de Tomme sera ressucité de mort 
a vie. » 

Fol. 329 v°-342 v°. S’ensieut l’ystore de Balaam et de Josaphat 

Jehan Damascenus, par grant estude, compila le hystore de Balaam, qui 
a le foy xpistienne converti saint Josaphat le roy. Et dist que en ce tamps que 

(1) Ms. : se volroit. Josaphat . I, Recherches sur la tradition latine 

(l) Ms. : prendre char prendre et et française, Namur-Paris, 1949; BibL Fac. 

,8) J. Sonet, Le Roman de Barlaam et phil. Namur, VI. 


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224 


ÉDITH BRAYER 


toute le terre de Ynde estoit remplie de xpistiens et de moisnes, en celle 
contrée estoit uns poissans roy que on appelloit Avennir... — ... Quant 
Arachies, le roy a qui Josaphat avoit laissiet son royalme, entendi par le dit 
hermite que Josaphat estoit trespassés et ensevelis, tantost vint a lieu a grant 
compaignie de chevaliers et de gens, et prist les corps de Josaphat et de 
Balaam, et les fist rapporter en son pays, et les mist honnerablement en 
l’eglise de sa cité; et y fist Dieu moult de miracles par leurs mérités a l’onneur 
de son nom. ’ * 1 ” 

Balaam et Josaphat flourissoient en vertus entour l’an de nostre Sei¬ 
gneur .ii c lxxvi. 

[Parmi les enseignements de Barlaam figurent plusieurs exemples : le rossignol et 
le vilain, l’unicome, le demi-ami, le roi pour un an, la biche apprivoisée.] 


Fol. 342 v°-345. Cy après s’ensieut le déclaration de le dignité et ordon¬ 
nance de le dedication de l’eglise 

Le dédicacé de l’eglise saincte est une anchienne et très grande solempnité 
qui représente que uns temples est consacrés a Dieu... — ... et li Juys fu 
saulvés de se personne et se converti a le foy xpistienne pour le cause du signe 
de le croix, que nous devons faire devant nous, soit au boire ou au mengier, 
au couchier ou au lever, ou au commenchier aulcune euvre. Sy que nous 
soyons toudis armés et que li anemis ne nous puist grever par l’aide de 
nostre Seigneur Jhesucrist qui est bénis in secula seculorum. Amen. 

[L’église e9t consacrée : 1° pour chasser le diable; exemple emprunté à s. Grégoire: 
le diable s’échappe d’une église arienne rendue aux chrétiens; 2° pour être franche : 
lieu d’asile; 3° pour que les prières soient exaucées; raisons de l’orientation de l’autel; 
4° pour dignement louer Dieu; raisons des heures canoniales; 5° pour administrer les 
sacrements; les douze croix. Exemple, également emprunté à s. Grégoire : le diable et 
sa « maisnie » discutent de la tentation d'un évêque voisin; mai9 ils s’enfuient à cause 
d’un juif réfugié qui a fait le signe de la croix; le juif raconte la chose à l’évêque, qui 
s’amende; le juif se fait baptiser.] 

(1) Mss Troyes 1041, fol. 94-94 v°; Copen¬ 
hague Ny 1838, fol. 140-141 v° (à la fin du 
volume et séparé du Sermonnaire « Scicntes » 
par d’autres textes); Cambrai 210, II, foi. 134- 
136; Lille 453, fol. 318-321 v°. Dans ces mss, 
le traité est suivi de trois sermons sur le même 


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sujet, dont les thèmes sont : Templum Dei 
sanctum est, In ecclesiis bénédicité Domino, 
Hodie salus huic domui facta est. Dans 
Tournai, Sém. 43, fol. 119-120 et 120-127, 
figurent seulement les sermons Templum et 
Hodie salus . 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


225 


Fol. 345-347 v°. S’ensieut une generale ammonition a tous ceulx qui 
ont relenqui leur vie pecheresse et veulent Dieu servir (D. 

Tu quiconques es, se tu veuls Dieu servir, castie ton corps, car il ne 
veult servir s’il n’est mis en subjection. Une crasse beste est tantost prise et 
une maigre excappe legierement... — ... bénignes a aultrui, appareilliés a 
souffrir, obeissans a la volenté de Dieu et liés a tout ce que Dieu t’envoie, 
soit contre te volenté ou a te volenté. Par ainsi porras tu plaire a Dieu et au 
monde, et desservir le vie permanable, a le quelle nous admaint le Pere, le Fil 
et le saint Esperit. Amen. 

[Le* conseils sont les suivants : fuir la luxure, l’oisiveté et les tentations; pratiquer 
les vertus.) 


Fol. 347 v°-349. S’ensieut pluiseurs aultres beaux enseignemens et 
pourfitables a créature sur le noble vertu d’amour. 

Hec est via, ambulate in ea. — Ysaies dist : C’est cy le voie, alés par 
ycelle. Le voie par lequelle nous devons aler a Dieu, c’est le voie d’amour... 
— ... Ysidores dist : Penance ne doit finer jusques a le mort. Prions a Dieu 
que, par se grâce, il nous doinst en tel maniéré fuir les maulx, c’est a dire 
tous vices laissier et eslongier en faisant euvres vertueuses que nous puissons 
participer as biens de se sainte glore. Amen. 

[Le paragraphe est entièrement composé de citations.) 

Fol. 349-354. Chi apré9 9’ensieut une altercation des vice 9 contre les 
vertus, ou il y a moult belle instruction pour créature humaine ( 2 >. 

Saint Pol l’aposle dist que tout cil qui pieuement veulent vivre en Jhesu- 
crist, c’est a dire qui veulent estre de se compaignie, doivent souffrir tribula¬ 
tions et persécutions... — ... Et pour tant, très fol et très malvais marchiet 
fait cieuls qui pour avoir les solas de ce monde qui sont entremeslé d’anoy 
et de tristresce, pert le joie permanable et le douce compaignie de Dieu, la 
quelle joie et compaignie nous ottroit le Pere, le Fil et le saint Esperit. Amen. 

[Après un prologue, l’exposé est en forme de débat dans lequel les vices et les vertus, 
personnifiés, prennent la parole à tour de rôle. Les protagonistes sont : 


(1) C’est un extrait du Miroir des curés. 
Mas Copenhague Ny 1838, fol. 129 v°-130 t°: 
Cambrai 210, I, fol. 35 v°-36 v°. 

Édith Bratf.r. 


(2) Msa Copenhague Ny 1838, foi. 133 
v°-137; Tournai, Sém. 43, fol. 200 v°-204; 
Cambrai 210, I, fol. 32-35 v°. 

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226 


ÉPITH B RAYER 




Orgueil (dist...) 


— Humilité (respont...) 

Vaine gloire 


— Cremeur de Dieu. 

Faux semblant 


— Vraie conversation de sainte vie. 

Envie 


— Charité. 

Haine et courroux 


— Amour. 

Detraction 


— Correction 

Ire 


— Pacience. 

Tristesse du siecle 


— Joie spirituelle. 

Paresse 


— Soin de Dieu servir. 

Desperation 


— Espérance. 

Convoitise 


— Vraie pauvreté. 

Induration de cuer 


— Miséricorde. 

Gloutrenie 


— Abstinence. 

Joie du siecle 


— Tristesse spirituelle. 

Luxure et fornication 


— Pureté et chasteté. 

Amour du monde 


— Amour du del.] 


LES EXEMPLES 

Fol. 354-354 v°. S’ensieut un exemple (1) du dyable qui vault mettre dis- 
cension entre deux frerez. — Deux freres estoient d’un pere et d’une mere; 
si estoient moisnes et tout d’un acord... W. 

[Le diable cherche à susciter une dispute entre eux : il éteint leur chandelle; l’aîné 
se courrouce, mais l’autre est si humble qu’il apaise son frère. Le démon raconte sa décon¬ 
venue au prince des diables; le récit est rapporté par un prêtre du temple de Mahomet, 
qui se convertit.] 


Fol. 354 v°-355. Aultre exemple contre ceulx qui diffament aultrui. — 
On raconte d’un preudomme qui estoit en une abbeye moult religieux... 

[Le religieux tombe malade; une prude femme le prend chez elle pour le soigner, 
ce qui provoque des médisances. Le moine demande à Dieu de le faire mourir et annonce 
à ses frères qu’un bâton, planté sur sa tombe, fleurira en signe de son innocence.] 


W Seules les références aux grands recueils 
facilements accessibles ont été citées pour les 
sources des exemples. Une recherche plus 
approfondie a été abandonnée délibérément 


pour ne pas retarder l'édition du texte. 

(,) Rufin d’Aquilée, Verba seniorum , n° 18; 
Pair, lat., U LXXIII, col. 748. 
fS) Id., n° 24; ibid., col. 753. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


227 


Fol. 355. Aultre exemple a ce propos sur ceulx qui mesdient d’aultruy. 
— Uns homs estoit que le malvais esperit traveilloit moult... W. 

[Cet homme médit d'autrui et en a honte; il tarde à avouer ce péché. Il se résout 
enfin à se confesser, et le confesseur lui indique une formule pour lutter contre la tenta» 
tion. Citation de s. Jérôme.] 


Fol. 355-355 v°. Contre ceulx qui regardent les pechiés d’aultrui et non 
mie a eulx meismes. — On list en le Vie des Peres qu’il fu jadis uns abbés 
qui prist un grant sacq... (a) . 

[L’abbé remplit de sable un grand sac qu’il porte derrière son dos et un petit sac 
qu’il porte devant, à l’image des gens qui regardent les péchés d’autrui et non leurs propres 
fautes.] 


Fol. 355 v°. Pour esquiever malvaises pensees. — On list que uns preu- 
doms demanda a un saint homme... (*>. 

[Pour éviter les mauvaises pensées, il faut penser aux biens célestes. On accom¬ 
plirait de grands sacrifices pour les obtenir; si la maison était remplie de vers, on s’y plon¬ 
gerait jusqu’au cou pour parvenir au paradis.] 


Fol. 355 v°. Pour complaire a Dieu. — Uns homs fu jadis qui demanda 
a un saint homme... < 4 >. 

% 

[Pour plaire à Dieu, il faut avoir toujours Dieu devant les yeux; souffrir les événe¬ 
ments avec patience; dans les actions, s'inspirer de la sainte Écriture.] 

Fol. 355 v°-356. Comment religion est de grant vertu, et nombre quatre 
maniérés de bonnes gens. — Uns homs fu une foiz aussi comme en transes 
et vit, ce lui (ms. cellui) sambla, quatre maniérés de gens... (6) . 

[Ce sont : les malades qui souffrent en patience; ceux qui hébergent les pauvres; 
les ermites; les religieux obéissants. Les derniers sont plus honorés, car ils renoncent à 
leur volonté.] 


(1 > Id., n° 57; ibid., coi. 769. 
(1) Id., n° 156; ibid., col 786. 
I" Id., n° 107; ibid., col 780. 


(4Ï Id., n° 108; ibid., coi. 781. 
Id., n° 141; ibid., col. 787. 


29 . 


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228 


ÉDITH B RAYER 


Fol. 356. Contre ceulx qui tardent a faire leurs penanches. [Texte 
entier.] — On compte d’un preudomme qui toutes les fois que se pensee lui 
disoit : Seuffre toy huy et ateng a faire te penitance jusques a demain, il 
disoit a l’encontre : a Non feray, ains feray au jour d’uy ma penitance et 
demain fâche Dieux se volenté » 


Fol. 356-356 v°. Exemple comment on ne se doit de riens tourbler. — 
Une saincte femme dist : Se tu as demouré en une abbeye, ne cange point... 

[Plusieurs conseils de cette sainte femme. Ne pas changer d'abbaye (comme la poule 
qui abandonne ses œufs). Accepter les infirmités qui purgent l’âme comme une forte 
médecine; perdre les yeux ou les oreilles, c’est fuir l’occasion des vanités et des paroles 
oiseuses. — Citation de s. Paul.] 

Fol. 356 v°-357. D’un hermite qui vault sçavoir a qui il ressambloit. — 
On treuve en le Vie des Peres qu’il fu jadis uns preudoms... (2) . 

[Cet homme, ermite, veut savoir à qui il ressemble; il demande à Dieu de le lui faire 
connaître. Réponse : à un jongleur qui va de rue en rue. L’ermite recherche le jongleur; 
celui-ci lui déclare être pécheur et voleur, mais il a sauvé, une fois, une nonne, et donné 
une somme d’argent pour délivrer un prisonnier. L’ermite lui dit : Je n’ai pas fait si grand 
bien; Dieu te mande que tes mérités ne sont pas moindres que les miens. Le jongleur 
« jetta tantost jus ses flahutes et se vielle... et canja se mélodie »; il se fit ermite.] 

Fol. 357-358. Ung aultre exemple pareil. — Quant le jongleur dessus dit 
fu mors plains de tous biens et de vertus... 

[Deuxième ressemblance de l’ermite : 1’ « ostel&in • de la ville. Celui-ci a été chaste, 
hospitalier, bon arbitre de paix. Pour couronner cette sainte vie, l’ermite l’emmène avec 
lui dans le désert] 

Fol. 358-358 v°. Ung exemple contre les confesseurs qui trop esbahissent 
les pécheurs. — Nous lisons d’un saint homme qui disoit a ses disciples... 

[Un confesseur âgé n’est pas forcément bon conseiller. Un jeune moine, tenté du 
péché de fornication, demande conseil à un vieillard qui le rabroue durement et le juge 


(1) Id., n° 165; ibid., col. 794. 

(21 Aventure attribuée à Paphnucc. Rufin, 
Historia monachorum, dans Patr. lat., 
t. XXI, col. 435-437. Aussi dans Historia 


Lausiaca, cap. bdii, ibid., t. LXX1II, col. 
1170-1171. 

31 Rufin, ibid., col. 437-438; Hist . Laos., 
ibid., col. 1171-1172. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


229 


indigne d’être moine. L’autre retourne au siècle; en route, il rencontre l’abbé Appollo 
qui l’adjure doucement de rester moine. L’abbé Apollo obtient du ciel que le vieillard 
subisse la même tentation que celle qui avait assailli le jeune moine.] 

Fol. 358 v°-360. D’une vierge appellee Marie qui fu rendue a une abbeye 
comme moisne et fu appellee frere Marin. — Il fu uns preudoms jadis au 
siecle qui avoit une petite fille... U). 

[Vie de sainte Marine.] 

Fol. 360-363. Exemple d’ un hault homme qui avoit pris une moult 
preude femme, mais brehaingne estoit. C’est de sainte Eufrosine. — Il fu 
uns preudoms jadis qui moult fu hounerables a toutes gens... 

[Vie de sainte Euphrosyne.] 

Fol. 363. De ceulx qui veulent faire penitance quant ilz vont morir. — 
Saint Ysidores dist : Les pluiseurs usent toute leur vie en pechiet... 

[S. Isidore ne met pas en doute le salut des repentis; mais pour plus de sûreté, il 
est préférable de se repentir tôt] 


Fol. 363-363 v°. Comment on se doit chascun jour examiner. — Nous 
devons castier nous meismes et demander a nous raison des euvres de chascun 
jour... Trespassay je huy ce jour sans pechier... 

[Bref examen de consience, à la première personne du singulier, sans méthode; puis 
citations d’autorités.] 


Fol. 363 v°-364 v°. Exemple d’un roy qui desiroit a acomplir toutes ses 
plaisances, auquel advint une moult grieve maladie. — On list d’un roy qui 
moult amoit les plaisances terriennes... 

[Grièvement malade, le roi reconnaît qu’il mérite la mort car il a abandonné J.-C. 
Les sages qui l’entourent l’assurent de la miséricorde de Dieu; le roi promet d’amender 
sa vie, s’il guérit. Après sa guérison, il se soumet aux conseils des sages.] 

OfUf L: O* / ' : . dt&LjiùItltl MTll STVOq 9t dL 13 ohnOOl l#b JfttBd'. sb 

(1) Vie de sainte Marine, Patr. lat. 9 1 Vie de sainte Euphrosyne, Pair, lat 

t. LXXIII, col 691-694. t. LXXIII, col. 643-652. 


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232 


ÉDITH BRAYER 


la victime se plaignent au souverain, mais celui-ci donne raison au chevalier. Après avoir 
mené la même vie pendant de longues années, le chevalier tombe malade; un ange lui 
apparaît et l’engage à se confesser, ce qu’il n’a pas fait depuis trente ans. L’ange lui souffle 
les péchés qu’il a oubliés. Après avoir communié, il voit apparaître J.-C. et il meurt.] 

Fol. 370 v°. Aultre exemple d’un chevalier luxurieux qui moult estoit 
devos envers Dieu et le vierge Marie. — On list d’un chevalier qui moult 
estoit devos envers Dieu et le vierge Marie, mais moult luxurieux estoit... 

[Un jour de famine, il prie la Vierge de l’aider. Elle lui fait envoyer un bon mets 
dans un récipient sale. Et comme le chevalier refuse de manger, les porteuses lui décla¬ 
rent : Ainsi est votre service envers notre Dame; il est bon, mais dans un corps infect.] 

Fol. 370 v°-371. Aultre exemple comment le ammosne, donnée pour le 
amour de Dieu, pourfite. — II fu jadis uns riches homs qui moult despitoit 
les povres et ne leur faisoit nul bien... 

[Le riche homme organise un banquet. Les pauvres, redoutant la colère de cet 
homme, ne vont pas lui demander l’aumône; un seul d’entre eux se risque à y aller. Le 
riche homme s’apitoye et donne un pain au pauvre. Le riche meurt dans la nuit, et son 
âme est disputée entre les anges et les diables. Pour clore le débat, on s’en remet à Dieu, 
qui fait peser les bonnes et les mauvaises actions du défunt. Les maux l’emportent; mais 
quand on rappelle le pain donné la veille et qu’on l’ajoute aux biens, le poids des biens 
l’emporte.] 

Fol. 371-371 v°. Exemple pour delaissier et despiter l’onneur mondaine. 
— Il fu jadis un chevalier de moult grande famé et estoit grans maistres en 
l’onneur de ce monde... 

[Allant à un tournoi, il rencontre une femme qui lui refuse une poire contre les 
es honneurs terrestres. Il descend de cheval et se rend à pied à la ville. Il veut désormais 
servir Dieu : Sapientia hujus mundi stultitia est apud Deum.] 

Fol. 371 v°. Exemple comment il se fait boin traveillier pour nostre 
Seigneur. — On list d’un hermite qui demeuroit loings de Fyaue... 

[Il veut rapprocher sa maison. Mais un jour, en revenant de la source, il voit qu’un 
ange compte scs pas pour qu’ils soient rémunérés par Dieu. L’ermite éloigne encore plus 
sa maison.] 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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Fol. 371 v°-372. Exemple pour avoir tousjours ramembrance de le 
passion nostre Seigneur. — Il fu jadis uns sains homs qui disoit que qui 
porroit avoir par une heure de jour en ramembrance le vie et le souffrance de 
Jhesucrist... 

[Le saint homme pratique cette dévotion : il se retire dans un lieu secret pour penser 
à la pauvre nativité et aux souffrances du Christ. — « Pour ce ont pluiseurs boines gens 
draps en leurs cambres qui sont pains de le vie et de le souffrance nostre Seigneur. » — 
Citation de Jérémie : « 0 vous tous qui passés par le voye... », Lament., I, 12.] 

Fol. 372. Exemple contre ceulx qui pissent ou font ordure es cimentieres. 

— On list que le fil d’une vesve avoit acoustumé... 

[Les morts lui assignent un rendez-vous. Le jeune homme se fait accompagner par 
des villageois et le curé; malgré cela, il est enlevé par les mauvais esprits.] 

Fol. 372-372 v°. Exemple comment on est de Dieu pugnis du membre 
dont on a le plus pechiet. — Il furent jadis deux religieux de grant auctorité... 

[Ils conviennent que le premier qui mourra viendra visiter son compagnon. L’un 
meurt et revient en triste état : sa langue brûle de feu, car il colportait les médisances; 
elle est noire, car il divulguait les secrets; elle devient poudre, car il dépréciait les biens 
d’autrui. Son cadavre, chassé du cimetière par les autres morts, est emporté par les diables. 
De omni verbo ocioso...] 

Fol. 372 v°-373. Exemple contre ceulx qui retiennent les biens des mors. 

— Il fu jadis uns très hauls riches homs qui avoit tant de finance... 

[A sa mort, il convoque un chevalier, un prêtre et un bourgeois. Le premier craint 
le feu d’enfer, le second la lèpre, et le troisième la pauvreté. Le riche homme lègue sa 
fortune à ces trois personnages; mais ils en font mauvais usage et tombent dans les cala¬ 
mités qu’ils redoutaient.] 

Fol. 373-373 v°. Exemple du saint sacrement de l’autel. — II fu jadis 
en Lombardie uns hérités qui ne creoit mie que le9 sainctes paroles que on 
dist au sacrer le corps nostre Seigneur peussent convertir le pain... 

[L’hérétique, ayant perdu quelque chose, s’adresse à un devin. Le devin convoque 
le diable, en forme de jeune homme, avec un chapeau sur la tête. Pendant qu’ils conver¬ 
sent, un prêtre porte la communion à un malade. Le diable fléchit les deux genoux et 

Édith Brayer. 30 


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ÉDITH B RAYER 


soulève son chapeau (il honore Dieu); au retour du prêtre, il fléchit un genou, sans se 
découvrir (il honore le prêtre). L’hérétique se convertit. — L’exemple est à la fois contre 
ceux qui n’honorent pas les prêtres et contre ceux qui consultent des sorcières.] 


Fol. 373 v°-374. Exemple de .V. religieux qui pensoient tousjours a Dieu. 
— Saint Bernard appella une fois .V. de ses moisnes... 

[Il leur demanda quelle était leur principale dévotion pour atteindre Dieu. Le pre¬ 
mier répondit : les prières et les louanges de Dieu; le second, la confession et la péni¬ 
tence; le troisième, le service des pauvres; le quatrième, les prières pour le prochain; 
le cinquième, la mémoire de la souffrance de J.-C. — Saint Bernard demanda à Dieu de 
faire savoir comment il agréait ces réponses. Dieu répondit : le premier me cherche; le 
second m’a trouvé; le troisième m’achète comme je l’ai racheté; le quatrième demeure 
en moi; le cinquième participe à la gloire du paradis.] 


Fol. 374. Aultre exemple de saint Bernard qui parloit a ung sien frere. 
— Saint Bernard dist une fois a un sien jone frere : Vechi, je te laisse toute 
nostre terre... 

• _ 

[Saint Bernard voulait être libéré des soucis temporels pour méditer dans le cloître. 
Le jeune frère refuse de prendre la terre sans le ciel.] 


Fol. 374-374 v°. Exemple que on doit amer vraye povreté. — Dieu fist 
une révélation a un saint homme hermite qui estoit moult desirans de sçavoir 
le fin d’un boin povre et d’un malvais riche... 

[Les anges emportent l’âme du pauvre; les diables, celle du riche.] 


Fol. 374 v°-375. Exemple de le vertu de obedience. — Obedience est 
moult belle vertu et bonne... [Exemple] qui en advint a un frere menu a 
Meiz en Lorraine... 

;ibst 1 n — i'< ’ft'i 5b hmnr&K imm uh 9!qra*x3 .°v £Ï£-€Y£ idf H 

[Le moine répond toujours « libenter » à tout ce qu’on lui demande; le mot lui est 
donné en surnom. Une nuit de Noël glaciale, les moines se chauffaient entre l’office des 
matines et la messe du jour. L’un d’eux, par plaisanterie, envoie Libenter cueillir une poire 
au verger; la poire s’y trouve effectivement, d’une espèce que personne ne connaît, ce 
qui prouve sa qualité surnaturelle. Désormais, les compagnons de Libenter ne lui comman¬ 
dent plus que des choses raisonnables.] 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


235 


Fol. 375-375 v°. Cy s’ensieuent trois poins que chascune devote créature 
doit avoir en memore pour venir au repos et a le paix de Dieu. — Le premier 
point que le devote créature doit avoir... 

[Les trois points sont : 1° reconnaître la bonté de Dieu; 2° avoir compassion de la 
souffrance de J.-C.; 3° mettre son désir et sa volonté en Dieu.] 

Fol. 375 v°-376. Comment nous devons trois choses considérer. — Saint 
Bernard dist que nous devons considérer trois choses, c’est assavoir dont nous 
sommes venus, quels nous sommes, et que nous devenrons... 

Fol. 376-377. Exemple d’un saint hermite et est pour entendre l’estât 
du monde, contre ceulx qui mettent pechiet sur pechiet. — On list en le Vie 
des Peres d’un saint hermite qui par pluiseurs fois pria nostre Seigneur qu’il 
lui demoustra l’estât et les miracles du monde... 

[Un ange lui fait contempler les trois spectacles suivants : 1° dans un bois, un homme 
ramasse un fagot; quand il veut le charger sur son dos, le fagot est trop lourd; cependant 
rhomme continue à grossir le fagot; 2° près d’un puits, un homme verse de l’eau dans 
une jarre percée ; 3° deux hommes à cheval, portant une poutre à eux deux, veulent entrer 
de front dans une église. Exposition : le premier est l’image de ceux qui commettent 
péché sur péché, sans se confesser; le second est l’image de ceux qui se repentent sans 
se confesser; le troisième est l'image de ceux qui se confessent et font de bonnes œuvres, 
mais qui méprisent les autres.] 

Fol. 377. Exemple d’un homme qui demanda au diable pour quoy il 
le temptoit. — Il fu jadis uns homs qui moult estoit temptés du dyable... 

[Il obtient de voir le diable et lui demande la cause de la tentation. Réponse : c’est 
pour éviter de remplir le paradis, car, quand il sera plein, les diables brûleront dans les 
tourments.] 

Fol. 377. Exemple contre ceulx qui ne veulent résister as temptations. — 
Il advint jadis que uns homs estoit par nuit en se maison ou il y avoit tant de 
chincelles (moucherons) que il ne pooit dormir... 

[Il allume une brassée de bois pour les brûler, mais brûle sa maison et lui-même 
avec. C’est le symbole des tentations qu’il faut supporter avec patience : Beatus vir qui 
suffert temptationem.] 

30 . 


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ÉDITH B RAYER 


Fol. 377-378. Exemple d’un philosophe qui honnoura ses habis pour ce 
qu’il avoit esté honnourés par eulx. — Il fu jadis un sage philosophe... 

[Ce sage avait entendu dire qu’on portait plus d’honneur aux habits qu’aux per¬ 
sonnes. Il se rend au palais d'un prince, où il était reçu d’habitude; il se présente en 
pauvre habit : on le met à la porte; il revient, richement habillé, et se présente au petit 
guichet : on lui ouvre la grand’porte. Admis dans la salle d’honneur, il baise et salue son 
manteau, pour le remercier d’avoir été honoré à cause de lui. Ensuite, il crache au visage 
du prince, seule place du palais qui ne fût pas parée ou brodée d’or.] 


Fol. 378. Exemple contre ceulx et celles qui trainnent leurs queues. — 
On list en le Vie des Peres qu’il fu uns hermites... 

[Cet ermite voit une femme vêtue d’une robe à traîne, et voit un diable assis sur la 
traîne; au passage d’un caniveau, le diable culbute dans l’eau, puis se rasseoit sur la traîne 
qu’il salit de boue. L’ermite éclate de rire et explique sa vision à la dame, qui désormais 
s’habille simplement.] 


Fol. 378. Exemple comment le bonne voye vauît mieulx que le belle. — 
Deux freres aloient en un pèlerinage... 

[L’aîné veut prendre la bonne voie, le cadet la belle voie. L’aîné suit son frère; tous 
deux rencontrent des voleurs; ils se joignent à eux, sont pris et pendus. — Les deux 
frères symbolisent l’âme et le corps.] 


Fol. 378-378 v°. Exemple contre ceulx qui mengüent trois ou quatre foiz 
le jour. — On list en le Vie des Peres que uns hermites se abstenoit de pain 
et de vin... 

R yiu^iii/U +M4 

[Il ne mange que des racines et des herbes, mais à n’importe quelle heure, sans 
règle. Il demande à Dieu de lui faire connaître son mérite. Celui d’un âne, répond Dieu.] 


Fol. 378 v°. Exemple d’une vielle qui cunquia un ribault. Risee morale 
et est contre ceulx qui tardent a faire penanche. — Il fu jadis un ribault qui 
entra une fois en le maison d’une vielle... 

[La vieille promet le repas s’il veut l’aider dans son travail : tordre une mèche à 
chandelles; le ribault doit sortir pour cela; on lui ferme la porte au nez. C’est l’image 
des promesses du diable, qui promet longue vie au pécheur.] 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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Fol. 378 v°-379. Exemple contre ceulx qui ne font compte de pere ne de 
mere puis qu’ilz ont eu leur avoir, si comme il apparut par cest exemple. — 
Il fu uns homs qui tout le sien donna a son fil pour lui marier... 

[Devenu pauvre, le père veut habiter chez son fila; la belle-fille le chasse. Le père 
simule qu’il a un coffret plein de joyaux; les enfants l’accueillent. A sa mort, on ouvre 
le coffret qui était plein de cailloux.] 


Fol. 379. Quelle chose on doit souhaidier as envieux. — Il sont aucunes 
gens qui a ceulx qui ont envie... 

[Des gens veulent crever les yeux aux envieux; il faut plutôt leur souhaiter d’avoir 
un troisième œil pour qu’ils aient plus de dépit des biens d’autrui.] 


Fol. 379-379 v°. Exemple comment riens n’est celé devant Dieu et est 
contre ceulx qui ostent les choses d’aultrui. — II fu jadis un barbieur qui 
embla le truye de son voisin... 

[Dieu lui rend visite en forme d'homme chevelu, et se fait tondre. Le barbier découvre 
un œil derrière la tête; il demande ce que c'est. C’est, lui répond Dieu, l’œil avec lequel 
je t'ai vu voler la truie. Le barbier restitue l'animal à son propriétaire. — Rien n’est celé 
aux yeux de Dieu.] 


Fol. 379 v°. Exemple contre ceuls qui trop se juent et parolent de le foy. 
— On treuve qu’ilz sont trois choses desquelles nulz ne se doit juer... 

[Les trois choses sont : l'œil, à cause de sa fragilité; la diffamation, à cause des consé¬ 
quences qu’elle entraîne pour le prochain; parler à l’encontre de la foi. Exemple de la 
troisième chose : deux compagnons avaient un poulet; ils le coupent en menus morceaux 
et déclarent que ni saint Pierre, ni même Dieu, ne pourraient reconstituer la bête ; aussitôt 
le poulet se lève sur ses pattes. Ubi sunt dii eorum...] 


Fol. 379 v°-380. Comment les quatre elemens portent enterrez les 
pécheurs de quatre pechiés especiaulx. — Premièrement le terre porte les 
avaricieux... 

[L'eau porte les luxurieux; l’air, les orgueilleux; le feu* les coléreux. Il y a aussi 
quatre manières de coléreux; selon qu'ils se courroucent tôt ou tard, et qu'ils s’apaisent 
tôt ou tard.] 


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ÉDITH BRAYER 




Fol. 380. Exemple d’un homme qui morut en le cote d’un usurier. — 
Il fu jadis uns homs qui avoit vestu le cote d’un usurier... 

[Quand il meurt, les diables veulent le prendre, car ils le croient vraiment un usurier.] 

Fol. 380-380 v°. Exemple d’un larron qui fu sauvés pour acomplir se 
penance enjoincte. — Nous lisons d’un hermite qui long tamps avoit fait 
penitance... 

[Un voleur se confesse à Termite; mais comme il ne sait ni jeûner ni faire absti¬ 
nence, il reçoit, comme pénitence, la récitation d’un Pater à genoux, devant chaque croix 
qu’il rencontrera. Le voleur s’exécute et il en meurt, car ses ennemis le rattrapent et le 
tuent. Son âme entre au paradis. L’ermite, qui a eu la vision de cette récompense, regrette 
de mener une vie si austère, quand une légère pénitence a suffi au voleur pour être sauvé. 
L’ermite retourne au siècle, et à sa mort va en enfer.] 

Fol. 380 v°. Exemple d’un homme qui tua le frere d’un chevalier, et 
est contre ceulx qui ne veulent pardonner. — Il fu jadis uns povres homs qui 
par male aventure tua le frere d’un chevalier... 

[Le jour du Vendredi saint, le meurtrier demande au chevalier de lui pardonner 
au nom de J.-C. Le chevalier y consent. Aussitôt le Crucifix descend de sa place et vient 
embrasser le chevalier.] 

Fol. 380 v°-381. Exemple d’un bourgeois dont on faisoit les obsecques; 
et est contre ceulx qui heent les povres et saincte Eglise. — On list d’un saint 
hermite qui une fois estoit en une eglise dedens une cité... 

[Pendant les obsèques d’un bourgeois. Termite voit le Christ du Crucifix se boucher 
les oreilles; il est si ému qu’il pleure abondamment et attire l’attention du curé. Après 
le service, il raconte sa vision au curé. La nuit suivante, il obtient de J.-C. l’explication 
du geste divin : Dieu ne voulait pas écouter les prières en faveur du bourgeois parce que 
celui-ci, de son vivant, avait dédaigné les offices et les prédications, et avait fait la sourde 
oreille aux demandes des pauvres.] 

Fol. 381-382. Exemple contre ceulx qui ont leurs déduis en chiens et en 
oisiaux. — Il fu jadis une riche bourgoise lequelle prenoit moult grant plai¬ 
sance en avoir biaux chiens... 

[Elle emmène ses chiens à la messe, ce qui l’empêche de prier avec dévotion. A sa 
mort, elle se croit étranglée par des chiens : ce sont les diables d’enfer qui la saisissent.] 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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Fol. 382. Quelle chose on doit dire a passer sur un malvais pont. Et le 
segnefiance sur ce. [Texte entier.] 

Le roy saint Loys de France ne redoubtoit point a passer sur un malvais 
pont, mais il avoit de coustume de dire, quant il y passoit : 

Surrexit Dominus de sepulcro 
Qui pro nobis pependit in ligno. 

Les seigneurs qui cevauchoient aveuc lui demandèrent une fois pour 
quoy il disoit ces mos. Et il leur respondi : « Nostre Sires fu mis après se 
precieuse mort en un sépulcre qui estoit de pierre, et du dit sépulcre il 
ressuscita au tiers jour qu’il y fu mis. Dont, se le pont est de pierre, tant soit 
malvais, je n’ay point paour qu’il fonde tant que je die ces paroles. Et se le 
pont est de bos, aussi n’ay je, car nostre Sires morut en le saintce vraie croix 
qui estoit de bois. Et pour ce ne crieng je point le pont, car j’ay fiance ens es 
paroles dessus dittes, lesquelles font memore de le benoite passion et résurrec¬ 
tion de Jhesucrist ; nulz malvais encombriers ne le porra empeschier ». Et 
quant les seigneurs qui estoient aveuc le roy lui oïrent dire le mistere des 
paroles, il en y eubt pluiseurs qui les retinrent et acoustumerent a dire. Et 
pour ce est ce bonne chose de tousjours olr boins enseignemens et de les bien 
retenir. Car se nous aviemes bien parfaitement en nos cuers les paroles dessus 
dittes et les disiemes souvent par bonne dévotion, nous passeriemes seurement 
le pont de ce malvais monde et les fausses et malvaises temptations qui y 
sont, et se nous garderiemes de pechiet mieulx que nous ne faisons. Car il 
n’est chose qui se bien deffende créature a l’encontre des temptations de 
l’anemy comme d’avoir vraye ramembrance de le passion nostre Seigneur. 

Fol. 382-382 v°. Quelle chose on doit dire pour esquiever ses anemis. — 
On dist que touteffois que on se doubte et a cremeur de ses anemis, quelz qu’ilz 
soient, gens d’armes ou aultres, on doit dire par boine dévotion : Jhesus autem 
transiens per medium illorum ibat... 

[Citation de Luc, iv, 30, et Ps., cxviii, 115.] 

Fol. 382 v°. Comment l’Eglise prie pout toute créature en le letanie. Et 
comment chascuns doit amer l’Eglise. — Ainsi comme les povres quierent 
leur pain de huys en huys... 

[Ainsi l’Eglise s’adresse à tous les intercesseurs possibles dan9 la litanie.] 




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ÉDITH B RAYER 


Fol. 382 v°. Exemple d’une famme qui disoit a son fil qu’il desist mains 
de biens et 6’en fesist plus. — Il fu jadis une femme qui mengoit une foiz 
aveuc un sien fil... 

[Le fils fait de beaux discours et n’entend pas les pauvres qui frappent à sa porte. 
Sa mère le réprimande : « Dittes mains de biens et si en faittes plus. »] 

Fol. 382 v°-383. Exemple contre ceulx qui parolent sur les prestres 
quant ilz pecquent et ne se mirent que au mal qu’il font. — On ne doit mie 
faire mal pour ce, se on voit mal faire... 

[Il faut observer l’enseignement des prêtres et non suivre leur conduite, si on les 
voit mal faire. Si un prêtre vendangeait sa vigne en fleur, ou brûlait sa maison, il ne serait 
pas bon de l’imiter.] 


Fol. 383 v°. S’ensieut une fable morale d’une sons et d’une rayne. - 
treuve ens es fables tournées a le moralité... 


On 


[La grenouille veut aider la souris à passer l’eau d’un fossé. La souris se noie. Un 
escoufle enlève les deux bêtes. La grenouille symbolise le prêtre; la souris, les paroissiens; 
l’escoufle, le diable.] 


Fol. 383 v°. L’aultre fable morale d’une soris et d’un cat. — II fu uns sos 
qui avoit une huge... 

[Un sot met ses fromages dans une huche; les souris y entrent et mangent les fro¬ 
mages; le chat y entre et mange à la fois souris et fromages. Les souris sont les prêtres; 
le chat, l’archidiacre; le sot, l’évêque.] 

Fol. 383 v°-384. Exemple du corbaut. — Quant li corbauls voit que une 
personne a yeuls ou une carongne... 

[Le corbeau monte par derrière sur la tête de la proie et arrache d’abord les yeux. 
Ainsi le diable ôte les yeux du cœur.] 

Fol. 384. Cy s’ensieut le nature du fenix. — Le fenix est de telle nature... 

[Il assemble des « espices », va en la plus chaude partie de l’air et s’enflamme lui- 
même. Des cendres naît l’œuf de son successeur. Le phénix symbolise J.-C. sacrifié sur 
la croix, ou la bonne âme qui sacrifie son corps.] 


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\otices et extraits des manuscrits, t. XLIII. p. 240 



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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 241 

Fol. 384-384 v°. S’ensieut le nature des es. — On list que li eiz a quatre 
natures... 

[L’abeille n’est jamais oisive; elle met de la terre & ses pattes pour que le vent ne 
l’emporte pas; elle garde ses ailes luisantes et nettes; elle n’habite pas dans un lieu acquis 
par fraude et elle suit le commandement du prince. C’est le symbole des hommes justes.] 

Fol. 384 v°. Exemple contre ceulx qui vont a le carole. — En le messe 
sont trois choses : le prestre chante, le clerc respond et les gens ascoutent... 

» • ^ 4 . 

[Dans les caroles, c’est le diable qui chante; les gens répondent ou écoutent : « Et se 
tourne tousjours le carole a senestre sans tourner a le dextre, dont c’est tout signe de mal. »] 

iis sitioj vui jiovc.iup oi ~.9èl m/b trgS'i’A, fi? d8£-â8£ .iol 

Fol. 384 v°. Comment le salut de l’Ave Maria plaist a nostre Dame. — 
On dist que Ave Maria est le plus bel salut de le Vierge Marie... 

[Louange de la Vierge.] 

Fol. 384 v°-385. Exemple d’un chevalier qui ne pooit sçavoir tant seule¬ 
ment que ces deux mos : Ave Maria. — De le salutation que l’angele apporta 
a le glorieuse Vierge Marie, nous lisons un exemple d’un chevalier qui pour 
amender se vie se rendi en une abbeye de l’ordre de Cistiaux... 

[Il ne peut rien apprendre que ces deux mots : Ave Maria, qu’il a toujours sur les 
lèvres. Il meurt et est enterré dans le cimetière des moines. Sur sa tombe pousse un lys; 
et sur chaque feuille est écrit en lettres d’or : Ave Maria. On ouvre la tombe et l’on voit 
que la fleur prend racine dans la bouche du chevalier.] 

Fol. 385-385 v°. Aultre exemple de volentiers saluer la Vierge Marie. 
— Il fu jadis un chevalier qui avoit ung moult bel manoir emprés un chemin 
royal... ' 1 ■ ■’T A * «* < Idnw 1,1 •*'’ 

[Il ne manque pas de réciter chaque jour l’Ave Maria; mais il passe sa vie à détrous¬ 
ser les passants. Un saint homme est la victime de ce chevalier; il se fait conduire près 
de lui et démasque, parmi les serviteurs, le chambellan, qui est le diable déguisé. Le diable 
avoue qu’il est là pour saisir le chevalier dès qu’il omettrait son Ave Maria.] 

Fol. 385 v°. Exemple comment nostre Dame n’oublie point ses servi¬ 
teurs. — II fu jadis un religieux qui moult estoit luxurieux, mais il honnouroit 
tousjours le Vierge Marie en disant Ave Maria... 

[Tué par des ennemis, le religieux meurt sans confession. Les moines l’enterrent 
hors du cimetière. Au bout de trente jours, la Vierge apparaît à un clerc de l’abbaye et 

Êdith R rayf.r. 31 


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242 ÉDITH BRAYER 

fait transporter le cadavre dans le cimetière. La langue du mort était saine, et dans la bouche 
poussaient des fleurs.] 

Fol. 385 v°-386. Exemple d’un enfant que nostre Dame sauva. — Il 
advint jadis que li enfes d’un Juis aloit volentiers a l’escole des enfans xpis- 
tiens... (1J . 

[Il communie avec les autres, un jour de Pâques; le père l’apprend et, de colère, 
jette l’enfant dans son four. Mais la Vierge garde l’enfant sain et sauf. Le père est brûlé 
à sa place. Plusieurs juifs sont baptisés.] 

Fol. 386-386 v°. Aultre exemple d’un hermite qui avoit une lettre en 
lequelle moult souvent lisoit et regardoit. — Uns hermites estoit qui avoit 
une lettre lequelle il lisoit souvent... 

[Texte de la lettre : 0 tu ame, saches quelles euvres tu fais... — Exhortation à la 
confession. Mise en garde contre le Jugement dernier.] 

Fol. 386 v°-387. S’ensieut un exemple d’un livre ou il n’y avoit que quatre 
foeilles et en chascun foeillet une lettre. Et dist on ce livre estre le livre de 
conscience. — II advint que deux sains hommes estoient en l’ordre de Cis- 
tiaux... 

[L’un est grand clerc, l’autre simple convers; le premier est toujours en pleurs, le 
second tantôt dans les larmes, tantôt dans la joie. Le convers décrit au clerc son livre 
qui n’a que quatre feuilles et quatre lettres. La lettre noire lui fait penser à ses péchés 
et le plonge dans la douleur. La lettre rouge représente la Passion de J.-C.; sa douleur 
croit, mais il se console, car J.-C. a racheté ses péchés. La lettre blanche, qui est l’inno¬ 
cence et l’amour de J.-C., et la lettre d’or, qui est la gloire de paradis, réjouissent le cœur 
de l’humble moine. Tel est le livre de conscience; le clerc déclare que ce livre est supé¬ 
rieur à tous les autres, et il abandonne ses études. Multi multa sciunt et se ipsos nesciunt.] 

Fol. 387-390. Cy après fait mencion a ce propos de trois livres, lesquelz 
toute boine créature doit souvent lire. — Nous trouvons qu’il sont trois 
livres esquels toute boine créature doit estudier... 

[Long traité. Le premier livre est laid et obscur, et de lettre noire : c’est le repentir 
des péchés et l’exhortation à la confession. Le second livre est blanc et gracieux, et de 

(1) E. Wolter, Der Judenknabe, S griechische, 14 lateinische und 8 franxôsische Texte, 
Halle, 1879; Bibl. normannica, II. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 243 

lettre rouge : c’est la méditation de la vie et de la mort du Christ. Le troisième livre est 
bleu et vert, et de lettre d’or : c’est la conversation spirituelle avec Dieu.] 

Fol. 390. Cy après s’ensieut de quatre feux qui esprendent tout le monde 
et le metteront a fin. — Le premier feu est de mentir... 

[1° mensonge; 2° convoitise; 3° dissension; 4° rapine.] 

à . 

Fol. 390-395 v°. [Traité de la fin du monde et du Jugement dernier.] 

Fol. 390-390 v°. Cy après parole de le fin du monde. — Nous lisons en 
l’euvangile de le venue nostre Seigneur au darrain Jugement... 

Fol. 390 v°-391. S’ensieuent les .xv. signes qui seront devant le finement 
du monde. — Le premier signe et le premier jour... 

Fol. 391. Du darrain feu qui ara quatre offices. — Premièrement il ara 
l’office du feu d’infer... 4) . 

Fol. 391-391 v°. Le maniéré de le résurrection des mors pour estre au 
jugement et en quel eage ilz seront. — Tantost après que le monde sera 
purgiés... 

Fol. 391 v°-392. Comment nostre Sires s’apparra au Jugement. — 
Quant nostre Sires Jhesucrist venra au Jugement... (6) . 

Fol. 392-392 v°. Cy après fait mention des trois jugemens. — Nous 
lisons de trois jugemens... (7 L 

(1) Il manque le premier chapitre sur 1* Anté¬ 
christ, que l’on trouve dans lea mas Troyes 
1041, fol. 3 v°-5 v°; Cambrai 210,1, foL 40 v°- 
43. Dans les deux mas, le traité du Jugement 
dernier est placé après le II 9 dim. de 1* A vent. 

(,) Msa Troyes 1041, foL 5 v°-6 v°; Cambrai 
210, I, foL 43; dans Tournai, ce texte et les 


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suivants sont transcrits sans séparation, fol. 
5-10. 

<*> Ms. Cambrai 210,1, foL 43-43 v*. 

< 4 > Ibid., foL 43 v«. 

1 Manque dans ms. Cambrai 210. 

<*> Manque dans ms. Cambrai 210. 

< T > Ms. Cambrai 210,1, fol. 43 v°-44. 

31 . 


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244 


ÉDITH B RAYER 


Fol. 392 v°. De quatre estas qui seront au darrain Jugement, 
qu’il y ara au Jugement quatre estas... M. 


On list 


_ . 
roi. 392 v°-393. De deux sentences que Dieu rendera au jour du Juge¬ 
ment. — Le première sentence dira Jhesus sur les boins... 




Fol. 393. Des consciences qui seront descouvertes au Jugement. — Tout 
aussi clerement que chascuns voit ad présent le face d’aultrui... W. 


Fol. 393. Comment les angeles cacheront les mal vais aveuc les diables 
d’infer. — Après ce que le juge ara se sentence rendue... (4) . 


Fol. 393-393 v°. Des paines du feu de purgatoire. — Moult se doit 
créature efforchier de faire penitance... 


Fol. 393 v°. Cy s’ensieut de l’estât des dampnés. — Le infer ou les 
dampnés seront tourmentés est un lieu obscur... (•*. 


US 9ll«n llliiil «Vin - t|j Ooifï5tU/.:71 ol 3 il kl ,*l IV-t v. Jo^ 

Fol. 393 v°-394. Comment les dampnés voyent le glore des sainctes âmes 
devant le Jugement, mais après non. — Saint Grigore dist que jusques au 
jour du Jugement... (7 >. 


Fol. 394. Des paines que les dampnés seuffrent. — En infer aront les 
dampnés paines sans nombre... (*>. 

— • . m ; ZI fb &U021Î 

Fol. 394-394 v°. Encore des paines d’infer. — Les dampnés pour leur 
pechiet mortel... W. 


(1 > Ibid., foL 44. 

(l) Ibid., foL 44-44 v°. 
t#} Mas Troyes 1041, foi. 6 v°-7; Cambrai 
210, I, fol. 44 v°. 

(4 > Ma. Cambrai 210, I, foL 44 v°. 


16 ' Manque dans ms. Cambrai 210. 
^ Ms. Cambrai 210, I, fol. 44 v°. 

(7) Ibid., fol. 44 v°-45. 

<•> Ibid., fol. 45. 

{9) Manque dans ma. Cambrai 210. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


245 


Fol. 394 v°-395. Le complainte des dampnés. — Les maldis dampnés, de 
doleur estraingnent les dens... W. 


Fol. 395. Les quatre doaires que le corps glorefiet ara en paradis. — Le 
premier don que le corpz d’un chascun sauvet ara... W. 

Fol. 395-395 v°. Les trois doaires que l’ame ara en paradis. — Après sera 
Famé sauvee doee de trois dons... (*). 

Fol. 395 v°-396 v°. Ung exemple de Pelagia qui se converti par olr 
preschier les reproches des pechiés. — Ung grant concile de pluiseurs evesques 
estoit jadis en le cité d’Antioche assamblés... ' 4) . 


Fol. 396 v°-397. Exemple d’un philosophe qui queroit le bien qui jamais 
ne faulroit. — Nous Usons un exemple d’un grant philosophe qui moult et 
en pluiseurs Uvres avoit estudiet... (6 h 


[Le philosophe recherche le bien étemel. Il refuse successivement, comme trop 
éphémères, un royaume, une épouse, un trésor. Un sage homme lui enseigne la voie à 
suivre : il faut passer par un chemin difficile, la pénitence, et par un haut arbre, la pas¬ 
sion de J.-C.] 


Fol. 397-398. Exemple d’un pape fait par syntonie. — Il fu jadis un 
homme qui fu fait pape par symonie et avoit a nom Benedic... 

[Deux histoires distinctes : 1° l’oncle de Bénédic était également pape. Mort depuis 
peu, il apparaît à l'évêque de Padoue, et lui demande d’aller trouver son neveu afin de 


11 ’ Manque dans ms. Cambrai 210. 

A la suite, il manque dans le ms. 574 un 
paragraphe sur le monde après le jugement. 
Mss Troyes 1041, foL 7-8; Cambrai 210, I, 
fol. 45. 

1,1 Ms. Cambrai 210,1, fol. 45-45 v° : clarté, 
impassibilité, subtilité, agilité. 

<*> Ibid., foL 45 v°. 

A la suite, deux paragraphes qui manquent 
dans le ms. 574 : * Les vierges et martyrs 
auront une spéciale aureole », ms. 210, I, 
loi. 45 v°; < Les douze joies dos sauvés *, 


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mss Troyes 1041, foL 8-9; Cambrai 210, 1 
fol. 45 v°. 

(4> Y r ie de sainte Pélagie, Patr . /aX., 

t. LXX111, coL 663. L'exemple figure dans un 
sermon de la Passion, sur le thème : Qui ex 
Deo est..., dans les mss Valenciennes 126, 
foL 108-110 v°; Cambrai 210,1, fol. 73 v°-75 v°. 
Voir ci-dessua, p. 48, note 2. 

(6) L'exemple figure dans le sermon du 
III e dira. apr. T Épiphanie : Nescitis... (voir 
notice, fol. 52-55, ci-dessus, p. 34), non dans 
Cambrai 574, mais dans les trois autres mss* 


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246 


ÉDITH BRAYER 


faire distribuer aux pauvres un trésor caché. 2° Bénédic, après sa mort, apparaît sous 
forme d'animal à un nommé Marses et lui raconte ses tourments, t Haï comment il lui 
eust mieulx valu qu’il euist en se vie laissiet le siégé de papalité. • ] 


Fol. 398-398 v°. Exemple de deux clers qui s’entre amerent dont l’un fu 
dampné et l’aultre sauvé. Et moustre comment ammosne ne orison ne pourfite 
riens as dampnés. — On list que jadis avoit a Nantes le cité deux clers qui 
moult amoient l’un l’autre... 

[Ils sont prêtres peu édifiants. Ils conviennent que le premier mort viendra voir le 
survivant. Le mort vient au bout de trente jours; il est damné et montre un échantillon 
de souffrance à son compagnon : il lui jette sur le front et les tempes trois gouttes qui 
le brûlent. Le vivant est invité à entrer au couvent de Saint-Melaine, mais il refuse. Le 
mort lui fait voir dans sa main la lettre de Satan adressée aux mauvais prêtres qui aban¬ 
donnent leurs paroissiens au diable. Le vivant se fait moine.] 


Fol. 398 v°-399. Exemple contre ceuls qui empeschent Toffice de l’Eglise. 
— II advint jadis en une ville de Saxoine et en l’eglise ou saint Manne le martir 
est honnourés... 

[Une nuit de Noël, une troupe de jeunes gens et de jeunes filles, conduits par Obert, 
dansent et font du tapage devant l’église. Le prêtre les maudit et leur souhaite de chanter 
et de danser ainsi pendant un an. Le frère d’une jeune fille essaie de l’entraîner : il lui 
arrache les bras. Les danseurs tournent ainsi pendant un an; la terre se creuse sous eux. 
A la fin, ils sont absous par Herbert, évêque de Cologne.] 

Fol. 399-399 v°. Exemple d’une femme qui tua un enfant. — Il advint 
jadis que a Laon, il avoit une femme lequelle pour l’amour de se fille ama 

moult l’enfant [sic pour le mari] de se fille... W. 

• ’ 

[La mère fait tuer le jeune homme; elle est condamnée à être brûlée. Elle se confesse 
et prie la Vierge; elle reste indemne pendant le supplice.] 


(1) Danseurs maudits. Éd. G. Raynaud, 
Deux nouvelles rédactions françaises de la 
légende des danseurs maudits, dans Mélanges 
Wilmotte, Paris, 1910, t. II, p. 569-580; réimpr. 
dans Mélanges de philologie romane, Paris, 
1913, p. 21-27. Le texte a été incorporé dans 
Renart le Contrefait. 


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(a) Ce miracle est bien connu; c’est le 
miracle de la femme de Laon. Éd. V. 
\ àànânen, U une famé de Laon qui estoit 
jugie a ardoir que nostre Dame délivra, miracle 
versifié par Gautier de Coinci, Helsinki, 1951; 
Ann. Acad, scient. Fennicae, sér. B, t. 68, 2, 
p. 9, note 1. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


247 


Fol. 399 v°-400. Exemple comment le conception nostre Dame vint a 
congnissance de celebrer. — Ansealmes, archevesque de Cantorbie et prestre 
de Engleterre mande salut et benichon... t 1 ). 

[L’abbé Helsins de Ramesiens, messager de Guillaume le Conquérant, est sauvé 
d’un naufrage à condition qu’il fasse établir la fête de la Conception de la Vierge, le 
8 décembre.] 

Fol. 400-400 v°. Item le feste de le Conception nostre Dame est demous- 
tree et declaree par l’exemple qui s’ensieut. — Du tamps Charlemaine le roy 
de Franche, estoit uns clers qui fu freres germains au roy de Honguerie... W. 

[Le clerc disait régulièrement les heures de la Vierge. Le jour de son mariage, il 
s’aperçoit qu’il a omis ses heures; il renvoie la noce et reste dans l’église pour prier. La 
Vierge lui apparaît, lui demande de la servir et de faire célébrer la fête de la Conception. 
Le clerc se fait moine, puis devient patriarche d’Aquilée.] 

Fol. 400 v°-401. Aultre miracle de le Conception de le Vierge Marie. — 
Nous lisons que ou pays de Franche, sur le riviere de Sayne, fu jadis un 
channone prestre... 

[Le prêtre avait une maîtresse qu’il rejoignait en passant la Seine en bateau. Durant 
la traversée, il récitait ses heures. Un jour, les diables renversent la barque, noient le cha¬ 
noine et s’emparent de l’âme. Trois jours après la Vierge réclame l’âme de son serviteur, 
le ressuscite et lui demande de mener une sainte vie et de faire célébrer la fête de la 
Conception.] 

[Fin du texte.] ... Ce nous ottroit Jhesucrist fil de la Vierge Marie, qui vit et régné 
avec le Pere et le saint Esperit ens es siècles des siècles. Amen. 


(i) Attrib. à s. Anselme de Cantorbéry, 
Sermo de Conceptione beatae Mariae, dans 
Pair. lat., t. CLIX, col. 319. 


<•> Ibid., coL 320. 

(3) Ibid., coL 321. La dernière partie du 
sermon latin (coL 322) n’a pas été utilisée. 




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248 


ÉDITH BRAYE R 




LES SERMONS DE PIERRE D’AILLY 






1 


SERMON DE LE NATIVITÉ NOSTRE SEIGNEUR JIIESUCRIST 










« Veritas l) de terra orta est. *Scriptum est in Psalmo , et hodie in matutinali officia 
recitatum [t K 

C’est bien raisons et droiture que vérité soit ditte et oye, en cestui jour ou Vérité 
fu nee, c’est assavoir nostre Sauveur Jhesucrist, qui est vérité divine, vérité parfaitte, 
vérité souveraine. Lequel, au jour d’uy, corporelement, fu nés de terre, c’est assavoir 
de le Vierge Marie, qui est terre fertile, terre saincte et terre benoite. 

Mais affin que ceste haulte Vérité, qui, de si basse terre, est, a ce jour, nee corporele¬ 
ment, puist naistrc esperituelement de la terre de nostre cuer, de laquelle, sans le rousee 
de grâce, est terre dure, terre secque et terre stérile, et ne peut le semence de vérité com¬ 
prendre, ne faire fruit qui soit a Dieu plaisant; pour impetrer ceste douche rousee, nous 
recourrons dévotement a ceste Vierge par qui, en la terre de nostre fragilité, en le valee 
de basse humilité, est issue le fontainne de grâce et de bénignité, si le saluerons humble¬ 
ment en disant Ave Maria. 

• Veritas de terra orta est », etc. C’est le parole du saint prophète, le noble roy David, 
en lequelle il denonche le benoite nativité [fol. 15] de nostre Sauveur Jhesucrist et dit 
ainsi : 

Au jour de le Nativité 
De terre est nee Vérité. 


Pour quoy il est assavoir que, au jour d’uy, quant nostre Sauveur Jhesucrist fu nés 
de char humaine, lors vérité fu nee de terre. Et par ce, furent manifestement acordees 
et concordement manifestées le parole de saint Jehan l’euvangeliste : « Verbum caro fac¬ 
tum est » (s) , et le parole de David le prophète : « Veritas de terra orta est », car Jhesu¬ 
crist est vérité et char humaine est terre. Verbum enim veritas est , caro terra. 


Fol. 14 v°. 

(2) Ps. Ixxxiv, 12. — Texte du sermon latin 
(Tractatus et sermones, 1490, fol. v2-v3 v°) : 
Sequitur sermo de eadem fesdvitate [= de 
Nativitate], factus per eundera dominum 
Petrum Came [racensem]. 

Veritas de terra orta est. Scribitur Ps. Ixxxiiii ; 
cui concordat quod in evangelio hodiemo festi- 
vitatis legitur : Verbum caro factum est , Jo. t I. 

Ut de tam ineffabili veritate que hodie de 


terra orta est verum fari valeat lingua camis, 
lingua peccatoris, lingua nostra, lingua men- 
dosa, et ut de verbo incarnato verbum dignum, 
proférât indigna caro, caro immunda et multi- 
plici viciata peccato, ad e&m que sine peccato 
est dignissimam ac mundissimam Matrem 
grade ex qua verbum factum est et per quam 
veritas de terra orta est suppliciter recurramus 
dicentes : Ave Maria , gratia plena , etc. 

« Jean i, 14. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


249 


Et qu’il soit ainsi que Jhesucrist soit vérité, il meismes le nous tesmoingne : « Ego, 
inquit, sum via , veritas et vita. » Johannis IX 0 (1) . Je sui, dist il, voye sans déviation, 
je sui vérité sans déception, je sui vie sans définition. Mais aussi qu’il soit ainsi que char 
humaine soit terre, le saincte Escripture le nous afferme : « Formavit , inquit, Deus homi- 
nem, id est hominis camem, de limo terre. » Genes. 11° (2) . Vechi dont comment il appert 
que quant Jhesucrist fu nés de char humaine, lors vérité fu nee de terre. Et par ce fu 
verifiie le parole dessus proposée : • Veritas de terra », etc. 


Au jour de le Nativité 
De terre est nee Vérité 


Pour lequeile parole plus a plain dedairier, je prenderay trois considérations selonc 
lesquelles nostre sermon contenra trois parties. 

La prumiere sera : comment jadis Vérité fu créé et par Fausseté déboutée 

de la terre malditte 

Le seconde sera : comment depuis, en ceste journée, Vérité si fu nee 
de la terre benitte 

Le tierce sera : comment derechief Vérité est decachie et par Fausseté foulee, 
qui en la terre habite (4) . 


Première considération 

Or oés donques premièrement comment jadis Vérité fu créé et par Fausseté déboutée 
de la terre malditte. Certainement jadis, des le commenchement du monde, Vérité fu 
moult noblement de Dieu créé, et envoiie du ciel en terre. Et ce fu fait quant Dieux fourma 


(l) Jean xiv, 16. 

(,) Gen. ii, 7. 

(#) Lat. : Veritas de terra orta est. — Hodie, 
fratres carissimi, hodie unde exultant corda 
fidelium, evangelicus et propheticus sermo 
concordant; hodie nempe quia verbum caro 
factum est. Ideo veritas de terra orta est. Caro 
enim terra est, dicente Scriptura : Formavit 
Dominas vel creavit Deas Hominem, id est 
hominis carnem de limo terre. Gen., ii. Verbum 
autem veritas est illo teste que ait : Ego sum 
veritas. Joh. xiiii. Concordat itaque de verbo 
etemo Dei patris temporalia verba hum an*' 
vocis et de virtute eterna divine mentis vocalia 
verba evangelici et prophetici sermonis inter se 
consonant, sibique conveniunt quia quando 
Xpistus Jésus verbum filius Dei patris caro 
factus est ex utero Virginis Matris, id est 

Édith B RAYER. 


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quando ex ejus came homo factus est et de 
Virgine natus est. Tune veritas de terra orta 
est. Quod fuit verbum de verbo incamato olim 
prophetice propalatum, et hodie verbo evange- 
lico concordatum ac ideo vestre propositum 
caritati. 

(4> Lat. : Ad cujus verbi déclarationem et 
ad verbi incamati laudem et gloriam duo nobis 
sullopere summaque diligentia consideranda 
sunt. 

Primo quidem quali ter : 
ante verbum incamatum, veritas a terra expulsa 
est 

et orta est de terra falsitas. 

Secundo qualiter : 

per verbum incamatum, falsitas a terra repuisa 
est 

et orta est de terra veritas. 

32 


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250 


ÉDITH BRAYER 


Adam, nostre premier pere. Car pour le garder, il lui bailla Vérité, acompaignie de Pru¬ 
dence, de Justice, de Forche, de Attemprance, et de toutes aultres vertus. • F&erat enim 
Deus hominem rectum. » Ecclesiastes VII 0 

Mais Adam délaissa le conseil de Vérité et, par le pechiet de inobedience, se divisa 
de Dieu, qui est souveraine vérité et vraie bonté. Et ce fut fait par le conseil du dyable, 
qui est pere de toute fausseté, de tout barat, de toute menchoigne et de toute malice. 
Dicente Xpisto quod ipse in veritate non [fol. 15 v°] stetit et iterum quod ipse mendax 
reat ab inicio 

Helas! des lors Vérité fu par Fausseté déboutée de la terre malditte, c’est assavoir 
de la terre esperituele des cuers humains, qui fu de Dieu malditte, pour ce qu’elle se 
consenti plus tost au diable, son mortel anemi, que a Dieu, son souverain Seigneur. Et 
de ceste malédiction peut estre esperituelement entendue le parole qui fu ditte a Adam 
nostre premier pere : « Maledicta terra in opéré tuo spinas et tribulos germinabit tibi. » 
Gen. 111° (3) . « O terre malditte, qui, en lieu des bonnes plantes, engenres les malvaises 
espines i, et en lieu des vertus, engenres les vices! O misérables filz de Adam (4) , qui, 
de la terre de vos cuers, avés hors bouté Vérité, pour Fausseté logier! 

Mais se tu me demandes (6) quant fu ce que, par Fausseté, Vérité fu de terre bannie 
et hors boutee, je te respons : Ne sces tu pas que des lors que Adam pécha par inobe¬ 
dience, toute fausseté, tout pechiet et tout vice commencha a regner? Ne sces tu pas 
comment, des lors, Caym, par fausse envie tua Abel, son frere? Ne sces tu pas comment, 
après, Nembroch, par fausse tyrannie, opprima le povre peuple? Et briefment a parler. 


(1) Ecd. vii, 30. — Lat. : Ut ergo primant 
summamque veritatem dicamus originem ac 
ipsius ortum in terra dignissimum et altum 
exordium describamus, ipsa sane in prima 
hominis creatione de celo a regalibus sedibus 
venit, ipsa a Deo summo présidé ortum traxit 
et ab celesti throno ad terras usque descendit. 
Quando enim primus Adam a Deo créa tus est, 
tune veritas de celo orta est. Deus namque 
somme verus nequaquam hominem sine veri¬ 
tate creaverat, sed prout tanti opificis decebat 
opus ipsum veritate et prudentia eruditum et 
equitate et justicia revulgatum mansuetudine 
et temperantia preditum, fortitudine et cons- 
tantia roboratum, omni denique virtute ac 
gratia dotatum perfectumque condiderat. Fece - 
rat enim Deus hominem rectum. Eccs., vii. 

(2) Jean viii, 44. 

(3) Gen. iii, 18. 

(4) Lat. : Sed heu nobis miseris filiis Ade: 
Ipse qui pro se suisque posteris tôt et tanta a 
Deo bénéficia recepcrat, veritatem ipsam quam 
de celo accepcrat ceteraque dona perdidit 


quando a summo vero ac vero bono per malum 
inobedientie se divisit. Per ipsum ergo et ejus 
peccatum veritas a terra expulsa est et tune 
falsitas de terra orta est. 

(5) En marge : Questio. — Lat. : Ex tune, 
fratres carissimi, ex tune ve illi per quem 
tantum scandalum venit; ex time proch dolor 
humanum genus veritate miserabiliter multi- 
pliciterque depravatum in omne genus vieio- 
rum exarsit. Hinc Caym fratricidium perpé¬ 
tra vit, hinc Nembroth tvrannidem exercuit. 
Et ne per singula discurramus, hinc adeo crevit 
hominum malicia super terram, adeoque inun- 
davit diluvium viciorum, ut Deus summe 
misericors hominem se fecisse peniteret, totum- 
que genus humanum per diluvium aquarum 
deleret, exceptis admodum paucis quos in area 
Noe misericorditer réserva vit. Remansit enim 
solus Noe et qui cum eo erant in area, Gen. vii. 

(Suit un passage de 21 lignes sur les tenta¬ 
tives des patriarches pour chasser la fausseté 
et rétablir la vérité.) 

6 En marge : Responsio. 

jUTakH ilüxl 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


251 


tant régna fausse iniquité, que Dieu, qui tant est mise ri cors, ainsi comme repentans d’avoir 
fait créature humaine, pour le pugnir envoya son deluge sur terre, sicut plenius legitur , 
Gen. VII 0 c° 11 K Mais en especial (2) , entre les aultres faussetés qui regnoient au monde 
principalment regnoit le gr&nt fausseté et le fausse erreur de malvaise ydolatrie. Ne lisons, 
nous mie (3) que les Egipciens aouroient ung thorel, les Babilonyens, ung serpent; les 
aultres, le soleil, la lune, les estoilles; les aultres le fu; et les aultres, la terre? Et meisme- 
ment les Rommains, qui regnoient en tout le monde, aouroient innumerable multitude 
de dieux, de laquelle cose fist monseigneur saint Augustin le grant et notable livre qu’il 
appelle De civitate Dei. La recite il comment les Rommains creoient deux dieux, l’un 
qu’il appelloient dieu de fievre, l’aultre dieu d’infer, et aultres faulx dieux sans nombre. 
Et, qui est chose merveilleuse, ilz faisoient a leurs dieux sacrefices deshonnestes et disoient 
de eulx grans vilonnies et villains blasphémés, qui seroient honteuses a reciter, par les¬ 
quelles [fol. 16] il pooit apparoir que ce n’estoient pas vrais dieux, mais estoient fauls 
diables ou gens dampnés pour leurs iniquités. 

Je me tais des philosophes et des grans erreurs qu’ilz tenoient, car trop longue chose 
seroit a raconter. Je me tais aussi des Juys qui ja soit che qu’ilz aourassent tant seulement 
ung Dieu, de qui ilz avoient par son prophète Moyse, rechut le vraie loy, touteffois nous 
lisons que souvent ilz avoient esté ydolatres et en pluiseurs guises trespassoient le loy 
de Dieu et mal l’entendoient comme encores font. Et generalement. Fausseté regnoit 
tellement partout que nulz ne pooit venir a le glore du del jusques ad ce que nostre Sires 
Jhesucrist, nostre Sauveur, descendi en terre. Car c’est la souverainne Vérité qui seule¬ 
ment peut Fausseté destruire. Et pour ce, les sains patriarches et prophètes desiroient 
sa venue; dont en le personne d’eulx disoit le saint prophète \saie : t Rorate celi desuper 
et nubes pluant justum, aperiatur terra et germinet Salvatorem. » Y saie XLV° 

Et a tant je me passe de le première partie de nostre sermon, ou j’ay dit comment 
Vérité fu créé et par Fausseté déboutée de le terre malditte 5) . 

postes a terra expulsa est et orta est de terra 
falsitas. Et hec de consideratione prima; 
acquitur de secunda. 

A la suite, développement différent, dans le 
sermon latin : 

Libeat igitur considerare, fratres carissimi, 
quali ter per verbum incarnat um, falsitas a terra 
repuisa est et orta de terra veritas. Postquam 
enim verbum caro factum est, postquam 
Christus Dei Eli us qui etemaliter est verbum 
et veritas ac vers sapientia Dei patris, tempo- 
raliter de terra ortus est, id est de carne natus 
est, falsitas tenebre fugate sunt, et veritas 
lumen illuxit, sicut scriptum est : Populus 
gentium qui ambulabat in tenebris vidit lucem 
magnam... 

(J.-C. apporte la vérité aux idolâtres. Exem¬ 
ple : chute des idoles devant la sainte famille 

32. 


(1) Gen. vii, 4. 

(2) Lat. : Sed ut ceteros viciorum errores 
taceam, quid de novissimo errore ydolatrie 
dicturus sim qui, excepta Hebreorum gente 
que et ipsa ad omne malum et hoc ipsum ydola¬ 
trie malum pronissima semper fuit, omnes alias 
g entes sic nequiciter ac pertinaciter occupa vit, 
ut non solum fideles Dei, sed etiam gentiles 
philosophi hune enrorem irridere et reprehen- 
dere cogèrentur. 

Unde Anneus Seneca... (60 lignes d’exemples, 
tirés des auteurs de l’Antiquité, et de citations 
de s. Augustin.) 

(8) En marge : Nota. 

l4) Isaïe xlv, 8. 

Lat. : ... Ecce ergo quali ter, ante verbum 
incarnatum, veritas que primo de celo orta est. 


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252 


ÉDITH B RAYER 


Deuxième considération 

Et vieng a le seconde, ou je doy dire comment depuis, en ceste journée. Vérité si 
fu nee de la terre beneite. 

Pour quoy il est assavoir que, en ceste joumee, fu acomplie le parole de David le 
prophète : t Misericordia et Veritas obviaverunt sibi. » Ps. LXXXIII 0 (l) . t Miséricorde, 
dist il, et Vérité se sont entrecontrees. • Ce fu fait quant Miséricorde monta de terre 
ou ciel et ramena Vérité du ciel en terre. Et vechi comment. Quant Miséricorde eut piteu¬ 
sement considéré les grans mais dessus dis, qui jadis par Fausseté regnoient au monde, 
elle ne se peut plus contenir qu’elle ne alast quérir Vérité pour Fausseté destruire. Si vint 
devant le hault throne de Dieu le Pere, en luy disant par ceste maniéré (2) : 

«O! très douls Sires, très piteux, très misericors, Misere Humaine, qui est ma mère, 
m’envoie a toy, qui es mon père, pour toy présenter les orisons, les griefs souspirs et les 
piteuses larmes des sains patriarches et prophètes, qui ardamment désirent que Vérité 
descende en terre pour hors cachier Fausseté, qui tout Humain Lignage mainne a perdi- 
cion. Si te supplie humblement que par moy tu le veules briefment envoier [fol. 16 v°) 
car c’est bien raison que le monde qui par grâce a esté fourmés, par miséricorde soit 
reformés. » 

Lors Dieu le Pere, par le conseil de toute le saincte Trinité, envoya son propre Fil, 
nostre Sauveur Jhesucrist, lequel est vérité souveraine. Et ainsi Miséricorde amena du 
ciel Vérité, lequelle au jour d’uy fu nee de terre. 

Mais de quelle terre? 

Certainement de le terre benite, c’est assavoir de le Vierge Marie, de lequelle dist 
le prophète : « Benedixisti, Domine , terram tuam. » Ps. LXXXIX 

Et ceste benoite Vierge peut et doit estre a terre comparée pour trois conditions 
qui sont en lui trouvées. C’est assavoir pour son humilité, pour son estableté, pour sa 
fécondité. 

Pour son humilité, car si comme le terre est plus bas de tous les elemens, juxta 
illud : « Celum sursum et terra deorsum . » Proverb. XXV 0 (6) , aussi le Vierge glorieuse 
se reputa estre basse par humilité. Et comme elle fust eslevee sur toutes aultres pour 
estre mere de Dieu, touteffois elle ne se disoit fors humble et chamberiere. « Respexit, 
inquit 9 humilitatem ancille sue • Et iterum : « Eoce ancilla Domini . • Lace 1° c° l 7) . 

Secondement, elle est a terre comparée pour son estableté, car la terre est ferme 
et estable, juxta illud : • Terra autem in eternum stat . » Ecclesiastes 1° (t >. Samblablement 


fuyant vers l’Égypte. 11 détruit toutes les 
erreurs : Ego sum via, veritas et vita. 

Commentaire de Verbum consummatum et 
abbreviatum. J.-C. se répand dans tout le 
monde : apôtres, martyrs.) 

<*> Ps. Ixxxiii, 11. 

(1) En marge : Miséricorde dist a Dieu le 
Pere. 


(3) Ps. lxxxiv, 2. 

(4) En marge : Comment nostre Dame est 
comparée a le terre. 

(3 > Prov. xxv, 3. 

(3) Luc i, 48. 

(7) Luc i, 38. 

< 3 > Ecd. i, 4. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


253 


le Vierge Marie fu ferme et estable en 1a foy. Et quant tous les apostles, a l’eure de le 
passion, cancelerent et doubterent, elle demoura perseveramment, et point ne se mua. 
Ideo canit Ecclesia : « Gaude Maria Virgo , cunctas hereses sola interemisti in universo 
mundo • 


Tiercement, elle est a terre comparée pour sa fécondité, car la terre a le fécondité 
tant en arbres et en herbes, en metaulx et en pierres, comme aussi en diverses maniérés 
de bestes. Et meismement nostre premier pere Adam fu de terre fourmé, sicut hec omnia 
habentur, Gen. 1° (l) * * 4 . En après, les poetes des payens, qui mettoient pluralité des dieux, 
disoient que la terre estoit mere de tous les dieux et ainsi le nommoient. 

Pareillement, se nous considérons ceste glorieuse Vierge, nous trouverons qu’eile 
eut fécondité de toutes vertus, et que d'elle fu fourmé le second Adam, nostre Sauveur 
Jhesucrist. Et ne fu pas mere des faulx dieux, si comme les payens disoient de la terre, 
mais a esté mere [fol. 17] du vray Fil de Dieu, qui est vérité souveraine, et par qui les 
faulx dieux et fausse ydolatrie furent destruis et hors boutés du monde. 

Et en signe de ce, nous lisons es Histores ecclesiastiques que après ceste benoite 
nativité, quant nostre Sauveur Jhesucrist, pour le paour de Herode, fu portés en Egypte, 
en lequelle terre souverainement regnoit ydolatrie, a se venue, les ydoles qui la estoient 
es temples des payens, trébuchèrent et cheirent Et ce avoit esté par avant prophe- 
tisiet par le saint prophète Ysaie : « Ascendet , inquit , Dominas nubem levem , (id est car - 
nem assumet a peccato immunem ), et ingredietur Egyptum et movebuntur simulacra 
Egypti. » Ysaye XIX° Et non pas seulement les vrais prophètes des Juys, mais ossy 
les fauls prophètes des payens, ceste destruction des ydoles avoient dit et tesmoingniet, 
si comme Hermes Mercurius Trimegistus, ut palet in dyalogo suo ad Asclepium 9 sicut 
in libro de Civitate Dei allegat A ug us tin us . 

Et a tant je me passe de le seconde partie de nostre sermon ou j’ay dit comment, 
en ceste journée. Vérité si fu nee de le terre benite. 


Troisième considération 


Si vieng a le tierce partie, ou je doy dire comment derechief Vérités est decachie 
et par Fausseté foulee, qui en la tiere habite. 

Helas! Et comment porray je dire ne reciter les diverses manières par lesquelles, 
ou malvais tampz qui queurt (i) . Vérité est decachie et par Fausseté foulee? — Certes, 


(l) Office B.M.V., Matines, 2* nocturne. 

<•) Gen. ii, 7. 

( *> La chute des idoles, au passage de la sainte 
Famille, est souvent représentée dans l’icono¬ 
graphie médiévale, notamment dans les minia¬ 
tures des Livres d’heures, à l’office des Vêpres. 

(4) Isaïe xix, 1. 

(*) S. Augustin, De Civitate Dei , vu, 23. 

,f) Lat. : N une tamen prochdolor hiis 
novissimis temporibus, hiis diehus malis, 
falsitas adhuc veritatem crudeliter persequitur. 
Veritas quoque non minus nunc quam unquam 


a ministris falsitatis, timoris stimulis, dolorum 
tormentis, laborum molestiis, persecutionum 
periculis infestâtur. O quam multa hic dicenda 
essent, si temporis pateretur angustia! 

Quis enim non videat hodie veritatem a falsi- 
tate deprimi, bonos a malis, virtuosos a vicio- 
sois, sapientes et litteratos ab ignorantibus et 
insciis conculcari. Nec hoc minus damnabiliter 
imoque damnabilius quam ante incarnationem 
verbi quanto minus longeque minus malura est, 
veritatem non agnoscere quam agnitam relin - 
quere, relictam contemnere, contemptam odire. 


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254 


ÉDITH BRAYER 


je ne porroie; car en toutes terres, en tous pays, en toutes gens, et en tous estas. Fausseté 
régné et Vérité est serve et subgette. Unde , juxta dictum Prophète : « Veritas corruit in 
plateis . » Ysaie LIX° (1) . Mais en especial, et pour cause de briefté, je veul seulement 
parler d’une maniéré de fausseté qui au jour d’uy régné es cours des roys et des prinches. 
C’est assavoir des fausses alianches (2) qui sont entre les malvais barreteurs, par lesquelles 
les grans seigneurs, aulcune fois sont decheus et telement aveulés que a paines peuent 
il avoir congnissance de vérité. 

Et ad ce propos (3) , je veul appliquier un exemple, par maniéré de parabole. 

Il advint que ung boin homme portoit un aignel au marchiet; si le vit ung grant 
barreteur plain de mal vais malice et appella ses compaignons [fol. 17 v°] qui a mal faire 
estoient d’une alianche, et leur dist par ceste maniéré : « J’ay advisé, dist il, se vous volés, 
comment nous arons le aignel de ce bon homme, car nous lui ferons acroire de son aignel 
que c’est ung leu. Et vechi comment : nous nous départirons en divers lieux, et par les 
voies ou il passera, chascun de nous, l’un après l’autre, lui demandera ou il porte ce leu 
et s’il le veult vendre. » 

Briefment, ainsi fu fait comme le barreteur eut dit. Lors le boin homme, ne au pre¬ 
mier, ne au second, ne au tierc, ne adjousta point de foy, ne, pour leur parole, de son 
propos ne se mua; mais quant .X. ou .XII. lui eurent pareillement tesmoingniet, pour 
le multitude des tesmoings, il, qui ne sçavoit point leur fausse alianche ne leur male barre- 
terie, commencha a croire de son aignel que c’estoit un leu, et, par se foie simplesce, 
crut plus ad ce qu’il ooit que ad ce qu’il veoit. Si mist jus son aignel, et comme se ce fust 
ung leu, par grant despit, il le getta a terre, et ainsi le eurent les barreteurs, et le boin 
homme s’en retourna confus. 

0 Dieux! ou va ceste parabole (4) , ne a qui porrons nous applicquier cest exemple? 

Certainement nous poons le boin homme qui portoit l’aignel comparer a le per¬ 
sonne d’un roy ou d’un prinche, qui de soy est douls et piteux, gracieux et bénignes, 
et a le cuer enclin a bien et a vérité; mais aulcunes fois les mal vais barreteurs, dont il 
est avironnés, par leurs fausses alianches, pervertissent son jugement et lui font acroire 
d’un aignel, que c’est un leu; de vérité (5) , que c’est fausseté; de bien, que c’est mal; de 
vertu, que c’est vice. Car ce que l’un dist, l’aultre afferme; ce que l’un afferme, l’aultre 
jure; ce que l’un jure, l’aultre conferme; et ce que l’un conferme, l’aultre loe et appreuve. 
Et s’il estoit aulcuns qui ne fust pas de l’alianche et desist le contraire, il seroit despités 
et vil tenus, ou espoir seroit blasmés et diffamés, affin que le prinche ne adjoustast foy 
a son dit ne a sa parole. Helas! par telles fausses alianches, trop de mais sont fais, qui 
sont contraires a l’onneur du prinche, et au pourfit de la chose publicque. Et entre les 
aultres inaulx innumerables, par telles alianches, les boins et vaillans hommes sont reculés 
et desprisiés; [fol. 18] et les aultres, mains souffissans, ou souventeffois insufficiens et 
indignes, sont avanchiés et eslevés es grans honneurs et as grans offices, tant en l’estât 
d’eglise comme en l’estât du siecle. Par tels alianches (6) , voit on souvent que de ung, 


(1) Isaïe lix, 14. 

(2) En marge : Nota des foies alianches. 

8 En marge : Exemplum. 


4) En marge : Exposicion dudit exemple. 
151 En marge : Nota. 

En marge : Nota. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


255 


pau sage, on fait ung grant Salemon, ung grant conseilleur et ung grant juge; o Dieu, 
quel folie! 

Briefment a parler, trop d’aultres grans maulx viennent de telz fausses aliances, 
qui trop longs seroient a raconter. Et ossy ce sont choses plaines de doeil et de tristresce, 
qui ne sont pas dignes d’estre redtees en ce saint jour et benoit, qui est jour de liesce 
et de joie 1J . Mais tant puis je bien dire que mieulx vaulroit a ung roy ou a un prince 
bien congnoistre telz fausses alianches, et bien pourveoir contre les grans malices, 
que de acquérir un grant trésor, ou conquester un grant royalme. 

Et se tu demandes (3) comment porra ce faire un roy ou un prinche, qui est de 
jone eagc, et qui n’a pas expérience de si grant malice ne de si male barreterie, je res- 
pons 4 que premièrement a cellui est singulièrement neccessaire le grâce divine, pour 
lui enluminer, enscignier et aprendre. Après, lui est neccessité qu’il retraye son cuer 
des legieres et volages pensees de jonesse, et que il s’applicque diligamment a penser 
au gouvernement de son peuple. Après, qu’il soit diligens de congnoistre les bons des 
malvais, et qu’il soit, as boins, privés, et as malvais, estranges. Et par especial, qu’il soit 
estranges as malvais et desloiaux barreteurs quant il apperchevera que ilz diront fausseté; 
et qu’il soit privés as boins et loyauls conseilleurs qui lui diront vérité. 

0 que c’est grant et noble trésor a ung roy ou a un prinche, de avoir près de lui 
personne véritable! Car, si comme dist Senecques les seigneurs qui ont les grans posses¬ 
sions et quil samblent avoir de tous biens habondance, ont communément d’un grant 
bien deflaulte, c’cst assavoir de personne qui vérité leur die. t Monstrabo , inquit , tibi quid 
omnia possidentibus desit , scilicet qui dicat verum ». Et ad ce propos, il recite comment 
Augustus César, qui estoit empereur de Romme, ou tampz de le nativité nostre Seigneur 
Jhesucrist, quant il oy les grans mais que fais avoit Claudia, se fille, asquels il ne pooit 
mettre remede [fol. 18 v°] lors en souspirant il regreta ung sien loyal conseillier qui ot nom 
Mecenas. « Helas! dist il, se Mecenas fust en vie, il ne m’euist ceste chose celee. — Si Mece - 
nas 9 inquit , vixisset , illud michi non tacuisset » 

Le roy, donques, doit amer Vérité, et cellui par qui elle est ditte et manifestée. Car, 
si comme dist le sage roy Salemon, c’est celle qui, aveuc Miséricorde, le roy deffent et garde. 
« Misericordia , inquit , et veritas custodiunt regem. » Proverb. 11° (7) . Et par especial. 


(1) Lat. : Sed omittamus ista, lacrimosam 
quoque querimoniam relinquamus. Eant res 
mundane. Eant vc mundo a scandalis ejus. 
Eant quo que cas traxerit impetus. Nos vero ad 
gaudiosam hodieme festivitatis leticiam rever- 
tamur. Gaudeamus quia verbum caro factum 
est; letemur quia veritas de terra orta est. 
Quam nobis terrenis ac camalibus spiritualiter 
querere, quesitam invenire, inventam amare, 
eique semper adherere concédât, ipse qui 
verbum et veritas est Dei patris, qui hodie natus 
est in terra ex utero Virginis matris et nunc in 
celis vivit et régnât in secula seculorum. Amen. 


Explicit sermo factus per reverendum in 
Christo patrem Dominum Petrum de Aillyaco 
sacre théologie doctorem Cameracensem epis- 
copum de Nativitate Dornini. 

121 « Et bien pourveoir » : mots répétés 
deux fois. 

(3) En marge : Questio. 

(4) En marge : Responsio. 

(6) En marge : Senecque. 

(6) Sénèque, De Beneficiis, VI, xxxii, 2 : 
• Horum mihi nihil accidisset si aut Agrippa 
aut Maecenas vixissent ». 

C7 > Prov. xx, 28. 


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256 


ÉDITH BRAYER 


sur tous aultres, Vérité doit estre gardienne du noble roy de Franche. Pour ce est elle 
comparée a le fleur de lis qu’il porte en ses armes. Car, si comme dist saint Bernard, 
« Vérité est la bonne fleur de lis, resplendissant en couleur et excellent en oudeur. — 
Bonum , inquit , lilium veritas , candore conspicuum, odore precipuum. » 

Or prions que vérité, la noble fleur de lis, soit ou cuer de nostre roy esperituelment 
plantée et fermement enrachinee, et pareillement de tous prinches. Siques, par tout leur 
royalme et seignourie, se belle couleur soit veue et sa douce oudeur soit sentue. Quod ipse 
prestarc dignetur, qui vivit et régnât per omnia secula seculorum. Amen . 












. ' U -T~ Petrus de Ailliaco. 











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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


257 



S’ENSIEUT UN SERMON DEVOT DE LE NATIVITÉ 
NOSTRE SEIGNEUR JHESUCRIST 


« Verbum caro factum est •. Johannis, 1° c° et in ewangelio hodierno l,) . 

Pour impetrer le grâce du benoit Fil de Dieu, qui, au jour d’uy, fu nés en terre, nous 
saluerons dévotement se glorieuse mere, qui est de grâce tresoriere, en disant : Ave Maria . 
Verbum caro . 

Ceste parole est escripte en le euvangile saint Jehan, qui en ceste solennité a esté 
recitee, et peut ensi estre exposee en nostre commun langage : 

Le Fil Dieu par sa carité 
A pris camele humanité. 

ou ainsy : 

Le Fil Dieu aveuc Deité 
A pris nostre fragilité. 

ou ainsy : 

Le Filz Dieu fu fais homs en terre 
Pour finer l’anchienne guerre. 


Pour laquelle briefment applicquier au propos de ceste glorieuse nativité, et pour 
aucunnement declairier le très grant et très hault mistere de ceste merveilleuse incarnation 
du benoit Fil de Dieu, qui au jour d’uy fu nés en terre, il est assavoir que, avant le nativité 
nostre Seigneur Jhesucrist, entre Dieu le Pere et Créature Humaine avoit grant guerre et 
grant discorde. Et de ce avoit esté cause le grant pechiet et grant offense des premiers 
parens, et de tout l’umain lignage; car par leur inobedience, ilz avoient commis contre leur 
souverain Seigneur criesme de lese majesté. Et pour ce, avoit Dieu le Pere raisonnable ire 
et juste indignation contre toute la succession de leur lignie. « Propter hoc enim, sicut ait 
apostolus, omnes natura sumus filii ire. » Ephesios 11° 

Helas! moult estoit ceste guerre cruele et ceste discorde périlleuse, car elle avoit par 
très long tamps duré, et ja persévéré plus que par l’espace de .V. mil ans. Et [fol. 28 v°] 
touteffois prophète ne patriarche ne créature pure en ciel ne en terre n’avoit peu trouver 
voye ne maniéré de réconciliation jusques a ce que vint le tamps de grâce ou quel Dieu le 
Pere, pour traitier de nostre rédemption, envoya son propre Fil du ciel en terre, et ordonna 
ou grant secret de sa divinité et par le secret conseil de toute le saincte Trinité (4) que son 


W FoL 28. 

(2) Jean, l, 14. 

(8) Ephes., n, 3. 

Édit h B RATER. 


(4) Pour le « Secret conseil de Dieu » et pour 
le discours de Miséricorde, comparer le présent 
texte avec l’autre sermon de Noël : Veritas, 
ci-dessus, p. 108. 

33 


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258 


ÉDITH BRAYER 


Fil prist char humaine en le V ierge Marie, affin que il, qui estoit vrais Dieux, fust ensamble 
vrais homs pour plus convenablement moyenner entre Dieu et homme et pour reconcilier 
au Créateur sa créature. Ideo dicit apostolus : • Cum venit plenitudo temporis misit Deus 
Filium suum natum de muliere. » Galatas ////° W. 

Vechi donques le très grant secret et divine incarnation. Vechi le très secret conseil 
de nostre rédemption, lequel nous a révélé l’especial secrétaire saint Jehan euvangeliste, 
en disant la parole que j’ay dessus proposée s « Verbum caro factum est ». C’est a dire : 

Le Fil Dieu par sa carité 
A pris carnele humanité. 

Mais pour plus a plain poursieuir ceste matere ou parole qui en bries mos contient 
très grant sentence, il est assavoir que non obstant que le grant secret du mistere de ceste 
incarnation et le secret conseil de le manière de nostre rédemption ne puist parfaittement 
entendement humain comprendre, raison naturele jugier, bouche dire, ne langue raconter, 
touteffois, par ce que la foy nous apprent et rEscripture nous enseigne, nous poons bien 
considérer que a ce secret et a ce conseil traitier furent pris ou del quatre grans secrétaires 
et secrés conseilliers, c’est assavoir Miséricorde, Vérité, Justice et Paix, car ilz avoicnt esté 
bannis et hors boutés par le pechiet du premier homme, et pour ce estoient ou ciel retrais 
et assamblés en le compagnie de Dieu, et la estoient retenus du grant secret de sa 1res 
noble court royal et de son estroit conseil. 

La estoit Miséricorde pour supplier piteusement 

La estoit Vérité pour infourmer véritablement 

La estoit Justice pour sentencier raisonnablement 

La estoit Paix pour acorder aimablement. 

La faisoit Miséricorde piteable supplication 
La proposoit Vérité véritable information [fol. 29] 

La sentencioit Justice raisonnable conclusion 
La acordoit Paix amiable composition. 

Et pour ce fu faitte entre eulx parfaitte alianche et pardurable confédération, et lor * 
fu acomplie le parole du saint prophète David : t Misericordia et Veritas obviaverunt sibi ; 
Justicia et Pax osculate sunt • (2) . C’est a dire: Miséricorde et Vérité se sont entrecontrees; 
Justice et Paix se sont entrebaisies. Et par ceste alianche fu verifiie le parole que j’ay dessus 
proposée : Verbum caro 9 etc . Le Fil Dieu, etc. 

Première conseillère : miséricorde 

J’ay donques dit premièrement que au secré et au conseil de Dieu le Pere estoit 
Miséricorde pour supplier piteusement; et la faisoit elle pitoyable supplication en disant 
en ceste maniéré (#) : 

t 0! très douls et très gracieux, très piteux et très amoureux juges, j’ay oy a le porte 
du ciel un message qui vient de terre pour denonchier le grant misère de Créature Humaine, 

(1) Galat., rv, 4. (8 ’ En marge : Miséricorde. 

,r Ps. lxxxiv, 11. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


259 


c’est Devote Oroison, qui vient par les sains prophètes attendans la venue et desirans le 
nativité de ton Fil pour avoir par lui grâce et remission. Sy ay a ce message ouvert la porte, 
car moult fort y hurtoit par souspirs de dévotion et moult hault crioit par gemissemens et 
cris de tribulation, et moult doulcement m’appelloit par piteux amonnestemens et humbles 
désirs de ardant affection. Et pour ce, je te suppli que a ce message veules faire gracieuse 
response, et ne ayes plus ire ne indignation contre Humain Lignage, mais ayes pité et 
compassion de ta créature qui tant est misérable. Et ad ce te doit encliner ma priere et 
supplication plus que nulle aultre chose, car tu m’as promis, et ce tesmoingne le prophète, 
que quant tu seras irés ou courouchiés, tu te recorderas et ramembreras de miséricorde, 
et par moy te appaiseras de ton yre. » Abacuc III 0 : « Cum f inquit , irai us fueris, misericordie 
recordaberis » (1) . 


Seconde conseillère : vérité 

0 

J’ay dit secondement que ou secret et au conseil de Dieu le Pere es toit Vérité, pour 
infourmer véritablement; et la proposoit véritable information en disant ensy (2) : 

« Sire, je propose que, saulve le reverence de Miséricorde, Humaine Créature ne doit 
en toy trouver grâce ne en ta court faveur aucune. Car je sçay par information véritable, 
et de ce puis faire relation certaine, que contre toy [fol. 29 v°] et ta court elle a fait et commis 
villain oultrage, oultrageuse injure et injurieuse offense. Et vechi comment, car tu l’avoies 
créé a ton ymage et fait a ta sambiance. Tu l’avoies doé des biens de fortune, de nature et 
de grâce. Tu lui a voies donné la compaignie et le sauvegarde de tes quatre secrétaires et 
secrés conseilliers pour lui faire confort, conseil et ayde. Tu lui avoies bailliet Miséricorde 
pour le garder. Vérité pour le enseignier. Justice pour le gouverner, et Paix pour le conforter. 
Et touteffois elle a deguerpy le garde de Miséricorde, l’enseignement de Vérité, le gouverne* 
ment de Justice et le confort de Paix; car très cmelement, très faussement, injustement et 
hayneusement, elle a pris guerre et discorde contre son droiturier et vray seigneur, quant 
elle desobey a son créateur, et consenti a son adversaire, en despitant le vray commande¬ 
ment de Dieu et en créant le faulx conseil du diable. Mais par especial je me doy de lui 
plaindre, car depuis le commenchement de ceste guerre et de ceste discorde tousjours a 
Humain Lignage amé menchoingne et hay vérité, et par fausseté moy et les miens persécutés. 
Pour moy fu Joseph emprisonnés, Moyses accusés, Jheremies lapidés, Daniel condampnés; 
et briefment tousjours ont esté et seront les bons par les mauvais pour moy persécutés. Et 
certainement, se tu envoies ton Fil du ciel en terre, il sera pour moy hays et despités, trahys 
et tourmentés, pendus en croix et mis a mort par Créature Humaine. Et pour ce, je dy et 
propose que tu ne lui dois grâces faire, mais doit Miséricorde cesser de sa supplication et 
requeste. Et s’elle voloit plus avant procéder en ceste cause, se doy je avoir sur elle victore, 
car tu as dit en ta saincte Escripture que Vérités vaint sur toutes choses ». Unde scriptum 
est : « Super omnia vincit Veritas ». 


(1) Habacuc, m, 2. 


(l) En marge : Vérité. 

33 . 


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ÉDITH B RAYER 


Troisième conseillère : justice 


J’ay dit tiercement que au conseil et au secré de Dieu le Pere estoit Justice pour 
sentencier raisonnablement; et la sentencioit elle raisonnable conclusion, en disant par 
ceste maniéré O) : 

« O très juste et très véritable juge, considéré ce que Vérités propose. Selon se vraye 
infourmation et certaine rela- [fol. 30]-tion, je donne juste sentence et conclus par droit et 
par raison que non obstant la requeste de Miséricorde, Créature Humaine est indigne 
d’avoir de toy grâce et remission. Et par especial, elle ne peut estre digne de si grant grâce 
que ton benoit Fil descende du ciel en terre, et que sa royal magesté prende camele fragilité 
pour raccater Humain Lignage, et vechy pour quoy. 

Car selon droit et raison, le vassal qui tient aulcun fief de son seigneur, en foy et en 
hommage, se par ingratitude il fait offense et injure contre sa magesté, ou fausseté et trayson 
contre sa seignourie, il doit estre griefment pugnis, et de son fief privés. 

Or est il ainsi que Créature Humaine n’a riens qu’elle ne tiengne de Dieu, son souverain 
Seigneur, en foy et en hommage. Et touteffois, comme dit est, elle n’a, a sa magesté, ne bien 
ne loyalment servy; ains a, contre sa seignourie, faussement et trayteusement desobey. 
Pour quoy je conclus que, par ceste ingratitude, elle n’est digne d’avoir grâce, niais doit 
estre griefment pugnie et de tous biens privée. Et a ceste sentence et conclusion de Justice, 
tu te dois encliner et aveuc moy sentencier. Car le prophète dist, et ta saincte Escripture 
afferme, que tu aymes justice et hes iniquité; et que tu jugeras ta terre par justice, et ton 
peuple par équité •. Scriptum est enim : « Dilexisti justiciam et odisti iniquitatem • (2) . 
Et iterum : « Judicabis orbem terre in justicia et populos in equitate » 


Quatrième conseillère : paix 

, 

J’ay dit quartement et finalement que au secré et au conseil de Dieu le Pere estoit 
Paix pour acorder aimablement; et la acordoit elle amiable composition en disant ensy 4 : 

«Sire, j’ay bien oy la controversie et altercation qui est entre Miséricorde, Vérité et 
Justice. Car Miséricorde supporte et aide Humaine Créature, mais Vérité l’accuse, et 
Justice condampne. Et certes, non obstant que j’aye alianche a Justice, et grant amour a 
Vérité, sa compaigne, touteffoiz je veul avoir faveur a Miséricorde. Et pour faveur des 
parties, je veul amiablement condescendre en boin traitié de paix. Et ossy je croy fermement 
que, non obstant tout ce que les parties ont dit et proposet, elles sont enclines a tout boin 
[fol. 30 v°] traitiet. Et pour ce, Sire, par le auctorité de ta benigne volenté, et soubz le 
correction de ta digne sapience, je traiteray de concorde, non pas selonc righeur de droit, 
mais par amiable composition. 

c Et vechi le fourme et maniéré du traitié. Car je dy premièrement que Miséricorde ne 
doit pas tant supporter ne excuser Créature Humaine, qu’elle ne veule que pour son pechiet 
et pour son offense, elle ne soit aucunnement pugnie. Je dy aussi que selonc ce que Vérité 

(1) En marge : Justice. (8) Ps. ix, 9. 

Ps. XL1V, 8 . <4) En marge : Paix. 


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261 


0 

propose et Justice conclud, Créature Humaine, par ces mérités, ne peut estre digne de grâce, 
mais par ses démérites est digne de grief paine. Et touttefois ce non obstant, Vérité et 
Justice ne doivent point voloir que le benigne Créateur laisse du tout périr sa misérable 
créature. Je dy donques, en acordant ensamble Miséricorde, Vérité et Justice et en moyen¬ 
nant entre elles par amiable composition, que Créature Humaine sera pour son pechiet 
pugnie non pas selonc la righeur de Justice, mais selon la doucheur de Miséricorde; et 
par ce moyen, elle ara concorde aveuc Dieu le Pere en lui faisant, pour son offense, raison¬ 
nable amende. Mais je dy oultre que ceste amende ne peut souffissamment faire pure créa¬ 
ture, car elle n’est pas a ce digne. Pour quoy je conclus qu’il est chose convenable de envoier 
ton Fil en terre pour amender l’ofifense de Créature Humaine, car il seulement sera propice 
moien pour traitier et acorder entre Dieu et homme ». Dicente apostolo : « Unus est mediator 
Dei et homini, tiomo Xpistus Jhesus » 

Vechi donques le boin acord, vechi le boin traitié de paix. A ce traitiet s’accorda Dieu 
le Pere. A cest acord se consenti tout le conseil de paradis, et de commun consentement, 
tout ce fu confermé par sentence diffinitive. Et pour plus grant approbation de cest acord, 
sur ce fu faitte chartre et lettre autentique contenant ceste fourme : 

A tous ceuls qui ces présentes lettres verront ou orront, de par Dieu le Pere, salut! 

Sachent tout que sur le fait de la guerre et dissencion qui long tamps a duré entre 
nous et Créature Humaine, devant nous, en nostre court royal et en nostre secret conseil, 
a esté proposé grande controverse et altercation. Mais sur ce nous avons oy et considéré 
le boin traitiet de [fol. 31] Paix, nostre amé et féal secrétaire et secret conseillier, qui pour 
Miséricorde, Vérité et Justice ensamble acorder, a fait et traitiet en ceste cause très douce 
et amyable composition, laquelle nous avons acordee et du consentement de toute le saincte 
Trinité le avons par sentence difîwitive confermee, et du tout en tout approuvé sans nulle 
exception. Pour quoy nous certebons a tous, par ces présentes, que moyennant le dit traitiet, 
et en nous faisant l’amende ordonnée et taxee par le composition dessus ditte, Humaine 
Créature ara a nous paix et concorde. Et encore de grâce especiale avons volu et ordonné 
que pour acomplir ce traitiet et pour paier le ditte amende, nostre benoit Fil descende du 
ciel en terre et prende char humaine de le Vierge Marie. 

Et en tesmoing de ce, volons ossy et ordonnons que ces présentes lettres soient 
escriptes de le main du Saint Esperit, ou parquemin de le saincte char Jhesucrist, du ver¬ 
millon de son précieux sang; et qu’elles soient signées et seellees du signe de le croix, qui 
est le seel et le signe secret dont nous usons es lettres de grâce et de remission. 

Donné en nostre palays du ciel, ou secret de nostre grant conseil, le premier an de 
grâce, le jour de l’incarnation. 

Vechi donques la lettre du traitié; vechi le mandement de Dieu le Pere, fait pour 
notre rédemption. A ceste lettre et a ce mandement, très douchement se consenti et très 
humblement obey le benoit Fil de Dieu. Car lors, tantost et sans delay, il appella son angele 
Gabriel et en ûst son message : € Va, dist-il, en le cité de Nazareth, a le Vierge Marie, espeuse 
de Joseph, et anonche le joie use nouvelle de ma bien venue >. Et lors, a paines fu fait le 
voyage, ne la parole ditte, que sans demeure il descendi du ciel en terre et sailli du hault 

(1) I Timoth., il, 5. 


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ÉDITH BRAYER 


throsne de la dextre de Dieu le Pere cha jus en bas ou ventre de sa Vierge Mere. Lors vint il, 
par le sentier de carité, ou manoir de virginité, aouraé de humilité, et la prist nostre huma¬ 
nité. Et adont fu acomplie le parole que j’ay dessus proposée : « Verbum caro factum est ». 

Le Fil de Dieu par carité 
A pris carnele humanité. 

Lors fu ou ciel grant joie demenee, et après en se Nativité [fol. 31 v°] fu par les angles 
en terre paix et concorde publiée et denonchie as hommes de boine volenté. Unde in nativir 
tate Xpisti cantabant angeli : « Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone 
voluntatis. » Luce 11° (1) . 

O! tu quiconques es roy ou prinche de terre. O! tu quiconques as royamme ou sei- 
gnourie, preng exemple au souverain Seigneur du monde, preng exemple au roy souverain 
du royalme du ciel, et ayes comme lui en ton secret conseil les secrétaires dessus dis. Ayes 
Miséricorde, Vérité et Justice et Paix, et garde bien que ces quatre consilliers ne soient 
de ta court bannis et hors boutés. Carde bien que Miséricorde ne soit bannie et hors boutee 
par cruaulté et par oppression; Vérité, par menchoingne et par déception; Justice, par 
avarice et par ambition; et Paix, par discorde et par dissention. Et par especial, croy le 
conseil de Paix et hes guerre et discorde. Car pour guerre appaisier et paix traitier, le Roy 
des roys s’est tant volut humilier qu’il est descendus du ciel et a huy esté nés en terre, et 
a fait par ses angles la paix crier et as hommes publier a son joieux advenement. 

Laquelle paix nous veulle donner et ottroier ille qui est benedictus in secula seculorum 

P. de Ailliaco. 


Luc, il, 14. 


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% 


SERMON DE LE CIRCONCISION NOSTRE SEIGNEUR JHESUCRIST 

« Apparuit 1} gratia Salvatoris nostri Dei. » Ad Titum II°c° 9 et in epistola hodiema 

Ceste parole est ditte de monseigneur saint Pol i’apostle et escripte en l’epistle (fui 
au jour d’uy a esté recitee, lequelle peut estre exposee en ceste maniéré : 

Le grâce de Dieu, no Sauvour, 

Nous est apparue a ce jour. 

Pour laquelle parole appliquier a nostre propos, et pour moustrer le grâce Dieu, 
nostre Sauveur, qui nous est apparue au jour de ceste benoite circoncision, dont nous 
faisons huy feste et solennité, je veul briefment trois choses declairier. 

[fol. 38 v°.] 

Premiers, comment Grâce fu jadis 
Hors du monde boutee 
Et par pechiet perdue. 

Secondement, comment Grâce est depuis : 

Au monde retoumee 
Et du ciel descendue. 

Tiercement, comment Grâce est au jour d’uy 
Au monde demoustree 
Et a nous apparue. 

Première considération 

J’ay donques dit, premièrement, que Grâce fu jadis : 

Hors du monde boutee 
Et par pechiet perdue. 

Et ce fu fait quant les premiers parens de tout humain lignage perdirent grâce par 
leur ingratitude. Car Dieu les avoit doés, non pas seulement de dons de nature, mais aussi 
très larguement des biens de grâce. Et pour ce, ilz dévoient a Dieu, comme a leur souverain 
Seigneur, foy et hommage, service et obéissance. Mais par leur inobedience, ilz firent 
offense et injure contre se royal majesté et souveraine seignourie, en despitant le bon 
commandement de Dieu et en consentant au mal conseil du diable. Pour quoy, selonc droit 
et raison, par ceste ingratitude, ilz furent de Dieu pugnis et de ses biens privés. Mais espe- 

FoL 38. minuit, à Noël. Pour le prothème, voir plus 

(t) Tit., il, 11. L’épître de la fête de la Cir- loin Tintroduction de la deuxième partie et la 
concision est la même que celle de la Messe de note 2, p. 122. 



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ÉDITH B RAYER 


cialment en ce furent ilz de lui pugnis plus griefment, que, pour le juste indignation de 
son ire, ilz perdirent la douche consolation de sa grâce. Vechi donques comment. 

Grâce et Ingratitude, des le commenchement du siecle, furent ensamble repugnans et 
contraires. Vechi comment. Par le vilain pechiet de ingratitude. Grâce fu jadis perdue et 
de ce monde hors boutee. O! com chi eut merveilleux dommage et misérable perte! Hel&s! 
si comme nous enseigne le divine Escripture, et aussi nous tesmoingne manifeste expérience 
de la misere humaine, le grant perte de ceste grâce et le grant dommage de ceste perte ne 
sentirent pas seulement nos premiers parens, mais aussi le sentent naturelement tous les 
enfans de leur succession et humaine lignie. Hinc est illud apostoli : a Omnes natura 
sumus filii ire ». Ephesios 11° (1) . 


Deuxième considération 

J’ay dit secondement que après ce, quant Grâce fu ainsi jadis du monde hors boutee 
et par pechiet perdue, elle est depuis : 

Au monde retoumee 
Et du ciel descendue. 

[fol. 39] Et ce fu fait en l’an de grâce, au jour de l’incarnation nostre Seigneur Jhesucrist. 

Car lors le divine miséricorde envoia se benigne grâce du ciel en terre pour nostre sauve- 

ment. « Quia , ut apostolus ait , secundum suam misericordiam, salvos nos fecit .» Titum y 

///o (2). 

Or oés donques comment Miséricorde fist a Dieu supplication pour nous envoier 
grâce (s) : 

« O! dist elle, très doulz et gracieux, très piteux et misericors, j’ay ja long tampz 
considéré le grant misere de Créature Humaine. J’ay piecha oy, a le porte du ciel, un 
message qui vient de terre, c’est Devote Espérance, qui vient de par les sains prophètes 
attendans ta venue, et desirans ta grâce. Sy n’ay plus volu tarder de lui ouvrir la porte, car 
moult fort hurtoit par pleurs et souspirs de dévotion, et moult hault crioit par gemissemens 
et cris de tribulation. Et moult douchement m’appelloit par piteux amonnestemens et 
humbles désirs de ardant affection. Et pour ce, je te supplie que a ce message tu veules 
faire gracieuse response, et te plaise par te bénignité a li ottrier grâce, délaissant la très 
grant ire que tu as si longuement eu contre Humain Lignage. Car il est tampz que tu, qui 
es sur tous misericors, ayes pité de ta créature qui tant est misérable. » Quoniam, teste 
propheta : « Venit tempus miserendi ejus » (4) . 

Vechi donques comment, par le supplication de Miséricorde, Grâce est au monde 
retournée. Vechi comment elle est descendue du ciel en terre, et vint aveuc le benoit Fil de 


Cl) Ephes., il, 3. 

(i) Tit., III, 5. 

(,) En marge : Comment Miséricorde prie a 


Dieu le Pere. — Comparer le présent passage 
avec le discours de Miséricorde du sermon pré- 
cèdent, ci-dessus, p. 114. 

(4) Ps. a, 14. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 265 

Dieu, quant il prist char humaine en se Vierge Mere. Ideo dicit apostolus quod « Cum venit 
plenitudo temporis, misit Deus Filium », etc. Galatas III1 0 (1) . 

Troisième considération 

J’ay dit tiercement que après ce que Grâce fu au monde retoumee, et du ciel descendue, 
elle est au jour d’uy : 

Au monde demoustree 
Et a nous apparue. 

Et ce fu fait quant nostre Sauveur, par se benigne grâce, rechupt le sacrement de circon¬ 
cision, ou quel lui fu imposé nouvel nom, et fu nommés Jhesus, car ce nom vault autant 
comme Sauveur. Et pour ce lors fu demoustree le grâce de nostre salvation. 

Et supposé que ceste grâce ait esté par avant aulcunnement manifestée, touteffois 
elle est au jour d’uy plus notoirement apparue quant le benoit Fil de Dieu a volu publi- 
[fol. 39 v°]-quement par les hommes estre nommés Jhesus, et appellés Sauveur. Car par ce, 
il nous a demoustré qu’il n’est nul aultre nom ou nous puissons trouver le grâce de nostre 
sauvement. Dicente Scriptura : « Non est aliud nomen sub celo datum hominibus in quo 
oporteat nos salvos fier «, ». Actuum IIIT 0 c° (2Î . 

Vechy donques comment Grâce est, au jour d’uy au monde demoustree. Vechi 
comment elle est as hommes apparue. Car, a ce jour, Cellui, qui pour nous sauver avoit 
nagaires esté nés, après ossi a volut estre circoncis pour nostre salut commenchier, et sa 
grâce manifester. Et c’est la joieuse nouvelle et la joie nouvelle que nous anonche le grant 
secrétaire du ciel, monseigneur saint Pol, en disant la parole que j’ay dessus proposée : 
Apparuit gratia etc. 

La grâce Dieu nostre Sauvour 
Nous est apparue a ce jour. 


DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT 

Pour laquelle parole plus ad plain dedairier, il est assavoir que ceste grâce n’est pas 
a ce jour apparue sans avoir noble compaignic. Car aveuc luy sont apparues trois dames de 
grant noblesce et de grant auctorité, c’est assavoir : Sapience, Plaisance et Poissance. Et 
vechi le cause pour quoy. 

Car nous veons par expérience que sçavoir, voloir et pooir sont trois neccessaires 
conditions requises pour donner grâce, et generalment neccessaires pour toute chose faire. 
Et pour ce, Dieu, nostre Sauveur, qui, sur tous, a sçavoir, voloir et pooir, avec sa grâce qui 
nous est apparue, nou9 a aussi moustré sa sapience, sa plaisance et sa poissance. Et ces 
trois nobles dames furent aucunnement figurées des anchiens poetes par les trois deesses 
qui sont nommées : Minerva, Venus et Juno. Car par le première est entendue Sapience; 
par le seconde, Plaisance ; par le tierce, Poissance. Et par ces trois sont distribués et donnés 

(t> CaLt., IV, 4. (t) Act. ap., IV, 12. 

Édith Ruâtes. 34 


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266 ÉDITH BRÀYER 

tous les biens de fortune, de nature et de grâce. Sicut palet ex doctrina Fui gentil , 77° libro , 
c° /° W. 

Mais or laissons le vanité des fables des poetes, et venons a le vérité des sainctes 
Escriptures. Or oons donques et entendons comment le grâce de Dieu nostre Sauveur, par 
ces trois dames, nous est au jour d’uy apparue. 

Prumiers par se [fol. 40] digne sapience, quia per eam apparuit gratia . Secondement 
par se benigne plaisance, quia per eam apparuit gratia Salvatoris . Tiercement par se divine 
poissance, quia per eam apparuit gratia Dei. Et pour ces trois coses moustrer et déclarer, 
nous devons entendre et considérer que, selon le doctrine saint Augustin, Libro de gratia 
et libero arbitrio , Grâce nous est de Dieu donnée principalment pour trois causes, c’est 
assavoir : pour le loy acomplir, pour nature affranchir et pour pechiet asservir. 

« Gratia , inquit f ad hec datur ut lex compleatur 9 natura liberetur et peccatum non domi- 
netur. • 

Or est il ainsi que, par ces trois causes, nous a nostre Sauveur, au jour d’uy, donné 
grâce et moustré se sapience, sa plaisance et sa poissance. Et vechi comment. 

Prumiers, il a moustré sa digne sapience par ce qu’il a volu le loy acomplir 
pour nostre enseignement. 

Secondement, il a moustré sa benigne plaisance, pour ce qu’il a volu nature 
afranchir, pour nostre sauvement. 

Tiercement, il a moustré sa divine poissance, par ce qu’il a volut pechiet asservir 
pour nostre alegement. 

Et pour déclarer ces trois poins, je veul appliquier l’euvangfle du jour d’uy a nostre 
propos; car en brieve parole, elle contient moult grant sentence 


1. Digne sapience pour la loi accomplir 

J’ay donques dit, premiers, que nostre Sauveur Jhesucrist a moustré sa digne sapience 
pour le loy acomplir. Car pour acomplir le loy qui jadis fu donnée au saint patriarche 
Abraham, et depuis confermee au saint prophète Moyse, il a volu, au VIII e jour de sa 
nativité, rechevoir le sacrement de circuncision, si comme nous tesmoingne le première 
partie de l’euvangile : t Postquam, inquit 9 consummati sunt dies octo ut circumcideretur 
puer » Et par ce il a moustré sa digne sapience pour nostre enseignement. Car il a esté 
circoncis especialment pour trois causes, par lesquelles sa grant sapience nous peut apparoir, 
et esqueiles nous poons très grant doctrine rechevoir : prumiers pour moustrer son humi¬ 
lité, secondement pour prouver son humanité; tiercement pour declairier sa carité. 

Prumiers donques, il a volu estre circoncis pour moustrer son humilité, car, en ceste 
circuncision, il, qui estoit vray Dieu, a moustré as hommes [fol. 40 v°] exemple de très 
grant humilité, par especial en trois choses : prumiers, en ce que il, qui estoit seigneur de 


( 1 ] Fulgentius, Mitologiarum Liber n, i. Fa¬ 
bula de judicio Pari dis, 

<*> L’Évangile pour La fête de la Circoncision 
sert de prothème au sermon; le texte en est 
très court : « Postquam consummati sunt 


dies octo ut circumcideretur puer : vocatum 
est nomen ejus Jésus, quod vocatum est ab 
Angelo priusquam in utero conciperetur ». 
Luc, il, 21. 

(3) Voir note précédente. 


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267 


la loy, a volu estre subget a la loy; secondement, en ce que il, qui estoit venus pour donner 
le loy nouvelle, n’a pas volu destruire le loy anchienne, mais en signe de reverence lui a 
fait humble obéissance; tiercement, en ce que il, qui estoit purs et nés de tous pechiés, a 
volu estre réputés entre les pécheurs et n’a pas despité le sacrement de circuncision, qui 
estoit ordonné en remede de nostre pechiet et de nostre corruption. 

Helas! A ceste grant humilité est moult contraire le grant orgueil de créature 
humaine, car nous, qui sommes pécheurs, volons estre réputés justes; nous, qui avons 
neccessité du remede de nostre pechiet, aulcunne fois le despitons, et qui plus est, nous 
nous glorefions en nostre mal et en nostre misere; nous, qui n’avons pas vergongne de 
pechier, avons vergoingne de faire penitance. Et certainement, tel orgueil est signe de 
grant fourscnerie, car moult est cellui hors du sens qui n’est pas vergongneux de sa maladie 
ne de sa playe, mais est vergoingneux de sa medecine et de son remede. Contre ce grant 
orgueil nous a moustré nostre Sauveur sa grant humilité, car il, qui n’avoit nulle neccessité 
du remede de pechiet, a volu, pour nostre rédemption, humblement rechevoir le remede 
a ce ordonné en le loy de Moyse. Quia , sicut dicit apostolus, « Foetus est sub lege, ut eos , 
qui sub lege erant, redimeret ». Galatas 1111° < 1 2) 3 . 

Secondement (,) f il a volu estre circoncis pour prouver son humanité. Car en ceste 
circuncision, il a prouvé clerement qu’il avoit vraie char humaine. Et par ce, il cela au dyable, 
nostre adversaire, le grant poissance de sa divinité, et nous moustra le grant benivolence de 
sa bénignité, ut apostolus ait : • Apparuit benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei ». 
Titum III 0 W. 

Tiercement (ft) , il a volu estre circoncis pour declairier sa carité. Car en ceste circun¬ 
cision, il nous a moustré une amoureuse carité et une caritable amour, a qui nulle aultre ne 
se peut comparer, par ce qu’il nous a entièrement [fol. 41] donné, non pas seulement ses 
biens, mais aussi soy meismes : « Dédit enim semet ipsum pro nobis ut nos redimeret ». 
Tytum 11° <•>. 


2. Benigne plaisance pour nature affranchir 

J’ay dit secondement que nostre Sauveur a moustré sa benigne plaisance pour nature 
affranchir. Car pour affranchir humaine nature, qui par avant estoit ou servage du diable, 
il a volu estre nommés Jhesus et appellés Sauveur, si comme nous tesmoingne le seconde 
partie de l’euvangile : • Vocatum est , inquit, nomen ejus Jhesus » (7) . Et par ce il a moustré 
sa benigne plaisance pour nostre sauvement. Car pour nous sauver, il a pris le nom de 
Sauveur, non pas par le mérité de nostre justice, mais par le pure plaisance de sa bénignité, 
grâce et gracieuse miséricorde. *Quia non ex operibus justicie que fecimus nos , sed secundum 
suam misericordiam salvos nos fecit . » Titum III 0 lh) . 


(1) En marge : Close. 

(,) Galat., iv, 45. 

(3) En marge : De le humanité de Jhesucrist. 
Tit., iii, 4. 


(6) En marge : De le carité Jhesucrist. 
<•> Tit., n, 14 
< 7 > Luc, h, 21. 

<•> Tit., m, 5. 


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268 


ÉDITH BRAYER 


3. Divine puissance pour péché asservir 

J’ay dit tiercement que nostre Sauveur a moustré sa divine poissance par ce qu’il a 
volu pechiet asservir. Car pour asservir le pechiet par qui le diable avoit poissance et domi¬ 
nation sur tout humain lignage, estoit neccessaire la poissance divine, laquelle nous est 
apparue par ce que l’angle du ciel a esté message pour denonchier en terre le glorieux nom 
de Jhesus, ou quel est entendue le haulte poissance de nostre Sauveur, si comme tesmoingne 
le tierce partie de l’euvangile : « Quod vocatum est, inquit , ab angelo priusquam in utero 
conciperetur ». Luce II 0 (1 L 

Et par ce, il moustre sa divine poissance pour nostre allégement. Car quant le angle 
denoncha qu’il seroit nommés Jhesus en rendant le cause de ce nom, il demoustra le pois¬ 
sance de sa grant domination. Et dist qu’il seroit ainsy nommés pour ce qu’il saulveroit son 
peuple et lui alegeroit le pesant cherge de son pechiet. « Vocabis , inquit , nomen ejus Jhesum , 
quia salvum faciet populum (2) a peccatis eorum. • Mathei 1 0 

Vechi donques comment le grâce Dieu, nostre Sauveur, nous est, au jour d’uy, 
apparue, aveuc sa digne sapience, sa plaisance benigne et sa divine poissance. Et pour ce, 
en faisant fin de ceste matere, de laquelle il me fault passer sans aultre déclaration [fol. 41 v°] 
pour cause de briefté, je puis conduire la parole dessus proposée : « Apparuit gratia , etc . » 

La grâce de Dieu, no Sauvour, 

Nous est apparue a ce jour. 

TROISIÈME DÉVELOPPEMENT 

« 

Mais or oons et entendons comment, a l’exemple de ce glorieux roy du royalme du 
ciel, cascun roy ou prince de terre, et par especial qui de nouvel vient a gouvernement de 
royalme ou de seignourie, doit a son peuple apparoir par grâce, et le doit moustrer par 
sapience, plaisance et puissance. Et vechi comment. 

Premièrement il doit avoir sapience pour son peuple sagement gouvrener. Seconde¬ 
ment, il doit avoir plaisance a son peuple benignement amer. Tiercement, il doit avoir 
poissance de son peuple paisiblement garder. Et ces trois choses doivent apparoir par le 
boin gouvernement des trois estas qui sont en son peuple, c’est assavoir du clergiet, du 
peuple commun et de chevalerie. 

Pour lequelle chose briefment declairier il est assavoir, selonc le doctrine des 
sages philosophes, que le prinche et son peuple doivent estre ung meisme corps ouquel le 
prinche est chief W. Les trois estas dessus nommés doivent estre les membres. Et si comme 
au corps humain sont pluiseurs membres qui ont divers offices, aussi en ce noble corps 
sont trois membres principaulx, c’est assavoir les yeula, les piés et les mains, asquels sont 
comparés les offices des trois estas. 

(1) Luc, il, 21. <5) En marge : Nota des trois estas et du 

(,) Ms. : popiilum. prinche. 

(8) Matth., I, 21. (6) Il s’agit ici de la parabole de la tète et 

En marge : Nota des princes terriens. des membres. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


269 


Car premièrement le dergiet est comparés as yeuls qui doivent tout le corps enlu¬ 
miner et adrechier. Et si comme, ou corpz humain, sont deux yeuls, le dextre et le senestre, 
aussi le clergiet doit avoir double lumière, c’est assavoir sapience esperituele et temporele. 

Secondement î2) , le commun peuple est comparés as piés qui doivent tout le corps 
soustenir et porter, car du labeur du commun peuple doivent les aultres estre soustenus et 
nourris. 

Tiercement chevalerie est comparée as mains qui doivent tout le corps deffendre 
et aidier. Car par le forche et poissance du prinche et de le chevalerie, doivent [fol. 42] les 
aultres estre gardés en paix et deffendus de violence. 

Helas! (4) c’est moult grant misere quant les membres de ce corps sont ensamble 
repugnans et contraires, ou quant ilz ne font deuement les offices asquels ilz sont commis 
et ordonnés. Et ce porroie je bien declairier par exemples et par hystores; mais je m’en 
passe pour cause de briefté, et pour ce aussi que nous poons bien ce prouver par clere 
expérience. 

Et par ce je conclus finablement que le plus grant sapience et le plus grant plaisance 
et le plus grant poissance que roy ou prinche terrien puist moustrer a son peuple, c’est de 
garder en ces trois estas paix, amour, vérité et concorde, et que ch&scuns soit aidans a 
l’aultre selon son office. Et a ce pourpos me souffist de alleguier une notable parole que 
dist Vergilc, laquelle est digne d’estre escripte en son cuer. Car par le doctrine de ceste 
parole, les prinches de Romme acquirent le seignourie du monde. Virgiles, dont, en parlant 
a Entas, en la personne de son pere Ancises, disoit ainsy : • 0 tu, prinches rommains, soies 
ramembrans que tu saches gouverner ton peuple par bonne seignourie. Ce seront tes 
sciences, tes ars et tes estudes : quérir et garder paix au peuple, et le tenir en bonnes meurs; 
espargnier tes humbles subgés; et déprimer les orguilleux rebelles, ■ unde VI 0 Eneydo .« sic 
habetur : 

« Tu regere impcrio populos , Romane, memento ; 

Hec tibi erunt art es, pacique imponere mores , 

Parcere subjectos et debellare superbos. • 

Or prions donques Jhesucrist, nostre douls Sauveur, qu’il veulle a nostre boin roy 
et souverain seigneur ceste grâce donner qu’il ait sapience, plaisance et poissance de 
ceste doctrine garder. Ce nous veule ottrier ille qui vivit et régnât Deus , per omnia, etc. 




P. d’Ailly. 














.... i *fc oU»9 i iiiâ hoh 8 .nodfi üIyq tuJq iaq o>. i . il»*fj*u si ; • tm 
<%l yb Itiyrnhuihm vnhsjsjn *r aiMim waoa rûntoa èlfisv 6 Ira *0 

En marge : Glose. 

Virgile, Enéide , vi, 851-853 ; corriger 


{1 ' En marge : Du clergiet. 


(2) En marge : Du peuple. 

(3) En marge : De chevalerie. 




subjeclU. 


.►V là loi 


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ÉDITH B RAYER 




SERMON POUR LE JOUR DES CENDRES 


€£bce (1) nunc dies salutis . » Scriptum est II a Chorintios , VI 0 c°, et in epistula 
Dominice sequentis 

Nous veons, par expérience, que, quant aulcune créature est languereuse ou enferme 
de langueur, doleur ou maladie, elle redoubte moult le nuit et très fort desire le jour, 
et prent confort de sa dolour tantost qu’elle ot le cocq canter, ou le gaitte du jour corner. 

Or est ainsi que nous avons long tampz, par le nuit tenebreuse et obscure, très 
l&ngoreusement dormy, et en le maladie de pechiet et d’ordure très misérablement dormy 
et languy. Et pour ce, le glorieux docteur, monseigneur saint Pol, tout ainsi comme le 
cocq qui le jour chante, ou le gaitte qui le jour corne, de nous lever nous amonneste, et 
de nos maulx nous resconforte, en disant par ceste maniéré : « Or sus, or sus! gent pere- 
cheuse, le nuit passe, le jour approche; or sus, or sus! resveille qui dort, prengne chascuns 
en soy confort. Nulz ne soit recreans ou faintis. » Eoce nunc dies salutis. 


Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 


[Fol. 62] A ceste voix et a ce cry, nous devons nos cuers resveillier et vers le ciel nos yeuls 
lever pour veoir l’estoille journal qui devant le soleil précédé, et le point du jour nous 
anonche. 

Ceste estoille journal est le Vierge Marie, qui précéda le soleil de justice et anoncha 
l’advenement du jour de le divine grâce. C’est le clere estoille luisant qui le nuit fait finer; 
c’est le belle estoille plaisant qui le jour fait venir. C’est l’estoille du ciel que nous devons 
desirer et quérir; c’est l’estoille de mer que nous devons aourer et chierir. Et pour ce, 
vers celle estoille nos yeuls et nos cuers lèverons, et humblement le saluerons en disant : 
Ave Maria. 

« Ecce nunc dies salutis. » Scribitur ut supra. 


Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 

Expérience nous enseigne que quant aucuns malades veult de sa maladie avoir 
remede et briefve garison, il quiert ung jour d’election pour medecine rechevoir. Et s’il 
est ainsi de le maladie corporele, par plus forte raison, il doit ainsi estre de le maladie 
esperitueie. Or est il vérité notoire que nous sommes malades esperituelement de le 
maladie de pechiet. C’est une fievre continue, dont nous sommes entechiés. Mais contre 
ceste griefve maladie, nous avons, pour santé recouvrer, le remede et le medeebine de 


O) Fol. 61 vo. 


< 2 > II Cor., vi, 2. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


271 


vraie penitance. Et ja soit che que ceste medecine soit tousjours pourfitable, touteffois 
vechi le jour d’election ouquel elle est plus convenable. Car c’est le chief et le commen- 
chcment de ceste saincte quarantaine qui est de Dieu especialment consacrée et eslutte 
pour penitance faire a lui plaisant et acceptable, ipso dicente : « Tempore accepto exaudivi 
te, et in die salutis adjuvi te » (1) . Et pour ce, le glorieux docteur, monseigneur saint Pol, 
ce jour nous demoustre et anonche en disant le parole dessus proposée : Ecce nu ne, etc. 

Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 

Pour lequelle parole induire et applicquier a nostre propos, il est assavoir que selon 
l’art de phisicque et selonc ce que dient les acteurs de le medecine du corps, ilz sont 
trois maniérés de médecines qui sont [fol. 62 v°] moult pourfitables pour avoir garison, 
et par especial quant elles sont prises en jour de élection. 

Le première est medecine préparative 
Le seconde, medecine purgative 
Le tierce, medecine confortative 
Le première est boine 
Le seconde plus boine 
Le tierce très boine. 

Samblablement aussi, esperituelement a parler, selon Part de le divine Escripture, et 
selonc ce que dient les docteurs de le medecine de l’ame, ilz sont trois choses en parfaitte 
penitance, qui sont aussi comme trois médecines esperitueles que nous devons a ce jour 
rechevoir pour curer nostre maladie et pour santé et garison avoir. 

Le première est contrition; celle est préparative. 

Le seconde, confession; celle est purgative. 

Le tierce, satifiation; celle est confortative. 

Contrition vault pour le cuer préparer et amolier. 

Confession vault pour le bouce purgier et mondefier. 

Satifiation vault pour l’ame conforter et fortefier. 

Car, selon le doctrine monseigneur saint Augustin, il sont trois différences de pechiet 
qui sont comme trois maladies morteles, l’une en cuer, l’autre en bouche, et la tierce 
en fait. Car nous péchons en trois manières : 

Premièrement en cuer, par cogitation 
Secondement en bouche, par locution 
Tiercement en fait, par operation. 

Et pour ce, contre ces trois maladies morteles, nous devons avoir trois médecines esperi¬ 
tueles : 

Contre le première, la medecine préparative de pure contridon; 

Contre le seconde, le medecine purgative de vraie confession; 

Contre le tierce, le medecine confortative de juste satifiation. 

Cl) Isaie, xux, 8; II Cor., vi, 2. (l) En marge : I, II, III. 





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ÉDITH BRAYER 


Or entendons donques, nous qui sommes malades, entendons diligamment le grant 
vertu de ces trois médecines, le garison qu’elles nous donnent et comment elles nous 
valent, pour nostre sauvement. 

Prumierement (1) , contricion vault pour nostre cuer préparer et amolier. Certai¬ 
nement toute le rachine et toute le naissance de nostre maladie et pechiet vient du cuer 
et de le pensee. Et pour ce, nous ne poons santé recouvrer se la medecine de [fol. 63] 
penitance ne va jusques au cuer pour lui préparer a Dieu et a sa grâce disposer. Se nostre 
cuer est donques obstiné par male cogitation, nous le devons convertir et amolier par 
devote contrition, que nichil aliud est quam perfecta displicencia peccati . Et pour plus 
entièrement desrachiner et parfaittement retrenchier du parfont de nostre cuer tout 
mal et toute infection, nous le devons forment poindre et tresperchier par secrete compunc- 
tion, dicente Domino per prophetam : « Scindite corda vestra et non vestimenta vestra . » 
Joelis 11° c° (2) . 

Secondement confession vault pour nostre bouche purgier et mondefier. Véri¬ 
tablement nostre douls Sauveur Jhesucrist, comme parfait phisicien et très excellent 
médecin, après le medecine préparative de contrition, qui fait, par dedens, nostre cuer 
purefier et parfaittement de tout son mal garir, veult et commande que nous rechevons 
le medecine purgative de confession, qui fait par dehors nostre bouche mondefier e* 
entièrement tout son pechiet rendre et vomir, dicente Scriptura : « Confitemini alterutrum 
peccata vestra . » Jacobi 11° (4) . 

Tiercement (4) , satifiation \ault pour nostre ame conforter et fortefier. Samblable* 
ment comme le malade, quant il est par medecine préparative ou purgative curés et garis 
de sa maladie, il n’a pas, pour ce, tantost convalescence; mais pour soy renforchier, doit 
rechevoir medechine confortative. Aussi le pecheur, ja soit ce que il soit de son pechiet 
parfaittement sanés et purgiés par contrition et confession, touteffois sa santé est foible 
jusques ad ce qu’elle soit confortée et renforchie par satifiation. Car c’est le parfaitte mede¬ 
cine confortative qui fait nostre ame avoir vigeur, forche et pooir de toute boine ope¬ 
ration. Elle fait nostre corpz a l’esperit obéir et humilier; elle fait tous nos membres servir 
et labourer; elle fait le cuer par dévotion a Dieu supplier; elle fait le bouche par orison 
a Dieu prier; elle fait le cliief par humilité encliner; elle fait les yeuls par pité larmoier; 
elle fait les mains ammosnes donner; [fol. 63 v°] elle fait les piés en pèlerinage aler; elle 
fait le ventre juner; elle fait le char abstinence garder. Et generalment, elle fait tout vice 
et tout pechiet fuir et despiter, et fait toutes oeuvres vertueuses acomplir et entériner, 
sicut scriptum est in euvangelio : « Facite dignos fructus penitencie. » Matthei et Lace , 
///° c* «. 

Vechi donques les trois medechines esperitueles contre trois maladies mortelles, 
lesquelles nous devons, au jour d’uy, rechevoir pour garison recouvrer et pour santé 
avoir. Et pour ce, en demonstrant ceste joumee, je puis conclure par ceste manière : 

(lî En marge : Nota de contricion. (4) Ep. s. Jacques, v, 16 (et non il). 

(2) Joël, n, 13. (5) En marge : Satifiation. 

<3: En marge : Confession. 6 Matth., ni, 8; Luc, ni, 8. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


273 



par conséquent : 


Vechi jour de contrition 
Vechi jour de confession 
Vechi jour de satiffation. 

Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 


DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT 

En laquelle parole, selonc le matere proposée, nous poons considérer comment, et 
par quel maniéré le medecine de parfaitte et entière penitance doit estre faitte, et des 
choses dessus dittes composée. 

Prumierement, contrition doit estre faitte : 
présentement et sans dilation, quia eoce nunc; 

Secondement, confession doit estre faitte : 
derement et sans fiction, quia sicut dies; 

Tiercement, satifation doit estre faitte : 

dévotement, sans ostentation, quia ratione salutis. 


Première considération 

J’ay doriques dit, premièrement, que nous devons contrition faire : 

« présentement et sans dilation » quia eoce nunc . 

Car nostre tamps est brief et passe soubdainement, ne nous n’avons du tampz pré¬ 
sent fors ung petit moment. Helas! (2) ilz sont aulcuns qui proposent eulx convertir et 
amender, mais ilz different leur propos et attendent de jour en jour et ne considèrent 
pas le briefté de leur tamps et le griefté de leur mal. Et s’il ont, (S1 aulcune fois, ung 
petit de compunction de leur pechiet et ung peu de desplaisance, touteffois ilz perseverent 
ne n’ont point entière contrition ne parfaitte repentance. Ceste gent doivent penser et 
considérer la parole nostre Seigneur qui [fol. 64] au jour d’uy en saincte Eglise a esté 
récitée, en laquelle il nous attrait a soy et nous appelle moult douchement, ipso dicenle 
per prophetam : t Nunc ergo convertimini ad me de toto corde vestro . » Johelis 77° c° (4) . 

« Convertisses vous a moy, dist il; convertissiés vous tantost, présentement et sans dila¬ 

tion, de tout vo cuer, entièrement sans séparation. * Aussi comme il volsist dire : Vostre 
cuer a esté longuement contre moy pervertis par pechiet et par male cogitation, mais 
or est il tampz qu’il soit à moy convertis par repentance et par contrition. Et pour ce, 
quant nous oons nostre Seigneur si douchement nous rappeller, nous devons hastivement 

(l) En marge : De contrition. <S1 En marge : Nota. 

(t) En marge : Glose* (4> Joël, il, 12. 

Édith Brayeb. 35 


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274 ÉDITH BRAYER 

vers lui retourner et entièrement au diable renonchier. Ne il n’est nulz, tant ait fait hom¬ 
mage au diable, ne tant soit grant pecheur, qui ne se puist legierement a Dieu ralier et 
lui rappaisier. Car il est si douls et si amiables, si gracieux et si bénignes, que nulz n’est 
de lui refusés ne despités mais qu’il veulle, par contrition, son cuer humilier, dicente 
Psalmista : « Cor contritum et humiliatum Deus non despicies » 

Male flamme, dont, puist ardoir le fauls cuer qui ne s’umilie, et qui a son loyal amant 
ne se retourne, et qui a lui ne se donne du tout et sans départir. C’est le vray amoureux, 
qui n’a cure de cuer parti en deux, mais veult avoir cuer parfait et entier. Et pour ce, 
se tu veuls avoir son amour et sa grâce, il fault ton cuer toute amour villaine delaissier, 
et tout pechiet fuir, hair et despiter; aultrement ne peus tu avoir contrition parfaitte ne 
vraie repentance. 

Et a tant je me passe de ceste première partie. 


Deuxième considération 

J’ay dit, secondement (2) , que nous devons confession faire : 

« Clerement et sans fiction » quia sicut dies. 

Car nostre confession ne doit point estre obscure, mais doit estre clere comme le 
jour, ne nous ne devons riens faindre [fol. 64 v°] ou celer au secrétaire du hault Seigneur 
qui tout voit, qui tout congnoist et qui tout scet, de quo dicit apostolus : « Omnia nuda 
et aperta sunt oculis ejus. » Hebreos ////° c° 8) . Helas! il sont aulcuns qui moult heent 
confession; et s’il advient qu’il se confessent, iiz quierent et faindent occasion pour leur 
pechiet couvrir et excuser. Et pluiseurs fois, pour euix excuser, accusent aultrui. Et qui 
pis vault, souvent advient qu’ilz accusent Dieu en disant qu’ilz sont de telle heure nés, 
et que Dieu les a fait de telle complexion, qu’ilz ne se peuent garder de pechiet ou résister 
a temptation. Ceste gent doivent penser et considérer que nostre Seigneur a qui riens ne 
peut estre celé, et devant qui, au jour du Jugement, tout sera manifesté, veult et commande 
que, en ce monde, a ses vicaires et a ses secrétaires nous confessons nostre pechiet vraye- 
ment et clerement, sans fausseté et obscureté. Et en signe de ce, quant nostre Seigneur 
Jhesucrist gary les ladres de leur meselerie, il les envoya as prestres de la loi en disant : 
« Ite> ostendite vos sacerdotibus . » Luce XVII 0 c° (4) . « Alés, dist il; tantost, et sans dila- 
tion, moustrés vous as prestres », qui sont vicaires et secrétaires de Dieu, pour avoir d’eulx 
purgation. Par quoy il nous demoustre que, supposé que Dieux nous ait gary le mese¬ 
lerie de nostre pechiet par vraie contrition, se veult il que nostre pechiet soit a ses vicaires 
révélé par clere confession. Ce sont les secrétaires asquels nous ne devons riens [celer] 5 , 
mais leur devons le qualité et le quantité de nostre pechiet manifester, et le lieu, et le 
tampz, et toutes les circonstances dire qui peuent nostre pechiet agrever et empirier. 

Et a tant, je me passe de ceste seconde partie. 

Ps. L, 19. < 8) Hebr., iv, 13. 

(2) En marge a été ajoutée cette mention : (4) Luc, xvii, 14. 

De confession. (5) Ms. : riens mais. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


275 


Troisième considération 


J’ay dit, tiercement que nous devons satiffation faire 

t Dévotement, sans ostentation » quia rcuione salutis. 

Car nous ne devons point faire les euvres meritores pour nostre loenge, ne pour 
le vaine glore mondaine, mais pour nostre salut et pour le vraye glore pardurable, [fol. 65] 
juxta consilium Xpisti dicentis : « Attendite ne justiciam vestram faciatis coram homi - 
nibus ut videamini ab eis » (2) . 

Mêlas! il sont aulcuns qui ne font priere ne orison, sacrifice ne oblation, june ne 
affliction, ne ammosne, ne restitution, ne quelconque aultre oeuvre ou de mérité ou de 
satiffation, fors seulement par contenance et pour le acoustumance des aultres, et par 
faintise, et pour le loenge des hommes. Ceste gent doivent penser et considérer que nostre 
Sires ne regarde mie tant le fait comme le volenté, ne l’oeuvre comme le courage, ne n’a 
point agréable l’operation du corps sans le dévotion du cuer. 

De ce avons nous exemple, en le saincte Escripture, ou nous lisons que, quant 
Abel fist secrefice a Dieu, il regarda plus a le boine affection de sa personne qu’il ne fist 
a l’oblation de son sacrefice. 

C’est le gentil oysel qui de sa proye plus veult avoir le cuer que tout le rema¬ 
nant du corps. Car c’est aussi cellui qui son propre cuer souffry fendre et ouvrir pour 
ses oysiaux du sang paistre et nourrir (4) . 

Et pour ce, se tu veuls faire chose qui lui soit a plaisance, tu lui dois premièrement 
donner et humblement présenter ton cuer et ta pensee, et lui purgier de tout pechiet et 
laver de toute ordure. Car aultrement tu ne peus faire june ne orison ne quelconque aultre 
oeuvre de satiffation qui soit a Dieu plaisant ne pourfitable a ton salut. Nam , ut ait Pius 
papa : « Nichil prodest homini jejunare vel orare et alia religionis opéra facere, nisi 
mens ab iniquitate revocetur . » 

Et a tant je me passe de ceste tierce partie et de toute ceste matere. Car il peut assés 
souffire ad présent ce que j’ay dit de le medecine espirituele et des trois parties d’icelle. 


TROISIÈME DÉVELOPPEMENT 

Mais pour ce que j’ay parlé de la medecine de penitance, je veul aussi parler de la 
diete qui appartient a ceste medecine 

Tu sces que quant aulcuns malades veult medecine rechevoir, il lui cou vient garder 
diete. Aussi quant le pecheur se veult par penitance medeciner, il doit tenir diete et faire 
june et abstinence. Mais le malade, a qui diete est commandée, peut raisonnablement 
a son [fol. 65 v°] médecin trois questions demander : 


(l) En marge : De satiffation. 
<•> Matth., vi, 1. 

(s> En marge : Nota. 


(4) Parabole du pélican. 

' * 1 En marge : De diete. 


35. 


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276 


ÉDITH BRAYER 


Prumierement, comment il doit la diete garder. 

Secondement, a quoy la diete lui peut pourfiter. 

Tiercement, combien lui fault la diete continuer. 

A ces trois questions, je te veul response donner. 

Première question 

A le première question * 1 ' donques, se tu me demandes comment tu dois ta diete 
garder, c’est a dire comment tu dois faire june et abstinence, qui est la diete de peni- 
tance, je te respons 2 * 4 * que tu le dois faire sobrement, secrètement et entièrement. 

Prumierement, 3; tu dois juner sobrement, car cellui ne garde pas bien diete, ne 
cellui ne fait pas bonne june, qui par gloutrenie autant prent de réfection a une fois 
comme il deveroit faire a deux. Ceste june desplaist a Dieu, ipso dicente per prophetam : 
« Jejunium vestrum odivit anima mea » (4) . 

Secondement, tu dois juner secrètement. Car cellui qui bien veult garder diete se 
doit celeement enclorre en sa maison et en sa chambre, pour esquiever le vent et le bruyne. 
Et aussi cellui qui veult faire bonne june le doit faire secrètement pour soy garder du 
vent de vaine glore et de la bruyne de ypocrisie. C’est moult périlleux vent et male bruyne 
et dont nous nous devons garder par très grant diligence, car ainsi le nous commande 
nostre Seigneur Jhesucrist, nostre souverain médecin, en l’euvangile du jour d’uy : « Cum 
jejunatis, inquit, nolite fieri sicut ypocrite tristes , etc. » Matthei VI° c° (i L 

Tiercement, tu dois juner entièrement. Car cellui ne tient pas bien diete qui ne se 
garde de toute viande contraire. Et aussi cellui ne fait pas boine june, qui ne fait absti¬ 
nence entière, non pas seulement du corps et de la bouche, mais aussi du cuer et de la 
conscience. C’est le june meilleur que tu puisses faire : garder ton cuer et ta pensee de 
tout mal et de tout pechiet. Sans ceste abstinence, tu ne peus faire june qui soit a Dieu 
plaisant, dicente Domino per prophetam, Ysaie LVIII° : « Hoc est majus jejunium quod 
elegi : dissolvere colligationes impietatis » fl) . 

[Fol. 66] Et a tant je me passe de le première question, et vieng a le seconde. 

Deuxième question 

A le seconde question (7 >, se tu me demandes a quoy te peut diete pourfiter, je te 
respons 18} que trop long seroit raconter tous les pourfis que te peut faire la diete espe- 
rituele de june et de abstinence. Mais entre les aultres pourfis que nous lisons en le saincte 
Escripture, elle te peut pourfiter a trois choses, c’est assavoir : pour Dieu appaisier, pour 
le diable encachier, pour paradis gaaignier. 

(1) En marge, ce titre. (5) Matth., vi, 16. 

(t> En marge : Solution. (0) Isaïe, lviii, 6. 

l,) En marge : De june. (7) En marge : Le 11 9 question. 

(4) Isaïe, i, 14 : c et solemnitates vestras 18 En marge :Solution. 

odivit anima mca ». 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


277 


Prumierement tu peu» Dieu appaisier par juner, car tu as, par ton pechiet, Dieu 
offendu ou courouchiet; tu ne peus mieulx de lui avoir pardon que par june et par orison. 
De ce nous avons exemple, en le saincte Escripture, des deux prophètes Daniel et Jonas, 
dont l’un appaisa a Dieu le cité de Jherusalem, et l’aultre le cité de Ninive, iequelle hys- 
tore je passe pour cause de briefté, quia historia est communis et habetur Danielis IX° 
et Jone 111° capitulis 11 K 

Secondement, par juner tu peus le diable encachier. Car se le diable te fait tempta- 
tion de pechiet, et par especial du pechiet de ire et de luxure et de peresce, tu ne le peus 
mieulx encachier ne tel pechiet fuir et esquiever fors par orison et par june. De ce nous 
avons tesmoingnage par cellui qui ne peut mentir Xpisto dicente in ewangelio : « Hoc 
genus demonii non eicietur nisi in oratione et jejunio. » Matthei XVII 0 c° (2} . 

Tiercement, par juner tu peus paradis gaaignier. Car nostre Seigneur, a tous ceuls 
qui, dévotement, font en ce monde june et abstinence, promet en paradis donner fina- 
blement la réfection pardurable, ipso dicente : « Beati qui nunc esuritis 9 quoniam satu • 
rabimini . » Lace VI° c° [ *K 

Et a tant je me passe de ceste seconde question. 

Troisième question 

A le tierce question (4) se tu me demandes combien il te fault ta diete continuer, je 
te respons (6 que le plus grant et le plus longue diete qu’il te fault faire, c’est le june 
de ceste quarantaine saincte, de laquelle nous avons [fol. 66 v°] exemples notables et de 
grant auctorité, et devant le loy, et en le loy, et après le loy : 

Prumierement devant le loy elle fu par Moyse figurée. 

Secondement, en la loy elle fu par Helyas gardee. 

Tiercement après le loy elle fu par Jhesucrist consacrée. 

Prumierement, le june de ceste saincte quarantaine fu, devant le loy, par Moyse 
figurée. Car Moyses, quant il monta ou mont de Sinay pour rechevoir le loy, il juna par 
.XL. jours, sicut palet Exodi XXIIII 0 (i *. Pour quoy il nous est figuré que se nous volons 
a haulte perfection monter et le loy de Dieu garder, nous devons par .XL. jours juner. 

Secondement, le june de ceste saincte quarantaine fu, en le loy, par Helyas gardee. 
Car Helyas juna .XL. jours en passant par le desert et en alant par le montaingne qui 
est appellee Oreb, sicutpatet tercii Regum XIX 0 l7) . Par quoy il nous est segnefiet que 
nous devons garder la june de ceste saincte quarantaine, se nous volons, par le desert 
de ceste mortele vie, aler au mont de pardurable joie. 

Tiercement, le june de ceste saincte quarantaine fu, après le loy, par Jhesucrist consa¬ 
crée. Car Jhesucrist, après ce que la loy Moyse fu par lui expiree et par son baptesme 
de nouvel reparee, il fu menés ou desert, et la juna .XL. jours, sicut patet Matthei 1111° 


(1) Daniel, ix, 3; Jonas, ni, 5-10. 

(5) En marge : Solution. 

(2Ï Matth., xvn, 20. 

(6) Exode, xxiv, 18. 

(2) Luc, vi, 21. 

(7) Vulgate : III Rois, xix, 8L 

(4) En marge : Le III 9 question. 

(8) Matth., iv, 2. 


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278 


ÉDITH BRAYER 


Par quoy il nous demoustre que après ce que nous avons nostre vie du tamps passé lavé 
et renouvelé par pe ni tan ce, nous devons entrer ou desert de affliction et de austérité, 
en faisant, par ceste quarantaine, june et abstinence. Car nostre Sires Jhesucrist qui estoit 
venus en ce monde pour soy manifester et pour nous enseignier, n’avoit besoing ne necces- 
sité de penitance garder, ne dealer ou desert juner; mais par son fait le nous voloit endoc¬ 
triner et exemple donner. Et pour ce nous devons sa doctrine tenir et son exemple ensieuir, 
et, comme lui, juner selon nostre pooir. Car c’est li boins maistres qui ses disciples endoc¬ 
trine plus par fait que par [fol. 67] parole, Scriptura dicente : t Cepit Jhesus facere et 
docere. » Actuum 1° c° 

Mais tu me porroies demander se ceste june est de commandement, et par qui 
et a qui elle fu commandée; car supposé que Jhesucrist junast le quarantaine, toutefiois 
il ne le commande point en le euvangile. 

Ad ce je te respons 3) que ceste june est de commandement a toute personne qui 
le peut garder sans notable lésion de son corps et de sa santé. Et fu premièrement comman¬ 
dée par nostre Seigneur obscurément en le loy du Viel Testament. Car, selonc le com¬ 
mandement de le loy, nous devons paier a Dieu le disme de toutes choses, sicut palet 
Exodi XXII° (6) . Et pour ce, en payant a Dieu le disme de nostre tamps, nous devons 
juner le quarantaine, qui est aussi comme la disme ou le disime partie de tout l'an. Mais 
nostre mere saincte Eglise, a lequelie nous devons estre vrais filz d'obedience, a depuis, 
ceste june expressément institué et generalement commandé. Et fu celle ordonnance 
convenable pour les causes dessus dittes. Et aussi fu chose raisonnable de garder ceste 
june et ce tamps plus que nul aultre, pour ce que c'est le tamps ouqucl commenche l'abon¬ 
dance et le mouvement des humeurs; si seroit nostre corps plus esmeu et disposé a pechiet 
et a temptation, se le tamps n'estoit attempré et amoderé par abstinence et par affliction. 
Et pour ce disoie je, au commenchement de nostre sermon : Ecce nunc dies salutis. 

Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 

Et a tant je me passe de ceste tierce question et de toute ceste matere. 

• QUATRIÈME DÉVELOPPEMENT 

Je t'ay donques moustré et aulcunement declairiet la vertu et le condition des trois 
medechines espiritueles qui sont : pure contrition, vraye confession et juste satiffation; 
et comment la medecine de parfaitte et entière penitance doit estre de ces trois choses 
composée; et comment aussi, pour ceste medecine rechevoir, doit estre diete et absti¬ 
nence gardee. Mais or te veul je moustrer comment elle doit estre confite [fol. 67 v°] et 
assavouree. 

Tu dois donques sçavoir et entendre que la medecine de penitance doit estre moult 
amere. Et de tant qu'elle est plus amere au corps, tant est elle plus douche a l’esperit, 

(1) Act. ap. # l, 1. (4) Abrégé : S. 

,2) En marge 2 Question. (#) Exode, xxii. 

3 En marge : Solution. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


279 


plus savereuse et plus agréable a Dieu, et plus pourfitable au salut et a le santé de l'ame. 
En ceste medecine doibt avoir trois choses qui lui donnent et font avoir moult amere saveur, 
c’est assavoir : cendre, sel et yaue. Cendre de humilité et de affliction; sel de tristresce 
et de compunction; yaue de larmes et de dévotion. En signe de ce, nostre mere saincte 
Eglise nous donne, au jour d’uy, la cendre qui est arrousee d’yaue benoite, meslee aveuc 
sel. La cendre segnefie affliction pour le considération de nostre fragilité. Le sel segnefie 
compunction pour le corruption de nostre iniquité. L’yaue segnefie dévotion pour le 
considération et compassion de la divine pité. 

Vechi donques medecine moult sure et moult amere, lequelle, se tu veuls gouster 
et bien assavourer, elle te fera le cuer gémir et souspirer, et les yeuls plourer et larmoyer; 
et fera en ton cuer sourdre, et par tes yeuls issir, le fontaine de l’yaue de dévotion, laquelle, 
pour ton pechiet laver, tu dois quérir et desirer par très aidant affection, dicendo cum 
propheta : « Quis dabit capiti meo aquam, et oculis meis fontem lacrimarum ? » Jhere - 
mie IX 0 c° 

Mais tu ne 


Ains ay : 

;m«t iup itsâib 


Helas! vechi foie pensee! vechi foie parole! Pour ceste folie corrigier et pour cest 
orgueil humilier, nostre mere saincte [fol. 68] Eglise, en donnant, au jour d’uy, le cendre, 
te respont par ceste maniéré : « Memento, homo , quia cinis es , et in cinerem reverteris » (1) . 

« Homs, considéré dont tu viens. 

Quel tu es et quel tu seras. 

Ramembre toy que tu es cendre 
Et en cendre retourneras. » 


♦ i__ 

porroies respondre et dire par ceste maniéré : 

« Mon amy, je n’ay volenté 
De souspirer ne de plourer. 

De gémir ne de larmoier. » 


t Talent de rire et de chanter. 

De danser et d’esbanoier. 

J’ay le cuer gay et joliet; 

J’ay le corps sain et appert; 

J’ay les membres fors et poissans, 
J’ay les yeuls vairs et rians; 

Je sui jones, je sui jolis. 

Je sui d’amouretes souspris. 

Tais toy de larmes et de plours; 
Parle moy de armes et d’amours. » 












upanb mbtsuoD t( * 


(1) Jérémie, ix, 1. 

(,) Ici commence le fragment du ms. Charleville 58, fol. 166*166 v°. 


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280 ÉDITH BRAYER 

Aussi comme elle vaulsist dire : c Considéré ton commenchement, ton moyen et ta fin : 

Ton commenchement est abhominable 

quia de immundo concept ils serai ne 
Ton moyennement est brief et muable 

quia brèves dies hominis sunt. Job XII 0 c° (lî . 

Ton definement est espoentable 

quia fugis velut umbra. 

Se tu considérés ton commencement : 

Tu es conchus en grant laidure 
Tu es fais de matere impure 
Tu es nés d’un vil sac d’ordure. 

Se tu considérés ton moyennement : 

Tu vis en labeur et en cure 
Tu as joie vaine et obscure 
Tu as santé qui petit dure. 

Se tu considérés ton definement : 

Tu vas morir tost sans mesure 
Tu seras cendre et pourreture 
Tu aras paine longue et dure. 

Helas! Vechi canchon piteuse! Helas! vechi horrible danse! Or chante qui vorra; 
or danse qui porra. Dansés, dansés, filletes, dansés a ceste canchon. Cantés, cantés, pucelles, 
cantés ce virelay. 

Helas! je croy qu’il n’est homs, tant ait le cuer joly ou gay, s’il considéré ceste note, 
qui ait talent ne volenté ne de rire, ne de chanter, ne de baler, ne de danser; mais doibt 
laissier toute foie plaisance et soy disposer a faire penitance. 

Or considéré donques ton commenchement, ton moyen et ta fin. 

Considéré ta naissance, ta vie et ta mort. 

Considéré de ta naissance le commenchement, de ta vie le moyennement, et de ta 
mort le definement. 

Se tu es biaulx, se tu es fors, se tu es jones, atteng ung pau; considère la fin et pense 
la conclusion. 

Helas! vechi ung pau de fièvre, qui fera ta beaulté pâlir. Vechi ung pau de maladie, 
qui fera ta forche fallir. Vechi viellesce, qui fera ta jonesse fenir. 

Elle fera ta vie anoyer, ta joie amenrir, et ta santé affoiblir. 

Elle fera ta face flatir, ta bouche pourrir, et ton alaine puir. 

Elle fera ton cuer merancolier,^ton sens affolier et ton corpz mor- [fol. 68 v°]- 
tefier. 

Et finablement, elle fera le mort venir et l’ame du corps séparer. 


( 1 ] Job, xiv, 5. sage : « Helas, vechi....... a faire penitance ». 

(l) Dans le ms. de Charleville, manque le pas- (3) Ms. de Charieville : apetichier. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


281 


Hélas! vechi dure départie! vechi dolereuse fin! vechi piteuse conclusion! 

Ton ame ira en infer, ou au mains ou feu de purgatore, pour rechevoir de son pechiet 
paine et pugnition. 

Adont ara (li , entre le corps et l’ame, moult grant débat et grant descorde; et se 
porra Taine du corps plaindre, en disant par ceste maniéré : 

« Je t’ay nourry délicieusement 
Je t’ay vestu précieusement 
Je t’ay cauchiet mignotement 
Je t’ay couchiet molement 

Et maintenant : 

J’ay pour toy paine et tourment. 

Pour ton délit, j’ay grief dolour; 

Pour ton plaisir, j’ay grant ardour; 

Pour ta joie, sui en tristour 
Et pour ta glore sui en langour. » 

Mais le corps lui doit respondre : 

« Je devoie estre en ta gouvrenanche ; 

Je devoie estre en ton obéissance. 

Tu me devois maistrier par abstinence; 

Tu me de voies castier par pe ni tan ce. 

Et pour ce que tu m’as gouverné folement, (2) 

Pour ce que tu ne m’as castiet deuement. 

Se j’ay erré par ton enseignement, 

Se j’ay pechiet par ton consentement. 

C’est bien raison, c’est juste jugement 

Que tu ayes, pour mon pechiet, le paine et le tourment. » 

Helas! adont vaulroit bien l’ame a son corps retourner pour lui pugnir et corrigier. 
Mais elle ne porra, ne riens ne lui vaulra tel désir, ne tel volenté. Car elle a perdu et fole¬ 
ment passé le tamps esleut et ordonnet pour penitance faire. Et pour ce disoie 
je, au commenchement de nostre sermon : Ecce nunc dies salutis 

Vechi le jour d’election 
Fait pour nostre salvation. 

uik| . .aldstyos* &c,mcS al Iosiv W 
i JftvLâVLN (itlûQ ,*j ,:i 

Dans le ms. de Charleville, le Débat de 
Tâme et du corps manque : « Adont ara et 
le tourment •. 

Édith B RATER. 


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î*a . • «mim. *qr>» 

aoib uaq 

(2) Ms. : Et pour ce tu que tu m’as folement 
gouverné. 

(3 ' Ms. 2 Passé le tamps passé e. 

36 


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282 


ÉDITH B RAYER 


Adfin que en ce saint jour et en ce boin tamps, de Dieu consacré et esleu, nous ne 
soions point negiigens de entendre a nostre salut, veullons estre diligens de nostre corps 
castier par june et par abstinence (1) et de nostre pechiet corrigier par affliction et par 
penitance. Car ainsi porrons nous, ou tamps advenir, esquiever et fuir le paine d'infer 
et de purgatore, et avoir et acquérir de paradis le glore, [fol. 69] lequelle nous veule ottroier 
cieuls qui vit et régné pardurablement. A.M.E.N. 

P. DE ALLYÀCO. 
















(lï Ms. : Le membre de phrase : « de nostre 
corps castier... abstinence » est répété. 
Fin un peu différente dans le ms. de 
Charleviile : ... le tamps ordonné pour faire 
penitance. Vueilons doncques estre diligens 
d’entendre a nostre salut, de nous amender et 
de nostre corps castiier par junex et par absti¬ 


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nences ; et de nos pechiés corrigier par afflction 
et par penitance, entrement qu’avons le tamps. 
Car vechi le tamps acceptable, le jour d’elec- 
don, fait pour nostre salvacion. Et par ainsi 
porrons, ou tamps advenir, éviter et fuyr les 
pain es d’ynfier et de purgatoire, et avoir, reche- 
pvoir et acquérir de paradis la gloire. Amen. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


283 



S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE JOUR DE LE RESURREXION 

NOSTRE SEIGNEUR 


t Maria Magdaleneet Maria Jacobi et Maria Salome emerunt aromata ut venien- 
tes ungerent Jhesum », et reliqua que leguntur in ewangelio hodiemo, et scribuntur 
Marti, XVI° c° <*>. 

J’ay y ci proposée toute l’euvangile de le saincte solennité du jour d’uy, et le voeil 
entièrement reciter et aucunement exposer pour ce qu’elle contient matere plaine de liesce 
et de joye. Et c’est bien raison que après ceste sepmaine peneuse, en lequelle nous avons 
esté en larmes et en plours pour le memore de Jhesucrist et de se passion, nous soyons 
maintenant, en ceste solennele journée en leesce et en joie pour le memore de sa vie et de 
sa résurrection. 

Or soyons donques liés et menons joie; soyons liés de liesse devote et menons joie 
espirituele, car nostre Sauveur Jhesucrist, qui nagaires estoit mors très dolereusement, est 
maintenant ressuscités très glorieusement. 


Il est ressuscités. De mort dolereuse. 

En vie glorieuse. 

Il est passés, de dolereuse passion, 

en glorieuse résurrection 

Il est mués de paine en glore 

de subjection en victore, 
de honte en honneur, 
de foiblesce en vigheur, 
de tristour en leesce, 
et de dolour en joie. 


Vechi donques la liesce et la joie! Vechi la très lie et très joyeuse mutation! Vechi la matere 
et conclusion de leesse devote et de joie espirituele, qui est comprise en l’euvangile que j’ay 
chi proposé : Maria Magdalene , etc. Laquelle nous poons deviser et partir [fol. 123 v°] en 
trois parties, esquelles nous poons noter et considérer trois choses : 


Premièrement, effort d’ardant amour; 

Secondement, desconfort de paour; 

Tiercement, confort de grant douchour. 

Et ces trois choses sont trouvées es trois Maries qui vinrent au sépulcre, si comme l’euvan- 
gile d’uy nous recite. 


<i> Fol 123. 

< 2 > Marc, xvi, 1. 

36. 


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284 


ÉDITH BRAYER 


Car premiers, effort (Tardant amour les fait le douls Jhesus dévotement quérir, quia 
emerunt aromata ut venientes ungerent Jhesum, etc . 

Secondement, desconfort de paour les fait le cuer frémir et forment esbahir, quia 
introeuntes in monumentum, viderunt juvenem sedentem in dextris et obstupuerunt , etc . 

Tierceraent, confort de grant douchour les fait le corpz et Taine seurement resjoir, 
quia dixit illis : « Nolite expavescere; Jhesum queritis, etc . >. 

Première considération 

J'ay donques dit, premièrement que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au 
sépulcre, nous poons notter et considérer effort de ardant amour, car c’est ce qui les fait 
le douls Jhesus dévotement quérir. Et ce nous demoustre le première partie de nostre 
euvangile qui dist et recite que Marie Magdalaine et deux aultres Maries, ses amies et 
compaignes, accaterent onguemcns précieux pour venir oindre le corpz du doulz Jhesus 
et bien matin, en un jour de sabbat, qui maintenant est appellés dimenche, elle vinrent au 
monument a Taube du jour quant le soleil commenche a naistre. Et disoient Tune a Taultre : 
« Qui nous descouverra le pierre dont le sépulcre est clos?* Et lors, en regardant le lieu, 
virent le pierre destoumee, car elle estoit moult grant et moult pesant. 

Vechi donques effort d’ardant amour et d’amoureuse ardour. Vechi comment forche 
d’amour ardamment les efforche et forment les constraint de Jhesucrist quérir. Vechi 
comment les sainctes femmes cellui qu’elles amoient vif, après sa mort viennent sieuir et 
servir. O! très poissant forche d'amour! Il est de toy escript que tu es fors comme la mort. 
Scriptum est enim : « Fortis ut mors dilectio ». Canticorum VIII 0 (1) . 

Mais certainement encore peut on dire que tu es [fol. 124] plus fors, car le mort par 
toute se forche ne peut rompre le neu d’amours, ne deslier le fort lyen de parfaitte dilection. 
Et ce nous appert bien par l’ardeur de dilection et l’amour de dévotion que nous trouvons 
es trois Maries. Car autant ou plus ayment elles leur amy Jhesucrist, après sa mort, comme 
en sa vie, et pour ce le viennent quérir et servir au sépulcre. 

O ! très glorieuse Vierge Marie, très amoureuse mere de Jhesucrist, se forche d’amour 
fait les trois Maries venir au sépulcre de ton Fil, pour quoy ne te constraint l’amour de lui 
de venir aveuc elles? Quelle cause t’en retrait? Quelle occasion t’en retarde? 

Certes, ce n’est pas par deffaulte de ardant amour ne d’amoureux ardour, car tu es sa 
douche mere, se vraye espeuse et se loyale amie, qui plus ardamment l’aymes que ne 
porroit faire nulle aultre femme. Mais c’est pour l’abondance de l’amere dolour et la dole- 
reuse iangour que tu as, par le compassion de sa mort et par le glave de se passion. Car 
quant tu te vois orbe de Fil, vesve d’espeux et privée d’aray, tu es de cuer, de corpz et de 
toute ta forche, lasse, dolente et desolee. Et pour ce te fault demourer en lieu secret quant 
les aultres Maries vont quérir ton Fil et veoir son sépulcre. 

O! très devote Magdalaine, bien vaulroie sçavoir de toy, et de tes deux compaignes, 
quelles pensees vous aviés, et quellez paroles vous disiés en le voye. Helas! bien croy que 
vos pensees estoient ardans en dilection et vos paroles estoient fervens en dévotion. Car vos 

m Cantic., vin, 6. 


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285 


pensiés au bien et au soias que le douls Jhesus vous avoit fait en se benoite vie et saincte 
conversation; et plus as maulx et as tourmens qu’il avoit souffert en se crueuse mort et 
dolereuse passion. Helas! bien croy que vous rameniés a memore les paines et les afflictions 
qui lui avoient esté faittes en le voye ou vous aliés. Et pour ce vous baisiés souvent la 
[fol. 124 v°] terre, et en souspirant et en gémissant disiés : « Ichi encontrames nous le douls 
Jhesus portant la croix, quant sa mere devint aussi comme demy morte. Icy se retourna il 
as femmes qui pour lui plouroient. Icy laissa il le croix tant estoit traveilliés. Icy les Juys 
moult lourdement le boutèrent pour aler plus fort. Icy le pendirent il, et au gibet de le croix 
le fiquerent ». Helas ! bien croy que lors, a grant clameur et inundation de larmes, elles se 
enclinoient et aouroient le croix qui encore estoit toute vermeille du précieux sang Jhesu* 
crist. 

Et par especial, Marie Magdalaine plus fort crioit et larmioit, et en regretant le mort 
de son amy, disoit ainsy : « Sire, qui as en ceste croix volu morir pour moy de mort raccater 
et pour moy donner vie; Sire, qui es ma joye, mon soias, et ma glore; qui es le joye de mon 
cuer, le soias de mon labeur et le glore de mon ame; Sire, je desire toy trouver pour donner 
a mon cuer joye; je desire toy veoir pour faire a mon labeur repos; je desire toy tenir pour 
avoir a mon ame glore. Or te fay donques a moy trouver; fay toy de moy veoir; fay toy par 
moy tenir. Car aultrement ma joye sera convertie en tristour, mon soias en langour et ma 
glore en dolour. » 

Ainsi fait sa complainte Marie Magdalaine; et après, de la se part et aveuc ses com- 
paignes vient au sépulcre Jhesucrist. Car vraie amour la le mainne, et la le porte ou son 
cuer ayrae. 

Et a tant je me passe de la première partie de nostre euvangile et vieng a le seconde. 


Deuxième considération 

J’ay dit, secondement, que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au sépulcre, nous 
poons noter et considérer desconfort de paour. Car c’est ce qui les fait le cuer frémir et 
forment esbahir. Et ce nous demoustre le seconde partie de nostre euvangile, qui dist et 
recite que les trois Maries entrèrent ou lieu ou estoit le sépulcre, et la virent ung angle en 
fourme de jouenchel qui seoit a dextre [fol. 125] et estoit vestus et couvera de blanche vesture 
moult resplendissant, et lors elles furent esbahies et espoentees. 

Vechi donques comment paour est contraire a amour. Vechi comment, entre amour 
et paour a grant discord et forte bataille. Vechi comment paour desconforte les cuera 
amoureux pour avoir, contre amour, victore. Mais parfaitte amour vaint et boute hors 
paour. « Nam perfecta contas foras mittit timorem . » Johannis X° (U. 

Or oés dont et entendés comment Amour et Paour descordent ensamble. Amour, 
comme devant avons oy, efforche les trois Mânes de leur amy quérir. Mais Paour, comme 
maintenant nous oons, desconforte leurs cuera de plus avant pouraieuir. 

I Ep. s. Jean, iv, 18. (2) En marge : Nota de Paour et Amour. 


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ÉDITH BRAYER 


Amour les attrait, mais Paour les retrait. 

Amour dist : t Venés, venés ». Paour dist : « Retournés, fuyés ». 

Amour fait promesses delitables, Paour fait manaches espoentablez. 

Amour promet de donner grans biens, Paour maneche d'envoier griefz mauix. 

Amour fait recorder tout ce qui peut attraire les cuers amoureux a amer, quérir et pour- 
sieuir le douls Jhesus, qui est le vray Dieu d'amours; et ramentoit comment il est très beaulx 
et bons, comment il est beaulx sans Laidure et bons sans mesure, comment il a beaulté par- 
faitte et bonté souveraine. 

Et Paour, d’aultre part, fait ramembrer tout ce qui peut retraire les trois Maries, et 
leur remaine a memore choses espoentables en disant ainsi : « Considérés, femmes, consi¬ 
dérés le fragilité de vostre sexe femenin. Certes, plus fors et plus hardis doivent estre les 
hommes que les femmes. Les apostles s’en sont fuis; et vous, ou alés? Considérés aussi 
l’obscureté de le nuit qui est encore tenebreuse. Considérés le freour du monument qui est 
memore de mort a tous terrible. Considérés le cruaulté des Juys et le righeur des gardes du 
sépulcre. Certes, se vous estes trouvées, vous estes mortes sans remede! » 

Ainsi les desconforte paour. Mais sur toutes ces choses leur fait le cuer frémir, le corpz 
trambler [fol. 125 v°] le viaire esbahir et le veue tourbler, ceste nouvelle vision de ce mer¬ 
veilleux jouenchel qui leur estoit ou sépulcre apparus, car onques sambiable ne virent. Et 
toutefois, ce non obstant, paour ne peut avoir victore, ne de la ne les peut cachier, car 
amour les fait demourer, et tout souffrir et endurer, pour le douls Jhesus poursieuir. Sic est . 
« Caritas omnia suffert et omnia sustinet. » I a Chorintios XIII° ;iJ . Et, ut ait Dyonisius : 
« Perfectus amor omnia transit et omnia pénétrât, donec ad dilectum perveniat ». 

Et a tant, je me passe de le seconde partie de nostre euvangile et vieng a le tierce. 

Troisième considération • 

J’ay dit, tiercement, que, ou fait de ces trois Maries qui viennent au sépulcre, nous 
poons noter et considérer confort de grant douchour, car c’est ce qui les fait le corpz et 
l’ame resjoir. Et ce nous demoustre le tierce partie de nostre euvangile qui dist et recite que 
l’angele, pour elles conforter, doucement leur disoit : « Ne vous veulliés esbahir ne espoenter. 
Je sçay bien que vous querés Jhesum de Nazareth qui a esté crucefiés. Certes, il est ressus¬ 
cités, ne il n’est pas yci. Vechi le lieu ou il a esté mis. Or poés veoir qu’il en est partis, et 
pour ce ne le querés plus. Mais alés et dittes a ses disciples, et par especial a Pierre, qu’il 
vous précédera en Galylee. Et la le verrés, si comme il vous a dit » (2) . 

Vechi donques douls confort et confortant doucheur. Vechi comment, par le douls 
confort de l’angle, amour est confortée contre paour. Vechi comment le douls Jhesus, le 
vray Dieu d’amours, le loyal amoureux, envoyé douls confort, confortant seureté et seur 
resjoissement a ses amyes, en les segnefiant par certain message les joieuses nouvelles de sa 
glorieuse résurrection, adfin de le publier et denonchier a ses disciples. 

O! com chi a glorieuse loenge du sexe femenin, quant les femmes sont apostles et 
messages as disciples et as apostles de Jhesucrist pour eulx publier et denonchier ceste 

{l) I Cor., xiii, 7. (,) Marc, xvi, 6 et 7. 


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nouvelle joie. 0 ! com cy a grant mistere, car pour ce que Eve, la première femme, fu [fol. 126] 
message de le mort anchienne, estait il chose convenable que par femme fust denonchie 
nostre nouvelle vie. 

0 ! com cy a grant liesce pour les sains disciples et apostles, quant ilz oirent les femmes 
raconter telles nouvelles! Et par especial, saint Pierre a joie souveraine quant il oy que 
l’angele l’a nommé par son nom et fait de lui expresse mencion : « Dicite , inquit , discipulis 
ejus et Petro ». Car se l’angele ne l’euist expressément nommé, il, qui avoit son maistre par 
trois fois renyet, n’euist osé, entre les disciples, venir ne retourner a lui. Unde Gregoriui : 
• Nisi, inquit , eum angélus nominatim exprimerez qui magistrum ter negaverat 9 inter 
discipulos venire non auderet ». 

Or ayons donques, ayons leesce et joie aveuc les trois Maries et avec les disciples. 
Ayons lieche et dévotion et joie de exultation pour le glore de ceste résurrection. Et ne soit 
nulz qui pour pechiet perde ceste leesce, ne qui pour tristresce soit en desesperation. Car 
nous avons oy comment le douls Jhesus a volu ceste joyeuse glore premièrement manifester 
a Marie Magdalaine, qui tant avoit pechiet; et ceste glorieuse joye especialment denonchier 
a saint Pierre l’appostle qui trois fois l’avoit renyet, pour nous demoustrer qu’il n’est nul 
tant soit grant pecheur, s’il veult a lui humblement retourner, qu’il ne soit amoureusement 
recheus a sa grâce, et gracieusement rechus a son amour et a sa glore. 

Lequelle nous veulle ottrier qui vivit et régnât in seculorum secula . Amen. 

P. DE AiLLIÀCO. 


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ÉDITH BRAYER 




6 

CY S’ENSIEUT UN SERMON DES ROGATIONS 

DEVANT L’ASCENSION 

« Dédit M dona hominibus ». Scriptum est sentencialiter P^almo LXVII°; et recita- 
tum ad Ephesios 1111° c° et in epistula hodiema 

La parole que j’ay chi proposée est le sentence du prophète David, recitee de mon* 
seigneur saint Pol l’apostle en l’epide du jour d’uy, et vault autant en franchois : 

Li douls Jhesus, li biauls, li bons, 

A donné as hommes ses dons. 

Pour lequelle parole appliquer a nostre propos, il est assavoir que li très douls et li 
très biaux et li très boins Jhesucrist, comme riche et poissant roy noble et [fol. 148 v°] 
vertueux prinche, comme large et liberal seigneur, quant il parti de ce monde et monta ou 
ciel, avant se glorieuse ascension, il vault paier se bien alee et fist crier publiquement et 
publier generalment une donnée a tous venans et ammosne a tous deraandans. Ce cry fu 
fait et publiet en le saincte euvangile qui fu lundi recitee, quant il fu 

De par Jhesucrist denonchiet 
Et a tous xpistiens segnefiet 
Qu’ilz demandassent sagement 
. Et on leur donroit larguement. 

« Petite 9 inquit 9 et dabitur vobis. » Luce XI 6 

Et pour ce, nostre mere saincte Eglise, adfin de appeller a ceste joumee, ou donnée, 
ses povres enfans et de assambler a ceste ammosne ses orphenins mendians, ordonna, devant 
l’ascention Jhesucrist ces trois jours qui sont nommés Rogations, pour faire processions et 
letanies, orisons et prières, et pour lui demander ses biens et requérir ses dons. Car c’est 
cellui vrayement de qui tesmoingne qu’il donne a tous habondamraent sans villaine reproche. 
« Dat enim omnibus affluenter et non improperat. » Jacobi 1° (4) . 

Or sus, donques, or sus! nous qui sommes povres enfans, venons a nostre mere 
saincte Eglise qui, au jour d’uy, nous appelle et assamble. Nous qui sommes orphenins 
mendians, venons a le donnée et a l’ammosne de ce riche roy, de ce noble prinche et de ce 
largue seigneur. Car son vaillant hirault, monseigneur saint Pol le apostle, en blasonnant sa 
poissance, en loant sa vertu et en magnefiant sa libéralité, nous afferme et asseure que a 
tous ceuls qui lui ont sagement demandé, il a largement donné. Et ce dist il et tesmoingne 
en le parole que j’ay dessus proposée : Dédit dona hominibus , etc. 

W Fol. 148. P Ascension. 

(2) Ps. lxvii, 19 : Accepisti dona in homi- !3) Luc, xi, 9. 

nibus. Ephes., iv f 8. Épître de la Vigile de (4 Ep. s. Jacques, I, 5. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


289 


Li douta Jhesus, ii biaux, li bons 
A donné as hommes ses dons. 

En lequelle parole, selonc trois briefs mos contenus en ycelle, nous poons tou chier 
trois questions appartenans a nostre matere. 

La première : qui est celui qui donne si liberalment. Quia dédit. 

La seconde : qui sont les dons qu’il donne si habondamment. Quia dona [fol. 149]. 

La tierce : qui sont ceulx asquels il donne si generalmcnt. Quia hominibus. 

Et selonc ces trois questions, nous poons, en ceste parole, considérer trois choses : 

Premiers : 

En cellui qui donne liberal excellence quia dédit non nostris meritis sedpure gracie. 
Secondement : 

En ce qu’il donne habondant affluence quiet dona, non unum sedplura. 

Tiercement : 

En ceulx asquelz il donne general indigence quia hominibus , non uni solum sed 
omnibus. 

Et ces trois poins nous sont touchiés et segnefiés briefment, en l’auctorité que j’ay 
aileguie au commenchement : « Dat omnibus affluenter et non improperat » (1) . 

Premiers : 

II donne liberalment et sans reprochier quia dat et non improperat. 

Secondement : 

Il donne habondamment et sans espargnier quia dat affluenter. 

Tiercement : 

Il donne generalment et sans refuser quia dat omnibus. 

Vechi donques trois poins qui sont a declairier, lesquelz sont correspondans a trois 
questions que nous poons, en le parole proposée, touchier et demander. 

Première question 

A le première question donques, se nous demandons qui est celluy qui donne si 
liberalment, j’ay devant dit que c’est nostre Seigneur Jhesucrist, en qui nous poons consi¬ 
dérer liberal excellence, quia dédit ; car il donne liberalment et sans reprochier, quia dat 
et non improperat. 

Certainement nostre Seigneur Jhesucrist est sur tous aultres excellement larges et 
liberal, ne sa liberal excellence et excellent libéralité ne porroit langue raconter, ne enten¬ 
dement considérer, si comme il affiert proprement. Touteffois, nous poons aulcunement 
ceste excellence declairier, et ceste libéralité exprimer par ce qu’il donne sans reprochier. 
Car il n’est nul si riche roy, si noble prinche, ne si liberal seigneur, qui aucune fois ne 

(1> Voir note précédente. En marge : Le première question. 

Édith Brayer. 37 


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ÉDITH BRAYER 


reproche son don, quant ceHui ne le dessert qui de lui le rechoit. Mais ceste reproche 
jamais ne fait le très douls Jhesucrist, car il ne nous donne riens pour nostre desserte ne 
pour nostre mérité, mais seulement de se pure grâce et de se pure miséricorde. Et ce poons 
nous clerement perchevoir par trois raisons. 

Car premièrement : 

[Fol. 149 v°] Il donne caritablement pour nostre amour entretenir. 

Secondement : 

Il donne ses biens franchement sans nul pourfit requérir. 

Tiercement : 

Il donne très entièrement sans riens envers nous retenir. 

Premièrement, il donne caritablement pour nostre amour entretenir, car c’est le 
gentil cuer, c’est le vray amoureux, qui riens ne donne fors par vraie carité et par loyal 
amour; et si très espris d’amour, et si très enamourés de nous, qu’il n’est riens qu’il ne 
donnast pour nostre amour entretenir, car c’est le loyal amant, c’est le vray Dieu d’amours 
qui nous ayme et a amé de parfaitte amour. De laquelle il dist en l’euvangile que nuis ne 
peut avoir plus grant carité ne plus grant amour que de mettre corps et ame pour ses amis. 
« Majorera , inquit , caritatem nemo habet , ac dilectionem , quam ut animant suam portât 
quis pro amicis suis. » Johannis V° (1) . 

Secondement, il donne ses biens franchement sans nul pourfit requérir. Car il est de 
si riche pooir que riens ne lui deffault. Et pour ce, il donne ses biens de si franc courage que 
nul pourfit il ne requiert, car il a en soy meismes de tous biens si grant habondance, que 
selonc le dit du prophète, il n’a de nos biens nulle indigence. « Bortorum , inquit , meorum 
non eges. » Scriptum tn Psalmo (2) . 

Tiercement, il donne très entièrement, sans riens envers nous retenir, car il n’espargne 
riens a son amy, mais habandonne tout pour lui, et donne entièrement, non pas seulement 
ses biens, mais aussy soy meismes. Car si comme dist et tesmoingne le saincte Escripture : 
« Dédit semetipsum pro nobis •. Titum , IX 0 (3) . Helas! vechi très liberal excellence, vechi 
très excellent libéralité. Car pour nous qui sommes plains de toute povreté, il a donné 
entièrement soy meismes qui est plains de toute bonté. Or oés comment. 

Il a donné premièrement son corps ou saint sacrement pour nostre réfection, t Nam 
dédit discipulis suis corpus suum et sanguinem in cibum et poium .» Matthei XXVI 0 

[Fol. 150j Secondement, il a donné son ame a paine et a tourment pour nostre rédemp¬ 
tion. *Nam dédit animam suam redemptionem pro multis. » Matthei XX 0 c° 6) . 

Tiercement, il a donné sa deité en sa personne proprement pour nostre salvation. 
« Nam proprio filio suo non pepercit Deus, sed pro omnibus nobis tradidit ilium. • Romartos 
VIII 0 <•>. 

(1) Jean, xv, 13 (et non ch. v). (4) Citation libre de Matth., xxvi, 26-28. 

(,) Ps. xv, 2. (5) Matth., xx, 28. 

(,) Tît., il, 14. (6) Rom., vin, 32. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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Vechi donques le très riche et le très liberal seigneur. Vechi le vray roy Assuerus, 
duquel il est escript qu'il a donné ses dons selon se royal magnificence. Hester //°c° ; « Dona, 
inquit, largitus est » (2) . A la magnificence de ce roy ne se peut comparer le larguesce 
d’Alixandre, ne le libéralité de Cresus, ne de quelconque aultre roy ou prinche, tant soit 
riche ou poissant. Car tous sont povres au regart de lui; tous sont mendians envers lui. 
Et pour ce 9 tous doivent venir a sa donnée; tous doivent requérir son ammosne. Car sans 
lui nous ne sommes riens; sans lui nous n'avons riens; sans lui nous ne poons riens. * Quia 
omnia per ipsum facta sunt, et sine ipso factum est nichil . » Johannis primo c° l3) . 

Et a tant, je me passe de le première question. 

Deuxième question 

A le seconde question se nous demandons qui sont les dons que Jhesus donne si 
habondamment, j'ay devant dit que, en ce qu'il donne, nous poons considérer habondant 
affluence, quia dona non solum unum etc . ; car il donne habondamment et sans espargnier, 
quia dat affluenter . 

Certainement, es dons de Jhesucrist a si grant habondance, et si habondant affluence 
que nulz ne porroit singulerement distinguer et distincteement nombrer les grans dons 
qu'il a fait et qu'il fait tous les jours a créature humaine. Touteffoiz nous poons confusé¬ 
ment et generalment ceste habondance et ceste affluence prouver et demoustrer par ce qu'il 
donne sans espargnier. Car si comme j'ay dessus moustré, quant il a volu soy meismes 
donner, il appert qu'il ne veult pas ses dons espargnier, mais en grant affluence haban- 
donner. Et ce poons nous declairer de biens, de dons et de richesses, qu'il donne et haban- 
donne a humaine créature. Car premièrement [fol. 150 v°] 

Primo , il donne les biens temporeuls pour nostre sustentation 
Secundo , il donne les biens esperitueuls pour nostre justification 

Tercio 9 il donne les biens perpetueuls pour nostre rétribution. 

Les dons temporeuls sont bons mais iiz sont périlleux et muables. 

Les dons esperituels sont plus bons car ilz sont vertueux et estables. 

Les dons perpetuelz sont très bons car ilz sont fructueux et durables. 

Premièrement (#) , donques, Jhesucrist donne les biens temporeulx pour nostre 
sustentation. Car c'est cellui qui donne viande au familleux, et generalment, c'est cellui qui 
soustient nos vies contre toutes indigences, et qui nous donne sustentation en toutes nos 
neccessités, juxta illud in Psalmo : t Dat escam esurientibus • 4 * (6) . Ces dons temporeuls 
sont boins a ceuls qui bien en usent, mais ilz sont périlleux a ceuls qui en abusent. 

Or te veul je moustrer comment, de ces biens temporeuls, on peut bien user. Je te dy, 
donques, que ceuls usent bien des biens temporels qui sont contens de ce qui est neccessaire 
a leur vie. Unde apostolus p I a Thim . VI 0 : « Habentes alimenta etc . et quibus tegamur hiis 


11} Ms. : les. 

(S) Esther, il, 18. 
(,) Jean, l, 3. 


(4) En marge : Le II e question. 

<6J En marge : Nota des biens temporeulx. 

(6) Ps. cxlv, 7. 

37. 


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ÉDITH BRAYER 


contenti sumus » (1) . Et pour ce Jhesucrist nous aprent a lui demander seulement nostre 
pain cotidien : « Panem nostrum cotidianum da nobis hodie ». Matthei . Vf* (2) . Et par 
pain 13 ' est a entendre toute chose neccessaire a vivre sobrement. Et plus ne devons nous 
demander a Dieu, se nous sommes sages. Car de ce avons nous exemple du sage Salemon 
qui supplioit a Dieu qu'il ne lui donnast ne grant richesse, ne grant povreté, mais seulement 
les nccccssités de sa vie. « Divicias, inquit , et paupertatem ne dederis michi , sed tantum 
victui meo tribue neccessaria. » (4) . Nous 11 e devons pas, donques, quérir ne desirer super¬ 
fluité de richesses, habondance de delices, excellence d’onneurs. Et s’il advient que Dieu les 
nous donne, nous n’y devons pas mettre nostre cuer ne les trop ardamment amer, propheta 
dicente : « Divicie si affluant , nolite cor apponere ». In Psalmo Ceulx, donques, qui 
trop les [fol. 151] ayment, abusent des dons temporeuls, et a ceuls sont ilz trop périlleux en 
pluiseurs maniérés 6 : 

1° En les acquérant laborieusement; 

2° En les gardant dolereusement; 

3° En les délaissant langoureusement. 

Et souvent advient que on les acquiert et garde et laisse très dampnablement. Car si 
comme dist monseigneur saint Pol l’apostle, Thimoteum VI 0 : » Ceuls qui en ceste 
maniéré veulent estre riche et habonder es biens temporels, enchieent es las et es temptations 
du diable et en pluiseurs désirs nuisables et périlleux, qui mainnent l’omme a le mort et a 
mortel perdition. » Et pour ce dist le sage Salemon que le fol riche, qui folement ayme ses 
richesses, ne rechoit nul boin fruit en elles. Ecclesiastici V° (8) . Ne te glorcfie pas, donques, 
en tes grans richesses, ne te delitte pas trop en tes biens temporeulx. Car se ainsi le fais, 
quant tu cuideras estre riches, tu te trouveras povres. Et te porra on dire, par demsion, le 
parole qui est escripte en l’Apocalipse : « Tu dis que tu es riches et habondans et n’as de 
riens besoing; et tu ne sces comment tu es chetis et misérables, povres de vraie congnissance 
et richesse, et nuds de vraye vertu. « Tu dicis 9 inquit , quia dives sum 9 etc . » Apoc. 

IIP ». 

Secondement (10) 9 * , Jhesucrist donne les biens espiritueuls pour nostre justification. Car 
c’est cellui qui donne les biens de grâce et par lesquels nous sommes justes et plaisans a 
Dieu. Ces biens donne il non pas as orguilleux, mais as humbles, si comme dist l’Escripture, 
I a Pétri V° : *Deus , inquit , superbis resistit et humilibus dot gratiam^^ ll \ Il n’est riens 
qui tant nous puist procurer le divine grâce comme humilité, ne riens qui tant le puist 
empeschier comme orgueil. Car orgueil est contraire fourmeement a grâce. Et vechi 
comment. 

Grâce est ainsy appellee, quia gratis data 9 pour ce que c’est pur don, procédant de le 
pure bénignité de Dieu, sans nostre mérité et sans nostre desserte. Mais orgueil est tout 


(1) I Timoth., vi, 8. 

(1) Matth., vi, 11. 

(3) En marge : Nota. 

(4) Prov., xxx, 8. 

(5) Ps. lxi, 11 . 

61 En marge : 1°, 11°, 111°. 


(7) I Timoth., vi, 9. 

18 ) Ecclésiastique, v, 1 ou 8. 

(9) Apoc., in, 17. 

l0J On a noté dans 1a marge : Des biens 

espiritueulx. 

f 11} 1 Ep. s. Pierre, v, 5. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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contraire, car c’est foie presumption et presumptueuse oultre - [fol. 151 v°] • cuidanche, qui 
fait Pomme ingrat a son bienfaitteur et soy exalter et glorefier en soy, aussi comme se les 
dons qu’il a venissent de lui, ou que par sa vertu il les euist mery et desservi. Hélas! vechi 
trop male folie! vechi trop foie frenesie! Car, si comme dist l’apostle, nous ne avons riens 
qui ne soit pris et tenu de Dieu. Et pour ce, nous ne devons pas en ces dons nous glorefier, 
mais l’en devons regracier. « Quid enim habes , inquit, quod non accepisti ? Quod si accepisti , 
quid gloriaris ? » Se tu veulz doriques empetrer et garder les biens de grâce et les biens 
espiritueuls, il te fault sur toute riens fuir orgueil et avoir humilité, et te dois humilier et 
anientir devant Dieu, ne pour bien que tu fâches ne te dois glorefier ne exalter en toy. Car 
plus fais de bien et plus es tenus et obligiés a Dieu, comme a cellui de qui ton bien fait 
procédé, en pur don et de pure grâce. Et pour ce, de tant dois tu plus envers lui humilier 
et toy mains glorefier. A ceulx qui ainsi sont humbles, donne Dieu les biens de grâce et les 
dons espirituels. Et de istis dicitur quod humilibus dot gratiam {2 K Ces dons espiritueuls 
sont plus bons que ne sont les biens temporels. Car ilz ne sont pas périlleux, mais sont 
vertueux. Ilz ne sont pas périlleux comme sont les biens temporeuls, desquelz nous poons 
mal user, si comme j’ay dit dessus. Mais ilz sont virtueux et nous font avoir force et vertu 
contre tous périls pour ce que des dons espirituels et des biens de grâce et de vertu nous 
ne poons abuser, juxta illud philosophi : « Virtutibus non contingit abuti ». 

Tiercement (4) , Jhesucrist nous donne les biens perpetueulx pour nostre rétribution. 
Car c’est celuy que, quant en lui est, nous donne sa grâce temporele, et moyennant ceste 
grâce, il nous donra, se a nous ne tient, sa glore perpetuele et rétribution finable. Unde 
propheta : « Gratiam et gloriam dabit Dominas », in Psalmo Ces biens perpetueuls 
sont très [fol. 152] boins, car ilz sont fructueux et précieux plus que nul aultre don temporel 
ou espirituel. Ce sont les biens desquels dist le apostle «que oeil ne porroit veoir ne oreille 
oir, ne cuer d’homme penser, les grans biens que Dieu a appareilliet a ses boins amis. — 
Nec oculus vidit , nec auris audivit nec in cor hominis ascendit que preparavit Deus diligen- 
tibus se. » I a Chorintios 77° 0 . 


Vechi donques le très grant habondance, vechi le très habondant affluence de biens, 
de dons et de richesses, que Jhesucrist nous donne, car ces biens ne viennent pas de terre, 
mais du ciel; ilz ne viennent pas de bas, mais de hault; ilz ne naissent pas de nous, mais de 
Dieu. Car, si co mm e dist l’Escripture, « tout grant bien et tout don parfait vient de dessus 
nous et descend du Pere de toute lumière qui tout enlumine. — Omne datum optimum et 
omne donum perfectum desursum est descendens a Pâtre luminum . » Jacobi 7° c° (7 *. Ce 
pere de lumière est nostre Seigneur Jhesucrist, qui par ses biens et par ses dons fait clarté 
au monde et enlumine tout homme. « Illuminât enim omnem hominem venientem in hune 
mundum. » Johannis 7° c° (i) . 


Et a tant, je me passe de le seconde question. 


(1) Ms. : ses 

Ps. LXXXIII, 12. 

(i> I Cor., iv, 7. 

(61 I Cor., h, 9. 

(,) I Ep. s. Pierre, v, 5. 

(7) Ep. s. Jacques, I, 17 

(4) En marge : Des biens perpetueulx. 

Jean, I, 9. 


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294 


ÉDITH BRAYER 


Troisième question 

A le tierce question (1 >, se nous demandons qui sont ceulx asquels Jhesucrist donne si 
generalment, j’ay devant dit que en ceulx asquels il donne, nous poons considérer general 
indigence, quia hominibus. Certainement nous sçavons assés par expérience que toute 
humaine créature, quant en soy est, a très grant povreté et très grande indigence, et des 
biens de fortune, et des biens de nature, et des biens de grâce. Et ceste indigence est si gene¬ 
rale que nulz homs ne s'en peut excuser. Et pour ce, Jhesucrist donne a tout homme, sans 
nulluy refuser; car il n'est nulz, tant soit povres ou quetis, qui ne recoeuvre aulcun don 
de lui. Touteffoiz ilz sont aucuns asquels il donne plus, et plus grans biens et plus grans 
dons, ainsi que vous orrés : 

1° A ceulx qui demandent raisonnablement; 

2° A ceulx qui gardent pourfitablement; 

3° A ceulx qui rendent gracieusement. 

Hz sont donques trois choses qui font Jhesucrist as hommes [fol. 152 v°] habondam- 
ment donner. C’est assavoir : 

Raisonnablement demander, 

Pourfitablement garder. 

Gracieusement rendre et rétribuer. 

J’ay dit, premièrement, que Jhesucrist donne habondamment a ceulx qui lui deman¬ 
dent raisonnablement. Et selonc ce doit estre entendue le parole de i'euvangile, qui au 
commenchement de nostre sermon a esté recitee : « Petite , inquit , et dabitur vobis. — 
Demandés, dist il, et on vous donra » (8) . C’est a entendre que, se vous demandés raisonna¬ 
blement, Dieu vous donra très habondamment. 

Mais or est il a sçavoir que, a ce que nostre demande soit raisonnable, trois conditions 
sont requises : 

1. Qu’elle soit faitte discrètement, 

2. Qu’elle soit faitte dévotement, 

3. Qu’elle soit faitte continuelment. 

Et ce9 trois conditions sont touchies en I’euvangile dessus dit, quant il dist : 

« Petite , scilicet prudenter et discrète , 
et dabitur vobis. 

Querite 9 scilicet humiliter et devote , 
et invenietis. 

Pulsate , scilicet perseveranter et continue , 
et aperietur vobis. » 5 

(lî En marge : A le III e question. {4) En marge : I e , II e , III e . 

(2) En marge : Primo, II 0 , III 0 . (6) Matth., vu, 7; Luc, xi, 9. 

(S) Luc, xi, 9. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


295 


Premièrement, donques, nostre demande doit estre faitte discrètement. Car le demande 
est de Dieu refusee, qui est faitte a lui folement. Et de ce, nous avons exemple des enfans, 
dont nous recite l’euvangile. Et pour ce que leur mere fist et demanda pour eulx foie requeste, 
ilz eurent refus et repuise et leur fu respondu : « Nescitis quid petatis ». Matthei 11° W. 
Il fault donques que nostre demande soit discrète, se nous ne volons avoir repuise. Et de 
telle demande nous afferme et asseure Jhesucrist que, se nous demandons en sen nom aulcun 
don a Dieu le Pere, il le nous donra sans nulle faulte : « Si quid petieritis Patrem in nomine 
meo, dabit vobis ». Johannis XVI 0 (2) . 

Or enteng comment ceste parole doit estre exposee. Certainement, cellui seulement 
demande ou nom de Jhesucrist qui fait demande appartenant a son sauvement, car le nom 
de Jhesus vault autant comme Sauveur. Le demande, donques, faitte a ce nom, c’est a dire 
ou nom du Sauveur, et a le (in de no sauvement, est tousjours de Dieu oye et exauchie, se 
par nous ne tient, et se de nous ne vient [fol. 153] rempeschement. 

Mais il advient souvent que nous mettons empeschement en nostre demande et en 
nostre orison. 

Le premier empeschement est quant nous ne demandons cose utile et pourfitable; 
c’est quant nous demandons des biens temporeuls plus qu’il n’est besoing a nostre salut. 
Car en ce cas, aulcune fois. Dieu ne nous donne point ce que nous demandons, mais nous 
donne mieulx; aussi comme se tu demandoies a ton amy .X. sols et il t’en donnast cent, 
il ne te feroit pas injure, mais grant courtoisie. De hoc Ysaias : « Multorum orationes non 
exaudiuntur quia providet illis Deus meliora dore quam petunt ». Ceste folie advient 
souvent as enfans qui demandent, non pas seulement ce qui ne leur est pourfitable, mais 
ce qui leur est nuisable. Ceste folie aussi advient souvent as malades qui demandent ce qui 
leur est contraire. Mais Jhesucrist est le boin maistre d’escole; il est le boin medechin qui 
nous donne ce qu’il scet qui nous est boin. De hoc Augustinus : t Si pecierimus secundum 
voluntatem ejus, audiet nos ». 7 a Johannis V °. « Unde dicere debemus in oratione : Fiat 

voluntas tua, etc . » Matthei VI 0 (s) . 

* 

Le second empeschement est quant nous ne demandons en estât convenable. C’est 
quant nous demandons en malvais estât et deshonnerable, comme en estât de pechiet 
mortel. Juxta Ysaiam : « Cum multiplicaveritis orationes, non exaudiam; manus enim 
vestre sanguineplene sunt » (4 *. Qui fait orison a Dieu en pechiet mortel, il fait comme cellui 
qui requiert l’espee traite et le baston en le main. Mais entre les aultres pechiés, hayne et 
rancune empesche plus especialment nostre orison envers Dieu. Car si comme le médecine 
ne donne garison tant comme le fer soit en le playe, aussi orison ne pourfite tant que hayne 
soit en nostre courage. Ainsi nous apprent nostre boin maistre Jhesucrist, en l’escole de 
l’euvangile, Matthei XI : « Cum stabitis ad orandum, dimittite si quid habetis advenus 
aliquem » Item Matthei VI° : « Dimitte nobis débita nostra, sicut etc. » 

Le tierc empeschement est quant nous ne demandons en foy [fol. 153 v°] ferme et 


(1) Matth., xx, 22; Marc, x, 38. 

(4) Isaïe, I, 15. 

(2) Jean, xvi, 23. 

(4) Matth., xi, 25. 

(3) Matth., vi, 10. 

(6) Matth., vi, 12. 


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296 ÉDITH BRAYER 

estable, mais de cuer doubtif et variable. Jacobi I : « Postulet autem in fide nichil hesi- 
tans » (1) . Augustinus (2) * 4 5 * : « Non hortaretur nos petere, si non vellet dore, etc . ». 

Vechi donques comment nostre orison et nostre demande doit estre faitte discrè¬ 
tement. 

Secondement, elle doit estre faitte dévotement. Car si comme le encens ne peut bien 
odourer, ne sa fumee en hault monter, s’il n’est ars ou feu, aussy orison ne peut odourer 
a Dieu, ne monter ou ciel s’elle n’est embrasee du feu de ardant dévotion. Psalmista : 
« DirigcUur , Domine , oratio mea sicut incensum in conspectu tuo » Le fumee de cest 
encens ne doit pas demourer en bas sur terre, mais doit monter en hault ou ciel, c’est a dire 
que en nostre orison, nous ne devons pas avoir nostre intcncion as choses terriennes, mais 
as choses celestiennes. Helas ! ilz sont aucuns qui n’ont orison fors en bouche et non en cuer, 
car le cuer est ententif as choses du monde. « Nichil solliciti sitis in oratione . » Philippenses 
////o 4) # hem : « Oratio cordis est non labiorum ; neque Deus verba f sed orantis cor aspicit ». 

Vechi donques comment nostre demande doit estre faitte dévotement. 

Tiercement, elle doit estre faitte perseveramment. Car souvent Dieu différé et attent 
a nous donner ce que nous demandons, affin de plus desirer son don et de perseverer en 
bien 6) . Augustinus : « Non tibi cito dore ut discas magna magno corde desiderare ». Et 
pour ce, nous ne devons pas cesser de orison; mais toudis perseverer et continuer. Car il 
promet, en l’euvangile, que, a cellui qui persevere, il donne : « Si quis perseveraverit 
pulsans , etc. » Item Jacobi V° : « Multum valet deprecatio justi assidua » (7) . Et apos- 
tolus : • Sine intermissione orate » 

Mais tu porroies demander comment tu porras continuelement orer sans cesser; 
car nature ne peut souffrir ceste continuation, mais le fault souvent cesser d’orison pour 
boire, mengier et dormir, et soy occupper en aultre operation. 

Je te respons 10 que ceste parole n’est pas si entendue a le lettre que tu ne puisses 
bien toy occupper en tes neccessités [fol. 154] et en tes indigences, et plus ou mains selonc 
ton estât. Mais quant l’Escripture dist que tu dois aorer sans cesser, c’est a entendre en 
tamps et en lieu et es heures ad ce ordonnées par l’Eglise, ut patet in Psalmo : t Sepcies in 
die laudem dixi tibi*( ll K Ou selonc l’exposition saint Grégoire : « Toute boine operation, 
faitte en l’onneur de Dieu, peut estre en ce lieu appellee orison. Ne cuides tu (12) que donner 
ammosne, conseiller les povres et aultres oeuvres virtueuses, ne soit belle orison devant 
Dieu? Meismement un boin chevalier ou un boin marchant, en faisant son office justement 
et loyalment, fait belle orison a Dieu. 

Or t’ay je moustré comment tu dois demander raisonnablement, et comment Dieux 
donne a ceulx habondamment qui ainsy demandent. 


(1) Ep. 8. Jacques, I, 6. 

(2) En marge : Nota. 

(8) Ps. CXL, 2. 

(4) Philipp., iv, 6. 

(5) Peut-être faut-il corriger : « affin de nous 

faire plus desirer... et persévérer... ». 

(6> Luc, xi, 8. 


7) Ep. s. Jacques, v, 16. 

8) I Thess., v, 17. 

9) En marge : Question. 

10) En marge : Solution. 
u) Ps. cxvm, 164. 

121 En marge : Nota. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


297 


Je ay dit secondement que Jhesucrist donne habondamment a ceulx qui ses dons 
gardent pourfitablement. Hz sont aulcuns qui des dons et des biens de Dieu abusent et les 
perdent folement, et ne scevent ou veulent garder sa grâce divine, mais le perdent * l) par 
mortel pechiet. A ceuls ne donne pas Dieu habondamment, mais leur retault hastivement. 
Mais a ceuls qui gardent les biens de Dieu en pourfitant de mieulx en mieulx, Dieux donne 
habondamment et acroist ses dons de plus en plus. 

Veuls tu donques aprendre comment tu peus les dons de Dieu garder pourfitablement? 
Tu dois faire comme fait le boin recheveur et le boin serviteur, qui fait le recepte d’aucun 
grant seigneur (t) : 

1° Tu dois souvent nombrer et compter; 

2° Tu dois diligamment escripre et recoler; 

3° Tu dois ardamment gaignier et multeplier. 

Premiers, tu dois les biens et les dons de Dieu souvent nombrer et compter. Helas! 
nous ne pomemes nombrer ne compter souffissamment tous les dons et les bénéfices que 
Dieu nous fait. Mais a nostre pooir, chascun jour, nous devons aucunement nombrer et 
compter nostre recepte. Car il n’est jour que nous ne rechevons aucunne grâce. Et de ceste 
recepte, il nous faulra une fois rendre compte. Car vechi le jour du Jugement qui [fol. 154 v°] 
approche, ouquel il tenra sa chambre des comptes. Et la vorra, selonc ce que dist l’euvangile, 
compter aveuc ses recepveurs et avoir raison de ses serviteurs : « Veniet , inquit , et ponet 
rationem cum servis suis » ' #) . Qui plus ara receu, de plus ara il a rendre compte. Gregorius : 
« Cum , inquit , augentur dona, rationes etiam crescunt donorum, etc . ». 

Secondement tu dois les dons et les biens de Dieu diligamment escripre et recoler. 
Helas! bien devons avoir memore des bénéfices de Dieu, et pour ce les devons nous escripre 
ou livre de nostre cuer. Car si comme dist le sage Senecque : t Optima beneficiorum custos 
est memoria ». Et pour ce dist il : t Le plus grant ingratitude qui puist estre, c’est de oublier 
le don et le bénéfice qui est liberalment donnés. — Ingratissimus omnium , inquit , qui 
oblitus est, etc. ». 

Tiercement, tu dois les biens et les dons de Dieu ardamment gaignier et multeplier. 
Helas! bien devons avoir le cuer ardant de multeplier les biens que Dieu nous a donné. 
Car f si comme il appert par le parabole de l’euvangile, se de petit trésor nous faisons grant 
gaing, et que nous multeplions au double tant que nous puissons dire comme fist le boin 
serviteur : « Domine , duo talenta tradidisti michi ; ecce alia duo superlucratus sum 9 etc . » {4) . 
Certainement, Dieu nous guerredonnera plus que a cent mille doubles et nous habandon- 
nera son trésor et fera maistres de son hostel; et nous dira comme il fist au boin serviteur 
et recheveur : « Serve bone et fidelis 9 etc. » ( # h Vechi donques comment nous devons 
garder pourfitablement les dons et les biens que Dieu nous donne. Et se ainsi le faisons. 
Dieu nous donra habondamment. Et ad ce propos, dist il en l’euvangile : « Omni habenti 
dabitur et habundabit; et qui non habet aufferetur ab eo ». Luce XIX° 6 . Il entend, par 

fl) Ms. : prennent. f4) Matth., XXV, 22. 

(2) En marge : 1°, 11°, 111°. (5 ’ Matth., xxv, 23. 

(3) Matth., xvin, 23. <61 Luc, xix, 26. 

Êdith Brayer. 38 


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298 ÉDITH BRAYER 

cellui qui riens n'a, qui folement garde; et a cellui on lui oste. Mais a cellui qui bien garde, 
on lui donne. 

J’ay dit tiercement et finalement que Jhesucrist donne habondammcnt a ceulx qui 
rendent gracieusement. Hz sont aulcuns si plains de ingratitude qu’ils ne scevent ou ne 
veulent, pour les dons de Dieu, rendre ne grâces, ne [fol. 155) mérités, et ceuls ne sont pas 
dignes de don recepvoir, mais d’estre privés de tout bien. Et, de cellui qui peche par telle 
ingratitude, dist le Sage qu'il n’est pas digne du pain qu’il mengue. t Peccator, inquit , 
non est dignus pane quo vescitur. » Se tu veuls donques que Dieu te donne et tu ne veuls 
cheoir en pechiet de ingratitude, il fault que tu lui rendes don pour don. Car ainsy le dist 
il en l'euvangile : t Date, inquit , et dabitur vobis ». Luce VI 0 (1) . « Donnés, dist il, et on 
vous donra. » 

Mais tu me porroies demander 2) quelle chose tu peus a Dieu donner et quel don tu 
lui peus rendre ou rétribuer. Car j’ay dessus dit qu’il n’a besoing de nos biens ne il ne 
quiert, ne peut avoir proffit en nos dons. 

Ad ce je te respons ^ 3) qu’il ne nous demande riens pour son proffit, mais pour le 
nostre. Car en lui donnant, nous nous donnons, et en nous tout le pourfit rechevons et 
retenons. Par especial, il nous demande trois choses, lesquelles nous lui devons donner pour 
nostre très grant pourfit 4) : 

1° Nous devons son nom beneir et saintefier; 

2° Nous devons son nom loer et magnifier; 

3° Nous devons sa gent secourir et aidier. 

Du premier, Psalmus : « Quid rétribuant Dominopro omnibus que retribuit michi ?» (4) . 
Sequitur responsio ad propositum : « Nomen Domini invocabo » Bien seroit cellui mal¬ 
vais soldoiier qui oublieroit le nom de son capitaine. Et pour ce devons nous retenir le nom 
de nostre Seigneur et en toutes nos neccessités lui appeller et en tous estas, et de adversité 
et de prospérité lui beneir et sainctefier, a l’exemple de Job : « Si bona suscepimus , etc., 
Sit nomen Domini benedictum » Sic docet ante omnia Xpistus in oratione dominica : 
« Sanctificetur nomen tuum ». Malthei VI 0 (i) . C’est contre ceuls qui en adversité mur¬ 
murent sur Dieu, et contre ceuls qui en prospérité oublient Dieu. Non sic vos , etc. 

Du second, Psalmus : * Date gloriam laudis ejus » Bien seroit cellui plain de 
ingratitude qui ne loeroit et magnifieroit son bienfaitteur et qui ne lui renderoit grâces et 
merchis pour son don, a l’exemple de l’apostle : « Gratias ago Deo super inenarrabili dono 
ejus ». Il 0 Chorintios IX° (1 ° K 


Luc, vi, 38. 

(2) En marge : Question. 

(3) En marge : Solution. 

(4j En marge : Primo, II 0 , 111°. 

(5) Ps. cxv, 12. 


(8) Ps. cxv, 13 et 17. 

(7) Job, il, 10. 

(8) Matth., VI, 9. 

(9) Ps. LXV, 2. 

( i°> II Cor., ix, 15. 






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299 


MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 

Du tierc, Matthei XIX 0 : « Da pauperibus et habebis thesaurum in celis 1 
[fol. 155 v°] Les gens de Dieu sont les povres. « Quod uni ex minimis meis fecistis, michi 
fecistis, i Bien seroit ce!lui deahonnestes qui ne secourroit et aideroit en neccessité le 
fil ou le bien especial amy et familier de son seigneur. Hoc dicit de pauperibus . 

Hélas! vechi grant libéralité! Pour une povre ammosne, il nous promet grant richesse; 
pour un petit don en terre, il promet un grant trésor ou ciel : c’est le trésor de le glore pardu- 
rable, laquelle nous veule ottrier Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen . 

P. d’Ailly. 












i«qqa vioq h nimsrfs ai miuicm i 














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«•* if, 

itndi&ttiï \ fuai bHâtsb nM* m ! 
























(l) Matth., xix, 21. 

<2 ’ Matth., xxv, 40. La glose française sur les 


gens de Dieu s'appliquerait mieux À cette cita 
tion qu'à la précédente. 

*8 


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300 


ÉDITH BRAYER 




7 

S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE JOUR DE L’ASCENT10N 

NOSTRE SEIGNEUR 

% 

« Assumptus (1) est in celum et sedet ad dexteram Dei. » Scriptum est Marri, ultimo 
capitulo, et in ewangelio hodiemo W. 

Se nous volons sieuir le chemin et le trache de nostre Sauveur Jhesucrist, et après lui 
monter de terre ou ciel, de ceste mortele misere en glore pardurable, il nous fault devant 
envoier ung message. 

Pour quoy? Pour enseignier le voye, pour moustrer le chemin et pour appareillier 
l’ostel. 

Et qui sera ce message? Ce sera Devote Orison qui volera de bas en hault, en retrayant 
nos cuers des choses mondaines, et les eslevant es choses celestiennes. Car cuer humain, 
fichiet en terre par mondain plaisir, est dur et rude et pesant, et ne peut mie legierement 
ou ciel monter. Mais Devote Orison, nostre boin message, volera hastivement [foi. 159 v°] 
de terre ou ciel par les eles de vraie amour, de ardant désir qu’elle a as choses pardurables 
et hurtera diligamment a le porte de paradis par devotes larmes et piteux souspirs. Et 
finablement tant fera par sa diligence qu’elle venra jusques au throne de le saincte Trinité. 

Helas! mais quant elle considerra sa propre fragilité et le haultesce de le divine majesté, 
elle n’osera approchier plus avant, mais retournera humblement par devers le Royne du 
ciel, la mere du Roy, le Vierge glorieuse. Et pour empetrer grâce, moyennant Devote 
Orison, le saluerons en disant : Ave Maria. 

Assumptus est, ut supra. 

Ceste parole est escripte en l’euvangile du jour d’uy, lequelle nous recite et afferme 
que nostre Sauveur Jhesucrist, après se résurrection apparu entre ses disciples et les 
reprist et castia en reprochant leur incrédulité pour tant que n’avoient pas fermement 
creu a ceuls qui leur avoient dit et tesmoingniet qu’il avoit volu ressusciter de mort a 
vie. Et pour ce, adfin qu’il ostast de leurs cuers tout scrupule et toute doubtance a 
son joyeux departement et a sa bien alee, il fist devant eulx ung très grant et merveilleux 
miracle, car visiblement il fu eslevés en l’air et glorieusement monta ou ciel. Et quoy 
plus pour acroistre le merveille et confermer nostre creanche? Ceste glorieuse ascension 
fu faitte et demoustree non mie secrètement ne celeement, mais publiquement et notoi¬ 
rement, veans ses apostles et ses disciples, presens aveuc eulx pluiseurs aultres, si comme 
. il est escript en l’epistle qui présentement a esté lute en nostre mere saincte Eglise : 
« Videntibus illis, inquit, elevatus est, etc. » Scribitur Actuum 1° 

« Fol. 159. Act. ap. # i, 9. 

(2) Marc, xvi, 19. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 301 

Et c'est le sentence de le parole proposée, Assumptus est, qui peut estre ainsi exposee: 

Jhesucrist, c’est chose notore, 

Est huy montés ou ciel en glore. 

Ou par ceste maniéré : 

Jhesus est montés en hault lieu 
Et siet a le dextre de Dieu. 

Pour lequelle parole a nostre propos appiicquier, il est assavoir que nostre Sauveur 
Jhesucrist, par se glorieuse ascension, fu cause a son peuple xpistien de joie et [fol. 160] 
de exultation, et par especial pour trois choses : prumiers, par ce fu nostre foy xpistienne 
notoirement confermee; secondement, par ce fu certaine esperance gracieusement donnée; 
tiercement, par ce fu vraye carité benignement demoustree. Et pour ce, de ceste ascension 
avoit dit le saint prophète qu’elle seroit cause de nouvelle joie et de joieuse liesce : « Ascen- 
dit, inquit, Deus in jubilo et Dominus in voce tube », in Psalmo (1) . 


Première considération : Foi 

O! peuple xpistien, or oy et enteng premièrement comment, au jour d’uy, nostre 
foy fu notorement confermee; et par especial, roys, prinches et chevaliers, asquels est 
de Dieu commise le espee pour deffendre le foy xpistienne, oés et entendés! Oés des 
oreilles du corpz et entendés des oreilles du cuer. Oés diligamment le parole proposée, 
et entendés dévotement le mistere d’icelle, et considérés parfondement comment, pour 
confermer le foy xpistienne, au jour d'uy fu hors cachie toute scrupuleuse doubtance, 
quant sensiblement et en appert, veant grant multitude de gens, nostre Sires Jhesucrist 
est montés ou ciel. Lors fu bien tristresce muee en joie, doleur en liesce, mescreanche 
en crédulité, doubtance en certaineté. Car les apostles, au jour de la passion, eurent grant 
tristresce, et doleur, et en le foy doubterent. Mais après, au jour de le résurrection, eurent 
consolation; et depuis, petit a petit, furent en le foy confermés, en ce que nostre Sires 
Jhesucrist conversa aveuc eulx par .XL. jours, et se demoustra en pluiseurs maniérés. 

Mais finablement, comme j’ay dessus dit, en ce jour de l’ascension, ilz eurent de 
le foy confirmation publicque et notoire. Et ce estoit bien chose raisonnable que si comme 
par dolereuse passion avoit esté moustree le humiliation de son humanité, aussi en sa 
joyeuse résurrection et glorieuse ascension, fust manifestée le exaltation de se divinité 
et de se divine majesté. Et ce fu au jour d’uy fait quant par lui fu acomplie le parole dessus 
proposée : Assumptus est in celum . 

Jhesucrist, c’est cose notoire, 

Est huy montés ou ciel en glore. 

Qui sera donques le xpistien [fol. 160 v°], s’il n’est plus obstinés et pires que Juys, 
qui d’or en avant en sa foy doubtera, et qui a son pooir contre les mescreans ne le deffen- 
dera, quant elle est ainsi manifestement confermee et véritablement tesmoingnie et approu- 

(1) Ps. xlvi, 6. 


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302 ÉDITH BRAYER 

vee par ceuls qui notorcment a l’oeil et qui constamment l’ont affermée jusque» a le 
mort? 

Mais ce non obstant, o merveilleuse et misérable chose a dire, ilz sont au jour d’uy 
pluiseurs xpistiens et meismement roys, prinches et chevaliers qui ne samblent pas avoir 
ferme foy, mais doubtance et incrédulité, et vechi comment (2) . 

S’il avoient ferme foy, soufferroient il que le science de le foy et de le loy xpistienne, 
c’est assavoir le saincte Escripture et le saincte théologie, qui est science divine, fust, 
entre les xpistiens, mains prisie que le science humaine et le loy mondaine? — et mains 
honnouree que n’est le loy Moyse, entre les Juys, et le loy Mahommet entre les Sarrasins? 

S’il avoient ferme foy, soufferoient il en leurs terres et en leurs seignouries, et aucunnes 
fois en leurs présences, dire paroles de blasphémé contre Dieu, contre sa loy et contre 
se saincte Escripture? 

S'il avoient ferme foy, feroient ilz leurs loys et leurs commandemens rigoreuse- 
ment garder et executer, et le loy de Dieu et ses commandemens lairoient negligamment 
casser et despiter? Feroient ilz un fauls monnoyer boulir et crueusement morir pour 
fausser leur monnoye, et lairoient un fauls xpistien vivre sans pugnir pour jurer et se 
parjurer (#) , et renyer Dieu et son glorieux nom et malgrier les sains? 

S’il avoient ferme foy, feroient il guerre les uns as aultres, xpistiens contre aultres 
xpistiens, et lairoient en paix les Juys, les Sarrasins et les aultres mescreans, qui sont 
anemis de le foy xpistienne? Leur lairoient il les xpistiens tenir en subjection et servage, 
et avoir le possession de le Terre Saincte, de le terre ou nostre Seigneur Jhesucrist fu nés 
et nourris, de la terre ou il souffry mort et passion, par lequelle il nous accata et [fol. 161] 
acquist par son précieux sang; de la terre ou il publia sa loy, de la terre ou il ressuscita, 
et dont il monta ou ciel? 

S’il avoient ferme foy, lairoient il entre les xpistiens vivre les fauls Juys qui cruce- 
fierent et mirent a mort Celluy par qui nous avons vie? 

S’il avoient ferme foy, lairoient il tant durer ce misérable scisme et scismatique 
division, qui ja par long tempz a persévéré en nostre mere saincte Eglise, sans y mettre 
convenable provision? — Lequelle chose est a le grant confusion de tous xpistiens, et 
a le grant exultation des Juis, des Sarrasins et de tous mescreans. 

Certainement, il samble que, se ferme foy estoit en leurs cuers, il ne soufferroient 
point les choses dessus dittes. 

Helas! très noble roy de Franche, qui par singulere excellence estes nommés roy 
très xpistien, lequel nom vos prédécesseurs ont acquis par ferme foy qu’ilz ont toujours 
amee, deffendue et gardee, adfin que vous ne perdés ce glorieux nom, ne souffrés pas les 
choses dessus dittes estre en vostre royalme. Mais en moustrant que vous amés Dieu et 
que vous avés en lui ferme foy. 

Amés et honnourés la science divine. Ne souffrés dire blasphémé contre Dieu ne 
contre le saincte Escripture. Gardés et faittes garder en vostre royalme les divins comman¬ 
demens, comme vous volés que on garde les vostres. Faittes paix as xpistiens et guerre 


(l) Texte du ms. Peut-être corriger : «par 
ceuls qui l’ont veue notorement a l’œil ». 


(,) En marge : Nota. 

(3) Ms. : pour jurer et/et parjurer. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


303 


as mescreans. Et mettés paine de mettre le Terre Saincte hors de viilain servage. Boutés 
hors les faulx Juys de vostre noble royalme, et ne souffrés pas, pour ung pau de proufit 
temporel, qu’il vous fâchent très grant espirituel dommage. 

Finablement, appaisiés le scisme et procurés concorde et union a saincte Eglise, car, 
sur tous aultres, a vous appartient cest office. Et certainement, se ainsi le faittes, je vous 
afferme et asseure que par ccste voie (l) vous arés honneur, loenge et glore, non pas seule¬ 
ment mondaine et temporele, mais esperituele [fol. 161 v°] et celestienne. Par ceste voie 
vous monterés après Jhesucrist de terre ou ciel, et de ceste mortele misere en glore pardu- 
rable. Par ceste voie, vous ensieurrés le chemin et le trache de cellui de qui est ditte le 
parole dessus proposée, Assumptus est in celum 

Jhesucrist, c’est cose notore. 

Est huy montés es cieulx en glore. 

Deuxième considération : Espérance 

O! peuple xpistien, tu as oy comment, au jour d’uy, nostre foy xpistienne fu noto- 
rement confermee. Mais or oy et enteng comment aussi, au jour d’uy, certaine esperance 
nous fu gracieusement donnée. Et vechi comment. 

Nostre Sauveur Jhesucrist, si comme il meismes tesmoingne en le saincte euvan- 
gile est huy montés ou ciel pour nous appareillier nostre lieu et nostre ostel. t Vado , 
inquit , vobis parare locum. » Johannis XIIII 0 (l) . 

O ! très douls Jhesucrist, qui porra estimer le benigne grâce et gracieuse miséricorde 
que au jour d’uy as moustré a ta povre et misérable créature? Qui sera le xpistien, tant 
ait souvent pechiet, tant griefmcnt erré, tant ait longuement en mal persévéré, qui de 
son sauvement se desesperra, et qui en toy certaine esperance n’ara, quant tu vas devant 
lui pour lui appareillier son lieu et son ostel, et le appelles a toy pour toy ensieuir et monter 
après toy de terre ou ciel, et de ccste mortele misere en glore pardurable? 

Certes, tout boin xpistien, en ayant memore de ceste grâce doit a grant joye et a 
grant liesce oir le parole dessus proposée, Assumptus etc. Et a tant je me passe de le 
II e partie de nostre sermon, pour cause de briefté, et vieng a le tierce. 


Troisième considération : Charité 

O! peuple xpistien, tu as donques briefment oy comment, au jour d’uy certaine 
esperance nous fu gracieusement donnée. Mais or oy et enteng finablement comment aussi 
vraie carité fu benignement demoustree. Certes, je ne porroie souffissamment dire ne 
reciter le vraie amour et carité que nostre Sauveur Jhesucrist a au jour d’uy moustree. 
Mais touteffois je puis bien dire, selon l’Escripture, que en se glorieuse ascen- [fol. 162] - 
sion, il nous a moustré amour et carité par especial en trois maniérés : 

(1) Ms. : vie; la correction est suggérée par (2) Jean, xiv, 2. 

les deux phrases suivantes. 


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304 


ÉDITH B RAYER 


En nou9 donnant doctrine et enseignement 
En nous donnant courage et hardement 
En nous donnant forche et soustenement. 

Premiers, par se glorieuse ascension, il nous a donné doctrine et enseignement, 
car il est montés ou ciel pour nous adrechier, et le chemin moustrer et enseignier. « Atten¬ 
dit iter pandens ante eos », Michee 11° (1) * * . Il est certain que, par avant, on ne sçavoit 
le chemin de la voie d’aler en paradis. Car onques créature humaine, devant lui, n’y avoit 
monté. Mais il le nous a enseigniet et moustré, tant par doctrine comme par exemple, 
juxta illud prophète : « Notas , inquit, michi fecisti vias vite », in Psalmo 

Secondement, par se glorieuse ascension, il nous a donné courage et hardement, 
car le voie de paradis nou9 est doubteuse et espoentable pour ce qu’elle est estroite et 
dure, dicente Xpisto : t Ar[c]ta est via que ducit ad vitam » (8) . Pour ce dont que ceste 
voie est estroite et dure, et qu’elle est plaine de misere et adversité, adiin de donner cou¬ 
rage et hardement a nostre paour et a nostre doubtance, il est passés le premier et alé devant 
comme boin et hardi prinche doit faire devant sa gent. Et ainsi le firent, selonc les hystores, 
les boins prinches des Juys, Judas Machabeus, sicut legitur 1° Macchab. (4) Il° c° 
et Cathon le noble rommain, sicut récitât Lucanus; et aussi Jule César le vaillant empe¬ 
reur, sicut narrat Seutonius de .XII. Cesaribus, lib° 1°. 

Tiercement Jhesucrist, par se glorieuse ascension, nous a donné force et souste¬ 
nement, car il est devant montés pour aidier et supporter nostre foiblesce comme le plus 
fort des pèlerins seult monter devant les aultres, quant ilz sont foibles ou traveillié9, et 
les tirer par le main, ou aulcune fois les porter entre ses bras. « Ego, inquit , quasi nutri - 
dus Effraym in brachiis meis portavi eos. » Ozee XI 0 Et pour ce nous lui devons 
humblement suppli- [fol. 162 v°]- er qu’il nous tende le main et estende les bra9 pour 
nous tirer amont ou ciel, et geter hors du péril d’infer. Si comme dist Salomon, in Can. 
1° c° : « Trahe me post te; in odore unguentorum tuorum currimus » (7) . 

Vechi dont très fructueuse ascension et par qui nou9 a esté demoustré grant amour 
et grant dilection, pour lequelle nous devons au jour d’uy a grant joye et a grant liesce 
oir le parole dessus proposée : Assumptus est, etc. 

Jhesus est montés en hault lieu 
Et siet a le dextre de Dieu. 

Et a tant je me passe de ceste tierce partie. 


DEUXIÈME DÉVELOPPEMENT 


J’ay dit, donques, et aucunement moustré et declairiet comment, au jour d’uy, 
nostre foy xpistienne fu notorement confermee; comment, au jour d’uy, certaine espé¬ 
rance nous fu gracieusement donnée; et comment, au jour d’uy, vraie carité fu benigne- 


(1) Michée, il, 13. 

{2) P», xv, 11. 

(8) Matth., vu, 14. 

(4) Ms. : Mathei. 


(5) I Macchab., il. 

(6) Osée, xi, 3. 

(7) Can tic., I, 3. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


305 


ment demoustree. Ce sont les trois causes pour lesquelles, si comme j’ay dit, tout le peuple 
xpistien doit avoir, au jour d’uy, nouvelle joye et joieuse liesce. Ce sont les trois princi- 
paulx dons des trois principaulx vertus, c’est assavoir foy, esperance et carité, lesquelles 
nostre Seigneur Jhesucrist, par se glorieuse ascension, au jour d’uy, donna a créature 
humaine, si comme le saint prophète tesmoingne : « Attende ns , inquit, in altum, dédit 
dona hominibus • (1) . 

Ce sont comme trois degrés de l’eschielle par lequelle on monte de terre ou ciel, 
qui fu en vision moustree au saint patriarche Jacob, sicut habetur Gen. XXVIII 0 capi - 
tulo < 2) . Ce sont comme trois chevaulx qui l’omme juste trayent amont de bas en hault, 
si comme nous avons en figure du saint prophète Helye, IIII 0 Regum //° 3) . 

Ce sont comme les trois journées qui mainnent a le montaingne de Dieu, c’est assa¬ 
voir a le glore de paradis, desquelles en figure nous avons en le saincte Escripture, Exodi 
111° ( 4 ) # c e 8ont donques les trois voyes par lesquelles poons monter après cellui de qui 
est ditte le parole dessus proposée Assumptus est, etc . 

Trois vertus k pratiquer 

Pour laquelle parole aucunement applicquier a l’édification de nostre sauvement, 
il est assavoir que tout bon xpistien, et par especial roy [fol. 163], prinche ou chevalier, 
qui veult en hault monter et vraie honneur acquérir en ensieuant Jhesucrist, son Sei¬ 
gneur souverain, doit en especial avoir trois vertus qui en lui furent très excellamment : 

La première est virtueuse noblesce 
La seconde est plentiveuse larguesce 
La tierce est amoureuse proesce. 

Jl. Vertueuse noblesse 

N’avoit pas Jhesucrist vertueuse noblesce, quant il estoit filz de Dieu, selon le divi¬ 
nité, et filz du roy David, selonc le humanité? Et ceste nobleche estoit pure et nette de 
tous vices et aomee de toutes vertus, et par especial de le noble vertu d’umilité qui sur 
toutes aultres fait monter en haulte majesté, Xpisto dicente : Qui se humiliât exalta - 
bitur 

N’avoit il pas aussi plentiveuse larguesce, quant il donna, au jour d’uy, très pré¬ 
cieux et excellens dons a créature humaine, si comme j'ay dessus dit et dedairiet, juxta 
illud : « Dédit dona hominibus » * ] ? 

Ne avoit il pas, derechief, amoureuse proesce, quant, pour l’amour de son peuple, 
il souffiry mort et passion, ipse enim pro peccatis nostris mortuus est (7) ? 

Je dy donques, que a l’exemple de Jhesucrist, nostre souverain Seigneur, tout boin 

a 

(l) Ephcs., iv, 8; Ps. lxvii, 19. (6) Luc, xiv, 11; xviii, 14. 

Gen., xxvni, 10-17. (6) Ephes., iv, 8; Ps. lxvii, 19. 

{,) Vulgate : IV Rois, n. (7) I Cor., xv, 3. 

U) Exode, m. 

Édith Brayer. 39 


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306 


ÉDITH BRAYER 




xpistien, et par especial roy, prinche ou chevalier, qui veult en hault monter et vraye 
honneur acquérir, doit avoir les trois vertus dessus dittes. 

Et premiers (1) , vertueuse noblesce, car vraie vertu est fondement de vraie noblesce, 
par lequelle on peut monter a vraye honneur, tant envers Dieu comme envers le monde. 
En tant que nous lisons es Escriptures que pluiseurs qui estoient de petit estât et de povre 
nativité, par leur vertu ont acquis noblesce et sont montés en haulte honneur. N’avons 
nous pas, en le sainte Escripture, de David qui de povre pasteur, par sa vertu, fu fais 
roy des Juys? Ne lisons nous pas samblablement, es hystoires des Rommains, d'un qui 
fu nommés Tullius Hostilius, qui de povre laboureur, par sa vertu, fu fais empereur de 
Romme? Et ainsi de pluiseurs aultres. Certes grant loenge est a un povre homme soy 
faire no*[fol. 163 v°]- ble par sa vertu; et grant diffame a ung qui est noble de nativité 
soy faire villain par son vice. Unde egregie dictum est : « Nobilitas sola est animi que 
moribus ornatur. » 


2. Abondante largesse 

Je dy secondement * que le roy, prinche ou chevalier qui veult en hault monter 
et vraie honneur acquérir, doit avoir plentiveuse larguesce sans excès et sans oultrage. 
Et de ce disoit Augustus César : • Ma bénignité, disoit il, et ma libéralité me donne et baille 
glore et loenge celeste. » Et pour ce, les payens et leurs poetes deifioient aucuns hommes 
après leur mort et les appelaient leurs dieux pour le larguesce et habondance des biens 
qu’ilz se reputoient recepvoir d’iceulx. Et pour ce, leur souverain seigneur ilz nommoient 
Jupiter, quasi juvans pater . Jupiter valoit autant a dire comme le pere faisant ayde, et 
ainsi le nommoient pour le plentiveuse larguesce des biens qu’ilz cuidoient venir de lui. 


3. Amoureuse prouesse 

Je dy tiercement que un roy, prinche ou chevalier qui veult en hault monter, et 
vraie honneur acquérir, doit avoir amoureuse proesce, c’est a dire qu’il doit exposer sa 
forche et sa poissance et moustrer sa proesce et sa hardiesce pour l’amour de son pays 
et de son peuple. Et de ce avons nous innumerables exemples, tant en le saincte Escrip¬ 
ture comme es hystores des Grès et des Rommains. Certes, tant comme le monde durra, 
il sera memore de Mathathias, de Judas Machabeus et de ses freres, de Charlemaine le 
Grant, et des aultres preux, pour ce que leur peuple ilz amerent, et par leur proesce amou¬ 
reusement le deffendirent. Et par le contraire, les malvais prinches, comme Néron et 
Denis le tyrant, et aultres pluiseurs, seront en pardurable hayne et deshonneur envers 
Dieu et envers le monde. Vechi donques les trois vertus par lesquelles roy, prinche ou 
chevalier peut monter en hault et acquérir honneur; et a ces trois vertus avoir se doit 
chascuns efforchier, qui veult en hault monter et [fol. 164] honneur acquérir. Car, si 
comme dist Salustes, et expérience le tesmoigne, tous hommes désirent glore et honneur, 
aussi bien les boins comme les malvais, mais c’est par diverses maniérés. Car le bon le 


1 En marge : Nota de noblesce. 


(,) En marge : De larguesce. 


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quiert par boines voyes et honnestes, comme sont les trois devant dittes. Et le malvais 
le cuide avoir par malvais art, comme par tyrannie ou aultrement; mais c’est pour nient, 
car pour honneur il acquiert honte, pour glore difiame. Et quant il cuide monter, il descend 
de hault en bas temporelement et espirituelement. 

T , 

Trois vices a fuir 

Helas! je doubte que ainsi ne soit il au jour d’uy de pluiseurs qui laissent les vertus 
dessus dittes et prendent les vices contraires. Vechi comment : 

1° Pour noblesce virtueuse, ilz prendent orguilleuse presumption. 

2° Pour larguesce plentiveuse, ilz prendent convoiteuse ambition. 

3° Pour proesce paisible et amoureuse, ilz prendent rihoteuse contention, guerre, 
discorde et division. 

1. Présumption 

Premièrement, j’ay dit qu’il sont pluiseurs qui pour noblesce vertueuse prendent 
orguilleuse presumption (1) . Ce sont ceulx qui en fait et en parole, en habit et en maniéré, 
en vesture et en cauchure, et en toutes choses, sont singulers et excessis, oultrecuidiés 
et oultrageux. Et par ce cuident surmonter les aultres et mieulx valoir de tous. Et qui 
plus est, aucunne fois sont si aveulés par orguilleuse presumption qu’ilz oublient leur 
nature et leur condition, et ne se reputent pas hommes; et les appellent villains chiens 
mastins. O! très glorieuse presumption, trop es aveulee! Certes, la mort te mousterra 
ton erreur et ta folie, et te fera sçavoir que tu es, que tu vauls et que tu peus. Aristotes 
recite ou VII e de Etiques que Priamus looit moult son fil Hector, et par orgueil ne lui 
sambloit pas qu’il fust fil d’omme mortel, ains de dieu; mais Acilles, quant il le mist a 
mort, lui moustra bien qu’il estoit homme. Senecque recite aussi de Alixandre que une 
fois il fu playés en bataille et lors il va dire que ses hommes [fol. 164 v°] disoient qu’il 
estoit filz de Dieu; mais se playe moustra que non estoit. Samblablement sera il des fols 
cuideriaux avulés par orguilleuse presumption; car le mort leur moustrera et fera recon- 
gnoistre leur nature et leur condition. Helas! lors apparra il bien que par ceste maniéré 
on ne monte pas de bas en hault, ne acquiert vraie honneur; mais on cuide sourmonter 
les aultres et on trébuché de hault en bas et acquiert on deshonneur et difiame. Ne lisons 
nous pas, en le saincte Escripture, que Lucifer, par se orguilleuse presumption, trébucha 
de hault en bas, du ciel en terre et de paradis en infer? Certes, ainsi sera il des orguilleux 
qui sont menistres de Lucifer. Et pour ce nous aprent Jhesucrist que nous soyons humbles, 
se nous volons en hault monter. Qui se, inquit , humiliât , exaltabitur (1) . 

2. Ambition 

Secondement (,) , j’ay dit qu’il sont pluiseurs qui, pour larguesce plentiveuse, pren¬ 
dent convoiteuse ambition. Ce sont ceulx qui tant ayment et convoitent les pourfis et les 

(1) En marge : Nota de presumption. En marge : Nota de ambition. 

(,ï Luc, xiv, 11; xviii, 14. 

39. 


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ÉDITH BRAYER 


richesses de ce monde et quil n’ont vraye amour ne a Dieu ne a homme, ne a seigneur 
ne a subget, ne au bien commun ne a le chose publicque. Et par ce cuident en hault monter 
et a honneur venir; mais souvent il descendent si bas et viennent a tel deshonneur et a 
si grant confusion qu’il doivent estre a tous exemple de fuir convoitise et ambition. Helas! 
les nobles Rommains ne acquirent pas honneur par ceste maniéré, mais par hair convoi¬ 
tise et amer le chose publicque. Car, si comme dist Salustes en le personne de Cathon : 
« Les anchiens Rommains avoient plus grant désir et diligence que le bien commun fust 
riche que leur bien propre. » Et quant ilz ont fait le contraire ilz sont venus du hault en 
bas. Et ad ce propos recite Valerius Maximus (1) d'un consul de Romme qui ot a nom 
Paulus, lequel avoit telement enrichi le chose publicque que le peuple de Romme, qui 
par avant paioit [fol. 165] treuagc fu lors par lui mis en liberté et en franchise. Et toutef¬ 
ois sa maison et son héritage ne fu point plus riche, car il lui souffissoit très bien que 
de ses victores les aultres euissent le pourfit et le richesse, et qu’il en euist l’onneur et 
la glore. 

O! convoiteuse ambition, tu ne peus ceste honneur acquérir ne a ceste glore mon¬ 
ter! Car tu es celle qui tant tires a ton pourfit singuler que tu destruis le bien commun 
et le chose publicque, et fais les cités et les royalmes povres pour toy enrichir. Contre 
ce vice parole notablement Valerius en disant : « Les maisons privées, et le cité, et le 
royalme, ara legierement longue duree ou convoitise de luxure et de richesse a forche 
et domination. Toute chose publicque vient tantost a fin et a perdition. • Et est a noter 
et considérer que, en ceste parole, convoitise de luxure et de richesse sont ensamble 
nommées, pour ce qu'elles sont prochaines et voisines; car souvent on convoite exces¬ 
sives richesses pour avoir luxurieuses delices. Et ces deux vices sont souvent cause de 
faire males euvres, violentes dissensions et divisions es cités et es royalmes, par quoy ilz 
sont destruis et désolés. Et ce apparut bien en Troyes le grant et en Athènes, et finable- 
ment es Rommains. 




3. Guerre 


Tiercement j’ay dit, et finablement, qu’il sont pluiseurs qui, pour proesce paisible 
et amoureuse, prendent rioteuse contention. Ce sont ceuls qui désirent et conseillent la 
rihote et la guerre, non pas par proesce ne par vaillandise, ne par amour qu’il ayent a 
le chose publicque, car quant venroient (2) a le bataille, espoir qu’ilz seroient pre¬ 
miers a le fuite ; mais par orgueil et par convoitise pour tenir les grans estas et pour acquérir 
les grans richesses ou préjudice des grans seigneurs et de leurs povres subgés. Et par 
ce, il appert que ceste rihoteuse contention est nee et procréé des deux vices dessus dis, 
et est le très laide et très horrible fille de orguilleuse presumption et de convoiteuse ambi¬ 
tion; et pour ce, elle acorde a villanie naissance, ne par lui on ne [fol. 165 v°] peut en 
hault monter ne honneur acquérir. 

O! rihoteuse contention, par toy chey de hault en bas Roboam, fils du roy Sale- 
mon, qui après son pere de voit regner ou royalme d'Israël! Mais il perdi honteusement 


(1) Valère-Maxime, L IV, chap. III, 8. 
(2i Ms. : venroit. 


131 Ms. : seroit. 


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le» .X. parties de son royalme et de son peuple pour ce qu’il ne tint pas le conseil des 
sages anchiens, mais des jones oultrecuidiés qui par orgueil et par convoitise lui conseil¬ 
lèrent la rihote et la guerre, sicut plenius legitur , tercii Regum XII 0 c° (1) . 

Helas! très noble roy de Franche, et tous aultres prinches nobles et vaiilans cheva¬ 
liers, prenés yci exemple, et fuyés orguilleuse presumption! Fuyés convoiteuse ambition! 
Fuyés rihoteuse contention, guerre, discorde et division! Fuyés ces trois vices, et ayés 
les trois vertus contraires! Ayés noblesce virtueuse. Ayés larguesce plentiveuse. Ayés 
proesce paisible et amoureuse. Car par ce porrés vous en hault monter et vraye honneur 
acquérir; et finablement, apres Jhesucrist, monter de terre ou ciel, et de ceste mortele 
misère en glore pardurable, quod ipse prestare dignetur qui vivit et régnât in secula secu - 
lorum. Amen. 

P. d’Ailly. 

yih* : imsibao iffwnikwfal I* la/àiyiù fr b bti incbulsi al auoa f n uoq l3 .yjdh 


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taimnln? abaorn al a iup n «hp a *iipiv itk' r L ni .)h tssot 

s! taq ânhjoofcna abnon al a ûrp unloob y u ifao ia©*3 ;-uuif>ob sur? as ab taab ai iaq 
-utu>A ms fca Mçaua [ • t. 1 } wvi * «a iL îi*. * 


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,akUnfb ut daatbft al ukj la j^nnûif aiaà sa a&ç «ohfrvn ai JesSado. ma sa xâM . ra 
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Ufoq Ham al a «oipi>( i» tmk Éuum tawtaii a f uwr p q sa .Tiaunai strrr a t h aar! 
palgissili xnj»uiiMq6 rat Mum atmo luoq j 3 . abosupi 1* lai.sgmm i.:»/ 

n n baa q nttia a l s y te , •jiaBnrl wf ferms w >»tfèa| *r> te** .*» 












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c,) Vulgate : III Rois, xii, 10-14. 


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310 

ÉDITH B RAYER 
















oc 






SERMON POUR LE JOUR DE PENTHECOUSTE 


«///e 1} vos docebit omnia. » Scribitur Johannis IX 0 c° et in ewangelio hodierno (2) . 
Pour impetrer le grâce du Saint Esperit, de qui nous faisons, au jour d’uy, feste 
et 1res especial solempnité 3) , et, se Dieu plaist, en très especial dévotion, nous devons 
maintenant très especialment et dévotement retourner par devers le Vierge glorieuse 
en qui le Saint Esperit habite, et qui est de sa grâce plaine et de tous ses dons treso- 
riere. Et pour ce, nous le saluerons très dévotement et humblement endisant : Ave 
Maria . 


c Ille vos docebit omnia », ut supra . 

Ceste parole est escripte en l’euvangile du jour d’uy, qui maintenant a esté recitee, 
et peut ainsy estre exposee en nostre langage commun : 


Le Saint Esperit descendent 
Qui tout bien vous enseignera. 

Pour lequelle parole appliquier a nostre propos, il est assavoir que si comme nous lisons 
es sainctes Escrip turcs, nostre Sires Jhesucrist est le boin maistre et le vray docteur qui 
scet et peut toute vérité enseignier et apprendre. C’est le grant maistre qui est descendus 
du ciel. C’est le grant docteur qui est nés en terre et est venus au monde pour vérité tes- 
moingnier. « Ego, inquit , in hoc notas sum et ad hoc veni in mundum, ut testimonium 
perhibeam veritati . » Johannis XVIII 0 l4) . C’est cellui maistre qui a doctrine enlumi¬ 
nant et lumière endoctrinant. C’est le vray docteur qui pour sa doctrine par toute terre 
publier et pour sa lumière par le monde multeplier appella en se compaignie et assambla 
a son escole les apostles et les disciples, de quibus scriptum est : « In omnem terram exivit 
sonus eorum , etc . », in Psalmo C’est donques cellui maistre qui a le monde enluminé 
par le clarté de se vraie doctrine; c’est celluy docteur qui a le monde endoctriné par le 
clarté de se vraye lumière, t ErcU enim lux [fol. 171 v°] vera que illuminât omnem homi- 
nem venientem in hune mundum . » Johannis 1° (4) . 

Mais ce non obstant, le monde, par se foie ignorance et par le fallace du dyable, 
fu moult repugnans et contraires a ce vray maistre et a ce vray docteur, a sa vraye doc¬ 
trine et a se vraie lumière, et persécuta Jhesucrist moult fort et jusques a le mort pour 
vérité enseignier et fausseté reprendre. Et pour ceste cause, ses apostles et ses disciples 
qui ceste persécution en partie sentirent par vraie expérience, et ceste mort et passion 


<*> Fol. 171. 

(t) Jean, xiv, 26. 

(3) Ms. : feste, et solempnité, et très especial 
solempnité. 


< 4 > Jean, xvm, 37 
,5) Ps. xvm, 5. 

(6) Jean, l, 9. 


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% 


MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 311 

par avant congnurent par se saincte Escripture, avoient bien, en ce, raatere de désolation 
et occasion de tristresce. 

Helas! (1) ce n’estoit pas merveille se cuer de disciple amoureux avoit tristresce e» 
doleur en si dure départie de 9on maistre et de son docteur. Et pour ce, le douls Jhesu- 
crist en l’euvangile du jour d’huy, resconfortoit ses apostles et resjoissoit ses disciples, 
en promettant que quant il departiroit d’eulx corporelement, après il seroit avecq eulx 
espirituelement. Car apres ce que il seroit ressuscités de mort a vie, et qu’il seroit montés 
ou ciel en glore, il envoieroit le Saint Esperit en terre, qui de tout mal les garderoit et 
conforteroit en toute adversité, et comme très excellent maistre et souverain docteur en 
tout bien les enseignerait et confermeroit en toute vérité. Et c’est cils qui promist et 
afferma en disant le parole que j’ay dessus proposée : « Ille vos, etc. » 

Le Saint Esperit descendent 
Qui tout bien vous enseignera. 

En lequelle parole, a le loenge de ce benoit Saint Esperit, qui au jour d’uy vient 
pour estre maistre et docteur des disciples de Jhesucrist, nous poons trois choses noter 
et considérer qui nous doivent a son escole attraire et endiner. 

Car premiers, se maistrise est grande et singulere 

quia ille docebit 

Secondement son escole est commune et planiere 

Quia docebit vos 

Tercio, sa doctriae est parfaitte et entière 

Quia docebit omnia. 

Pour ce que sa maistrise est grande et singulière, 

elle doit estre sur toutes honneree. 

Pour ce que son escole [fol. 172] est commune et pleniere, 

elle doit estre sur toutes desiree. 

Pour ce que sa doctrine est parfaitte et entière, 

elle doit estre sur toutes approuvée. 

Première considération 

Je ay donques dit, premièrementque le maistrise du Saint Esperit est grande et singu¬ 
lière, et pour ce elle doit estre sur toutes honnouree. Pour quoy il est assavoir que. non 
obstant qu’ilx soient pluiseurs maistres en diverses doctrines et pluiseurs docteurs en 
diverses sciences, touteffois le Saint Esperit est sur tous aultres très excellent maistre et 
souverain docteur. Car si comme dist saint Gregore en l’omelie du jour d’uy, « s’il n’est 
presens ou cuer des oans, riens ne vault le parole des aultres docteurs; et se il n’enseigne 
le cuer par dedens, le langue des aultres docteurs en vain labeure par dehors » W. Et pour 
ce dist saint Augustin que ja soit che que les aultres maistres nous aydent à apprendre 
pour le doctrine de leur voix et de leur parole par dehors prononchie, touteffois cellui 

M En marge : Glose, *** S. Grégoire, XL Homil. in Evang., 

En marge : Du premier point, n° xxx; P. L. t t. LXXVI, col. 1220 et suiv. 


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312 


IA il 


ÉDITH BRAYER 


1*λni 




maistre a se chayere ou ciel qui enseigne les cuers. Le Saint Esperit, donques, est le grant 
et singuler maistre qui tient ou ciel son siégé et sa chayere. C’est le docteur qui, pour 
moustrer sa grande et singulere maistrise, au jour d’uy descendi du ciel en terre, et appa¬ 
rut visiblement sur les apostles et ses disciples en espece de feu, en segnefiant qu’il embra- 
seroit les cuers des hommes par le feu de ardant carité. Il apparu en samblance de langues, 
en segnefiance que il enseigneroit les langues de ses apostles et disciples pour preschier 
se vraye doctrine et publier parfaitte vérité. Il apparut en faisant ung soubdain et mer¬ 
veilleux son, en segnefiance que par le hault son de prédication, il rempliroit soubdai- 
lement et merveilleusement tout le monde et toute la terre de sa grant vertu et de sa 
grant bonté. Unde scriptum est : t Spiritus Domini replevit orbem terrarum. » Sapien - 
tie , 7° W. 

Or est bien donques apparue le maistrise du Saint Esperit. Car par se maistrise, 
il a aprins les ignorans, endoctriné les rudes et enseigniet les ydiotes 

Il a aprins les entendemens des ignorans 
en donnant vraie sapience 
Il a endoctriné les engiens des [fol. 172 v°] rudes 
en donnant soubtil congnissance 
Il a enseigniet les langues des ydiotes 
en donnant parfaitte éloquence. 

Mais or oés encore comment il a moustré souveraine maistrise : 

Il a fait d’un povre pescheur 

le souverain pasteur 

de se sainte Eglise (,î 
Il a fait d’un publicque pecheur 

son euvangeliste et autentique docteur 

de se saincte Escripture (s) 

Il a fait de son plus grant persécuteur 

le plus grant prescheur 

de se saincte doctrine 

Vechi donques comment le maistrise du Saint Esperit est grande et singulere; et 
pour ce, elle doit estre sur toutes honnouree. Et pour tant de lui peut estre ditte le parole 
dessus proposée : Ille vos docebit. 




n 

I.ia'i 








11M VUi 


Deuxième considération 

J’ay dit, secondement (6 ', que l’escole du Saint Esperit est commune et plainiere, et 
pour ce elle doit estre sur toutes desiree. Pour quoy il est assavoir que ceste escolle est 
pour tant commune et plainiere, car elle est ouverte a tous vrais escoliers, ne le Saint Espe- 


Urti*3. fci’ 




(l) Sagesse, 1, 7. 

(,) Saint Pierre. 
Saint Matthieu. 






<«> Saint Paul. 

(5) En marge : Du second point. 






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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 313 

rit ne clôt son escole, fors seulement as escoliers faulx et faintis. Unde scriptum est : 
« Spiritus sanctus discipline effugiet fictum. » Sapientie 1° (I) . 

Et pour ce, dame Obedience, qui est garde et portière de ceste noble escole, contre 
les malvai9 escoliers tient les clefs de discrétion, le vergue de correction et le baston de 
pugnition. Les clefs, pour clorre et ouvrir, et pour faire les bons entrer et les malvais issir. 
Le verghe et le baston, pour les forfais corrigier et pugnir et pour bouter hors de l’escole 
Oyseuse la Foie et Pechiet le Villain, aveuc toute leur compaignie. Ceste verghe et ce bas- 
ton sont desplaisans as orguilleux, et as humbles gracieux et plaisans. Dont le saint pro¬ 
phète disoit que ceste verghe et ce baston lui ont fait consolation : « Virga tua et baculus 
tuus ipsa me consolata sunt », in Psalmo (t) . 

A ceste reverend et redoubtee dame, et a sa verghe et a sa discipline, se doit hum¬ 
blement sousmettre toute devote créature qui du Saint Esperit veult estre escoliere. Et 
lors sans refus le fait entrer en l’escole, et sans delay lui vient au devant pour ouvrir le 
porte. Et quant l’Ame devote [fol. 173] est deden9 entree, lors est elle moult lie et moult 
joyeuse. Et pour ce qu’elle a grant désir de trouver le Saint Esperit et de oir sa doctrine, 
elle le quiert par ardant affection, et euvre ses oreilles par diligent intencion, et resveille 
son cuer par fervent cogitation, et lieve son chief par grant admiration. 

« Hé! dist elle, j’ay ov le voix de mon maistre. J’ay oy le son de sa doctrine. Hé! 
très douls maistres, ta voix a sonné en mes oreilles, ton son a resveilliet mon cuer. Or te 
plaise donques en ton escole moy endoctriner, et par ta doctrine moy enluminer. » 

Lors vient a lui le Saint Esperit, acompaigniet de trois nobles dames, qui aveuc lui 
descendirent du ciel : ce sont les trois vertus principalz, c’est assavoir Foy, Espérance 
et Carité, qui gouvernent le devote Ame. Foy l’enseigne, Espérance le conforte, et Carité 
le conferme. Ces trois dames, par leurs douces paroles et par leurs amoureuses promesses, 
tiennent la saincte Ame en l’escole du Saint Esperit et en le compaignie de ses vrais escoliers. 

O! com cy a noble escole et doulce compaignie! Certes, la treuve le 3aincte Ame 
escole commune et plainiere. La treuve le saincte Ame compaignie doulce et amiable et 
convenable a tou9 estas. Et certes elle treuve ceste escole moult commune et pleniere 
car elle est ouverte a toutes maniérés de gens, povres, riches, petis et grans; si peut l’Ame 
devote, selonc son estât, trouver compaignie. Car les escoliers ne sont pas samblables en 
estât, en condition, mais sont moult differens en souffissance et en perfection. Et vechi 
comment. 

Les uns sont commensauls, les aulcuns pourfitans et les aultres parfais. Les commen- 
saulx sieuent l’escole par paour de pugnition; les pourfitans, par désir de rétribution; 
et les parfais par vraie amour et par franche dilection. Ce sont les trois estas des bons 
escoliers qui estudient en l’escole du Saint Esperit. Et certes, [fol. 173 v°] cascun escolier 
de quelconque aultre estât qu’il soit, roy ou prinche, soit riche ou povre, noble ou non 
noble, sans acception de personne, est du Saint Esperit amés et honnourés en son escolle 
selonc sa souffissance et selonc la perfection qu’il acquiert en vraie doctrine, « Quia non 
est personarum acceptor Deus ». Actuum X° 


(I) Sagesse, I, 5. (#) Act. ap., X, 34. 

(l > Ps. xxii, 4. 

Edith Bray er. 40 


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314 


ÉDITH B RAYER 


Vechi donques comment l’escole du Saint Esperit est commune et pleniere; et pour 
ce elle doit estre sur toutes desiree. Pour tant peut estre ditte de lui le parole dessus pro¬ 
posée : Ille vos , etc. 


Troisième considération 

J’ay dit, tiercement et finablement que le doctrine du Saint Esperit est parfaitte 
et entière, et pour ce elle doit estre sur toutes approuvée. Pour quoy il est assavoir que 
ccste doctrine parfaittement et entièrement contient toute vérité appartenant a nostre 
sauvement. Et est celle seulement en qui n’a nulle erreur ne nulle fausseté. Et pour 
tant, Jhesucrist appella le Saint Esperit maistre et docteur de vérité, et en approuvant 
sa doctrine, dist que quant il descenderoit, il seroit celui qui, sur tous aultres maistres 
et docteurs, toute vérité enseigneroit. « Cum , inquit, venerit ille Spiritus veritatis 9 docebit 
vos omnem ventaient. » Johannis XVI 0 (1) . 

Or oés donques comment ceste doctrine est entièrement parfaitte et parfaittement 
entière. Elle contient les euvres de le divine sapience, les merveilles de le saincte Escrip- 
ture, les hystores de le Bible, les enseignemens de l’Euvangile, les miracles de Jhesu¬ 
crist, les fais des apostles, les victores des martirs, les vertus des confesseurs, les loenges 
des vierges, les vies des peres, les dis des sains, les exemples des sages. Encore contient 
elle les rémunérations des bons, les pugnitions des malvaiz, les joyes de paradis et les 
paines d’infer. Et generalment, elle contient tout ce qui appartient a le doctrine espe- 
rituele de nostre saulvement. 

0! com chi a noble doctrine, et a qui ne se peut comparer toute aultre science 
humaine, ne quelconque aultre [fol. 174] mondaine sapience. Certes, a lui ne peut com¬ 
parer Priscien sa gramaire, Aristote [sa] logicque (2) , Tulles sa rethorique ne Virgiles 
sa poetrie. A luy ne puet comparer Erisippus son arismetique, Pictagoras sa musicque, 
Euclides sa geometrie, ne Tholomee son astronomie Car generalment, toute humaine 
philosophie et toute sapience mondaine, comparée a ceste doctrine, n’est fors pure folie. 
Unde scriptum est : t Sapientia hujus mundi stultitia est apud Deum. » */• Chorintios 

///o < 3 4 >. 

Vechi dont comment le doctrine du Saint Esperit est parfaitte et entière, et pour 
ce elle doit estre sur toutes approuvée. Et pour tant peut estre ditte de lui le parole dessus 
proposée : Ille vos docebit ut supra. 


ÉPILOGUE 


Or avons nous dont, a le loenge du Saint Esperit, moustré et declairiet le grant excel¬ 
lence de sa maistrise, de son escole et de sa doctrine. Mais pour finable conclusion, il est 


(1) Jean, xvi, 13. 

(2) Ms. : Aristote logicque. 


(3) Les sept arts libéraux, plus la poésie. 

(4) I Cor., ni, 19. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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assavoir qu'il sont deux diverses escoles, moult repugnans et moult contraires : l'une 
est l’escole de Dieu, l’autre est l’escole du diable. L’une est l’escole du Saint Esperit qui, 
si comme j’ay dit, aprent toute vérité. L'aultre est le escole du malvais esperit, qui apprent 
toute menchongne et toute fausseté. L’une apprent les vertus, et l’aultre aprent les vices. 
L’une enseigne tout bien, l'aultre enseigne tout mal. 

Or oés donques comment le diable murmure contre le Saint Esperit, et se rebelle 
contre se maistrise, contre son escole et contre sa doctrine : 


« Je sui, dist il, le anchien maistre et l’anchien docteur qui ay tousjours esté en 
saisine et en possession de tenir l’escole de menchoingne et de fausseté. Je sui cellui qui, 
des le commenchement du monde, voloie estre samblables au souverain maistre et disoie 
que je me tenroie en son ciel et serroie en son throne. Mais par sa forche il me bouta hors 
et me fist cheoir de hault en bas et trebuchier du ciel en terre. Et pour ce, des lors, j’ay 
esté repugnans et contraires a lui et a son escole, et ay tousjours, par moy et par mes esco- 
liers, persécuté les disciples de Vérité. Pour Vérité persécuter, fu par moy [fol. 174 v°] 
Abel ochis, Joseph trahis, Jheremie lapidés, Daniel condampnés. Et briefment tous 
patriarches et prophètes et au!très amis de Vérité furent par moy persécutés. 

«Or est depuis venus Jhesus de Nazareth qui a volu vérité enseignier et fausseté 
reprendre. Et pour ce, il a esté hays et despités, trahis et tourmentés, pendus en crois et 
mis a mort. 0! très honteuse mort du gibet de le croix! Mais ce non obstant, a il encore 
envoiet son esperit a ses apostles et a ses disciples pour les aidier et conforter, et a volu 
par povres gens simples et ydiotes le monde corrigier et par toute terre vérité publier. 
Et pour ce, je les ay, en despit de leur Maistre et a l’ayde de mes disciples, crueusement 
a mort livrés par diverses maniérés de tourmens et de paines. 

« Qui sera donques cellui qui dorénavant osera a me poissance résister? Qui sera 
cellui qui présumera contre moy vérité soustenir? Certes, dist il, je me puis bien vanter 
que j’ay par ma maistrise attrait a mon escole pluiseurs escoliers et plus que n’a fait Jhesu- 
crist, et plus de disciples que n’a fait ycellui esperit qui tient l’escole de vérité. J’ay ma 
doctrine par tout le monde publiie, et de toutes terres, de toutes gens et de tous estas 
ay pluiseurs escoliers et pluiseurs disciples apris a mon escole. 


«J’ay, a mon escole, apris : 

A mal vais prinches, tyrannie; 

As malvais prelas, symonie; 

As fauix conseil liera, flaterie; 

Et as faulx chevaliers, roberie. 

«J’ay apris: 

As riches, orgueil et presumption 
As povres, envie et detraction 
As clere, pompe et dissolution 
As lays, tricherie et déception 
Et generalment, ay apris a tous, menchongne et fiction. • 


(l) En marge : Le doctrine du dyable. 

40. 


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ÉDITH BRAYER 


Ideo dictum est per prophetam : « Omnis homo mendax » Et iterum : « Non 
est qui facial bonum ; non est usque ad unum », in Psalmo (2 >. 

Vechi donques le van Lance du diable. Vechi le poissance de sa maistrise, de son 
escole et de sa doctrine. Helas! que ferons nous donques pour résister a son malice? 
Certes [fol. 175] nous n’avons nul remede fors seulement requérir humblement et recourir 
au refuge du Saint Esperit, en suppliant dévotement qu’il nous rechoive en son escole 
pour nous garder de le fraude du dyable, et nous donner contre luy victore, hic per gra¬ 
ciant et in futuro per gloriam 9 quod ipse prestare dignetur qui sine fine vivit et régnai 
in secula seculorum. Amen . 

P. d’Ailly 






(l) Pa. cxv, 11. Pa. xin, L 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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9 

ITEM SERMON POUR LE DIT JOUR DE PENTHECOUSTE 

« Mansionem ;1) apud eum faciemus. » Scriptum est Johannis XIIIL et in exvan- 
gelio hodiemo 2) . 

Ceste parole est escripte et recitee en l’euvangile du jour d’uy, et est le parole du 
Sauveur nostre Seigneur Jhesucrist, dit te en le personne, non pas seulement de luy, mais 
ensamble ou nom des trois divines personnes, c'est assavoir du Pere, du Fil et du Saint 
Esperit. Et puet estre exposee par ceste maniéré : 

Ou cuer loyal plain de dilection 
Venrons faire nostre habitation. 

Pour lequelle parole applicquier au propos de ceste glorieuse solempnité, en laquelle, 
selonc le promesse de nostre Sauveur Jhesucrist, le Saint Esperit, aveuc toute le Trinité, 
est apparus visiblement et venus du ciel en terre pour prendre sa mansion, et pour faire 
son habitation es cuers loyauls plains de dilection, c'est assavoir es cuers de ses sains 
apostles et disciples; nous devons diligamment entendre et considérer que toute créature 
humaine a esté ordonnée et créé pour estre le temple espirituel et le saincte habitation 
ou Dieu doit demourer par especiale operation. Et ce nous tesmoingne monseigneur 
saint Pol l'apostle : « Nescitis , inquit 9 quia templum Dei estis vos , et Spiritus Dei habitat 
in vobis. » I a Chor. III 0 {,) . Et par ce nous est demoustré comment créature humaine 
est de haulte excellence et excellent noblesce, quant par le congnissance de Dieu, et par 
l’amour de lui, elle peut en soy rechepvoir, tenir et comprendre cellui que les cieuls com¬ 
prendre ne peuent [fol. 175 v°) ne quelconque auitre créature qui n’a entendement raison¬ 
nable. Et en ceste habitation, garnie de loyale amour et de vraie dilection, dist nostre 
Seigneur Jhesucrist qu’il venra et descendent aveuc le Pere et le Saint Esperit : « Man¬ 
sionem , inquit, apud eum faciemus . » 

Ou cuer loyal plain de dilection 
Venrons faire nostre habitation. 

O! très gracieuse et très merveilleuse habitation du Saint Esperit de Dieu aveuc 
Pâme et le cuer de Tomme, du Roy des roys avecq son petit sergant, du créateur aveuc 
sa créature, de le nature divine aveuc pourreture humaine! Mais ceste habitation veult 
souvent occupper le grant anemi de tout humain lignage, et par pechiet, quiert dedens 
habiter. Contre lequelle chose nous amonneste monseigneur saint Pol l'apostle : t Non 
regnet 9 inquit, peccatum in vestro mortali corpore », Romanes VI° • Gardés, dist il, 

O) Foi. 175. I Cor., rn, 16. 

Jean, xiv, 23. (4) Rom., vi, 12. 


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ÉDITH BRAYER 


gardés vous bien que pechiet ne régné en vostre mortel corpz. 1 Mais ilz sont pluiseurs, 
cuers desloyaux qui ad ce n’obeyssent point, et font le habitation de Dieu estre habi¬ 
tation du dyable. Sicut scriptum est Apoc. XVIII 0 c°, « Cecidit Babylon magna, scilicet 
peccatrix; nam et facta est demoniorum habitatio » C’est le très malvais hoste que 
tout cuer lovai doit de lui hors bouter qui Dieu son souverain seigneur veult en soy rechep- 
voir. Car ces deus hostes ne peuent ensamble habiter, mai9 sont repugnans et contraires. 
Dicente apostolo : « Que conventio Xpisti ad Belyal? » //* Chor. VI° (t) . Et pour ce 
disoit nostre sauveur Jhesucrist ou nom de toute le saincte Trinité le parole que j’ay dessus 
proposée : « Mansionem apud eum faciemus . 

Ou cuer loyal plain de dilection 
Venrons faire nostre habitation. 

Mais pour plus a plain declairier ceste parole, et plus especialment introduire le 
matere generalment dessus proposée, je feray en nostre sermon trois brieves parties, 
selonc trois considérations : 

La première fu de pechiet, le lait et vilain qui est hoste très détestable; 

La seconde partie sera du Saint [fol. 176] Esperit, douls sans desdaing, qui est 
hoste très delitable; 

Le tierce partie sera de son don de très grant bien plain, qui est a nous très 
pour fi table. 


Première considération 

Le premier© partie,doriques, fu de Pechiet, le lait et le villain, qui est hostes très 
détestables, lequel, par toutes maniérés, quiert bouter hors le Saint Esperit de son hostel 
et de sa mansion, c’est assavoir du cuer de Créature Humaine. 

Pour quoy nou9 devons diligamment entendre et considérer que jadis l’anemi 
d’infer, veant Humain Lignage estre fait et ordené pour estre temple et habitacle de 
Dieu, lequel par son grant orgueil il avoit de lui villainement hors bouté et decachiet 
advisa que non seulement hors de lui le metteroit, mais aussi que en Humaine Créature 
ja mansion ne lui lairoit. Et pour ce faire, il appella son fil, c’est assavoir Pechiet le Vilain, 
lequel est de si très horrible figure, et de si grant laidure plains, que nuis reciter ne le 
porroit, mais moult soubtil a tout mal faire et a dechevoir le gent. Pour ce, lui exposa 
sa complainte sur ce que Créature Humaine estoit faitte pour Dieu herbregier, et en 
soy rechevoir. Si commanda qu'il alast par tout, et fesist tant que en toute humaine créa¬ 
ture presist son logis, et que hors boutast Grâce se mortele anémié. Mais pour ce que 
Pechiet le Vilain est si lais, et si ors, et si hydeux et horribles, que nuis, qui en figure 
bien le regarderoit, jamais dedens lui ne le vaulroit logier, il se desguisa en pluiseurs 
fourmes et maniérés, siques aucunnes fois sambloit moult bel et delitable, aulcune fois 
pourfitable et honnerable, aulcune fois moustroit belle et lie chiere; maintenant plouroit, 

(1) Apoc., xvni, 2, (4) En marge : Nota du dyable qui envoya 

<2) II Cor., vi, 15. son fil, Pechiet, en cuer humain, et en bouta 

(3) En marge : Nota de pechiet le vilain. hors Grâce. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


319 


maintenant promettent, maintenant manechoit, et toutes manières queroit pour avoir 
entree es cuers humains. Et quant entrés y estoit par aulcune maniéré, tantost s’effor- 
choit de lier et d’enchaynner Créature Humaine, si que sa franchise et liberté lui fist 
perdre et que nullement peuist résister a sa crueuse domination. Après queroit aveuler 
les yeulx de [fol. 176 v°] entendement et de raison, affin que le créature ne sceuist en 
quel péril ne en quel subjection elle estoit mise, mais que elle fust menee en tous pechiés 
comme un aveule en tous périls. Après le trebuchoit en le fosse de male coustume et si 
mettoit sur lui le très grant et pesant pierre de dure obstination et de obscure obduration 
de cuer. Lors Créature Humaine, qui est par Pechiet habitée, ne peut oir parler de son 
salut, ne nullement castier ne se veult, mais va toudis de pis en pis tant que finalement 
elle soit boutee ou pardurable feu d'infer sans remede et sans esperance de jamais en 
issir. 

Helas! com chi a périlleux hoste et plain de trayson! Helas! com foie est le Créa¬ 
ture Humaine qui en l’ostel de son cuer le rechoit et qui en lui se fie, car tant plus samble 
douls et delitable, de tant plus est prest de nuire et de mener a pardurable dampnation 
et dampnable misère. 

0! cuer humain, qui estre dois habitacle du Saint Esperit, boute hors, et isnelement 
decache, ce faulx et desloyal, qui en toy se veult hosteler! Ne croy point ses belles pro¬ 
messes, et n’ayes point fianche en son beau samblant ^ l \ car il embrache affin qu’il puist 
tuer; il acole affin qu’il puist trebuchier. 

0! cuer humain, et par especial noble cuer de roy ou de prinche, ne veules en toy 
hosteler Pechiet le Villain, ne se male lignie! Ne soyes pas samblables a cellui qui nour- 
rist en son hostel le serpent qui après le mort, et de son venin le tue. Mais tantost qu’il 
volra en toy habiter, moustre lui dure chiere et très forment le blasme, car tu ne le porras 
si peu herbergier que tantost il ne te dechoive et qu’il ne garnisse ton habitation de une 
très vilaine génération. Et vechi comment. 

Car tu dois sçavoir que Pechiet le Villain, par fornication aveuc Créature Humaine, 
qui a luy est 3ubgette, engenre une très grant lignie, et par especial trois filles, qui, en 
laidure, trop bien ressamblent leur père (2) [fol. 177] : 

Le première est Presumption orguilleuse 

Le seconde est Affection avaricieuse 

Le tierce est Délectation luxurieuse. 

De ces trois filles Pechiet, et de leur villaine lignie, est remplis tout le monde, dicente 
Scriptura : * Omne quod est in mundo aut est concupiscencia camis aut concupiscencia 
oculorum aut superbia vite . » I a Johannis II 0 

Le première fait son logis : 
en hauls et en grans lieux, tous plains de vaine cure. 

(1) En marge : Nota. f3) I Ep. s. Jean, n, 16. 

(,) En marge : De iii filles de pechiet engen- 
rees. 


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320 


ÉDITH BRAYER 


Le seconde fait son logis : 
en ronches et espines, plaines de grief pointure. 

La tierce fait son logis : 
en boes et sépulcres, remplis de pourreture. 

Mais pour ce que trop longue chose seroit de ces trois poins declairier, et descripre 
et reciter le maniéré de ces trois hostesses, je dy, en general, que le créature, ou ces trois 
filles de Pechiet le Villain habitent, pert le biaulté de son espirituel habitacle; et de le 
mansion de Dieu fait un desert ou habite le diable, ouquel n’a nulle verdure de vertueuse 
operation, ne nulle humeur de grâce ne de compassion. Mais la sont serpens et bestes 
sauvages de diverses maniérés, sicut de Nabugodonozor , in figuram cujuslibet peccatoris , 
dicitur : « Cum feris habitatio tua . » Danielis III1 ° c° (1) . 

La porriéa veoir 12 * les grans lyons d’orgueil, les malvais chiens d’envie, les scn- 
glers de yre et de impacience, les renars de tricherie, les ours de peresce, les leux de glou- 
tonnie, les pourciaulx de luxure, les escorpions de trayson, les culeuvres de detraction, 
et ainsi des aultres. 

Helas! com cy a merveilleuse mutation de lieu de tout bien et de toute beaulté, qui 
est fait desert plain de tout mal et de toute mescheance; et de la samblance de Dieu, qui est 
convertie en le samblance de beste mue. Juxta sententiam Boecii, libro de Consolâtione 
philosophie qui concordat dictum prophète : « Comparatus est homo jumentis insipientibus , 
et similis foetus est illis », in Psalmo (3Ï . 

Vcchi donques comment le diable, par Pcchiet le Villain, fait de cuer humain une 
male maison et deserte habitation. Et pour ce le devons nous cachier et débouter, de tout 
nostre pooir, si comme firent [fol. 177 v°] les apostles et les disciples de Dieu, qui au jour 
d’uy, selonc la promesse de Jhesucrist ont recheu le saint Esperit. Or oés comment. 

Quant Pechiet le Vilain eut conquesté presque tout le monde, et vit qu’il estoit hors 
boutés des cuers des apostles, il se pensa comment il se porroit logier, et en moult de 
maniérés l’entree queroit. 

Si priât moult forment a hurter par les cinq portes de leurs cuers, c’est assavoir par 
les cinq sens corporeuls. Mais les apostles avoient adont une portière qui avoit a nom 
Paour-de-Dieu, et estoit acompaignie d'une chamberierc nommee Honte-de-mal-faire, 
lesquelles tantost entendirent que on hurtoit as cinq portes du cuer. Si prirent a crier et 
diligamment amonnester les apostles de forment résister contre Pechiet le Villain et toute 
se male lignie. Adonques, pour eulx aidier, appelèrent Orison le devote, acompaignie de Foy 
estable et de ferme Espérance. Si l’envoierent moult isnelement par devers le Trinité pour 
requérir secours et confort du Saint Esperit. Car ainsi leur avoit esté promis de nostre 

Sauveur Jhesucrist. « Accipietis 9 inquit, virtutem supervenientis Spiritus 9 etc. » Actuum 

/o (il. 

Lors Orison, le bonne messagiere, vint par devant le majesté divine; si s’enclina moult 


Daniel, rv, 22. (3) Ps. xlviii, 13, 21. 

En marge : Nota de vii bestes comparées 4 Act. ap.» l, 8. 

a vii pechiés. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 321 

humblement, et, a sa douche voix, commencha a faire son message, en disant par ceste 
maniéré : 

• Dieu, en qui poissance toutes choses sont mises, et par qui, tout Humain Lignage a 
esté gracieusement fourmé, et de infer raccaté, je te, petite sergante et humble messagiere, 
suy, de par tes apostles, envoiie de terre ou ciel pour quérir de toy ayde, confort et secours, 
sur les grans griefs et grieves infestations que l’anemi de infer et Pcchict le Villain, aveuc 
toute leur lignie font et s’efforchent de faire a tes humbles disciples. Car maintenant Orgueil 
vient et dist qu’il veult regner entre eulx; Envie y veult tenir son siégé; Ire s’escrie que tout 
a lui subjuguera; Discorde entre eulx se veult bouter [fol. 178]; Avarice y quiert sa demeure; 
Peresce y veult son logis prendre; Gloutonnie dist qu’elle y dominera; et Villaine Délecta¬ 
tion, par diverses maniérés, y quiert habiter. 

• Mais ilz résistent moult fort au contraire, et crient que aultre Seigneur n’ont, ne aultre 
Roy ne recongnoissent fors toy, ne en leurs cuers aultre hoste ne recheveront. 

« Mais, Sire, tu sces que cuer humain est moult fraile et variable, et ne peut a si fors 
adversaires résister, sans ton ayde et sans ta grâce si comme tu leur as dit et affermé : 
*Sine me nichil potestis facere» Et pour ce, je, en larmes et en pleurs, de par eulx 
humblement te supplie que tu leur viengnes, sans delay, en ayde et en secours pour résister 
contre le diable et pour garder et conforter contre lui l’abitation de cuer humain qui est 
ton habitacle et ton droit hiretage. Car moult désirent ta venue et ont persévérant concor¬ 
de et concordant esperance, que par moy leur soit impetree », sic ut enim scriptum est 
« Quod erant unanimiterpersévérantes in oratione 9 etc . », Actuum 1° 

Au plus tost que Orison eut finé sa parole, le benoit Fil de Dieu, qui pas oubliet n’avoit 
sa promesse, gracieusement respondi ce que ordonnet estoit par le grant conseil de le 
saincte Trinité, en disant et répétant le parole que j’ay dessus proposée : Mansionem etc . 

Ou cuer loyal plain de dilection 
Venrons faire nostre habitation. 

Et a tant je fine le première partie de nostre sermon, c’est assavoir de Pechiet le lait 
et villain, et comment les apostles le decacherent de leurs cuers vigoreusement. 

Deuxième considération 

Si viens a le seconde, ou je doy parler du Saint Esperit douls sans desdaing; et comment 
les apostles, en leurs cuers, le rechurent amoureusement. 

Pour quoy il est assavoir que tantost après ce que Orison le devote eut a Dieu fait sa 
requeste, sans plus attendre, le benoit Saint Esperit descendi aveuc lui en faisant grant son, 
et en jettant feu en samblance de langues, et amena aveuc soy, et aveuc sa clemence, le 
poissance du Pere et le sapience du Fil. Et n’est nulle doubte que la estoit grant compaignie 
d’angeles. 

Lors veissiés vous, en l’abitation de cuer humain, Carité-et-dilection, qui, a moult 
[fol. 178 v°] lie chiere, vient au devant de ce boin hoste, le benoit Saint Esperit, et comme 

(1) En marge, Comment Devote Orison fait (2) Jean, xv, 5. 
se priere a Dieu. (3) Act. ap., I, 14. 

Édith B ra y eh. 41 


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ÉDITH BRAYER 


toute ravie en son amour, moult dévotement le embrache et ung saint baisier lui donna. 
De quo per Sapientiam dicitur : « Osculetur me osculo oris sui », Can. 1° (1) . Après ce douls 
baisier, Carité le rechoit en son hostel, qui moult bien estoit ordonné, et moult bien purgiet 
de toute ordure. Car une chamberiere qui ot nom Diligence, par le ramon de confession, 
liet avecq le vergue de contrition, moult bien nettioit le maison et en ostoit les areignies de 
vaine cogitation et le poulre de terrienne affection aveuc lequelle estoient meslees diverses 
flourettes, comme le fleur de lis blanche de casteté, le rose vermeille de carité, le marguerite 
de innocence, le violete de pacience et pluiseurs aultres que nombrer ne porroie. La n’estoient 
pas trouvées le fumee d’orgueil, ne le noise de courouch, ne le murmure d’envie. La 
n’estoient point recheues Oyseuse la foie, ne Liesse dissolue, ne Joliveté désordonnée. 
Mais aveuc Diligence, le bonne chamberiere qui ainsi mettoit paine de l’ostel disposer, 
estoit une aultre chamberiere qui eut a nom Obedience, qui aussy mettoit toute sa cure de 
l’oste rechevoir. 

Et ce puet estre figuré par une femme qui ot a nom Sunamitis, de laquelle on list, 
en le saincte Escripture, que, pour rechepvoir le saint prophète Helyseus, elle lui appareilla 
un petit cénacle, c’est a dire un petit lieu secret, et dedens mist ung petit lit, et la ordonna 
une table, et delés une selle; et dessus le table mist ung candeler pour tout le lieu enluminer 
affin que le saint homme vaulsist la demourer. « Faciamus, inquit, ei cenaculum parvum , 
etc. » IHI U Regum ////<> ». 

Et certainement se nous volons ceste hystore trayre a moralité, nous devons sambla- 
blement faire au Saint Esperit, se nous desirons que aveuc nous il demeure. Car première¬ 
ment nous lui devons appareillier ung petit lieu secret, c’est nostre cuer, qui doit estre petit 
et secret par vraie humilité. Seconde-[fol. 179]-'ment, nous devons en nostre cuer lui ordonner 
un petit lit, c’est a dire le repos de paix et de transquillité. Tiercement nous lui devons 
mettre le table et dessus présenter telz biens que Dieu nous a donné, en faisant a ses povres 
ammosnes et libéralité. Après le table, devons mettre le sele pour le Saint Esperit seoir en 
signe qu’il a sur nous et sur nos biens souveraine poissance et plaine auctorité. Et finable- 
ment, devons mettre sur le table un candeler ou doit estre le lumière de foy et de vérité. 

Vechi donques cinq choses qui moult seroient pourfitables a particulerement declairier, 
mais pour cause de briefté, je m’en veul a tant passer. Se dy seulement, en general, que ces 
cinq choses eurent en eulx les sains apostles et disciples de Jhesucrist. Et pour ce, en le 
habitation de leur cuer rechurent le Saint Esperit. Pour quoy, a ung chascun d’eulx peut 
estre ditte, ou nom de toute le Trinité, le parole que j’ay dessus proposée : Mansionem 
apud , etc. 

Et a tant je fine le seconde partie de nostre sermon, c’est assavoir du Saint Esperit 
douls sans desdaing, et comment les disciples, en leurs cuers, le rechurent amoureusement. 

Troisième considération 

Si vieng a le tierce, ou je doy dire de son don de très grant bien plain, et comment les 
apostles, par lui, en leurs cuers, habonderent plentiveusement. 

(1) Cantic., i, 1. (3) Vulgate : IV Rois, iv, 10. 

(2) En marge : Figure. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


323 


Pour quoy il est assavoir que non obstant qu’il soient pluiseurs dons du Saint Esperit, 
lesquels il donne a se bien venue au cuer humain ou il habite, touteffoiz, quant ad présent 
je veul seulement parler de trois d’iceulx, qui segnefiés ont esté en ceste benoite apparition 
qui fu au jour d’uy faitte (l) . 

Premiers, au cuer humain il donne clarté pour lui enluminer. Et ce fu segnefiet par 
ce qu’il apparut en feu qui est cler et resplendissans. 

Secondement, il enseigne a bien parler. Et en signe de ce, il apparut en langues. 

Tiercement il donne ardeur pour diligamment ouvrer et pour ses commandemens 
acomplir et garder. Et ce est segnefiet par l’ardeur [fol 179 v°] qui est ou feu qui point ne 
se traveille de ardoir. Et pour ce dist on, en commun langaige, d’un homme diligent qu’il 
est ardant. 

Il donne dont, en penser, sapience; il donne, en parler, attemprance; il donne, en 
ouvrer, diligence. Et pour tant, il appert que ou cuer humain ou habite le Saint Esperit, ne 
demeure pas seulement le sapience qui est attribuée au Fil, mais aussi y est le poissance qui 
est attribuée au Pere, lequelle est neccessaire pour aidier a diligamment ouvrer. Et aveuc ce 
y est attemprance pour raisonnablement parler qui est attribuée au Saint Esperit. Et pour 
ce, nostre Sauveur Jhesucrist, en disant le parole que j’ay dessus proposée, parloit en plurer 
nombre, ou nom des trois personnes de la sainte Trinité, Mansionem , etc. 

Je dy donques premièrement que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne en penser 
sapience; car il enlumine le cuer de créature humaine a scavoir tout ce que mestier lui est 
a son sauvement, si que, par nulle fallace de Pechiet le villain, elle ne peut estre decheue. 
Et a ceste intencion promist Jhesucrist a ses apostles que le Saint Esperit leur enseigneroit 
toutes choses. Ille 9 inquit , docebit vos omnia », Johannis XIIII° (,) . Veuls tu sçavoir com¬ 
ment le Saint Esperit apprent toute vérité? Vechi comment. 

Saint Jehan l’euvangeliste estoit un povre pescheur en le mei, et point ne scavoit de 
clergie. V ient le Saint Esperit, et tantost si haulte doctrine lui bailla que s’il euist ung pau 
plus parié de le divinité, tout le monde ne Peuist peut comprendre. 

Saint Mahieu estoit un homme lay, publicque recheveur de tribus. Vient le Saint 
Esperit, et tantost il en fist un grant euvangeliste. David aussi estoit un petit pasteur. Vient 
le Saint Esperit et tantost il en fist ung très excellent prophète. Et ainsi fist de pluiseurs 
aultres. 

O ! très noble roy et très souverain prinche, prenés exemple a ce boin roy David et 
reche- [fol. 180]-vés maintenant ce glorieux hoste adfin qu’il enlumine vostre cuer de vraie 
sapience pour congnoistre et discerner entre bien et mal, entre vérité et fausseté, entre 
flaterie et loyaulté. Car toute sapience vient de Dieu qui le donne habondamment a ceuls 
qui de boin cuer le servent. Et singulerement le cuer du roy est en especial sauvegarde de 
Dieu si comme tesmoingne le saincte Escripture : «Cor regis , inquit , in manu Dei est; 
quocumque voluerit inclinabit illud ». Proverb. XXI 0 (a) . 

Je dy secondement que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne en parler attemprance. 
Car c’est cellui qui apprent a parler, non pas les vanités de ce monde, mais les loenges de 

(1) En marge : Nota de iii dons du s. Esperit. <3) Prov., xxi, 1. 

{,) Jean, xnr, 26. 

41. 


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324 


ÉDITH BRAYER 


Dieu. Ideo de apostolis dicitur : « Repleti surit omnes Spiritu sancto ». Et sequitur : « Audi- 
vimus eos loquentes magnaiia Del ». Actuum 7/° 11 K Certainement le Saint Esperit, au 
jour d’uy, moult bien aprist a parler ses apostles, car ilz sceurent tous les langaiges du 
monde. Et a une seule voix, tous ceulx qui presens estoient entendoient leur iangaige. Ne fu 
pas aussi bien enlangagiés saint Pierre, quant a une seule parole il converti .V. mil hommes a 
le foy xpistienne? sicut legitur Actuum 1111° [2 K Mais quelle merveille, se le Saint Esperit 
apprent a parler les hommes raisonnables, quant il peut donner parole as bestes mues, 
si comme il aprinst a l’anesse Balaam? ut habetur Numer. XXII 0 (3) . 

Vechi donques le boin maistre qui donne en parler attemprance. Et pour ce, il apprent 
a hair toute parole deshonneste (4) . Helas! par ce appert il bien qu’il sont au jour d’uy 
pluiseurs es cours des grans seigneurs, qui ont trop mal aprins a son escole, car ilzsedelittent 
en desbonnestes paroles, qui sont villains sermens et paroles luxurieuses, ordes et honteuses 
que gardions ne daigneraient ou oseraient dire. Contre lesquels parole Tulle, libro secundo 
de Officiis . Car vrayement chose qui est honteuse a faire doit estre honteuse a dire, et non 
pas a dire seulement, mais a regarder; car pour quoy donques euist Nature ordonné que 
les parties deshonnestes de nostre corps fussent couvertes? Et de ce disoit Senecque : 
Turpia [fol. 180 v°] ne dixeris; paulatim enim pudor rerum per verba didiscitur ». 

0! très noble ray et tous prinches aussi, fuyés le compaignie de tous ceuls qui dient 
paroles deshonnestes; mais recepvés en vostre compaignie, en l’ostel de vostre cuer, ce 
boin maistre, le benoit Saint Esperit, qui en son escole vous enseignera a bien parler. Car 
ce appartient moult bien a un prinche qu’il ne die parole qui ne soit de boine attemprance 
et de grant gravité, et qu’il ne veulle tenir et garder en vérité et en loyaulté, et qui ne soit 
signe de vertu et de honnesteté. Et ainsy le faisoit Augustus César qui riens ne disoit que 
devant n’euist escript ou longuement penset, meismement a se femme et a ses privés; adhn 
que, de le bouche de si grant maistre, ne issist parole qui ne fust bien séant a sa haulte 
seignourie, car le majesté royale doit amer netteté de cuer et honnesteté de parole, 

J’ay dit, tiercement, que le Saint Esperit, a sa bien venue, donne, en ouvrer, diligence, 
forche et constance. Car c’est cellui qui embrase cuer humain d’amour et de c&rité. Et si 
comme dist saint Gregore, amour ne scet estre oyseuse, mais a toudis de bien faire diligence. 
Celui donques qui a en lui l’amour de Dieu, il fait et acomplist diligamment ses commande- 
mens. Et s’il ne les fait, il n’est pas de Dieu enamourés. ProbcUio enim dilectionis 9 exhibitio 
est operis . Et certainement le poissance de ceste amour, sa diligence, sa force et sa constance, 
apparu bien au jour d’uy es disciples de Jhesucrist, après le venue du benoit Saint Esperit, 
Et par especial elle fu moustree ou chief et ou grant capitaine des apostles, monseigneur 
saint Pierre, qui devant avoit esté si paoureux que, a le voix d’une chamberiere, renoya 
Jhesucrist par trois fois (ft) , Mais après il fu si constans que tous les prinches du monde, 
pour quelque paine ne pour quelque tourment, ne l’eussent peut empeschier de son nom 
confesser et de sa loy preschier, sicut legitur Actuum IIII 0 8 K 

0! très noble roy et très souverain prinche [fol. 181] rechevés au jour d’uy ce bon 


(1) Act. ap., u, 11. 

(2) Act. ap., iv, 14. 

(3) Nombres, XXII, 28-30, 

141 En marge : Nota. 

««> Matth., xxvi, 70-72. 

<41 Act. ap., iv, 19-20. 

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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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hoste, le benoit Saint Esperit ; soyés, par lui, de Dieu enamourés, afhn que vous ayés dili¬ 
gence, forche et constance d’acomplir ses commandemens comme vous volriés que vos 
subgés acomplissent les vostres. 

Et quant vous Tarés rechut, faittes tant que en vous il demeure, et ne le boutés pas 
hors de vostre cuer pour y herbregier Pechiet le vilain aveuc se male lignie. Car trop laide 
chose seroit que si noble prinche fust mis en si villain servage, et qu’il renonchast a servir 
Dieu, son souverain Seigneur, pour servir son mortel anemi. 

Or prions donques Dieu que vous et nous tous il veule de telle servitude garder, si 
que le benoit Saint Esperit soit tous jours aveuc nous présentement par grâce, et finablement 
par gloire. Quant nobis concédât qui sine fine vivit et régnât in secula seculorum. Amen . 

P. d’Ailly. 




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ÉDITH BRAYER 


10 

CY S’ENSIEUT UN SERMON POUR LE PAIX, FAIT A PARIS 

« Hec (1) est Victoria que vincit mundum : Jules nostra. » Scriptum est Johannis V° c° 
et recitatur in epistola Dominice precedentis (2) . 

Boines gens, affin que maintenant, entre le solempnité de Pasques, darrainement 
passée, et ceste solennité de Penthecoste prochainement, qui sont les deux plus grans 
solempnités de Tan, et esquelles toute humaine créature doit estre en plus grant dévotion, 
vous veulliés dévotement prier et humblement supplier qu’il lui plaise, par sa bénignité 
et grâce, son peuple regarder en pité, et nous donner habondance de biens et fertilité de 
finis, et par especial, transquilité de paix. Mais pour ce que le glorieuse Vierge (3) mere de 
Dieu est celle que fu eslute pour estre le fructueuse plante qui porta le benoit fruit de vie, 
pour ce aussi que, en le nativité de ce benoit fruit, paix fu donnée as hommes, canentibus 
angelis : « Gloria in excelsis Deo et in terra pax hominibus bone voluntatis », Luce II 0 (4) , 
nous retournerons par devers ceste glorieuse Vierge en lui suppliant que par le vertu de 
son benoit fruit et par le grâce de son douls Fil, elle nous veulle impetrer fructueuse fertilité 
et paisible transquillité. Et pour ce, nous le saluerons dévotement du salut que l’angele lui 
apporta en disant : Ave Maria. 

t Hec est Victoria. » Ubi supra. 

Expérience nous enseigne que ce monde est plains de tous mais, et par especial pour 
le tampz présent, de guerres et de commotions, de adversités et de turbations. Et pour ce, le 
glorieux apostle et euvangeliste, monseigneur saint Jehan, en son epistle, nous donne vray 
confort et brief enseignement comment, par le [fol. 188] vertu de la foy Jhesucrist, nous 
poons avoir victore et acquérir paix contre toutes mondaines persécutions, en disant le 
parole que j’ay dessus proposée : Hec est Victoria , etc. C’est a dire : 

La victore qui vaint le monde 
C’est nostre foy, dont paix habonde. 

Pour appliquier a nostre propos, et pour demoustrer comment nous poons acquérir 
paix et avoir victore contre les maulx du monde, il est assavoir que selonc le doctrine mon¬ 
seigneur saint Jehan le glorieux euvangeliste, en ce monde sont trois maulx qui sont causes 
des trois batailles repugnans et contraires a le paix et tranquillité de créature humaine, c’est 
assavoir : le concupiscence des yeuls, le concupiscence de le char et l’orgueil de le vie 
seculere. 


(1) Fol. 187 v°. (3) Ms. : t Vierge » répété. 

,2: I Ep. s. Jean, v, 4. (Dimanche in Albis). (4) Luc, il, 14. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


327 


Et se tu me demandes de quelle rachine naissent et viengnent ces trois mauix, je te 
respons qu'ilz viennent des richesses, des delices et des honneurs du monde. 

Premiers, le concupiscence des yeuls : 

# 

Vient des richesses transitons et vaines 

Secondement, le concupiscence de le char : 

Vient des delices ordes et viHaines 


Tiercement, l’orgueil de le vie seculere : 

Vient des honneurs, terrestres et mondaines. 

Vechi donques trois maulx qui sont ou monde, desquels procèdent trois crueles 
batailles, repugnans et contraires a paix et a transquillité, c’est assavoir le bataille du monde, 
le bataille de le char et le bataille du diable. De quibus cantat Ecclesia : « Mundus , caro 9 
demonia ». 

Premiers, donques, le monde nous fait bataille : 

Par les richesses transitons et vaines. 


Secondement, le char nous fait bataille : 

Par les [delices ordes et vilaines. 

Tiercement le diable nous fait bataille : 

Par les (1) ] honneurs terrestres et mondaines. 

En le première bataille, le monde a victore des riches avaricieux par 

affection convoiteuse. 

En le seconde bataille, le char a victore des gloutons et luxurieux par 
temptation vicieuse. 

En le tierce bataille, le diable a victore des haultains et envieux par 
dation orguilleuse. 

Vechi donques trois batailles nngies, qui sont a nostre paix npugnans et contrains, 
contre lesquelles monseigneur saint Jehan nous apprent a résister et a avoir victon en disant 
[fol. 188 v°] le parole dessus proposée : Hec est Victoria , etc. 

Pour lequelle parole plus ad plain declairier, il est assavoir que nostre foy nous 
enseigne trois maniens de paix par lesquelles nous poons avoir victoire des trois batailles 
dessus dittes. 


Le première est paix temponle qui est foible et muable 
Le seconde, paix espirituele qui est forte et estable 

Le tierce est paix etemele qui est ferme et durable. 

A le paix temponle contrarie le monde par convoiteuse affection; 

A le paix espirituele contrarie le char 

A le paix etemele contrarie le diable 


par vicieuse infection; 
par orguilleuse elation. 


Mots entre crochets omis ptr le copiste. Ms. : Et. 


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328 


ÉDITH B RAYER 


Mais pour avoir paix et victore de ces trois batailles et contrariétés, nostre foy nous 
enseigne trois vertus dont nous devons estre armés : 

Le première est vraye souffissance pour avoir victore du monde 

et acquérir paix temporele. 

Le seconde, nette abstinence pour avoir victore de le char 

et acquérir paix espirituele. 

Le tierce est humble perseverance pour avoir victore du diable 

et acquérir paix etemele. 

Ces trois maniérés de paix nous segnefia nostre Sires Jhesucrist en l’euvangile, quant 
il apparu a ses disciples après se résurrection et en eulx recommandant ceste paix, il leu) 
répéta par trois fois : « Pax vobis », sicut patet Johannis XX 0 c° (1) . 

Vechi donques le victorieuse paix et le paisible victore, par lequelle nous poons résister 
a tous les mais du monde. Et pour ce, a ceste victore nous exhorte et appelle monseigneur 
saint Jehan l’euvangeliste, en disant le parole dessus proposée : Hec est Victoria , etc . 

Le victore qui vaint le monde 
C’est nostre foy, dont paix habonde. 

Pour laquelle parole plus avant dearticuler (2) je vous ay a declairier particulerement les 
trois maniérés de guerre et de bataille, et les trois maniérés de paix et de victore que j’ay chi 
proposées generalment. 

Première considération 

J’ay donques dit premièrementque le monde nous fait bataille par les richesses transi¬ 
tons et vaines; en lequelle bataille, il a victore des riches avaricieux, par affection convoi- 
teuse. Et si comme j’ay dit, ceste convoiteuse affection procédé des richesses et vient de le 
concupiscence [fol. 189] des yeuls. Car ja soit che que nostre convoitise et nostre concupis¬ 
cence soit en nostre cuer et en nostre pensee, touteffoiz elle vient des yeuls et procédé du 
regart des vaines richesses dujnonde. Et pour ce prie a Dieu le saint prophète David de 
destoumer ses yeuls, qu’ilz ne voient les vanités du monde : « Averte 9 inquit , oculos meos 
ne videant vanitatem » (4) . Nos yeuls, donques, sont le première porte de nostre cuer. 
Nos yeuls sont le principal garde de nostre castel. Car si comme on dist communément : 
«Ce que oeil ne voit, cuer ne desire » (# >. Et pour ce dist le sage Senecque que qui pert ses 
yeuls, le porte des vices lui est close.* 

Helas! bien devons ceste porte diligamment garder, car s’il advenoit qu’elle fust prise 
par convoiteuse affection, tantost le première bataille, c'est assavoir le bataille du monde et 
de ses richesses transitores et vaines, aroit sur nous victore et metteroit le castel de nostre 
cuer en feu et en flamme de ardant avarice. Car dame Fortune, qui est capitaine de ceste 
première bataille, porte le brandon de convoitise et gaitte et advise de toutes pars comment 
elle puist nostre cuer embraser et nostre forteresse desconfire. 

(,) Jean, xx, 19, 21 et 26. (3) On peut lire en marge 2 De le première 

2 Les exemples de ce mot donnés par le bataille, 
dictionnaire de Godefroy sont tous empruntés 4) Ps. cxvui, 37. 

à Évrart de Conty. 5 Proverbe. Cf. Morawaki, n° 1766-1767. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


329 


Helas ! vechi forte bataille, car elle nou9 assault a dextre et a senestre. A dextre, par 
prospérité, et a senestre par adversité. Et plus est forte le bataille a dextre que a senestre. 
Ceste dame Fortune, qui ainsi nous assault, est celle qui par sa roe, tourne et reverse les 
richesses et vanités mondaines, pour lesquelles acquérir sont faittes ou monde les batailles 
et les séditions, contre lesquelles nous resconforte Jhesucrist en l’euvangile : « Cum audie - 
ritis, inquit, prelia et seditiones , nolite terreri ». Johannis XXI 0 

Vechi donques comment le monde nous fait bataille par les richesses transitores et 
vaines. 

Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle 
nous poons avoir victore de ceste première bataille, c’est assavoir (2) le paix temporele, de 
laquelle j’ay dit qu’elle est foible et muable, car dame Fortune a tout sa roe tourble et 
empesche [fol. 189 v°] ceste paix, et ne peut souffrir qu’elle ait longue duree. De ceste paix 
nous enseigne monseigneur saint Pol l’appostle que a nostre pooir nous le devons quérir, 
et quant en nous est, le devons procurer aveuc tout homme (I) . 

Mais pour ce que tu porroies demander (4) comment tu peus ceste paix acquérir, j’ay 
dit devant que tout le monde est contraire a ceste paix par convoiteu9e affection. Tu dois 

estre armés de le vertu de vraye souffissance pour avoir victore et acquérir paix temporele. 

# 

Car certainement, ceste paix communément n’est empeschie fors pour ce que les hommes 
veulent l’un l’autre sourmonter es richesses mondaines. Et pour ce disoit le 3age Senecque 
que se ne fussent ces deux mos « mien » et « tien », c’est a dire se les hommes ne fussent en 
debas en disant par convoitise : « Ce e9t mien; ce n’est pas tien », paix et concorde fust par 
tout le monde. Tu ne peu9 mieulx acquérir paix temporele, ne avoir victore du monde, que 
par ce que tu soies armés de vraie souffissance, et que tu soies contens de l’estât moyen, ne 
ne soies convoiteux de grans richesses. Ceste souffissance nous enseigne le sage Salemon en 
suppliant a Dieu qu’il ne lui donne ne grant richesse, ne grant povreté, mais seulement le 
neccessité de sa vie. « Divicias , inquit , et paupertatem ne dederis michi; sed tantum victui 
meo tribue neccessaria. » 

Armons nous, donques, armons nous de le vertu de vraye souffissance; et s’il advient 
que, par ceste armure, nou9 n’ayons plaine victore du monde ne le paix temporele — car 
pluiseurs fois, il n’est point en nostre puissance de avoir ceste paix, mais plaist a Dieu que 
nous ayons guerres et tribulations — nous devons prendre en ayde le vertu de pacience, ne 
ne devons point ceste paix tant amer que pour le perdre doyons conscience tourbler, car 
qui trop l’ayme, tost le pert. 

Et pour ce nous ne le devons desirer ne demander a Dieu, fors sur condition, s’il 
plaist a sa très juste volenté, a lequelle nous devons le nostre conformer. Car, si comme dist 
saint Gregore, nous devons avoir [fol. 190] grant consolation se aucunne adversité nous 
advient qui nous desplaist, quant nous considérons qu’elle nous vient par l’ordenance de 
Cellui a qui riens fors justice ne plaist. 

Se nous sçavons donques que tout ce qui plaist a Dieu est juste, et nous sçavon9 aussi 
que nous ne poons riens souffrir d’aversité fors par le plaisir de Dieu, nous devons conclure 

(1) Luc (et non Jean), xxi, 9. 3) Hebr., xn, 14. 

12] Noté dans la marge : De le première l4) En marge : Question, 

paix. (5) Prov., xxx, 8. 

Édith Braver. 42 


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330 


ÉDITH BRAYER 


que tout ce est juste que nous souffrons. Et par conséquent, c’est chose très injuste, se de 
nostre juste passion ou adversité nous murmurons. 

Et a tant, je me passe de le prumiere bataille, de le première paix et de le première 
victore. 


Deuxième considération 

J’ay dit secondement (2 ) que le char nous fait bataille par les dciices ordouses et villaines. 
En lequelle bataille, elle a victore des gloutons et luxurieux, par infection vicieuse. Et, si 
comme j’ay dit, ceste vicieuse infection procédé des delices et vient de le concupiscence de 
le char. Car, selonc le doctrine du philosophe, le raison de nostre espcrit nous encline a 
bien, mais le sensualité de nostre char, qui est adverse et contraire a raison, nous encline 
a mal, et tent a le infection de nostre esperit, par les vices de gloutonnie et de luxure, et 
par les delices corporeles qui sont très ordes et vilaines. Nostre char, donques, est male 
camberiere qui desobeist a raison, sa maistresse. Nostre char est le femme dont parole le 
sage Salemon : « Qui plus lui fait sa volenté et pire l’a; et qui plus lui fait contraire, meilleur 
le treuve. » 

Helas! bien devons ceste male gloute castier et par abstinences et austérités asprement 
corrigier. Car qui se laisse par sa char vaincre et desconfirc, il entre en moult grief et en 
moult vil servage, ne n’a pas en lui raison sa maistrie ne plaine franchise. Mais sur lui 
domine le char et murmure contre l’esperit et se combat pour garder se maise coustume. 
Helas! vechi dure bataille, et est trop plus griefve que n’est le première. Car en celle nous 
combatons au monde, a Fortune, et as choses qui sont par dehors nous. Mais en ceste bataille, 
nous luitons a nous meismes. Et si comme dit monseigneur saint Pol l’apostle, Romanos 
VII° : « Nous sentons en nostre propre corps et portons en nos membres le luitte et le 
rébellion de le char [fol. 190 v°] qui répugné a nostre pensee et a nostre courage » Ceste 
bataille devons nous moult doubter; et a ceste doit nostre esperit diligamment résister, car 
elle dure longuement et nous assault continuclement. Et de ce dist le glorieux apostle : • Le 
char desire et luite contre l’esperit et l’esperit contre le char. » Galatas V° 

Vechi donques comment le char nous fait bataille par les delices ordouses et villaines. 

Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle 
nous poons avoir victore de ceste seconde bataille, c’est assavoir (4) le paix espirituele de 
laquelle j’ay dit qu’elle est forte et estable. Car le roe de dame Fortune n’a pas le pooir de 
ceste paix muer comme elle fait le paix temporele. Mais puet l’omme par ceste pais espiri¬ 
tuele despiter toute fortune et, sans soy tourbler des choses du monde, avoir transquillité 
de conscience et soy tourner a Dieu et son cuer fermer en boine volenté. Et adont fait Dieux 
l’omme fort et estable comme un piler en son temple, c’est a dire en se saincte Eglise, si 
comme dist saint Jehan l’euvangeliste en son Apocalipse (5) . De ceste paix nous enseigne 
monseigneur saint Pol l’apostle, ad Hebreos A77° <6> , que nous le devons quérir par pureté 

(1) En marge : De le seconde bataille. En marge : De le seconde paix. 

(,) Rom., vu, 23. (5) Apoc., IIX, 12. 

f3) Galat., v, 17. 6 Hebr., xu, 14. 




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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 331 

de cuer et par saincteté de conscience. Car, sans elle, nous ne poons venir a le vision de Dieu 
ne a le glore pardurable. 

Mais pour ce que tu me porroies demander comment tu peus ceste paix acquérir, 
j’ay dit devant que, contre le char qui contrarie a ceste paix par vicieuse infection, tu dois 
estre armés de le vertu de nette abstinence. Car, certainement, se tu n’es purs et nés de cuer 
et de corps, et abstinens de gloutonnie et de luxure, et de toutes cameles délectations, tu 
ne peus avoir paix esperitucle. Pour ce commande monseigneur saint Pierre de nous abstenir 
des désirs de le char, car ilz combatent contre l’ame et debatent le paix de l’esperit. « Absti - 
nete , inquit , a carnalibus desideriis que militant adversus animam • 1*1. Armons nous, 
donques, armons nous de le vertu de nette abstinence, et soyons nés et abstinens de cuer 
et de corps pour avoir victore de le char et des delices corporeles. Car a cellui qui ara victore 
[fol. 191] de ceste bataille, Dieu promet sa robe blance de caasté et de innocence, si comme 
dist le Apocalipse : « Qui vicerit vestietur, etc . Et s’il advient que par ceste armure nous 
n’ayons plaine victore de le char, car elle nous est trop villaine et rebelle, nous devons, 
comme fist saint Pol, recourre a Dieu par devote orison, et lui prier qu’il nous oste l’aguillon 
et le stimule de le char (4) , et nous ne faulrons point a lui qu’il au mains ne nous donne 
confort et vertu en nostre fragilité. Quant nous arons donques contre le char résisté par 
bonnes oeuvres et par abstinences de toute nostre diligence, si nous est il neccessité, si 
comme dist monseigneur saint Gregore, de recourir en larmes de dévotion a le divine grâce. 

Et a tant je me passe de le seconde bataille et de le seconde victore. 


Troisième considération 

J’ay dit tiercement que le diable nous fait bataille par les honneurs terrestres et 
mondaines, en lequelle bataille il a victore des haultains fiers et envieux par eiation orguil- 
leuse. Et, si comme j’ay dit, ceste orguilleuse eiation procédé des honneurs et vient de 
l’orgueil de la vie scculere. Car ceste vie mortele et ce siecle présent est plain de tout orgueil 
et de toute vanité, si comme tesmoingne le sage Salemon, Ecclesiastes 1° : « Vanitas , 
inquit , vanitatum , vanitas vanitatum et omnia vanitas » 

Nostre vie seculere, donques, est plaine d’orgueil et de eiation. Nostre vie seculere 
est occupée de vanité et de foie acception et tout ce nous procure le diable qui est moult 
malicieux et soubtil. Car quant il nous a fait souffrir le bataille du monde et le bataille de 
char, affin que nous n’ayons victore, il vient au secours, et par les pompes seculeres et les 
honneurs mondaines, il nous tempte de orgueil et d’elation, de vaine glore et de presumption, 
et nous fait souvent cheoir du hault en bas, si comme il meismes par son orgueil chei du ciel 
en infer. Helas! bien nous devons gaitier de ceste arriéré garde, car en le queue gist le 
venin , ne n’est nul si grant ne si fort adversaire comme est le diable, car il est faulx et 
[fol. 191 v°] traytres, ne il n’est si fort campion qu’il n’ose bien assallir et combatre, neis 


(1) En marge : Questio. — De le seconde 
victore. 

(2) I Ep. s. Pierre, il, 11. 
i# > Apoc., ni, 5. 


IR Cor., xii, 7-8. 

Eccles., i, 2. Le ms. porte: « Vanitatis... 
vanitatum vanitas et o. v. « 

(6) Proverbe. Cf. Morawski, n° 661, 

42. 


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ÉDITH BRAYER 


son Dieu et son Maistre, nostre Seigneur Jhesucrist, qui est chief et capitaine de tous les 
boins campions, osa il bien assallir et tempter d’orgueil et de vaine glore, si comme recite 
l’euvangile Matthei IIII 0 c° W, 

Helas! Vechi fiere bataille, et est trop plus périlleuse que nulle des aultres. Car le 
faulx traytour qui ainsi nous assault aveuc orgueil, qui est le chief de tout pechiet, mainne 
aussi aveuc lui le grant compaignie de tous vices pour desconfire les vertus : 

La est orgueil contre humilité hayne contre carité 

envie contre fraternité ire contre bénignité 

La est convoitise contre souffissance peresce contre diligence 

gloutonnie contre abstinence luxure contre continence* 

Et generalment, la est toute malice contre vraye innocence. 

C’est le compaignie du diable, c’est le grant bataille des vices, par lcquelle, si comme 
crie le grant hiraut de le foy, monseigneur saint Pol : « Tous boins campions qui veulent 
humblement vivre desoubz le baniere Jhesucrist soutiennent adversité et seuffrent persé¬ 
cution • 

Contre ceste bataille nous esveille le hault lieutenant de Jhesucrist, monseigneur 
saint Pierre, et crie : « A l’arme, a l’arme! Resveille qui dort! Soyés, dist il, sobres pour 
mieulx veillier, car vostre adversaire le diable ne cesse de vous circuir et avironner pour 
vous destruire et devourer » (8) . 

Vechi donques comment le diable nous fait bataille par les vices et especialment par 
orgueil, qui vient des honneurs terrestres et mondaines. 

Mais or veons comment nostre foy nous enseigne une maniéré de paix par lequelle 
nous poons avoir victore de ceste tierce bataille. C’est assavoir le paix etemele de laquelle 
j’ay dit qu’elle est ferme et durable, car c’est le paix de paradis qui est pardurable et sans fin, 
laquelle nous veult tollir et empeschier le diable tant [fol. 192] que nous sommes en ceste 
morteie vie. De ceste paix nous enseigne le saint prophète David et dist que en elle seulement 
nous porrons seurement dormir et parfaittement reposer (4) . Mais pour ce que tu porroies 
demander comment tu peus ceste paix acquérir, j’ay dit devant que contre le diable qui 
contrarie a ceste paix par orguilleuse elation, tu dois estre armés de le vertu de humble 
perseverance. 

Car certainement humilité, entre les aultres vertus, est principale armure de nostre 
boin roy et poissant campion, le très benigne et très douls Jhesucrist. En lequelle il persévéra 
jusques a le mort, et par lequelle il eut victore contre l’orgueil du diable. Et pour ce, a 
l’exemple de lui, nous devons, comme dist saint Pol, ceste armure vestir, aflin que nous 
puissons résister as agais de nostre anemi. « Induite , inquit , armatura Dei , ut possitis 
resistere advenus insidias diaboli » 6 h Armons nous, donques, armons nous de le vertu 
de humble perseverance, et persévérons en le humilité de Jhesucrist. Car humilité qui ne 
persevere n’est pas loyal armure pour avoir victore ne pour acquérir le couronne qui as 
boins campions est promise en le saincte Escripture. Dont saint Pol dist que cellui sera 

(1) Matth., iv, 3-10. (4) Ps. iv, 9. 

(2) II Timoth., III, 12. (5) En marge : Questio. — Le tierce victore. 

,3> I Ep. s. Pierre, v, 8. ,fl) Ephes*, vi, 11. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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couronnés seulement qui en le bataille perseverra loyalment l) . Et s’il advient que, par ceste 
armure, nous n’ayons plaine victore du dyable, car souvent il est trop fors et nous sommes 
trop foibles, pour ce ne nous devons nous pas rendre a lui, ne cheoir en desperance; mais 
nous devons retourner et ralier a nostre capitaine Jhesucrist, et nous rendre a cellui qui, 
en la saincte Escripture, nous donne esperance qu’il ne nous soufferra pas tempter oultre 
nostre pooir, ains nous fera ayde et nous donra secours i2) . 

Et a tant je me passe de le tierce bataille et de le tierce paix et de le tierce victore, et 
vieng a conclusion, en disant le parole que j’ay dessus proposée : « Hec est Victoria que 
vincit, etc. ». 

Le victore qui vaint le monde 
C’est nostre foy dont paix habonde. 

1 I + 

[Fol. 192 vo] CONCLUSION 

Mais tu me porroies demander et faire question comment peut ce estre que par nostre 
foy nous ayons habondance de paix et victore du monde; comme il soit ainsi que le maistre 
de le foy, nostre Seigneur Jhesucrist, nous die et aprengne, en son saint euvangile, que il 
n’est pas venus au monde pour guerre envoier mais pour paix donner. 

A ceste question, je te respons qu’il est double paix : l’une, vraie et vertueuse; et 
l’autre, fausse et vicieuse. 

De le prumiere paix, j’ay dessus parlé. Et ceste vraie paix envoie Jhesucrist en se 
nativité as hommes justes et de bonne volenté, dont les angeles chantent: • Gloria in excelsis 
Deo , et in terra pax f etc . » (3) . Mais si comme dist nostre Seigneur, par le prophète Ysaie : 
« Non est, inquit , pax impiis 9 dicit Dominas » (4) . Ceste vraie paix n’est mie as hommes 
malvais et de félon courage. 

De le seconde paix est entendue le parole dessus ditte en lequelle dist Jhesucrist que 
pour ceste fausse paix guerrier il est venus en terre et a apporté et envoiet l’espee de justice : 
« Non veni 9 inquit, pacern mittere 9 etc. » Par ceste fausse paix sont pluiseurs decheus qui 
cuident avoir vraie paix et ne l’ont mie. Dont le prophète dist : « Deceperunt populum meum 9 
dicentes : Pax 9 pax, et non est pax ». Ezechielis XIII° c° f> '. 

Et pour ce, il est assavoir qu’il sont trois maniérés de paix fausse et vicieuse, contraires 
a trois maniérés de paix vraie et vertueuse, desquelles j’ay dessus parlé : 

Le première est : Paix périlleuse 

Des convoiteux et avaricieux. 

Le seconde est : Paix délicieuse 

Des gloutons et luxurieux. 

Le tierce est : Paix malicieuse 

Des orguilleux et envieux. 

'!» I Cor., IX, 25. <«> Isaïe, xlviii, 22. 

'*> Hebr., n, 18. Matth., x, 34. 

<*' Luc, n, 14. (#) Eaech., xiii, 10. 


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ÉDITH BRAYER 


Premiers, donques, il est une paix périlleuse des convoiteux et avaricieux. Ceste paix 
ont les malvais riches, qui par convoitise et par avarice, assamblent les richesses du monde, 
et par ce, cuident avoir paix en seureté. Mais il advient souvent que, par leurs richesses, ilz 
périssent temporelement [fol. 193], si comme dist le philosophe : i Multi, inquit, propter 
divicias periere. » Primo Ethicarum. Et pluiseurs fois comme dist le sainte Escripture, 
quant ilz se dient estre en plus grant paix et en plus grant seureté, la mort leur sourvient 
soubdainement, dont il est doubte qu’il ne périssent espirituelement. t Cum dixerit, inquit , 
pax et sicuritas, tune repentinus superveniet interitus » (1) . 

Secondement, il est une paix délicieuse des gloutons et luxurieux. Ceste ont ceulx 
qui se glorefient es delices de gloutonnie et de luxure, et es aultres délectations corporeles. 
Par ceste paix sont souvent decheus les sages. Et de ce nous avons exemple du sage Salemon, 
duquel nous lisons, Ecclesiastici XLVII° c°, que pour ce qu’il régna en tamps de paix, il 
habonda es biens temporeuls. Et par ce chei et s’enclina es delices de le char dont il perdi 
honneur et diminua sa loenge et sa glore (2) * 4 * . De ce, aussi, avons nous exemple de David, 
duquel nous lisons : 11° Regum XI 0 c°, que quant il (4) estoit en paix et en oyseuse en 
se maison, et Joab et ses compaignons estoient en bataille as camps, il chei en pechiet et 
commist adultéré Et pour ce il nous est très pourfitable d’avoir aulcune fois des guerres 
et des adversités pour esquiever les vices et pour excerciter es vertus. Et de ce nous avons 
exemple de le cité de Romme, de lequelle dist monseigneur saint Augustin, libro 111° de 
Civitate Dei 9 capitulo XIX 0 : * Plus, inquit 9 Rome nocuit eversa quam adversa Cartago » 
Saint Augustin dist que tant que Romme fu en guerre et en bataille contre le cité de Cartage, 
elle fu honnouree par vertueuse excercitation ; mais quant Cartage fu destruite, Romme 
s’enclina a oyseuse, a gloutonnie et a luxure. Et pour ce conclut il que Cartage fist plus 
grant nuisance a le cité de Romme par se destruction que par se rébellion. 

Vechi donques le paix délicieuse des gloutons et luxurieux, en lequelle paix n’a nulle 
vraye doucheur. Mais comme dist le prophète, en lui est très amere doleur. « Ecce 9 inquit , 
in pace 9 amaritudo mea amarissima » (7) . 

Tiercement, il est une paix malicieuse des orguilleux [fol. 193 v°] et envieux. Ceste 
paix ont souvent ensamble les malvais et les pécheurs, et sont pluiseurs fois assamblés et 
confédérés a grever les boins et les justes. Car nous veons communément que tout aussi 
comme les arbres infructueuses et stériles ont ensamble plus grant connexion que n’ont les 
arbres bonnes et fertiles, tout ainsy es colleges et es congrégations a plus grant concorde et 
confédération entre les malvais pour opprimer les bons, qu’il n’a entre les bons pour reprimer 
les mal vais. Et ce nous fu figure t et signifiet par le paix qui fu faitte entre Herode et Pyiate 
contre Jhesucrist (8) . 


(1) I Thcss., v, 3. 

Ecclesiastique, xlvii. 

Ms. : II a Roman. 

(4) M 9 . : « ilz ». Le scribe avait Écrit : « ilz es¬ 

toient »; il a corrigé le verbe, non le pronom. 


<«> II Rois, xi. 

6 S. Augustin, De Civitate Dei t ni .21 (et 

non 19). 

(7) Isaïe, xxxviii, 17. 

181 Luc, xxiii, 12. 


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MANUSCRIT 574 DE CAMBRAI 


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De ceste paix dist le saint prophète David qu'il avoit grant desplaisir et grant indi¬ 
gnation quant il veoit le paix des malvais félons et des iniques pécheurs : « Zelavi, inquit, 
super iniquos pacem peccatorum vide ns. » Scribitur in Psalmo 

Vechi les trois maniérés de paix fausse et vicieuse, pour lequelle destruire et guerrier 
nostre Seigneur Jhesucrist vint en terre. Fuyés, donques, fuyés, fuyés ceste malvaise paix, 
et querés le paix vraie et vertueuse dont j’ay dessus parlé. Querés, donques, querés présen¬ 
tement le paix temporele, principalment le paix espirituele, et finablement le paix etemele 
Lequelle nous veule donner et ottrier Pater et Filius et Spiritus Sanctus. Amen. 


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Ps. lxxii, 3. 







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336 


ÉDITH BRAYER 



SERMON POUR LE JOUR DE TOUS SAINS 

« Gloriosa dicta sunt de te 9 civitas Dei. » Psalmo LXXXVI 0 (t) . 

Le parole proposée est ditte en parlant a le glorieuse cité de Dieu, c’est a le glorieuse 
compaignie de paradis, en lequelle Dieux habite aveuc tous les sains, dont nostre mere 
saincte Eglise fait au jour d’uy feste et solempnité, et peut ainsy estre exposee : 

Glorieuse loenge est ditte 
De toy, cité ou Dieux habite 

ou par ceste maniéré : 

Cité de Dieu bieneureuse 
Ta renommee est glorieuse. 

Pour lequelle parole introduire et applicquier a nostre propos, il est assavoir que, si 
comme expérience nous enseigne, quant ung grant prinche ou un roy ou un empereur veult 
rechevoir ses amis pour eulx faire feste et honneur, il leur appareille ung lieu en sa cité, 
entre les aultres excellement bel et plaisant. De ce avons nous pluiseurs exemples en le 
sainte Escripture, especialment du roy Assuere et Hester. 

Premiers j’ay dit ce pour tant car, esperituelement a parler, le souverain Prinche, 
Roy et Empereur de tout le monde, en se glorieuse cité de paradis, a ordonné un lieu très 
joieux et très delitable [fol. 275] ou il rechoit ses loyauls amis; et la, leur rent loiier et 
rémunération de leurs agréables services et vertueux labeurs. La sont tels biens, la est telle 
joie, la est telle glore que monseigneur saint Pol, qui fu ravis jusques au tierch ciel, dist 
que oeil n’a veu ne oreille escouté, ne cuer pensé, ce que Dieu a ordonnet et appareilliet a 
ses loyaux amis, c’est assavoir a ceulz qui ont fais et acompiis ses commandemens. 

De ceste cité fist un grant livre le glorieux docteur monseigneur saint Augustin, que 
il appella le livre de le Cité de Dieu. Et en le fin dist de lui moult de belles choses, de loenges 
et grans excellences, qui trop longues seroient a reciter. Mais en brief, en concluant, dist 
que la sera habondance de tous biens que cuer humain peut honnestement desirer, et la 
sera deffaulte de tous maulx. La sera paix sans discort, unité sans division, amour sans 
hayne, joye sans tristresce, congnissance sans erreur, santé sans maladie, vie très delitable 
sans definement. Et pour ce, ces choses considérons, le saint prophète en soy esjoissant par 
grant admiration disoit le parole dessus proposée : « Gloriosa dicta sunt f etc . 

Helas ! Bien devons desirer a estre logiés en si noble cité, car moult seront ceuls quetis 
et maleureux qui en seront banis et hors boutés. Helas! se bien y pensiemes, nous n’ariemes 
point si grant plaisir de demourer en le misérable cité de ceste mortele vie, qui est toute 

(l) Fol. 274 v°. (#) Ps. lxxxvi, 3. 


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plaine de tribulation, de paine et de misere. Bien le consideroit monseigneur saint Pol, 
quant il disoit qu'il avoit grant désir de mourir pour estre aveuc Jhesucrist en ceste cité 
de paradis : « Cupio , iru/uit , dissolu et esse cum Xpisto. » Ad Philippenses 1° 1 . 

Bien le consideroit aussi le saint prophète et noble roy David, qui ja soit che qu’il 
babondoit en richesse, noblesce et puissance mondaine, toutefois, pour le grant désir qu’il 
avoit d estre en ceste cité, en gémissant il disoit : « Heu me\ quia incolatus meus proion• 
gatus est . — Las! disoit il, las, trop est longue ma demeure en ceste mortele vie » (2 . 

llelas! trop mal le considèrent ceuls qui tant avment les biens de ce monde qu’ilz ne 
tendent a venir en ceste noble cité. Je croy bien que pau en y a qui n*y vaulsissent bien 
estre, s ilz ont vraie foy ne bonne creanche. Mais certainement [fol. 275 v°) il ne souffist pas 
de y voloir estre, se on ne quiert le voie et le chemin en ceste mortele vie, par quoy on peut 
venir a le cité pardurable. Car vous devés sçavoir, si comme dist monseigneur saint Pol 
l’apostle : « en ceste vie nous ne avons point de cité permanent » , mais n’est fors une 

voie et un chemin pour venir a ceste noble cité ou nous tendons a demourer finablement. 
Et pour ce, nous devons faire comme les boins pèlerins, qui ne se amusent pas, ne ne 
s’endorment ou chemin, mais mettent toute leur cure et toute leur diligence de venir au 
lieu de leur pèlerinage. Helas! ainsi ne le font pas les fols musans niches et endormis, qui 
en ce monde vivent en plaisirs mondains, en joie vaine, en esbatemens deshonestes, en jus 
défendus, en habis dissolus et aultres foies vanités, tout aussi comme se jamais n’attendoient 
aultre vie que ceste, ne aultre cité après ceste habitation terrienne. Et sçavés vous que telles 
gens devenront s'ilz ne se corrigent? Certainement ilz perdront finablement le vie, le joie 
et le plaisance de ce monde, et morront en pechiet, en difame et en ordure et querront en 
l’orrible fosse d’infer et perderont le glorieuse cité de paradis. Et pour ce, ne faisons pas 
ainsi, mais mettons toute nostre intencion de venir a ceste cité, de laquelle j’ay dit le parole 
dessus proposée : Gloriosa dicta sunt 9 etc. 

Mais tu me porroies demander 4l par quelle voie et par quel chemin nous poons aler 
en celle cité. 

Je te respons * que par six voyes correspondans a six maniérés par lesquelles les 
sains de paradis le ont acquise ' 

Le prumiere voie est : 

De parfaitte obéissance 
Et humble subjection. 

Et ceste voie tinrent les boins angeles. Et par le contraire, c’est assavoir par désobéissance 
et par orgueil, Lucifer et ses maulvais angeles perdirent le cité de paradis et cheirent en le 
prison d’infer. 

Le seconde voie est : 

De vraye foy et creanche. 

Sans fausse hésitation. 

(1) Philipp., I, 23. 161 En marge : Responsio. 

Ps. exix, 5. 161 En marge : Nota de vi. voyea pour aler a 

<3> Hebr., xiii, 14. le cité de paradis. 

14) En marge : Questio. 

Ëdith Braver 43 


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ÉDITH BRAYER 


Et ceste voie tinrent les sains patriarches, si comme Abraham, de quo dicitur quod •crcdidit 
Deo et reputatum est ei ad justiciarn ». Romanos , 1111° (l) . 

Le tierce voie est : 

De entière esperance 

Sans foie presumption. 

Et ceste voie tinrent les sains prophètes, si comme [fol. 276] Symeon, de quo dicitur quod 
« ipse 9 sicut et alii 9 expectabat redemptionem Israël ». Luce II 0 

Le quarte voye est : 

De carité et de grant dilection. 

Et ceste voie tinrent les sains apostles. 

Le quinte voie est : 

De pacience en tribulation. 

Et ceste voie tinrent les sains martirs. 

Le vi e voye est : 

De netteté sans orde corruption. 

Et ceste voye tinrent les sains confesseurs et vierges. 

Et véritablement ce sont les six voyes par lesquelles nous poons, après eulx, aler le 
chemin de paradis, et venir aveuc eulx en celle cité, de laquelle j’ay dit le parole dessus 
proposée : Gloriosa , etc. 

Pour iequelle parole plus ad plain induire a nostre instruction, je parleray, première¬ 
ment, et très briefment de le glorieuse loenge et renommee de ceste cité celestienne. Et 
après, je parleray aulcunement de nostre cité terrienne. 

Première considération 

Quant est au premier point, c'est assavoir que le glorieuse coinpaignie des sains de 
paradis est appellee cité, pour le grant amour et union des citoyens et des habitans en ycelle. 
Car cité, proprement, n’est mie par les murs et les maisons d’une ville, mais est une multi¬ 
tude de gens mis en concorde et unité. « Civitas enim Dei quasi civium unitas » secundum 
Ysidorum. Et quant a ceste condition, il n’est multitude qui mieulx puist estre ditte cité 
que le compaignie des sains de paradis, en Iequelle est souveraine paix et concorde, amour 
et union. Car * tous sont subgés a leur roy et a leur prinche, sans rébellion quelconques; 
et entre eulx ont tel et si grant amour que ung chascun ayme Taultre comme soy meismes. 

O! com chi a glorieuse cité, noble compaignie! La est comme en une cité bien ordonnée 
le roy et prinche souverain nostre Créateur et Sauveur. La est le royne des cieulx, le glo¬ 
rieuse Vierge Marie. La sont les sergans, les messages et les officiers, c’est assavoir les 
angeles. La sont les sages conseilliez, c’est assavoir les patriarches, les prophètes et les 
sains docteurs de l’Eglise. La sont les douze pers qui sont les douze apostles, lesquelz Dieu 
a institué prinches espiritueulx sur toute sa terre, juxta illud, Psalmo : t Constitues eos 

11 Galat. (et non « ad Romanos »), m, 6. * 31 En marge : Pour tant, en écriture fine. 

121 Luc, il, 25. Simple essai de plume? 


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i 










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principes , etc . » ll> . La sont les pois-(fol. 276 v°]-sans, les constans, les fors et les victorieux 
chevaliers de Dieu; ce sont les glorieux martirs qui en divers et crueulx tourroens jusque» 
a le mort ont soustenu le loy de leur prinche. Finalement, la est multitude innumerable 
de pluiseurs estas, dont les uns ont esté solitaires es horribles hermitages, pour fuir les 
vanités; lesaultresont [gardé)< 2) virginité ou caasté sans rechevoir en eulx carnelecorruption. 
Les aultres ont bien gouverné leur vie et [celle| de leur subgés, comme les vaillans roys, 
prinches et chevaliers, et les sains prelas, evesques, abbés, et pluiseurs aultres, desquels 
les vertus et les mérités ne porroient estre briefment recitees. Et ceste innumerable compai- 
gnie fait le cité de paradis, pour le grant paix, concorde, amour et unité qui y est entre eulx. 

Vechi donques comment le loenge et renommee de ceste cité est moult glorieuse, 
quant elle est remplie et aoumee de si noble compaignie. Et pour ce, de lui peut estre 
ditte le parole dessus proposée : Gloriosa , etc . 

Je me passe a tant, briefment, de le première partie de nostre sermon ou j’ay parlé 
de le cité celestienne; et vieng a le seconde, ou je doy parler de le cité terrienne. 

Deuxième considération 

Et quant ad ce<* , il est assavoir que ja soit chèque a le glorieuse cité du ciel ne puist 
estre du tout samblable le misérable cité terrienne, touteffoiz, chascun roy ou prinche 
qui a terre a gouverner doit labourer que son royalme et sa cité, ses subgés et son peuple, 
au plus qu'il peut boinement, soient samblables a le cité et as citoiens de paradis. 

Et se tu demandes comment ce se porra faire, je te respons que faire se porra par 
ce que il gouverne ses subgés et son peuple en paix et en concorde, en amour et en unité. 
Car si comme j'ay déclaré, par samblable maniéré est gouvernée le cité de paradis. Et 
pour ce disoit Boeces, le sage philosophe : t O felix hominum gênas, si vestros animos 
amor quo celum régit et regat » 4) . 

Or il appartient bien que le commenchement de ceste amour viengne du prinche, 
et qu'il ait amour et dilection, a son peuple, comme Dieu a a ses subgés. Car par quel¬ 
conque [fol. 277) aultre maniéré un roy ou un prinche ne peut mieulx gouverner ses 
subgés que par dilection et amour, et trop mieulx par ce, que par doubtance ne par cre- 
meur. 

Et de ce avons nous exemple de Jule César, duquel recitent les histoires, que riens 
tant ne l'aida a conquérir le plus grant partie du monde, comme fist l'amour qu'il avoit 
a ses gens, et ses gens a lui. 

De ce aussi avons nous exemple de Auguste César, son successeur, qui tant amoit 
le chose publique qu’il l'appelloit sa fille. Et ja soit ce qu’il fust empereur de tout le 
monde, touteffois ne vault il onques soufrir que on le nommast seigneur, ne privee- 
ment, ne publiquement, mais seulement Pater patrie , Pere du pays, pour demoustrer 
que non mie par paour, mais par amours, voloit son peuple gouverner, comme le pere 
ses enfans. Et pour ce, Virgiles, le souverain poete des Latins, en demoustrant le maniéré 

4 Boèce, Consolatio Philosophiae, il, m. 

viii, 28-30. 

;5) En marge : Nota. 

43. 


Ps. xuv, 17. 

W Ms. : ont grande v. 

3 En marge : Nota de le cité terrienne. 


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EDITH BRAYER 


des Rommains de bien gouverner le chose publicque, dist que ce fu par amer et par espar- 
gnier leurs subgez et combatre leurs anemis. 

De ce sont aultres exemples innumerables des prinches qui, jusques a le mort, ont 
amé leur peuple, desquels pluiseurs en recite Valerius Maximus, comme de Decius, de 
Macellus, de Ciricius et de Codrus ID. Et aussi, en le saincte Escripture, Usons nous de 
Eleazarus, de Judas Machabeus, et pluiseurs aultres. 

Vechi donques comment le prinche doit avoir amour a son peuple, et par ceste 
maniéré, le peuple ara aussy amour a son prinche. Car très vraye est le parole 2 de 
Senecque qui dit que « qui veult estre amés, il doit amer ». 

Et se le prinche et le peuple ont vraie amour ensamble, certes nulz ne leur porra 
nuyre. Car, si comme dist Senecque : « L'amour du peuple est au prinche forteresce 
inexpugnable. » 

Mais je dy oultre que le prinche doit labourer que, ainsi comme il a amour entre 
lui et son peuple, que generalement tous ses subgés ayent amour et unité ensamble; car 
si comme dist Jhesucrist qui mentir ne peut : « Tout royalme en soy divisé périra et sera 
désolé. — Omne , inquit , regnum in se divisurn desolabilur » [fol. 277 v°J. Luce XI° 3) . 

Et que ce soit vérité 14 ', il peut apparoir clerement par le samblance du royalme 
personel de créature humaine, c'est assavoir du corps de Tomme, auquel peut estre 
comparé le corps de la chose publique, quia, secundum apostolum : « Omnes unum corpus 
sumus in Xpisto. » Romanos XII 0 6Î . Et vechi comment. 

Il n'est nulle doubte que se les membres et les parties du corps de Tomme estoient 
contraires les unes as aultres, tellement que les mains crevaissent les yeuls, et les piés 
trebuchaissent le corps, et le cuer ne donnast point se caleur as aultres membres, tantost 
tout le corps seroit mis a mort et a perdition. Et a ce propos porroit estre applicquie le 
parole que mettent Ezoppus et Titus Livius, c'est assavoir des membres qui tirent conspi¬ 
ration contre le ventre, que plus ne lui donroient a mengier, pour tant que point ne labou- 
roit, et si rechevoit et devouroit tout le labeur des aultres membres. Dont il advint que 
quant le ventre ne rechupt plus son nourrissement par les aultres membres, qui ainsi 
avoient conspiré contre lui, tout le corps et tous les membres de Tomme périrent. 

Samblablement est il du corpz de le chose publique d’un royalme et d’une cité. 
Car s'il n'y a amour et unité entre les membres et entre les subgés, certainement il ne 
peut durer, car il n'est pas samblable au noble royamme et a le glorieuse cité de paradis, 
auquel il se doit du tout conformer. 

Helas! se les bras, par lesquels j’enteng les nobles chevaliers, qui doivent deffendre 
le corpz de la chose publicque, avoient en hayne et persecutoient les yeuls, c’est assavoir 
le clergiet, qui doit tout le corps enluminer, certes, par ce, ilz aveuliroient le royalme 
et le cité du prinche. Et se les bras et les yeuls avoient en despit et destruisoient les piés, 
c’est assavoir le menu peuple, le chose publique de le cité n’aroit qui le portast, ne qui 
le soustenist. Car sans subgés, seignourie deffault 6) . 

Helas! et pour quoy est ordonnet royalme ou cité, se non pour aidier l’un a l'autre, 

11 ) Valère Maxime, livre V, chap. iv, v, VI. t4) En mai£e : Nota. 

2) En marge : Nota. 5 Rom., xn, 5. 

Luc, xi, 17. (6) En marge : Nota. 


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chascun selon son estât, c'est assavoir les subgés en baillant ayde et subside as seigneurs, 
et les [fol. 278] seigneurs en gouvernant et deffendant leurs subgés. Car, a ce title, ont 
il les dignités et les honneurs, les biens et les richesses. 

Yechi donques comment c'est très grant bien en un royaline, ou en une cité, d’avoir 
amour et union. Car par ce, le cité de terre est aucunement samblable a le cité du ciel, 
de laquelle j'ay dit le parole dessus proposée : Gloriosa , etc . 

Mais tu me porroies demander comment est, au jour d’uy, empeschiet ce grant 
bien de paix et de concorde, d’amour et de unité? A ce je respons '*■ qu’ilz sont trois 
maniérés de gens qui a ce mettent empeschement 3) . 

Les premiers sont les orguilleux, qui par dessus les aultres quierent trop hault monter, 
tout ainsi comme se l’un des membres du corps voloit tous les aultres déprimer et suppe- 
diter. Les secons sont les convoiteux, qui contre tous les aultres veulent trop usurper, 
tout ainsi comme se l’un des membres du corps prenoit tant nourrissement qu’il fust 
trop cras et tous les aultres maigres. Les tiers sont les envieux qui entre tous les aultres 
se veulent trop prisier, et les aultres despiter, tout ainsi comme se l'un des membres du 
corps, par despit et par hayne, ne se daignoit aidier de l’aultre. Vechi donques les trois 
adversaires d'amour et de unité, qui très bien furent figurés par Lucifer, qui tant fu orguil¬ 
leux, convoiteux et envieux. Car, par ces trois vices, il mist discorde et division en le 
cité de paradis, et par ce, aveuc ses complisscs, trébucha et chei en le prison d’infer. Et 
est a doubter 4 que par ces trois pechiés, qui au jour d’uy régnent en ce monde, ne 
soit empeschiet le bien de amour et unité, et généralement en toute saincte Eglise, par 
especial en ce royalme, dont c'est chose honteuse, viilaine, dampnable et misérable. 

Or nous gardons donques de ces trois vices et generalement de tous aultres, qui 
empeschent paix, concorde, amour et unité, en le cité terrienne de ceste mortele vie, que 
nous puissons finalement venir en le cité celestienne de glore pardurable. 


(1) En marge : Questio. 

121 En marge : Responsio. 

Êdith Rrayer. 


3 En marge : Par qui paix est perdue. 
141 En marge : Nota. 

43 ▲ 


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TABLE DES FLANCHES 












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t.t 'n. » f '\-\tm t 

fl qtn? t h rxup -' i J *» wfc*L'tasb vt^ ls*v mÀàm<ê *' &111: 

Cambrai, Bibliothèque municipale, manuscrit 574. 




I. Fol. 175, page 199. — Pierre cTAilly, fin du sermon Ille vos , et début du sermon 
Mansionem , tous deux pour la fête de la Pentecôte. 

(Titres et citations soulignées. Distique indiqué par une accolade.) 






II. Fol. 181, page 199. — Pierre d’AiLLY, fin du sermon Mansionem , Jean Gerson, 

début du sermon sur le même thème Mansionem . Ces deux sermons ont été 
composés pour la fête de la Pentecôte. 

u&. a* «iw4 i < *i : 

III. Fol. 310 v°, page 212. — Jean Gerson, fin du sermon Totapaiera cs> pour la fête de la 

Conception de la Vierge. Ce sermon termine la première partie du manuscrit. 

• iin d rî» .bslsu is hih? ,*>*c u** . * 

IV. Fol. 383 v°, page 240. — Partie du manuscrit qui contient le9 Exemples. « Fable 

d’une soris et d’une rayne. » « Fable d’une soris et d’un cat. » Ces deux fables 
sont pourvues chacune d’une exposition. — « Exemple du corbaut. » 






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TABLE DES MATIÈRES 


Pâges 


Introduction. 145 

Première partie . — Ensemble du manuscrit. 148 

Les Sermons. 148 

Les Enseignements. 157 

Les Exemples. 159 

Deuxième partie . — Les Sermons français de Pierre d’Ailly. 161 

Analyse du manuscrit. 168 

Les Sermons (fol. 1-310 v°). 168 

Les Enseignements (fol. 311-354). 213 

Les Exemples (foL 354-401). 226 

Sermons de Pierre d’Ailly . 248 

1. Veritas (Nativité, fol. 14 v°-18 v°). 248 

2. Verbum (Nativité, fol. 28-31 v°). 257 

3. Apparuit (Circoncision, fol. 38-42). 263 

4. Ecce nunc (Cendres, fol. 61 v°-69). 270 

5. Maria Magdalene (Résurrection, fol. 123-126). 283 

6. Dédit dona (Rogations, fol. 148-155 v°). 288 

7. Assumptus (Ascension, fol. 159-165 v°). 300 

8. Ille vos (Pentecôte, fol. 171-175). 310 

9. Mansionem (Pentecôte, fol. 175-181). 317 

10. Hec est Victoria (fol. 187 v°-193 v°). 326 

11. Gloriosa (Toussaint, fol. 274 v°-278). 336 

Table des planches . 342 


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